Escume des nuits - Romanes.be

Livres - BD
Où le regard ne porte pas
Olivier Pont et Georges Abolin
On avait connu Olivier Pont grâce (ou à cause) de l’album
« La Honte », qui suivait la lignée de « Tout ce qui fait
râââler les nanas » ou encore « Tous les défauts des
mecs », ces BD’s qu’on s’offrait entre amis, qui faisaient
sourire voire rire mais qui ne marquèrent pas l’histoire de la BD.
Oubliez tout ça, voici une bande dessinée qui vaut de l’or. Le
deuxième tome de « Où le regard ne porte pas » vient de sortir, il
clôt le récit et dénoue l’intrigue amorcée dans le premier mais ne
laisse pas indifférent.
Dans le premier volet de cette « bi-logie », on nous présentait une
famille irlandaise s’installant dans le Sud de l’Italie. Pour William,
le fils âgé de dix ans, c’est une nouvelle vie qui commence. Il rencontre
une fillette, Lisa, et deux garçons, Paolo et Nino, avec qui
il partage les jeux, mais aussi la même date d’anniversaire et un
mystérieux secret.
Le deuxième tome nous fait retrouver ces quatre amis, adultes
cette fois. Après s’être perdus de vue pendant vingt ans, ils se
réunissent tous à la demande de Lisa. Celle-ci leur demande de
partir en Amérique du Sud à la recherche de son mari. C’est au
cours de ce voyage qu’ils comprendront (et le lecteur avec) le lien
6 • L’escume des nuits Novembre 2004
qui semble les unir.
Olivier Pont nous offre au long de ces deux albums un graphisme
moderne et dynamique, le dessin est stylisé et très personnel, la
couleur est chaude tout du long. Certains n’apprécient pas ses cadrages
trop « américains », ils sont rares. L’histoire se lit comme
un film se regarde : les cases se succèdent avec une facilité déconcertante.
Certaines trouvailles au niveau du découpage font que
cette BD se laisse lire et relire sans problème car une seule lecture
ne permet pas de saisir tous les procédés qui ont été mis en œuvre
pour servir l’histoire avec tant d’efficacité.
Il serait difficile de parler plus de l’histoire sans dévoiler le nœud
de l’énigme. Je dirai simplement qu’elle m’a beaucoup plu. Une
histoire un peu fantastique, une atmosphère un peu poétique, des
personnages à qui on s’identifierait volontiers… Cette BD est tout
un poème.
Elle tient en deux tomes, on est donc sûr de ne pas tomber dans le
piège des séries interminables qui s’affadissent et s’appesantissent
sur un sujet trop exploité (comme le dernier Titeuf par exemple).
Chacun des album contient une centaine de pages, ce qui signifie
qu’on n’est pas volé par rapport au prix de l’album et surtout
que les auteurs ont pris le temps de développer leur histoire sans
la précipiter. Les couvertures sont superbes, ce qui en fait deux
beaux objets de collection, c’est une idée cadeau idéale pour les
amateurs de BD ou ceux qui veulent la découvrir.