Page précédente : texte de Barbara Muller, commissaire d’exposition Illustration : Yslaire in Le XX e siècle.com – t. 2 : mémoires 99 (Les Humanoïdes associés, 2001)
EXPOSITION Commotion, acclimatation et bornes Par Barbara Muller, commissaire d’exposition Pour concevoir une exposition, mettre en scène un thème, le faire sentir et découvrir à un public, il faut se plonger dans sa matière. Que ce soit les ours, la céramique, le temps ou la littérature érotique. Littérature érotique, du texte qui parle de chairs, de rencontres, de solitudes, de mouvements, d’abandon, de sentiments, avec ses peaux, sa sueur, ses poils, ses muscles, ses plis. Des images aussi, celle des couvertures, déjà autocensurées, plutôt pudiques, qui suggèrent, donnent envie sans rebuter ou trop en dire, posent un décor et une ambiance. La littérature érotique parle de séduction et d’amour, mais surtout de son acte, l’acte sexuel, décrit, creusé, exposé et détaillé. Elle est subtile ou concrète, élégante ou grossière et laborieuse. La littérature érotique est une porte d’entrée – la version gracieuse et cérébrale – vers un monde qui nous cerne. La sensualité, la nudité, les insinuations sont partie intégrante de notre quotidien. Mais pour parler de « ça », il faut visiter le « reste ». La porte d’entrée mène à la maison du sexe, dont les étages conduisent à toujours plus nu, plus mobile, plus implacable et abrupt. On manie d’abord ces livres, leur apparence et leur contenu. Puis pour les mettre en scène – sous vide, comme dans un jeu de séduction où la matière n’est pas tout de suite accessible, aiguisant curiosité et convoitise – on les entoure de sous-vêtements. Sous vide eux aussi. Ils sont ludiques, ils sont frivoles, font rire ou plisser le front. Petits bouts de tissus à plume, à poils, à dentelles, à frou-frou, transparents ou opaques. Ils sont l’emballage de corps et de situations. Puis on cherche les limites de son sujet : romantique, érotique, pornographique, où êtes-vous ? Le public jugera, étant donné que ces bornes sont subjectives. On lui met – à ce public qu’on a peur de choquer, mais qu’on veut questionner – à disposition des objets. Ceux du romantique, de l’érotique et du pornographique. Aller chercher ces objets. Mais où ? Premier arrêt, sur conseil de connaissances avisées, au sexshop de la bourgeoise, caché au 5
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