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karl marx la guerre civile en france - communisme-bolchevisme

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DEUXIEME ESSAI DE REDACTION DE "LA GUERRE CIVILE EN FRANCE"<br />

1. — LE GOUVERNEMENT DE LA DEFENSE. TROCHU, FAVRE, PICARD, FERRY,<br />

DEPUTES DE PARIS<br />

La République, proc<strong>la</strong>mée le 4 septembre par les ouvriers de Paris, fut acc<strong>la</strong>mée dans toute <strong>la</strong> France<br />

sans une seule voix discordante. Elle conquit son droit à <strong>la</strong> vie par une <strong>guerre</strong> déf<strong>en</strong>sive de cinq mois<br />

(axée sur) basée sur <strong>la</strong> résistance de Paris. Sans cette <strong>guerre</strong> de déf<strong>en</strong>se faite au nom de <strong>la</strong> République,<br />

Guil<strong>la</strong>ume le Conquérant aurait restauré l'Empire de son «bon frère» Louis Bonaparte. Cabale<br />

d'avocats, avec Thiers pour homme d'Etat et Trochu pour général, qui s'installèr<strong>en</strong>t à l'Hôtel de Ville<br />

par surprise, alors que les véritables dirigeants de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière de Paris étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core <strong>en</strong>fermés<br />

dans les prisons bonapartistes, et que l'armée prussi<strong>en</strong>ne était déjà <strong>en</strong> marche sur Paris. Les Thiers, les<br />

Jules Favre, les Picard étai<strong>en</strong>t alors si convaincus du droit historique de Paris à diriger <strong>la</strong> France qu'ils<br />

fondèr<strong>en</strong>t leur prét<strong>en</strong>tion d'être le gouvernem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> Déf<strong>en</strong>se nationale sur le fait qu'ils avai<strong>en</strong>t été<br />

élus au Corps légis<strong>la</strong>tif <strong>en</strong> 1869.<br />

Dans notre Seconde Adresse sur <strong>la</strong> réc<strong>en</strong>te <strong>guerre</strong>, cinq jours après l'avènem<strong>en</strong>t de ces hommes, nous<br />

vous avons dit ce qu'ils étai<strong>en</strong>t 168 . S'ils s'étai<strong>en</strong>t emparés du gouvernem<strong>en</strong>t sans consulter Paris, Paris<br />

avait proc<strong>la</strong>mé <strong>la</strong> République <strong>en</strong> dépit de leur résistance. Et leur première démarche fut d'<strong>en</strong>voyer<br />

Thiers <strong>en</strong> tournée de m<strong>en</strong>diant dans toutes les cours d'Europe pour y obt<strong>en</strong>ir, si possible, une<br />

médiation étrangère, moy<strong>en</strong>nant le troc de <strong>la</strong> république contre un roi. Paris toléra leur régime (prise<br />

du pouvoir), parce qu'ils proc<strong>la</strong>mèr<strong>en</strong>t bruyamm<strong>en</strong>t leur vœu sol<strong>en</strong>nel d'exercer ce pouvoir dans le seul<br />

but d'assurer <strong>la</strong> déf<strong>en</strong>se nationale. Cep<strong>en</strong>dant, on ne pouvait pas (on ne devait pas) déf<strong>en</strong>dre<br />

sérieusem<strong>en</strong>t Paris sans armer <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière, sans l'organiser <strong>en</strong> Garde nationale, sans l'exercer par<br />

<strong>la</strong> <strong>guerre</strong> elle-même. Mais Paris armé, c'était <strong>la</strong> révolution sociale armée. La victoire de Paris sur les<br />

Prussi<strong>en</strong>s aurait été <strong>la</strong> victoire de <strong>la</strong> république sur <strong>la</strong> domination de c<strong>la</strong>sse <strong>en</strong> France.<br />

Dans ce conflit <strong>en</strong>tre le devoir national et l'intérêt de c<strong>la</strong>sse, le gouvernem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> Déf<strong>en</strong>se nationale<br />

n'hésita pas un instant: il devint un gouvernem<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> défection nationale. Dans une lettre à<br />

Gambetta, Jules Favre a avoué que Trochu se déf<strong>en</strong>dait non point contre le soldat prussi<strong>en</strong>, mais<br />

contre l'ouvrier parisi<strong>en</strong>. Quatre mois après le début du siège, quand ils crur<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>u le mom<strong>en</strong>t<br />

opportun de lâcher pour <strong>la</strong> première fois le mot de capitu<strong>la</strong>tion, Trochu, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de Jules Favre et<br />

de quelques-uns de ses collègues, harangue <strong>en</strong> ces termes les maires de Paris assemblés :<br />

«La première question que s'empressèr<strong>en</strong>t de m'adresser mes collègues, le soir même du 4 Septembre,<br />

fut celle de savoir si Paris était <strong>en</strong> état de sout<strong>en</strong>ir, avec chance de succès, un siège contre l'armée<br />

prussi<strong>en</strong>ne. Je n'hésitai pas à répondre négativem<strong>en</strong>t. Quelques-uns de mes collègues sont ici: ils<br />

peuv<strong>en</strong>t témoigner de <strong>la</strong> véracité de mes paroles et de <strong>la</strong> persistance de mon opinion. Je leur dis, <strong>en</strong><br />

propres termes, que, <strong>en</strong> l'état actuel des choses, t<strong>en</strong>ter de sout<strong>en</strong>ir un siège contre l'armée prussi<strong>en</strong>ne<br />

serait une folie. Sans doute, continuai-je, ce pouvait être une folie héroïque, mais ce ne serait que<br />

ce<strong>la</strong>... Les événem<strong>en</strong>ts [qu'il avait lui-même conduits] n'ont pas dém<strong>en</strong>ti ma prévision.»<br />

(Ce petit discours de Trochu fut publié, après l'armistice, par M. Corbon, un des maires prés<strong>en</strong>ts.)<br />

Ainsi, au soir même de <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation de <strong>la</strong> République, le «p<strong>la</strong>n» de Trochu, connu de ses collègues,<br />

[n'était] ri<strong>en</strong> d'autre que <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion de Paris et de <strong>la</strong> France. Pour guérir Paris de sa «folie<br />

héroïque», on lui fit subir un traitem<strong>en</strong>t de décimation et de famine, autant qu'il le fal<strong>la</strong>it pour protéger<br />

les usurpateurs du 4 Septembre de <strong>la</strong> v<strong>en</strong>geance des décembriseurs. Si <strong>la</strong> déf<strong>en</strong>se nationale avait été<br />

quelque chose de plus qu'un faux prétexte pour le «gouvernem<strong>en</strong>t», ses membres, nommés par euxmêmes,<br />

aurai<strong>en</strong>t abdiqué le 5 septembre; ils aurai<strong>en</strong>t dévoilé publiquem<strong>en</strong>t le «p<strong>la</strong>n» de Trochu et mis<br />

<strong>en</strong> demeure le peuple de Paris soit de se r<strong>en</strong>dre sur l'heure au vainqueur, soit de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> main <strong>la</strong><br />

tâche de <strong>la</strong> déf<strong>en</strong>se. Au lieu de ce<strong>la</strong>, les imposteurs publièr<strong>en</strong>t de bruyants manifestes selon lesquels<br />

Trochu «le gouverneur ne capitulerait pas» et Jules Favre, le ministre des Affaires étrangères, «ne<br />

céderait pas une pierre de nos forteresses, pas un pouce de notre territoire». P<strong>en</strong>dant toute <strong>la</strong> durée du<br />

siège, le p<strong>la</strong>n de Trochu fut systématiquem<strong>en</strong>t exécuté. De fait, les vils coupe-jarrets bonapartistes, à<br />

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