Tsveta MLADENOVA - EPHE

Composition du Jury D
SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE
Laboratoire Éthique et Travail
THÈSE
Présentée en vue de l’obtention de grade de
DOCTEUR DE L’ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES, PARIS
Discipline : PSYCHOLOGIE
LA DÉCISION DE MOBILITÉ EUROPÉENNE
DES JEUNES BULGARES
Présentée par Tsveta Nikolova Mladenova
Dirigée par Monsieur le Professeur Etienne Mullet
Monsieur le Professeur Bernard Cadet, Université de Caen, Basse Normandie
Monsieur le Professeur Félix Neto, Université de Porto
Monsieur le Professeur Etienne Mullet, EPHE, Paris
Madame Valérie Le Floch, Maître de Conférences à l’Université de Toulouse II-Le Mirail
SOMMAIRE
EPHE Banque de Monographies SVT 1

Résumé
Abstract
Резюме
LA MOBILITÉ, L’EUROPE ET LES JEUNES BULGARES…
И
Introduction……...……………….
Définir la mobilité
La mobilité étudiante
L’approche néo-classique
La théorie du capital humain
La théorie du réseau
La perspective « Push-Pull »………………………………….
L’Union européenne et la mobilité
La mobilité étudiante en Europe
La Bulgarie………………………………………………………...
Les jeunes Bulgares...
…………………………………………………………………...
Etudier ou travailler dans un autre pays :
deux figures de la mobilité…………………..
Recherches antérieures sur la mobilité des
jeunes…………………………………..
Les jeunes Français…
Les jeunes Portugais
… Les jeunes Français – le Nord et l’Ile de France
Les jeunes Espagnols
Une étude des motivations et des attitudes des jeunes Espagnols
L’enquête de la Commission européenne en 2003
La France et le Royaume-Uni………………………………………………….
« L’étudiant européen voyageur, un nouvel étranger »
… Les jeunes Bulgares face à l’Europe ……………..
La citoyenneté mobile…………………………………………………………
Sondage sur les études supérieures en Bulgarie……………………………….
45
Fondements théoriques de la recherche…………………………
Les Attitudes dans la perspective du modèle « 2PAP »…………… ;;;;;;;;…… 45
La théorie du renversement 48
La personnalité sous l’angle du « Big Five »……………………………… 56
Problématique et hypothèses… 63
Références bibliographiques
ABSTRACT
THE DECISION OF BULGARIAN YOUTH FOR EUROPEAN MOBILITY
The objective of the present study is to examine the Bulgarian youths’ decision to live, study
and work for a period of time in another European Union (EU) country. The mobility is a social
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phenomenon and practice that has not been investigated yet thoroughly by the social sciences.
The investigation was carried out with 570 Bulgarian university, college and high school
students in Sofia and around the country. The data are presented as a questionnaire consisting of
four parts. The first one deals with the motivations and is based on the Reversal Theory –
predicting eight metamotivational states. The second part is based on the « 2PAP » theoretical
model structuring the attitudes around four factors: Push, Pull, Anti-Push and Anti-Pull. The
third one falls back on the « Big Five » Personality Test measuring five bipolar personality
dimensions. And finally, the concluding part of the questionnaire is designed to obtain
information about the degree of evaluation and attraction of the 25 destination EU countries. This
has led to the hypothesis that a model of mobility exists based on these three theoretical models,
as well as on emotional factors like attraction-repulsion to the country referred to.
The hypothesis that was strongly supported by the statistical processing of the data will
broaden our understanding of the phenomenon of youth’s mobility. The present research is a part
of a longitudinal study of the mobility intentions among young people towards other EU
countries. The investigation of the phenomenon of youth’s mobility is of great interest from an
educational, political and social point of view.
Keywords: Youth mobility; EU countries; Bulgaria, Students; Motivation; Attitude; Personality;
« 2PAP » model; « Big V »; Reversal Theory.
RÉSUMÉ
L’objectif de cette recherche a été d’étudier la décision des jeunes Bulgares à vivre, étudier
et travailler dans un autre pays de l’Union européenne (UE). La mobilité, pratique courante de
nos jours, reste un phénomène peu étudié en sciences humaines et sociales.
Une enquête a été menée auprès de 570 étudiants et lycéens bulgares à Sofia et dans d’autres
grandes villes. Le matériel a été présenté sous forme de questionnaire comprenant 4 grandes
parties. La première partie, basée sur la Théorie du Renversement, détermine les motivations sur
une structure de 8 états motivationnels. La deuxième partie, portant sur le modèle du « 2PAP »,
organise les attitudes autour des 4 facteurs suivants : Push, Pull, Anti-Push et Anti-Pull. La
troisième, offre une étude de la personnalité basée sur les 5 facteurs du « Big Five ». Et une
dernière partie, liée à l’évaluation et à l’attraction exercée par chacun des 25 pays de l’UE a été
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incluse dans l’étude. L’hypothèse principale a été bâtie autour de l’existence d’un modèle de la
mobilité, centré sur ces trois théories, ainsi que sur les facteurs émotionnels liés à l’attraction
spécifique envers l’un des pays européens.
Cette hypothèse a été supportée après les analyses multivariées des données. Cela a permis
une meilleure compréhension et prédiction du phénomène de la mobilité. Cette recherche
représente le premier pas d’une étude longitudinale des intentions des jeunes Bulgares envers
l’UE. Ces implications futures sont à envisager d’un point de vue éducatif mais aussi dans une
optique politique et sociale.
Mots-clés: Mobilité ; Jeunes; Union européenne; Bulgarie, étudiants, lycéens; Motivation;
Attitude; Personnalité; modèle « 2PAP »; « Big Five »; Théorie du renversement.
РЕЗЮМЕ
РЕШЕНИЕТО ЗА ЕВРОПЕЙСКА
МОБИЛНОСТ НА МЛАДИТЕ БЪЛГАРИ
Целта на настоящото изследване е да проучи отношението на младите българи към
Европа и решението им да заминат да учат или работят в страните от ЕС. Въпреки че
социалният феномен мобилност, е често срещана практика в последните години,
изследванията на тази тема са твърде оскъдни.
Проведено е проучване сред 570 български младежи, на възраст между 17 и 26 години.
Материалът е преставен във вид на анкета, съставена от 4 части. Първата, основаваща се
на Теорията на Аптер, обобщава мотивациите в 8 фактора. Втората част съдържа въпроси,
свързани с нагласите на младите хора към живота в България и в страните от ЕС, според
теоретичния модел « 2РАР ». Третата част от анкетата изследва личностните
характеристики на участниците спрямо 5-те фактора на « Big Five ». Последната част е
свързана с оценката на привличането, което 25-те страни-членки упражняват върху
младите у нас. Основната хипотеза на изследването е, че съществува модел на
мобилността на младите, базиран на трите теоретични модела, както и на емоционалните
фактори свързани с привлекателността на страните от ЕС.
Хипотезата на изседването е доказана след статистическа обработка на резултатите.
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Това проучване e част от дългосрочно изследване на отношението на младите към Европа,
както и на културните характеристики определящи поведенческите модели.
Ключови думи: Mобилност; Европейски съюз; млади; България; мотивации; нагласи;
личностови характеристики, модел «2РАР»; «Big Five»; «Reversal theory».
La mobilité, les jeunes Bulgares et l’Europe
La mobilité est un fait de société majeur qui caractérise l'époque actuelle. Phénomène social
et pratique courante, elle est au cœur des débats médiatiques mais reste peu explorée en sciences
humaines et sociales. La mobilité des jeunes Bulgares s'inscrit dans ce mouvement global et
devient même un trait marquant de la société bulgare d'après le changement du régime politique
en 1989.
Qu'est-ce qui incite ces jeunes Bulgares à partir pour un autre pays souvent inconnu ? Qui
sont-ils ? Pourquoi acceptent-ils le défi de la mobilité en décidant de partir? Et est-ce que leurs
motivations diffèrent de celles des autres jeunes Européens ?
La présente étude a pour objectif de répondre à ces questions. En effet, dans les dernières
années, l'étudiant européen qui voyage est devenu un citoyen idéal et imaginé pour la nouvelle
Europe. Cependant, sur le plan psychologique la mobilité est une expérience, une épreuve
singulière. Ainsi le processus de la mobilité suppose une découverte radicale de soi. Elle
comporte des éléments comme l'affirmation de soi et l'accomplissement personnel sur une
nouvelle scène sociale et culturelle. Cette expérience personnelle peut être assimilée au rite de
passage entre l'adolescence et l'âge adulte. Passage aussi, dans une perspective temporaire, entre
deux cultures (Camilleri, 1998). Ce bouleversement aboutit à une nouvelle conscience de soi et
du monde. Assumer cette expérience signifie sortir des frontières d'un monde fermé et isolé pour
acquérir une perception nouvelle de l'espace, de la culture et de soi-même.
En s’appuyant sur ces différents aspects, la présente recherche va s’intéresser au phénomène
de la mobilité « européenne » des jeunes en Bulgarie dans la perspective de l’adhésion du pays à
l’Union européenne (EU). Admettant que le départ à l’étranger résulte uniquement de la libre
décision de l’individu, nous cherchons à décrire les intentions de mobilité, souvent associées à
celles de la migration traditionnelle. Or, la principale question qui se pose cette étude concerne le
rôle des motivations, de la personnalité, des facteurs émotionnels et des attitudes en tant que
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déterminants possibles de la mobilité des jeunes Bulgares ainsi que le choix de pays de
destination.
Définir la mobilité
Le XX ème et le XXI ème siècles sont marqués par la mondialisation et la globalisation
économiques. Les pays européens n’ont plus désormais de frontières nationales et leurs citoyens
sont libres de se déplacer. La mobilité caractérise la société européenne d’aujourd’hui.
Avec le terme mobilité, on désigne "le caractère de ce qui peut se mouvoir ou être mu,
changer de place" (Larousse, 1989 : 2065). Le mot dérive du latin mobilis, l’adjectif du verbe
movere : "bouger, mouvoir, changer de place".
L’être humain s’est déplacé d’un endroit à l’autre depuis l’aube des temps. L’histoire
témoigne de multiples formes de mobilité des populations et des peuples : les pèlerins de la Terre
Sainte, les moines du Moyen Age, les marchands de la Renaissance, les chevaliers des temps des
Croisades, les conquérants, les chasseurs, etc. pour arriver aux hommes d’affaires, les sportifs et
les banquiers modernes (Urry, 2005).
La mobilité correspond à la capacité de l’être humain de se déplacer mais aussi de s’adapter
aux nouveaux espaces. Historiquement la mobilité humaine est passée par trois étapes
importantes : l’Homo Pelegrinus : le pèlerin, puis l’Homo Peregrinus : l’aventurier, pour finir
avec l’Homo Peregrinus Academicus : le voyageur de connaissance (Fernandez, 2002). La
diversité des projets migratoires s’est imposée au cours des siècles pour devenir de nos jours une
exigence sociale. Tandis qu’au début du siècle dernier les gens s’expatriaient pour trouver du
travail, nourrir une famille ou pour fuir un cataclysme naturel, aujourd’hui les motivations à
partir sont très différentes et varient d’un individu à l’autre. Les facteurs qui interviennent dans
l’explication du phénomène de la mobilité internationale sont multiples (Kaufmann, 2002).
Sous l’effet de mondialisation le monde devient de plus en plus petit. La vitesse des
transports, l’expansion des moyens de communication et les connaissances des langues vont aussi
dans ce sens. Toutefois, les phénomènes migratoires restent peu étudiés en psychologie tandis
que la sociologie et l’économie s’en intéressent depuis des siècles (Rogler, 1994). Dans la
tradition sociologique, la mobilité est étudiée sous l’angle des migrations traditionnelles et de
l’expatriation. Or, quelques distinctions importantes existent entre la migration et la mobilité qui
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ésident dans le projet de l’individu qui envisage de partir, dans la durée et dans la motivation.
La migration traditionnelle aboutit dans le cas général à l’installation durable au pays
d’accueil. Elle fait référence aux processus tels que l’acculturation, l’intégration et l’assimilation.
En revanche, la mobilité est souvent d’une durée déterminée et le projet est bien défini (Berry,
2000). On parle davantage aujourd’hui de mobilité sociale, linguistique, culturelle,
professionnelle et étudiante, que de migration. Le sujet mobile ne cherche pas à être dissimulé
dans la masse comme l’immigré d’autrefois.
La mobilité étudiante
Dans ce contexte, la mobilité étudiante se définit comme un séjour à l’étranger de moyenne
durée. Il s’agit en général d’une année universitaire ou d’un cursus d’enseignement de plusieurs
années. En fonction de sa durée, le séjour des jeunes se situe entre le court terme du voyage
touristique et le long terme de la migration durable. L’expérience de la mobilité induit
inévitablement un contact direct avec une culture différente. L’appropriation du nouvel espace
linguistique approche le vécu de l’étudiant mobile au celui de l’exilé. Il doit donc passer par les
étapes nécessaires de l’adaptation et
de l’insertion sociale. La différence essentielle, c’est la flexibilité des jeunes qui ne sont pas
engagés professionnellement et n’ont pas d’obligations financières. De ce fait, l’adaptation se
trouve facilitée (Frieze, Boneva, Šarlija, Horvat, Ferligoj, Kogovsek, Miluska, Popova,
Korobanova, Sukhareva, Erokhina, & Jarosova, 2004).
L’approche néo-classique
Une des premières théorisations sur la question est proposée par Smith (1776) et développée
plus tard par Ravenstein (1889). Cette approche considère la différence entre les salaires dans les
régions comme facteur principal qui détermine la décision de migrer. Les personnes ont tendance
à se déplacer vers des régions ou des pays dans lesquels les revenus sont plus élevés que les
revenus dans les régions où elles résident habituellement. Le coût de la migration est le
deuxième facteur qui joue un rôle dans la décision de partir et il dépend de la distance entre les
régions et les obstacles naturels. Ces deux facteurs se relèvent essentiels dans pratiquement toutes
les recherches sur l'intention de migrer (Mullet & Neto, 1991, 1998), sur la migration (Eriksson,
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1989; Faini & Venturini, 1994; Geary & O Grada, 1989; Molle & van Mourik, 1989). Un
troisième facteur, appelé Probabilité d’emploi, est ajouté par Haris et Torado (1970). Il s’agit de
la possibilité de trouver un emploi dans la région de destination, la différence de salaire espéré
étant alors le facteur essentiel. Ce facteur permet une explication de la migration rurale-urbaine.
La théorie du capital humain
La théorie du capital humain, proposée par Sjaastad (1962), insiste sur l’importance des
différences individuelles dans la détermination de la mobilité. Tous les habitants d'un pays ou
d’une région ne manifestent pas la même intention de mobilité. Malgré les grandes différences
entre les régions, les gens qui décident de migrer restent relativement peu. La probabilité de
trouver un emploi varie selon le niveau de l'éducation et la formation professionnelle des
individus.
Les coûts, y compris psychologiques, associés au départ varient en fonction de la taille de la
famille, du sexe et de l’âge des individus. Il est important donc de prendre en compte les
différences individuelles afin de trouver une conception complète de la mobilité.
La théorie du réseau
Un autre aspect important du phénomène migratoire est qu’il ne concerne que des individus
isolés, mais aussi leurs familles. On peut supposer que la décision de mobilité est davantage un
processus collectif et en conséquence, familial, qu’individuel (Mincer, 1978). La probabilité de
trouver un travail, ainsi que les coûts psychologues et financiers, liés à la migration sont
différents pour les différents membres d'une famille. L’un des conjoints risque de perdre la
possibilité de pouvoir travailler dans le pays de destination suite au déplacement envisagé. Il est
possible également que les risques dus à une possible séparation des époux soient plus élevés que
les avantages financiers espérés.
Dans le même sens, s’inscrit la perspective dynamique de la mobilité, introduite par Massey
et Espana (1887) qui ajoutent le réseau comme un facteur social important influant la décision de
migrer. La première personne qui part doit faire face à des coûts plus élevés, qui diminuent pour
les autres membres de la famille ou les amis. Le réseau limite les coûts et les risques
psychologiques car les personnes reçoivent une certaine aide par celui ayant migré
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précédemment. L’existence du réseau conduit également à une plus grande probabilité de partir.
Les données empiriques confirment l’importance de ce processus qui met l’accent sur l’encrage
social et culturel, en plus de l’aspect économique de la mobilité. (Bauer & Zimmerman, 1977 ;
Silva & Neto, 1993; Eriksson, 1989 ; Stark & Taylor, 1991 ; Lundborg, 1991 ; Faini & Venturini,
1994 ; Neto & Mullet, 1998).
Dans les années 1990, les recherches sur la mobilité des jeunes Européens s’organisent
autour de la « Information Integration Theory » : modèle descriptif algébrique du processus
cognitif qui intègre de multiples informations dans la création d’une réponse. Cette théorie était
appliquée dans des différents champs scientifiques parmi lesquels la psychologie du
développement avec les travaux de Lautrey, Mullet et Paques (1989) et la psychologie de
l’éducation (Mullet & Moncouquiol, 1988). L’étude de Mullet et Neto (1991) portant sur les
intentions de mobilité des jeunes Français et Portugais utilise également cette méthode. Un
meilleur salaire et de plus grandes opportunités professionnelles entraînent une plus grande
probabilité à partir.
La perspective « Push-Pull »
Pour unifier les théories précédentes, Zimmerman (1995) propose un modèle théorique, basé
sur deux facteurs importants influant la mobilité qui sont: l'incitation à partir (Push) et l'attrait
exercé par le pays de destination (Pull). Du point de vue économique, le facteur Push (de
l’anglais : pousser, appuyer) correspond aux mauvaises conditions et au manque d’emploi dans le
pays d'origine. Le facteur Pull comme la traduction de l’anglais l'indique (tirer) coïncide avec
l’augmentation de la demande de main d'œuvre dans le pays de destination (Mazzarol & Soutar,
2002).
A côté des facteurs strictement économiques lié à la demande de la main d’œuvre dans le
pays d’origine et le pays de destination, d’autres facteurs également peuvent être conceptualisés
en terme de facteurs Push et Pull du point de vue des jeunes. Comme des facteurs d’attrait (Pull),
on peut citer le climat, la façon de vivre, le système d’enseignement, etc. Les facteurs d’incitation
(Push) qui ne sont pas liés directement au succès économique, sont par exemple, le souhait des
jeunes à suivre une formation universitaire ou d’apprendre une langue étrangère. Deux autres
types de facteurs peuvent être ajoutés : Anti-Push et Anti-Pull. Des auteurs comme Elder, King et
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Conger (1996) proposent trois sous-facteurs liés à l’attachement au pays d’origine (Anti-Push)
qui sont : le contexte social, les contacts et les opportunités. Les coûts et les risques liés au départ
sont des facteurs qui font obstacle à la mobilité (Anti-Pull).
C’est donc de ces théories de la mobilité que prend source la présente recherche.
L’Union européenne et la mobilité
Pour la compréhension globale du phénomène de la mobilité vers les pays de l’UE, nous
allons nous intéresser sur quelques points essentiels de la construction européenne. Née d'une
vision politique et notamment de créer des conditions qui rendent impossible le retour des
guerres ayant ensanglanté le continent au XX ème siècle, l’Europe a emprunté la voie pragmatique
des solidarités concrètes : le marché commun, la politique agricole, la concurrence. Aujourd'hui,
la plupart des objectifs fixés par les traités sont atteints : l'espace européen est libéré des
contraintes douanières, fiscales et réglementaires qui freinaient l'activité des hommes et la
circulation des capitaux et des services.
Mais l'Européen n'est pas seulement un consommateur ou un acteur de la vie économique et
sociale. Il est avant tout un citoyen de l'Union. Dès l'entrée en vigueur du traité de Rome en
1958, le législateur européen s'est employé à donner un contenu aux dispositions favorisant la
libre circulation des salariés et la libre prestation des services ainsi que l'établissement des statuts
des professions libérales. Aucune restriction liée à la nationalité n'est acceptée pour un
ressortissant d'un État membre dans la recherche d'un emploi à l'intérieur de l'UE. De même,
l'accès aux prestations sociales et à la formation professionnelle, les avantages fiscaux et sociaux
est garanti au travailleur migrant et à sa famille (Commission européenne, 1997,a).
Le 21 décembre 1988, une directive introduit le système de reconnaissance mutuelle des
diplômes de l'enseignement supérieur. Ce texte s'applique à toutes les formations universitaires
d'une durée d'au moins trois ans. Cette reconnaissance mutuelle est fondée sur le principe de la
confiance réciproque en la validité des filières d'enseignement et de formation (Conseil d’Europe,
1996).
Le premier droit du citoyen européen est donc de pouvoir circuler, travailler et résider dans
toute l'Union. Trois directives de juin 1990 ont élargi le droit de séjour aux étudiants, aux
retraités et aux inactifs, et le traité de Maastricht a solennisé ce droit dans le chapitre qu'il
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consacre à la citoyenneté (Delouche, 1992). L'exercice des droits sociaux confirmée par une
jurisprudence particulièrement volontariste de la Cour de justice n'aurait sans doute pas suffi à
faire du citoyen d'un État membre un citoyen communautaire s'il ne s'y était pas ajouté d'autres
droits plus formels liés aux transferts de souveraineté. Hormis les activités entraînant des
prérogatives de puissance publique comme la police, l’armée et les affaires étrangères, les
services de santé, l'enseignement et les services commerciaux pourront s'ouvrir à tout
ressortissant communautaire. Il semble naturel de recruter un professeur britannique pour
enseigner l'anglais aux élèves de Rome ou d'inciter un jeune diplômé français à tenter sa chance à
un concours administratif en Belgique.
L'Europe des citoyens a franchi un saut important à Maastricht avec la décision de donner le
droit de vote et l'éligibilité aux élections municipales et aux élections européennes à tout citoyen
de l'Union résidant dans un Etat membre dont il n'est pas ressortissant. Le traité d'Amsterdam
consacre ce principe dans son article 17: "Est citoyen de l'Union toute personne ayant la
nationalité d'un Etat membre. La citoyenneté de l'Union complète la citoyenneté nationale et ne la
remplace pas" (John, 1985).
Les programmes éducatifs de mobilité et de formation, encouragés par la Communauté à
travers Erasmus (programme d'action de la Communauté européenne en matière de mobilité des
étudiants universitaires), Comett (programme communautaire d'éducation et de formation dans le
domaine des technologies), Lingua (encouragement à l'apprentissage des langues étrangères) se
sont engagés dans cette direction. Ils ont permis à près de 60 milles jeunes de bénéficier de
bourses pour étudier dans un autre pays de la Communauté. L'objectif que 10 % des élèves d'une
même classe d'âge qui auraient pu consacrer près d'une année universitaire à un séjour dans un
pays partenaire a été fixé et requiert un accroissement des fonds communautaires consentis à la
politique de l'éducation. Les nouveaux programmes Socrate, Leonard de Vinci et Jeunesse pour
l'Europe devraient permettre d'aller plus loin dans ce sens (Eurostat, 2000).
En janvier 1996, la Commission, dans le cadre du programme "Service volontaire européen"
a souhaité que les jeunes Européens puissent participer aux projets d'utilité sociale (action
sociale, humanitaire, culturelle ou dans l'environnement) dans un autre Etat membre que le leur.
L'objectif est d'encourager la mobilité des jeunes de moins de 25 ans et de favoriser leur insertion
dans la vie active. Des milliers d’étudiants ont déjà bénéficié de ce programme.
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L'Europe des citoyens repose aussi sur la multiplication des symboles d'identification
commune, tels le passeport européen, en circulation depuis 1985, l'hymne (l'Ode à la joie de
Beethoven) et le drapeau (un cercle de douze étoiles d'or sur fond azur). Un permis de conduire
européen est délivré dans les Etats de l'Union depuis 1996. "Nous ne coalisons pas des Etats,
nous unissons des hommes", disait Jean Monnet en 1952 (discours de Washington, le 30 avril
1952). L'adhésion de l'opinion publique à l'idée européenne reste le grand défi auquel doivent
faire face les institutions.
La mobilité étudiante en Europe
D’un point de vue historique, la mobilité étudiante représente une reprise de la tradition de
circulation qui avait existé dans les universités européennes depuis le Moyen Age. Phénomène
ancien qui, dans les dernières années attire l’attention en raison des changements qui
interviennent en Europe (Tapia, 1995). A l’origine, tradition propre aux familles aisées, au cours
des années elle s’est transformée, d’abord en privilégiant les apprentissages linguistiques et
ensuite - les formations universitaires de courte et de longue durée. Aujourd’hui l’UE déploie des
efforts considérables à accroître cette pratique de séjour d’études, stage et formation des
étudiants en dehors du pays d’origine. L’enseignement supérieur en Europe joue un rôle
important pour satisfaire les besoins de compétence. L’expérience de la mobilité est d’une
importance primordiale non seulement du point de vue professionnel mais aussi pour la
construction d’une Europe des échanges humaines (Gordon, & Jallade, 1996).
D’un point de vue politique, c’est seulement en assurant des formations de haut niveau à ses
citoyens, que l’UE aura la capacité d’affronter la concurrence des autres régions du monde. De
ce fait, en 1997 dans son Agenda 2000, la Commission européenne annonce « une Europe des
savoirs.» L’accent est mis sur la mobilité physique des étudiants et la reconnaissance mutuelle
des cursus universitaires. Elle constitue un marché international en raison du nombre des jeunes
qui accroît tous les ans. (Gallard & Roudet, 2005). Ainsi en 1996, les étudiants mobiles dans le
monde sont 1400 milles dont 34 %, soit 560 milles étudiants, à destination des Etats-Unis. Pour
l’UE l’enjeu pour augmenter le flux des étudiants mobiles devient d’autant plus important. Le
séjour étudiant représente un avantage qui garantit un avenir professionnel réussi pour l’individu,
mais également une circulation des idées pour l’avenir de l’UE.
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Pourtant, la mobilité étudiante n’est pas une simple particularité originale dans le cursus
universitaire des jeunes aujourd’hui. Elle a un impact symbolique dans la création même d’une
véritable Europe. Certes, les séjours étudiants ont pour but l’obtention d’un diplôme, mais leurs
conséquences marquent une nouvelle ère dans les échanges entre les européens (Fernandez,
2000). L’ambition, c’est de fonder la citoyenneté européenne sur la meilleure connaissance
mutuelle. La mobilité des personnes à l’intérieur de l’Europe favorise la prise de conscience des
différences culturelles et permet de mieux comprendre l’autre (Demorgon, 2003). Les
programmes d’échanges entre les universités inscrivent les contacts interculturels dans le vécu
réel des jeunes. Ainsi, la mobilité devient une des conditions nécessaires pour la construction
européenne.
La Bulgarie
Superficie : 110 911 km²
Capitale : Sofia (2,5 millions d’habitants)
Principales villes : Plovdiv, Varna, Tarnovo, Bourgas, Roussé
Population totale : 8,5 millions d’habitants
Population urbaine : 69%
Langue officielle : bulgare
Alphabet : cyrillique
Religion : christianisme orthodoxe
Etat : république parlementaire
La Bulgarie se trouve au sud-est de l'Europe, au centre de la péninsule Balkanique. Elle est
située à la croisée des grandes migrations, entre la Roumanie au nord, la Yougoslavie et la
Macédoine à l'ouest, la Grèce et la Turquie au sud et la mer Noire à l'est.
Les rives du Danube ont donné hospice aux premières civilisations humaines - les Thraces.
Sur le littoral nord de la Bulgarie, leur culture a laissé des empreintes importantes dans le mode
de vie – le culte de Dyonissos, la production du vin, l’orfèvrerie, les danses sur braises etc. Ils
fondent le premier état sur les territoires bulgares. Les Slaves s'y établissent à partir du VI ème
siècle après J.C. Les Proto-Bulgares arrivent de l'Asie pendant la Grande Migration des peuples,
riches d’une longue expérience étatique et la création d’un des calendriers les plus exacts de tous
les temps. Les Slaves et les Proto-Bulgares s'unissent et fondent en 681 un des Etats les plus
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anciens de l’Europe - le Premier Royaume Bulgare (Castellan, 1999).
En 718, le Roi bulgare Tervel, défait les Arabes près de Constantinople. Quinze ans plus
tard, dans une autre bataille décisive près de Poitiers, Charles Martel met fin à l’expansion des
Arabes en Europe.
En 862, le royaume est christianisé sous Boris I er (852-888). Le pays fut placé sous la
juridiction spirituelle du Patriarcat de Constantinople, mais il obtint l'autonomie pour son Eglise.
En 855, l'alphabet slave est créé par les frères Cyrille et Méthode. C’est le fait décisif pour la
fusion complète entre les Bulgares et les Slaves. L'introduction de la liturgie en langue slave est
faite par les élèves de Cyrille et Méthode (Clément d'Ohrid et Naoum). L’alphabet cyrillique
servit à créer les moyens d'expression qui ont permis à la Bulgarie de contribuer à la civilisation
européenne : à quelques adaptations près, il est toujours utilisé aujourd'hui par la Fédération de
Russie, les Ukrainiens, les Biélorusses, les Serbes et les Macédoniens (Vodenitcharova, 1995).
Après les conquêtes de Siméon le Grand (893-927), le royaume bulgare devient très étendu,
de l'Adriatique à la mer Noire. La carte politique européenne atteste le partage du continent entre
les empires des Byzantins, des Francs de Charlemagne et des Bulgares. Après le « Siècle d'Or »
pendant son règne le pays connut une décadence qui aida la Byzance à le soumettre (de 1018 à
1186). Le rôle le plus important pour la préservation de l'identité et de la culture bulgares est
joué par les monastères.
A cette même époque apparaît le bogomilisme, mouvement religieux fondé par le pope
bulgare Bogomile (en bulgare « aimable à Dieu ») et répandu plus tard en Italie, en France et en
Russie, montrant aux paysans comment ils peuvent se battre contre les despotes. Le bogomilisme
est un mouvement rejetant toutes les autorités, ainsi que l’Eglise, ce qui a contribué au grand
engouement populaire qu'il a suscité, et explique aussi l'ampleur des répressions qu'il a subies.
L'idée que le bogomilisme serait à l'origine du mouvement cathare est souvent évoquée
(Bolensky, 1948).
Des liens existent également avec le « danovisme » - la flaternité blanche universelle, fondé
par Petar Danov en Bulgarie en X ème siècle et plus tard répandu en France par son disciple
Omraam Mikhaël Aïvanhov. Le Maître Petar Danov est parmi les personnalités les plus
remarquables de l'histoire et de la culture spirituelle bulgares. Les principaux sujets de ses cours
et entretiens sont: la place et le rôle de l'homme dans l'univers, la nature et la société, la
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compréhension de la culture, de l'éthique, de la psychologie, de la médecine, de la musique, etc.
Il a créé la Paneurythmie qui est aujourd'hui jouée et dansée aux Etats-Unis, au Canada, en
France, en Russie, au Congo et dans d'autres pays du monde (Assenov, 1996).
La fin de cette période tumultueuse est mis par les deux frères, Peter et Ivan Assen, qui
fondent le Deuxième Royaume Bulgare (1186-1393). Il devient le centre d'une brillante
civilisation jusqu’à la fin de leur gouvernement. Ensuite, menacée par les Mongols et les Tatares,
la Bulgarie est divisée en plusieurs principautés et elle ne peut résister à la conquête de l’empire
ottomane. La Bulgarie reste cinq siècles sous sa domination. S'ensuivent cinq siècles
d'asservissement (1396-1878). Malgré l'oppression physique, politique et religieuse, les Bulgares
réussissent à préserver leur conscience nationale. Elle connaît un fort regain de vigueur à
l'apparition d'ouvrages littéraires ressuscitant le riche passé occulté, dont le premier était la
célèbre histoire slavo-bulgare du moine Paissiï de Hilendar (1762), largement répandue parmi le
peuple.
Le mouvement de libération nationale créé par Vassil Levski, est à l’origine de l’Insurrection
d’avril 1876. Etouffée dans le sang, celle-ci provoque une intervention des russes. Ainsi la
Bulgarie retrouve sa liberté en 1878 après la guerre russo-turque. Le traité de San Stefano
constitue le 3 mars 1878 une Bulgarie autonome, comprenant un accès à la mer Egée et une
grande partie de la Macédoine (Aslanian, 2004). Craignant l’influence de la Russie sur un Etat
dominant les Balkans, les Grandes Puissances divisent le territoire bulgare en deux : la
Principauté de Bulgarie et la Roumélie Orientale (Congrès de Berlin, juin 1878).
Une constitution démocratique est votée et le premier prince Alexandre de Battenberg prend
le pouvoir (de 1878 à 1887). A la suite d'une révolte en 1885, les deux parties du pays sont
réunies en un seul Etat bulgare. En 1908, Ferdinand de Saxe-Cobourg Gotha se proclame Tsar
des Bulgares et constitua le Troisième Royaume Bulgare.
Pendant la Première Guerre mondiale la Bulgarie s'engage aux côtés de la Triple Alliance, et
après la fin de la guerre le pays connaît une grande crise politique et économique. Bien que du
côté de L’Axe (Allemagne, Italie et Japon) pendant la Seconde Guerre mondiale la Bulgarie a
empêché la déportation des juifs de ses territoires. En printemps 1943, après la bataille de
Stalingrad et les victoires des Alliés en Afrique du Nord, la situation internationale est en train de
changer, ce qui conduit le roi Boris à s'opposer désormais à la déportation des Juifs hors des
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frontières bulgares. En 1945, la population juive de Bulgarie était toujours de 50 milles personnes
environ, soit son niveau d'avant-guerre. Après le sauvetage des Juifs danois, le fait que les Juifs
bulgares aient échappé à la déportation et à l'extermination constitue l'exception la plus
importante pour les populations juives d'Europe occupée par les nazis.
Relativement peu touchée pendant la Seconde Guerre mondiale la Bulgarie passe sous
régime communiste avec l'entrée de l'armée rouge le 9 septembre 1944. La suprématie de l'USSR
avait déjà été assurée par le partage de l'Europe centrale et orientale, conclu à Moscou entre
Churchill et Staline en octobre 1944. La population subit la terreur du Stalinisme pur (1948-
1956), suivi entre 1956 et 1989 par des périodes du culte de la personnalité et de la Perestroïka.
Ce n'est qu'en 1989 que le premier secrétaire du parti communiste, Todor Jivkov, était obligé
à démissionner. Après les premières élections libres, un nouveau gouvernement apparaît et la
période des grands changements commence. La Bulgarie redevient république multipartite. La
démocratie se développe. Mais la transition est difficile, l’inflation, très importante, entraînant
une longue crise économique. Réputée satellite fidèle de l'USSR, les relations de la Bulgarie
communiste avec l'Europe de l'Ouest et les Etats-Unis avaient été distendues et compliquées.
Un événement unique eut lieu en Bulgarie le 17 juin 2001 : un ex-roi, Siméon II, revint au
pouvoir par le sacre du scrutin populaire et accepta le poste de Premier ministre. Le défi était
difficile à relever après l'espérance suscitée par son arrivée. Un nouveau président de la
République fut élu au mois de novembre 2001. La curiosité à l'égard de la Bulgarie augmenta
davantage car c'était un pays dont le Premier ministre était un ancien monarque et le président
élu, Guéorgui Parvanov, un ancien socialiste.
La Bulgarie participe à la lutte contre le terrorisme mondial et rejoint la coalition des Etats-
Unis contre l'Irak. Elle fut admise à l'OTAN le 29 mars 2004. Le traité d'adhésion à l'UE fut
signé le 25 avril 2005 à Luxembourg. Son entrée à l’UE était prévue pour janvier 2008.
De nos jours, la Bulgarie reste en dehors des conflits ethniques qui bouleversent l'Ouest de la
péninsule et elle constitue, ainsi, un facteur de stabilité au cœur des Balkans. La population est
composée de 85 % de chrétiens orthodoxes et de 13 % de musulmans. Environ 10 % des
habitants sont d'origine turque et 3 % sont des roms. De même, la gastronomie mélange les
traditions orientales et occidentales. Le plus connue des produits bulgares est sans doute le yaourt
bulgare qui assure la longévité de ceux qui en mangent régulièrement. L'assemblée nationale
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ulgare, chambre unique du parlement, compte 240 membres élus tous les quatre ans. Les
principales exportations de la Bulgarie sont les produits de l'industrie légère, les produits
alimentaires et les vins, qui sont compétitifs sur les marchés européens. Jadis premier producteur
mondial d'essence de rose, la Bulgarie s'efforce aujourd'hui de ranimer cette tradition, vieille de
plus de 300 ans. Les amateurs de musique folklorique connaissent probablement plusieurs
musiciens bulgares. Une chanson traditionnelle bulgare a d'ailleurs été enregistrée sur le disque
d'or embarqué à bord de la sonde Voyager envoyée dans l'espace par la NASA.
Les jeunes Bulgares
Dans la présente étude nous allons nous intéresser à la mobilité des jeunes Bulgares. Par le
terme « les jeunes » seront désignés les adolescents et les jeunes adultes, âgés de 16 à 26 ans.
L’adolescence et le passage vers l’âge adulte représentent un moment important dans le
développement psychique de l’individu. Cette période correspond au bouleversement pubertaire
sur le mode de conflit avec les parents et les autorités en général. La crise ou la rupture du
développement marque cette période où se joue le devenir de l’organisation psychique et
l’identification de l’individu. Elle se définit par le phénomène biologique de la puberté mais
également par son statut socioculturel.
Les difficultés croissantes des adolescents d’aujourd’hui doivent être restituées dans le
contexte spécifique de la crise socio-économique et culturelle qui fragilise les points de repères
symboliques et les identifications nécessaires. Cette constatation conduit à des questionnements
d’ordre éthique et culturel dès lors qu’il s’agit d’analyser les effets de la déliaison sociale et d’un
nouveau « malaise dans la civilisation ».
Dans les sociétés occidentales actuelles, l’adolescence constitue une génération intermédiaire
entre les deux mondes, celui des enfants et celui des adultes. Mais elle est également le moment
de la construction du sentiment d’identité. Grandir est un acte agressif qui met symboliquement
les parents et les autorités à mort : à la culpabilité s’ajoute le deuil difficile du lien aux parents.
L’adolescent cherche de nouvelles identifications secondaires (Richard, 2001).
Aujourd’hui la crise de l’adolescence renvoie à la crise de la société post-moderne (Tomasi,
1999). Le mouvement dépressif, la perception d’un monde externe souffrant d’un délitement du
sens et d’une menaçante désorganisation symbolique sont des éléments de la réalité actuelle
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(Wallace & Kovatcheva, 1998). Les déficits de l’organisation sociale ressentis douloureusement
par les adolescents se traduisent en affects et en émotions extrêmement intenses. L’individu est
livré à un questionnement sans réponse et à une intensification de son expérience singulière. Le
lien entre les générations et la référence à l’histoire s’affaiblit alors qu’en même temps les
exigences sociales se renforcent. L’adolescent se trouve désormais dans le désenchantement de se
découvrir anonyme dans une société de masse (Dimitrova, 1996).
Dans le contexte actuel, nous allons nous intéresser aux conséquences des bouleversements
survenus dans la société bulgare depuis deux décennies. Pendant la période communiste, il
existait une organisation de la jeunesse bulgare. Elle portait le nom « Septemvriiche » et
rassemblait tous les enfants et les adolescents de 9 à 14 ans qui étaient appelés les pionniers. Le
nom est lié à l’insurrection de septembre et à l’entrée de l’Armée Rouge en Bulgarie qui a
marqué le début du communisme. L’organisation était mise sous la tutelle du parti communiste le
23 septembre 1944, après la prise du pouvoir par le gouvernement socialiste (Mitev & Riordan,
1996). Les enfants scolarisés de moins de 9 ans étaient membres d’une organisation similaire
appelée « Tchavdarche », d’après le nom d’un des combattants les plus célèbres pour la libération
du joug ottoman. Les jeunes de 16 à 26 ans adhéraient à l’Union des jeunes communistes et
exerçaient une fonction de tuteurs auprès des plus jeunes élèves. L’organisation diffusait des
journaux hebdomadaires comme Les jeunes, Tribune étudiante et Jeunesse bulgare. Elle avait des
relations étroites avec plus de 300 organisations de jeunes dans le monde entier. Parmi les
activités les plus importantes de l’organisation, à l’exception de celles liées à la politique, sont à
citer les ateliers artistiques, les colonies de vacances, les voyages, les « brigades », etc. Les
dernières consistaient en voyages de quelques semaines pendant lesquelles les étudiants
effectuaient des travaux saisonniers agricoles. Des concours de sciences et de technologies, tout
comme de littérature et d’arts se tenaient régulièrement. Le rôle de l’organisation était
considérable dans la vie politique et sociale du pays pendant cette période.
Depuis la chute du régime communiste, le 10 novembre 1989, de nombreux changements ont
marqué l’espace social bulgare. Pour les jeunes, une nouvelle période a commencé où désormais,
tout était possible et il n’y existait plus d’interdits (Mitev, 1996). Cette sensation de liberté s’est
opposée radicalement au vécu sous le régime communiste. Avec la fin du régime, les
organisations des jeunes ont cessé leurs activités et n’ont pas été remplacées par d’autres
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structures.
Le changement survenu dans la vie des jeunes a été ressenti avec beaucoup de joie et
d’émotions. En premier lieu, cela marquait la fin de toutes les obligations, comme par exemple,
de porter des vêtements uniformes à l’école, d’avoir les cheveux courts et soigneusement coiffés,
d’obéir aux professeurs, etc. Peu à peu l’abolition de ces règles a débouché sur un certain
désordre dans l’espace social. La recherche des limites propre à l’adolescence s’est transformée
en un enjeu politique et social qui favorisait le climat de libération totale. La mode, la société de
consommation et, dans un moindre degré, l’usage des drogues sont devenus les nouveaux
facteurs d’identification pour les jeunes. Cette influence a conduit la mise en place de quelques
organisations de type « scout » remplaçant celles d’avant. Dans ce contexte social, les Etats-Unis
et l’Europe sont devenus les symboles du nouveau temps, de la liberté absolue et de la réussite.
La mobilité « européenne » des jeunes Bulgares est désormais, l’héritière d’une longue
tradition de formation des élites bulgares en Europe occidentale dans la période de 1850 à 1944.
Suite aux changements politiques intervenus depuis 1989, on constate une renaissance spontanée
de cette tradition interrompue après la Seconde Guerre mondiale. De nouveau les jeunes
Bulgares, motivés par le même désir d’ouverture et de formation que les étudiants de l’époque de
l’avant-guerre, ont repris place dans les amphithéâtres des écoles et des universités européennes
(Filipov & Tsvetarski, 1993). La mobilité des jeunes en Bulgarie est par excellence le symbole
de ce nouveau temps. Après une période d’euphorie dans les années qui ont suivi la chute du
communisme, un sentiment de vide et de manque de repères s’est installé. La crise économique
s’est inscrite aussi dans ce contexte. Tous ces facteurs expliquent en partie le désir de chercher
ailleurs des perspectives pour une vie meilleure (Karamichova, 2003). Cependant la mobilité des
jeunes n’est pas qu’une conséquence directe de cette réalité économique.
La présente recherche propose une approche des intentions des jeunes Bulgares d’étudier ou
de travailler dans un autre pays de l’UE. Celle-ci est basée sur une structure motivationnelle,
attitudinale et de personnalité qui interagit avec les facteurs émotionnels dans le choix de
destination de la mobilité. La question des changements possibles dans la perspective de
l’adhésion du pays en UE se pose (2008).
Etudier ou travailler dans un autre pays : Deux figures de la mobilité
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Aujourd’hui plus d’un million de jeunes ont choisi de poursuivre les études en dehors de
leur pays d’origine. Ce chiffre a augmenté quatre fois depuis les années quatre-vingt et continue
d’accroître (Dewit, 2001). Le type de mobilité dite « étudiante » subit une évolution en fonction
du contexte économique et géopolitique en Europe (Latrèche, 2001).
Les études statistiques (UNESCO, 2006) donnent un aperçu du nombre des étudiants mobiles
par pays d’accueil. D’après les résultats, les trois pays qui attirent la moitié de tous les étudiants
mobiles, sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Si on ajoute la France et
l’Australie, ces cinq pays recueillent des deux tiers de tous les étudiants mobiles. Les Etats-Unis
reçoivent le plus grand nombre d’étudiants. En ce qui concerne la mobilité « professionnelle »
qui a été longtemps associée à la migration traditionnelle, celle-ci subit aujourd’hui des
changements importants. L’expatriation des cadres des grandes entreprises en est un exemple
typique de notre société. Leurs missions internationales sont considérées comme une étape
importante dans la carrière des cadres. L’expatriation représente dans ce sens, la source vive pour
les entreprises tournées vers la mondialisation (Bender, Cadin & De Saint Guiniez, 2003, Pierre,
2002).
Recherches antérieures sur la mobilité des jeunes
Les recherches concernant la mobilité étudiante en Europe sont peu nombreuses et rendent
compte des spécificités particulières du phénomène d’un point de vue politique, économique et
social. Les premières études importantes sur le sujet sont menées par Mullet, Dej, Lemaire, Raiff
et Barthorpe (2000) et par Mullet, Cossin, Ihalouine et Thomas (2002) auprès des jeunes
Français, par Mullet et Neto auprès des jeunes Portugais (2000). Le point de vue des jeunes
Espagnols est étudié par Colinas, Adrian, Apter, Vautier et Mullet (2000) et par Gil de Gomez
Rubio, Diaz Allue et Mullet (2002).
Le jeunes Français
La recherche était menée par Mullet, Dej, Lemaire, Raiff et Barthorpe (2000) auprès de 590
jeunes Français de la région Nord-Pas-de-Calais, âgé de 15 et 33 ans, l’âge moyen étant de 18.9
ans. Environ la moitié des pères des participants avaient un niveau d’études correspondant au
baccalauréat.
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Les intentions des jeunes Français à étudier et à travailler dans un autre pays de l’EU sont
étudiées à l’aide de trois types de questions : (a) Quelles sont les intentions de mobilité envers les
autres pays de l’UE et quelle est l’influence des facteurs socioculturels, (b) Quelles sont les
attitudes des jeunes Français selon le modèle « 2PAP » et (c) Dans quelle mesure les facteurs
attitudinaux prédisent la mobilité « européenne » des jeunes Français.
Le matériel utilisé est composé de quatre questionnaires : le premier recueille les
caractéristiques générales des participants : sexe, âge, niveau socioculturel. Le deuxième
concerne les connaissances et la fréquence des voyages des jeunes dans les 14 pays européens
avec des items comme : « Avez-vous déjà visitez le Royaume-Uni », ou bien « J’aime beaucoup
l’Espagne ». Le troisième questionnaire résume des items relatifs aux attitudes des jeunes vis-à-
vis le mode de vie dans les pays de l’EU et en France avec des items comme : « Dans certains
pays de l’UE, le statut de la femme est meilleure qu’en France ». Le dernier questionnaire
s’intéresse aux intentions des jeunes de partir étudier ou travailler dans chacun des 14 pays de
l’UE : Danemark, Finlande, Suède, Autriche, Luxembourg, Allemagne, Irlande, Pays-Bas,
Belgique, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Grèce et Portugal. Un exemple d’item est le suivant:
« J’irais étudier quelques mois en Espagne.»
Les résultats ont montré que les jeunes Français sont attirés par les pays comme l’Espagne,
l’Italie et le Royaume-Uni. Le degré d’accord moyen des lycéens avec les items relatifs à
l’attraction que ces trois pays exercent, est relativement plus élevé que dans le cas des étudiants.
Une différence statistiquement signifiante montre que les garçons plus que les filles aiment les
Pays-Bas. En ce qui concerne, le niveau socioculturel, les participants dont les pères possédaient
un niveau d’études plus élevé, étaient davantage séduits par les pays comme le Royaume-Uni,
les Pays-Bas, le Danemark, l’Irlande, la Finlande et l’Autriche. Les pays les plus visités par les
jeunes Français, à l’exception de la Belgique, sont le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne.
En ce qui concerne les facteurs d’attitudes, les 4 facteurs ont été également mis en évidence.
Le premier, c’est le facteur Pull qui exprime l’attrait des jeunes Français par des meilleures
opportunités de travail et de loisirs qui existent dans les autres pays de l’UE. Le deuxième, c’est
le facteur Anti-Pull qui représente les difficultés éventuelles au cours de la mobilité : de vivre
seul, de ne pas connaître la culture du pays et des problèmes d’insécurité. Ce facteur n’exprime
pas les difficultés financières, contrairement à ce qui était attendu. En troisième lieu, c’est le
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facteur Anti-Push qui témoigne des sentiments positifs des jeunes Français à l’égard du système
éducatif, la valeur des diplômes et les formations dans leur pays d’origine. Et le dernier facteur –
Push est essentiellement envisagé en terme d’apprentissage d’une langue étrangère.
Les items relatifs aux intentions de mobilité des jeunes Français vers chacun des 14 pays de
l’UE, suscitent un degré d’accord élevé pour les pays suivants : Royaume-Uni, Espagne, Italie et
Belgique. L’intention de partir au Royaume-Uni est déterminée par les deux facteurs : attrait
vers ce pays et la fréquence des voyages. Le troisième facteur qui joue un rôle important, c’est
le facteur Push. En ce qui concerne l’intention des jeunes Français de partir en Espagne, c’est
d’abord le facteur émotionnel d’attrait, le facteur Push et ensuite dans un moindre degré le
facteur Pull qui jouent un rôle important.
Ainsi, comme déterminants essentiels de la mobilité des jeunes Français, apparaissent en
premier lieu, l’attrait vers un pays de l’UE et ensuite, le désir d’apprendre une langue étrangère.
Le facteur d’attitude classique comme la recherche de meilleures conditions d’études et de
travail joue un rôle très limité.
Le jeunes Portugais
La recherché similaire était menée auprès des jeunes Portugais en 2000. D’après les
résultats, les jeunes Portugais manifestent un degré d’accord moyen avec les items mesurant les
intentions d’étudier ou travailler dans un autre pays de l’UE qui n’est pas très élevé. Leurs
réponses se situent dans la plupart des cas près du pôle « Sûrement pas » que du pôle « Assez
probable ». Le sexe, l’âge et le niveau d’études jouent un rôle très modéré. Les participants
préfèrent partir étudier ou travailler au Royaume-Uni, en France et en Espagne qu’aux Pays-Bas
ou bien en Allemagne. En général, les étudiants portugais expriment les trois attitudes Push,
Pull, Anti-Pull. Le modèle à 4 facteurs avec des items Pull spécifiques au pays qui étaient
ajoutés, explique une part significative de la variance des intentions des jeunes à partir au
Royaume-Uni et en France. En ce qui concerne, les intentions de mobilité des lycéens portugais,
elles dépendent en premier lieu des facteurs émotionnels de type attraction-répulsion vers un
pays spécifique et ensuite de la possibilité d’apprendre et de maîtriser une langue étrangère que
la mobilité offre. Les lycéens s’intéressent peu aux conditions économiques des pays et ne
manifestent aucune crainte liée au départ (facteur Anti-Pull).
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Les jeunes Français - le Nord et l’Ile de France
Les déterminants émotionnels, attitudinaux et circonstanciels de la mobilité « européenne »
des jeunes français font objet de l’étude de Mullet, Cossin, Ihalounibe et Thomas (2002). La
spécificité de cette recherche est qu’elle a pour but d'évaluer la part respective des facteurs
émotionnels et des facteurs d’attitudes dans la détermination des jeunes à partir. L’enquête est
menée auprès de 1 209 lycéens et étudiants français de la région du Nord-Pas-De-Calais et de
l’Ile-de-France, à l’aide d’un questionnaire comportant des items sur les attitudes des jeunes
vis-à-vis du mode de vie en France et dans les autres pays européens, des items exprimant
l’attraction globale de chaque pays de l’UE et des items relatifs aux intentions de mobilité vers
les 14 pays de l’UE. Dans la dernière partie sont inclus des questions relatives aux éléments
circonstanciels susceptibles d’influencer les jeunes dans leurs intentions de mobilité, tels que la
possibilité de bourse, l’habitude de voyage, les connaissances linguistiques, le milieu familial,
etc.
Les résultats de cette recherche mettent en évidence quatre facteurs qui rendent compte des
attitudes des jeunes vers la mobilité « européenne » et deux facteurs émotionnels liés à
l’attraction que chacun des 14 pays exercent. Le premier facteur est un facteur Pull exprimant
une attitude en faveur de la mobilité. Il est saturé par des items comme : « Dans certains pays
de l’UE, les débouchés professionnels sont bien meilleurs qu’en France ; Dans certains pays
de l’UE, les entreprises sont plus dynamiques et en bien meilleure santé qu’en France » ou
encore « Dans certains pays de l’UE, la richesse des contenus des formations professionnelles
est bien plus grande qu’en France ».
Ensuite, le deuxième facteur est identifié à une attitude de frein à la mobilité : Anti-Push et
il sature des items tels que : « Les types d’emploi offerts en France sont très intéressants » ou
« En France, on peut acquérir une grande compétence technique dans les entreprises ».
Le facteur suivant est le facteur Anti-Pull correspondant aux craintes relatives au départ,
qui sature des items comme : « Je n’aimerais pas me trouver dans un pays trop éloigné
géographiquement de la France », « Je n’aimerais pas du tout vivre dans un pays de l’UE où il
y a des problèmes d’insécurité » et « Je n’aimerais pas du tout vivre dans un pays de l’UE où
personne ne parlerait ma langue.»
Le quatrième facteur Push exprime une forte incitation à partir. Il est constitué par des
EPHE Banque de Monographies SVT 23

items comme : « J’aimerais les changements (aventures, rencontres, expériences personnelles)
que m’apporterait le séjour dans un autre pays de l’UE », « J’aimerais beaucoup maîtriser une
autre langue » ou encore « Aux yeux des employeurs, la mobilité géographique sur le territoire
de l’UE est souvent un grand « plus».
En ce qui concerne les facteurs émotionnels, cette étude a mis en lumière quatre facteurs
essentiels. Le premier correspond aux pays du Nord comme le Danemark, la Finlande et la
Suède. L’attraction exercée par les pays du Sud comme l’Espagne et l’Italie, constitue le second
facteur. Un troisième facteur spécifique est relevé qui est saturé par un seul pays. C’est le cas du
Royaume-Uni. Le quatrième facteur est appelé Pays germaniques. Parmi ces facteurs, les pays
du Sud et le Royaume-Uni exercent une attraction moyennement élevée.
En ce qui concerne les éléments circonstanciels, d’une importance moyenne sont
l’obligation d’effectuer un stage à l’étranger et les incitations familiales. Le besoin d’aventures
apparaît comme le facteur attitudinal principal. L’analyse des items relatifs à l’information dont
les jeunes disposent concernant les programmes de mobilité, montre que les jeunes Français se
sentent peu informés à ce sujet.
Les auteurs font apparaître les facteurs qui déterminent dans une part significative la
mobilité des jeunes. Pour les quatre régions de l’Europe, entrent en jeu des facteurs attitudinaux,
émotionnels et d’éléments circonstanciels, comme l’âge, le sexe et le niveau d’étude des
participants. Ainsi, l’intention de partir au Royaume-Uni se définit par l’attrait général pour ce
pays, par l’obligation d’effectuer un stage et par le facteur Push. L’intention d’étudier ou de
travailler dans les pays Nordiques s’articule autour d’un attrait général pour cette région de
l’Europe, du facteur Anti-Push et des séjours effectués dans ce pays. Les intentions de mobilité
vers les pays méditerranéens s’expliquent également avec l’attrait pour les pays du Sud en
général, le facteur attitudinal Anti-Pull et le besoin de soleil. En ce qui concerne les pays
germaniques, les facteurs les plus importants sont l’attrait et les séjours effectués dans ces pays.
Les résultats des cette recherche mettent en lumière les prédicteurs les plus importants des
intentions des jeunes Français à étudier ou travailler dans les autres pays de l’UE. Ils sont (a)
l’obligation de faire un stage, (b) l’amélioration de la connaissance linguistique et (c) l’incitation
de partir (facteur Push). Les éléments émotionnels et les éléments circonstanciels sont ceux qui
expliquent la part la plus significative de la variance.
EPHE Banque de Monographies SVT 24

Les jeunes Espagnols
Dans la même lignée s’inscrit la recherche menée auprès des jeunes Espagnols par Gil de
Gomez Rubio, Diaz Allué et Mullet (2002). Mille cinq cent dix jeunes, âgés de 15 à 32 ans,
l’âge moyen étant de 19.72, ont participé à cette enquête, dont la plupart sont originaires de la
communauté autonome de Madrid.
Le matériel utilisé est le questionnaire créé par Mullet et al. (2000), composé de cinq
questionnaires, comportant cependant quelques items spécifiques au contexte espagnol. Le
premier comprend des caractéristiques socio-descriptives des participants comme l’âge, le sexe,
le niveau des études. Le deuxième concerne la fréquence des voyages et l’attrait exercé par les
14 pays de l’EU. Les attitudes des jeunes vis-à-vis le mode de vie en Espagne et dans les pays
de l’EU sont étudiées dans la troisième partie. Le quatrième questionnaire cherche à évaluer le
niveau de l’information dont les jeunes disposent au sujet des programmes d’échange de l’UE,
comme Erasmus, Socrate, Lingua, Leonardo, etc. Le dernier questionnaire s’intéresse aux
intentions des participants à partir étudier ou travailler dans un des 14 pays de l’UE.
Les résultats relèvent l’importance des facteurs attitudinaux. Pour certains items le degré
d’accord avec le contenu est assez élevé : « J’aimerais maîtriser une autre langue »,
« J’aimerais que mes enfants soient bilingues » ou bien « Je n’aimerais pas du tout me
retrouver dans un autre pays de l’UE où il existe des problèmes d’insécurité. » Le facteur Pull
exprime l’attrait que les pays de l’UE exercent sur les jeunes Espagnols. Ils soulignent des buts
rationnels tels qu’une meilleure adéquation entre la formation universitaire et le monde de
l’entreprise. Des incertitudes liées au séjour à l’étranger sont désormais révélées par le facteur
Anti-Pull.
Concernant l’attraction globale des pays européens, les résultats indiquent des scores
élevés pour l’Italie, la France et le Royaume-Uni (M > 5). Apres l’analyse factorielle
exploratoire, trois facteurs ont été retenus. Le premier a été appelé Pays Gréco-latins et sature
fortement des pays comme la France, la Grèce, l’Italie, le Portugal et le Royaume-Uni. Le
deuxième facteur s’appelle Attraction pour les pays germaniques et sature des pays suivants :
Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas et Suède.
La fréquence des voyages effectués en EU par les jeunes Espagnols, est très basse, les pays
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les plus visités sont le Portugal et la France. Le degré moyen d’accord des participants avec le
contenu des items concernant les intentions des jeunes Espagnols à étudier et à travailler dans un
autre pays de l’UE est élevé pour le Royaume-Uni (M > 6), l’Italie (M voisine de 6) et la
France (M > 5).
L’analyse factorielle en composantes principales, a relevé quatre facteurs essentiels. Le
premier a été appelé Intention Irlande – Royaume-Uni et sature des items relatifs à ces deux
pays. Le deuxième se rapporte aux intentions des jeunes de partir en Italie et en France. Le
troisième facteur est appelé Intention Allemagne et sature fortement les items qui correspondent
aux pays germaniques. Le dernier facteur retenue est appelé Autres pays et sature des items
relatifs aux pays suivants : Danemark, Finlande, Luxembourg, Pays-Bas et Suède.
Après des analyses des régressions, les prédicteurs les plus importants pour chacun de ces
facteurs étaient relevés. En ce qui concerne les intentions de partir au Royaume-Uni et en
Irlande, ce sont le facteur attitudinal Push, l’Attraction des pays latins, et le niveau d’études.
Les intentions d’étudier ou travailler en Italie et en France, sont déterminées par
l’Attraction des pays latins et germaniques, le facteur Push et le niveau d’études. Les facteurs
qui jouent un rôle décisif dans l’intention de mobilité des jeunes Espagnols vers l’Allemagne,
sont l’Attraction des pays germaniques et latins, les facteurs attitudinaux Push, Pull et Anti-
Pull.
D’après les résultats de cette étude, les intentions des jeunes en Espagne à partir étudier ou
travailler dans un autre pays de l’UE, s’organisent autour le désir (a) de maîtriser une langue
étrangère, (b) de suivre une formation universitaire spécifique et (c) de vivre de nouvelles
aventures et expériences personnelles.
Une étude des attitudes et des motivations des jeunes Espagnols
Une autre étude sur le sujet est menée par Colinas, Adrian, Vautier, Apter et Mullet auprès
de 479 jeunes Espagnols, âgés de 16 à 26, originaires de la communauté autonome de Madrid et
la province Castilla-La Mancha, l’âge moyen est 18.7 ans. La particularité de cette recherche est
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l’intégration dans l’outil du modèle théorique d’Apter, basé sur quatre pairs d’états
motivationnels.
Les huit facteurs de la théorie du renversement découverts sont classés da la manière
suivante : l’apprentissage et la pratique des langues étrangères (conformiste), l’expérience
personnelle enrichissante (autique-sympathie), le goût du voyage (paratélique), la formation et
l’obtention d’un diplôme européenne (télique), le forgement du caractère (autique-maîtrise),
l’éloignement des contraintes et de la bureaucratie (négativiste) et l’obtention des bénéfices sur
les autres (alloïque-maîtrise).
Ces états motivationnels jouent un rôle différent selon les destinations choisies par les
jeunes Espagnols. L’intention de partir au Royaume-Uni est liée à une motivation conformiste.
Par définition, c’est le pays européen dont la langue est étudiée par le plus grand nombre de
jeunes Européens. En ce qu’il s’agit de l’intention de mobilité vers les Pays-Bas, l’état
motivationnel en cause est le négativiste. C’est le pays de la liberté où les expériences
personnelles liées à la consommation des substances psychotropes fascinent beaucoup de jeunes.
L’Allemagne attire avec ses formations techniques de haut niveau qui souvent ne sont pas
dispensées en Espagne. Les intentions de mobilité vers ce pays sont liées à également à des
raisons négativistes. Les mêmes motivations influencent la décision de partir en Italie. Pour les
jeunes Espagnols, c’est le pays européens culturellement plus proche, qui est réputé par son
climat doux, ses monuments et son agréable mode de vie.
L’importance des facteurs attitudinaux est également considérable. Le facteur Pull exprime
l’attrait que les pays de l’UE exercent sur les jeunes Espagnols. Ils soulignent des buts
rationnels tels qu’une meilleure adéquation entre la formation universitaire et le monde de
l’entreprise. Des incertitudes liées au séjour à l’étranger sont désormais révélées par le facteur
Anti-Pull.
La présente étude sur la mobilité des jeunes Bulgares s’inscrit dans la lignée de ces cinq
recherches sur les intentions des jeunes Européens à partir dans les autres pays de l’UE. Inspirée
des modèles théoriques utilisés, en se référant au concept de la personnalité, elle a pour but
d’analyser les motivations et les attitudes des jeunes Bulgares face au phénomène de la mobilité
« européenne ».
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Quelques autres études récentes sont également consacrées à cette question. Nous allons
cités certaines d’entre elles dans le but de mieux comprendre la situation actuelle des jeunes
Européens mobiles.
Enquête de la commission européenne en 2003
Une enquête sur un échantillon de 13 milles jeunes, âgés de 16 à 26 ans est réalisée par la
Commission européenne en avril 2003 dans les treize pays candidats à l’adhésion à l’UE : la
Bulgarie, le Chypre, l’Estonie, l’Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Malte, la Pologne, la
République Tchèque, la Roumanie, la République Slovaque, la Slovénie et la Turquie.
Les résultats de cette enquête démontrent que le nombre d’étudiants qui envisagent de
partir étudier ou travailler dans les pays de l’UE reste très limité. Le premier obstacle à la
mobilité cité par les jeunes interrogés est le manque de ressources financières. En deuxième lieu
est avancée l’absence d’information quant aux formations universitaires proposées et les
possibilités d’accueil existantes. Le troisième obstacle évoqué est celui de la difficulté de
trouver un travail permettant de financer les études choisies. Enfin, un faible pourcentage des
interrogés ne possède pas de connaissances linguistiques requises pour envisager de telles
études.
Un autre facteur important influant sur les intentions de mobilité des jeunes, est le nombre
de voyages effectués en UE qui est très faible par rapport à leurs pairs de l’Europe de l’Ouest.
Sans doute ce fait est lié à la crise économique et aux possibilités financières limitées. Les
jeunes partent à l’étranger en général pour passer des vacances ou pour travailler. Au cours des
années quatre-vingt-dix les programmes au pair et les travaux saisonniers dans le domaine de
l’agriculture principalement au Royaume-Uni, en Espagne et en Grèce ont gagné de la
popularité auprès des jeunes de ces pays.
Dernièrement, les participants à cette enquête ont manifesté leur grand intérêt pour les
programmes de mobilité de l’UE, destinés aux jeunes. La plupart des sujets interrogés ont fait
part de leurs intentions d’y participer.
L’intérêt de ce type de sondage est important dans l’étude des intentions de mobilité
internationale des jeunes. D’après les résultats obtenus, 2/3 des participants souhaiteraient partir
étudier ou travailler dans les pays de l’UE.
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La France et le Royaume-Uni
Une étude comparative entre la France et le Royaume-Uni concernant la mobilité
étudiante est réalisée par London School of Economics and Political Science et par l’Institut
Européen pour la Promotion des Innovations et de la Culture en Education (EPICE) sur le
thème : « Enseignement supérieur, participation et mobilité des étudiants dans l’UE ».
Dans la première partie de cette recherche West et Dimitropoulos (2003) s’intéressent aux
raisons pour lesquelles les étudiants français décident de partir étudier à l’étranger, et plus
particulièrement – dans les établissements d’enseignement supérieur de Royaume-Uni. Cinq cent
onze jeunes Européens ont participé à l’enquête, dont 82 d’entre eux – d’origine française. Le
plus grand nombre (20 %) de ces jeunes poursuivaient des études d’ingénieurs ou de
technologies. Le reste des disciplines se compose par des études commerciales et économiques
(14 %), des études de sciences sociales (12 %) et de physique (11 %). Vingt-quatre étudiants ou
29 % des participants, étaient dans le cadre du programme d’échanges Erasmus (Eurostat, 2008).
Les participants étaient amenés à choisir parmi une liste de raisons en précisant si les
propositions évoquées étaient « pas du tout importantes », « moyennement importantes »,
« importantes » ou bien « très importantes » pour eux. Les résultats ont montré que le plus grand
nombre (79 %) de jeunes ont choisi la mobilité pour augmenter leurs chances de trouver un
meilleur emploi plus tard. Les raisons citées par les étudiants comme « importantes » étaient
également le perfectionnement des connaissances linguistiques et l’expérience de la rencontre
avec une autre culture.
Parmi les facteurs qui ont influencé le départ, les vacances à l’étranger, les échanges
scolaires, l’exemple familial et l’origine sociale des étudiants sont relevés par West et
Dimitropoulos comme jouant un rôle déterminant. C’est l’apprentissage et le perfectionnement de
la langue anglaise qui motivent le plus souvent le choix de partir au Royaume-Uni. La
connaissance de l’anglais est en effet une condition nécessaire pour les jeunes qui envisagent de
poursuivre des études supérieures dans ce pays. Enfin, l’usage prédominant de cette langue dans
les communications internationales permet aux jeunes de vivre pleinement la rencontre et
l’expérience interculturelles.
Dans un second temps, les principaux obstacles à la mobilité étudiante ont été relevés par
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Houguenague, Vaniscotte et West (2003). Pour les étudiants, ils sont de cinq types : financiers,
structurels, académiques, linguistiques et psychologiques. Dans le cas d’une mobilité spontanée,
l’obstacle financier impose un certain élitisme parmi les jeunes et la mobilité se trouve de ce fait
réduite, voire impossible pour les étudiants des milieux plus modestes. Parmi les obstacles
structurels, les difficultés de logement dans les grandes villes universitaires occupent l’une des
premières places. L’augmentation du nombre des étudiants étrangers à partir de 1988 fait qu’ils
ne font l’objet d’aucune politique spécifique. L’exigence de réciprocité entre les cursus
universitaires s’impose comme difficulté majeure pour les étudiants mobiles et l’instauration du
système européen du transfert des crédits d’enseignements (European Credit Transfert System -
ECTS) propose une solution à ce problème.
En ce qu’il concerne les obstacles psychologiques, ils sont plus difficiles à prévenir. Les
auteurs soulignent l’anonymat et l’enfermement des étudiants dans les universités françaises
auxquels s’ajoutent des problèmes affectifs tels que la peur de l’inconnu ou le manque d’estime
de soi, notamment lorsqu’il s’agit de s’exprimer dans une langue étrangère (West,
Dimitropoulos, Hind & Wilkes, 2000).
« L’étudiant européen voyageur, un nouvel étranger »
Murphy-Lejeune (2004) souligne l’exigence politique d’une citoyenneté européenne fondée
sur une meilleure connaissance mutuelle. Insérer le séjour dans un autre pays européen à la
continuité des cursus universitaires est une des préoccupations des enseignements aujourd’hui.
Cependant, en dehors du discours communautaire, le vécu des étudiants et l’expérience
d’étrangeté sont rarement évoqués.
L’auteur dégage les grands champs qui délimitent les caractères de l’étranger qui sont :
spatial, temporel, social, rationnel, symbolique et identitaire en lien avec des phénomènes comme
l’errance et la fixation, le présent et l’avenir, la proximité et la distance, la familiarité et
l’étrangeté, l’inclusion et l’exclusion. Ainsi elle élabore une conception définissant les rapports
entre ces traits et leurs manifestations.
La personne mobile a quitté un espace pour arriver dans un espace autre. L’auteur fait
référence à Simmel (1999) qui définit cette situation par un synthèse de deux concepts opposés :
l’errance ou le nomadisme et l’attachement territorial. Le paradoxe de l’être mobile réside dans la
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elation entre distance et proximité, inhérents à son expérience, vécues simultanément sur un
mode conflictuel. La distance signifie que le proche est lointain, tandis que l’étrangeté – le
contraire.
Cette expérience prive l’étranger de ses couches stables propres à un lieu unique pour le
transformer en être sans histoire. Son avenir étant incertain, il se situe dans le temps
d’aujourd’hui en faisant de lui « un vagabond potentiel » qui possède la liberté de repartir à tout
moment.
En fait, le citoyen du monde, le cosmopolite moderne, n’appartient à aucune culture, il est
absent socialement et culturellement. Son temps est bouleversé entre les deux temps
biographiques, les liens établis sont en suspens, les liens dans le nouvel espace – pas encore
construits. L’étranger ne fait pas partie du groupe social, il ne possède pas ses traits communs et
il est jugé comme appartenant à un groupe autre. L’origine étrangère domine les autres
dimensions identitaires. Les traits personnels se dévoilent plus lentement que les traits typiques
liés à l’origine.
Le voyageur doit faire le deuil d’une partie intime de son identité. Ainsi il fait recours à des
différentes stratégies d’adaptation en termes de « séduction sociale ». Il a tendance d’adopter un
type de personnalité qui est dépourvue de traits spécifiques - la personnalité interculturelle idéale.
L’étudiant voyageur, d’après Murphy-Lejeune, représente un cas spécial de vagabond
potentiel qui n’est installé que temporairement. La durée de son séjour est déterminée
institutionnellement mais rien n’est définitif pour lui. Surtout, à la différence de l’expatrié, il ne
vit pas le va-et-vient comme une déchirure psychologique mais comme une conquête propre à sa
jeunesse.
La question se pose si les jeunes Européens éprouvent la même ambivalence quant à leur
statut social. Ou bien la figure de l’étranger est devenue emblématique de notre société dans
laquelle celui-ci n’est plus une exception. L’auteur affirme que les étudiants considèrent cette
période d’étude à l’étranger comme un élément fondateur de leur développement professionnel et
personnel.
Les récits des étudiants en situation de mobilité font apparaître trois éléments principaux du
projet du départ : la possibilité de parler une langue étrangère, les avantages pour le
développement professionnel et l’attrait de la nouveauté et de la découverte. Cette découverte se
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transforme en une occasion de se découvrir soi-même. La mobilité suppose une autonomie qui se
traduit par exemple dans le fait que le jeune doit vivre seul, souvent pour la première fois dans sa
vie.
La crise d’adaptation sociale, provoquée par le changement d’environnement, bien que
constitutive de l’expérience de l’étrangeté, n’est pas perçue par les jeunes interrogés comme étant
un « choc culturel », propre au vécu du migrant. L’absence de cette conscience constitue sans
doute la différence essentielle entre mobilité et migration.
Les circonstances de la mobilité des jeunes induisent un rapport radicalement nouveau qui
réduit l’intensité de la crise personnelle. Ainsi le terme de « choc » est devenu inapproprié pour
définir l’expérience de l’étudiant européen mobile en raison de sa compétence linguistique, ses
séjours antérieurs et la proximité culturelle des pays européens. Le voyageur apprend à se
déplacer, ce qui ne signifie plus « ne pas avoir de lieu », mais en avoir plusieurs.
Dans ce lieu autre, il va apprendre également à disposer de nouveau d’un statut social, d’un
environnement familier et d’une place dans la nouvelle société. Au début de la phase
d’ajustement conformiste au nouvel espace, le sujet va dissimuler son identité d’étranger, tandis
qu’à la fin il désire s’affirmer et se manifester davantage. La période d’adaptation finie, l’étudiant
arrive à s’exprimer en utilisant les deux codes culturels – celui de son pays d’origine et celui du
pays d’accueil, les deux constitutifs de son identité, c’est-à-dire qu’il est devenu flexible, tout en
restant soi-même.
Les sujets interrogés dans cette étude se positionnent en étant des "résidents" (étudiants
Erasmus) et "presque citoyens" selon les cinq degrés d’acculturation établis à partir des étapes
d’acculturation d’Acton et Walker de Felix (1986): Les 5 degrés d’acculturation sont : "touriste",
"survivant", "résident", "presque citoyen" et "citoyen." La différence entre les deux catégories
consiste dans le projet pour l’avenir et le degré de l’engagement social. Tandis que pour le
"résident" il est temporaire, le "presque citoyen" envisage de rester plus longtemps, voire de
s’installer. Le "presque citoyen" a un sentiment d’appartenance et un engagement social plus
prononcés.
L’auteur affirme, à partir les données recueillies, que les étudiants européens mobiles ont
une conscience aiguë de la communication interculturelle. Leur nouveau chez-soi européen n’est
plus un lieu géographique, mais ce sont les langues qu’ils parlent, « l’endroit où l’on peut
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travailler, vivre et aimer.»
Les jeunes Bulgares face à l’Europe
Les recherches des auteurs bulgares sur la mobilité sont peu nombreuses. La première étude
interdisciplinaire sur la formation de la conscience européenne chez les jeunes Bulgares a été
menée par Mitev (1999) dans le cadre du programme scientifique du Centre d’études des
minorités ethniques et des relations interculturelles. L’échantillon représentatif était constitué de
995 jeunes Bulgares, âgés de 15 à 28 ans.
Les résultats de cette enquête relèvent des attitudes très positives des jeunes Bulgares envers
l’Europe en général. Ils perçoivent l’Europe avant tout comme une union économique et
multiculturelle et ce n’est qu’en deuxième lieu comme une entité politique et institutionnelle.
L’importance de l’aspect économique de l’adhésion de la Bulgarie à l’UE est l’un des sujets plus
largement évoqués dans les médias ce qui a sans doute influencé les attitudes des jeunes.
Quarante cinq pour cent des participants associent l’Europe à une communauté multiculturelle.
Cette représentation est révélée par les enseignements d’histoire et de géographie.
Cependant, l’auteur attire notre attention sur quelques résultats « négatifs ». Pour les
interrogés, l’Europe ne représente ni une utopie, ni un moyen de résoudre les problèmes sociaux.
Cette perception est sans doute liée à la position d’extériorité des jeunes par rapport à l’UE
pendant cette période.
Parmi les synonymes de l’Europe proposés, les jeunes privilégient ceux ayant une
connotation positive. Le choix le plus fréquent est celui du mot « paix ». Dans l’esprit des
participants, l’intégration européenne est sans doute le garant de la sécurité sur le continent. Le
deuxième synonyme est celui de « progrès.» Longtemps associé à la propagande du parti
socialiste, le terme est absent du vocabulaire des nouvelles formations politiques. Le « progrès »
devient donc un concept dynamique de la nouvelle Europe. Le troisième synonyme choisi par les
jeunes interrogés est celui de « prospérité » qui est une perception largement répandue de l’UE et
probablement à l’origine des attitudes positives des jeunes. Apparemment, une certaine
idéalisation de l’UE se traduit dans le fait que « le chômage » n’occupe pas une position
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primordiale, fait qui ne correspond à la situation actuelle en Europe.
La recherche met en lumière également les représentations des jeunes Bulgares concernant
les pays européens et leurs citoyens. Ainsi, les français sont décrits avec des termes comme :
délicats (raffinés, cultivés, élégants, chics), esthètes (grâce, goût, culture, beauté), bons vivants,
gourmets (fromage, vin, champagne), amants, libertins, sensuels (femmes, amour, sexe, « French
kiss »). Les anglais sont des « gentlemen », discrets, ponctuels, conservatifs, froids, fiers,
sédentaires, habillés. Ils sont associés aux termes comme : l’aristocratie, la politesse, le thé, la
reine, la royaume, le collège, le snobe, le lord, etc. Les traits qui caractérisent les allemands sont
les suivants : ténacité, discipline, ordre, ponctualité, nationalisme, technicien (Mercedes,
machines, ingénieurs), militaires (Nazi, Aryen), bière. Les affinités des jeunes Bulgares sont plus
grandes avec les italiens, les anglais et les français.
L’auteur s’intéresse également aux langues parlées par les jeunes et aux éventuelles
destinations de migration. Le système d’éducation nationale bulgare prévoit l’apprentissage d’une
langue étrangère dès l’école primaire. L’histoire de la Bulgarie est caractérisée par des périodes
de diverses influences culturelles qui influent sur la priorité dans les langues étudiées. Avant la
Première Guerre mondiale, c’était le français, l’allemand – entre les deux guerres, le russe – après
la Seconde Guerre mondiale et l’anglais – depuis la chute du régime communiste en 1989. Quatre
vingt neuf pour cent des participants ont des connaissances d’anglais, 49 % – d’allemand, et
seulement 14,3 % – de français. En ce qui concerne les destinations, les jeunes affirment vouloir
partir en priorité dans les pays anglophones.
La citoyenneté mobile
Dans son article « Identités mobiles ? Citoyenneté mobile ? », Ditchev (2007) considère le
phénomène de la mobilité comme un symptôme classique de la crise de la citoyenneté moderne.
Cette crise, caractérisant la société bulgare, se traduit par une recherche de nouvelles possibilités
au-delà des frontières nationales.
D’après les données de l’Agence des bulgares à l’étranger, le nombre des jeunes Bulgares
qui poursuivent des études ou travaillent en dehors du pays varie entre 300 et 900 milles, dont les
2/3 en UE. Ces jeunes, appelés par des sociologues floating population représentent 13 % de la
population, un chiffre non négligeable pour un petit pays comme la Bulgarie.
Pendant les dernières décennies, le défi que la mobilité lance aux jeunes Bulgares, est
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devenu comparable au défi de rester en Bulgarie. D’après Ditchev, la situation actuelle en
Bulgarie est telle que défendre leurs droits au sein de leur pays d’origine est parfois plus difficile
pour les jeunes que partir chercher leur bonheur ailleurs.
L’auteur désigne quatre étapes importantes de la trajectoire des migrants bulgares de courte
durée. La première, qu’il appelle « la rêverie » correspond à l’image idéalisée des pays étrangers,
véhiculée par les médias ou dans les discours de l’entourage. Dans le cas général, il s’agit d’une
forte identification avec ceux qui ont réussi. La deuxième étape porte le nom de « l’invisibilité »
et coïncide avec les premiers mois passés dans le pays d’accueil, où les jeunes sont submergés
par un système administratif, social et culturel nouveau qui leur laisse l’impression
d’incompréhension et de faute. L’étape suivante est identifiée comme une intégration partielle
comportant l’apprentissage réussi des nouveaux codes sociaux, ce qui permet au sujet de se sentir
autonome et de se débrouiller dans le pays d’accueil. La dernière étape est celle du retour
éventuel au pays où la réinsertion sociale s’avère lente et difficile à cause du temps passé à
l’étranger et aux contacts sociaux laissés en suspens.
Sondage sur les études supérieures en Bulgarie
Le Centre national pour les études de l’opinion publique en Bulgarie a réalisé en février
2008 un sondage sur les attitudes sociales des jeunes Bulgares à l’égard des établissements
d’enseignement supérieur dans le pays. Mille étudiants et lycéens de 86 villes bulgares ont
participé à cette enquête. D’après les résultats, 28.2 % des jeunes âgés de 16 à 26 ans, ont envie
de poursuivre leurs études supérieures à l’étranger, contre 49.7% qui préfèrent les établissements
bulgares. L’enquête contredit l’idée générale dominante selon laquelle les familles aisées
envoient systématiquement leurs enfants étudier aux Etats-Unis ou en Europe. Les données
recueillies montrent que 62 % des participants ayant déclaré « vivre sans difficultés financières »,
choisissent les universités bulgares. En revanche, le plus grand pourcentage de la population
interrogée déclarant préférer les formations universitaires à l’étranger, est constitué de familles
disposant de revenus moyennes ou modestes.
Après avoir présenté les recherches antérieures sur la mobilité et la situation actuelle des
jeunes Bulgares, nous allons aborder les trois cadres théoriques dans lesquels s’inscrit la présente
étude.
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Les fondements théoriques de la recherche
Les attitudes dans la perspective du modèle « 2PAP »
Trois sont les modèles théoriques concernant la mobilité sur lesquels s’appuie notre
recherche : le modèle « 2PAP » - l’approche néo-classique de Smith, la théorie du capital humain
de Sjaastad et celle de Zimmerman insistant sur les facteurs Push et Pull. Deux autres facteurs,
déjà cités dans la littérature sous un autre nom (Arango, 2000) sont ajoutés, qui correspondent
respectivement à l’attachement au pays d'origine (Anti-Push) et aux craintes et risques liées au
départ (Anti-Pull). Ces quatre facteurs forment le modèle « 2PAP ». Cette perspective théorique
est adaptée au cas de la mobilité étudiante dans les études déjà mentionnées précédemment
(Mullet & al., 2000; Gil de Gomez Rubio, Diaz Allué & Mullet, 2002).
A côté des facteurs économiques, beaucoup d’autres facteurs propres au mode de vie des
jeunes interviennent dans la décision de partir: la manière de vivre, le système éducatif, le climat,
les loisirs, le désir de changement et d’aventures, les rencontres, etc.
Les études empiriques ont confirmé la pertinence du modèle « 2PAP ». La première a été
conduite avec l’échantillon de jeunes lycéens et étudiants français de la région Nord-Pas-de-
Calais (Mullet & al., 2000), la seconde – avec l’échantillon de jeunes lycéens portugais de la
région Douro (Mullet & Neto, 2000) et la dernière, qui a été conduite avec l’échantillon de
jeunes lycéens et étudiants espagnols de la communauté autonome de Madrid (Gil de Gomez
Rubio, Diaz Allué & Mullet, 2002). Les quatre facteurs se sont avérés des facteurs indépendants.
Ils prévoient dans une part significative l'intention des jeunes Français, Portugais et Espagnols
d'étudier ou de travailler dans un autre pays de l’UE.
Les facteurs d’incitation (Push) représentent l’incitation de partir et concernent par exemple
le chômage dans le pays d’origine, le désir de suivre une formation universitaire spécifique ou
l’envie d’aventures. Comme facteurs (Pull) qui attirent les individus vers un pays spécifique, on
peut citer la réputation des universités, la sécurité sociale, mais aussi la façon de vivre, le climat,
etc. Les facteurs Anti-Push renvoient respectivement à la retenue dans le pays d’origine, tandis
que les facteurs Anti-Pull - aux craintes liées au départ. Certains facteurs Anti-Push sont élaborés
en terme d'attachement à la famille, aux amis, à certains lieux et loisirs (Elder, King & Conger,
1996 ; Carolina Silva & Neto, 1993). Les facteurs Anti-Pull sont conceptualisés en termes de
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isques et de coûts psychologiques. La distance entre les pays en est un exemple typique. On peut
citer encore la peur de la solitude due à la séparation avec la famille et à l’absence du réseau
d’amis, comme la théorie du réseau le suggère, les différences culturelles, les difficultés de
communication liées à la non-maîtrise de la langue, etc.
Parmi ces quatre facteurs, deux facteurs et notamment Push et Pull sont ceux qui contribuent
le plus à la détermination de l’intention des jeunes. Il est intéressant d’étudier plus précisément
les composantes psychologiques du facteur Push car il apparaît comme le plus important dans la
détermination de la décision de mobilité. L’incitation à partir étudier ou travailler dans un autre
pays de l’UE peut être associée aux plusieurs raisons différentes. Par exemples, les jeunes
passent une année à l’étranger pour obtenir un diplôme ou pour apprendre la langue. Quelqu’un
peut être incité à partir par les changements et les voyages, le sentiment de liberté, des
rencontres, des opportunités inattendues, etc. Il existe plusieurs raisons pour les jeunes à partir
dans un autre pays et l’objectif de cette recherche est de les classifier et de les lier aux quatre
facteurs déjà repérés. Il est probable de trouver de nouveaux facteurs justifiant un modèle plus
psychologique.
Les études ont montré également que le modèle « 2PAP » est insuffisant pour expliquer
l'intention de mobilité en détails. Les facteurs qui le composent expriment des attitudes vis-à-vis
de la mobilité et ont une place importante dans la détermination de l'intention de partir, mais à
coté de ces facteurs, il est nécessaire aussi de considérer des phénomènes plus globaux, de type
attraction - répulsion pour certaines régions ainsi que des éléments circonstanciels susceptibles
d’intervenir dans la décision des jeunes.
Le modèle émotionnel - rationnel d’intention de mobilité inclue ces 3 types de facteurs et
donne place aux aspects aussi bien émotionnels que rationnels intervenant dans l’intention de
mobilité. Par facteurs rationnels sont mentionnés les facteurs attitudinaux et circonstanciels. Les
facteurs attudinaux sont de quatre types : incitation à partir (Push), attrait exercé (Pull), difficulté
à laisser et attachement (Anti-Push), risques et coûts (Anti-Pull). Plusieurs éléments
circonstanciels indépendants aux jeunes sont susceptibles d'avoir un rôle dans leur détermination
de mobilité: la possibilité ou non d’obtenir une bourse, l’insistance des parents ou le refus de leur
part, l’obligation de faire un stage à l’étranger, l’habitude des voyages etc.
Les facteurs émotionnels, de type attraction - répulsion pour certains pays sont des
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déterminants possibles de l’intention de mobilité des jeunes. On peut citer comme exemple la
réputation des pays méditerranéens comme Italie et Espagne par une certaine joie de vivre. Il
convient de supposer que le rôle de ces facteurs est d’une importance primordiale en matière
d'intention de mobilité.
La théorie du renversement
Les différentes motivations possibles mettent en évidence la complémentarité d’un modèle
théorique basé sur la Théorie du renversement. Développée par Apter (1982), c’est la première
grande théorie de la motivation. Elle repose sur plusieurs recherches - expérimentales,
psychométriques, psychophysiologiques et cliniques. Ces investigations faites par des chercheurs
de différents pays du monde, se sont étendues sur plus de 25 ans, fait qui explique l’exhaustivité
de la théorie.
L’idée de base est qu’il y a un certain nombre de façons différentes de faire l’expérience du
monde qui sont universelles. Au long de sa vie quotidienne, l’individu passe par ces différents
états de l’expérience même si l’environnement reste inchangé. Une même personne peut se
comporter de façon différente selon les différents moments mais aussi au cours d’une même
situation. Selon Apter, c’est une théorie générale de l’expérience humaine, basée essentiellement
sur la signification personnelle que l’individu accorde à son comportement. Elle est construite à
partir de l’analyse de la façon dont les personnes font l’expérience de leurs motivations, la
motivation étant fondamentale à l’expérience consciente.
Quatre postulats de base fondent la théorie : Toute expérience subjective (a) a une structure
phénoménologique sous-jacente, (b) cette structure phénoménologique dérive de la motivation,
(c) la structure change de manière systématique dans le temps et (d) certains aspects
fondamentaux de cette théorie sont universels (Apter, 1989).
La théorie du renversement est centrée sur la vie mentale des individus, donc il s’agit d’une
théorie phénoménologique. Mais en s’intéressant aux comportements humains, elle affirme qu’ils
ne sont compréhensibles qu’en référence avec la signification subjective pour la personne qui les
manifeste. La théorie du renversement ne se réduit pas à étudier un comportement, mais cherche
à le comprendre en terme de structure phénoménologique. Selon Apter, la motivation et
l’émotion ont un rôle central dans la structure de l’expérience consciente et ne se réduisent pas à
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des processus purement cognitifs mais encadrent toutes nos actions, pensées et perceptions.
La théorie utilise le concept de bistabilité comme hypothèse de la personnalité, qui repose
sur le modèle du changement au lieu du modèle homéostatique. Les systèmes motivationnels
bistables impliquent une dynamique des états motivationnels opposés. Apter raisonne en terme
de changements intra-individuels et non pas en terme de différences inter-individuelles. Les
personnes sont caractérisées par des styles d’action et non pas par des traits statiques et fixes.
En s’opposant au relativisme culturel, la théorie du renversement cherche à discerner les
aspects fondamentaux et universels de la nature humaine. En effet, elle met en lumière la
complexité des comportements humains, en suggérant que les individus sont amenés à passer
régulièrement par divers états psychologiques, selon la signification et la motivation qu'ils
ressentent. Fondée sur les motivations, les émotions et la personnalité, la théorie d’Apter a évolué
comme une théorie phénoménologique structurale de la motivation (Apter & Heskin, 2001).
D’après cette théorie, l’expérience est fondée par un dispositif de base qui regroupe les
différentes façons particulières de voir le monde, chacune d’entre elles étant associée à une
valeur ou motivation fondamentales qui indiquent un style d’action qui lui est propre. Ce style
motivationnel (motivational style) est associé à un état motivationnel particulier (motivational
state) qui implique une façon particulière d’expression de la motivation. De cette manière, la
théorie offre un point de vue dynamique et actif de la personnalité. Les états motivationnels
forment des paires d’états opposés et possèdent trois caractéristiques essentielles. Chaque état (a)
dérive d’une valeur de base, (b) est associé avec une émotion spécifique, (c) implique sa propre
vision du monde.
Les individus changent leurs états plusieurs fois au cours d’un même jour ou au cours d’une
même situation selon des conditions variables. Un changement d’état représente un basculement
entre les deux pôles d’une paire, un seul des deux étant actif à un moment donné. Ce
renversement d’états motivationnels donne le nom de la théorie – « reversal » (de l’anglais to
reverse : renverser) qui est son concept fondamental. Selon son approche phénoménologique
structurale, la théorie d’Apter identifie les structures qui concernent les domaines de
l’expérience, les états motivationnels et les renversements entre eux.
Le terme « état motivationnel » est utilisé ici pour désigner un aspect de la motivation qui
traduit sa dynamique dans un moment précis. Le sens étymologique du « métamotivationnel »
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(terme utilisé souvent pour désigner les états), renvoie à la connaissance que l’individu possède
de sa motivation. Pour cette étude, nous avons préféré l’utilisation de la nomination « état
motivationnel » qui est la traduction du terme anglais « motivational state». L’expérience
subjective dont les différents aspects forment les paires opposées des états motivationnels,
présente les quatre dimensions universelles : (a) la vie mentale est toujours organisée en terme de
buts et moyens, (b) l’expérience est gouvernée par des règles de conduite, (c) la personne
humaine est en interaction avec quelqu’un ou quelque chose, (d) les gens ont des relations entre
eux. Ainsi 4 paires opposées des états motivationnels sont dégagées, qu’on va aborder
maintenant :
La première paire est constituée par les états motivationnels opposés télique et paratélique
qui expriment les façons d’agir en fonction des moyens et des buts. La valeur principale de l’état
télique (du grec ancien telos: but) est l’accomplissement d’un but futur dont la réalisation dépasse
l’activité elle-même. La satisfaction vient du sentiment de progrès vers la réussite. Ce style est
caractérisé comme « sérieux ». Décider à rester plusieurs mois dans un autre pays pour acquérir
une compétence pratique ou pour obtenir un diplôme est un exemple de décision prise dans l’état
télique.
A l’opposé, c’est l’état paratélique (du grec ancien le préfixe para: à côté de; telos : but). Ici
la valeur principale est le plaisir dans le moment présent procuré par des activités et des
expériences immédiates, voire même sensuelles. Ce style motivationnel est appelé « enjoué » (de
l’anglais playful), l’activité étant importante pour elle-même car elle est la source d’amusement.
Accepter de rester quelques mois dans une université étrangère à cause du beau temps et des
multiples possibilités de loisirs est un exemple de décision prise dans l’état paratélique. En effet,
l’état télique est orienté vers la planification, tandis que l’état paratélique se caractérise par la
spontanéité.
La paire suivante est composée des états conformiste et négativiste. Ici, il s’agit de la
manière dont les gens se comportent face aux règles sociales. Par règles, on entend toute sorte de
pression sur l’individu, incluant les ordres implicites ou explicites, exprimant les attentes et les
routines. L’état conformiste a pour valeur principale le devoir qui se traduit dans le désir d’être
convenable et discipliné. Les règles fournissent une structure et une signification et aident à
guider l’action des gens qui font ce qui semble être la bonne cause. Le style motivationnel ici est
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complaisant et raisonnable, la personne se confond aux normes et aux valeurs communes. Suivre
un cours de langue étrangère dans un autre pays parce que beaucoup de gens le font, est un
exemple de décision prise dans l’état conformiste.
A l’opposée, l’état motivationnel négativiste a pour valeur principale la liberté personnelle.
Le style motivationnel est « rebelle », provocateur, transgressif, les règles et les normes sont
perçues comme des contraintes auxquelles l’individu doit échapper. Vivre dans un autre pays
pour fuir les interdits parentaux, est un exemple de motivation transgressive. Cet état
motivationnel est appelé « négativiste » (terme issu de la littérature clinique où il est utilisé pour
désigner le comportement extrême et contraire de la schizophrénie catatonique), et l’individu
exprime son attitude négative en transgressant les règles et les normes.
La paire suivante représente la façon dons les gens considèrent les transactions entre les
personnes et les objets. Une même transaction, par exemple - donner quelque chose à quelqu’un
peut être analysée selon les deux pôles de cette paire. Donner à quelqu’un parce qu’il exerce un
pouvoir personnel sur une situation qu’il contrôle, et l’inverse – parce qu’il nous est attrayant et
sympathique. Le premier a pour valeur principale le contrôle sur les personnes et les situations et
correspond à l’état motivationnel maîtrise. Ici, le style est celui de la compétition et de la
domination, les transactions sont interprétées dans la perspective de prendre ou de donner.
Décider de partir dans un autre pays pour obtenir un diplôme qui offrira plus tard l’obtention
d’un poste important est un exemple de décision prise dans l’état maîtrise.
A l’opposé, c’est l’état motivationnel sympathie avec valeur principale l’amour. Le style
motivationnel est celui qui privilégie la préoccupation des autres et la coopération ce qui suppose
une expression de l’amitié, de l'affection et de la sensibilité. Les transactions sont interprétées
dans la perspective du don. Passer quelque temps dans un autre pays pour mieux comprendre les
autres Européens et leurs modes de vie, est un exemple de décision prise dans cet état
motivationnel.
La dernière paire d’états motivationnels concerne les relations des individus avec les autres.
Deux sont les façons selon lesquelles on peut considérer la relation entre une personne et une
autre personne, une situation ou un groupe. D’après la première, l’essentiel, c’est ce qui arrive à
soi-même, car on est supérieur et responsable, tandis que d’après la deuxième, c’est l’autre qui
est le plus important. Dans la théorie de renversement, l’état motivationnel orienté vers soi est
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appelé autique (du grec ancien autos: soi). Ici, la valeur principale est l’individualisme et le style
motivationnel est orienté vers le soi, et donc, égocentrique. Les résultats des actions sont à
évaluer en fonction des profits personnels qu’elles apportent. Cet état motivationnel peut-être
Auto-centrique quand l’expérience est au profit de l’individu, mais réalisée avec les autres, ou
Intra-autique, quand elle est réalisée uniquement par rapport à soi, sans prendre en compte les
autres. Décider de partir travailler quelques mois dans un autre pays de l’UE parce que cela
représente une opportunité intéressante pour forger son caractère, représente un exemple de
décision prise dans l’état Intra-autique.
Contrairement, l’état alloïque orienté vers autrui (du grec ancien allos: l’autre) a pour valeur
principale l’identification, qui consiste à aller au-delà de soi-même. Le style est orienté vers les
autres et suppose une identification et un véritable dévouement, donc un altruisme. Les résultats
des actions sont jugés en fonction de l’utilité pour les autres. L’état motivationnel alloïque peut
être Allocentrique, quand les actions sont réalisée en fonction des autres, et Pro-autique, quand
elles sont réalisées avec les autres mais uniquement en fonction de soi. Partir travailler en
mission humanitaire dans un autre pays de l’UE, est un exemple de décision prise dans l’état
motivationnel Allocentrique.
Cependant, les états autique / alloïque et maîtrise / sympathie combinés entre eux forment
huit nouveaux états motivationnels: Intra-autique / maîtrise (forger son caractère, devenir fort),
Intra-autique / sympathie (se faire plaisir à soi-même), Autocentrique / maîtrise (participer à un
combat), Autocentrique / sympathie, Allocentrique / maîtrise (gagner des bénéfices sur les
autres), Allocentrique / sympathie (aider les autres), Pro-autique / maîtrise et Pro-autique /
sympathie - les actions sont réalisés en fonction de soi et pour soi ou à l’aide des autres.
(Kpanake, Dassa & Mullet, 2009).
Les quatre paires d’états motivationnels sont actives à tout moment. En revanche, à
l’intérieur de chaque paire, seulement un des pôles peut être actif. La théorie du renversement
détermine ce modèle motivationnel comme bistable, c’est-à-dire qu’il implique deux façons
inverses de vivre chaque expérience. Donc les deux pôles de chaque paire sont mutuellement
exclusifs et exhaustifs.
Aucun de ces états ne peut être considéré comme totalement bon ou mauvais. Chacun a ses
propres satisfactions et faiblesses. Mais cependant, les différents états sont plus ou moins
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appropriés lors des situations différentes. Ainsi les lieux de divertissement supposent un état
motivationnel paratélique tandis que l’université - télique, ce qui n’empêche pas le passage entre
ces deux états au cour de la même journée passée à l’université, par exemple.
Au sein d’une paire, l’individu peut avoir tendance à privilégier l’un des pôles plutôt que son
opposé. Par ailleurs, les pôles de chacune des paires d’états peuvent se combiner de différentes
façons avec les pôles des autres paires. Ce passage est tout à fait possible même au cours d’une
même activité. Ainsi, ce renversement désigne le basculement d’un état motivationnel vers un
autre dans un domaine précis de l’expérience. Le processus du renversement implique que les
individus changent d’état au cour du temps, car il est possible que les gens aient des désirs
différents, voire même opposés, à des moments différents, mais aussi au cours d’une même
situation. En ce sens la personne peut être dans la même situation à différents moments mais
faire l’expérience de cette situation d’une manière opposée. Les individus se confrontent au
risque dans le sport, par exemple, dans le but d’atteindre un haut niveau d’activation. Une
escalade dans la montagne, peut être vécu comme source d’anxiété, mais dès que le danger est
surpassé, il y a un basculement d’état télique vers son opposé – paratélique, ayant comme résultat
une euphorie et un plaisir intenses.
De cette manière la théorie d’Apter propose une analyse de l’expérience de la vie
quotidienne. Les divers types de personnalité ou les styles motivationnels dérivent des valeurs
fondamentales comme l’accomplissement et l’amusement, le devoir et la liberté, le contrôle ou
l’individualisme. Cela suppose que la personnalité est essentiellement dynamique et que les
différences inter-individuelles ne peuvent pas être comprises sans tenir compte des différences
intra-individuelles. Les individus varient dans la tendance innée à rester plus de temps dans un
état motivationnel plutôt que son opposé, il s’agit alors da la dominance. Ils varient également
dans la labilité à basculer entre les états mais aussi dans les stratégies qu’ils utilisent dans chaque
état pour obtenir de la satisfaction. La théorie du renversement permet également d'éclaircir
certains comportements paradoxaux et irrationnels, « qui n’aident à la survie » et qui même
peuvent mettre la personne en danger, liés à la prise de risques tels que le sacrifice de soi, les
jeux d’argent, les combats armés, les sports extrêmes, etc. La théorie cherche à expliquer les
comportements esthétiques et religieux mais aussi beaucoup d’autres phénomènes psychologiques
comme le stress, l’addiction, la violence, le plaisir et l’humour, les comportements sexuels, la
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évolte adolescente, etc.
Les implications pratiques de la théorie d’Apter sont considérables en matière de traitement
de la délinquance, de l’anxiété, des dépendances et du stress. Elle a été utilisée dans les domaines
de la psychologie de la santé et de l’éducation des enfants, de ménagement pour élaborer les
équipes, des performances sportives, etc.
En psychologie sociale, récemment, la théorie d’Apter est utilisé dans les deux recherches
sur la mobilité : des étudiants et des cadres. Dans les deux, en complémentarité avec le « 2PAP »
déjà cité et le « Big Five » qu’on va aborder maintenant.
La personnalité sous l’angle du « Big Five »
Le concept de la personnalité a été conçu à partir d’un grand nombre des perspectives
théoriques qui ont contribué à la compréhension des différences individuelles. Les chercheurs et
les praticiens dans le domaine de l’évaluation de la personnalité ont été confrontés à un éventail
d’échelles parmi lesquelles ils devaient choisir. Pendant ces plusieurs années, les psychologues
ont discuté ces principaux facteurs nécessaires pour décrire la diversité des traits de la
personnalité dans le but de trouver la mesure commune. Un des objectifs centraux d’une telle
classification scientifique était la définition des grands domaines dans lesquelles un nombre
important de cas particuliers peut être comprises de façon simplifiée. De cette manière, une
classification était indispensable afin d’étudier les domaines spécifiques caractéristiques de la
personnalité plutôt que des attributs individuels séparément. En outre, une taxonomie générale
acceptée partout, offre un vocabulaire normalisé ou une nomenclature. Après des décennies de
recherches, les scientifiques ont trouvé un consensus pour une approche générale de la
personnalité qui intègre les anciens systèmes dans un cadre commun au lieu de les remplacer
(Cattel, 1996).
Le « Big Five » est un modèle théorique descriptif qui définit les cinq grandes dimensions
selon lesquelles s’organisent les traits de personnalité. Il ne s’agit pas d’une théorie car le modèle
a été élaboré à partir des analyses des termes du langage courant avec lesquelles les gens ont
tendance à se décrire eux-mêmes ou à décrire les autres. Donc, il s’agit d’une phénoménologie
empirique offrant un cadre qui permet à tracer les traits de la personnalité. Les cinq facteurs ont
été découverts à partir d’une procédure spécifique qui est l’analyse factorielle de plusieurs
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échantillons issus de la population des Etats-Unis et de l’Europe Occidentale (Saucier &
Goldberg, 1998). Actuellement, les chercheurs sont en train d’examiner dans quelle mesure la
structure du « Big Five » est la même dans les différentes cultures. L’approche lexicale postule
que la plupart des principaux traits pertinents de la personnalité sont à retrouver dans le
vocabulaire courant (Alport & Odbert, 1936). Au début le nombre des attributs était 18 milles et
60 ans étaient nécessaires pour arriver à les organiser dans une structure unique.
Le terme « Big Five », crée par Goldberg (1992) après nombreuses recherches empiriques a
été initialement associé à l'étude des traits de personnalité utilisés dans le langage courant. Selon
la traduction française, les 5 grandes dimensions du « Big Five » sont : Extraversion (E),
Agréabilité (A), Conscience (C), Stabilité émotionnelle ou Neuroticisme (N) et Ouverture (O).
Chacune de ces cinq dimensions ou facteurs contient plusieurs traits (ou sous-facteurs) qui
ont la tendance à se produire ensemble. La définition des grands facteurs représente une tentative
de décrire l’élément commun entre ces sous-facteurs qui sont plus spécifiques et nuancent le
facteur principal. La nomenclature la plus largement acceptée est élaborée par Costa et McCrae
(1985). La structure du « Big Five » a été obtenue à partir des analyses statistiques des contenus
lexicales.
Le facteur Extraversion renvoie ainsi aux interactions des personnes avec le monde extérieur,
à l’adaptation sociale et à la façon dont les gens se comportent face aux stimulations externes des
autres personnes ou situations. Les extraverties (du latin extra : à l’extérieur ; vertere : retourner)
sont tournés vers le monde extérieur et préfèrent être entourés des gens. Orientés vers l’action et
pleins d’énergie et d’enthousiasme, ils aiment parler et attirer l’attention vers soi. Au contraire,
les introvertis (du latin intra : à l’intérieur) sont repliés sur soi et sur le monde intérieur et
préfèrent rester seuls, ils sont plutôt calmes, effacés et moins engagés socialement, réservés et
indépendants. Entre ces deux extrémités, se situent les ambivalents qui sont capables d’être à
l’aise avec ces deux types de situations. Les traits caractéristiques ayant les corrélations les plus
élevées pour ce facteur sont : être bavard, communique avec beaucoup d’enthousiasme, être
réservé, avoir tendance à être silencieux. Les sous-facteurs de ce facteur sont la bienveillance, la
sociabilité, l’affirmation, le dynamisme, l’excitation et les émotions positives.
Le facteur Agréabilité est lié à la façon dont les gens considèrent les autres. Le caractère
agréable se traduit dans l’accord et la tolérance, le désir de coopération et d'harmonie sociale. Ce
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sont des personnes amicales et généreuses qui acceptent les normes du groupe et portent de
l'importance à la cohésion avec autrui. Ils croient en la nature humaine et considèrent les gens
comme naturellement bons, honnêtes et fiables. Le caractère agréable est un avantage évident
pour devenir populaire et aimé. A l’opposé, les personnes « désagréables » sont hostiles et
méfiants, centrées davantage sur leur intérêt et profit personnels que sur ceux des autres. Au
milieu de l’échelle se classent « les négociateurs » qui sont capables soit de se soumettre à
l’esprit collectif, soit de devenir antisociale et autoritaire suivant les situations. En d’autres
termes les personnes « agréables » sont dépendantes des autres (altruistes), les « désagréables »
sont indépendantes (égocentriques) et enfin, les négociateurs sont interdépendantes (en fonction
de la situation). Les traits caractéristique ici sont : être gentil avec les autres, être généreux et
aider les autres (voire serviables), être indulgent, avoir tendance à critiquer les autres. Les sous-
facettes de ce facteur sont : la confiance, la simplicité, l’altruisme, la conformité, la modestie et
la tendresse.
Le facteur Conscience concerne la façon dont les gens considèrent les objectifs du travail.
Les personnes consciencieuses sont disciplinées, fiables et efficaces, elles sont déterminées pour
réaliser les buts professionnels ou personnels. A l’opposé, se trouvent les personnes
« impulsives » qui ne contrôlent pas ses impulsions, ils sont souples et accomplissent leurs tâches
dans un climat ludique et créatif. Au milieu de cette échelle, sont situées les personnes
« équilibrées » qui sont à la fois efficaces et bienveillantes. Les traits caractéristiques de ce
facteurs sont : travailler consciencieusement, être fiable dans son travail, être facilement distrait,
avoir tendance à être paresseux. Les sous-facteurs ici sont : la compétence, l’ordre, l’obéissance,
la réussite, la discipline et la réflexion.
Le facteur Stabilité émotionnelle (Neuroticisme) concerne la façon dont les gens font
l’expérience du stress en général. Les résilients ont tendance à être plus rationnelles que la
plupart des gens et semblent être assez imperméables à ce qui se passe autour. Ils traitent les
situations difficiles de façon sécurisée, dans le calme et la stabilité émotionnelle. A l’oppose sont
les personnes réactionnelles qui éprouvent plus de sentiments négatifs comme l’anxiété, la colère
et la dépression et qui sont moins satisfaites de la vie que la plupart des gens. Au milieu de cette
échelle, se situent les personnes réactives qui ont des traits rationnels et réactionnels à la fois
mais qui arrivent à transformer les comportements extrêmes et les approprier à la situation. Le
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facteur Neuroticisme regroupe les traits suivants : être facilement anxieux, se tourmenter
beaucoup, être angoissé, être détendu et gérer bien le stress. Les sous-facteurs de ce facteur sont :
l’anxiété, l’hostilité, la dépression, la conscience, l’impulsivité et la vulnérabilité.
Le facteur Ouverture relève de la façon dont les gens se comportent face aux nouvelles
expériences et à la nouveauté en général. Les personnes « très ouvertes » ont beaucoup d’intérêts
intellectuels ainsi que des idées et des convictions originales qui concernent des domaines
multiples. Elles sont fascinées par l’innovation, l’art et la beauté. A l’opposé sont des personnes
« fermées » ou « peu ouvertes » qui ont des intérêts restreints et des connaissances pratiques et
concrètes, capables à s’en servir dans une situation donnée. Elles préfèrent la familiarité à la
nouveauté et considèrent l’art comme étant sans utilité pratique. En d’autres termes, les personnes
créatives et imaginatives se distinguent des personnes conventionnelles et conservatives. Au
milieu de cette échelle est situé le type « modéré » qui peut considérer les activités abstraites
avec intérêt sans pour autant en être envoûté. Il est important de souligner que ce facteur n’est
pas en lien avec l’intelligence mais plutôt avec la créativité. Les traits qui caractérisent ce facteur
sont : être inventif, être créatif et avoir des idées originales, avoir une grande imagination, aimer
réfléchir. Les sous-facettes ici sont l’imagination, l’esthétique, la sensibilité, les activités, les
idées et les valeurs.
Certains chercheurs utilisent le terme de « Five Factor Model » au lieu de « Big Five. » Dans
l'usage scientifique, le mot « modèle » renvoie soit à un cadre descriptif de ce qui a été observé,
soit à une explication théorique causale. Le terme « Five Factor Model (FFM) » a été plus
précisément associé à l'étude des traits de personnalité à l’aide des questionnaires. Les deux
approches (lexicale et à l’aide des questionnaires) ont aboutit à des modèles qui sont largement
utilisés dans la pratique actuelle et dont les termes sont employés de façon interchangeable.
Le seul point de divergence entre eux, c’est le cinquième facteur appelé Ouverture (par les
chercheurs inspiré de l’approche lexicale) et Imagination (par les chercheurs utilisant les
questionnaires). « Five Factor Theory (FFT) », élaboré par McCrae et Costa (1992) comprend
un certain nombre de propositions sur la nature, l'origine et le développement des traits de la
personnalité, et sur leur relation entre eux. Le « FFT » offre également une approche biologique
de la personnalité dans laquelle le développement et l’apprentissage ne jouent pas un rôle
important pour influencer les « Big Five ». Depuis, la taxonomie des 5 facteurs s’est avérée
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empiriquement stable et efficace.
Les traits qui caractérisent les cinq grandes dimensions de la personnalité sont obtenus à
partir des analyses statistiques mais les corrélations entre eux et les exceptions sont possibles. Par
exemple, une personne peut être bavarde et affirmée, traits caractéristiques du facteur
Extraversion qui ne vont pas nécessairement ensemble (et vice versa). Pour cette raison, selon les
objectifs de la recherche, plusieurs choix d’outils sont possibles. Quand il s’agit de fines
distinctions, comme par exemple, entre être bavard et être affirmé, on se réfère à des instruments
comme l’ « IPIP » (International Personality Item Pool) de Goldberg (1981, 1999) ou le « NEO-
PI R » (Neuroticism-Extroversion-Openness - Personality Inventory - Revised) de Costa et
McCrae (1998) et compléter éventuellement avec le « BFI » (Big Five Inventory) de John (1991)
avec des échelles spécifiques qui mesurent les facteurs plus en détail. L’« IPIP » est composé de
100 adjectifs descriptifs tandis que le « NEO-PI R » - de 240 phrases et il mesure non seulement
les « Big Five », mais aussi les six sous-facteurs de chacun des cinq grands. Le « NEO-PI R » est
un outil commercial, ainsi que le « NEO-FFI », crée également par les mêmes auteurs, au
contraire de « l’IPIP » qui est un outil à l’usage publique et ne requière pas d’autorisation à
l’utiliser.
Dans la présente étude est utilisée la version abrégée, le « NEO-FFI » du test de personnalité
« NEO-PI R » qui a été créé pour donner aux chercheurs un moyen efficace de mesurer les
différences individuelles des cinq grandes dimensions de la personnalité. La procédure de
passation est simple et permet l’utilisation du « NEO-FFI » par des experts et par personnes qui
ne sont pas des professionnels, soit comme autoquestionnaire, soit pour décrire les autres. Le
« NEO-FFI » comprend 12 items par dimension, soit 60 items en tout avec 5 niveaux de
réponses. Le contenu des items est énoncé dans le langage courant qui facilite la compréhension
et la passation. Les items représentent des courtes phrases décrivant un trait de la personnalité et
dont la sélection s’est appuyée sur des recherches empiriques élaborées après des analyses
factorielles. Il est important de mentionner que chaque énoncé renvoie soit au pôle positif soit au
pôle négatif de la dimension concernée. Certains items contiennent des termes comme « peut-
être » et « avoir tendance à » pour assurer une variation possible des réponses. L’échelle de
mesure est de 5 points (a, b, c, d, e) qui permet la cotation des comportements entre « pas du tout
d’accord » et « tout à fait d’accord » avec le contenu de l’énoncé.
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Les exemples typiques d’items sont : « J’aime beaucoup parler aux gens, J’ai tendance à
considérer le bon côté des gens, Je suis efficace dans mon travail, Je ne me considère pas
comme spécialement joyeux, La poésie produit peu ou pas d’effet sur moi ». Le « NEO-FFI »
donne une note pour chacune des 5 grandes dimensions et montre une stabilité interne et aussi
temporaire. Les échelles possèdent la validité discriminative et convergente nécessaire.
Il est intéressant de souligner qu’en fonction de la culture, de l’âge et du sexe, quelques
conclusions générales ont été déduites (Rolland, 1994, 2001). Les femmes ont deux côtés plus
marqués que les hommes. Il s’agit de l’Agréabilité et de la Stabilité émotionnelle (Neuroticisme).
Les scores moyens de l’Extraversion sont plus élevés dans les sociétés occidentales où
l’individualisme est fortement valorisé, tandis que la tendance est l’inverse dans les sociétés
orientales où la dimension Conscience est plus élevée (Costa & McCrae, 2006). En ce qui
concerne les études longitudinales, il s’avère que le début de l’âge adulte est marqué par un
changement des scores sur les cinq aspects et ainsi ceux de l’Agréabilité et de la Conscience
augmentent, tandis que ceux de l’Extraversion, de l’Ouverture et de la Stabilité émotionnelle
diminuent. Les auteurs soulignent une considérable stabilité des scores pour les 5 facteurs à l’âge
adulte.
Problématique et hypothèses
Notre recherche s’intéresse aux intentions des jeunes Bulgares d’étudier ou de travailler dans
les autres pays de l’UE. La question principale est dans quelle mesure les modèles théoriques
utilisés, basés sur les attitudes (« 2PAP »), les motivations (« The Reversal Theory »), la
personnalité (« Big Five ») et les émotions (attrait – répulsion vers les pays d’UE) prédisent le
mieux les intentions de mobilité « européenne » des jeunes Bulgares. Ainsi, la problématique de
cette étude s’organise autour de la part respective des facteurs émotionnels, attitudinaux,
motivationnels et de personnalité dans la décision de mobilité des jeunes Bulgares.
Notre hypothèse générale est qu’il existerait une structure attitudinale, motivationnelle et de
personnalité sous-jacente à la mobilité « européenne » des jeunes Bulgares. Notre première
hypothèse est que la structure motivationnelle sous-jacente à la décision de mobilité des jeunes
Bulgares se construirait autour les huit états motivationnels définis par Apter dans sa théorie du
renversement: télique / paratélique, conformiste / transgressif, autique / maîtrise et alloïque /
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sympathie.
La deuxième hypothèse est que cette structure motivationnelle reliée aux facteurs
attitudinaux, aux facteurs émotionnels, aux grandes dimensions de la personnalité et également
aux éléments circonstanciels, peut prédire, dans une part considérable, les intentions de mobilité
des jeunes Bulgares vers les pays de l’UE. En ce qui concerne les types de personnalité, ceux-ci
sont organisés autour les cinq grandes dimensions du « Big Five ». Cependant, le poids des
facteurs Extraversion, Conscience et Ouverture serait particulièrement important dans la
détermination des jeunes à partir. Les émotions positives qu’une personne exprime à l’égard des
habitants et du mode de vie d’un autre pays européen, constitueraient un atout considérable en
faveur de la mobilité vers cette destination. Ensuite, c’est le désir d’atteindre un objectif comme
apprendre une langue étrangère, qui représente un facteur important qui intervient dans
l’intention de partir. Et enfin, le besoin d’aventure et de nouvelles expériences constituerait un
fort potentiel d’attrait pour les jeunes Bulgares dans la décision de mobilité.
En se référant aux trois cadres théoriques évoqués, on peut trouver les points de convergence
entre les facteurs attitudinaux Push, Pull, Anti-Push et Anti-Pull, les huit états motivationnels et
les dimensions du « Big Five ». Le facteur Pull peut être exprimé par des combinaisons entre ces
états et, plus précisément par une combinaison entre: télique et paratélique, mais aussi par des
états motivationnels autique et alloïque / sympathie. En se référant au modèle du « Big Five »,
les liens entre ces états motivationnels et les sous-facteurs des cinq grandes dimensions sont
évidents. Les valeurs principales : l’accomplissement, le plaisir, l’amour et l’identification sont
en relations avec la réussite (C), l’excitation (E), l’altruisme (A) et la sensibilité (O). On présume
que l’état télique ait le plus grand impact, car l’investissement économique et surtout
psychologique que suppose l’expérience de la mobilité ne peut être envisagé sans qu’il y ait un
but à atteindre. En outre, ce but peut ne pas être nécessairement lié à des objectifs « sérieux »,
tels que l’obtention d’un diplôme reconnu mais à des fins propres à l’état paratélique comme le
plaisir de voyager et de découvrir.
Cependant, il est fortement possible que la mobilité soit justifiée par le souhait de suivre des
études et en même temps par l’envie de trouver de nouveaux amis. Ainsi, les deux pôles : télique
et paratélique sont susceptible de coexister malgré que la théorie considère qu’à l’intérieur d’une
paire un seul des pôles peut être actif. Une explication possible de ce fait se trouve dans le
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caractère de l’objet de cette étude qui est l’intention de mobilité et non pas le comportement
observable de la mobilité. En fait, dans le cas de la mobilité des jeunes, il ne s’agit pas d’une
expérience déjà vécue mais d’une expérience potentielle. Il est tout à fait possible alors que
l’intention de mobilité dans l’imaginaire des jeunes Bulgares soit élaborée à partir de ces deux
états motivationnels.
Les autres facteurs attitudinaux peuvent également être reliés à un ou plusieurs de ces états
motivationnels à un niveau plus bas que le facteur Pull. En particulier, le facteur Push - à l’état
télique et probablement aux états autique et transgressif, avec des valeurs principales :
l’accomplissement, l’individualisme et la liberté, qui se traduisent en sous-facteurs du « Big
Five » en réussite (C), sensibilité (O), et éventuellement en hostilité (N). Le facteur Anti-Push
expose des motivations alloïque / sympathie (l’amitié) et maîtrise (la puissance) qui
correspondent à la sociabilité (E) et à l’affirmation (E).
Les personnes qui expriment des motivations transgressives expriment moins une attitude
Anti-Pull. En fait, le facteur Anti-Pull paraît être lié aux motivations comme autique et maîtrise
ayant comme valeurs l’individualisme et la puissance qui se relient à la sensibilité (O) et à
l’affirmation (E) du « Big Five ». La forte expression des motivations téliques suppose une forte
Anti-Push attitude par rapport à ceux qui expriment moins des motivations télique. Cela est lié
probablement au fait que les individus qui poursuivent ses buts sont moins susceptibles que les
autres d’exprimer ses attaches aux lieux et aux personnes.
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