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recommandations d'un forum québécois sur la douleur neuropathique

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introduction<br />

<strong>la</strong> physiopathologie<br />

Algorithme de traitement de <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>neuropathique</strong><br />

Selon <strong>la</strong> définition proposée en 2007 par le<br />

<strong>forum</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> <strong>neuropathique</strong> de l’International<br />

Association for the Study of Pain, <strong>la</strong><br />

<strong>douleur</strong> <strong>neuropathique</strong> est une <strong>douleur</strong> secondaire<br />

à un trouble ou à une ma<strong>la</strong>die affectant le<br />

système somatosensoriel (Treede et coll.). Elle<br />

peut être d’origine centrale, périphérique<br />

(mononeuropathie ou polyneuropathie) ou<br />

mixte (tableau I).<br />

Les symptômes varient grandement d’un sujet<br />

à l’autre. La <strong>douleur</strong> peut être spontanée, c’est-<br />

Tableau I :<br />

Exemples selon l’étiologie<br />

de tableaux cliniques causant<br />

des <strong>douleur</strong>s <strong>neuropathique</strong>s<br />

Origine périphérique<br />

mononeuropathies<br />

n Infectieuse (zona)<br />

n Tic (névralgie) du trijumeau<br />

n Compression nerveuse et inf<strong>la</strong>mmation<br />

(radiculopathie et syndrome du canal<br />

carpien)<br />

n Traumatique (section d’un nerf,<br />

postopératoire)<br />

polyneuropathies<br />

n Métabolique (diabète, hypothyroïdie et<br />

urémie)<br />

n Médicamenteuse (certains agents<br />

antinéop<strong>la</strong>siques, isoniazide et certains<br />

agents anti-VIH)<br />

n Toxique (alcool)<br />

n Infectieuse (VIH)<br />

n Déficience en vitamines<br />

n Héréditaire<br />

n Autres : vasculite, etc.<br />

Origine centrale<br />

n AVC (90 % des cas)<br />

n Sclérose en p<strong>la</strong>ques<br />

n Section ou compression de <strong>la</strong> moelle<br />

(traumatique, tumorale, etc.)<br />

n Autres : épilepsie, syringomyélie,<br />

ma<strong>la</strong>die de Parkinson, etc.<br />

Origine mixte<br />

(centrale et périphérique)<br />

n Syndrome de <strong>douleur</strong> régionale<br />

complexe<br />

n Membre fantôme<br />

n Syndrome de <strong>la</strong> queue de cheval<br />

à-dire qu’elle se manifeste d’elle-même, sans stimulus,<br />

ou évoquée, soit le plus souvent provoquée<br />

ou exacerbée par le toucher, le frottement<br />

ou le contact avec le froid ou le chaud (allodynie).<br />

La <strong>douleur</strong> spontanée est parfois continue<br />

(sensation de brûlure, d’étau ou de compression),<br />

parfois intermittente (sensation de<br />

décharge électrique ou de coup de couteau).<br />

La <strong>douleur</strong> <strong>neuropathique</strong> peut également être<br />

accompagnée d’hypoesthésies, de paresthésies<br />

(fourmillements, picotements et démangeaisons)<br />

et de signes cliniques témoignant d’une<br />

atteinte neurologique.<br />

<strong>la</strong> neurophysiologie des <strong>douleur</strong>s<br />

<strong>neuropathique</strong>s<br />

La neuropathie périphérique<br />

Les afférences nociceptives primaires sont normalement<br />

activées par des stimuli potentiellement<br />

dommageables pour les tissus ainsi que<br />

par différents médiateurs neurochimiques de<br />

l’inf<strong>la</strong>mmation. Cette activation est transmise<br />

au niveau spinal aux neurones de deuxième<br />

ordre qui transmettent le message nociceptif<br />

aux centres supérieurs. En présence de certaines<br />

affections, comme dans le cas des neuropathies<br />

périphériques, l’activation nociceptive<br />

est persistante ou répétitive, ce qui induit une<br />

intensification progressive de <strong>la</strong> <strong>douleur</strong>, un<br />

phénomène de sommation temporelle. Sur le<br />

p<strong>la</strong>n neurophysiologique, il s’agit d’un phénomène<br />

de wind-up qui correspond à l’augmentation<br />

de l’activité neuronale périphérique des<br />

fibres C lors d’une stimu<strong>la</strong>tion soutenue ou<br />

répétée. Cette amplification de <strong>la</strong> réponse périphérique<br />

est normalement passagère, mais elle<br />

peut induire une sensibilisation spinale qui<br />

persiste même après <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion<br />

périphérique. Le traitement rapide de <strong>la</strong> <strong>douleur</strong><br />

est donc impératif afin d’éviter <strong>la</strong> sensibilisation<br />

centrale.<br />

La sensibilisation centrale<br />

La sensibilisation spinale se définit par une augmentation<br />

de l’excitabilité et des décharges<br />

spontanées des neurones des cornes postérieures<br />

de <strong>la</strong> moelle, un é<strong>la</strong>rgissement des champs<br />

récepteurs et une augmentation des réponses<br />

provoquées par <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion des fibres de petit<br />

calibre, normalement responsables de <strong>la</strong> transmission<br />

de <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> (hyperalgésie), et de grand<br />

calibre, normalement responsables de <strong>la</strong> transmission<br />

des sensations non douloureuses (allodynie).<br />

Sur le p<strong>la</strong>n neurochimique, l’activation<br />

nociceptive spinale dépend essentiellement de<br />

l’activation postsynaptique des récepteurs<br />

AMPA par le glutamate, le principal neurotransmetteur<br />

excitateur du SNC. Toutefois, en présence<br />

d’une sensibilisation spinale, les récepteurs<br />

NMDA seraient aussi activés par <strong>la</strong> libération<br />

soutenue de glutamate, et les récepteurs NK1,<br />

par <strong>la</strong> libération additionnelle de substance P.<br />

Ces mécanismes physiologiques et neurochimiques<br />

de sensibilisation spinale pourraient entraîner<br />

une modification de l’organisation des circuits<br />

spinaux et contribuer au développement<br />

ainsi qu’au maintien de <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> chronique. Il<br />

est important de souligner qu’une <strong>douleur</strong> persistante<br />

peut aussi engendrer des sensibilisations<br />

centrales supraspinales.<br />

Le dysfonctionnement<br />

des systèmes inhibiteurs<br />

Il ne fait plus aucun doute que <strong>la</strong> perception de<br />

<strong>la</strong> <strong>douleur</strong> dépend de l’intégration de mécanismes<br />

endogènes excitateurs et inhibiteurs. L’absence<br />

de <strong>douleur</strong> peut donc résulter d’une<br />

absence de nociception ou de l’activation des<br />

systèmes inhibiteurs. Il en va de même pour les<br />

<strong>douleur</strong>s <strong>neuropathique</strong>s. Ces dernières peuvent<br />

s’expliquer par une hyperactivité centrale,<br />

comme dans le cas de <strong>la</strong> sensibilisation spinale,<br />

mais également par une absence ou un déficit<br />

des systèmes inhibiteurs endogènes qui ne filtrent<br />

plus les afférences et <strong>la</strong>issent p<strong>la</strong>ce à l’hyperalgésie<br />

et à l’allodynie. Il est donc important<br />

de comprendre ces mécanismes excitateurs et<br />

inhibiteurs pour é<strong>la</strong>borer des stratégies thérapeutiques.<br />

Le rôle des différentes structures du tronc<br />

cérébral dans <strong>la</strong> modu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> <strong>douleur</strong> à <strong>la</strong><br />

suite de stimu<strong>la</strong>tions nociceptives est documenté<br />

depuis plusieurs années. Le concept du<br />

contrôle inhibiteur diffus nociceptif (CIDN)<br />

a été proposé à <strong>la</strong> fin des années 1970 (Le Bars<br />

et coll. 1979). Ce modèle s’appuie <strong>sur</strong> une<br />

observation selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion nociceptive<br />

localisée peut induire une hypoalgésie<br />

généralisée du reste du corps (soit une analgésie<br />

par contre-irritation). Dans le modèle du<br />

CIDN, Le Bars et coll. ont émis l’hypothèse<br />

vou<strong>la</strong>nt que <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion nociceptive, en plus<br />

de conduire l’information nociceptive vers les<br />

centres supérieurs par <strong>la</strong> voie spinotha<strong>la</strong>mique,<br />

envoie des afférences vers différents centres du<br />

tronc cérébral, dont <strong>la</strong> substance grise périaqueducale<br />

(SGPA) et les noyaux du raphé<br />

(NR). Ces centres transmettent à leur tour des<br />

efférences inhibitrices sérotoninergiques et<br />

noradrénergiques vers les interneurones enképhalinergiques<br />

des différents niveaux spinaux<br />

et produisent ainsi une inhibition diffuse.

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