La commande publique - Ordre des architectes du Québec (OAQ)
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Bibliothèque de saint-eustache, ACDF* ARCHiteCtuRe<br />
Depuis l’Antiquité, ce sont les <strong>architectes</strong> qui supervisent les travaux :<br />
c’est le prolongement de leur mandat de conception. »<br />
Au moment d’écrire ces lignes, le gouvernement québécois n’a pas<br />
encore imposé la séparation <strong>des</strong> mandats, et le flou persiste quant<br />
aux modalités d’application d’une telle mesure. le Secrétariat <strong>du</strong><br />
Conseil <strong>du</strong> trésor se borne à indiquer qu’elle est encore à l’étude et<br />
que les discussions se poursuivent avec les ordres professionnels et<br />
les associations d’ingénieurs et d’<strong>architectes</strong>. Ceuxci s’opposent à<br />
la mesure, notamment en raison <strong>des</strong> conséquences qu’elle aurait<br />
sur la détermination juridique de la responsabilité professionnelle.<br />
Car cette quasirévolution soulève une question fondamentale : si<br />
un architecte autre que le concepteur assure la surveillance <strong>des</strong><br />
travaux, comment déterminer les responsabilités de chacun ?<br />
Avocat chez Tremblay Bois mignault lemay, le spécialiste <strong>des</strong><br />
contrats publics Pierre Giroux estime que la mesure envisagée par<br />
<strong>Québec</strong> est une véritable boîte de Pandore. « en cas d’effondrement<br />
d’un ouvrage, par exemple, il est plus facile de déterminer les<br />
responsabilités avec un seul professionnel responsable de la<br />
conception et de la surveillance et un entrepreneur général chargé<br />
de la réalisation. en séparant les mandats, on ajoute un responsable<br />
potentiel. et cela fait deux contrats au lieu d’un seul. »<br />
la problématique est également soulevée par le Fonds de l’assurance<br />
responsabilité <strong>des</strong> <strong>architectes</strong>. « l’application de cette mesure dans le<br />
contexte de l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> bâtiment risque de créer <strong>des</strong> difficultés<br />
beaucoup plus gran<strong>des</strong> que les avantages qui pourraient en résulter,<br />
estime sa directrice générale, marieChantal Thouin. l’architecte<br />
concepteur répond exclusivement <strong>des</strong> dommages résultant d’une<br />
erreur dans les plans lorsqu’il n’a pas surveillé l’exécution. Par<br />
Maison de la littérature de l’institut canadien<br />
de québec, Chevalier Morales <strong>architectes</strong><br />
ailleurs, l’architecte qui surveille l’exécution répond <strong>des</strong> dommages<br />
découlant de la perte de l’ouvrage. en bout de ligne, qui doit répondre<br />
de quoi ? la multiplication de ces zones grises entraînera de<br />
nombreux llitiges et, conséquemment, <strong>des</strong> coûts importants pour les<br />
professionnels, pour les entrepreneurs et pour les donneurs<br />
d’ouvrage. »<br />
André lacroix comprend la réserve <strong>des</strong> <strong>architectes</strong> quant aux enjeux<br />
de surveillance et de responsabilité professionnelle. Pourtant, la<br />
société doit viser l’imputabilité <strong>des</strong> professionnels et une séparation<br />
<strong>des</strong> mandats de conception et de surveillance est souhaitable, selon<br />
lui. « les <strong>architectes</strong> paient sans doute pour les exagérations<br />
commises par certains bureaux de génieconseil. mais mandater un<br />
tiers pour surveiller les travaux n’est pas déraisonnable, car cela<br />
assure une véritable neutralité. Par ailleurs, il y a beaucoup<br />
d’intimidation sur les chantiers et les surveillants, souvent de jeunes<br />
<strong>architectes</strong>, ne sont pas nécessairement outillés pour faire face à la<br />
pression. la séparation <strong>des</strong> rôles n’est probablement pas heureuse<br />
dans sa forme actuelle, mais au bout <strong>du</strong> compte elle est inévitable. le<br />
concept évoluera sans doute afin d’inclure le concepteur <strong>du</strong> projet sur<br />
le chantier, aux côtés d’une tierce partie. »<br />
rien de mieux qu’une bonne chicane de chantier pour garantir la<br />
qualité d’un projet d’architecture et les intérêts <strong>du</strong> client et <strong>du</strong><br />
public, avance Pierre J. Hamel, professeurchercheur à l’InrSuCS<br />
et spécialiste de la gestion <strong>des</strong> services publics locaux. « Idéalement,<br />
il faudrait que les concepteurs <strong>du</strong> projet soient présents tout au long<br />
<strong>du</strong> processus, y compris au chantier. mais que d’autres <strong>architectes</strong><br />
soient chargés de la surveillance <strong>des</strong> travaux me semble un pas dans<br />
la bonne direction. Personne ne détient la vérité ultime avec sa gang<br />
dans son bureau. Il faut se confronter. »<br />
perte de confIance<br />
Pour maxime Frappier, il est clair que les <strong>architectes</strong> ont per<strong>du</strong> la<br />
confiance <strong>des</strong> donneurs d’ouvrage, ce qui explique la prudence <strong>des</strong><br />
administrations <strong>publique</strong>s dans la gestion <strong>des</strong> contrats. « la première<br />
chose que les <strong>architectes</strong> doivent faire, c’est devenir meilleurs, ditil. Si<br />
les municipalités optent maintenant pour <strong>des</strong> formules clés en<br />
main, c’est qu’elles veulent être certaines de ne pas dépasser les