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Toute entreprise ne peut être à l’extrémité que d’une seule flèche pleine (elle ne peut pas être possédée à plus de 100 %). La seule organisation qui n’est à l’extrémité d’aucune flèche est nommée « tête de groupe » ; elle est représentée par un carré dans le graphique (ici « BG » est la tête de groupe). Graphique 1 – Un exemple de groupe Ce qu’on voit apparaître dans un tel graphique est en fait une hiérarchie avec à son sommet (en son centre), la tête de groupe, et tout en bas (en périphérie) les sociétés filles n’en contrôlant aucune autre. Conformément aux remarques qui ont été faites auparavant, il faut bien garder à l’esprit que ce graphique représente le cœur du groupe qui peut très bien continuer au-delà des organisations situées en périphérie ; ces organisations n’ont pas été interrogées sur leurs portefeuilles d’actifs parce qu’elles ne remplissent aucune des trois conditions d’entrée dans la base LIFI en tant que « société amont » (cf. supra). Tout mouvement professionnel dans ce type de configuration hiérarchique peut en fait y être situé d’une façon essentielle pour la suite. Prenez par exemple les organisations « AC » et « AW » toutes deux filles de « BJ » (en bas au milieu). Imaginons qu’un salarié passe de « AC » à « AW » entre 1998 et 1999. On voit immédiatement que la caractéristique essentielle de ce mouvement est de se réaliser entre deux filles d’une même mère : elles ont donc toutes deux le même ascendant hiérarchique direct (i.e. leur mère, « BJ »). Maintenant prenons un mouvement ayant lieu entre « A5 » et « B5 » (au centre du graphique). Il a la même caractéristique que celui que nous venons de voir : « A5 » et « B5 » ont également un même ascendant hiérarchique direct, et un seul, « BG », qui est leur mère. On dira alors que ces deux mouvements (de « AC » vers « AW » et de « A5 » vers « B5 ») sont équivalents et qu’ainsi tous les mouvements de ce type peuvent être regroupés et dénombrés au sein d’une même classe d’équivalence. Qu’en est-il dès lors d’un mouvement ayant lieu entre « BR » et « BC » (en haut à droite) ? Ces deux entreprises n’ont pas la même mère et ne renvoient donc pas à la classe d’équivalence que nous venons de présenter. Mais nous voyons qu’un autre lien de parenté structurale les unit : « BR » est fille 316
de « AL », qui est en fait une sœur de « BC ». Or nous voulons ici retrouver leur ascendant hiérarchique commun (et nous voulons qu’il soit le plus proche possible de chacune des deux sociétés) : il va donc falloir aller le chercher un peu plus haut dans la structure, et celui qu’on trouve le premier est « B1 ». Et ce « plus haut dans la structure » signifie simplement que nous devons commencer à parler en termes de distances. Ainsi quand un mouvement a existé depuis « BR » vers « BC », le fait de chercher leur ascendant hiérarchique commun le plus proche nous conduit à « B1 » qui se trouve à 1 pas de distance de « BC » et à 2 pas de distance de « BR ». Et dans les deux cas précédents, les distances aux ascendants hiérarchiques communs les plus proches pour les couples de sociétés {« AC », « AW »} et {« A5 », « B5 »} étaient dans les deux cas de 1 pas depuis la société de départ du salarié et de 1 pas depuis la société où il est arrivé. Nous adopterons alors l’écriture suivante : le couple de distances à l’ascendant hiérarchique commun le plus proche pour un mouvement allant de « BR » vers « BC » s’écrira {1,2}, celui concernant un mouvement allant de « AC » vers « AW » ou de « A5 » vers « B5 » s’écrira {1,1}. Le premier chiffre donne la distance depuis la firme de départ, le second depuis la firme d’arrivée. Il est à noter que les couples incluant un zéro sont possibles : {0,1} désigne le cas d’un salarié passant de la mère à une fille, ou {1,0} celui d’un salarié passant la fille à la mère. Suivant la taille des groupes, ces distances peuvent être plus ou moins importantes : dans l’exemple donné ici, la situation la plus extrême en terme de somme des distances est {4,3} pour un mouvement allant de la firme « BR » vers la firme « AC » (leur ascendant hiérarchique commun le plus proche étant « B5 »). On peut généraliser : tout mouvement professionnel ayant lieu entre deux sociétés membres d’un même groupe peut être traduit en un couple de distances {x,y} à leur ascendant hiérarchique commun le plus proche 2 . Nous pouvons donc comptabiliser l’ensemble des mouvements professionnels ayant eu lieu dans l’ensemble des groupes français sur toute la période dans un seul tableau, celui croisant la variable X et la variable Y du couple de distances {x,y} depuis les firmes de départ et d’arrivée à leur ascendant hiérarchique commun le plus proche. Un tel tableau produit par son croisement l’ensemble des classes d’équivalence possibles dont il ne reste plus qu’à compter les occurrences dans les données. Ce tableau représente sur le plan analytique un résumé des configurations d’échanges prenant effet sur la période et permet de répondre partiellement à la question que nous posons dans cet article : quel usage font les firmes membres des ressources disponibles dans le groupe ? Existe-t-il des cloisonnements et quel est leur type ? Le tableau 3 donne le guide de lecture des croisements pour des distances allant de 0 à 2 pas. Si nous nous sommes limités à ces distances c’est en raison de la rareté des mobilités impliquant de plus grandes distances, comme nous le montrons plus loin. En outre le tableau 3 vise à éclairer la logique qu’implique le croisement des variables X et Y des couples de distances {x,y} ; une fois cette logique acquise, son extension à des distances plus importantes est aisée. Le tableau 3 se lit ainsi : la structure financière est toujours la même (traits fins) : « A » possède « B » et « C » ; « B » possède « D » ; et « C » possède « E ». Cette petite structure ne vise pas à représenter un groupe. Elle est un sous-ensemble typique pouvant être extrait de n’importe quel groupe ; l’entreprise « A » peut contrôler davantage de firmes, les entreprises « D » et « E » peuvent elles-mêmes disposer de sociétés filles. Les groupes réels sont souvent bien plus vastes, mais ils sont toujours un agrégat de sous-ensembles élémentaires tel que celui représenté dans le tableau 3. Il est rare (3 %) que des sous-structures plus vastes soient nécessitées pour l’application de notre méthode. 2. Ceci est possible parce que chaque société n’a qu’une mère la contrôlant majoritairement. Ainsi les cas des co-entreprises, des joint-ventures, ne sont pas analysables en ces termes (par exemple « B9 », cf. graphique 1). Mais ces types de société sont assez rares : en 1999, sur 69 967 sociétés de groupes, seulement 1 719 doivent leur appartenance à leurs groupes à cette forme de contrôle (elles sont elles-mêmes ainsi contrôlées ou l’un de leurs ascendants l’est), de même seules 94 têtes de groupes cessent de l’être une fois la correction apportée. Il faut bien noter également que la technique utilisée ici ne fait référence qu’à la structure des liens majoritaires, les liaisons inférieures aux 50 %, flèches pointillées, ne servent pas dans la détermination de la position de l’ascendant hiérarchique commun le plus proche, ni dans le calcul des distances à ce dernier. 317
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