souvenirs de la flandre-wallonne recherches historiques ...

DE LA FLANDRE-WALLONNE 9
Souvent poursuivi déjà par le fouet de son père,
pour les seuls griefs de couper ses pauvres petits habits
en dégrossissant ses figures et de se blanchir
comme un meunier en les finissant, il le fut bien plus
pour avoir, disait-on, insulté l'un des plus riches fermiers
du village, homme réputé fort avare, il est
vrai, mais dont son vertueux père n'eut jamais qu'à
se louer dans ses nombreux rapports avec lui pour
la charpente et le charronnage. Car son bon père ne
lui pardonnait point d'avoir osé représenter M. Isambart
la bêche sur l'épaule, le col tordu et la tête
toute penchée d'un côté, boitant d'une jambe trop
longue ou de l'autre trop courte, et s'en allant ainsi
travailler aux champs comme un simple ouvrier. Il
aurait brisé de suite cette petite figure, sans le désir
annoncé du château, ainsi que de la part de M. lsambart
lui-même, de venir la voir afin d'en rire.
En attendant, le père lui défendit impitoyablement
de faire encore de ces petites figures. Malgré ses larmes,
les prières de sa tendre mère, celles de son bon
frère parrain, de sa bonne soeur marraine, de ses autres
frère et soeur, François et Jeanne-Louise, malgré
celles des autres bons parents et amis de la maison,
de M. Belzvaque, premier fermier du lieu, et même
malgré celles de M. le curé, si vénérable et si vénéré,
son couteau lui fut ravi et tous ceux de la maison renfermés,
avec sérieuses recommandations aux parents
et amis de ne lui en point prêter.
Il fallut souscrire et obéir à la volonté d'un père,
à la décision de ce tribunal plus redouté, dans les cam-
pagnes, que ne le sont tous ceux des villes et des capi-