Sébastien Delarre, Richard Duhautois - Centre d'études et de ...
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proche <strong>de</strong> 1, alors la plupart <strong>de</strong>s personnes exerçant le même métier que les salariés <strong>de</strong> l’entreprise à<br />
l’extérieur <strong>de</strong> l’entreprise <strong>et</strong> dans le même département le fait <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 1 an. Il y a dès lors peu<br />
<strong>de</strong> rotation. C’est-à-dire un faible volant d’actifs changeant d’emploi <strong>et</strong> donc un faible volant d’actifs<br />
ayant récemment été occupés disponibles pour le recrutement (la situation <strong>de</strong> tight labor mark<strong>et</strong><br />
décrite par Doeringer, Piore, 1971). Dans une telle situation les opportunités extérieures sont fortes<br />
parce que les employeurs disposent <strong>de</strong> peu d’alternatives pour le recrutement <strong>de</strong> personnes récemment<br />
occupées 5 , il est donc facile <strong>de</strong> se faire recruter lorsqu’on quitte l’entreprise dans laquelle on se trouve.<br />
On doit donc s’attendre à ce que ces opportunités extérieures aient un eff<strong>et</strong> négatif sur la mobilité<br />
intra-groupe <strong>et</strong> c’est effectivement ce qu’on observe, mais cela seulement <strong>de</strong> façon claire au niveau<br />
<strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s aggravants <strong>de</strong>s coefficients décomposés. Les coefficients non décomposés montrent en eff<strong>et</strong><br />
une gradation univoque à travers les PCS, mais positive pour les <strong>de</strong>ux premières : <strong>de</strong> 0,70 <strong>et</strong> 0,34 pour<br />
les cadres <strong>et</strong> les professions intermédiaires à -0,17 <strong>et</strong> -0,70 pour les employés <strong>et</strong> les ouvriers. Pourquoi<br />
c<strong>et</strong>te intrusion <strong>de</strong> coefficients positifs inattendus ? La décomposition <strong>de</strong> Cragg apporte une<br />
désagrégation perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> démêler le problème. Les eff<strong>et</strong>s décomposés sont en eff<strong>et</strong> toujours<br />
négatifs sauf pour les eff<strong>et</strong>s déclencheurs <strong>de</strong>s cadres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s professions intermédiaires. Rappelons que<br />
les opportunités représentent la part <strong>de</strong> l’emploi stable calculée au niveau <strong>de</strong>s départements avec les<br />
PCS. Pour nous ce constat s’interprète facilement : dans une situation où le marché externe ne perm<strong>et</strong><br />
pas un volume suffisant <strong>de</strong> candidatures, les employeurs se tournent vers leurs marchés internes pour<br />
recruter <strong>de</strong>s profils convenables, comme nous l’avons vu pour les coefficients non décomposés. Mais<br />
la décomposition ajoute qu’ils ne le font pas massivement : la faiblesse <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s<br />
aggravants montre le caractère ciblé <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> recrutement <strong>et</strong> renvoie <strong>de</strong> façon plus générale à la<br />
relative faiblesse <strong>de</strong>s mobilités occasionnées par le marché interne par rapport à celles occasionnées<br />
par le marché externe.<br />
On peut remarquer en outre que les eff<strong>et</strong>s aggravants <strong>de</strong>s opportunités <strong>de</strong>s cadres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
professions intermédiaires sont plus négatifs encore que ceux <strong>de</strong>s employés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ouvriers. Il<br />
semblerait que les premiers profitent davantage d’une situation offrant <strong>de</strong> nombreuses opportunités<br />
extérieures. Ainsi la positivité <strong>de</strong>s coefficients déclencheurs pour les cadres <strong>et</strong> les professions<br />
intermédiaires par rapport à la négativité <strong>de</strong> ces coefficients pour les employés <strong>et</strong> les ouvriers associés<br />
à la négativité plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s coefficients aggravants <strong>de</strong>s premiers par rapport aux niveaux atteints<br />
par ceux <strong>de</strong>s seconds renvoient à une configuration <strong>de</strong> coefficients tout à fait ordonnée : les cadres <strong>et</strong><br />
les professions intermédiaires sont difficiles à recruter <strong>et</strong> <strong>de</strong> ce fait les employeurs se replient<br />
davantage vers leurs marchés internes (mais pas <strong>de</strong> façon massive – faiblesse du marché interne par<br />
rapport au marché externe (Germe, 2001) : eff<strong>et</strong> déclencheur positif) mais c<strong>et</strong>te situation est à<br />
l’avantage <strong>de</strong> ces salariés qui peuvent alors se tourner vers le marché externe pour offrir leurs<br />
compétences à plus hauts salaires (eff<strong>et</strong> aggravants plus fortement négatifs pour les cadres <strong>et</strong> les<br />
professions intermédiaires que pour les ouvriers <strong>et</strong> les employés). Les employés <strong>et</strong> les ouvriers eux<br />
aussi sont sensibles à la disponibilité extérieure d’opportunités mais d’une façon moins accentuée <strong>et</strong>,<br />
ce qui est lié, on cherche par ailleurs moins à les r<strong>et</strong>enir parce qu’ils sont moins difficiles à remplacer :<br />
on peut se contenter d’une file <strong>de</strong> candidats plus faible pour en sélectionner un parce que les<br />
compétences varient peu.<br />
Conclusion<br />
Le résultat le plus important <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> concerne le rôle <strong>de</strong>s structures locales dans la<br />
mobilité <strong>de</strong>s salariés, quelles que soient l’ancienn<strong>et</strong>é <strong>de</strong> la société dans le groupe, la catégorie socioprofessionnelle<br />
<strong>de</strong>s salariés <strong>et</strong> les opportunités d’emploi extérieures au groupe ; ces variables jouent<br />
évi<strong>de</strong>mment également chacune leur rôle. Ce résultat est à m<strong>et</strong>tre en opposition avec l’idée d’une<br />
structure globale qui maîtrise tout le processus d’attribution <strong>de</strong>s postes dans un groupe. Cela est vrai<br />
5. Puisque la plupart <strong>de</strong>s personnes occupées ten<strong>de</strong>nt à ne pas bouger, elles n’étaient pas le mois précé<strong>de</strong>nt en train d’offrir<br />
leur expérience sur le marché du travail ; <strong>de</strong> même si la plupart <strong>de</strong>s postes occupés le sont <strong>de</strong>puis plus d’un an, ceux qui se<br />
trouvent sur le marché ten<strong>de</strong>nt à n’avoir pas été employés <strong>de</strong>puis un certain temps. La mesure que nous proposons ici<br />
n’implique rien quant au volume d’actifs inoccupés disponibles, mais elle perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>s hypothèses sur la nature <strong>de</strong> ces<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs.<br />
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