La digue du Drac sécurisée - AD Isère Drac Romanche
La digue du Drac sécurisée - AD Isère Drac Romanche
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10<br />
CLASSEMENT DES DIGUES<br />
L’ÉCHO DES DIGUES • N° 10 / DÉCEMBRE 2009<br />
DURANT LES ANNÉES 90, notre pays a connu plusieurs<br />
crues mémorables dont celle de Vaison-la-Romaine<br />
en 1992, puis celle de la Camargue deux ans plus tard.<br />
À l’origine des dégâts économiques et humains qu’elles<br />
ont engendrés : l’état vétuste ou déficient des <strong>digue</strong>s. Il<br />
faut dire que, la plupart <strong>du</strong> temps, les <strong>digue</strong>s sont des<br />
ouvrages anciens (certaines datent<br />
<strong>du</strong> Moyen Âge !), édifiés en remblai<br />
et par étapes, plus ou moins bien<br />
Un enjeu de<br />
sécurité publique<br />
<strong>La</strong> courbe de<br />
l’<strong>Isère</strong> au niveau<br />
de Villard-Bonnot<br />
(<strong>La</strong>ncey).<br />
(1) Comité technique<br />
permanent des barrages<br />
et ouvrages hydrauliques.<br />
(2) Consultez l’historique<br />
des principaux textes<br />
réglementaires sur notre<br />
site internet.<br />
(3) Actuellement assuré<br />
par la DDAF et bientôt par<br />
la DREAL.<br />
(4) Patouh : Pôle d’appui<br />
technique dans le domaine<br />
de la sécurité des<br />
ouvrages hydrauliques.<br />
Il existe depuis 2004.<br />
(5) Les notifications pour<br />
les <strong>digue</strong>s <strong>du</strong> <strong>Drac</strong> et de la<br />
<strong>Romanche</strong> sont prévues,<br />
au plus tard, en 2010.<br />
entretenus. Afin de disposer d’un<br />
état <strong>du</strong> parc des ouvrages concernés<br />
à l’échelle nationale et d’identifier<br />
les menaces que peuvent présenter<br />
certains d’entre eux, le ministère de<br />
l’Environnement a initié, en 1994, un<br />
recensement des <strong>digue</strong>s de protection<br />
contre les inondations, mais aussi de leurs gestionnaires,<br />
et des enjeux humains et économiques.<br />
Durant les années 2000, d’autres crues sont venues accélérer<br />
le cours réglementaire. En 2003, une première<br />
circulaire ministérielle relative à l’organisation<br />
<strong>du</strong> contrôle des <strong>digue</strong>s (abrogée depuis),<br />
établissait une distinction entre les<br />
ouvrages intéressant la sécurité publique et<br />
ceux qui ne l’étaient pas. Puis, une mission<br />
sur la réglementation en matière de sécurité<br />
des barrages et des ouvrages hydrauliques a<br />
été diligentée en 2004. Elle s’est concrétisée<br />
en 2006 par la remise d’un rapport définissant<br />
les grandes lignes de la réglementation<br />
technique de contrôle à mettre en œuvre.<br />
Le législateur a ensuite intégré les dispositions<br />
suggérées par ces travaux dans la loi sur l’eau et les milieux<br />
aquatiques (LEMA).<br />
Promulguée le 30 décembre 2006, la LEMA prévoyait déjà<br />
des règles de surveillance des ouvrages hydrauliques, un<br />
agrément des organismes agissant pour les responsables<br />
d’ouvrages, des études de danger, l’institution <strong>du</strong> CTP-<br />
BOH (1), l’instauration de servitudes à proximité des<br />
ouvrages hydrauliques. Mais ce sont le décret <strong>du</strong> 11 décembre<br />
2007 (modifiant le code de l’environnement) et<br />
les arrêtés et circulaires parus en 2008 et 2009 (en application<br />
<strong>du</strong> décret) qui sont venus fixer définitivement<br />
les modalités relatives à la sécurité des ouvrages hydrauliques<br />
(2).<br />
Pourquoi cette réforme ?<br />
Tout d’abord parce que la rédaction ancienne des textes<br />
ne permettait pas de distinguer de façon claire le rôle de<br />
l’Administration et les obligations <strong>du</strong> propriétaire de<br />
<strong>La</strong> connaissance de l’état<br />
des <strong>digue</strong>s et leur suivi<br />
dans le temps est une<br />
composante essentielle<br />
de la gestion <strong>du</strong> risque<br />
inondation. Dans ce but,<br />
les <strong>digue</strong>s de l’<strong>Isère</strong><br />
placées sous notre<br />
responsabilité ont été<br />
classées par l’État. Celles<br />
<strong>du</strong> <strong>Drac</strong> et de la <strong>Romanche</strong><br />
le seront bientôt.<br />
l’ouvrage. L’État souhaitait aussi intro<strong>du</strong>ire des éléments<br />
existant dans d’autres réglementations de sécurité, comme<br />
la réalisation d’études de danger par le maître<br />
d’ouvrage, ou la possibilité de prévoir un agrément des<br />
organismes intervenant pour la surveillance des ouvrages.<br />
Désormais, la situation est clarifiée. Les obligations<br />
<strong>du</strong> propriétaire (ou de son gestionnaire)<br />
et l’action de l’État — par le<br />
L’Albenc L<br />
Poliénas<br />
Tullins<br />
Saint-<br />
Gervais<br />
biais <strong>du</strong> service de contrôle de la<br />
sécurité des ouvrages (3) — sont<br />
bien distinctes : le responsable des<br />
ouvrages les entretient, les surveille<br />
et les examine, alors que le service<br />
de contrôle doit, lui, s’assurer que<br />
les ouvrages ne menacent pas la sécurité<br />
publique. L’État contrôle donc<br />
l’action <strong>du</strong> propriétaire, s’assure<br />
qu’il remplit ses obligations et<br />
maintient un certain niveau de sécurité<br />
de la <strong>digue</strong> (4).<br />
Quatre classes d’ouvrage de protection<br />
comportant un certain nombre<br />
de prescriptions, variables selon la<br />
classe, ont été définies (voir la carte ci-dessous). Durant<br />
l’été 2009, au nom <strong>du</strong> service interministériel de défense<br />
et de protection civile, le préfet de l’<strong>Isère</strong> a notifié à l’<strong>AD</strong><br />
<strong>Isère</strong> <strong>Drac</strong> <strong>Romanche</strong> la classification et les prescriptions<br />
à respecter pour les <strong>digue</strong>s de l’<strong>Isère</strong> situées en amont et<br />
en aval de Grenoble ( (5). Les obligations prévues par le<br />
décret et les arrêtés sont à la charge <strong>du</strong> seul propriétaire<br />
de la <strong>digue</strong> — le maître d’ouvrage — ou de son gestion-<br />
naire quand il existe… Ce qui est la vocation même de<br />
l’<strong>AD</strong> <strong>Isère</strong> <strong>Drac</strong> <strong>Romanche</strong> pour les <strong>digue</strong>s qui lui sont remises<br />
en gestion par l’État et par 13 associations syndi-<br />
cales, sur un territoire regroupant 61 communes.<br />
Classes<br />
A : hauteur ≥ 1 m et population ≥ 50 000 hab.<br />
B : hauteur ≥ 1 m et population de 1000 à 50 000 hab.<br />
C : hauteur ≥ 1 m et population de 10 à 1000 hab.<br />
D : hauteur < 1 m ou population < 10 hab.<br />
Vourey<br />
l’<strong>Isère</strong><br />
<strong>La</strong> Rivière<br />
Moirans<br />
Saint-Jean-<br />
Saint-Jean-<br />
de-Moirans<br />
Saint-Quentin-<br />
Saint-Quentin-<br />
sur-<strong>Isère</strong><br />
Veurey-V eurey-Voroize<br />
<strong>La</strong> Buisse<br />
Noyarey<br />
Voreppe<br />
Saint-<br />
Martin-<br />
le-Vinoux <strong>La</strong><br />
Tronche ronche<br />
le <strong>Drac</strong><br />
Nos<br />
obligations<br />
L’évolution de la réglementation<br />
des ouvrages endigués<br />
a de fortes implications sur<br />
les obligations de leurs<br />
propriétaires ou gestionnaires.<br />
L’<strong>AD</strong> <strong>Isère</strong> <strong>Drac</strong> <strong>Romanche</strong> est<br />
prête à y répondre.<br />
Le contrôle exercé par l’État consiste<br />
à vérifier que le maître d’ouvrage<br />
remplit ses obligations de maintien<br />
en bon état de sa <strong>digue</strong> et à s’assurer<br />
qu’il effectue bien un suivi régulier<br />
et adéquat. Les obligations et<br />
l’échéancier à respecter diffèrent<br />
selon que l’ouvrage de protection<br />
est de classe A, B, C ou D (1). Pour<br />
chacune d’elle, des consignes de<br />
surveillance et d’entretien précises<br />
sont définies. Elles doivent faire<br />
l’objet de synthèses dans des documents<br />
que l’<strong>AD</strong> doit constituer et de<br />
rapports qu’elle devra soumettre au<br />
CTPBOH ou transmettre au préfet.<br />
En premier lieu, tout propriétaire de<br />
<strong>digue</strong> classée doit constituer un<br />
Dossier d’ouvrage. Il doit recenser<br />
l’historique de sa construction, ses<br />
caractéristiques et les événements<br />
survenus (désordres ou travaux). Ce<br />
dossier rassemble la description de<br />
l’organisation en place pour assurer<br />
l’exploitation et la surveillance des<br />
ouvrages en toutes circonstances<br />
<strong>La</strong> classification<br />
d'une <strong>digue</strong><br />
dépend de la<br />
hauteur de<br />
l’ouvrage (<strong>du</strong> côté<br />
terre) et de la<br />
population<br />
maximale résidant<br />
en zone protégée.<br />
Grenoble<br />
Montbonnot-<br />
Saint-Martin<br />
Meylan<br />
Saint- Gières<br />
Martin- Martind’Hères<br />
Saint-Nazaire-<br />
Saint-Nazaire-<br />
les-Eymes<br />
Saint-Ismier<br />
Domène<br />
Murianette<br />
Bernin<br />
Le<br />
Versoud ersoud<br />
(rapports des visites techniques<br />
approfondies, de surveillance programmée,<br />
consignes). L’<strong>AD</strong> a déjà<br />
établi les 17 dossiers d’ouvrages<br />
pour les <strong>digue</strong>s de l’<strong>Isère</strong>. En effet,<br />
notre organisation et notre système<br />
d’information ont largement anticipé<br />
l’évolution de la réglementation, ce<br />
qui a facilité cette première étape.<br />
Pour les <strong>digue</strong>s de classe A, B ou C, il<br />
nous faut pro<strong>du</strong>ire un document<br />
intitulé : Diagnostic de sûreté initial.<br />
Il doit refléter l’état de l’ouvrage<br />
mais aussi estimer le niveau de<br />
sécurité apparent qui en découle et<br />
définir les mesures qu’il convient de<br />
prendre pour remédier aux fragilités<br />
constatées. L’<strong>AD</strong> a confié à trois<br />
bureaux d’étude la réalisation <strong>du</strong><br />
diagnostic de sûreté initial et la<br />
visite technique approfondie sur<br />
l’ensemble des ouvrages qu’elle<br />
gère. Les prestations de reconnaissance<br />
physique des <strong>digue</strong>s de l’<strong>Isère</strong>,<br />
de saisie des observations dans<br />
Crolles<br />
Sainte-Marie-d’Alloix<br />
Lumbin<br />
Saint-Vincent-<br />
Saint-Vincent-<br />
de-Mercuze<br />
<strong>La</strong> Terrasse<br />
Froges<br />
Villard-Bonnot<br />
Le Touvet<br />
Tencin<br />
<strong>La</strong> Pierre<br />
Chapareillan<br />
Barraux<br />
<strong>La</strong><br />
Buissière<br />
l’<strong>Isère</strong><br />
Le Cheylas<br />
Goncelin<br />
Le Champ-près-Froges<br />
N<br />
0 6 km<br />
Pontcharra ontcharra<br />
CLASSEMENT DES DIGUES 11<br />
Sirs Digues, de compilation<br />
des études exis-<br />
tantes et de rédaction<br />
des diagnostics de<br />
sûreté seront achevées<br />
début 2010. Une fois<br />
franchies ces premières<br />
étapes que sont le dossier d’ouvrage<br />
et le diagnostic de sûreté, deux<br />
autres étapes importantes sont pré-<br />
vues à l’horizon 2011-2014 : une<br />
Étude de danger pour les <strong>digue</strong>s de<br />
classes A, B et C, puis une Revue de<br />
sûreté pour les <strong>digue</strong>s de classe A et<br />
B. Elles devront être réactualisées<br />
tous les dix ans. D’ores et déjà, l’<strong>AD</strong><br />
a demandé à un ingénieur conseil de<br />
rédiger un cahier des charges pour<br />
les études de danger.<br />
Située face à<br />
l’étang de <strong>La</strong><br />
Taillat, la <strong>digue</strong><br />
de Gières est la<br />
seule de classe A<br />
gérée par l’<strong>AD</strong><br />
sur l’<strong>Isère</strong>.<br />
<strong>Isère</strong> aval,<br />
secteur <strong>du</strong> Bec de<br />
l’Échaillon<br />
UN SYSTÈME D’INFORMATION<br />
(1) Pour en savoir plus,<br />
rendez-vous sur<br />
www.isere-drac-romanche.fr<br />
Le Cemagref a conçu un système d’informations à références<br />
spatiales (Sirs) visant à créer un outil informatique spécifique<br />
aux gestionnaires de <strong>digue</strong>s. Nommé Sirs Digues, cet outil<br />
couple un système d’information géographique (Sig) à une<br />
base de données. Il permet de gérer toutes les informations<br />
<strong>du</strong> système « <strong>digue</strong> » : structure et géométrie de la <strong>digue</strong> et<br />
<strong>du</strong> lit <strong>du</strong> cours d’eau, ouvrages hydrauliques, réseaux de<br />
communication, de flux et d’énergie, désordres, historique<br />
des crues, parcellaire foncier, travaux et études. Sirs Digues<br />
permet également un partage d’expérience très appréciable<br />
avec ses deux autres utilisateurs : le Symadrem (Syndicat<br />
mixte interrégional d’aménagement des <strong>digue</strong>s <strong>du</strong> delta <strong>du</strong><br />
Rhône et de la mer) et la DIREN Centre (Direction régionale<br />
de l’environnement) basée dans le Loiret.<br />
L’ÉCHO DES DIGUES • N° 10 / DÉCEMBRE 2009