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SROR / Luxembourg N° 02/2013<br />
<strong>Le</strong> <strong>Porte</strong>-<strong>Voix</strong> Page 6 Février 2013<br />
Société – L'état de la pauvreté chez nous<br />
Un Wallon sur cinq vit dans la pauvreté<br />
Une personne sur sept vit sous le seuil de pauvreté en Belgique. En Wallonie, c’est pire. <strong>Le</strong>s chiffres 2013 de la<br />
pauvreté sont inquiétants.<br />
Près d’un wallon sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. <strong>Le</strong>s indicateurs 2013 de la pauvreté passent au rouge, particulièrement côté<br />
francophone. <strong>Le</strong>s jeunes, et les enfants, sont frappés de plein fouet. <strong>Le</strong>s personnes âgées aussi.<br />
Et en toile de fond, l’inégalité des revenus ne cesse d’augmenter. La part<br />
du revenu imposable des 10 % des personnes les plus riches est<br />
désormais 62 fois supérieure à celle des 10 % des personnes les plus<br />
pauvres, contre 46 fois en 2005. La secrétaire d’État à la Lutte contre la<br />
pauvreté, Maggie De Block, présentait hier l’annuaire 2013 de la pauvreté<br />
en Belgique.<br />
La crise est passée par là. Ce n’est une surprise pour personne, elle fait<br />
des dégâts. La Belgique reste dans une moyenne «honorable» au niveau<br />
européen avec 15,3 % de sa population qui vit sous le seuil de pauvreté.<br />
Mais en janvier 2012, il y a un an, ce pourcentage était à 14,6 % (et 19,2 %<br />
pour la Wallonie).<br />
Ce résultat se base uniquement sur un critère de revenu. Est considéré<br />
comme pauvre, un isolé dont le revenu est en dessous de 1000€ par mois<br />
et un ménage (deux adultes, deux enfants) qui vit avec moins de 2101€.<br />
Si l’on ajoutait des critères de privation matérielle et de la faible intensité de travail, ce taux passerait de 15,3 % à 20,8 %. «La pauvreté<br />
ne se définit pas que par du matériel et par les inégalités. Mais aussi par l’isolement, l’accès à la santé ou aux loisirs», a souligné Jan<br />
Vranken, l’un des auteurs de l’annuaire, professeur à l’université de Gand.<br />
La fracture entre les deux grandes régions du pays est énorme. La pauvreté est située à 9,8 % de la population flamande et 19,2 % de<br />
celle en Wallonie. En Wallonie, plus d’une famille monoparentale sur deux (54,3 %) est pauvre. <strong>Le</strong> risque de pauvreté des enfants en<br />
dessous de 15 ans s’élève à 24,1 % en Wallonie (10,3 % en Flandre).<br />
<strong>Le</strong> nombre d’étudiants qui a fait appel, en Belgique, au revenu d’intégration connaît une croissance énorme : de 3655 étudiants<br />
bénéficiaires en 2002 à 17531 en 2011. Au-delà, le taux de chômage chez les jeunes est nettement supérieur à celui des catégories<br />
d’âge plus élevé : 18,7 % chez les moins de 24 ans.<br />
Globalement, les sans-emploi font aussi partie des catégories les plus vulnérables : 37,8 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté.<br />
De même les seniors. La pauvreté concerne également 20,2 % des plus de 65 ans. Au total, 20,8 % des habitants de la Belgique vivent<br />
dans un ménage qui rencontre des difficultés à boucler ses fins de mois.<br />
Maggie De Block fait de la lutte contre la pauvreté des enfants son absolue priorité pour 2013. «Via les écoles, nous pouvons recevoir<br />
plus rapidement des signaux d’alarme. Il faut casser cette spirale négative pour les générations futures », a expliqué la secrétaire d’État.<br />
Vers l'Avenir – 25 janvier 2013<br />
Ce qui a changé en 40 ans …<br />
La pauvreté reste une donnée constante dans nos sociétés<br />
prospères. Il y a plus de quarante ans, on évaluait déjà à 13,5% le<br />
nombre de Belges en état de pauvreté. L'exclusion est une donnée<br />
constante.<br />
Il y a pourtant des changements.<br />
<strong>Le</strong> ménage standard, celui qui sort la tête de l'eau, est passé<br />
d'un ménage à revenu unique à un ménage à double revenu.<br />
<strong>Le</strong> minimum en matière de formation est passé de<br />
l'enseignement primaire à l'enseignement secondaire supérieur.<br />
Et puis, l'individualisation a terriblement progressé, avec son<br />
pendant sur la disparition de liens de solidarité directs et<br />
structurels. <strong>Le</strong>s auteurs de l'annuaire pauvreté notent aussi que<br />
"les conséquences de la crise qui s'ajoutent à des tendances à<br />
long terme déjà présentes forment un bouillon de culture propice<br />
à davantage de formes nouvelles de pauvreté et d'exclusion<br />
sociale".<br />
Par ailleurs, aujourd'hui, le chômage occupe de nouveau le<br />
premier plan des pourvoyeurs de pauvreté. Or, soulignent les<br />
auteurs, le chômage "mène à une problématique de dettes<br />
même lorsque les crédits ont été contractés avec une certaine<br />
prudence".<br />
La pauvreté alarmante des enfants<br />
Dis-moi dans quelle famille tu grandis, je te dirai si la pauvreté<br />
te guette …<br />
Trois types de familles sont à gros risques : les familles avec<br />
trois enfants ou plus, les familles monoparentales, les enfants<br />
qui grandissent dans une famille d'immigrés. Or, note Isa<strong>be</strong>lle<br />
Pannecoucke, chercheuse à l'université de Gand, "La famille<br />
au sein de laquelle l'enfant grandit détermine largement ses<br />
possibilités d'épanouissement et ses perspectives d'avenir".<br />
<strong>Le</strong>s enfants issus de familles présentant un risque de<br />
pauvreté sont confrontés à l'impossibilité d'acheter des<br />
chaussures, des livres ou d'offrir un repas avec de la viande<br />
ou du poisson une fois par jour. 20,5% des enfants de famille<br />
en situation de pauvreté n'ont pas d'espace prévu pour faire<br />
les devoirs scolaires contre 5,4% dans les autres familles.<br />
Ces enfants fragiles fréquenteront par exemple moins et plus<br />
tard l'école maternelle. Or, les maternelles, on le sait<br />
désormais, jouent un rôle fondamental dans la réussite<br />
scolaire future. Ainsi, la probabilité de retard en première<br />
année est déjà dix fois plus grande pour les enfants de mères<br />
peu qualifiées que pour les enfants de personnes diplômées.