Vite j’ai pansé son horrible blessure, hélas ! il n’y avait rien à faire, il ne m’a plus rien dit, la mort est venue presque <strong>de</strong> suite. Etant dans une mauvaise passe, je suis resté 12 heures auprès <strong>de</strong> lui, au fond d’un trou. Quelle atroce journée. A la tombée du jour, le bombar<strong>de</strong>ment recommença plus violemment encore, il m’a fallu partir en arrière, j’ai voulu lui prendre ce qu’il avait sur lui, mais sous la mitraille j’ai du tout abandonner, son malheureux corps est donc resté à la disposition <strong>de</strong>s Allemands. A part moi toute sa ½ section y a passé. » Signé : Gonthier Chose non moins angoissante, les Allemands ayant occupé le terrain <strong>de</strong>puis le 4 mai 1917 jusqu'à l’Offensive <strong>de</strong> la Marne en 1918, personne ne sait ce que sont <strong>de</strong>venus ses restes. Après <strong>de</strong> multiples démarches <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ma famille en 1919, une tombe portant son nom fut retrouvée sur le champ <strong>de</strong> bataille même. Celle-ci fut ouverte en présence <strong>de</strong> ma Mère et <strong>de</strong> mon Grand Père, mais stupeur ! ce n’était pas lui. Enfin après <strong>de</strong> maintes exhumations sur exhumations, une petite croix blanche (parmi les 24 000) porte désormais son nom glorieux au cimetière militaire <strong>de</strong> Maison Bleue sur le terri<strong>toi</strong>re <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Cormicy (Marne) à quelques km. De Berméricourt, en bordure <strong>de</strong> le Route 44 (Reins à Laon) et en face du Canal <strong>de</strong> la Marne à l’Aisne. Aussi chaque année c’est un bien grand <strong>de</strong>voir pour ma Mère, mes Frères et moi que d’aller déposer un pieux hommage sur ces lieux sacrés où se brisa à jamais notre Gran<strong>de</strong> Affection. C’est le cœur plein d’émotion que nous revoyons cette voie ferrée meurtrière, le Canal <strong>de</strong> Loivre d’où il partit à l’attaque pour ne plus revenir, le fameux Bois du Seigneur, ce bois tragique qui semble avoir gardé à tout jamais l’implacable souvenir, la végétation ne veut plus y repousser, les arbres étant remplacés par quelques troncs calcinés au milieu <strong>de</strong> la broussaille et <strong>de</strong> tranchées presques intactes dans lesquelles gisent encore çà et là, <strong>de</strong>s ossements humains. Témoins <strong>de</strong> l’horrible drame d’il y a douze ans, les champs, où pousse un blé magnifique, s’éten<strong>de</strong>nt à perte <strong>de</strong> vue et dans le lointain on aperçoit les <strong>de</strong>ux tours massives <strong>de</strong> la célèbre cathédrale <strong>de</strong> Reins. Plus prés, sur une colline élevée, se dresse le fort <strong>de</strong> Brimont (au sud) formidablement installé, d’où les Allemands dominaient tout le pays. Page 92 sur 136 <strong>Souviens</strong>-<strong>toi</strong>
[ Photo prise au repos à Sommes-Suippes en juillet 1915. ] Pas <strong>de</strong> Calais – Somme – Oise – Champagne – Argonne – Marne. - Georges Gouin - Né à Rugles [Eure] le 27 juillet 1878. Mort au Champ d’Honneur à Berméricourt [Marne] le 4 mai 1917 Page 93 sur 136 <strong>Souviens</strong>-<strong>toi</strong>
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