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Abbé Pierre, Lady Diana, Coluche, José Bové, Nicolas Hulot, sœur ...

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Chacun sait que si le monde entier<br />

avait pu voter à l’élection présidentielle<br />

américaine, Barack<br />

Obama ne l’aurait pas emporté par quelques<br />

points d’écart seulement, mais par<br />

une majorité d’au moins 80 %. À l’exception<br />

notable de l’État d’Israël, dans pratiquement<br />

tous les pays du monde, le candidat<br />

démocrate jouissait en effet d’un<br />

très large appui des opinions publiques.<br />

Le fait n’est pas en lui-même étonnant,<br />

après huit années d’un règne de George<br />

W. Bush que beaucoup d’observateurs<br />

considèrent d’ores et déjà comme le pire<br />

président de l’histoire des États-Unis.<br />

Là où les choses se gâtent, c’est lorsque<br />

l’on tente d’élucider les causes profondes<br />

d’une “Obamania” qui s’est très<br />

vite transformée en “hystérobamania”.<br />

Or, les déclarations faites au lendemain de<br />

l’élection du 4 novembre ne laissent<br />

aucun doute sur ce point : ce n’est pas<br />

parce que Barack Obama est jeune et<br />

sympathique, qu’il possède un charisme<br />

certain, qu’il a réalisé une bien meilleure<br />

campagne que son adversaire républicain,<br />

qu’il a avancé des idées de nature à<br />

séduire un vaste électorat, que son élection<br />

a été saluée par un concert de louan-<br />

ges quasi-planétaire. C’est en raison de<br />

la couleur de sa peau. Les Européens et<br />

les Africains, notamment, n’ont visiblement<br />

retenu qu’un seul aspect de sa victoire<br />

: un Noir (en réalité, un métis) est<br />

entré pour la première fois à la Maison-<br />

Blanche.<br />

Cette “racialisation” des commentaires,<br />

beaucoup plus forte encore hors des<br />

États-Unis qu’en Amérique même, et qui<br />

a oblitéré tout jugement politique digne<br />

de ce nom, laisse songeur. Et ce qui est<br />

le plus remarquable (ou le plus révélateur),<br />

c’est qu’elle a été le fait des racistes<br />

comme des antiracistes, les premiers<br />

ulcérés de cela-même qui réjouissait les<br />

seconds : l’arrivée d’un Noir à la tête de<br />

la plus grande puissance du monde – mais<br />

les uns comme les autres d’accord pour<br />

accorder à l’appartenance raciale<br />

d’Obama une importance démesurée.<br />

Certains de ces commentaires ont<br />

même été stupéfiants. En France, tandis<br />

que le Conseil représentatif des associations<br />

noires (CRAN) appelait à un rassemblement<br />

“pour saluer la victoire<br />

d’Obama et demander à <strong>Nicolas</strong> Sarkozy<br />

de ne pas oublier les revendications des Noirs<br />

de France”, on a pu voir de jeunes Français<br />

À raciste, raciste et demi…<br />

La candidature de Barack Obama ayant amené la question raciale au<br />

premier plan, il était logique que racistes, blancs et noirs, se mêlent<br />

de la partie. Et pas forcément de la façon dont on l’attendait.<br />

C<br />

’est le prestigieux magazine Esquire<br />

qui a levé le lièvre en sondant le<br />

cœur de diverses personnalités racistes<br />

américaines – le racisme étant là-bas non<br />

point un délit comme ici,mais une simple<br />

opinion.Ainsi,Tom Metzger, chef de file<br />

de la White Arian Resistance,a-t-il appelé<br />

à voter pour Obama, considérant que<br />

John Mc Cain “est bien plus dangereux que<br />

Bush.” Même son de cloche chez Erich<br />

Gliebe,fils d’un officier de la Wehrmacht<br />

et président de la National Alliance :<br />

“Obama est sans doute un meilleur candidat<br />

pour notre cause car il a une conscience<br />

raciale. (…) Obama pourrait être raciste<br />

dans le bon sens du terme, ce qui éveillerait<br />

la conscience de beaucoup de Blancs.(…) La<br />

12 - FLASH #3 - 4 DECEMBRE 2008<br />

meilleure des choses pour la race blanche est<br />

encore d’avoir un président Noir. Mon seul<br />

problème avec Obama, c’est peut-être qu’il<br />

n’est pas assez noir.” Et Rocky Suhayda,<br />

président du Parti nazi américain, d’affirmer<br />

:“Les Blancs ont le choix entre un Nègre<br />

et un barjo qui se trouve être blanc.<br />

Personnellement, je préfère le Nègre !”<br />

De son côté,Yahanna, association suprématiste<br />

noire, déplore :“Quand Barack<br />

Obama a fait savoir qu’il était le candidat<br />

démocrate à la présidence des USA, il s’est<br />

agi d’un des jours les plus tristes dans l’histoire<br />

des Noirs. (…) La manière dont il a<br />

pris ses distances avec ses origines avec le<br />

Révérend Wright (suspecté d’antisémitisme,<br />

NDLR) montre clairement que c’est<br />

TRIBUNE LIBRE<br />

Vers une nouvelle psychose planétaire ?<br />

LES ÉQUIVOQUES<br />

DE “L’OBAMANIA”<br />

d’origine africaine s’écrier :“On a enfin<br />

notre président !”,ou encore : “L’exemple à<br />

suivre nous vient des Etats-Unis !” (Ils ignorent<br />

sans doute qu’en France, c’est un<br />

Antillais, Gaston Monnerville, qui présida<br />

le Sénat de 1959 à 1968, poste qui faisait<br />

de lui le deuxième personnage de l’État et<br />

en cela susceptible de remplacer le président<br />

de la République en cas de défaillance<br />

de ce dernier).En Afrique, des voix<br />

plus nombreuses encore se sont élevées<br />

pour prédire “qu’Obama va sauver le continent<br />

africain” ou que le nouveau président<br />

va s’employer à élever le niveau de<br />

vie de tous les Kenyans au motif que son<br />

père était né au Kenya !<br />

D’autres affirment qu’Obama est avant<br />

tout l’élu des Noirs américains ou des<br />

minorités ethniques. C’est encore une<br />

erreur. Obama a d’ailleurs eu l’intelligence<br />

de ne pas faire campagne sur sa couleur<br />

de peau ni de se poser en candidat des<br />

Afro-Américains (catégorie à laquelle il<br />

n’appartient d’ailleurs pas lui-même),<br />

erreur qui lui aurait été fatale. Certes, il a<br />

reçu l’appui de 95 % des Noirs, de 67 %<br />

des Hispaniques (Latinos) et de 62 % des<br />

Asiatiques. Un tel fait ne saurait surprendre,<br />

et il n’est pas question de nier ici<br />

un politicien et non un homme de conviction.<br />

(…) La déception que nous allons<br />

éprouver à cause de lui nous ramènera cinquante<br />

ans en arrière.McCain est définitivement<br />

le meilleur choix pour les Noirs.” Qui<br />

a dit que les racistes étaient des gens<br />

simplistes ?<br />

N.G.<br />

Par<br />

Alain de Benoist<br />

On a pu voir de jeunes Français<br />

d’origine africaine s’écrier : “On<br />

a enfin notre président !”, ou<br />

encore : “L’exemple à suivre<br />

nous vient des Etats-Unis !” Ils<br />

ignorent sans doute qu’en<br />

France, c’est un Antillais, Gaston<br />

Monnerville, qui présida le Sénat<br />

de 1959 à 1968, poste qui faisait<br />

de lui le deuxième personnage<br />

de l’État.<br />

l’importance symbolique que représente<br />

l’élection d’un président noir dans un<br />

pays où, il y a encore un demi-siècle,<br />

régnait la ségrégation. Mais il ne faut pas<br />

oublier que,lorsque les candidats démocrates<br />

étaient des Blancs, les minorités<br />

ethniques votaient déjà très majoritairement<br />

démocrate.<br />

Obama a par ailleurs obtenu le vote<br />

de 43 % des Blancs (contre 55 % à<br />

McCain), chiffre qui n’a rien de négligeable.<br />

Il faut savoir que depuis Lyndon<br />

Johnson, en 1964, aucun démocrate n’a<br />

jamais recueilli les votes de la majorité<br />

des électeurs blancs. Or, non seulement<br />

Obama n’a pas attiré sur son nom moins<br />

de “votes blancs” que les trois derniers<br />

candidats démocrates à la Maison-<br />

Blanche, mais il en a même obtenu plus.<br />

Très symbolique est à cet égard la victoire<br />

qu’il a remportée en Virginie (l’État<br />

qui abritait la capitale des Sudistes au<br />

moment de la Guerre de Sécession) ou<br />

encore dans l’Ohio. Peter Wallsten, dans<br />

le Los Angeles Times,l’a remarqué très justement<br />

:“Les Blancs américains ont joué un<br />

rôle décisif pour faire entrer un président<br />

noir à la Maison-Blanche.” Obama est en<br />

fait parvenu à convaincre toutes les catégories<br />

sociales de son pays, et s’il a été<br />

élu, c’est d’abord pour avoir su rassembler<br />

bien au-delà de la couleur de sa peau.<br />

Enfin, il ne faudrait pas oublier que<br />

Barack Obama n’a pas été élu président<br />

de l’Afrique, secrétaire général de l’ONU<br />

ou rédempteur de l’humanité, mais président<br />

des États-Unis, avec pour seule et<br />

unique mission de défendre les intérêts<br />

américains. Compte tenu des pesanteurs<br />

historiques et géopolitiques, ce n’est évidemment<br />

pas le fait qu’il est un Noir qui<br />

suffira à remettre l’Amérique sur le chemin<br />

d’une convergence avec l’Europe. Le<br />

président russe Dmitri Medvedev est<br />

apparemment pour l’instant le seul à<br />

l’avoir compris.<br />

Barack Obama a hérité d’une situation<br />

catastrophique qui a favorisé sa victoire<br />

(le vrai vaincu du scrutin n’est pas<br />

McCain, mais George W. Bush), mais qui<br />

représente maintenant la principale difficulté<br />

à laquelle il va devoir faire face pour<br />

redresser la situation. Il sera jugé sur ses<br />

actes, non sur son appartenance raciale.<br />

Pour y parvenir, il n’aura pas à choisir<br />

entre une “politique blanche” ou une<br />

“politique noire”, car ces catégories ne<br />

correspondent à rien. Il aura à faire de<br />

bons choix politiques tout court. Savoir<br />

s’il y parviendra est une autre question.<br />

Alain de Benoist est philosophe.<br />

Derniers ouvrages parus : C’est-àdire,<br />

tomes I & II. 348 et 364 pages.<br />

49 €. Disponibles sur www.alaindebenoist.com<br />

ou à la librairie<br />

Primatice, 10 rue Primatice, 75013<br />

Paris.<br />

Les titres et les intertitres sont<br />

de la rédaction.

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