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Du même coup, l'intégration dans un même monde des animaux et des hommes subit une<br />
grande perte. Certes, le « serpent d'airain » apparaît encore dans l'Evangile de Jean comme<br />
préfiguration du Christ élevé sur la croix (Jn 3, 14).<br />
Mais ce qui finit par l'emporter, c'est l'histoire du paradis, souvent représentée dans l'art, où<br />
l'on voit le serpent entraîner les hommes à manger de l'arbre interdit et à succomber à la<br />
mort. C'est cette histoire, hélas, qui a conduit à assimiler les serpents en général au<br />
satanique, alors que dans l’Antiquité la plus haute, ils avaient une tout autre signification.<br />
Quand Jésus, dans le passage de l’évangile qui nous concerne, affirme que personne n’est<br />
monté au ciel sinon celui qui en est descendu, le Fils de l’homme, il veut insister sur son rôle<br />
de médiateur, et d’unique médiateur entre Dieu et les hommes.<br />
Le serpent d’airain ou de bronze élevé dans le désert par Moïse, conduisait les hommes de<br />
cette époque à lever les yeux vers le seul sauveur qui était Dieu, dont le serpent représentait<br />
quelques qualités de guérison.<br />
Cette tradition, dans le contexte de la foi en Yahvé, signifierait alors que même pendant<br />
l'Exode, le peuple hébreu tenait toujours aux rituels non-yahvistes, surtout en période de<br />
doute. Peut-on croire que quelqu'un ait vraiment sauvé sa vie en regardant simplement une<br />
image de serpent? Nous opterions plutôt pour l'opinion inverse: l'auteur du livre des<br />
Nombres, rédacteur de cette histoire, l'utilisait pour se moquer du peuple d'Israël, comme<br />
Yahvé se moque d'autres pratiques étrangères qui n'apportent rien du tout (faux prophètes,<br />
statues en bois, etc). En fait, seul Yahvé est en mesure d'apporter le salut à Israël, quelque<br />
soit le moyen utilisé.<br />
Pistes homilétiques<br />
Vous avez été surpris-e-s aujourd’hui par le bruit des crécelles. Nous voulions réveiller votre<br />
attention, comme les prophètes qui nous sonnent les cloches, sonnent le glas… L’Evangile,<br />
croyons-nous, a ce pouvoir de résonner autrement en nous. Il y a une certaine analogie<br />
entre le serpent d’airain élevé dans le désert par Moïse et la croix sur laquelle le Christ a été<br />
élevé.<br />
Comme les Israélites, nous sommes invités, pour guérir, à regarder vers la croix comme eux<br />
ont regardé vers le serpent d’airain.<br />
Le serpent est « parlant » au jardin d’Eden. Il devient « brûlant » au désert. Il mord, par ses<br />
propos, par sa brûlure, il conduit à la mort, son mensonge trouble le regard sur Dieu et sur<br />
l’humain. C’est en regardant le serpent en face – par extension la croix – que nous<br />
parvenons à guérir du mensonge, des tentations terrestres. Il faut fixer l’image. Et c’est en<br />
l’élevant, la montrant, la regardant, que l’on guérit de ses morsures.<br />
Il nous est donné, offert, de nous convertir, de convertir nos cœurs dans cet Amour qui peut<br />
tout, cet Amour qui nous fait quitter des yeux notre nombril et nos préoccupations, afin<br />
d’embrasser le monde d’un regard nouveau, d’en prendre soin de nos mains, de partager les<br />
fruits de cette terre avec nos prochains plus ou moins lointains. Avec cet Amour fraternel qui<br />
donne la force de grandir, de se responsabiliser, de se débrouiller par ses propres moyens.<br />
Nous sommes appelés à donner les moyens à tous les êtres humains, non seulement de<br />
subsister, mais d’exister.<br />
Paul à son tour – bien que l’on dise qu’il proclame que la foi suffit – nous invite à pratiquer<br />
les bonnes œuvres, œuvrées en Dieu.<br />
1) Voir<br />
Nos nuques sont raides. Nos yeux sont « con »centrés sur nos nombrils, nos situations<br />
personnelles tellement valorisées de nos jours: développement personnel, promotion,<br />
acquisitions diverses au top du développement technique, au détriment d’esclaves du travail<br />
sur toute la planète, et au détriment du contenu de nos propres assiettes: le poste<br />
alimentation est relégué aux dernières lignes de notre budget. Dans nos sociétés, notre<br />
vision est souvent bien courte, notre regard s’arrête à l’écran de TV – culte de l’écran plat, on<br />
y perd la troisième dimension au sens symbolique – et à celui de l’ordinateur domestique ou<br />
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