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Les pyromètres à infrarouge:quel étalonnage pour quelle ... - Mesures

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S olutions<br />

Gamme de thermomètres <strong>infrarouge</strong> de Land Instruments équivalents <strong>à</strong> celui qui a permis<br />

l’expérimentation de la méthode par simulation d’un corps gris.Seuls les équipements<br />

présentant de bonnes performances optiques peuvent être étalonnés de cette manière.Ils<br />

serviront alors d’étalons de transfert <strong>pour</strong> les équipements d’entrée de gamme.<br />

38<br />

O nen<br />

L’essentiel<br />

Le LNE propose une méthode<br />

d’<strong>étalonnage</strong> des thermomètres<br />

<strong>à</strong> <strong>infrarouge</strong> <strong>à</strong><br />

émissivité fixe, inférieure <strong>à</strong> 1<br />

Cette méthode consiste <strong>à</strong><br />

simuler mathématiquement<br />

un corps gris <strong>à</strong> partir<br />

d’un corps noir<br />

Cette méthode s’est révélée<br />

tout <strong>à</strong> fait satisfaisante<br />

<strong>pour</strong> l’<strong>étalonnage</strong> d’un<br />

thermomètre <strong>infrarouge</strong> <strong>à</strong><br />

émissivité fixe sous réserve<br />

de <strong>quel</strong>ques hypothèses<br />

sur l’appareil<br />

Elle permet ainsi d’étalonner<br />

des thermomètres de<br />

référence qui <strong>pour</strong>ront être<br />

ensuite utilisés <strong>pour</strong> des<br />

<strong>étalonnage</strong>s par comparaison<br />

de thermomètres<br />

industriels<br />

trouve désormais dans les<br />

rayons bricolage des grands<br />

magasins ou sur Internet,<strong>pour</strong><br />

moins de 50euros.Automobile,transports,alimentaire,climatisation…<br />

les<br />

<strong>pyromètres</strong> <strong>infrarouge</strong><br />

se répandent sur tous<br />

les marchés industriels,<br />

médical ou grand<br />

public.Et les constructeurs<br />

ne manquent pas<br />

d’arguments commerciaux.Une<br />

mesure de<br />

température sans<br />

contact de toutes les<br />

surfaces sur une gamme<br />

de mesure généralement<br />

entre –30 et<br />

300 °C.Une visée laser<br />

<strong>pour</strong> matérialiser la<br />

cible d’un point rouge.<br />

L’ergonomie d’un pistolet.Une<br />

mesure qui<br />

s’affiche sur un écran<br />

rétro-éclairé, même<br />

dans la nuit, même<br />

MESURES PHYSIQUES<br />

<strong>Les</strong> <strong>pyromètres</strong> <strong>à</strong><br />

<strong>infrarouge</strong> : <strong>quel</strong><br />

<strong>étalonnage</strong> <strong>pour</strong><br />

<strong>quel</strong>le émissivité?<br />

▼<br />

Ils se ressemblent tous mais sont <strong>pour</strong>tant tous différents. Etendues de mesure,<br />

bandes spectrales, émissivité fixée <strong>à</strong> 0,97, 0,95, 0,85... Le développement des thermomètres<br />

<strong>à</strong> émissivité fixe oblige les laboratoires de métrologie <strong>à</strong> adapter leurs<br />

méthodes classiques d’<strong>étalonnage</strong> en tenant compte de la disparité des modèles<br />

existants sur le marché. Le Laboratoire National de Métrologie et d’Essais développe<br />

une méthode par simulation d’un corps gris <strong>à</strong> partir d’un corps noir. Ça<br />

marche mais <strong>à</strong> certaines conditions…<br />

dans les coins obscurs d’une armoire électrique,d’une<br />

cave ou d’un grenier...<br />

Face <strong>à</strong> de tels avantages,il y a des contreparties<br />

d’ordre technique. Performances<br />

optiques souvent médiocres,diamètre de<br />

mesure trop large,effet de taille de source<br />

important,bande spectrale de réponse parfois<br />

très étendue… De plus,la plupart des<br />

modèles d’entrée de gamme ne disposent<br />

pas de réglage d’émissivité du matériau<br />

mesuré. La valeur particulière de 0,95 est<br />

généralement retenue par les constructeurs<br />

car elle correspondrait, selon eux, <strong>à</strong> une<br />

“bonne moyenne” <strong>pour</strong> la majorité des cas<br />

usuels dans les applications typiques.On<br />

trouve aussi des émissivités fixées <strong>à</strong> 0,97,<br />

0,90,0,85… sans compter les autres différences<br />

de spécifications en termes d’étendues<br />

de mesure ou de bandes spectrales.Un<br />

véritable casse-tête <strong>pour</strong> les laboratoires de<br />

métrologie qui sont en charge de l’<strong>étalonnage</strong><br />

de ces instruments de mesure.<br />

A la recherche de solutions<br />

Au Laboratoire National de Métrologie et d’Essais ( LNE),<br />

la division Optique et Thermique,dont les<br />

laboratoires sont basés <strong>à</strong>Trappes,travaille ain-<br />

si sur le développement de méthodes répondant<br />

<strong>à</strong> la disparité des modèles disponibles<br />

sur le marché. L’une des priorités étant de<br />

répondre au besoin des thermomètres <strong>à</strong><br />

émissivité fixe,inférieure <strong>à</strong>1.<br />

Pour étalonner un thermomètre <strong>infrarouge</strong>“normal”,c’est-<strong>à</strong>-dire<br />

disposant d’un réglage d’émissivité<br />

<strong>à</strong>1,il existe deux méthodes pratiques.<br />

La première consiste <strong>à</strong> viser un corps noir de<br />

référence <strong>à</strong> température connue,dans la bande<br />

spectrale de réponse de l’instrument.La<br />

seconde est de comparer la valeur mesurée<br />

du pyromètre <strong>à</strong> un pyromètre étalon,avec,<br />

de préférence,la même bande spectrale que<br />

celle de l’instrument.Ceci suppose évidemment<br />

que le pyromètre de référence ait été<br />

raccordé <strong>à</strong> un corps noir au préalable.<br />

Pour étalonner un thermomètre <strong>infrarouge</strong> <strong>à</strong><br />

émissivité fixe,inférieure <strong>à</strong>1,une première<br />

approche consisterait <strong>à</strong> utiliser un corps noir<br />

industriel spécifié avec une émissivité de 0,99<br />

ou mieux 0,995 (en pratique,il est impossible<br />

d’obtenir un corps noir parfait avec une<br />

émissivité de 1) en se disant que la valeur<br />

d’émissivité fixe prise en compte par certains<br />

thermomètres <strong>infrarouge</strong> est suffisamment<br />

proche <strong>pour</strong> que l’erreur d’<strong>étalonnage</strong> reste<br />

MESURES 781 - JANVIER 2006 - www.mesures.com


faible.Le LNE a testé cette approche (voir schéma:“en<br />

utilisant un corps noir”). Dans la réalité,dès<br />

que l’on s’éloigne de la température<br />

d’environnement (la température ambiante<br />

du laboratoire),l’erreur d’<strong>étalonnage</strong> devient<br />

rapidement supérieure au degré Celsius.Et<br />

cette erreur s’accroît d’autant plus que l’émissivité<br />

fixe du pyromètre est faible.<br />

Une autre solution serait de réaliser une source<br />

de référence d’émissivité 0,95,ou 0,97,ou<br />

0,90… En pratique,il est beaucoup plus délicat<br />

de fabriquer un corps gris qu’un corps noir de<br />

laboratoire avec une émissivité supérieure <strong>à</strong><br />

0,995. En effet,il faut connaître le comportement<br />

spectral d’une peinture noire,s’assurer de<br />

sa stabilité physico-chimique,tenir compte de<br />

l’influence du rayonnement ambiant réfléchi…<br />

des paramètres difficilement maîtrisables,même<br />

dans un laboratoire de métrologie.<br />

Le LNE a donc retenu une autre méthode,basée<br />

sur une simulation mathématique. Celle-ci<br />

consiste <strong>à</strong> calculer,<strong>à</strong>partir d’un corps noir<br />

expérimental,une température de corps gris<br />

(émissivité d’inférieure <strong>à</strong>1) dans un environnement<br />

<strong>à</strong> température connue et stable.<br />

Concrètement,l’<strong>étalonnage</strong> du thermomètre<br />

<strong>infrarouge</strong> est réalisé d’une manière tout <strong>à</strong> fait<br />

classique en différents points de température<br />

et <strong>à</strong> l’aide de corps noirs de référence. En l’occurrence,le<br />

LNE a utilisé 3 corps noirs ayant<br />

une émissivité supérieure ou égale <strong>à</strong> 0,9975 et<br />

couvrant une plage de mesure de -20 <strong>à</strong> 500 °C.<br />

A chaque point de température,un développement<br />

mathématique approprié permet de<br />

calculer ce que serait,<strong>pour</strong> une même intensité<br />

de rayonnement,la valeur de la température<br />

d’un corps gris,par exemple <strong>à</strong> une émissivité<br />

de 0,95. Cette température est calculée <strong>pour</strong><br />

une température ambiante connue et stable (par<br />

exemple 23°C) ainsi que <strong>pour</strong> une certaine<br />

bande spectrale (par exemple,8 <strong>à</strong> 14 μm).<br />

Quant au rayonnement mesuré par le thermomètre<br />

<strong>à</strong> émissivité fixe (<strong>à</strong> 0,95,dans le<br />

même exemple),il est interprété comme<br />

étant la somme du rayonnement émis par la<br />

source simulée <strong>à</strong> 0,95 et le rayonnement<br />

réfléchi par cette même source.<br />

Une correction est apportée,qui permet de<br />

s’affranchir de cette seconde composante.<br />

L’écart entre la valeur de température du<br />

corps gris simulée et celle obtenue par la<br />

mesure du thermomètre permet alors d’es-<br />

S olutions<br />

Extrait d’un catalogue<br />

Etendue de mesure Emissivité Bande spectrale<br />

-30 <strong>à</strong> 200 °C 0,95 6 <strong>à</strong> 14 μm<br />

-18 <strong>à</strong> 260 °C 0,95 7 <strong>à</strong> 18 μm<br />

-30 <strong>à</strong> 200 °C 0,97 8 <strong>à</strong> 14 μm<br />

-20 <strong>à</strong> 420 °C 0,95 6 <strong>à</strong> 14 μm<br />

-30 <strong>à</strong> 200 °C 0,85 et 0,95 4 <strong>à</strong> 14 μm<br />

-40 <strong>à</strong> 400 °C 0,85 ou 0,90 ou 0,95 6 <strong>à</strong> 14 μm<br />

-30 <strong>à</strong> 200 °C 0,95 5 <strong>à</strong> 14 μm<br />

-32 <strong>à</strong> 535°C 0,95 8 <strong>à</strong> 14 μm<br />

-32 <strong>à</strong> 400 °C 0,95 7 <strong>à</strong> 14 μm<br />

Exemples de spécifications de thermomètres <strong>à</strong> émissivité fixe.<strong>Les</strong> laboratoires de métrologie<br />

doivent s’adapter <strong>à</strong> la disparité des modèles disponibles sur le marché.<br />

timer l’erreur d’<strong>étalonnage</strong>.<br />

<strong>Les</strong> résultats obtenus se sont révélés tout <strong>à</strong><br />

fait satisfaisants <strong>pour</strong> des valeurs d’émissivité<br />

de 0,97 et 0,95. Par contre,<strong>pour</strong> les émissivités<br />

plus faibles,des erreurs importantes<br />

ont été observées.En effet,lorsque le facteur<br />

de réflexion devient trop important,le modè-


S olutions<br />

40<br />

En utilisant un corps noir<br />

Corps gris simulé<br />

Erreur d’<strong>étalonnage</strong><br />

le ne s’applique pas aussi bien. Ceci est d’autant<br />

plus vrai aux basses températures ou audel<strong>à</strong><br />

de 300 °C.<br />

Ne pas négliger l’effet<br />

de taille de source<br />

Par ailleurs,<strong>pour</strong> que la méthode soit valable,<br />

il faut que certaines précautions soient prises.<br />

Ainsi,il est très important que la bande spectrale<br />

soit connue et que la sensibilité du pyromètre<br />

soit constante sur toute la largeur de la<br />

bande.<br />

Il est également important que le thermo-<br />

Erreur d’<strong>étalonnage</strong> du thermomètre<br />

<strong>infrarouge</strong> <strong>à</strong> émissivité fixe<br />

en utilisant un corps noir.<br />

Exemple <strong>pour</strong> un thermomètre de<br />

bande spectrale 8 <strong>à</strong> 14 μm et une<br />

température d’environnement de<br />

23 °C.Cette méthode n’a pas été<br />

retenue.<br />

( losange bleu) erreur sur la température de<br />

luminance d’une source d’émissivité<br />

0,995 assimilée au corps noir<br />

(carré rouge) erreur d’indication d’un<br />

thermomètre étalonné devant le corps noir,<br />

dans le cas d’une émissivité <strong>à</strong> 0,97<br />

(rond vert) erreur d’indication d’un thermomètre<br />

étalonné devant le corps noir,<br />

dans le cas d’une émissivité <strong>à</strong> 0,95<br />

La méthode retenue par le LNE<br />

consiste <strong>à</strong> étalonner le thermomètre<br />

<strong>à</strong> émissivité inférieure <strong>à</strong>1<br />

devant un corps noir dont la<br />

température est mathématiquement<br />

corrigée <strong>pour</strong> simuler un<br />

corps gris d’émissivité équivalente.<strong>Les</strong><br />

résultats sont tout <strong>à</strong> fait<br />

satisfaisants <strong>pour</strong> des émissivités<br />

supérieures <strong>à</strong> 0,90.<br />

Erreur d’<strong>étalonnage</strong> d’un thermomètre<br />

IR <strong>à</strong> émissivité 0,95<br />

par la méthode de simulation<br />

d’un corps gris <strong>à</strong> partir d’un<br />

corps noir.Excepté <strong>à</strong> 500 °C,<br />

ces valeurs montrent que la<br />

méthode n’induit pas d’erreur<br />

systématique.<br />

mètre soit lui-même doté d’un capteur de<br />

température interne <strong>pour</strong> réaliser une correction<br />

du rayonnement réfléchi. Cette correction<br />

sera valide si l’appareil est en équilibre<br />

thermique avec son milieu ambiant.Il<br />

faut enfin que le champ visé et l’effet de<br />

taille de source soient compatibles avec l’ouverture<br />

d’un corps noir.L’effet de taille de<br />

source (size of source effect) détermine,<strong>à</strong><br />

une distance donnée,l’indication de température<br />

en fonction de la dimension de la<br />

source. Il est indispensable de connaître cette<br />

caractéristique avant l’<strong>étalonnage</strong> <strong>pour</strong><br />

Quelques définitions<br />

Corps noir. Objet idéal qui absorbe<br />

l’intégralité des rayonnements incidents,<br />

<strong>quel</strong>les que soient leur longueur<br />

d’onde et leur direction et qui émet un<br />

rayonnement répondant <strong>à</strong> la théorie<br />

développée par Max Planck en 1900.<br />

Corps réel. Tous les objets réels se distinguent<br />

du corps noir idéal par le fait<br />

qu’ils réfléchissent ou diffusent une<br />

partie du rayonnement incident et<br />

émettent donc un flux toujours inférieur<br />

<strong>à</strong> celui du corps noir, <strong>quel</strong>les que<br />

soient la température et la longueur<br />

d’onde.<br />

Corps gris. Corps dont l’émissivité ne<br />

varie pas avec la longueur d’onde.<br />

Corps non gris (ou sélectif). Corps<br />

dont l’émissivité varie avec la longueur<br />

d’onde.<br />

Emissivité. Rapport des émissions<br />

d’un objet réel et du corps noir, placés<br />

tous les deux dans les mêmes conditions<br />

et <strong>à</strong> la même température.<br />

vérifier que l’ouverture de la source noire<br />

soit suffisamment grande. Un certain<br />

nombre de constructeurs ne donnent pas<br />

de spécifications précises sur l’effet de taille<br />

de source de leurs équipements. Ils se<br />

contentent de préciser le diamètre de cible<br />

ou la résolution spatiale.<br />

Soit que cette information ne soit pas donnée,soit<br />

que l’effet de taille de source soit<br />

trop important,dans les deux cas il n’est<br />

pas envisageable d’utiliser la méthode par<br />

simulation d’un corps gris <strong>pour</strong> étalonner<br />

un thermomètre.<br />

Au LNE,cette méthode a donc été utilisée<br />

essentiellement <strong>pour</strong> raccorder le pyromètre<br />

de transfert Land C33 dans une configuration<br />

d’émissivité fixée <strong>à</strong> 0,95.A priori,seuls des<br />

<strong>pyromètres</strong> avec des performances optiques<br />

suffisantes <strong>pour</strong>ront être étalonnés par cette<br />

méthode.Pour des thermomètres de qualité<br />

moindre,le LNE préconise un <strong>étalonnage</strong><br />

par comparaison avec un de ses <strong>pyromètres</strong><br />

de transfert.Il est alors recommandé,<strong>pour</strong><br />

ses thermomètres d’entrée de gamme,de<br />

réaliser l’<strong>étalonnage</strong> <strong>à</strong> courte distance devant<br />

une source de grande dimension (<strong>pour</strong> éviter<br />

les effets de taille de source).Ainsi,se met<br />

en place une chaîne de raccordement métrologique<br />

avec en haut les corps noirs de référence<br />

et, en bas, les thermomètres tous<br />

publics.<br />

Cet article a été rédigé <strong>à</strong> partir d’une présentation affichée<br />

au cours du 12 ème congrès de métrologie<br />

(juin 2005) par Pascal Ridoux – Laboratoire National<br />

de Métrologie et d’Essais – Division Optique et<br />

Thermique<br />

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