02.07.2013 Views

Le courage de dire N° 92 - Unadfi

Le courage de dire N° 92 - Unadfi

Le courage de dire N° 92 - Unadfi

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

séparer le Mal <strong>de</strong> Dieu (Yahvé) créant ainsi « le titre » <strong>de</strong> Satan. Ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>viendra bientôt le<br />

« bouc émissaire <strong>de</strong> Dieu » et « l’instigateur même du Mal ». Quant aux apparences physiques<br />

du Diable, elles sont, rappelle encore l’ouvrage, « les fruits <strong>de</strong> l’héritage mythologique » <strong>de</strong><br />

civilisations antiques.<br />

Quelques siècles plus tard, au Moyen Age, Satan (« le Diable ») <strong>de</strong>vient, pourrait-on <strong>dire</strong>, une<br />

obsession, et à la Renaissance, il <strong>de</strong>vient une phobie. <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal est alors traversé<br />

par <strong>de</strong>s guerres, <strong>de</strong>s famines, <strong>de</strong>s épidémies, <strong>de</strong>s troubles religieux… S’ensuivent <strong>de</strong>s « vagues<br />

meurtrières » à l’encontre <strong>de</strong> tous ceux qui, refusant l’orthodoxie chrétienne, sont catalogués <strong>de</strong><br />

diaboliques. C’est le temps <strong>de</strong> l’inquisition et <strong>de</strong>s prêtres exorcistes. <strong>Le</strong> temps aussi <strong>de</strong> la non<br />

différenciation entre sorcellerie et satanisme.<br />

<strong>Le</strong> véritable culte <strong>de</strong> Satan naît au début du 17 e siècle, qui voit l’irruption <strong>de</strong> sociétés secrètes<br />

et <strong>de</strong> rites « sauvages » inspirés <strong>de</strong> pratiques païennes et gnostiques. <strong>Le</strong>s décennies suivantes<br />

adopteront une approche plus sceptique du phénomène du satanisme jusqu’à un certain 19 e<br />

siècle, plongé dans le romantisme noir, qui vouera même une sorte <strong>de</strong> fascination à Satan. Par<br />

la suite apparaîtront <strong>de</strong>s « théoriciens » tels Aleister Crowley et Anton La Vey qui « marqueront »<br />

le satanisme. <strong>Le</strong> culte sataniste prend <strong>de</strong>ux formes différentes selon qu’il est le fait <strong>de</strong>s<br />

fondamentalistes ou d’amateurs. <strong>Le</strong>s premiers s’attachent au culte <strong>de</strong> Satan ou <strong>de</strong> Lucifer, ce<br />

<strong>de</strong>rnier étant rattaché à la Wicca dont les tenants se disent héritiers <strong>de</strong>s sorciers… <strong>Le</strong>s seconds<br />

n’appartiennent pas à un courant défini, adoptant plutôt une forme <strong>de</strong> syncrétisme. Quant aux<br />

jeunes qui, la plupart du temps, ne possè<strong>de</strong>nt aucune culture religieuse, leurs pratiques pseudosataniques<br />

peuvent s’assimiler à un « bricolage », avec le double danger toutefois <strong>de</strong> tomber<br />

dans l’écueil <strong>de</strong> « cérémonies déviantes » ou <strong>de</strong> se faire recruter par <strong>de</strong>s groupuscules mieux<br />

organisés. En marge, trois autres mouvances baignent également dans un « ensemble d’images<br />

et <strong>de</strong> références imprégnées <strong>de</strong> la thématique et <strong>de</strong> la symbolique satanistes ». Il s’agit <strong>de</strong> celles<br />

<strong>de</strong>s gothiques, <strong>de</strong> la musique metal et <strong>de</strong>s motards <strong>de</strong> Hells Angels. Tous mobilisent l’image du<br />

Diable qui, à leurs yeux, symbolisent provocation et révolte. Reste cependant que le gothisme<br />

peut être une porte d’entrée sur le satanisme et que la musique metal préoccupe en raison <strong>de</strong>s<br />

risques <strong>de</strong> « passages à l’acte ». <strong>Le</strong>s satanistes se livrent en effet au prosélytisme au cours<br />

<strong>de</strong>s concerts, là où ils rencontrent « <strong>de</strong>s hommes jeunes, amateurs <strong>de</strong> musique violente et <strong>de</strong><br />

culture marginale, tatoués, piercés et parfois drogués» qui rentrent dans le profil sociologique <strong>de</strong>s<br />

a<strong>de</strong>ptes potentiels ! L’autre mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> recrutement reste la toile du net.<br />

Pourtant les Pouvoirs Publics constatent finalement peu <strong>de</strong> dérives <strong>de</strong> la part d’auditeurs <strong>de</strong><br />

musique ou <strong>de</strong> gothiques. <strong>Le</strong> « danger potentiel » viendrait plutôt <strong>de</strong> microstructures non<br />

déclarées aux plans juridique et associatif, agissant sans contraintes. Il est d’ailleurs constaté<br />

que la « quasi-totalité » <strong>de</strong>s passages à l’acte sataniste ont été « le fait d’individus affiliés à <strong>de</strong><br />

tels groupuscules ». En conclusion, l’on observe que le « cœur doctrinal » du satanisme <strong>de</strong>meure<br />

commun : critiquer l’ordre social existant, ainsi que les « notions d’égalité, <strong>de</strong> solidarité », « <strong>de</strong><br />

fraternité et d’ai<strong>de</strong> aux plus démunis ». L’Etat reste donc très attentif aux ramifications entre<br />

certaines structures satanistes et la nébuleuse néonazie. Il l’est également face à un satanisme<br />

potentiellement « porteur <strong>de</strong> pratiques aux consonances sectaires affirmées » qui s’illustre par<br />

la mise en pratique d’actes troublant l’ordre public et attentatoires aux Droits <strong>de</strong> l’Homme et aux<br />

libertés fondamentales.<br />

<strong>N°</strong><strong>92</strong>, 4 ème trimestre 2006, <strong>Le</strong> <strong>courage</strong> <strong>de</strong> <strong>dire</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!