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Peer Gynt - Odéon Théâtre de l'Europe

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PETIT GLOSSAIRE GYNTIEN (SUITE)<br />

un mystérieux système <strong>de</strong> correspondance, Memnon évoque rétrospectivement à <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> les figures<br />

<strong>de</strong>s rois <strong>de</strong>s Trolls assis comme eux tout rai<strong>de</strong> et tout guindé, le cul posé sur un tronçon <strong>de</strong> colonne (le<br />

sphynx lui faisant penser au Grand Courbe).<br />

Les hiboux à la sagesse <strong>de</strong>squels il est fait allusion dans ce passage <strong>de</strong> <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> renverraient à ces<br />

drôles d'oiseaux que sont les savants et universitaires norvégiens, tout à leur sagacité, qui serinent la<br />

musique du passé et ne s'intéressent qu'à elle.<br />

(Pour la petite histoire, on peut penser qu’Ibsen visait précisément un universitaire, spécialiste <strong>de</strong><br />

l'Egypte, qui avait écrit un article très violent contre Brand, sa précé<strong>de</strong>nte pièce)<br />

Mythomane<br />

Celui qui rêve sa vie, la réécrit sans fin et en même temps crée du mythe. On peut dire que <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> est<br />

un mythomane dans ces <strong>de</strong>ux sens. Il est aussi, un peu, le monsieur Loyal <strong>de</strong> lui-même dans la para<strong>de</strong><br />

du pur présent perpétuel…<br />

Le passager inconnu<br />

Sur le bateau, un étrange compagnon <strong>de</strong> voyage (seul <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> l'a vu…) lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> lui faire ca<strong>de</strong>au<br />

<strong>de</strong> son cadavre, il voudrait pouvoir le disséquer ; il se livre à <strong>de</strong>s travaux scientifiques : il est à la<br />

recherche du siège <strong>de</strong>s rêves. Il le retrouve sur le canot où il a pu se réfugier après la lutte pour la vie<br />

avec le cuisinier. Ce n'est pas sans <strong>de</strong> bonnes raisons que l'on peut penser qu'il est un envoyé du diable.<br />

Ce que ne manque pas <strong>de</strong> faire <strong>Peer</strong> à qui le passager répond fort justement : est-il dans ses manières<br />

<strong>de</strong> venir éclairer, la nuit du voyageur quand il le voit errer. On n'en saura pas beaucoup plus sur lui, sinon<br />

qu'il est l'éveilleur énigmatique, celui qui vient réveiller l'endormi, entre formules oraculaires et<br />

bouta<strong>de</strong>s (tout ce que vous dites a toujours plusieurs sens, remarque <strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong>). On peut penser à un<br />

psychanalyste ou à un double <strong>de</strong> l'auteur venant voir ce que son personnage a dans le ventre ou la tête.<br />

C'est sur une ultime bouta<strong>de</strong>, une <strong>de</strong>rnière pirouette qui pourrait être une blague <strong>de</strong> potache qu'il disparaît<br />

en rassurant ainsi <strong>Peer</strong> qui a peur <strong>de</strong> mourir : Oh, pour cela, n'aie crainte, car il y a un pacte : on ne<br />

meurt pas au beau milieu d'un cinquième acte. Un critique (détesté par Ibsen et répondant au nom <strong>de</strong><br />

Clémens) avait vu, en lui, la représentation du concept <strong>de</strong> l'angoisse ce qui avait beaucoup exaspéré l'auteur<br />

norvégien : Si j'étais sur l'échafaud, et pouvais sauver ma vie par cette explication, l'idée ne m'en<br />

serait pas venue ; jamais je n'y ai pensé ; j'ai brossé la scène comme un caprice (…) se justifie-t-il. Donc,<br />

le mystère reste entier…<br />

Personnage maigre<br />

<strong>Peer</strong> <strong>Gynt</strong> croit d'abord avoir affaire à un prêtre. Mais c'est le Diable (ou un <strong>de</strong> ses sbires) qu'il a<br />

rencontré. Pas <strong>de</strong> doute : il a même un traditionnel sabot <strong>de</strong> cheval à sa jambe gauche et <strong>de</strong>s ongles très<br />

longs. Un diable revenu <strong>de</strong> tout. On n'a plus grand chose à attendre <strong>de</strong> lui, l'enfer n'est plus ce qu'il était<br />

et tout fout le camp. Il n'a pas <strong>de</strong> temps à perdre avec le menu fretin <strong>de</strong>s pêcheurs, mais pas très malin<br />

se laisse bala<strong>de</strong>r et envoyer à l'autre bout du mon<strong>de</strong> par celui-là même qu'il cherche. <strong>Peer</strong>, lui, voudrait<br />

pouvoir être reconnu comme un pêcheur <strong>de</strong> grand standing <strong>de</strong>vant l'Éternel. Un qui ne manquerait pas<br />

<strong>de</strong> style. Mais aussi inconstant dans la mort, il ne veut pas payer, juste avoir un pied dans les profon<strong>de</strong>urs,<br />

un meublé en enfer, un droit <strong>de</strong> séjour qui ne soit pas éternel. Le Maigre a cependant le temps <strong>de</strong><br />

faire un beau développement (le mot dans ce cas s'impose) sur être soi-même dans le rapport au négatif<br />

et positif <strong>de</strong> la photographie naissante. Régis Boyer rappelle, à propos <strong>de</strong> ce personnage et <strong>de</strong> son<br />

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