LUXURE & VOLUPTÉ - Carouge

Virginia Traber
Au-delà de toi
Elle est là, la vieille, la mémé, la râleuse.
Assise dans sa chaise à bascule, dans la
véranda. C’est une vieille chaise en cerisier, les
accoudoirs sont usés, ils se souviennent des
nombreuses heures passées à rêver, admirer
le paysage.
Avant, son paysage c’était lui. Son Hidalgo.
Peau basanée au goût de sueur, de tendresse.
Véritable force de la nature. Muscles
saillants, fesses fermes, cuisses toutes en
longueur.
Des jambes d’athlète, des mains de seigneur,
des épaules et un torse de boxeur.
Aujourd’hui encore, elle se sent femme, sa
femme, son soleil, sa lumière.
Il lui avait offert tous les noms d’amour de la
terre.
Elle ne peut oublier son sexe érigé, ferme et
tendu vers elle. Prêt à la remplir de son amour,
sa semence, son moi, leur moi.
Même si, sans progéniture elle était restée,
son ventre infertile, cette terre aride et sèche
jamais ne fut délaissée de lui, jamais insultée,
toujours aimée de ses forces vives.
Lorsqu’il l’aimait, il lui faisait l’amour, car en
ce temps là, c’est l’amour que l’on faisait.
Maintenant on dit baiser, se la faire, la
mettre, forniquer, niquer…
Moi, il me faisait l’amour. Il me pénétrait
doucement, me caressant tendrement, me
cherchait délicatement, délicieusement,
amoureusement, infiniment.
De mots d’amour il me repaissait, me
nourrissait, m’inondait.
Mon envie, il la connaissait et nous nous
étions si souvent adonnés, abandonnés à
nos sens que, souvent, nous ne savions plus
distinguer nos plaisirs. Il était moi, j’étais lui.
Et, elle est arrivée, cette salope, avec ses
airs de ne pas y toucher, subrepticement,
insidieusement elle avait pris possession de son
âme, de son corps. Tentant de nous séparer.
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