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SROR / Luxembourg N° 02/2013<br />
<strong>Le</strong> <strong>Porte</strong>-<strong>Voix</strong> Page 16 Février 2013<br />
Dossier – L'épineuse question des Touaregs dans le Sahel (suite 2)<br />
<strong>Le</strong>s Touaregs: histoire d'un cycle de ré<strong>be</strong>llions et de répressions (suite 2)<br />
Au commencement étaient les Touaregs… (suite 2)<br />
(Suite de la page 15)<br />
Ils voulaient être inclus dans un Sahara français. En 1995, à la fin<br />
d'une des révoltes des Touaregs du Niger, on entendait encore<br />
des leaders faire référence à l'OCRS (Organisation commune des<br />
régions sahariennes), projet éphémère d'un État touareg concocté<br />
à Paris - puis oublié. Aujourd'hui, le rêve a été mis entre<br />
parenthèses, les soulèvements sont nationaux, mais les<br />
indépendantistes veulent toujours mettre la France de leur côté.<br />
Un chapitre nouveau des relations complexes entre la France et<br />
les hommes bleus est peut-être en train de s'écrire. <strong>Le</strong> MNLA<br />
entend profiter de la déroute des islamistes, touaregs ou ara<strong>be</strong>s,<br />
et compte sur la France pour appuyer ses désirs<br />
d'autodétermination auprès du gouvernement malien. «C'est en<br />
1960 que nous avons vraiment été colonisés», dit Moussa ag<br />
Assarid, le porte-parole du MNLA. Il a été ravi d'entendre jeudi le<br />
ministre français de la Défense, Jean-Yves <strong>Le</strong> Drian, prononcer<br />
le nom du nord du Mali en tamachek, l'«Azawad».<br />
(*) Anne Saint Girons, «<strong>Le</strong>s Ré<strong>be</strong>llions touarègues», Ibis Press<br />
(**) Moussa Ag Assarid et Nathalie Valera Gil «Y a pas que du<br />
sable dans le désert», Presses de la Renaissance<br />
La région du Sahel face à l'épineuse question touareg<br />
Un règlement au Nord-Mali de la question touareg est-il envisageable ?<br />
La question touareg et le rôle qui pourrait être dévolu au MNLA, le<br />
Mouvement national de libération de l'Azawad (laïque), dans un<br />
règlement au Nord-Mali constituent une pomme de discorde<br />
potentielle entre la France et ses alliés dans la région.<br />
Au Niger, pays qui, comme le Mali, accueille une minorité touareg,<br />
la question suscite une inquiétude manifeste depuis que les<br />
forces françaises s'appuient sur le MNLA pour reprendre le<br />
contrôle de l'Adrar des Iforas, la région de Kidal, dans le nord du<br />
Mali.<br />
<strong>Le</strong> président du Niger, Mahamadou Issoufou, s'en est ouvert<br />
récemment, lors d'une interview à RFI, en réclamant le<br />
«désarmement» du MNLA avant que des négociations puissent<br />
être engagées avec le mouvement re<strong>be</strong>lle. «<strong>Le</strong> MNLA n'est pas<br />
représentatif du peuple touareg», avait ajouté le chef de l'État du<br />
Niger.<br />
Son ministre des Affaires étrangères, Mohammed Bazoum, de<br />
passage à Paris souligne qu'il y a là «une grande divergence avec<br />
la France». <strong>Le</strong>s Touaregs, juge-t-il, bénéficient d'une image qui<br />
tient davantage au mythe qu'à la réalité.<br />
Avec leur habillement caractéristique, «les hommes bleus»<br />
fascinent depuis longtemps les Français. Ils ne sont pourtant pas<br />
majoritaires dans le nord du Mali et leur accorder un statut<br />
particulier serait, pour Mohammed Bazoum, «semer les germes<br />
d'une guerre civile dans la région». «Il n'y a pas d'ethnie<br />
privilégiée», ajoute-t-il.<br />
Intégrité territoriale<br />
<strong>Le</strong> problème est que l'armée malienne aura bien du mal à se<br />
déployer dans la région. Craignant des exactions vis-à-vis des<br />
populations touaregs et ara<strong>be</strong>s, le MNLA a exigé qu'aucun soldat<br />
malien ou ouest-africain ne soit déployé à Kidal, le <strong>be</strong>rceau<br />
traditionnel des ré<strong>be</strong>llions touaregs. Résultat, les forces<br />
françaises se sont déployées dans la région avec un contingent<br />
tchadien. <strong>Le</strong> MNLA s'est empressé de faire savoir qu'il<br />
«collaborait à 100 %» avec les troupes françaises.<br />
<strong>Le</strong> Figaro – 01 Fev 2013<br />
Si l'intégrité territoriale du Mali doit être rétablie, il faudra bien que<br />
l'autorité de Bamako s'exerce dans la région. Cela paraît évident,<br />
mais n'est pas si simple à mettre en œuvre.<br />
Des soldats touaregs maliens de retour à Gao … Certains les<br />
"ont à l'œil"<br />
Il y a tout un passé à surmonter. Après chacune des ré<strong>be</strong>llions<br />
touaregs, en 1990 et en 2006, l'État malien en situation de<br />
faiblesse a fait d'importantes concessions allant jusqu'à la<br />
démilitarisation de la région. Ces accords de Tamanrasset puis<br />
d'Alger avaient été négociés sous médiation de l'Algérie, qui<br />
tenait à éloigner le problème de ses propres frontières.<br />
Aujourd'hui un nouveau «pacte national» devra être conclu afin<br />
de rétablir la souveraineté du Mali sur l'ensemble de son<br />
territoire. «Nous n'accepterons pas que l'armée malienne ne soit<br />
pas déployée dans le nord», relève Mohammed Bazoum.<br />
La volonté de la France et des États-Unis de transformer la force<br />
africaine de la Misma en force de maintien de la paix de l'ONU<br />
devrait aider à la mise en place de ce nouveau «pacte national»<br />
et aider à résoudre la difficile question touareg.<br />
<strong>Le</strong> Figaro – 13 février 2013