Le courage de dire N° 92 - Unadfi

alors assigner un « formateur » qui s’immisce complètement dans leur vie privée. Vivant
en communauté dans un appartement avec d’autres fidèles, ils remettent 10 % de leurs
revenus…sans compter une plus gourmande collecte annuelle ! Les disciples ont une
obligation de rendement et tout leur emploi du temps se trouve ainsi accaparé. Au sein
d’une organisation très hiérarchisée, manipulés psychologiquement et moralement, ils
ont peu de chance d’échapper à un sentiment de culpabilité car, ainsi que le déclare
un responsable de la branche française : « la culpabilité nourrit et entretient la peur du
diable et de l’enfer. Si l’homme venait à ne plus avoir peur du démon, il ne s’intéresserait
plus à la Bible. La culpabilité est la clé de voûte de notre entreprise » 6 (7). En outre, la
place de la femme au sein de l’Eglise est codifiée : elle doit obéissance et soumission à
l’homme car il s’agit d’un « principe » biblique 7 . Quant à ceux qui quittent le groupe, ils
sont l’objet soit de relances téléphoniques à caractère affectif (technique du « bombardement
d’amour ») soit d’un « ‘chantage spirituel » : « Ce n’est pas seulement nous que
tu quittes, c’est Dieu, et c’est Satan que tu embrasses » 8 En 1993, le journal canadien
« The Mc Gill Daily » rapporte un cas parmi d’autres : un jeune homme Darren Becker,
approché par l’Eglise, s’y était très rapidement engagé. Sa famille, de religion juive,
« consternée » par son changement radical de comportement, fit appel à un rabbin. Ce
dernier mit Darren et sa famille en contact avec Info-Secte et au final, le jeune homme
comprenant qu’il devenait membre d’une secte, quitta le mouvement 9 .
Contestation
En 2003, Henry Kriete de l’Eglise de Londres rédige une lettre ouverte qui va provoquer
un séisme au sein de l’Eglise du Christ Internationale. Cette lettre met en exergue
la « hiérarchie corrompue », la « hantise des statistiques », « l’arrogance » et l’amour
de l’argent [des responsables qui vivaient somptueusement !]. De nombreux dirigeants
présentèrent leurs excuses pour les différents « abus de pouvoir » et le chef suprême,
Kip Mc Kean démissionna. Quant à l’Eglise du Christ Internationale de France, elle fut
dissoute le 10 octobre 2003, plongeant les fidèles de base dans le plus grand désarroi…
alors que leurs chefs s’exilaient en Allemagne et en Australie avec de fortes indemnités
de « licenciement ».
Selon une source bien informée, Kip Mc Kean a entrepris de créer à nouveau des
groupes dans plusieurs villes des Etats-Unis. Quant aux Eglises du Christ en France,
en Belgique, en Suisse et au Canada, il semblerait qu’elles aient connu de profonds
changements mais il n’y a pratiquement pas d’informations qui filtrent les concernant
aujourd’hui. Si ce n’est au travers de l’association humanitaire Hope WorldWide qui demeure
toujours active dans une vingtaine de pays, d’après les informations trouvées sur
6 Le Matin (Suisse), 29.1.1998.
7 La Lanterne, La Meuse, « Des chrétiens pas très catholiques », Ph ; Allard, 5.11.1996.
8 « Vous avez dit secte ? », Yves Boisvert, La Presse, Montréal, 17.4.2000.
9 The Mc Gill Daily, “Une secte fanatique opère à Mohtréal”, 3.2.1993.
N°92, 4 ème trimestre 2006, Le courage de dire