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Tribunal de prison au 2 et 3 septembre 1792, Le Sueur, Paris, musée Carnavalet<br />
pr<strong>en</strong>d alors un arrêté <strong>en</strong>joignant de juger les suspects<br />
avant de les exécuter. Des tribunaux populaires sont<br />
créés à la hâte où l’on traî<strong>ne</strong> les prisonniers avant de<br />
les massacrer. U<strong>ne</strong> dizai<strong>ne</strong> d’autres prisons comme<br />
celles de la Force, l’Abbaye, la Conciergerie, le Châtelet,<br />
la Salpêtrière, Bicêtre, Saint-Firmin sont à leur<br />
tour visitées par ces hordes. À la Force, la princesse<br />
de Lamballe qui, après avoir émigré, est rev<strong>en</strong>ue aux<br />
côtés de Marie-Antoi<strong>ne</strong>tte, est abattue et son corps<br />
mis <strong>en</strong> lambeaux. Les émeutiers plant<strong>en</strong>t sa tête sur<br />
u<strong>ne</strong> pique et vont la prome<strong>ne</strong>r sous les f<strong>en</strong>êtres de la<br />
rei<strong>ne</strong> au Temple <strong>en</strong> hurlant: “La Lamballe, l’Autrichi<strong>en</strong><strong>ne</strong>!”<br />
Paris, <strong>en</strong> dehors des prisons, reste calme. Combi<strong>en</strong><br />
de prisonniers ont-ils été exécutés sur les 3000 arrêtés<br />
p<strong>en</strong>dant le mois d’août? Environ 1500. Des<br />
tueries semblables se déroul<strong>en</strong>t dans quelques villes<br />
de province: Reims, Ca<strong>en</strong>, Meaux, Versailles, Lyon…<br />
Les réactions<br />
Les autorités laiss<strong>en</strong>t faire, <strong>en</strong> particulier Danton, ministre<br />
de la Justice, qui n’a ri<strong>en</strong> t<strong>en</strong>té pour protéger<br />
les prisonniers, ni pour les sauver.<br />
Dans le pays, certains frémiss<strong>en</strong>t d’horreur comme<br />
M me Roland, inspiratrice des Girondins, dans u<strong>ne</strong> lettre<br />
à des Issarts, le 9 septembre 1792: “Mon ami Danton<br />
conduit tout; Robespierre est son man<strong>ne</strong>quin,<br />
Marat ti<strong>en</strong>t sa torche et son poignard; ce farouche<br />
tribun règ<strong>ne</strong> et nous <strong>ne</strong> sommes que des<br />
opprimés, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant que nous tombions ses<br />
victimes. Si vous connaissiez les affreux détails<br />
des expéditions! Les femmes brutalem<strong>en</strong>t violées<br />
avant d’être déchirées par ces tigres, les boyaux<br />
coupés, portés <strong>en</strong> ruban, des chairs humai<strong>ne</strong>s<br />
mangées sanglantes!… <strong>Vous</strong> connaissez mon <strong>en</strong>thousiasme<br />
pour la Révolution, eh bi<strong>en</strong>, j’<strong>en</strong> ai<br />
honte! Elle est ternie par des scélérats, elle est<br />
dev<strong>en</strong>ue hideuse!” - les Girondins ti<strong>en</strong>dront Danton<br />
et Marat pour responsables de ces massacres - <strong>mais</strong><br />
beaucoup considèr<strong>en</strong>t ces massacres comme u<strong>ne</strong> action<br />
juste, u<strong>ne</strong> déf<strong>en</strong>se contre l’invasion, la trahison.<br />
Les souverains europé<strong>en</strong>s regard<strong>en</strong>t avec horreur et<br />
indignation cette première manifestation de la Terreur.<br />
Les journaux, sauf Le Patriote <strong>français</strong> de Brissot, approuv<strong>en</strong>t<br />
plus ou moins les massacres, les considérant<br />
comme affreux <strong>mais</strong> nécessaires.<br />
Olympe de Gouges s’émeut publiquem<strong>en</strong>t de ces<br />
horreurs: “Le sang, même celui des coupables,<br />
versé avec cruauté et profusion, souille éter<strong>ne</strong>llem<strong>en</strong>t<br />
les Révolutions.”<br />
Le 20 septembre, la Législative déconsidérée<br />
se sépare. Le même jour, les armées révolutionnaires<br />
remport<strong>en</strong>t à Valmy leur première victoire qui stoppe<br />
l’avancée des troupes <strong>en</strong><strong>ne</strong>mies vers Paris.<br />
La Révolution est sauvée <strong>mais</strong> la nouvelle assemblée<br />
constituante, la Conv<strong>en</strong>tion, va devoir régler un problème<br />
crucial: que faire de Louis XVI?<br />
Lion n° 626 septembre 2010 57