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Cahier liturgique 2009
Un climat sain pour assurer le pain quotidien.
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Editorial
Crise financière, crise alimentaire… Alors que nous sommes en train de rédiger ce cahier
liturgique 2009, des voix se multiplient pour nous rabâcher que le monde est en crise. Les
médias s’affolent et nous dessinent un avenir plutôt pessimiste. Tandis que les uns crient à
l’intervention de l’Etat pour épauler les banques soudainement en manque de liquidités, les
autres crient au scandale: comment ose-t-on solliciter l’intervention des caisses publiques,
alors que les bénéfices réalisés pendant de nombreuses années l’ont été au seul profit des
actionnaires privés? L’actualité économique fait subitement prendre conscience qu’à l’origine
de cette « crise » se trouve un modèle économique qui permet de « s’enrichir avec de
l’argent que l’on ne possède pas » 1 .
Loin d’être seulement un constat d’échec, la crise est aussi une invitation au changement. Le
mot grec « krinomai » signifie « discerner », « décider », « changer de direction ». Pour le
dire avec les mots de l’Apôtre Paul, nous sommes face au Kairos, une chance à saisir pour
changer nos attitudes. Des voix plus optimistes appellent alors à redécouvrir le sens du
partage, de la solidarité et des autres dimensions de la vie, qui valent plus chères que
l’argent.
Pour la campagne 2009, qui marque le 40 e anniversaire d’une collaboration œcuménique
hors pair, Pain pour le prochain et Action de Carême ont décidé de mettre en évidence un
autre aspect de cette crise: les changements climatiques. Nous ne voulons pas amplifier le
pessimisme ambiant, bien au contraire! Nous sommes convaincu-e-s que le réchauffement
du climat qui frappe le plus durement les pays du Sud n’est pas une fatalité. Il est
principalement dû aux activités humaines, surtout au Nord. Il pourra être ralenti à condition
que nous prenions dès aujourd’hui des décisions courageuses à différents niveaux, tant
collectifs que personnels.
Des moments de réflexion, tels que proposés dans ce cahier, sont précieux pour nous
engager sur ce chemin de la sauvegarde de la terre qui est notre maison commune.
Laissons-nous inspirer par l’indignation des peuples menacés: « Comment peut-on vendre
ou acheter le ciel, la chaleur de la terre? Cela nous semble étrange. Si la fraîcheur de l'air et
le murmure de l'eau ne nous appartiennent pas, comment peut-on les vendre? Pour mon
peuple, il n'y a pas un coin de cette terre qui ne soit sacré. Une aiguille de pin qui scintille, un
rivage sablonneux, une brume légère, tout est saint aux yeux et dans la mémoire de ceux de
mon peuple 2 ». C’est un appel à redécouvrir la sainteté de la terre que nous avons reçue en
cadeau du Créateur. Les petits pas que nous faisons chaque jour pour changer nos
habitudes comptent: puisse ce cahier vous accompagner dans la découverte d’une
spiritualité centrée sur la justice, la paix et la sauvegarde de la création.
Jean-Claude Huot Martina Schmidt
Secrétaire romand Secrétaire romande
de l'Action de Carême de Pain pour le prochain
2

Introduction
Un climat sain pour assurer le pain quotidien.
C'est sur fond de crise économique que la campagne 2009 est préparée, prélude à d’autres
crises encore plus fortes dans les domaines liés au climat, à la nourriture et à l'énergie. Des
dégâts sont attendus, qui touchent déjà des millions de personnes pauvres, plus
particulièrement les femmes, les enfants et les « vieux », qui vont être davantage enfoncés
dans la misère.
En tant que chrétiennes et chrétiens, nous sommes particulièrement sensibles au fait que ce
sont les populations pauvres du Sud qui sont fragilisées par notre mode de vie au Nord.
C’est donc sur la problématique de la crise climatique que nous nous penchons cette année,
en poursuivant une démarche axée sur la trilogie « voir - juger - agir ».
Nous vous proposons quatre célébrations dont le texte principal est celui du Missel
catholique. Nous espérons que cette contrainte incontournable ne vous empêchera pas
d'utiliser ces propositions dans un contexte réformé. Travailler ces textes nous a permis de
les redécouvrir avec d'autres lunettes, de mettre en avant de nouvelles perspectives...
richesse immense des textes bibliques, diversité et pertinence de la Vérité...
Voici donc les célébrations:
1 er dimanche: le cycle de Noé après le Déluge
3 ème dimanche: le Décalogue
4 ème dimanche: le serpent d'airain dans Jean 3
pistes pour une célébration pénitentielle.
En dernière partie du cahier, vous trouverez des prières et textes écrits par des hommes et
des femmes engagées dans les Eglises et organisations partenaires du Sud.
Pour chaque célébration, vous pouvez associer un élément de la campagne: le mobile et le
carnet des méditations. Vous pouvez aussi y inclure les actions Pain du partage et
Journée des roses.
Avant de vous plonger dans ce cahier, voici une légende amérindienne éclairante:
« Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, assistaient
impuissants au désastre. Seul le petit colibri s'activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec
pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit: "Colibri!
Tu n'es pas fou?! Tu crois que c'est avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu?!" Et le colibri lui
répondit: "Non, mais, je fais ma part ». 3
Pour l'équipe de préparation: Michèle Morier-Genoud
L'équipe de préparation 2009:
Ducarroz Claude - prêtre catholique - 1700 Fribourg
Durussel Michel - pasteur réformé - 1170 Aubonne
Isenmann Véronique - théologienne réformée - 1723 Marly
Meyland Catherine - animatrice œcuménique - 1426 Concise
Morier-Genoud Michèle - Antenne genre et développement DM, EPER et PPP - 1004 Lausanne
Rey Michel-Ambroise - prêtre catholique - 1890 Saint-Maurice
3

Semaines
du carême
1 er dimanche
de carême
selon le Missel
1 er mars 2009
3 ème dimanche
de carême
selon le Missel
15 mars 2009
4 ème dimanche
de carême
selon le Missel
22 mars 2009
Pistes pour une
célébration
pénitentielle
Récapitulatif des Textes proposés
Symbole
et Thèmes
La fenêtre
Le cycle de Noé
après le Déluge
4
Evangile du jour
Ancien Testament
et Epître
(Année C du Missel catholique)
Journée mondiale de prière
6 mars 2009
Le Décalogue
Le serpent d'airain
Crécelles
Sauvegarde
de notre planète
Psaumes
Gn 9, 8-15 Ps. 29
Ex 20, 1-17
Es 58, 1-12
Jn 3, 14-21
2 Ch 36, 14
Mc 1, 12-15
Table des matières
Ps. 1
Ps. 119
Ps.146
Ps. 63 (62)
Tableau des semaines, des thèmes et des textes p. 4
1 er dimanche de carême p. 5
3 ème dimanche de carême p. 10
4 ème dimanche de carême p. 16
Pistes pour une célébration pénitentielle p. 22
Prières et textes liturgiques p. 24
Journée mondiale de prière p. 28

1 er dimanche de carême
autour du cycle de Noé et Genèse 9, 8-15
« Un climat sain pour assurer le pain quotidien », tel est le slogan de la campagne. Or nous
vous proposons cette première célébration sur l'aventure de Noé et le Déluge, récit
archiconnu et pourtant encore à découvrir. Par les temps qui courent, la réalité des
changements climatiques brusques et violents est devenue malheureusement du pain
quotidien: le dernier cyclone Gustav a été destructeur en Haïti et à Cuba, et l’on se souvient
des autres... Dans les pays du Sud, chez nos partenaires, les changements climatiques se
font sentir beaucoup plus fort parce qu'il y a la fragilité des constructions, les conditions de
vie précaires, la pauvreté. Mais malgré cela, aux Philippines et au Sénégal, des femmes et
des hommes survivent lors de fléaux climatiques et osent reconstruire leur avenir.
Nous vous proposons de mettre au centre de cette célébration le thème de l’ouverture:
fenêtre dans l’arche, ouverture qui permet de changer de regard sur un monde dévasté par
les changements climatiques. Ouverture qui laisse entrer l’espérance de la vie qui reprend,
qui invite à sortir des espaces protégés pour s’exposer à l’alliance.
Nous vous proposons de changer de regard, de vous mettre dans la peau de Noé (qui se
trouve encore dans l'arche au début du culte).
Déroulement
[A l'entrée du culte, distribuer le dessin de Mix et Remix 4 ]
[L'église est sombre, pas de lumière ajoutée. Au fond, une fenêtre en carton assez grande,
symbolique]
Musique orageuse, bruyante, puis soudain le calme de l'eau qui tapote contre l'arche.
Mot d'accueil
« Comment vous sentez-vous? »
« Il faut encore patienter, chères et chers paroissiens. Cela fait maintenant plus de 12 mois
que nous sommes ensemble dans cette barque... mais il n'y a toujours que de l'eau autour
de l'arche... et dans l'arche, plus grand chose à part nous et les animaux. Les réserves de
nourriture sont épuisées. L'eau a cessé de tomber du ciel depuis quelques semaines, mais
elle recouvre toute la terre. Heureusement, il y a cette montagne sur laquelle l'arche est
amarrée ».
Noé va une première fois à la fenêtre avec une colombe… elle revient.
[derrière la fenêtre, une colombe]
Musique
Noé retourne une deuxième fois et lance la colombe... le soir elle revient avec un frais
rameau d'olivier dans le bec.
[derrière la fenêtre, une colombe et un rameau d'olivier dans le bec]
Musique
5

Noé retourne à la fenêtre et envoie une troisième fois la colombe qui ne revient pas. Il dit:
« Maintenant nous pouvons sortir! »
Chant d'entrée
« Pour que le jour qui se lève » (Alléluia 35/19)
Prière d’illumination
« Le soleil brille pour tous » (voir Prières et textes liturgiques p. 24)
Lecture d’un texte
Genèse 9, 8-15
Chant
« Avec toi, Seigneur, tous ensemble » (Alléluia 21/16)
Lecture du Psaume 29
Musique
Propositions de lectures bibliques pour accompagner la lecture de Gen 9, 8-15
Matthieu 24, 37-44
Le contexte
Réflexion autour du texte
Le texte proposé par le Missel termine l’histoire du Déluge. Cette histoire est universelle et
raconte, avec des accents propres aux différentes cultures, un événement peut-être
historique mais surtout une peur profondément ancrée, celle de voir disparaître notre
monde, de le voir englouti par des catastrophes naturelles. Dans la Bible et le Coran, cette
peur est liée à la prise de conscience que les hommes sont mauvais et qu’ils refusent de
changer de comportement, suite à quoi Dieu les punit avec le projet d’anéantir sa création.
Dans la perspective biblique, ce récit fait partie d’un long cheminement de découverte
mutuelle entre le Créateur et les humains. Le cycle des comportements humains
irresponsables commence par le meurtre d’Abel par Caïn, il continue avec le Déluge puis
Babel. Mais ces histoires sont entourées de trois généalogies qui racontent, à travers le
temps et l’espace, la longue marche en humanité qui aboutit en Genèse 12 à la vocation
d’Abraham, et ouvre l’histoire du salut. Ne pas isoler la catastrophe du Déluge mais la voir
dans une démarche d’apprivoisement de la relation avec Dieu, c’est déjà ne pas laisser les
visions catastrophistes prendre le dessus et garder un regard d’espérance pour « l’à
venir ».
Commentaire
V. 8: « Dieu parla à Noé et ses fils pour dire »
Dans ce verset, les deux verbes de parole en hébreu sont présents: « amar », parole de
création et « dabar », parole de relation. Dieu parle, parole immédiatement créatrice et
agissante, et son dire relie et fait histoire. Ce que Dieu a à dire à Noé et à ses fils est à la
fois création et relation.
V. 9-11: « J’établis mon alliance avec vous… aucune chair ne sera plus exterminée »
La parole-relation est traduite immédiatement dans les faits. Dieu s’engage envers tout
vivant dans sa dimension la plus incarnée.
6

Mais comment Dieu peut-il établir tout seul une alliance? Où est le partenariat? Où est
l’engagement réciproque? Est-ce que l’humain n’est pas concerné par les volte-face
lunatiques et climatiques de Dieu?
V. 14-15: « Quand je ferai apparaître des nuages sur la terre et qu’on verra l’arc dans
la nuée, je me souviendrai de mon alliance… »
Cette dimension arbitraire et de dé-maîtrise est encore accentuée par la fin du texte: Dieu
pourrait-il oublier sa promesse d’alliance? A-t-il besoin de voir pour se souvenir de sa
promesse?
Pistes homilétiques
a) Urgence et résistance face à la catastrophe
Tout le rythme de l’histoire du Déluge fait prendre conscience d’une double réalité: à la
fois, la situation est urgente, tout va très vite, la catastrophe déferle sur le monde et raie les
humains en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Et en même temps, tout prend beaucoup de temps. Temps de mise en garde, temps du
Déluge, temps de retour à la vie: 40 jours de Déluge, 50 jours de crue, 5 mois pour
amorcer la décrue, encore 3 mois pour voir le sommet des montagnes, et puis près de 2
mois pour que la colombe ramène un signe de vie.
Le tout est relaté en trois chapitres au rythme haletant, à la fois longs et brefs.
Double perception qui parle à la fois de la grande urgence, mais aussi de l’infinie capacité
d’endurance de Noé et des siens. Tenir bon et continuer à vivre, alors que le temps, « l’à
venir » a suspendu son vol, et que toute raison de résister paraît absurde.
b) Les changements climatiques passent par la chair
Le mot « basar » (chair) associé dans ce récit au mot vivant, désigne l’humain intégral,
corps, âme et esprit. Il est mentionné plus de 10 fois. Les changements climatiques
marquent l’humain dans son corps. Les changements climatiques rejoignent les
préoccupations de nombreuses personnes aujourd’hui parce que d’observations
scientifiques objectives, ils sont devenus des réalités qui se traduisent dans le corps:
pollution atmosphérique, modification des saisons, inondations, canicules etc. Les
changements climatiques se font sentir dans notre chair, quelle que soit notre couleur de
peau, notre religion, notre statut social. Les méfaits des changements climatiques agissent
directement sur notre être.
Mais l’alliance aussi passe par la chair. Elle n’est pas une vue de l’esprit. Visible pour les
yeux, elle est tout aussi concrète que l’anéantissement. Elle se traduit par la réalité de la
nouvelle création à la fin du Déluge, par la vie qui apporte des perspectives nouvelles
(vigne). Yahvé est le Dieu qui s’implique dans une relation incarnée qui traverse l’humain
dans son intégralité. Il s’implique avec lui jusqu’à devenir la Parole faite chair.
c) Construire une fenêtre dans l’arche
A l’annonce de la catastrophe, Noé est disponible. Quitte à passer pour fou aux yeux de
ses contemporains, il construit une arche, fait des réserves, accueille des animaux,
entraîne sa famille. A la fois très dynamique face aux humains, il apparaît aussi comme
quelqu’un de très passif face aux décisions divines.
Il construit une bulle de salut, un espace privilégié pour un humain privilégié, qui a la
chance que Dieu lui parle et se propose de le sauver. Il s’y enferme, dans une totale
soumission et acceptation de la volonté divine. Nous sommes loin d’Abraham le croyant
qui se bat pour les habitants de Sodome. Avec Noé, c’est un peu « sauve qui peut et
chacun pour soi ».
Et pourtant… Noé, en toute discrétion, change le cours de l’histoire. Dieu a donné à Noé
des instructions précises pour construire l’arche et Noé s’est conformé aux ordres divins, à
un détail près, une initiative de taille: il a mis une fenêtre dans l’arche!
7

De sa propre initiative, il a inséré dans cette arche une ouverture! Il a osé et posé une
ouverture dans un avenir de désespérance. Œil sur le monde, qui lui fit voir l’effroi et la
mort, c’est aussi le passage par lequel il peut envoyer le corbeau et la colombe en quête
de vie. C’est par l’ouverture introduite par Noé que la promesse de vie entre dans la bulle.
C’est l’ouverture sur le monde, même dévasté, qui permet d’envisager un avenir et ouvre à
l’alliance.
Discrète intervention de Noé, geste d’espérance et de foi, Noé l’antihéros est partie
prenante dans l’alliance. Homme d’obéissance et de foi, il est capable de poser les gestes
pour changer de regard et inviter Dieu à ne pas oublier.
Il nous invite à oser les initiatives les plus discrètes pour ne pas nous voiler la face sur les
catastrophes.
Il nous invite à pratiquer des ouvertures dans nos arches.
Et il nous invite à garder les yeux ouverts sur les signes de la nouvelle création.
Intentions de prière
« Prière quotidienne » (voir Prières et textes liturgiques p. 25)
En terminant par:
Notre Père, tu nous invites à ouvrir une fenêtre,
Toi qui as créé le ciel, la terre et toute vie animée,
Toi qui as fait alliance avec Noé et toute l’humanité;
donne-nous la force d’ouvrir des fenêtres sur notre monde désespérant d’inertie,
d’injustice et de précarité;
apprends-nous à redire ensemble « Notre Père ».
8
image du mobile
Bénédiction
« Pour la route » (de Paco Almenar - SJ, voir Prières et textes liturgiques p. 25)
Musique
Cette célébration a été réalisée par Véronique Isenmann et Michèle Morier-Genoud

3 ème dimanche de carême
autour d’Exode 20,1-17
La campagne œcuménique attire notre attention sur les problèmes accrus que les
populations les plus vulnérables de notre planète doivent affronter en raison des
bouleversements climatiques. Elle nous incite à un usage responsable des ressources de la
planète pour limiter les multiples pollutions qui menacent les équilibres de la création. Dans
ce contexte, il est bon de nous référer au Décalogue; celui-ci se présente comme un cadeau
que Dieu fait à Israël pour qu’il vive de manière responsable sa liberté toute neuve: le don de
la Loi s’inscrit dans la dynamique de la sortie d’Egypte.
Pour les Chrétien-ne-s, le Décalogue reste une expression privilégiée du projet de Dieu pour
l’humanité. A l’image d’Israël qui échappe à la servitude en traversant la Mer des Joncs,
nous sommes libérés de la mort et du néant par la vie et la résurrection du Christ. Cette
libération, symbolisée par le baptême, ancre notre vie de croyan-te-s dans l’alliance de Dieu,
une alliance de paix, de justice et de respect de la création.
[A l’entrée, le dessin de Mix et Remix 5 ]
Déroulement
Mot d’accueil
[Proposition: distribuer à l’entrée de l’église les « 10 commandements du Consommateur » 6
ci-dessous]
1. Tu n’adoreras pas d’autres dieux que la Consommation, la Publicité et la
Croissance.
2. Tu ne te fabriqueras aucune idole sans avoir déjà en tête un bon plan marketing pour
la vendre.
3. Tu répèteras le nom des Saintes Entreprises de manière abusive, car la foi doit être
instinctive plutôt que réfléchie.
4. Oublie le jour du repos; la Consommation est quotidienne.
5. Honore la fête des pères et la fête des mères, en dépensant ton salaire en offrandes.
6. Tu ne commettras pas de meurtre qui n’ait pas une contrepartie financière.
7. Une voiture tu possèderas et régulièrement tu en changeras.
8. Tu ne commettras pas de vol, car la gratuité n’est pas de ce monde.
9. A crédit tu vivras et l’épargne tu éviteras.
10. Les biens de ton voisin tu convoiteras, car l’envie est une source de Consommation.
On peut utiliser ces commandements comme parole d’accueil et laisser réagir l’assemblée:
qu’est-ce qui vous heurte dans ce « projet de société »? En quoi vous paraît-il dangereux?
Introduire ainsi le thème du culte: Dieu a un projet autre pour l’humanité, nous en trouvons
un écho dans le Décalogue qui sera au centre de notre célébration.
Chants d’entrée
« Heureux celui qui suit le bon chemin » (Alléluia 119)
10

« Ecoute Israël » (Alléluia 55/01)
La Loi de Dieu
« Les dix commandements » (voir Prières et textes liturgiques p. 27)
Repentance
« Aux lois de Dieu prêtons l’oreille » (Alléluia 22/03)
Psaumes
« Le vrai bonheur » (Psaume 1)
« Mystère et merveille de la Loi de Dieu » (Psaume 119,1-8)
« Le Seigneur, protecteur des faibles » (Psaume 146)
Propositions de lectures bibliques pour accompagner la lecture d’Ex 20, 1-17
Isaïe 58, 1-12: La vraie religion est libératrice; Jean 2, 13-22 (texte du Missel): Mettre la
volonté de Dieu avant le profit; Matthieu 22, 34-39: Jésus résume la Loi; Matthieu 25, 31-46:
Le jugement de Dieu se fait à partir de la solidarité vécue; Corinthiens 11, 20-22:
l’Eucharistie implique la justice et la charité; I Jean 3, 17-18: Aimer en actes; Jacques 2, 14-
18: La vraie foi passe par des actes
Le contexte
Réflexion autour du texte
Exode 20, 1-17, un contexte de libération
Le Décalogue (les dix paroles ou les dix commandements) semble tomber du ciel, à grand
fracas d’éclairs, de tonnerre et de fumée. En réalité, il est situé dans un triple contexte,
essentiel à sa juste compréhension.
• D’abord un contexte de révélation. Dieu vient se dire à ce peuple, il veut qu’Israël
sache qui est son Dieu. Que de l’amour à révéler!
Le Dieu d’Israël est créateur (« En six jours, le Seigneur a fait le ciel et la terre » v. 11).
Le Dieu d’Israël est libérateur de son peuple (« C’est moi le Seigneur qui t’ai fait sortir
de la maison de servitude » v. 2).
• Puis un contexte d’alliance. Tout s’explique par le désir de Dieu d’entrer en relation
privilégiée avec son peuple. D’où la jalousie de Dieu, qui ne tolère pas des dieux rivaux
(v. 5), et l’idée que le sabbat ranime les fiançailles de Dieu avec son peuple 7 .
• Enfin un contexte de promesse. Car la libération d’Egypte n’est qu’une première étape
de l’aventure avec Dieu. Il y a encore de la réserve, un avenir, puisque Dieu veut
prolonger les jours de son peuple sur la terre qu’il lui donnera (v. 12).
On peut donc remarquer que ces dix paroles ne sont pas de la « petite morale », mais bel et
bien une charte de base avec des enjeux importants:
connaître la puissance et l’amour de Dieu
entrer en communion avec lui par une alliance
s’insérer dans la dynamique de son dessein de salut.
11

Approche du texte
• Des limites qui construisent l’humanité
Ces dix paroles – hélas mieux connues sous l’appellation « dix commandements » –
résonnent souvent comme un ensemble d’interdits: huit sur dix ont une forme négative (« tu
ne… pas »). Or, dans le contexte de libération évoqué plus haut, elles sont sensées être un
chemin de vie et de bonheur. Pourquoi la volonté bonne de Dieu pour son peuple s’exprimet-elle
donc principalement de manière négative?
Dans le récit d’Adam et Eve, à l’aube de l’humanité, Dieu avait aussi posé un interdit qui se
découpait sur fond de beauté et de bonté d’une création offerte aux humains: « tu pourras
manger de tous les fruits du jardin, sauf celui de l’arbre de la connaissance du bien et du
mal ». Cette défense apparaît comme une borne salutaire au désir de toute-puissance qui
habite l’homme, elle instaure Dieu comme un vis-à-vis devant lequel il aura à répondre de
ses choix. Elle place l’homme en situation de responsabilité, en lui donnant la possibilité
d’obéir ou de transgresser.
C’est cette limite fixée par le Créateur qui constitue la spécificité de l’humanité. La négativité
fait partie intégrante de la condition humaine comme le rappelle Jean-Claude Guillebaud:
« Nous sommes humains, c’est-à-dire des « êtres d’antinature » par notre capacité de refus,
contrairement à l’animal qui dit toujours oui à la réalité. Pour reprendre une formule de Max
Scheller, l’homme est « l’être qui peut dire non ». 8 Ce qui fonde l’humanité, c’est la parole
qui lui permet de se détacher du mode de l’instinct et qui rend possible la culture.
La loi exprimée dans le Décalogue est signe de ce fondement de l’humanité: Dieu donne à
son peuple libéré de la servitude « dix paroles », un cadre grâce auquel il peut construire son
histoire de façon responsable. On peut dire que les interdits de la Loi, loin de brimer notre
humanité, la constituent. Pour pouvoir vivre de façon véritablement humaine, je dois avoir
conscience de mes limites. Celles-ci se révèlent dans la présence de l’Autre: Dieu pour les
quatre premières paroles, et le prochain sous ses différentes formes pour les six suivantes;
l’Autre est marque de ma finitude et de mon incomplétude, mais, en même temps, il devient
mon partenaire, il est possible de nouer des relations avec lui et de construire une histoire
commune.
• Un chemin de vie et de bonheur
Ces « dix paroles » manifestent une connaissance très réaliste de notre humaine humanité.
C’est pourquoi, au lieu de juger ces « commandements » comme une entrave au bonheur,
nous pouvons les accueillir comme des paroles de lumière, qui balisent la route de la vie
véritable. Leurs formulations négatives sont comme des barrières de sécurité au bord d’une
route escarpée ou dangereuse. Elles veulent nous empêcher de faire des bêtises et de
tomber dans le ravin. C’est un grand cadeau.
Mais nous pouvons aller plus loin. Ces paroles nous incitent à mener notre vie comme une
existence positive, pleine de dynamisme et de joie. A la manière des barrières qui
encouragent le pèlerin à continuer sa route vers l’avant, à courir sur le bon chemin, afin de
mieux atteindre son but en toute sécurité, pour lui et pour ses compagnons de voyage.
Entre les lettres négatives de ces mises en garde se glissent en réalité un état d’esprit, des
invitations à une meilleure communion avec Dieu, et à une plus belle fraternité entre les
humains.
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Commentaires
Pour comprendre comment ces balises peuvent orienter notre chemin d’humanité en relation
avec le thème de la campagne 2009, nous en reprenons ici quelques-unes:
V. 4 « Tu ne te feras pas d’images taillées »
L’interdit porte sur les images taillées qui figent la représentation. Dieu désire que l’humain
garde le regard ouvert; est-ce que le regard que je porte sur les autres et sur le monde est
signe d’alliance ou d’enfermement? Les images sont utilisées par la publicité pour leur
pouvoir de fascination. En faisant de la beauté, de la réussite, de l’argent, du pouvoir, de la
séduction des idoles modernes, elles cherchent à manipuler l’individu et le poussent à la
consommation 9 .
V. 8 « Tu te souviendras du jour du repos pour le sanctifier »
La pause, l’arrêt, la gratuité, la reconnaissance d’un temps non marchand offrent un espace
de liberté dans un contexte de productivité qui épuise la planète; ils font découvrir une autre
dimension que celle qui s’exprime dans la formule « le temps, c’est de l’argent ».
V. 12 « Tu honoreras ton père et ta mère »
C’est reconnaître que je ne suis pas ma propre origine, mais que je m’inscris dans le temps
et dans le fil des générations. C’est aussi laisser une place, donner du « poids » selon la
racine du mot hébreu traduit par « honorer », à ceux qui, avec l’âge, n’ont plus la même
valeur sur le plan de la productivité.
V. 13 « Tu ne tueras point »
Si cet interdit vise d’abord le meurtre, nous ne pouvons pas oublier que les problèmes
climatiques liés à la pollution augmentent la mortalité dans les régions du globe les plus
déshéritées. N’y-a-t-il pas là une responsabilité globale à exercer dans nos rapports à
l’environnement.
V. 15 « Tu ne commettras pas de vol »
S’il ne s’agit pas à proprement parler de vol, l’accaparement des ressources de la planète
par une petite minorité de sa population pose beaucoup de questions par rapport à une
répartition équilibrée des biens (voir les invectives d’un prophète comme Amos contre
l’avidité des possédants, par exemple 8, 4-14).
V. 17 « Tu ne convoiteras pas »
La convoitise est un moteur de la course à la consommation que les publicitaires aiment
actionner pour augmenter leurs ventes; par la même occasion, elle exerce une emprise
douloureuse sur les ressources de la planète et devient dangereuse pour les fragiles
équilibres de la vie.
En résumé: ce qui est visé dans le Décalogue, c’est ce qui empoisonne la vie sociale, cause
d’innombrables souffrances, notamment chez les faibles et les pauvres. Quant aux aspects
plus religieux (l’idolâtrie, le respect du nom de Dieu, la pratique du sabbat), ils mettent en
évidence les racines des autres maux. Quand l’être humain est coupé de son Créateur et
Sauveur, il devient un loup pour les autres. A vouloir jouer au dieu sans Dieu, il devient
inhumain, pour son propre malheur et celui de son prochain.
Pistes homilétiques
• Mettre les « dix commandements de l’Eglise de la consommation », où l’Autre n’a pas de
place, où il est uniquement instrumentalisé, en parallèle avec le projet du Décalogue: on
13

peut alors faire apparaître en quoi la fixation de limites à nos désirs est fondatrice pour
notre vie devant Dieu, et les uns avec les autres. En oubliant la dimension de l’échange,
de la gratuité, de la responsabilité et de la transcendance, l’être humain se déshumanise.
• Inviter un jeûneur - ou tout le groupe des jeûneurs - à témoigner de leur expérience de la
limite par rapport à la nourriture. Qu’est-ce qu’ils découvrent à partir de leur pratique de
la privation? Qu’est-ce qu’elle leur apporte? En quoi cette expérience est-elle un chemin
d’humanité? Il est aussi possible de donner la parole à des personnes qui proposent des
alternatives visant à diminuer l’impact de la consommation humaine sur l’environnement
(dans le domaine de la mobilité, des loisirs, de la nourriture, des vêtements – par
exemple des responsables d’un groupe de troc –, du logement, des moyens de
communication, etc).
• Relation avec le dessin de Mix et Remix 10 et avec le mobile: ce dessin met en évidence
l’interaction entre le réchauffement climatique et les conditions de vie. Si cette influence
est préoccupante en Occident, elle devient catastrophique au Sud. Est-ce que nous
laissons les choses aller leur propre pente, ou est-ce que nous cherchons à avoir une
prise sur cette évolution? A rapprocher de la citation de Jean-Claude Guillebaud sur
l’homme comme « l’être qui peut dire non ».
Prières d’intercession
« Père des dix paroles » (de Francine Carrillo, voir Prières et textes liturgiques p. 24)
« Faim » (de Charles Singer, voir Prières et textes liturgiques p. 27)
Autres chants pour la célébration
« Ta volonté, Seigneur, mon Dieu » (Alléluia 45/01)
« Dans le désert, Dieu a parlé » (Alléluia 56/01)
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » (Alléluia 14/12)
« Dieu qui nous appelle à aimer » (Alléluia 35/20)
« Dieu fait de nous en Jésus-Christ » (Alléluia 36/04)
Envoi
« Amis, dehors » (de Charles Singer, voir Prières et textes liturgiques p. 26)
Cette célébration a été réalisée par Michel Durussel et Claude Ducarroz
14

15

4 ème dimanche de carême
Jean 3, 14-21
Voilà 40 ans que nos campagnes se révèlent prophétiques. Cette année encore, nous
sommes dans l’air du temps, temps trop chaud qui engendre des souffrances sur et pour
notre planète. Trois verbes guident la campagne 2009: voir – évaluer – agir.
Etre prophétique, c’est annoncer quelque chose; dans la Bible, c’est souvent quelque chose
de mauvais. Porter une mauvaise nouvelle n’est pas gai. Mais une mauvaise nouvelle n’est
pas toujours une mauvaise nouvelle au fond… Même le coq chante sur le tas de fumier!
Déroulement
[Nous proposons d’appeler les paroissien-ne-s (mais pas seulement eux: tout le monde!)
avec une volée de cloches! Cloche, tocsin, crécelle!
En arrivant dans l’église, les enfants pourraient entrer en tournant des crécelles au point que
cela imposerait de se boucher les oreilles!]
Mot d’accueil
La crécelle annonce l’arrivée d’un lépreux: la planète est malade!
Conte de la grenouille
Il était une fois une grenouille qui nageait dans une marmite d’eau froide. Le feu est allumé sous la
marmite. L’eau chauffe doucement et devient tiède. La grenouille continue de nager et trouve cela
plutôt agréable.
La température grimpe, grimpe. L’eau est chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille,
mais elle ne s’affole pas, ce d’autant moins que la chaleur l’engourdit peu à peu.
L’eau est vraiment chaude maintenant, la grenouille en souffre, elle s’affaiblit, elle supporte, elle
essaie de s’adapter, mais ne fait rien!
L’eau bout et la grenouille meurt sans réagir, sans avoir réagi, sans même avoir tenté de s’extraire de
la marmite.
La même grenouille, jetée d’un coup dans l’eau à seulement 50 degrés, se serait extraite de la
marmite d’un coup de pattes salutaire!
Bienvenue dans la marmite de ce dimanche de carême. C’est Jésus Christ qui nous
accueille en ce lieu et qui va nous guider, nous aider à ouvrir les yeux sur la situation critique
de nos sociétés, de notre planète. Laissons-nous interpeller, levons les yeux vers Lui,
sortons de la tiédeur de notre monde et réagissons à la situation!
Chant d’entrée
« Kyrie ou Fais paraître ton jour » (CNA 552)
Prière d’illumination
O Christ, envoie sur nous ton Esprit de discernement,
éclaire-nous durant notre marche.
Nous tournons nos cœurs vers Toi;
apprends-nous à élargir notre regard et à percevoir Ta lumière,
à comprendre les signes des Temps
afin que nous ne périssions point dans la marmite.
Amen
16

Lecture d’un texte
2 Chroniques 36, 14-23
Lecture du Psaume
« Je te cherche dès l’aube » (Psaume 62(63))
Musique
Propositions de lectures bibliques pour accompagner la lecture de Jean 3, 14-21
Ephésiens 2, 4-10
Commentaire 11
Réflexion autour du texte
Serpent guérisseur ou idole?
Quand le Seigneur demande à Moïse d'ériger un serpent d'airain pour contrer les effets
mortels de ces « serpents brûlants », le texte des Nombres (21, 8-9) évoque une ancienne
tradition égyptienne qui était alors connue par les Israélites. Elle leur était compréhensible,
puisqu'ils sortaient d'Egypte.
Dans l'Egypte ancienne tout le monde s’accordait à penser que le corps dans lequel les
divinités habitaient sur terre n'était pas leur forme véritable. Celle-ci restait cachée aux
hommes. Certains traits caractéristiques du dieu étaient rendus visibles grâce à des figures
artificielles ou à des figures naturelles comme les animaux.
Dans l'introduction à son livre « Le Serpent », Virginie Gimaray le présente ainsi: sa
forme, qui dessine une ligne en perpétuel mouvement, et ses caractéristiques biologiques
dominées par les mues et la reptation, l'ont assimilé à la fertilité, à l'énergie vitale et aux
mystères de la Nature. Né des profondeurs de la terre et de l'humidité aquatique, détient-il le
secret des origines? Quels symboles recouvrent sa silhouette quand elle trace des spires
onduleuses, qu'elle se dresse tel un trait sur une page blanche, qu'elle s'enroule en un cercle
infini?
Plus que toute autre espèce, le serpent déroute et fascine. Donne-t-il la mort ou possède-t-il
la vie éternelle? Pourquoi est-il l'emblème des médecins et des alchimistes?
Des anges en forme de serpents
Pour mieux comprendre ce passage très difficile de l'élévation du serpent d'airain dans le
désert et pour le situer dans son contexte, il faut se rappeler qu'en hébreu, il y a pour
désigner les serpents une série de termes qui imitent le sifflement émis par nombre d'entre
eux lorsqu'ils se sentent menacés: ainsi « tseph'a », « tsiph'oni », « shephiphon ». C'est à ce
genre de noms onomatopéiques que fait aussi penser « Saraph », au pluriel « Seraphim ».
Dans la Bible hébraïque, les Séraphins sont très clairement des serpents. Le son des
paroles qu'ils font entendre évoque d'ailleurs aussi un sifflement: « qadosh », « qadosh
YHWH tseba'ot ».
Le mot « saraph » désigne un cobra, qui passait pour l'espèce de serpents la plus
dangereuse. Le venin craché par le cobra cracheur « brûle » avant tout les yeux.
Il faut voir dans la combinaison entre l’homme et le cobra, le « saraph », une manière de
représenter l'étrangeté d'une expérience où l'homme est confronté à une réalité tout autre,
inquiétante, qui l'interpelle et le saisit au plus profond de son être.
17

La frayeur est grande lorsqu'on se trouve soudain face à un cobra dressé et sifflant. C'est
d’ailleurs dans cette posture qu'on le voit apparaître au front des rois et des reines dès le
début de la royauté égyptienne. Il porte, par paire, le disque solaire et il protège, disposé en
rangées, l'entrée des palais et des temples.
Il signale ainsi ce qui est dangereux et inviolable; sa présence implique que les personnes et
les domaines auxquels il est associé sont considérés comme sacrés, et qu'on ne s'en
approche qu'avec effroi.
Le serpent, dans le cas présent le « cobra brûlant », n’est pas Dieu et tout le monde en est
conscient; il a seulement pour fonction de représenter la sainteté de Dieu, son inviolabilité,
son éternité, sa présence inattendue et effrayante. Comme serpent, il est à la fois source
de vie et source de mort.
Comme l'avaient déjà remarqué les auteurs anciens, il serait trop facile de conclure, à
partir de ces diverses associations entre divinités et animaux, que les hommes de
l'Antiquité adoraient purement et simplement certains animaux comme des dieux.
En Palestine, le cobra comme symbole de protection fit son entrée lorsqu'on se mit à imiter
les scarabées égyptiens. Dans les temples de l’âge du Bronze Récent (de 1600 à 1050 av.
J.-C.), de petites statuettes de bronze en forme de cobra (ou d'autres sortes de serpents)
avaient pour fonction de garantir l'inviolabilité de l'espace le plus intérieur du temple.
Toutefois, le symbole du cobra connut un épanouissement particulier en Israël au cours du
8 e siècle av. J.-C. A cette époque, la menace assyrienne poussa alors le royaume de Juda
dans les bras de l'Egypte, et on reprit le symbole du cobra ailé dont on renforça encore le
pouvoir protecteur par l'adjonction d'une paire d'ailes supplémentaire.
Dans sa grande vision, le prophète Esaïe voit Yahvé protégé, à la manière égyptienne, par
des Séraphins ailés qui ont six ailes, mais celles-ci servent à les protéger eux-mêmes en
présence de la sainteté de Yahvé. Rendons-nous compte qu’Esaïe critique ainsi, de manière
indirecte, la croyance en la force protectrice des Séraphins.
Quant au roi Ezéchias, contemporain d'Esaïe, il s'opposa de manière plus brutale à la
vénération des Séraphins. Dans le 2 e livre des Rois (18, 4), on rapporte qu'il y avait à
Jérusalem, vraisemblablement dans le temple, une image de serpent en bronze. On pensait
qu'il s'agissait de l'image du serpent de bronze que Moïse aurait fabriquée autrefois sur
l'ordre de Dieu. Selon le récit biblique, les Israélites dans le désert avaient murmuré contre
Dieu et Moïse. Dieu avait alors envoyé contre eux des Séraphins, des « serpents brûlants »
qui semaient la mort parmi le peuple.
En réponse aux supplications des Israélites, Dieu avait ordonné à Moïse de fabriquer une
image de « saraph », un serpent de bronze, dont la vue assurait la vie sauve à ceux qui
avaient été mordus par les serpents (Nombres 21, 4-9).
A l'époque du roi Ezéchias, on assistait à une très grande déviance dans le culte de cette
image. C'est pourquoi Ezéchias la fit mettre en pièces, en réaction à cette vénération
idolâtre. A quoi l'image en question ressemblait-elle? Il s'agissait sans doute de l'image d'un
« uroeus » égyptien, dont on attendait qu'il procure protection et guérison.
Si Ezéchias fit briser l'image du serpent de bronze, c'est après que son espoir d'obtenir l'aide
des Egyptiens contre l'Assyrie eut été gravement déçu, et après que des voix prophétiques
provenant du royaume du Nord eurent commencé à s'attaquer au culte des images
d'animaux.
Dans la traduction grecque de la Bible hébraïque, l'hébreu « seraphim » a toujours été rendu
par un mot qui signifie serpent. La seule exception est la vision d'Esaïe 6, où le terme hébreu
« seraphim » a été conservé en grec. Cela tient au fait que les traducteurs, influencés par la
culture grecque, ne pouvaient pas se représenter Dieu entouré de serpents ailés. On ne
pouvait s'imaginer, à proximité immédiate de Dieu, que des êtres à forme humaine. Ainsi,
Dieu devint plus humain. Mais il perdit aussi une part de son altérité mystérieuse et
effrayante.
18

Du même coup, l'intégration dans un même monde des animaux et des hommes subit une
grande perte. Certes, le « serpent d'airain » apparaît encore dans l'Evangile de Jean comme
préfiguration du Christ élevé sur la croix (Jn 3, 14).
Mais ce qui finit par l'emporter, c'est l'histoire du paradis, souvent représentée dans l'art, où
l'on voit le serpent entraîner les hommes à manger de l'arbre interdit et à succomber à la
mort. C'est cette histoire, hélas, qui a conduit à assimiler les serpents en général au
satanique, alors que dans l’Antiquité la plus haute, ils avaient une tout autre signification.
Quand Jésus, dans le passage de l’évangile qui nous concerne, affirme que personne n’est
monté au ciel sinon celui qui en est descendu, le Fils de l’homme, il veut insister sur son rôle
de médiateur, et d’unique médiateur entre Dieu et les hommes.
Le serpent d’airain ou de bronze élevé dans le désert par Moïse, conduisait les hommes de
cette époque à lever les yeux vers le seul sauveur qui était Dieu, dont le serpent représentait
quelques qualités de guérison.
Cette tradition, dans le contexte de la foi en Yahvé, signifierait alors que même pendant
l'Exode, le peuple hébreu tenait toujours aux rituels non-yahvistes, surtout en période de
doute. Peut-on croire que quelqu'un ait vraiment sauvé sa vie en regardant simplement une
image de serpent? Nous opterions plutôt pour l'opinion inverse: l'auteur du livre des
Nombres, rédacteur de cette histoire, l'utilisait pour se moquer du peuple d'Israël, comme
Yahvé se moque d'autres pratiques étrangères qui n'apportent rien du tout (faux prophètes,
statues en bois, etc). En fait, seul Yahvé est en mesure d'apporter le salut à Israël, quelque
soit le moyen utilisé.
Pistes homilétiques
Vous avez été surpris-e-s aujourd’hui par le bruit des crécelles. Nous voulions réveiller votre
attention, comme les prophètes qui nous sonnent les cloches, sonnent le glas… L’Evangile,
croyons-nous, a ce pouvoir de résonner autrement en nous. Il y a une certaine analogie
entre le serpent d’airain élevé dans le désert par Moïse et la croix sur laquelle le Christ a été
élevé.
Comme les Israélites, nous sommes invités, pour guérir, à regarder vers la croix comme eux
ont regardé vers le serpent d’airain.
Le serpent est « parlant » au jardin d’Eden. Il devient « brûlant » au désert. Il mord, par ses
propos, par sa brûlure, il conduit à la mort, son mensonge trouble le regard sur Dieu et sur
l’humain. C’est en regardant le serpent en face – par extension la croix – que nous
parvenons à guérir du mensonge, des tentations terrestres. Il faut fixer l’image. Et c’est en
l’élevant, la montrant, la regardant, que l’on guérit de ses morsures.
Il nous est donné, offert, de nous convertir, de convertir nos cœurs dans cet Amour qui peut
tout, cet Amour qui nous fait quitter des yeux notre nombril et nos préoccupations, afin
d’embrasser le monde d’un regard nouveau, d’en prendre soin de nos mains, de partager les
fruits de cette terre avec nos prochains plus ou moins lointains. Avec cet Amour fraternel qui
donne la force de grandir, de se responsabiliser, de se débrouiller par ses propres moyens.
Nous sommes appelés à donner les moyens à tous les êtres humains, non seulement de
subsister, mais d’exister.
Paul à son tour – bien que l’on dise qu’il proclame que la foi suffit – nous invite à pratiquer
les bonnes œuvres, œuvrées en Dieu.
1) Voir
Nos nuques sont raides. Nos yeux sont « con »centrés sur nos nombrils, nos situations
personnelles tellement valorisées de nos jours: développement personnel, promotion,
acquisitions diverses au top du développement technique, au détriment d’esclaves du travail
sur toute la planète, et au détriment du contenu de nos propres assiettes: le poste
alimentation est relégué aux dernières lignes de notre budget. Dans nos sociétés, notre
vision est souvent bien courte, notre regard s’arrête à l’écran de TV – culte de l’écran plat, on
y perd la troisième dimension au sens symbolique – et à celui de l’ordinateur domestique ou
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professionnel; nos yeux sont rivés sur le pare-brise de nos voitures si nombreuses et
gourmandes en énergie.
Nous sommes appelés à lever les yeux de nos claviers, à regarder au-delà du sacro-saint
écran de nos télévisions, à descendre de nos véhicules trop rapides pour nous permettre
d’embrasser l’ensemble de la situation, l’entier du paysage. On ne peut pas continuer
comme ça, ce n’est ni sain ni saint!
Nous sommes appelés à regarder la situation en face, à regarder nos ombres, nos
incohérences, à changer de modes de vie. Lesquels?
[Nous vous proposons un arrêt, un moment de réflexion personnelle, et vous suggérons
d’écrire, de cataloguer, de « décaloguer » quelques-unes de vos idées, et à Pâques elles
seront distribuées à toute la paroisse. Ainsi les idées des uns nourriront les idées des autres,
et nous pourrons les afficher quelque part à la maison pour nous en souvenir et les appliquer
dans nos vies]
Chez l’évangéliste Jean, voir signifie croire; c’est une vision qui dépasse la vision première,
elle est perception, conviction, intégration. Elle implique de quitter la surface et de gagner la
profondeur, de retrouver une dimension globale, communautaire, planétaire, œcuménique
au sens de la terre habitée.
2) Juger
Juger n’est pas condamner; c’est séparer, distinguer, décider. Juger ne s’oppose pas à
sauver, mais l’accompagne. Juger signifie faire émerger la vérité, faire la lumière. C’est y voir
clair, y croire clair! Et pour se faire, il faut regarder le serpent, regarder la croix.
3) Elever - agir
• Elever le Fils de l’Homme en croix, vie non enlevée mais donnée, dans le don de
l’Amour du Père qui donne son fils unique engendré pour sauver l’humanité, nous
élever à la suite du Christ, nous extraire à la morsure du serpent.
• Elever le regard vers le serpent, regarder le mal en face pour en guérir. Regarder nos
ombres pour les intégrer et les dominer, assimiler nos expériences et réorienter nos
comportements.
• Elever la coupe et communier ensemble à l’Amour reçu et à répandre. La foi conduit
aux actes.
4) Répondre à l’appel - agir
Nous allons sur nos lieux de culte à l’appel des cloches, répondons à la convocation. Nous
nous arrêtons bel et bien une heure dans notre semaine pour répondre à l’appel du
rassemblement. Mais entendons-nous l’appel de la cloche?
Le prophète sonne le glas, nous sonne les cloches, nous avertit. L’Evangile sonne un tout
autre glas, il appelle à recevoir – une autre forme de perception – l’Amour divin, à y croire, à
en vivre et à en faire vivre. Regarder la croix, comme regarder le serpent d’airain, guérit
notre vision altérée, nous ouvre les yeux, ceux du cœur. Nous sommes appelés non
seulement à recevoir cet Amour, mais à le transmettre, le perpétuer, le semer, le cultiver, le
faire croître.
Nous vivons en vase clos, allons-y pour l’image, comme des cloches sous des cloches à
fromage! Tiens, ça sonne? Comme le chien dresse l’oreille et lève les yeux, écoutons l’appel
et regardons « vers le ciel », vers la croix. Aujourd’hui encore on crucifie à tour de bras, on
maltraite, exploite, élimine, expulse. La cloche, les crécelles, nous appellent à prendre acte
de la situation et à agir en conséquence.
Que nos cœurs soient les caisses résonnantes de l’Amour immense, incommensurable de
Dieu pour tous, par le don de son fils unique engendré. Amour du Père qui incite, stimule ses
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enfants à grandir, à progresser, qui assure aussi protection et sécurité. Amour qui corrige,
exige.
Intentions de prière
1) Par la croix du Fils de Dieu, signe levé qui rassemble toutes les nations, fais lever le
temps de ta grâce pour que tous les hommes puissent se tourner vers Toi Père Très
Saint et vivre en frères sur notre planète.
2) Sur les terres désolées, terres d’exil, sans printemps, sans amandiers, fais lever des
femmes et des hommes qui s’engagent pour produire du pain et des fruits en abondance.
3) Par le sang du Christ qui nous sauva dans notre Exode, ouvre à tous les peuples les
portes du salut, qu’ils passent d’une situation déshumanisante à une situation plus
humaine.
4) Par notre engagement social, politique, religieux et économique tout au long de l’année
et spécialement durant ce temps de carême, accorde-nous d’être très proches de nos
frères et sœurs qui souffrent de la faim.
5) Rendons grâce au Christ qui nous obtient par son sang la rédemption et le pardon de
nos fautes, et prions afin que nous soyons remplis par la grâce inépuisable de son
amour, de sa sagesse et de son intelligence.
Seigneur notre Dieu,
Nous venons de faire le constat que nos fonctionnements égoïstes mettent en péril l’avenir
de notre planète. Donne-nous de nous souvenir de ce moment où nous avons partagé
quelques idées pour permettre une évolution positive de la situation. Nous avons évoqué nos
comportements à risque, pris conscience de leurs conséquences et nous avons énuméré
des possibles changements de nos attitudes, dans la vie de tous les jours, de petites choses
que nous pouvons adopter pour tenter de rééquilibrer la balance, constater nos privilèges et
les partager, permettre à d’autres de retrouver leur dignité, d’accéder à l’autonomie.
Liturgie de communion
Nous proposons de nous mettre en cercle pour l’Eucharistie, un cercle ouvert sur le monde,
et de laisser ouverte la porte de l’église. Yeux ouverts, mains ouvertes, cœur ouvert!
Envoi
Allons, emplis de l’Amour incommensurable de Dieu notre Père à TOUS, dans l’Esprit du
partage. Que nos forces soient renouvelées par ce que nous venons de vivre ensemble. Que
notre prise de conscience nous habite au-delà de ce moment et transforme notre vie au
quotidien. Que notre regard se tourne vers la Croix!
Amen
Chant
« Peuples de frères, peuples du partage » (CNA 576)
Musique
Cette célébration a été réalisée par Catherine Meyland et Michel-Ambroise Rey
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Pistes pour une célébration pénitentielle
Coups de sonnette ou de crécelle, puis lecture du conte de la grenouille ébouillantée 12 . Nous
reprenons ainsi le début de la célébration du 4 e dimanche de carême.
Mot d’accueil
Frères et sœurs,
Notre route du Carême touche à sa fin. Tout au long de ces semaines, en communauté, nous
nous sommes mis à l'écoute de la Parole de Dieu, pour grandir dans notre faim de Dieu; et avec
le calendrier de Carême, nous avons ouvert nos vies à la réflexion sur le thème: « un climat
sain pour assurer le pain quotidien ».
Aujourd’hui, nous venons redire notre faim de pardon auprès de Celui qui, seul, peut nous
pardonner et notre désir d’apporter notre collaboration à l’établissement d’un « climat sain pour
assurer le pain quotidien » à tous nos frères et sœurs dans le monde.
Célébrant:
« Quelle est ma faim? Quelles sont les faims les plus profondes que je porte en moi,
comme autant de désirs nécessaires pour vivre pleinement?
Tournons-nous vers Dieu et sa Parole. Laissons-nous habiter, nourrir par Dieu et sa
Parole. Réécoutons un passage de la Parole de Dieu entendu dans nos églises le
premier dimanche de carême ».
Lecteur 1:
De l’évangile selon saint Marc 1, 12-15:
« Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert. Et dans le désert il
resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le
servaient.
Après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne
Nouvelle de Dieu; il disait: « Les temps sont accomplis; le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».
Lecteur 2:
« La Parole nous invite à nous préciser.
Quelle est mon attention à cette Parole de Jésus pour me convertir et croire à la Bonne
Nouvelle, à une action commune aujourd’hui pour sauvegarder la planète?
Je repère dans ma vie, une ou deux situations où mes attitudes ne m’ont pas aidé et
n’ont pas aidé à sauvegarder l’environnement ».
Refrain chanté:« Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce » (CNA 552)
Lecteur 1:
De l’évangile de Marc:
« Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre:
Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le ».
Lecteur 2:
« La Parole nous invite à nous préciser.
Comment puis-je me sentir comme co-responsable de ce monde?
22

Je repère dans ma vie, une ou deux situations où je n’ai pas reconnu être responsable
de l’environnement ».
Refrain chanté:« Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce » (CNA 552)
Préparation à la démarche
Célébrant:
« Nourris par la Parole du Christ, nous voulons exprimer maintenant notre désir de
réconciliation; écoutons d’abord cette méditation de Leonardo Boff, prêtre brésilien,
intitulée « Notre pain de ce jour », qui nous met en communion ave la faim des plus
démunis ».
Lecteur:
« Notre pain de ce jour » (de Leonardo Boff, voir Prières et textes liturgiques p. 27)
Célébrant:
« Heureux sommes-nous maintenant, de nous approcher, librement, pour recevoir le
pain du pardon et de la réconciliation, pain de nos faims les plus profondes, pain qui
nous met en solidarité.
Oui, Seigneur, donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».
Action de grâce et envoi
Célébrant:
« Le Seigneur a nourri notre faim de pardon et de réconciliation!
Laissons monter vers Lui notre reconnaissance »:
Chant
« Notre Père » récité ou chanté
Célébrant:
« Le pardon de Dieu est toujours gratuit ...
Mais il nous invite à apporter, à vivre ce pardon dans
notre quotidien, dans nos situations de conflits.
A chacun, en conscience, de décider devant le Seigneur ce qu'il veut faire:
- nourrir sa faim d’une Parole de vie
- vivre une vraie rencontre
- porter un regard qui libère sur une personne
- vivre une parole, un geste de reconnaissance.
Que chacun se laisse guider par l'Esprit-Saint! »
Pour les fidèles catholiques: accueil du sacrement de la réconciliation.
Chant
Selon répertoire local. Propositions:
« Peuple de frères » (CNA 576)
« Pain rompu pour un monde nouveau » (CNA 338)
« Magnificat » ou « Gloria, gloria » (Taizé)
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Cette célébration a été réalisée par Michel-Ambroise Rey

Apprends-nous, Seigneur
Prières et textes liturgiques
A aimer la terre comme notre mère,
les fleuves comme nos frères,
les fleurs comme nos sœurs,
les animaux comme nos proches.
Ainsi, nous ne détruirons plus
ce qui nous est offert.
Ainsi, nous accueillerons en nous,
avec reconnaissance,
le souffle délicat du vent,
l’éclat de la rosée sur les herbes,
le jeu des mouches,
la fraîcheur de l’eau,
la chaleur de la terre.
Ainsi, nous verrons
ce que nous sommes:
une partie de la terre, de ta création.
Et nous nous réjouirons
du plus grand comme du plus petit.
Amen
Christian Zippert
Le soleil brille pour tous
Seigneur, que désires-tu vraiment
avec ta création?
Qu’attends-tu de nous?
Tu as créé le soleil pour tous.
La terre, l’eau,
les plantes et les animaux
sont aussi là pour tous.
Mais la réalité est autre.
Beaucoup vivent entassés dans des taudis.
Ils voient à peine la lumière du soleil.
Ils boivent de l’eau sale.
Ils n’ont pas de terre
où se sentir chez eux.
Et il y a tant de personnes opprimées,
malades, isolées!
Mais tu nous as rassemblés, Toi.
Nous aimerions être ouverts à ta volonté.
Nous aimerions faire quelque chose,
pour que le soleil illumine tout le monde,
pour qu’il y ait de l’eau potable
dans les maisons des pauvres,
pour que la terre appartienne à tous.
Aide-nous à discerner ta volonté,
avec nos yeux, nos oreilles et notre cœur.
24
Aide-nous aussi à l’accomplir,
avec notre bouche, nos mains et nos pieds.
Amen
Prière de Taïwan
Père des dix paroles
Père des dix paroles,
nous tournons vers toi notre prière
Accompagne notre marche au désert
et délivre-nous de la tentation de
nous délivrer nous-mêmes!
Quand demain, nous serons
perdus dans nos choix,
redis-nous que seule ta tendresse
est le terreau de notre liberté!
Quand demain, nous serons fascinés
par le miroir sans fin des images
de nous-mêmes,
entraîne notre regard au discernement
de l’invisible
qui fonde les êtres et le monde!
Quand demain, nous manipulerons ton nom
pour asseoir nos positions,
rappelle-nous que tu es un Dieu du voyage
dont le nom ne se prononce pas!
Quand demain, nous oublierons
le goût de la halte,
apaise nos pas et redonne-nous
la mémoire du septième jour!
Quand demain, nous serons en difficulté
avec nos parents,
ne nous laisse pas oublier
qu’ils sont la racine par où notre vie a passé!
Quand demain, la violence barrera l’horizon
et qu’autrui nous sera intolérable,
creuse dans notre impossible
le possible de ta paix!
Quand demain, notre amour s’étiolera
et que nous vivrons dans d’autres rêves,
renouvelle en nous la vie d’où monte
tout élan vers l’autre!
Quand demain, nous viendra l’envie
de la possession et du rapt,
dessine en nous ton amour
qui vit d’être donné!

Quand demain, nous serons tentés
d’accabler autrui pour nous sauver,
sur la peur et le mensonge,
découpe en nous l’audace de la vérité!
Quand demain, nous serons habités
par le désir d’être autre,
rends-nous à la joie d’être nous-mêmes!
Père des dix paroles,
il est temps de conjuguer nos vies
aux dix temps de ta liberté!
Nous tournons vers toi notre prière,
accompagne notre marche au désert!
Amen
Francine Carrillo
Prière tirée de « Traces vives.
Paroles liturgiques pour aujourd’hui »,
de L. Basset, F. Carillo et S. Schell, pp. 45-46, © 1997,
2006 3 , éd. Labor et Fides, Genève, Suisse
Pour la route
Que le Dieu itinérant:
- chemine devant toi pour te conduire,
te donner confiance, te montrer la direction
et te donner l'espérance dans l'utopie
du Règne et de sa justice!
- chemine derrière toi pour te pousser,
t'écouter, t'inquiéter, te questionner!
- chemine à ton côté pour t'accompagner,
te réjouir et te faire sentir sa présence!
- chemine sous toi pour te sustenter,
te fortifier et te donner courage,
fermeté et assurance!
- chemine en toi pour te faire sentir
son pardon, sa paix, sa liberté, son affection
et son amour sans conditions!
Que le Dieu itinérant qui est Père, Fils
et Saint-Esprit te bénisse.
Amen
Paco Almenar - SJ
Prière d’illumination
Nous te bénissons, Dieu tout-puissant,
et nous implorons ta bonté:
tu as fait profiter ces fruits de la terre
de la pluie et du soleil;
imprègne-les de ta bénédiction
comme de la rosée du ciel,
accorde à ton peuple
de toujours te rendre grâce pour tes bienfaits,
et par la fertilité que tu donnes à la terre,
que les biens affluent pour les affamés:
ainsi les pauvres te béniront
et chanteront ta gloire.
par Jésus, le Christ, notre Seigneur,
Amen
Prière extraite de la liturgie
25
Prière quotidienne
Seigneur, créateur et protecteur de toute vie,
tu as conclu une alliance avec Noé
sous le signe de l’arc-en-ciel.
Tu t’es déclaré solidaire de tout ce qui vit.
Ouvre nos yeux sur tout ce par quoi
nous limitons et mettons en péril
la dignité et les possibilités de vie des autres.
Donne-nous la force et l’imagination
de changer nos actes,
et faire qu’ils deviennent
une bénédiction pour toute la création.
C’est pourquoi nous te prions…
Amen
Prière tirée de « Fair Handeln »
Prière sur le monde
Seigneur,
tu es le Créateur de tous les êtres humains.
Nous, les peuples de l’Afrique,
nous te remercions
pour les beautés de ta création.
Nous pensons que tu es là,
au cœur de nos différences
religieuses et culturelles,
dans la vie de chacun d’entre nous.
Même si nous ne t’appelons pas tous
par le même nom,
nous reconnaissons néanmoins
que tu es la source de la vie.
Nous te rendons grâce pour notre joie de vivre.
Nous te prions, Seigneur, source de vie.
Nous te prions, Seigneur,
créateur des êtres humains,
nous te prions, Seigneur, notre protecteur.
Nous te prions pour tous les peuples
de l’Afrique:
veille sur eux et protège la vie
que tu leur as donnée.
Seigneur,
nous te remercions pour le sens de la solidarité,
particulièrement fort en Afrique.
Fais aussi croître la solidarité
en temps de crise,
pour que l’individualisme ne s’implante pas
dans nos pays.
Seigneur,
nous te remercions pour le sens de l’hospitalité,
particulièrement fort en Afrique.
Donne-nous la force d’accueillir
toutes les personnes et chacune d’entre elle,
afin que jamais personne ne soit exclu
à cause de sa langue ou de sa religion.
Eloigne de l’Afrique tout germe de racisme
ou de haine entre les peuples,

afin que notre continent reste ouvert
et prêt à l’accueil.
Fais que la pauvreté ne nous pousse pas
à fermer nos portes à celles et ceux
qui sont encore plus pauvres.
Seigneur,
regarde les souffrances
de ton peuple en Afrique,
ses terribles maladies,
ses guerres insensées,
les sécheresses, les inondations et la faim.
Fais naître des initiatives d’entraide.
Seigneur,
fortifie tous ceux qui s’engagent
pour la paix et la réconciliation
entre les peuples déchirés,
qu’ils trouvent en toi la force dont ils ont besoin,
pour créer un monde meilleur.
Amen
Prière du Cameroun
Tu insuffles ta vie en toutes choses
Esprit Saint, Esprit du Dieu vivant,
tu insuffles ta vie en toutes choses,
en tout ce qui est inaccessible et vulnérable.
Tu fais même jaillir l’eau vive
des blessures
que nous nous infligeons mutuellement.
Et par Toi,
la vallée des peurs devient
un lieu de ressourcement et de guérison.
Ainsi, par ta présence constante,
tu fais toutes choses nouvelles
dans notre vie intérieure.
Depuis toujours et à jamais.
Amen
Prière de Sri Lanka
Amis, dehors!
Amis, dehors!
Vous êtes un peuple de passage!
D’origine, par humanité,
vous existez pour abaisser les remparts
qui transforment les habitants de la terre
en étrangers définitivement opposés
les uns aux autres.
Vous êtes nés pour renverser les murs
qui dressent des refuges de méfiance
dans les pays et les cœurs et en vous-mêmes.
26
Par vocation, vous êtes nommés
pour faire jaillir le désir d’un monde à ouvrir
et pour organiser la rencontre des habitants
de la terre se reconnaissant enfin membres
de la même famille.
Amis, dehors!
Sortez de chez vous!
Par le baptême vous êtes un peuple
de migration
appelé à passer plus loin que vos frontières!
* Nous passerons les frontières des peurs
qui nous maintiennent enfermés en nous-mêmes
et dans la conscience de notre faiblesse.
Alors s’ouvriront nos mains pour se joindre
aux mains tendues de partout.
* Nous passerons les frontières du regard
habitué à se fixer toujours sur
les mêmes visages et à se détourner
des autres difficiles à supporter.
Alors s’ouvrira notre cœur et nos yeux étonnés
verront de surprenantes beautés.
* Nous passerons les frontières de l’intolérance
qui,
sous prétexte d’ordre et de vérité,
autorise à rejeter sans appel
ceux qui ont choisi d’autres chemins.
Alors s’ouvrira le dialogue et toujours le respect
sera notre première parole.
* Nous passerons les frontières des apparences
qui emprisonnent les êtres dans leur âge
ou leur pauvreté ou leur richesse
ou leur handicap.
Alors s’ouvrira la bienveillance et loin
de tout jugement,
nous recevrons leurs trésors cachés.
* Nous passerons les frontières des religions,
sans nous laisser séparer et sans nous opposer
sous prétexte que les uns sont plus proches
du vrai Dieu que les autres.
Alors s’ouvrira l’alliance entre tous
les chercheurs de Dieu
et Dieu sera plus visible au milieu des hommes.
* Nous passerons les frontières de l’exclusion
qui,
sans pitié, renvoie l’autre à sa misère
et à sa détresse,
en lui refusant le droit d’être notre prochain.
Alors s’ouvrira la solidarité
et la terre humaine sera enfin
à l’image et à la ressemblance de Dieu.
* Nous dépasserons les frontières du rêve et,
à la place que nous occupons,

nous mettrons à l’œuvre
la puissance de notre amour.
Alors, dès maintenant, se lèvera,
un peuple de frères et de sœurs
libres enfants de notre Père qui est aux cieux!
Texte de Charles Singer
tiré de « Terres », éd. du Signe, pp. 188-189
Faim
Auprès de toi, Seigneur,
nous venons
les mains et le cœur tendus
pour supplier,
pour demander
pour frapper à ta porte!
Nous venons près de toi
sans honte, publiquement,
avec assurance
pour implorer!
N’es-tu pas notre Père?
N’est-ce pas toi
qui as fondé l’univers?
Alors,
comme des enfants confiants,
sûrs d’être les bien-aimés
de ta tendresse,
nous venons près de toi
pour te répéter inlassablement:
les hommes ont faim!
Ils veulent du pain,
ils veulent goûter la paix,
ils veulent manger du bonheur,
ils veulent se repaître de bonté,
ils veulent s’alimenter de fidélité,
ils veulent grandir dans l’amour!
Pourrais-tu oublier, Père,
le fruit de tes entrailles?
Et voici notre Père,
que tu ouvres notre foi
afin que nous puissions contempler
avec étonnement
la réponse que tu donnes
à notre supplication répétée:
Jésus le Christ!
C’est lui qui vient veiller
à l’apaisement de notre faim.
C’est lui qui vient prendre soin
des habitants de la terre
qui veulent se rassasier
de vie et d’amour.
C’est lui, Jésus le Christ,
le Pain de la vie
27
offert à la faim des hommes
jusqu’au bout du temps!
Texte de Charles Singer
tiré de « Semailles », éd. du Signe, p. 119
Les dix commandements
Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’apporte la
délivrance. Pour ton bonheur, écoute ce que j’ai
à te dire.
1. Tu n’auras pas d’autres dieux que moi, car
ta vie m’appartient tout entière.
2. Tu ne consacreras pas ta vie à un idéal
inventé par les hommes.
3. Tu ne porteras pas le nom de chrétien à la
légère.
4. Tu sauras sauvegarder du temps pour
retrouver ton Dieu.
5. Respecte ton père et ta mère.
6. Tu seras un défenseur de la vie partout où
elle est menacée.
7. Tu seras fidèle à celui que tu as promis
d’aimer.
8. Tu chercheras toujours le bien de ton
prochain.
9. Tu seras un homme sur la parole duquel on
peut compter.
10. Tu ne te laisseras pas attirer par tous les
faux bonheurs que le monde fait miroiter
devant toi.
Exode 20, 2-17
Notre pain de ce jour
Il est tôt. Comme chaque matin,
Les enfants se querellent avec les chiens
autour des poubelles.
Ils fouillent tout, dedans et dehors,
les restes des repas.
Les enfants partagent avec les chiens
le pain pourri des détritus.
Un monde de chien, sans cœur.
C’est la manière que Dieu a trouvé
pour accueillir la prière
De ces pauvres enfants affamés:
« Donne-nous aujourd’hui
notre pain de ce jour ».
Ce jour-là, non cette semaine-là,
Le pain sur notre table n’était plus rassis.
Amer était le pain rempli
des souffrances des pauvres
Qui sont des prières pour Dieu.
C’est ensuite seulement que le pain
est devenu doux et bon,
Quand il a été partagé
Avec les enfants affamés et les chiens! »
Leonardo Boff, Brésil

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