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nos'arts présente son parrain du mois et son ambassadeur Cartouche

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31<br />

Jeudi 16 décembre.<br />

Les moustiques c<strong>et</strong>te nuit ne m’ont pas épargné.<br />

Ce nouveau bivouac semble plus hospitalier ; il est<br />

carrément grandiose ! en plein milieu de la Vallée<br />

Blanche, nous avons établi notre campement à<br />

300 mètres d’un puits. Bien qu’un peu fraîche, c<strong>et</strong>te<br />

nouvelle douche est un vrai plaisir pour nous tous.<br />

L’étape de c<strong>et</strong>te journée a été particulièrement<br />

magnifique : après une matinée commencée sur<br />

un plateau noir assez austère, nous avons atteint<br />

l’après-midi le surplomb dominant c<strong>et</strong>te large<br />

vallée. Une vue sans fin sur les <strong>du</strong>nes de sable<br />

blanc, contrastant avec les contreforts sombres de<br />

grès noir.<br />

Vendredi 17 décembre.<br />

Dernier bivouac au cœur d’un cirque naturel. La<br />

nuit dernière a été blanche : une «p<strong>et</strong>ite» tempête<br />

de sable nous a empêchés de fermer l’oeil de la<br />

nuit. Le sifflement <strong>du</strong> vent, le sable microscopique<br />

qui s’engouffre dans nos <strong>du</strong>v<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> qui pénètre dans<br />

nos yeux, dans nos narines, nous laissent imaginer<br />

ce que doit être une véritable tempête <strong>du</strong> désert.<br />

Toute la journée nous avons marché contre ce vent<br />

d’une quarantaine de kilomètres/heures, la chèche<br />

nous protégeant les yeux <strong>et</strong> les narines, mais<br />

n’empêchant pas la résistance supplémentaire,<br />

freinant notre marche <strong>et</strong> combattant nos efforts.<br />

Pour arriver au dernier bivouac, enfin une longue<br />

marche de plusieurs kilomètres avec ce vent<br />

frontal, en léger faux-plat, dans un sable mou qui<br />

s’enfonce à la moindre sollicitation <strong>du</strong> pied. Certains<br />

de mes compagnons souffrent dans c<strong>et</strong>te dernière<br />

ligne droite, tandis que le guide, pressé d’en finir<br />

probablement, continue d’avancer toujours aussi<br />

imperturbable <strong>et</strong> déterminé.<br />

Durant tout ce voyage, il nous aura montré<br />

l’efficacité de sa technique de marche dans les<br />

<strong>du</strong>nes, sa volonté <strong>et</strong> la résistance de <strong>son</strong> organisme,<br />

malgré un physique menu. Après 80 kilomètres à<br />

travers <strong>du</strong>nes <strong>et</strong> rochers, ces six jours de marche,<br />

bien qu’accessibles à des gens peu sportifs, auront<br />

finalement mis nos corps à rude épreuve. Nous<br />

sommes tous fatigués, <strong>et</strong> pressés de<br />

rentrer chez nous.<br />

Dimanche 19 décembre.<br />

C’est le jour <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our sur Paris. Nous<br />

avons embarqué à bord d’un Boeing<br />

727 de la compagnie Go Voyages.<br />

Visage fatigué par l’effort <strong>et</strong> par la<br />

barbe, nous voici de r<strong>et</strong>our vers notre<br />

monde occidental, non sans une<br />

certaine impatience de r<strong>et</strong>rouver le<br />

confort, la douche chaude, les repas<br />

variés <strong>et</strong> sans sable, les nuits sans<br />

moustiques...<br />

Mais nous sommes heureux, heureux d’avoir réalisé<br />

notre «aventure» per<strong>son</strong>nelle, d’avoir rencontré<br />

ces visages <strong>et</strong> ce monde si différents. La journée<br />

de la veille a consisté en une marche de deux<br />

heures environ dans une jolie vallée bordée de<br />

falaises, pour arriver sur une oasis un peu trop<br />

touristique, premier avant-goût <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our à notre<br />

civilisation. Premiers visages de français inconnus<br />

après une semaine d’immersion dans le désert.<br />

Première impression légèrement désagréable<br />

d’appartenir à un monde où le confort n’implique<br />

pas nécessairement la chaleur sur les visages.<br />

Sans doute disent-ils la même chose de nous, <strong>et</strong><br />

peut-être ces visages fermés <strong>son</strong>t-ils à m<strong>et</strong>tre sur le<br />

compte de la fatigue accumulée en une semaine<br />

de marche <strong>et</strong> d’effort quotidien. Un rapide bain<br />

dans une eau peu appétissante, un repos après le<br />

repas, <strong>et</strong> nous rejoignons Atar en 4x4, pour nous<br />

installer dans une «auberge», pour notre dernière<br />

nuit en Mauritanie. Le mot «auberge» revêt ici<br />

une signification légèrement différente de celle à<br />

laquelle nous sommes habitués : de simples matelas<br />

au sol comme unique décor, des murs vierges de<br />

tout meuble ou bibelot... c’est le confort à la mode<br />

<strong>du</strong> désert. entre les toil<strong>et</strong>tes à n’utiliser qu’en cas<br />

d’extrême urgence <strong>et</strong> la douche sans eau, on a<br />

bien compris qu’on devra attendre Paris pour le<br />

vrai r<strong>et</strong>our au confort. Fin d’après-midi passée au<br />

marché local : je fausse rapidement compagnie<br />

au groupe pour m’immerger dans la ville, pour<br />

finir «invité» par un jeune commerçant dans <strong>son</strong><br />

échoppe de sculptures. Très vite, une communication<br />

s’installe entre nous. J’ai pris soin de lui indiquer que<br />

je n’achèterai pas ce soir car je n’ai pas d’argent<br />

sur moi, <strong>et</strong> que je reviendrai le lendemain. Ne me<br />

contentant pas de répondre à ses questions, je lui<br />

en pose également. Dès lors, la relation touristevendeur<br />

change. Il m’explique rapidement les<br />

problèmes de racisme dont lui <strong>et</strong> sa communauté<br />

noire <strong>son</strong>t victimes : selon lui, les policiers favorisent<br />

les commerçants d’origine maure au détriment de<br />

sa propre communauté.<br />

On commence alors à discuter <strong>et</strong> il me propose<br />

de prendre le thé avec un ami, dans sa boutique.<br />

On discute problèmes politiques, racisme, vie en<br />

France, football, <strong>et</strong>c. Il semble se dégager de ces<br />

deux per<strong>son</strong>nes une vraie sincérité, dépassant le<br />

simple échange commercial. On se revoit alors le<br />

lendemain comme prévu, <strong>et</strong> je lui achète quelques<br />

statues à prix bien négocié. Je lui troque également<br />

mon p<strong>et</strong>it sac à dos contre une autre statue, <strong>et</strong> je<br />

vois dans ses yeux une joie réelle, pour un obj<strong>et</strong><br />

sans valeur pour nous mais introuvable dans ce<br />

pays. Un geste facile, mais générateur d’un peu<br />

de bonheur pour une per<strong>son</strong>ne dont la vie à ce<br />

moment me semble tellement plus difficile que<br />

la mienne... Le quotidien paraît en eff<strong>et</strong> si rude :<br />

absence totale d’hygiène, des enfants jouant dans<br />

les détritus, des animaux crevés le long de la<br />

route, des constructions difformes, des habitations<br />

sommaires, pas d’éclairage public, des bars <strong>et</strong><br />

des restaurants aussi rares que sordides, les<br />

commerçants qui vivent <strong>et</strong> dorment à l’intérieur de<br />

leur boutique... Mais tout cela n’empêchant ni la<br />

vie, ni le sourire.<br />

Carn<strong>et</strong> de voyage 28<br />

Notre guide<br />

Ahmedou<br />

32<br />

Carn<strong>et</strong> de voyage

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