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la vie des arts céramique<br />
le bonheur dans le hasard, c’est la<br />
définition du raku, une des techniques<br />
d’émaillage que teresa spina explore<br />
depuis qu’elle s’est installée àCap<br />
d’ail. une ville qui joua le rôle de<br />
révélateur dans son parcours fusionnel<br />
d’artiste céramiste.<br />
teresa spina<br />
terre en vue !<br />
née de parents immigrés calabrais, teresa, après avoir<br />
transité par la lozére et la Gironde pose ses valises sur<br />
la côte d’azur il yaquinzaine d’années. et si elle fut<br />
assistante sociale dans une autre vie «pour ne pas contrarier des<br />
parents effrayés par le simple mot de Beaux arts », elle renoue au<br />
sud avec ses premières amours « J’ai traîné des toiles inachevées<br />
pendant longtemps. enarrivant àCap d’ail, la première chose<br />
que je fis fut dem’inscrire dans un atelier de peinture et de suivre<br />
des cours desculpture ». et la passion longtemps refoulée finit<br />
par faire céder la digue. Comble de l’ironie, àl’origine de ce mini<br />
séisme :laterre «Jesuis repartie en larmes de mon premier<br />
cours, je ne m’attendais pas àvivre une tel choc en manipulant<br />
l’argile !».<br />
le bonheur dans le hasard<br />
une sorte de renaissance qui fait que teresa commence àtravailler<br />
«sur un tabouret de 50 cm 2 »dans sacuisine. Mais la soif<br />
de rattraper le temps perdu est si forte qu’elle sollicite Claude<br />
rosticher «Jelui ai dit, c’est urgent jesuis en train de mourir, il<br />
faut que je fasse quelque chose de mes deux mains !»l’homme<br />
qui dirigera pendant prés de 20 ans l’école d’art plastique de Monaco<br />
lui permet d’intégrer l’établissement en auditeur libre, sa<br />
tranche d’age ayant dépassé celle des jeunes étudiants teresa<br />
touche àtout, gravure, reliure, céramique jusqu’à ce qu’une autre<br />
rencontre la mette sur la voie. daphné Corregan professe alors<br />
au Pavillon Bosio «C’est une grande artiste américaine spécialiste<br />
du raku coréen, que l’exploration delamatière aamené jusqu’en<br />
pays dogon en afrique ».sur les conseils de cette dernière, teresa<br />
multiplie les stages auprès de sculpteurs émérites. et les portes<br />
s’ouvrent «dumoment où j’ai rencontré l’argile, tout s’est accéléré.<br />
les rencontres que j’ai pu faire ont fini par avoir raison de<br />
ma crainte àfranchir le pas ».ainsi la municipalité de Cap d’ail<br />
lui propose d’assurer des cours d’initiations àl’art plastique à<br />
l’école primaire «lacommune aété retenue dés 1995 atitre expérimental<br />
dans le cadre du dispositif arveJ inspiré du modèle<br />
d’enseignement allemand. le matin était consacré aux disciplines<br />
générales, l’après midi aux sports et aux activités culturelles »<br />
teresa propose alors au maire de Cap d’ail, Xavier Beck de créer<br />
tube «par chemin »,<br />
terre engobée, monocuisson 59X11 «payssage », acrylique 80X80<br />
«stelle pour horizon »,<br />
terre engobée et fer<br />
monocuisson 44X48<br />
façonnage tube «par chemin »<br />
des ateliers de modelage céramique. au terme du projet qui durera<br />
trois ans, l’atelier sera maintenu. aujourd’hui teresa mène<br />
de front plusieurs activités. aCap d’ail elle continue de dispenser<br />
ses cours àl’école andré Malraux et de diriger un atelier de céramique<br />
ouvert àtous «une formule qui afait des fidèles». elle<br />
se rend également àMenton où Jacqueline verdini, artiste et élue<br />
àlaculture de la ville lui aconfié des cours àl’école municipale<br />
d’art plastique<br />
«Jefais des tubes !»<br />
le reste du temps, elle le consacre àses créations. après des<br />
travaux axés sur la matière qu’elle tritura, jusqu’à l’accident, la<br />
déchirure, elle s’intéresse àdes formes plus épurées «enm’apaisant,<br />
jevais vers l’essentiel »etaubestiaire tourmenté des débuts,<br />
suit une étrange smala, une famille épousant la forme de<br />
cactées. la symbolique de la lune et du soleil, la notion de masculin<br />
et féminin participe àsarecherche. son travail actuel :«des<br />
couples symbolisés par des hautes cheminées très tendus, liés<br />
par des petites passerelles sur fond de monochrome bleus et gris<br />
béton »<br />
Ce cheminement vers un graphisme dépouillé est né voici un an<br />
«J’avais des toiles et des tubes d’acrylique noire qui traînaient.<br />
J’ai ressenti une forte envie de peindre avec une piste :lenoir et<br />
blanc. Je me suis mis alors àfaire des ponts tout en travaillant<br />
des motifs d’empreintes via la gravure »ainsi naquirent ces long<br />
cylindres où les aplats de couleurs et des signes/traces évoquent<br />
une calligraphie ou des paysages vus duciel avec des rythmes de<br />
couleurs renvoyant àl’univers de Miro ou Klee, empruntant par