Rhuis - Parc naturel régional Oise - Pays de France

Le val du Rouanne offre encore de nos jours, une organisation typique
du Moyen-Age, certes modifiée, mais qui a encore gardé ces grands principes
constitutifs. JM Popineau parle de «polynucléarisation des peuplements»
pour qualifier l'atomisation des noyaux bâtis qui persistent et
caractérisent encore de nos jours le Val du Rouanne et la commune de
Rhuis plus particulièrement. Elle s'est orchestrée entre le VIIIème et le
XIIIème siècle. L'essor économique du XIIème et XIIIème, indique t-il,
est sans doute un facteur d'accentuation de ce phénomène. La prospérité
du XIIè et XIIIème siècles a «entraîné une pulvérisation du bâti en
hameaux et bâtiments isolés» au fur et à mesure de la mise en valeur
de la totalité du terroir par les différents maîtres du sol» (seigneurs, moines...)".
L'église construite au XIéme siècle, indique également une
période de stabilité qui contribua à ancrer et fédérer la communauté.
À la fin du XIVème siècle, il argumente encore dans ce sens en précisant
qu'il «n'existe pas de grande abbaye ni de grandes possessions royales
détenant de vastes terres et d'exploitations agricoles ni de grandes possessions
royales, mais plutôt un enchevêtrement de fiefs et d'arrières
fiefs, une multitude de droits inégalement répartis».
Il existait un autre hameau (hameau de Vaulx), implanté de part et d'autre
de la voie Flandreuse au nord de la commune qui a disparu au
XVIème siècle, dont il ne reste aucune trace.
Le Rouanne, ruisseau pourtant modeste, actionna très tôt des moulins
(autour de 1500), témoins d’une activité agricole soutenue et florissante
:
-le "moulin de la plaine" (ou "praye", "prée", "emprée", "fauconnier")
servait à moudre les céréales. Il fonctionna jusqu'en 1975, date à
laquelle il brûla.
- le moulin du "Joncoy" (ou "moyen") d’abord à mailloter le chanvre, il
devient moulin à huile.
-le moulin de Roberval
Un bac permettait le franchissement de l'Oise, entretenu par les habitants
de Rhuis et de Moru. Un champ ne porte-t-il pas le nom de «vieux
bac» non loin de la petite île ? De même, le lieu-dit «Le corps des gardes»
en bord de rivière ne confirme-t-il pas, l'importance de ce site de
franchissement ?
Les bois étaient moins étendus qu'aujourd'hui, concentrés sur les hauts
des versants et dans les fonds humides de vallées.
Entre le XIIIe et XVe siècle, les friches, recouvertes de bruyères et de
buissons se développent dans les terres froides de la plaine de l'Oise
ainsi que dans les fonds humides du vallon du Rouanne et sur les plateaux
calcaires secs en période de crise (guerre) et de dépopulation.
La paix revenue, au XVe siècle, les monastères entament une nouvelle
campagne de défrichement. Le sol tourbeux qui accompagne le fond du
val du Rouanne a déterminé une palette végétale très précise, à base
d’aulnes, de saules et fut très tôt favorisé par la populiculture.
Les saules et les aulnes dans les zones humides ont sans doute été développés
au Moyen-Age à des fins sylvicoles (production de bois de chauffage,
de liens pour la vigne, de brins pour la vannerie).
Carte compilée des limites paroissiales du terroir du Rouanne avec les élements marqueurs et la datation supposée
des limites.
Source : L’homme et le hameau dans le Val du Rouanne. J M Popineau.
À Ciel Ouvert, B.Canard, Vue d’Ici PNR Oise - Pays de France / Etude urbaine de Rhuis /Phase 1 - 2008 10