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Abbé Pierre, Lady Diana, Coluche, José Bové, Nicolas Hulot, sœur ...

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Cinéma<br />

“Le crime est notre affaire”, de Pascal Thomas<br />

UN FILM QUI FAIT DU BIEN<br />

Après Mon petit doigt m’a dit, Pascal Thomas<br />

poursuit son entreprise, éminemment française,<br />

de relecture de l’œuvre d’Agatha Christie.<br />

Ce crime, avant que d’être notre affaire, est<br />

surtout un petit livre dans la bibliographie de la<br />

grande dame. Peu importe, il est aussi l’un des<br />

plus charmants. André Dussollier, ancien<br />

des services secrets, est à la retraite. Son<br />

épouse, Catherine Frot, s’ennuie. À l’affût<br />

de tout, persuadée être<br />

témoin d’un meurtre, elle<br />

décide de mener sa propre<br />

enquête. Délicieusement<br />

dépourvu de cohérence<br />

temporelle et géographique,<br />

Angleterre<br />

tournée en Suisse,<br />

avec voitures et<br />

vêtements du siècle<br />

C’est un détour<br />

logique et ludique<br />

qui, des futuristes,<br />

nous mène à<br />

Villeglé. Ils<br />

voisinent en<br />

effet à<br />

Beaubourg sur<br />

le même plateau,<br />

dominant depuis le<br />

sixième étage les toits<br />

du vieux Paris.<br />

Quand “l’art” s’affiche !<br />

JACQUES VILLEGLÉ<br />

OU LA COMÉDIE URBAINE<br />

Sans Jacques Villeglé,<br />

qui se souviendrait de cette charmante<br />

demoiselle ? La magie de la rue…<br />

Paris, rendez-vous des voyeurs et<br />

des collecteurs de la comédie<br />

urbaine, celle qui fait toute la<br />

matière de l’œuvre de Villeglé.<br />

C’est, de fait, un travail atypique que celui<br />

de ce Quimpérois (âgé aujourd’hui de<br />

quatre-vingt-deux ans) qui, dès la fin des<br />

années quarante, a commencé à collecter<br />

dans les rues de la capitale des affiches<br />

déchirées pour les coller sur la<br />

toile.“Les affiches lacérées, expression désinvolte<br />

d’une poésie collective, traînent après<br />

elles le sable des boulevards”, écrit-il. Il<br />

aurait pu ajouter “et le poids de nos souvenirs”,<br />

car s’y exposent, avec une ironie<br />

grinçante, les résidus de nos vies promises,<br />

par la pub (on disait alors la<br />

réclame), à un futur radieux. Ces affiches,<br />

qu’elles soient déchirées par des<br />

mains anonymes, caviardées ou bombées<br />

par des passants furieux, ou sim-<br />

dernier mêlés à un environnement contemporain,<br />

ce film atteint l’état de grâce dès les premières<br />

minutes, pour ne plus jamais en redescendre.<br />

Frot et Dussollier prennent un tel plaisir<br />

à virevolter sur l’écran qu’on ne peut que<br />

les contempler, un sourire<br />

légèrement béât aux lèvres,<br />

tant le plaisir est communicatif<br />

et partagé. En cette<br />

époque de laideur et de vulgarité<br />

satisfaites, voilà un<br />

film qui fait du bien.<br />

Léger, aérien, sensible,<br />

drôle, coquin parfois<br />

: ce crime cinématographique<br />

est<br />

aussi notre affaire.<br />

N.G.<br />

plement lavées par le<br />

temps, décrivent mieux que<br />

n’importe quel discours la<br />

comédie urbaine qui fait la<br />

trame de notre quotidien.<br />

Cette exposition, première<br />

rétrospective d’une œuvre pour le<br />

moins foisonnante, rassemble plus d’une<br />

centaine d’œuvres, de 1940 à nos jours.<br />

Elle aborde de manière thématique le<br />

parcours de l’artiste depuis l’éclatement<br />

typographique (lettres et mots<br />

fragmentés prélevés sur des affiches de<br />

concert ou de cinémas de quartier) et<br />

les grandes compositions abstraites<br />

colorées des débuts, jusqu’aux récentes<br />

juxtapositions rythmiques issues d’affiches<br />

de concerts. Une salle est particulièrement<br />

intéressante, c’est celle des<br />

politiques. On y retrouve en effet,<br />

déchets esthétiques, drolatiques ou simplement<br />

dérisoires, les affiches évoquant<br />

aussi bien les crises internationales que<br />

les grands rendez-vous nationaux, ou<br />

“une élection communale clochemerlesque”,<br />

comme dit Villeglé. On y trouve<br />

restituée l’histoire politique de la France<br />

à travers les décennies, les grandes figures<br />

ramenées à l’insignifiance d’un clin<br />

d’œil sous des épaisseurs de papier<br />

Chaque quinzaine,<br />

un livre, un disque, un film.<br />

Rien que du bon, donc.<br />

Par <strong>Nicolas</strong> GAUTHIER<br />

Le livre<br />

Patrick Eudeline :<br />

nouvelle traversée de Paris<br />

Érudit, élégamment dévasté par les excès, musicologue<br />

averti, journaliste et musicien, Patrick Eudeline<br />

signe, en 2002, le roman rock définitif : Dansons sous<br />

les bombes. C’est Paris la nuit. Ce sont les errances du<br />

petit matin, quand la ville s’éveille. C’est aussi une marginalité, aristocratique<br />

au fond – voire, même dans la forme –, qui s’assume, loin du tralala<br />

des intermittents du spectacle. D’où cette quête d’un idéal introuvable<br />

en forme de promenade opiacée. Le problème d’Eudeline, c’est peut-être<br />

qu’il est né un siècle trop tard. Quel beau Brummel aurait-il fait alors…<br />

Grasset, éditeur.<br />

Le disque<br />

Serge Gainsbourg :<br />

une musique en apesanteur<br />

Les murs, leurs graffitis, leurs affiches à moitié arrachées : poésie un brin<br />

surrannée, ou Internet du siècle dernier ?<br />

1971, sort le grand œuvre de l’Homme à la<br />

tête de chou, Histoire de Melody Nelson. Il y a<br />

mis toute son âme et toutes ses tripes. Le<br />

chaland, lui, n’y mettra pas un rond.<br />

Aujourd’hui, il est de bon ton de révérer ce<br />

disque, maudit en son temps, puisque son échec ôta à jamais toute véritable<br />

ambition artistique à son auteur. L’objet du culte ressort aujourd’hui,<br />

reproduisant au format CD celui du vinyle d’origine. Bouleversant de<br />

beauté, articulé autour de l’immortel trio guitare, basse, batterie, mais<br />

rehaussé par les sublimes arrangements de cordes de Jean-Claude Vannier,<br />

la chose est évidemment indispensable.<br />

Universal.<br />

Le film<br />

Les Chinois à Paris :<br />

l’Occupation<br />

selon Jean Yanne<br />

Il fallait le faire. Et seul Jean Yanne pouvait<br />

l’oser. Quoi ? Mais cette évocation de<br />

l’Occupation de 40, pardi ! Vue au prisme<br />

d’une autre, imaginaire, des Chinois, dans<br />

les seventies giscardo-pompidoliennes. D’où<br />

un film certes tourné un peu en roue libre.<br />

Avec un Paul Préboist des plus suaves, en collabo cauteleux. Un Daniel<br />

Prevost glacial, en épurateur frustré. Et, surtout, un Jean Yanne sublime, en<br />

opportuniste enrichi dans le marché noir et le bobinard, finançant une fois<br />

un camp, une fois l’autre, misant sur le pinard et la cuisse légère pour<br />

bouter l’envahisseur hors du périphérique. Une jeunesse française, en<br />

quelque sorte.<br />

Seven 7<br />

déchiré… De quoi dégonfler quelques<br />

ego démesurés.<br />

Revendiquant la position du flâneur,<br />

Jacques Villeglé n’est pas un auteur de<br />

“ready-made”, même s’il n’intervient pas<br />

(sauf par de rares coups de pouce) sur<br />

les affiches qu’il prélève dans les rues<br />

pour les maroufler sur toile. Son travail<br />

consiste plutôt à laisser émerger du<br />

chaos urbain ce qu’il ressent comme<br />

des beautés cachées. Et à le voir ainsi<br />

maroufler nos souvenirs transformés<br />

par son regard amusé, on sent devenir<br />

palpable la vanité des choses.<br />

Marie-Claire ROY<br />

FLASH #3 - 4 DECEMBRE 2008 - 15

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