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Des pigeons moins volatils

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MARDI 13 MARS 2007<br />

grand paris<br />

Environnement La Mairie de Paris inaugure aujourd’hui un pigeonnier contraceptif dans le 11<br />

Les <strong>pigeons</strong> ont leur planning familial<br />

e arrondissement<br />

Tout est bon pour lutter<br />

contre la surpopulation des<br />

<strong>pigeons</strong>. La Mairie de Paris<br />

a opté pour une méthode<br />

douce. Afin de limiter les<br />

concentrations d’oiseaux et<br />

donc les nuisances, elle a<br />

choisi de passer un « contrat<br />

moral » avec les nourrisseurs.<br />

Le pigeonnier qui est<br />

inauguré ce matin devant le<br />

square de la Roquette (11 e )<br />

se veut un moyen de « réconcilier<br />

» les défenseurs<br />

des <strong>pigeons</strong> et les Parisiens<br />

révulsés par ces « rats volants<br />

». Car c’est un outil<br />

contraceptif destiné à éviter<br />

le nourrissage sauvage.<br />

Le pigeonnier attire les<br />

oiseaux à cinq cents mètres<br />

à la ronde. Ils y trouvent des<br />

graines, y font leur nid, puis<br />

les services de la Mairie passent<br />

tuer l’essentiel des<br />

œufs. Cela permet aussi de<br />

surveiller l’état de santé des<br />

oiseaux, notamment dans le<br />

cadre du dispositif de prévention<br />

de la grippe aviaire.<br />

Une pasionaria du « peuple<br />

pigeon » a ouvert la voie<br />

Heureuse. Brigitte<br />

Marquet, l’amie des <strong>pigeons</strong>,<br />

a réussi sa mission : faire<br />

migrer trois cents <strong>pigeons</strong><br />

vers la petite cabane au toit<br />

de zinc. A la demande de la<br />

Mairie de Paris, cette jeune<br />

retraitée a distribué, chaque<br />

jour pendant des mois,<br />

des graines sur un parcours<br />

de 1,2 km. Les oiseaux l’ont<br />

ainsi suivie jusqu’au pigeonnier,<br />

cabane en bois<br />

qu’elle décrit comme « un<br />

hôtel trois étoiles ».<br />

La veste maculée de fiente,<br />

les mains abîmées et les<br />

cheveux en bataille, elle<br />

tend l’oreille : « Il yaun<br />

petit qui pleure » dans la<br />

meute… avant de sourire :<br />

« Regardez, ils dansent le<br />

flamenco. » Et, sans relâche,<br />

elle distribue des tracts pour<br />

S.VIARD / 20 MINUTES<br />

S. VIARD / 20 MINUTES<br />

L’installation d’un pigeonnier<br />

pilote dans le 14 e a,<br />

selon la Mairie, « réglé une<br />

grosse partie des nuisances<br />

de l’arrondissement ».<br />

Mieux, les nourrisseurs ont<br />

eux-mêmes joué les médiateurs<br />

dans les environs, invitant<br />

leurs comparses à se<br />

Brigitte Marquet.<br />

défendre la cause du « peuple<br />

pigeon, martyrisé », qui<br />

« crève de faim », « s’abîme<br />

les pattes avec les fils électriques<br />

» et risque l’empalement<br />

ou la capture par des<br />

sociétés de dépigeonnage<br />

qui font « éclater les oiseaux<br />

sous vide ». S. C.<br />

concentrer autour du<br />

pigeonnier.<br />

Mais le responsable des services<br />

vétérinaires de la préfecture,<br />

Jean-Roch Gaillet,<br />

estime que même avec un<br />

pigeonnier par arrondissement,<br />

« on ne réglera pas les<br />

nuisances, car il y a des gens<br />

règlement<br />

Le règlement sanitaire<br />

de Paris interdit<br />

d’« attirer<br />

systématiquement<br />

ou de façon habituelle<br />

les <strong>pigeons</strong> lorsque<br />

cette pratique est<br />

une cause<br />

d’insalubrité<br />

ou de gêne pour<br />

le voisinage » et le<br />

règlement des parcs<br />

et promenades<br />

interdit « de nourrir les<br />

oiseaux » en général.<br />

Il est aussi conseillé<br />

aux propriétaires<br />

de boucher les lieux<br />

pouvant servir d’abris.<br />

Selon la préfecture,<br />

seule une vingtaine<br />

d’amendes par an<br />

seraient dressées<br />

(183 €, et jusqu’à<br />

450 € en cas<br />

de récidive).<br />

Le pigeonnier du square<br />

de la Roquette.<br />

qu’on ne corrigera jamais ».<br />

Et la capacité de reproduction<br />

des <strong>pigeons</strong> est telle<br />

que la stérilisation de centaines<br />

d’œufs ne jouera qu’à<br />

la marge sur la population<br />

globale de ces volatiles féconds<br />

comme des lapins.<br />

Sophie Caillat<br />

3<br />

Ils bravent les interdits<br />

pour nourrir leurs protégés<br />

Dans la clandestinité. Les<br />

défenseurs des <strong>pigeons</strong> ont<br />

leurs techniques pour donner à<br />

manger à leurs protégés.<br />

Certains sortent la nuit ou se<br />

cachent dans les recoins de<br />

la ville. Porte Saint-Denis<br />

(10 e ), au contraire, ils nourrissent<br />

et cajolent au grand<br />

jour. <strong>Des</strong> voisins déposent<br />

des sacs de pain, des petites<br />

vieilles se trouvent une occupation,<br />

des musulmans remercient<br />

l’animal qui aurait<br />

guidé le prophète Mahomet<br />

dans le désert. La Mairie de<br />

SOURCE : PÔLE ÉCOLOGIE URBAINE, MAIRIE DE PARIS<br />

chiffres<br />

80 000 La population<br />

estimée des <strong>pigeons</strong><br />

parisiens, un chiffre<br />

qui serait stable.<br />

1 000 <strong>pigeons</strong><br />

seraient présents à la<br />

porte Saint-Denis (10 e ).<br />

5ou6lieux par<br />

arrondissement<br />

connaissent<br />

une surpopulation<br />

de <strong>pigeons</strong> (plus de<br />

cent au même endroit).<br />

700 à 1 000 œufs<br />

supprimés en trois ans<br />

dans le pigeonnier<br />

du 14 e .<br />

6 pigeonniers doivent<br />

être installés<br />

par la Mairie d’ici<br />

à la fin de l’année.<br />

Paris croule sous les courriers<br />

d’amoureux des <strong>pigeons</strong><br />

dénonçant le manque d’eau<br />

lors de sécheresses, les empoisonnements<br />

ponctuels,<br />

les captures organisées.<br />

Une repentie raconte par<br />

quel « engrenage » elle est<br />

« entrée dans le monde du<br />

pigeon » : « On commence<br />

par jeter des graines et<br />

soudain ils accourent par<br />

dizaines, c’est la preuve<br />

qu’ils ont faim. Puis on commence<br />

à voir les blessés, les<br />

malades… » S. C.<br />

sauvage Longtemps domestiqué par<br />

l’homme, élevé pour sa chair ou pour ses qualités<br />

de voyageur, le pigeon est redevenu un animal<br />

sauvage. Dans l’écosystème parisien, il a une<br />

fonction de nettoyeur, un peu comme les rats.

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