Napoléon III et Eugénie reçoivent à Fontainebleau - Office de ...
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du quai <strong>de</strong>s Chartrons pour la visite <strong>de</strong>s caves Cruse <strong>et</strong> Fils Frères fondée en 1819. Il est<br />
reçu par Herman Cruse (1790-1855), consul <strong>de</strong> Hambourg, <strong>de</strong>scendant d’une famille <strong>de</strong><br />
brasseurs danois, fondateur en 1819 <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te maison <strong>de</strong> négoce <strong>et</strong> par ses fils Herman,<br />
Adolphe, Edouard <strong>et</strong> son gendre Armand Lalan<strong>de</strong>. Les courtiers Lawton <strong>et</strong> Tast<strong>et</strong> sont<br />
aussi présents.<br />
Sous le Second Empire, le « goût Rothschild » dans le Médoc<br />
Bernad<strong>et</strong>te <strong>de</strong> Boysson<br />
(extraits)<br />
Pour les historiens <strong>de</strong>s arts décoratifs européens du XIXème siècle, le Second Empire<br />
(1852-1870) est une pério<strong>de</strong> faste surtout pour la France qui a su privilégier la qualité<br />
<strong>de</strong>s matières premières <strong>et</strong> préserver le savoir-faire d’une production industrielle semiartisanale.<br />
La classe possédante, issue <strong>de</strong> la Révolution <strong>et</strong> d’origine bourgeoise, a encore<br />
besoin <strong>de</strong>s références <strong>et</strong> <strong>de</strong>s valeurs traditionnelles <strong>de</strong> l’Ancien Régime ; elle ne va pas<br />
résister, dans c<strong>et</strong>te fin du XIXème siècle, au plaisir <strong>de</strong> s’offrir <strong>de</strong>s décors <strong>de</strong>s siècles<br />
précé<strong>de</strong>nts rendus possibles par l’essor <strong>de</strong> la fabrication en série qui laisseront <strong>à</strong> la<br />
postérité « les résultats les plus fous avec une frénésie <strong>de</strong> l’ancien qui nous étonne encore ».<br />
On donne aujourd’hui le nom d’éclectisme historiciste <strong>à</strong> ce style pour ses emprunts <strong>de</strong><br />
prédilection <strong>à</strong> <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s historiques ; un <strong>de</strong> ses formes d’expression est naturellement<br />
la copie <strong>et</strong> le pastiche.<br />
En faisant fortune dès le début du XIXème siècle grâce <strong>à</strong> l’extension en réseau <strong>de</strong><br />
leur système bancaire dans les principales places financières d’Europe, les cinq frères<br />
Rothschild <strong>de</strong> Francfort vont largement participer <strong>à</strong> la diffusion <strong>de</strong> ce style au point que<br />
leur nom lui sera associé. Le plus jeune, James, s’installe <strong>à</strong> Paris en 1811, <strong>à</strong> l’âge <strong>de</strong> dix-neuf<br />
ans ; sa réussite est fulgurante, six ans plus tard il achète le domaine <strong>de</strong> Boulogne, puis, en<br />
1818, un hôtel particulier rue Laffitte, début d’une politique d’acquisitions immobilières,<br />
suivies <strong>de</strong> rénovations <strong>et</strong> <strong>de</strong> reconstructions aussi fastueuses les unes que les autres. Le<br />
point d’orgue est la construction, <strong>de</strong> 1855 <strong>à</strong> 1863, du château <strong>de</strong> Ferrières, en Seine <strong>et</strong><br />
Marne, sur les plans <strong>de</strong> l’architecte anglais Joseph Paxton; ce <strong>de</strong>rnier vient <strong>de</strong> terminer<br />
en Angl<strong>et</strong>erre pour Mayer <strong>de</strong> Rothschild, un neveu <strong>de</strong> James, le très admiré château<br />
<strong>de</strong> Mentmore, ce qui agace James ; les Rothschild solidaires pour leurs affaires sont <strong>de</strong>s<br />
concurrents jaloux dans le domaine artistique mais leur émulation peut être bénéfique.<br />
Les espaces intérieurs <strong>de</strong> Ferrières sont confiés <strong>à</strong> Eugène Lami <strong>à</strong> qui James impose ses<br />
préférences, la Renaissance italienne <strong>et</strong> française, le siècle <strong>de</strong> Louis XIV, les matériaux rares,<br />
la polychromie, la profusion… Leur application en décors reconstitués dans le moindre<br />
détail sur les murs du hall <strong>et</strong> <strong>de</strong>s salles <strong>de</strong> réception m<strong>et</strong> en valeur la présentation d’une<br />
spectaculaire collection <strong>de</strong> chefs-d’œuvre <strong>de</strong>s grands maîtres européens <strong>de</strong>s XVIème<br />
– XIXème siècles, tableaux, sculptures, tapisseries, obj<strong>et</strong>s d’art… Velasquez, Rubens, Van<br />
Dyck, Rigaud, Largillierre, Greuze, Ingres pour ne citer que les peintres. C’est l’apogée <strong>de</strong><br />
James qui assure sa suprématie sur la famille <strong>et</strong> donne naissance au « goût Rothschild »,<br />
une exposition d’œuvres d’art anciennes dans <strong>de</strong>s décors luxueux recréés <strong>à</strong> l’i<strong>de</strong>ntique.<br />
<strong>Napoléon</strong> <strong>III</strong>, invité <strong>à</strong> Ferrières en 1862, parle d’une manière amusée d’un « château <strong>de</strong>s<br />
Mille <strong>et</strong> Une Nuits ».<br />
Seule la fortune du baron James (la famille a été anoblie en 1816 par l’Empereur<br />
d’Autriche), cité comme l’homme le plus riche <strong>de</strong> France, lui perm<strong>et</strong> ces folies financières<br />
souvent calculées ; par exemple, il <strong>de</strong>vine, grâce <strong>à</strong> son sens <strong>de</strong>s affaires, que l’achat <strong>de</strong> chefsd’œuvre<br />
<strong>de</strong> l’art sera un excellent investissement <strong>et</strong> ses <strong>de</strong>scendants en profitent encore.