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karl marx la guerre civile en france - communisme-bolchevisme

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Les choses n'allèr<strong>en</strong>t pas mieux pour les b<strong>la</strong>nquistes. Elevés à l'école de <strong>la</strong> conspiration, liés par <strong>la</strong><br />

stricte discipline qui lui est propre, ils partai<strong>en</strong>t de cette idée qu'un nombre re<strong>la</strong>tivem<strong>en</strong>t petit<br />

d'hommes résolus et bi<strong>en</strong> organisés était capable, le mom<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>u, non seulem<strong>en</strong>t de s'emparer du<br />

pouvoir, mais aussi, <strong>en</strong> déployant une grande énergie et de l'audace, de s'y maint<strong>en</strong>ir assez longtemps<br />

pour réussir à <strong>en</strong>traîner <strong>la</strong> masse du peuple dans <strong>la</strong> révolution et à <strong>la</strong> rassembler autour de <strong>la</strong> petite<br />

troupe directrice. Pour ce<strong>la</strong>, il fal<strong>la</strong>it avant toute autre chose <strong>la</strong> plus stricte c<strong>en</strong>tralisation dictatoriale de<br />

tout le pouvoir <strong>en</strong>tre les mains du nouveau gouvernem<strong>en</strong>t révolutionnaire. Et que fit <strong>la</strong> Commune qui,<br />

<strong>en</strong> majorité, se composait précisém<strong>en</strong>t de b<strong>la</strong>nquistes? Dans toutes ses proc<strong>la</strong>mations aux Français de<br />

<strong>la</strong> province, elle les conviait à une libre fédération de toutes les communes françaises avec Paris, à une<br />

organisation nationale qui, pour <strong>la</strong> première fois, devait être effectivem<strong>en</strong>t créée par <strong>la</strong> nation ellemême.<br />

Quant à <strong>la</strong> force répressive du gouvernem<strong>en</strong>t naguère c<strong>en</strong>tralisé: l'armée, <strong>la</strong> police politique, <strong>la</strong><br />

bureaucratie, créée par Napoléon <strong>en</strong> 1798, reprise depuis avec reconnaissance par chaque nouveau<br />

gouvernem<strong>en</strong>t et utilisée par lui contre ses adversaires, c'est justem<strong>en</strong>t cette force qui, selon les<br />

b<strong>la</strong>nquistes, devait partout être r<strong>en</strong>versée, comme elle l'avait déjà été à Paris.<br />

La Commune dut reconnaître d'emblée que <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière, une fois au pouvoir, ne pouvait<br />

continuer à se servir de l'anci<strong>en</strong> appareil d'Etat ; pour ne pas perdre à nouveau <strong>la</strong> domination qu'elle<br />

v<strong>en</strong>ait à peine de conquérir, cette c<strong>la</strong>sse ouvrière devait, d'une part, éliminer le vieil appareil<br />

d'oppression jusqu'alors employé contre elle-même, mais, d'autre part, pr<strong>en</strong>dre des assurances contre<br />

ses propres mandataires et fonctionnaires <strong>en</strong> les proc<strong>la</strong>mant, <strong>en</strong> tout temps et sans exception,<br />

révocables. En quoi consistait, jusqu'ici, le caractère ess<strong>en</strong>tiel de l'Etat? La société avait créé, par<br />

simple division du travail à l'origine, ses organes propres pour veiller à ses intérêts communs. Mais,<br />

avec le temps, ces organismes, dont le sommet était le pouvoir de l'Etat, s'étai<strong>en</strong>t transformés, <strong>en</strong><br />

servant leurs propres intérêts particuliers, de serviteurs de <strong>la</strong> société, <strong>en</strong> maîtres de celle-ci. On peut <strong>en</strong><br />

voir des exemples, non seulem<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> monarchie héréditaire, mais égalem<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> république<br />

démocratique. Nulle part les «politici<strong>en</strong>s» ne form<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> nation un c<strong>la</strong>n plus isolé et plus puissant<br />

qu'<strong>en</strong> Amérique du Nord, précisém<strong>en</strong>t. Là, chacun des deux grands partis qui se re<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t au pouvoir,<br />

est lui-même dirigé par des g<strong>en</strong>s qui font de <strong>la</strong> politique une affaire, spécul<strong>en</strong>t sur les sièges aux<br />

assemblées légis<strong>la</strong>tives de l'Union comme à celles des Etats, ou qui viv<strong>en</strong>t de l'agitation pour leur parti<br />

et sont récomp<strong>en</strong>sés de sa victoire par des p<strong>la</strong>ces. On sait assez combi<strong>en</strong> les Américains cherch<strong>en</strong>t<br />

depuis tr<strong>en</strong>te ans à secouer ce joug dev<strong>en</strong>u insupportable, et comm<strong>en</strong>t, malgré tout, ils s'embourb<strong>en</strong>t<br />

toujours plus profondém<strong>en</strong>t dans ce marécage de <strong>la</strong> corruption. C'est précisém<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Amérique que<br />

nous pouvons le mieux voir comm<strong>en</strong>t le pouvoir d'Etat devi<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dant vis-à-vis de <strong>la</strong> société,<br />

dont, à l'origine, il ne devait être que le simple instrum<strong>en</strong>t. Là, n'exist<strong>en</strong>t ni dynastie, ni noblesse, ni<br />

armée perman<strong>en</strong>te (à part <strong>la</strong> poignée de soldats commis à <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce des Indi<strong>en</strong>s), ni bureaucratie<br />

avec postes fixes et droit à <strong>la</strong> retraite. Et pourtant nous avons là deux grandes bandes de politici<strong>en</strong>s<br />

spécu<strong>la</strong>teurs, qui se re<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t pour pr<strong>en</strong>dre possession du pouvoir de l'Etat et l'exploit<strong>en</strong>t avec les<br />

moy<strong>en</strong>s les plus corrompus et pour les fins les plus éhontées; et <strong>la</strong> nation est impuissante <strong>en</strong> face de<br />

ces deux grands cartels de politici<strong>en</strong>s qui sont soi-disant à son service, mais, <strong>en</strong> réalité, <strong>la</strong> domin<strong>en</strong>t et<br />

<strong>la</strong> pill<strong>en</strong>t.<br />

Pour éviter cette transformation, inévitable dans tous les régimes antérieurs, de l'Etat et des organes de<br />

l'Etat, à l'origine serviteurs de <strong>la</strong> société, <strong>en</strong> maîtres de celle-ci, <strong>la</strong> Commune employa deux moy<strong>en</strong>s<br />

infaillibles. Premièrem<strong>en</strong>t, elle soumit toutes les p<strong>la</strong>ces de l'administration, de <strong>la</strong> justice et de<br />

l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t au choix des intéressés par élection au suffrage universel, et, bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, à <strong>la</strong><br />

révocation à tout mom<strong>en</strong>t par ces mêmes intéressés. Et, deuxièmem<strong>en</strong>t, elle ne rétribua tous les<br />

services, des plus bas aux plus élevés, que par le sa<strong>la</strong>ire que recevai<strong>en</strong>t les autres ouvriers. Le plus haut<br />

traitem<strong>en</strong>t qu'elle payât était de 6000 francs. Ainsi on mettait le holà à <strong>la</strong> chasse aux p<strong>la</strong>ces et à<br />

l'arrivisme, sans parler de <strong>la</strong> décision supplém<strong>en</strong>taire d'imposer des mandats impératifs aux délégués<br />

aux corps représ<strong>en</strong>tatifs.<br />

Cette destruction de <strong>la</strong> puissance de l'Etat tel qu'il était jusqu'ici et son remp<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t par un pouvoir<br />

nouveau, vraim<strong>en</strong>t démocratique, sont dépeints <strong>en</strong> détail dans <strong>la</strong> troisième partie de La Guerre <strong>civile</strong>.<br />

Mais il était nécessaire de rev<strong>en</strong>ir ici brièvem<strong>en</strong>t sur quelques-uns de ses traits, parce que, <strong>en</strong><br />

Allemagne précisém<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> superstition de l'Etat est passée de <strong>la</strong> philosophie dans <strong>la</strong> consci<strong>en</strong>ce<br />

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