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REPORTAGE<br />
Elle utilise alors un déambulateur, mais à<br />
contrecœur. En 2002, elle se rend compte<br />
que le fauteuil roulant, qu’elle a tant craint,<br />
peut lui procurer une grande liberté de<br />
mouvement. «J’aime aller sur les marchés<br />
ou à des concerts. Avec le déambulateur,<br />
c’était quasiment impossible. Le fauteuil<br />
roulant m’offre de nouvelles possibilités.»<br />
A cette époque, Barbara peut encore conduire<br />
elle-même une voiture et s’adonner<br />
en partie à ses loisirs préférés. Elle trouve<br />
un nouvel emploi dans un atelier pour<br />
personnes handicapées du village voisin.<br />
Faire contre mauvaise fortune bon cœur<br />
L’évolution rapide de la maladie et les<br />
troubles toujours croissants assaillent Barbara<br />
Dietrich. Elle trouve appui auprès de<br />
sa famille, ses parents et ses deux frères<br />
Thomas et Reto. Les conseils prodigués<br />
par la Société SEP lui sont également d’une<br />
grande aide. «Le psychologue de la Société<br />
SEP m’a beaucoup aidée. Il m’a fait comprendre<br />
que je disposais de deux possibilités:<br />
m’enfouir la tête dans le sable comme<br />
l’autruche, ou bien accepter mon sort et<br />
faire contre mauvaise fortune bon cœur.<br />
J’ai depuis pris le parti d’adopter cette<br />
deuxième attitude.» Barbara Dietrich a<br />
appris à «faire avec». Lorsqu’en 2005, il ne<br />
lui est plus possible de conduire en raison<br />
de son acuité visuelle toujours plus faible,<br />
la jeune femme décide de trouver d’autres<br />
6 | N° 2 | Juin 2011<br />
Dès que c’est possible, Barbara Dietrich va se promener dehors, dans la nature.<br />
moyens de vivre pleinement sa vie. Et s’il<br />
lui est douloureux de constater que son<br />
équipe d’unihockey a remporté trois fois<br />
en 2006, 2007 et 2009, la médaille d’or aux<br />
championnats suisses sans sa participation<br />
active, elle se console en se réjouissant<br />
de ces victoires en tant que coach.<br />
«Il faut se battre et ne jamais laisser<br />
tomber.»<br />
En 2008, la jeune femme de 32 ans emménage<br />
seule dans un studio d’une résidence<br />
pour personnes âgées à Morat.<br />
«C’était un pas important et adéquat vers<br />
«Le pas vers<br />
l’autonomie<br />
était juste»<br />
l’autonomie. Je me suis sentie entre de<br />
bonnes mains à Morat. Toutefois, j’étais<br />
trop jeune pour vivre dans une résidence<br />
pour personnes âgées. Je suis très heureuse<br />
de la solution actuelle. Sans colocataire,<br />
je ne pourrais pas me permettre de louer<br />
cet appartement.» Le sport occupe encore<br />
aujourd’hui une place certes différente,<br />
mais tout aussi importante dans la vie de<br />
Barbara Dietrich. «A partir du nombril, j’ai<br />
l’impression que tout le bas de mon corps<br />
est engourdi», explique la jeune femme qui<br />
s’entraîne une demi-heure par jour sur son<br />
Motomed. Ce home-trainer fait bouger<br />
ses jambes et stimule ainsi la circulation<br />
sanguine. Barbara Dietrich ne manque<br />
vraiment pas d’énergie. Elle assiste aussi<br />
souvent que possible aux matches de ses<br />
équipes préférées, le HC Fribourg-Gottéron<br />
et les Berner Young Boys, et encourage<br />
son équipe d’unihockey depuis le banc<br />
des entraîneurs. Elle apprécie tout autant<br />
les séjours en groupe pour les jeunes de la<br />
Société SEP, auxquels elle participe avec<br />
enthousiasme chaque année depuis leur<br />
mise en place il y a quatre ans. «Je m’en<br />
réjouis déjà», déclare Barbara, un sourire<br />
communicatif et des plus touchants aux<br />
lèvres. Pour son extraordinaire indépendance,<br />
son courage et son optimisme, Barbara<br />
Dietrich mérite notre plus grand res-<br />
pect, voire une médaille d’or symbolique.<br />
Texte: Erica Sauta<br />
Photos: Tres Camenzind