karl marx la guerre civile en france - communisme-bolchevisme
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ou bi<strong>en</strong> il devait s'affirmer le champion dévoué jusqu'au sacrifice de <strong>la</strong> France, qu'il était impossible de<br />
sauver de <strong>la</strong> ruine et de régénérer, sans un r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t révolutionnaire des conditions politiques et<br />
sociales qui avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré le Second Empire et qui, sous sa tutelle protectrice, avai<strong>en</strong>t mûri<br />
jusqu'au complet pourrissem<strong>en</strong>t.<br />
Paris, <strong>en</strong>core amaigri par une famine de cinq mois, n'hésita pas un instant. Il résolut héroïquem<strong>en</strong>t de<br />
courir tous les dangers d'une résistance aux conspirateurs français, bravant jusqu'à <strong>la</strong> m<strong>en</strong>ace des<br />
canons prussi<strong>en</strong>s braqués sur lui dans ses propres forts. Toutefois, dans son horreur de <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong><br />
où Paris al<strong>la</strong>it être <strong>en</strong>traîné, le Comité c<strong>en</strong>tral garda <strong>la</strong> même attitude purem<strong>en</strong>t déf<strong>en</strong>sive, <strong>en</strong> dépit des<br />
provocations de l'Assemblée, des usurpations de l'exécutif, et d'une m<strong>en</strong>açante conc<strong>en</strong>tration de<br />
troupes dans Paris et ses <strong>en</strong>virons. C'est Thiers qui ouvrit donc <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> <strong>civile</strong> <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant Vinoy à <strong>la</strong><br />
tête d'une foule de serg<strong>en</strong>ts de ville et de quelques régim<strong>en</strong>ts de ligne, <strong>en</strong> expédition nocturne contre<br />
Montmartre, pour y saisir par surprise l'artillerie de <strong>la</strong> Garde nationale. On sait comm<strong>en</strong>t cette t<strong>en</strong>tative<br />
échoua devant <strong>la</strong> résistance de <strong>la</strong> Garde nationale et <strong>la</strong> fraternisation de <strong>la</strong> ligne avec le peuple.<br />
D'Aurelle de Pa<strong>la</strong>dines avait fait imprimer d'avance son bulletin de victoire, et Thiers t<strong>en</strong>ait toutes<br />
prêtes les affiches annonçant ses mesures de coup d'Etat. Tout ce<strong>la</strong> dut être remp<strong>la</strong>cé par des appels de<br />
Thiers, proc<strong>la</strong>mant sa décision magnanime de <strong>la</strong>isser <strong>la</strong> Garde nationale <strong>en</strong> possession de ses armes; il<br />
se t<strong>en</strong>ait pour certain, disait-il, qu'elle les utiliserait pour se rallier au gouvernem<strong>en</strong>t contre les rebelles.<br />
Sur les 300 000 gardes nationaux, 300 seulem<strong>en</strong>t répondir<strong>en</strong>t à cet appel les invitant à s'allier au petit<br />
Thiers contre eux-mêmes. La glorieuse révolution ouvrière du 18 Mars établit sa domination<br />
incontestée sur Paris. Le Comité c<strong>en</strong>tral fut son gouvernem<strong>en</strong>t provisoire. L'Europe semb<strong>la</strong> pour un<br />
mom<strong>en</strong>t se demander si ses réc<strong>en</strong>ts et s<strong>en</strong>sationnels hauts faits <strong>en</strong> politique et dans <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> avai<strong>en</strong>t<br />
l'ombre d'une réalité, ou s'ils n'étai<strong>en</strong>t que les rêves d'un passé depuis longtemps révolu.<br />
Du 18 mars à l'<strong>en</strong>trée des troupes de Versailles à Paris, <strong>la</strong> révolution prolétari<strong>en</strong>ne resta si exempte des<br />
actes de viol<strong>en</strong>ce qui abond<strong>en</strong>t dans les révolutions, et bi<strong>en</strong> plus <strong>en</strong>core dans les contre-révolutions des<br />
«c<strong>la</strong>sses supérieures», que ses adversaires ne trouv<strong>en</strong>t pas matière à exhaler leur indignation, si ce n'est<br />
l'exécution des généraux Lecomte et Clém<strong>en</strong>t Thomas, et l'affaire de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce V<strong>en</strong>dôme.<br />
L'un des officiers bonapartistes <strong>en</strong>gagés dans l'attaque nocturne contre Montmartre, le général<br />
Lecomte, avait, par quatre fois, ordonné au 81 e régim<strong>en</strong>t de ligne de faire feu sur des civils sans armes,<br />
p<strong>la</strong>ce Pigalle, et, sur le refus de ses hommes, les avait furieusem<strong>en</strong>t insultés. Au lieu de fusiller<br />
femmes et <strong>en</strong>fants, ses hommes le fusillèr<strong>en</strong>t, lui. Les habitudes invétérées acquises par les soldats à<br />
l'école des <strong>en</strong>nemis de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière ne vont pas, sans doute, changer à l'instant même où ces<br />
soldats pass<strong>en</strong>t aux côtés de celle-ci. Les mêmes hommes exécutèr<strong>en</strong>t aussi Clém<strong>en</strong>t Thomas.<br />
Le «général» Clém<strong>en</strong>t Thomas, un ex-maréchal des logis mécont<strong>en</strong>t, s'était, dans les derniers temps du<br />
règne de Louis-Philippe, fait <strong>en</strong>rôler à <strong>la</strong> rédaction du journal républicain Le National 58 pour y servir<br />
au double titre d'homme de paille (gérant responsable) et de duelliste commissionné de ce journal très<br />
batailleur. Après <strong>la</strong> révolution de Février, les hommes du National, ayant accédé au pouvoir,<br />
métamorphosèr<strong>en</strong>t cet anci<strong>en</strong> maréchal des logis <strong>en</strong> général. C'était à <strong>la</strong> veille de <strong>la</strong> boucherie de juin,<br />
dont, comme Jules Favre, il fut un des sinistres instigateurs et dont il devint un des plus lâches<br />
bourreaux. Puis, ils disparur<strong>en</strong>t, lui et son titre de général, p<strong>en</strong>dant longtemps, pour rev<strong>en</strong>ir sur l'eau le<br />
1 er novembre 1870. La veille, le «gouvernem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> Déf<strong>en</strong>se», fait prisonnier à l'Hôtel de Ville, avait<br />
sol<strong>en</strong>nellem<strong>en</strong>t donné sa parole à B<strong>la</strong>nqui, à Flour<strong>en</strong>s et à d'autres représ<strong>en</strong>tants de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière,<br />
d'abdiquer son pouvoir usurpé <strong>en</strong>tre les mains d'une commune qui serait librem<strong>en</strong>t élue à Paris 59 . Au<br />
lieu de t<strong>en</strong>ir sa promesse, il lâcha sur Paris les Bretons de Trochu, qui remp<strong>la</strong>çai<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant les<br />
Corses de Bonaparte 60 . Seul, le général Tamisier, refusant de souiller son nom par un tel parjure, se<br />
démit du commandem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chef de <strong>la</strong> Garde nationale et, à sa p<strong>la</strong>ce, Clém<strong>en</strong>t Thomas redevint<br />
général. P<strong>en</strong>dant toute <strong>la</strong> durée de son commandem<strong>en</strong>t, il fit <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> non aux Prussi<strong>en</strong>s, mais à <strong>la</strong><br />
Garde nationale de Paris. Il <strong>en</strong> empêcha l'armem<strong>en</strong>t général, excita les bataillons bourgeois contre les<br />
bataillons ouvriers, élimina les officiers hostiles au «p<strong>la</strong>n» de Trochu et lic<strong>en</strong>cia, sous l'accusation<br />
infamante de lâcheté, ces mêmes bataillons prolétari<strong>en</strong>s dont l'héroïsme a maint<strong>en</strong>ant forcé<br />
l'admiration de leurs <strong>en</strong>nemis les plus acharnés. Clém<strong>en</strong>t Thomas se s<strong>en</strong>tait tout fier d'avoir reconquis<br />
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