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Données génétiques de la schizophrénie - Psychologie - M. Fouchey

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37-285-A-16 <strong>Données</strong> <strong>génétiques</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>schizophrénie</strong><br />

<strong>de</strong> régions souvent étendues du génome apparaissent comme<br />

<strong>de</strong>s régions d’intérêt pour <strong>la</strong> <strong>schizophrénie</strong>. Dans ces régions<br />

d’intérêt, <strong>de</strong>s gènes ou <strong>de</strong>s loci <strong>de</strong> susceptibilité ont été i<strong>de</strong>ntifiés<br />

sur <strong>la</strong> base d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> liaison et d’association (DTNBP1 ou<br />

dysbindin localisé sur le chromosome 6p22 [pour revue [13] ],<br />

G72/30 ou D-amino acid oxidase activator gene sur le chromosome<br />

13q [14-16] , NRG1 ou neuregulin 1 localisé sur le chromosome<br />

8p13 [17, 18] , en sont les principaux). Tous ces gènes ont<br />

en commun d’être impliqués dans <strong>la</strong> transmission glutamatergique<br />

par l’intermédiaire <strong>de</strong>s récepteurs N-méthyl-D-aspartate<br />

(NMDA). En outre, ces mêmes gènes pourraient également être<br />

impliqués dans d’autres pathologies telles que le trouble<br />

bipo<strong>la</strong>ire, ce qui remet en question <strong>la</strong> traditionnelle dichotomie<br />

entre <strong>schizophrénie</strong> et trouble bipo<strong>la</strong>ire. Il s’agit <strong>de</strong> G72,<br />

DTNBP1 (dysbindin) : ou encore les gènes DISC1 et NRG1 ou<br />

encore les gènes COMT ou BDNF, qui seront abordés ultérieurement<br />

dans cette revue (pour revue [19] ). En ce qui concerne le<br />

gène NRG1, il pourrait contribuer à différents types <strong>de</strong> phénotypes<br />

cliniques ayant en commun <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> symptômes<br />

psychotiques tels que le trouble bipo<strong>la</strong>ire dont les épiso<strong>de</strong>s<br />

maniaques ou mé<strong>la</strong>ncoliques comportent <strong>de</strong>s symptômes<br />

psychotiques non congruents aux troubles affectifs, <strong>la</strong> schizotypie,<br />

voire même <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> symptômes psychotiques chez<br />

les patients atteints <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die d’Alzheimer [17] . La plupart <strong>de</strong>s<br />

gènes dits <strong>de</strong> susceptibilité pour <strong>la</strong> <strong>schizophrénie</strong> jouent, chacun<br />

à leur niveau, un rôle mo<strong>de</strong>ste (odds ratios en général inférieurs<br />

à 1,5). Quelques exemples <strong>de</strong> gènes candidats seront détaillés en<br />

annexe. D’autres gènes candidats potentiels ont été i<strong>de</strong>ntifiés<br />

dans les régions d’intérêt mais les résultats préliminaires<br />

obtenus nécessitent réplication [20, 21] .<br />

■ Gènes candidats<br />

Les données issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> pharmacologie <strong>de</strong>s neuroleptiques<br />

ont constitué un moyen privilégié pour définir <strong>de</strong>s gènes<br />

candidats (pour revue <strong>de</strong>s données biologiques concernant <strong>la</strong><br />

<strong>schizophrénie</strong> [22] ). Les systèmes <strong>de</strong> neurotransmission sérotoninergique,<br />

dopaminergique et glutamatergique et les gènes<br />

codant les récepteurs, enzymes <strong>de</strong> synthèse et <strong>de</strong> dégradation,<br />

les transporteurs synaptiques ont ainsi été étudiés. Le système<br />

dopaminergique a été étudié prioritairement. Le polymorphisme<br />

Ser9Gly du gène codant le récepteur D3 pourrait jouer un rôle<br />

très faible dans <strong>la</strong> <strong>schizophrénie</strong> (méta-analyse <strong>de</strong> 48 étu<strong>de</strong>s).<br />

Cette méta-analyse a également porté sur le gène codant le<br />

récepteur 5HT2a (polymorphisme T102C) et a conclu à un rôle<br />

mineur <strong>de</strong> ce gène dans <strong>la</strong> <strong>schizophrénie</strong> à partir <strong>de</strong> 28 étu<strong>de</strong>s<br />

publiées sur ce sujet [23] . Cependant, les variants cités ne sont<br />

pas fonctionnels. Le cas particulier du gène codant une enzyme<br />

<strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dopamine (COMT) sera abordé plus loin<br />

dans le chapitre sur les anomalies chromosomiques.<br />

La mise en p<strong>la</strong>ce et <strong>la</strong> maturation progressive du système<br />

nerveux central mettent en jeu <strong>de</strong> nombreuses étapes au cours<br />

du développement : <strong>la</strong> prolifération <strong>de</strong>s cellules souches <strong>de</strong>s<br />

neurones, leur différenciation en cellules neuronales spécifiques,<br />

<strong>la</strong> migration <strong>de</strong>s neurones, <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong>ndritique et axonale,<br />

<strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s connexions synaptiques avec les cellules<br />

cibles, le processus <strong>de</strong> sélection et d’élimination <strong>de</strong>s synapses en<br />

excès et enfin <strong>la</strong> myélinisation qui va se poursuivre jusqu’au<br />

début <strong>de</strong> l’âge adulte dans certaines régions comme le cortex<br />

préfrontal. Les différentes étapes du développement cérébral<br />

sont étroitement dépendantes les unes <strong>de</strong>s autres. Des facteurs<br />

<strong>de</strong> transcription, <strong>de</strong> croissance et <strong>de</strong> guidage axonal ont ainsi<br />

été i<strong>de</strong>ntifiés. Cette lente maturation du système nerveux<br />

central met en jeu <strong>de</strong> nombreuses molécules et chacune <strong>de</strong> ces<br />

étapes peut être à l’origine d’une perturbation neurodéveloppementale<br />

(pour revue [24] ). Les anomalies cytoarchitecturales<br />

observées dans les cerveaux <strong>de</strong> sujets schizophrènes analysés en<br />

post mortem témoignent d’anomalies <strong>de</strong> <strong>la</strong> migration <strong>de</strong>s<br />

neurones corticaux vers leurs cibles ou d’anomalies <strong>de</strong> leur<br />

différenciation au cours du développement embryonnaire ayant<br />

pour résultante <strong>de</strong>s altérations dans <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce et le<br />

fonctionnement <strong>de</strong>s réseaux neuronaux. Un certain nombre <strong>de</strong><br />

gènes i<strong>de</strong>ntifiés comme pouvant jouer un rôle dans le développement<br />

du cerveau sont ainsi <strong>de</strong>s gènes candidats pour <strong>la</strong><br />

<strong>schizophrénie</strong> mais jusqu’alors, les résultats obtenus sont plutôt<br />

décevants en <strong>de</strong>hors du gène codant le brain <strong>de</strong>rived neurotrophic<br />

factor (BDNF) dont les résultats préliminaires doivent être<br />

répliqués. Le BDNF est un facteur neurotrophique au même titre<br />

que le nerve growth factor (NGF) et les neurotrophines 3, 4 et 5.<br />

Ce facteur trophique intervient dans <strong>la</strong> survie <strong>de</strong>s neurones, <strong>la</strong><br />

synaptogenèse et le développement <strong>de</strong>s neurones pyramidaux.<br />

Le gène est localisé sur le chromosome 11p13. Cependant,<br />

jusqu’alors, les résultats <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s d’association entre <strong>de</strong>s<br />

polymorphismes <strong>de</strong> ce gène et <strong>la</strong> <strong>schizophrénie</strong> sont divergents<br />

et nécessitent réplication (pour revue [25] ). Un polymorphisme<br />

fonctionnel Val66 Met du gène BDNF serait associé aux performances<br />

mnésiques, indépendamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>schizophrénie</strong>.<br />

L’interaction entre ce polymorphisme du BDNF et <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong><br />

l’hippocampe pendant l’encodage mnésique contribuerait pour<br />

25 % aux variations <strong>de</strong>s performances mnésiques entre les<br />

individus [26] .<br />

■ Anticipation clinique<br />

et son mécanisme génétique<br />

L’accroissement plus ou moins important <strong>de</strong> répétitions <strong>de</strong><br />

trinucléoti<strong>de</strong>s constitue une nouvelle forme dynamique <strong>de</strong><br />

mutation <strong>de</strong> l’ADN dont le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transmission revêt <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques cliniques particulières comme l’anticipation.<br />

Le concept d’anticipation est apparu au début du XX e siècle<br />

et avait été initialement décrit dans les ma<strong>la</strong>dies mentales par<br />

Morel en France dès 1857. Il est défini par l’aggravation ou <strong>la</strong><br />

survenue plus précoce d’une ma<strong>la</strong>die au cours <strong>de</strong>s générations<br />

successives au sein d’une même famille : « un individu au<br />

tempérament nerveux pouvait être suivi, après plusieurs<br />

générations, d’un enfant atteint <strong>de</strong> crétinisme goitreux ». En<br />

1910, le psychiatre ang<strong>la</strong>is Mott a donné le nom d’anticipation<br />

à ce phénomène. Ces théories ont fait l’objet en 1945 d’une<br />

vive critique par le généticien américain Penrose, dans une<br />

ambiance marquée par une forte opposition aux théories <strong>de</strong><br />

l’eugénisme au décours <strong>de</strong> <strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale. C’est <strong>la</strong><br />

découverte d’un mécanisme génétique molécu<strong>la</strong>ire comme<br />

support <strong>de</strong> l’observation clinique dans les années 1990 qui<br />

rep<strong>la</strong>cera cette théorie au premier p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> génétique <strong>de</strong><br />

certaines ma<strong>la</strong>dies (pour revue [27] ). Sur le p<strong>la</strong>n biologique,<br />

l’anticipation est associée à une augmentation ou « expansion »<br />

du nombre <strong>de</strong> répétitions <strong>de</strong> triplets (séries <strong>de</strong> trois nucléoti<strong>de</strong>s<br />

répétées consécutivement par exemple CGG CGG CGG) au<br />

niveau <strong>de</strong> certaines régions <strong>de</strong> l’ADN. Les répétitions <strong>de</strong> type<br />

CAG ou CGG sont les plus fréquemment observées. Le génome<br />

humain comprend plusieurs milliers <strong>de</strong> loci caractérisés par <strong>de</strong>s<br />

répétitions <strong>de</strong> triplets plus ou moins importantes mais qui<br />

restent toujours inférieures à une valeur seuil et dont <strong>la</strong><br />

transmission est stable d’une génération à l’autre. Dans le cas<br />

d’une ma<strong>la</strong>die avec anticipation, à un locus donné, ce nombre<br />

<strong>de</strong> répétitions augmente au cours <strong>de</strong>s générations successives (au<br />

moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> méiose) et <strong>de</strong>vient instable, parallèlement à<br />

l’aggravation clinique ou à <strong>la</strong> survenue plus précoce <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ma<strong>la</strong>die. Lorsque ces expansions sont situées dans une région<br />

transcrite en ARN et que le nombre <strong>de</strong> répétitions dépasse une<br />

certaine valeur (entre 35 et 40 en général), ce mécanisme peut<br />

aboutir à une mutation qualifiée <strong>de</strong> dynamique. En outre,<br />

quand ces répétitions sont présentes dans une région codante<br />

du génome, elles peuvent entraîner <strong>la</strong> synthèse <strong>de</strong> séquences<br />

répétées d’aci<strong>de</strong>s aminés dont les conséquences fonctionnelles<br />

sont encore incomplètement connues.<br />

Les facteurs qui influencent <strong>de</strong> manière générale <strong>la</strong> stabilité<br />

<strong>de</strong> ces fragments d’ADN et les conditions d’apparition d’une<br />

mutation <strong>de</strong>meurent mal connus. Toutefois, les expansions<br />

observées dans <strong>la</strong> chorée <strong>de</strong> Huntington par exemple sont<br />

associées à certains haplotypes (ensemble d’allèles suffisamment<br />

liés entre eux pour être transmis comme une unité). Ces<br />

haplotypes sont caractérisés par <strong>de</strong>s allèles normaux longs qui<br />

auraient une plus gran<strong>de</strong> probabilité d’atteindre <strong>la</strong> zone <strong>de</strong><br />

prémutation et pourraient ainsi constituer un réservoir <strong>de</strong><br />

mutations dans certaines popu<strong>la</strong>tions. Dans <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies<br />

associées à une importante instabilité <strong>de</strong> fragments d’ADN telles<br />

4 Psychiatrie

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