13 SCULptUrE photographe : Loïc Lelaidier Charles-Eric Gogny est né à paris en 1957. Depuis l’enfance, il n’a cessé de dessiner <strong>et</strong> de jouer avec les formes. il a fait les arts Décos en même temps qu’il débutait dans l’illustration avec le magazine jeunesse « okapi ». En 1991, la Sté. de pro<strong>du</strong>ction de cinéma Ex Machina fit appel à ses talents pour réaliser, en volume réel ou en modèle virtuel, per<strong>son</strong>nages <strong>et</strong> décors pour le cinéma en synthèse <strong>et</strong> les jeux vidéo. Depuis, il a surtout développé <strong>son</strong> œuvre de sculpteur. Son atelier, ouvert sur une p<strong>et</strong>ite place de paris, perm<strong>et</strong> aux passants d’entrer de plainpied dans <strong>son</strong> univers fantasmique per<strong>son</strong>nel. Là, des chimères mi-animales, mi-végétales ou humaines ont pris corps de cire, de bronze ou de cristal. Mais bientôt leur créateur espère aussi leur donner le mouvement de la vie en les animant en 3D sur <strong>son</strong> ordinateur. artiste agenda culturel de la ville page 71 paris Contact : ceg@chimeric.org http://www.chimeric.org portrait Charles-Eric Gogny « J’aime à divaguer en compagnie de formes élégantes <strong>et</strong> désirables. alors en modelant, je cherche ce qui peut bien par un galbe, une tension de la ligne provoquer le désir. Les organes, les muscles, tendons, os, tissus adipeux, nerfs, vaisseaux, fluides <strong>et</strong> autres composants sous-tendent la peau, pour ma jouissance <strong>et</strong> ma terreur tout à la fois. J’ai exploré des organismes de cire, de terre <strong>et</strong> de fibres diverses : c’est moins dangereux <strong>et</strong> mes comptes-ren<strong>du</strong>s <strong>son</strong>t édités en bronze ou en cristal. La chair palpite sous la fragile carapace. La nymphe se métamorphose dans <strong>son</strong> amnios de verre. Certaines œuvres troublent ou effrayent quelques per<strong>son</strong>nes. Je les comprends, car c’est en les modelant en cire que j’apprivoise mes peurs. J‘ai besoin de pro<strong>du</strong>ire des représentations qui questionnent l’existence. Comment les corps prennent-ils forme ? il est paraît-il, chez les mammifères, certain stade embryonnaire commun <strong>et</strong> indifférencié. Les mains se r<strong>et</strong>rouvent en nageoires ou en sabots, alors la cosse des pois peut bien cors<strong>et</strong>er une poitrine <strong>et</strong> la cuisse se montrer en gousse ! Les tiges des graminées forment des genoux, les branches ont des aisselles, les bulbes <strong>son</strong>t enceints. on effeuille la belle, puis le pollen fertilise la graine, la chenille devient nymphe <strong>et</strong> papillon, ainsi les enfants naissent-ils dans les choux. Le nez dans l’herbe, je me suis trouvé fourmi, rosier ou escargot <strong>et</strong> j’ai vu ces chimères croître <strong>et</strong> multiplier. » Charles-Eric Gogny Grande chimère dicotylédone, 2000, plâtre patiné, h = 163 cm 14 Sculpture - portrait
15 J’aiME à DivaGUEr En CoMpaGniE DE forMES éLéGantES Et DéSirabLES Strip-tease écorché, 1999, cire, textiles, h = 58 cm Œuf-flacon à tétons, œuvre de collaboration avec Etienne Leperlier, 2003, cristal, h = 39 cm Grande chimère à rostre, 1998, bronze,14 x 18 x 62cm J‘ai bESoin DE proDUirE DES rEpréSEntationS qUi qUEStionnEnt L’ExiStEnCE Déesse lubrique, 1999, bronze, h = 43 cm 16 Sculpture - portrait