isèremagazine - Isère Interactive

isère
magazine
HISTOIRE
Le mystère de
la villa Licinius
INSOLITE
Des lamas
en Isère
LE MENSUEL DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ISÈRE
N°136
juin 2013
TERRITOIRE
Le balcon Est
du Vercors
Le Conseil général recrute 150 assistants familiaux
Accueillir
un enfant en danger

• crédit photo : F. Pattou
Faites vos demandes
sur www.isere.fr
avant le 15 juillet
> Chéquier jeune Isère
pour tous les collégiens
> Aide au transport
scolaire pour tous les élèves
> Aide à la restauration
scolaire pour les collégiens
des établissements publics
Si vous n’avez pas reçu ces documents d’information,
contactez l’établissement scolaire de votre enfant.
2013-2014
Le Conseil général
a diffusé des documents
d’information dans les
établissements :
> Brochure Pack Rentrée
disponible dans les
collèges publics et privés
> Brochure transport
scolaire disponible dans
les écoles primaires et
lycées

© Fotolia
©OT Col de l»Arzelier © M. Giraud
© D.R. >>
sommaire
Isère Magazine
Isère Magazine
Dossier
p.31
Histoire
p.47
Agriculture
Insolite : des lamas en Isère
Territoire
p.34
Le balcon Est du Vercors
Les mystères de la villa Licinius
N° 136
p.18
Devenir famille d’accueil
Isère Magazine juin 2013 N°136
p.12
Economie
BHT : le succès
d’une fabrique à “start-up”
30 jours d’Isère 4
Image du mois 10
Vivre mieux
Environnement 14
Handicap 16
Santé 17
Education 27
Environnement 28
Culture 42
Expression politique 30
Made in Isère 32
Trésor d’Isère 33
Gens d’ici 38
Ils font l’Isère 40
Temps libre 43
Agenda 46
Hôtel du Département, 7 rue Fantin Latour, BP 1096, 38022 Grenoble Cedex 1 - Tél. 04 76 00 38 38 poste 3758 - Fax 04 76 00 38 09 - Site Web : www.isere.fr ;
Directeur de la publication : Erik Burdet ; Site Web d’Isère magazine : www.isere-magazine.fr - Rédactrice en chef : Véronique Granger ; Rédaction : Richard Juillet,
Annick Berlioz, Sandrine Anselmetti ; Maquettistes : Richard Andrieux ; Stéphane Dugne ; Photographes : Frédérick Pattou, Michel Giraud ; Couverture : M. Giraud ;
ont collaboré à ce numéro : Laurence Chalubert (rubrique temps libre), Marion Frison, Corine Lacrampe ; Coordination-Impression : ACTIS, 16/18 Quai de la Loire, 75019
Paris. Distribution : La Poste/Gestion des abonnements : ADR-Act’Isère, 38501 Voiron cedex / Tirage : 490 000 exemplaires. Dépôt légal : 1 e semestre 2013 ; ISSN : 1636-4171
© D.R.
L’ÉDITO
d’André Vallini
© F. Pattou
Prendre un enfant
par la main
Rien n’est plus précieux que la vie
■ d’un enfant. Et de toutes les missions
du Conseil général, la protection
de l’enfance en danger est sans doute
la plus belle. La plus difficile aussi.
Au quotidien, nous avons en effet
la responsabilité de prendre soin et
d’éduquer les 2 200 enfants qui nous
sont confiés quand leurs parents sont
défaillants ou, pire encore, maltraitants.
Cette séparation est toujours un traumatisme
pour l’enfant. Notre devoir est
donc de lui offrir un cadre sécurisant,
soit au sein d’une famille d’accueil, soit
dans un foyer collectif, afin de l’aider
à se reconstruire. A retrouver aussi des
raisons de croire que la vie n’est pas
forcément synonyme de souffrances
ou de violences.
Le nombre de ces enfants est toujours
plus important, en Isère comme
ailleurs, et les moyens que le Conseil
général leur consacre ont donc aussi
fortement augmenté avec 130 millions
d’euros en 2013. Le Conseil général
recrute donc de nouvelles familles
d’accueil partout en Isère. A nos côtés,
elles auront la plus belle des missions :
celle de prendre un enfant par la main,
pour l’emmener vers demain.
André Vallini
Président du Conseil général

30 jours d’Isère
Têtes d’affiche
© DR
Philippe
Cinquin
>> Le mathématicien
et médecin
grenoblois, 57 ans,
est l’un des trois
lauréats français
de la médaille de
l’innovation 2013 du
CNRS. Cette distinction
prestigieuse
qui récompense des
personnalités dont
les recherches ont
conduit à des innovations
marquantes
sur le plan sociologique,
économique,
thérapeutique et sociétal.
Philippe Cinquin,
professeur et
praticien au CHU de
Grenoble et directeur
du laboratoire
Timc-IMag (CNRS-
UJF), est un pionnier
de la recherche
sur les gestes
médicaux et chirurgicaux
assistés par
ordinateur. En 30
ans, il a pu résoudre
de nombreux défis
technologiques – il
est à l’origine de
28 brevets et de
la création de dix
start-ups.
Patrick
Mairesse
>> En poste à La
Rochelle depuis
2008 où il occupait
des fonctions similaires,
le commissaire
divisionnaire
Patrick Mairesse
est, depuis le 26
avril, le nouveau
Directeur départemental
de la sécurité
publique de
l’Isère — c’est-àdire
le chef des services
de police isérois.
Né en Alsace
et âgé de 48 ans,
Patrick Mairesse
est entré dans la
police en 1988
comme élève commissaire.
Il a gravi
tous les échelons et
fut successivement
en poste à Lyon,
Nouméa, Nîmes,
Ajaccio et La Rochelle.
Titulaire de
la médaille d’honneur
de la Police
nationale et de la
médaille de bronze
d’acte de courage
et de dévouement,
il succède à Jean-
Paul Pecquet qui a
rejoint le ministère
de l’Intérieur, à
Paris.
Catherine
Picart
>> Professeur
à Grenoble INP
(Institut national
polytechnique),
chercheuse au Laboratoire
des matériaux
et du génie
physique (LMGP),
Catherine Picart
vient de recevoir
les insignes de
chevalier de l’ordre
national du mérite.
Cette spécialiste
de l’ingénierie des
matériaux avait
déjà été distinguée
en 2010 dans la
catégorie « jeunes
chercheurs » par le
European research
council – une
distinction prestigieuse
qu’elle a été
la première à arborer
à l’INP. Ce prix
lui a valu d’obtenir
des moyens matériels
et humains
conséquents pour
mener à bien son
projet d’élaboration
de matériaux dits
« biomimétiques ».
Ses travaux sont
déjà reconnus au
plan national et
international.
Loisirs
Balades et randonnées en Isère
© DR
La brochure Balades et randonnées en Isère 2013, éditée par Isère
Tourisme, outil de développement touristique du Conseil général, est
disponible gratuitement dans les offi ces de tourisme et téléchargeable
sur www.isere.fr.
Ce document vous propose de découvrir l’Isère à travers sept itinéraires
et 35 randonnées à la journée réparties par thèmes (panorama, fraîcheur,
lacs, nature ou patrimoine). Spécialement pensées pour une pratique
familiale, ces balades empruntent pour une bonne partie les sentiers
balisés et labellisés dans le cadre du Plan départemental des itinéraires
© DR
Restauration collective
Mettons l’Isère dans nos assiettes
Le Conseil général
continue son tour de
l’Isère pour faire la promotion
des produits issus de
l’agriculture locale. Il veut
inciter les acteurs de la restauration
collective (crèches,
écoles, centres de loisirs,
maisons de retraite, hôpitaux)
à s’approvisionner en
produits locaux, des denrées
de qualité, fraîches et de
saison, via le programme
“Mettons l’Isère dans nos
assiettes”. En avril dernier,
à l’invitation d’Erwann
Binet, conseiller général du
canton de Vienne-Nord, une
nouvelle réunion-débat a eu
lieu à Seyssuel, en Isère rhodanienne,
animée par Christian
Nucci, vice-président
chargé de l’agriculture, et
Catherine Brette, conseillère
générale déléguée à
l’Agenda 21. Deux autres
s’étaient déroulées il y a
quelques mois dans le
Trièves et en Matheysine.
L’agriculture en Isère en chiffres
6 300 exploitations
30 % de la surface du
département occupée par des
terres agricoles.
11 300 emplois sans
A chaque fois, le Conseil
général invite les élus et responsables
de structures collectives
pour leur expliquer
comment il est possible de
mettre davantage de produits
du terroir dans les assiettes
des convives.
“L’intérêt est triple, souligne
Christian Nucci. Pour
compter les emplois induits.
450 millions d’euros par
an, c’est le potentiel de consommation
des produits locaux en
Isère.
les consommateurs, ce sont
des produits de qualité. Pour
>4 Isère Magazine - juin 2013
5 millions d’euros consacrés
chaque année par le
Conseil général à l’agriculture.
de promenade et de randonnée (PDIPR) piloté par le
Conseil général. Soit 9 000 km pour randonner à pied,
à cheval ou à VTT, dans des conditions optimales de
sécurité et de confort. Outre la brochure, vous pouvez
vous procurer des itinéraires plus détaillés dans
une collection de 29 cartoguides, en vente dans dans les offi ces de tourisme et
à la Maison de la montagne de Grenoble.
© OT Col de l’Arzeler - D.R.

M. Giraud
© D.R.
l’agriculture iséroise, ce sont
des emplois et de nouveaux
débouchés. Et c’est aussi la
promotion d’une agriculture
durable avec des produits qui
n’ont pas parcouru des milliers
de kilomètres pour arriver
jusqu’à notre assiette.” Le
Conseil général a fait part de
son expérience pour les cuisines
mutualisées de ses collèges,
comme celle de Seyssuel.
En parallèle, le Conseil
général et ses partenaires
s’efforcent de structurer les
filières agricoles iséroises en
regroupant les producteurs au
sein de plateformes d’approvisionnement,
comme celle de
l’association “Récolter”, capable
de fournir des volumes
importants. “C’est indispensable
pour développer les
circuits courts en Isère”, souligne
encore Christian Nucci.
>> Contact : Conseil
général, service économie
et agriculture,
04 76 00 60 18.
Culture
Une compagnie de danse professionnelle
en résidence dans un établissement scolaire,
ce n’est pas courant. Et pourtant, c’est
bien au collège Aimé Césaire, à Grenoble, que la
troupe de Sylvie Guillermin a pris ses quartiers,
en avril dernier, pour répéter ses spectacles
Côté cour et Nous ne sommes pas des oiseaux.
Une occasion pour les élèves et enseignants de
découvrir le travail des danseurs, chorégraphes
et musiciens et, plus globalement, le processus
de création artistique. Cette opération originale,
la première du genre en Isère, est le fruit
d’une collaboration entre le Conseil général,
la Ville de Grenoble, la Métro et l’Education
Routes
Demi-diffuseur à La Tour-du-Pin :
les travaux commencent sur l’A 43
F. Pattou
Le 17 mai dernier, le président
du Conseil général
André Vallini et Pascal Payen,
président de la Communauté
de communes des Vallons de La
Tour, ont donné le « premier coup
de pelle mécanique », marquant le
démarrage des travaux du demidiffuseur
de La Tour-du-Pin Est
(photo), en présence de Philippe
Nourry, directeur général d’AREA,
concessionnaire de l’autoroute
A 43 et de nombreux élus dont
les maires de La Tour-du-Pin et
de Saint-Didier-de-la-Tour, Alain
Richit et Gérard Vitte.
8,5 millions d’euros, financés à
70 % par le Conseil général et à
30 % par la Communauté de communes,
seront engagés pour cet
aménagement, qui permettra un
accès direct à l’A 43, en direction
de Lyon, depuis l’est de l’agglomération.
Le chantier devrait s’achever
fin 2014.
“Des travaux attendus depuis trop
longtemps, par les Turripinois et
les industriels locaux, qui ne
disposent pour l’heure que d’un
Des artistes au collège
seul diffuseur à l’ouest de la commune”,
a souligné le président du
Conseil général. Conséquence,
un important trafic, notamment
de poids lourds, au centre-ville,
avec toutes les nuisances que
cela engendre.
Envisagée au début des années
2000, la réalisation de ce demidiffuseur
avait été retardée par
l’obligation imposée par l’Etat de
réaliser l’ensemble de l’opération
en une seule phase, puis par les
modifications du tracé du futur
TGV Lyon-Turin. Le projet relancé
en 2007 par André Vallini comprend
la création de deux bretelles
d’autoroute pour l’entrée et la sortie
des véhicules, la création de
deux carrefours sur la RD 1006,
l’élargissement du pont permettant
de franchir l’A 43 (avec une
bande cyclable) et un parking de
covoiturage.
nationale. Elle augure de futures collaborations
de ce type dans d’autres collèges de l’Isère et
illustre une des actions novatrices du Contrat
éducatif isérois (CEI) 2013.
© D.R.
Tourisme
Une nouvelle aide
pour l’hôtellerie
rurale
Le Conseil général lance à travers
Isère Tourisme une nouvelle mesure
de soutien à l’hôtellerie familiale en milieu
rural. Les hôteliers indépendants disposant
d’au moins deux étoiles peuvent bénéficier
de l’accompagnement d’un cabinet conseil
pour la mise en conformité de leur établissement
aux nouvelles normes de sécurité
et d’accessibilité, obligatoires dès janvier
2015. Alors que le secteur est fragilisé
par la crise – depuis 2000, 23 % de ces
hôtels familiaux ont fermé en Isère –, cette
nouvelle aide doit permettre aux propriétaires
ou bailleurs de trouver des solutions
techniques face à ces investissements.
Mais aussi de répondre à l’exigence de la
clientèle d’hébergements de qualité. Avec
265 établissements classés, l’hôtellerie
familiale représente 18 % de l’accueil touristique
dans notre département.
>5 Isère Magazine - juin 2013
Photo : © D.R.
© D.R.
Solidarité
Café des aidants
Vous vous occupez d’un proche handicapé
et avez du mal à prendre un peu
de repos, au risque de dépasser vos limites
et de vous laisser déborder ? Comme beaucoup
d’aidants familiaux, vous êtes souvent
confronté à l’isolement et rongé par la
culpabilité ? Pour vous soutenir, le Conseil
général organise des groupes de paroles, ou
cafés des aidants. Dans le sud Grésivaudan,
région de Saint-Marcellin, ils auront lieu en
septembre, octobre, novembre et décembre
prochains. Une réunion d’information est prévue
le 14 juin pour présenter le programme
et l’intérêt de ces rencontres entre aidants.
Contact : 04 76 36 38 38.

30 jours d’Isère
Education
La nouvelle école de Saint-Romans
inaugurée
Saint-Romans, village de
2 000 habitants, situé dans
le canton de Pont-en-Royans,
a vu sa jeune population augmenter
depuis dix ans. Pour
faire face à l’accueil de nouveaux
élèves, la commune a
entrepris d’importants travaux
pour agrandir et restructurer
son groupe scolaire. Des travaux
lancés durant l’automne
2011, et qui se sont achevés en
janvier 2013.
Le 13 avril dernier, André
Vallini, président du Conseil
général, Edmond Gelly, maire
de Saint-Romans, Bernard
Perazio, conseiller général du
canton, et de nombreux élus
locaux (photo) ont inauguré
les bâtiments de la nouvelle
école maternelle – 600 m 2 de
surface intérieure – et ceux de
l’école primaire rénovée. Au
total, six classes élémentaires
et trois classes maternelles sont
désormais accueillies dans des
Alimentation
Bonne note pour les cantines de l’Isère
Equilibre, variété, qualité
■nutritionnelle des menus…
L’association de consommateurs
“UFC Que Choisir” a mené une
enquête nationale, auprès de
606 communes ou établissements
scolaires situés dans les
villes de plus de 10 000 habitants.
En Isère, cette enquête a
porté sur six communes : Villefontaine,
Grenoble, Vienne,
Voiron, Saint-Martin d’Hères
et Bourgoin-Jallieu (collège
Pré-Bénit uniquement). L’Isère
obtient de très bons résultats
avec une moyenne de 15,9/20,
le meilleur élève étant Villefontaine
(17,6/20). Le collège de
Pré-Bénit, à Bourgoin-Jallieu
(photo), tire aussi son épingle du
jeu avec une note de 15,9 pour
une moyenne nationale de
13,1 dans la catégorie “collèges
publics”. Un bon point pour le
locaux modernes, fonctionnels
et économes en énergie.
Le Conseil général de
l’Isère est le premier partenaire
financier des communes
et des intercommunalités,
avec, en 2013,
un budget de 39 millions
d’euros destiné à participer
à leurs investissements. Le
Conseil général a subventionné
Conseil général qui gère ce restaurant
scolaire et 95 autres en
Isère. “Ce résultat est très satisfaisant
pour nous. Il illustre
les efforts que nous faisons
dans tous les collèges de l’Isère
pour proposer des repas sains
et savoureux, cuisinés avec des
l’école de Saint-Romans à hauteur
de 659 000 euros.
© Meaghan. Major
produits de qualité et respectant
le bon équilibre alimentaire”,
souligne André Colomb-Bouvard,
vice-président du Conseil
général chargé des collèges. Le
Conseil général cuisine 5 millions
de repas par an, soit 37 000
servis chaque jour.
Handicap
Un kit audio
pour les sourds
et malentendants
Le Conseil
général de
l’Isère a équipé
75 sites recevant
du public
en Isère (centres
sociaux, musées,
maisons du territoire…)
d’un kit
audio pour faciliter
l’accueil et
les démarches
des personnes
sourdes et malentendantes
- porteuses
ou non de
prothèses auditives. L’équipement comprend
une boucle magnétique avec micro-
émetteur et un casque récepteur, dont le
volume sonore est réglable selon le degré
de handicap auditif. En France, on estime à
80 000 personnes le nombre de sourds
de naissance, pratiquant le plus souvent la
langue des signes et entre 4 et 6 millions celui
des personnes malentendantes (dont 90 %
en raison de l’âge).
Economie
Lafuma met l’Isère
à l’honneur
Lafuma, la célèbre marque d’équipements
de sport et de loisirs d’Anneyron,
commune drômoise frontalière de l’Isère,
vient de lancer une ligne de 16 produits d’été,
déclinés aux noms des massifs isérois et de
la capitale des Alpes. Une opération marketing
originale, issue d’un partenariat avec
Isère tourisme, présidé par Christian Pichoud,
vice-président du Conseil général chargé
du développement économique et du tourisme.
Les chemises portent ainsi le nom de
“Chartreuse”, les pantalons et bermudas de
randonnée celui de “Belledonne”, les gilets
coupe-vent s’appellent “Oisans” et les vestes
et sacs à dos ont été baptisés “Vercors”.
Grenoble hérite de plusieurs modèles de
chaussures de détente. Lafuma, c’est plus
de 2 000 collaborateurs dans le monde et les
marques Millet, Eider et Oxbow.
>6 Isère Magazine - juin 2013
© F. Pattou
© D.R.
© D.R.

30 jours d’Isère
Ecocitoyen
Des bouquetins…
géolocalisés dans les Ecrins
Suivre des animaux sauvages
à la trace dans la
montagne pour voir leur état de
santé, comprendre comment ils
se déplacent et cohabitent avec
les agriculteurs, les troupeaux,
la faune domestique… C’est
l’objectif de la vaste opération
de capture de bouquetins en
cours dans le Parc national des
Ecrins. Une trentaine d’entre
eux, représentant les deux popu-
Culture
L’exil chilien
en Isère
40 ans après l’avènement de la dictature militaire
de Pinochet, qui dirigea le Chili de 1973 à 1990, le
musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère,
l’un des dix musées du Conseil général, revient sur ce
régime de terreur, qui a engendré la mort de milliers
d’opposants et l’exil de milliers d’autres à travers le
monde et notamment en France.
Des événements qui demeurent largement ignorés
alors même que l’Hexagone, et l’Isère en particulier, fut
une terre de refuge pour beaucoup d’exilés. Leur installation,
comme la solidarité dont ils ont bénéficié à
l’époque, occupent une place centrale de l’exposition.
Ce travail s’appuie principalement sur le témoignage
des exilés et leurs archives, avec les contributions du
collectif d’associations iséroises « Chili 1973-2013,
Mémoires et Résistances ». Un ensemble de photographies
exceptionnelles, rassemblées par le Musée
de la Mémoire et des Droits de l’Homme de Santiago
est aussi présenté. Autant d’images pour lutter contre l’oubli.
>> Du 14 juin au 21 octobre 2013, 14 rue Hébert à Grenoble. Entrée gratuite tous les jours.
Contacts : 04 76 42 38 53. www.resistance-en-isere.fr
Télex
Plus d’excuse si vous avez
loupé l’exposition Doisneau au
musée départemental de l’Ancien
évêché : elle est prolongée
jusqu’au 1 er septembre. Vous avez
donc tout l’été pour voir ou revoir
les Alpes à travers le regard sensible
et humaniste du photographe
français le plus connu au monde.
Qu’il prenne la montagne pour
décor publicitaire, comme sujet de
reportage ou comme lieu de vacances
en famille, Robert Doisneau
ne cesse de nous émouvoir… et
de nous étonner. Entrée libre pour
lations de bouquetins réintroduites
dans l’Oisans-Valbonnais
et le Champsaur dans les années
1990, seront équipés de colliers
GPS, après différents prélèvements
et analyses sérologiques,
qui permettront de suivre leur
évolution et donnent déjà un premier
aperçu de leur état sanitaire.
Chaque bouquetin sera baptisé
par les enfants des écoles de la
vallée pour pouvoir être identifié,
tous tous les jours.
>> 2 rue Très-Cloître à Grenoble,
04 76 03 15 25.
Le Parc national des
Ecrins fête ses 40 ans
avec une quarantaine d’événements
dans toutes les vallées
du massif. Deux d’entre eux
se dérouleront en Isère durant
le dernier week-end de juin : les
Rencontres de l’images de montagne
au Bourg d’Oisans et un
rendez-vous au refuge de Font
Turbat (avec nuit en refuge). Vous
les données étant transmises quotidiennement
par un système satellite
aux gardes-moniteurs du Parc.
Cette surveillance discrète permettra
aussi de comprendre pourquoi
la population des bouquetins peine
à se développer dans l’Oisans et le
Valbonnais, contrairement à d’autres
vallées du massif.
www.ecrins-parcnational.fr
pouvez aussi participer au « Défi
photo » organisé pour l’occasion
en envoyant votre carte d’anniversaire
– il suffit de sélectionner
l’un des 40 cols, sommets ou lieux
mythique que vous aimez dans les
Ecrins et d’envoyer une photo avec
un message à : 40ans@ecrinsparcnational.fr
Du 1 er janvier au
31 décembre 2013, les photos
reçues et leur message sont
diffusées sur le site internet.
Contact et programme complet
des festivités : http://www.
ecrins-parcnational.fr/
Photo : © Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère
Photo : © PNE -D.R.
Environnement
La forêt en fête
La fête de la forêt se déroulera à Vaujany
dans le massif de l’Oisans les 21,
22 et 23 juin prochain. Au programme, une
journée festive avec de nombreuses manifestations
: concours de bucherons, sculpture
sur bois, présentation de vieux métiers
du bois et un colloque sur le thème de la
forêt de protection contre les avalanches et
glissements de terrain. A cette occasion, le
Conseil général qui parraine cette fête de la
forêt de montagne, présentera ses actions
pour valoriser la filière bois. « Rappelons que
la forêt représente 34 % de la superficie de
l’Isère, souligne Charles Galvin, vice-président
du Conseil général chargé de la filière
bois. Nous finançons des travaux d’entretien
et la réalisation de routes ou de pistes pour
faciliter la récolte du bois. »
>> Contact : 04 76 17 22 65.
Ces fous volants !
© Air Tour - A. Douce Sports
Le Saint Hil’Air Tour est une
épreuve sportive originale qui
conjugue la pratique du parapente
avec celle de la randonnée. Pour sa
3 e édition, 47 pilotes et leurs assistants
vont effectuer du 16 au 23 juin prochains,
à pied ou en vol, une boucle de
326 km traversant l’Isère, la Savoie, la
Haute-Savoie et les Hautes-Alpes. Organisé
avec le soutien du Conseil général,
ce raid débute à Saint-Hilaire-du-
Touvet, site de l’incontournable Coupe
Icare, pour s’achever sur la base d’atterrissage
de Lumbin. Les participants
devront au préalable passer à proximité
de huit balises positionnées dans les
massifs des Bauges, des Aravis ou encore
du Vercors. A suivre, en direct sur
www.airtour.fr
>> Du 16 au 23 juin 2013.
>7 Isère Magazine - juin 2013
Photo : © M. Giraud

30 jours d’Isère
Santé
© Photo : M. Giraud
Mobilisés pour la recherche
contre le cancer
“Chaque jour en France,
100 personnes découvrent
qu’elles ont un cancer. Je
veux saluer ici tous les efforts
engagés par ceux qui luttent
pour vaincre la maladie et
notamment ceux entrepris par
la Ligue contre le cancer en
faveur de la recherche et pour
la qualité de vie des malades”,
Cyclotourisme
Créé en 1936 par les fondateurs
du club de cyclotourisme
de Grenoble, le Brevet
des randonneurs des Alpes
(BRA) fait partie des plus prestigieuses
épreuves cyclotouristiques
de France. Son circuit
emprunte quatre cols mythiques
des Alpes. Parrainée notamment
par le Conseil général,
cette 47e édition se déroulera
les 20 et 21 juillet prochains.
Entre 1 500 et 2 000 passionnés
de la petite reine, venus de toute
la France mais aussi des Etats-
Unis, de Russie, du Canada,
d’Allemagne et d’Angleterre y
sont attendus. Au départ du Domaine
départemental de Vizille,
cinq parcours de 120 à 232 kilomètres,
en un ou deux jours,
sont proposés. Pour les plus
aguerris, ce sera le légendaire
BRA ou super BRA avec 225 ou
232 kilomètres à avaler en une
journée avec au programme,
a souligné André Vallini, président
du Conseil général, lors
de la remise de subventions par
le Comité isérois de la Ligue
contre le cancer. à neuf équipes
de chercheurs et à cinq associations
qui interviennent au chevet
des malades. “Aujourd’hui, la
recherche s’oriente vers l’élaboration
de nouvelles molécules
>> La face Nord du col du Galibier.
l’ascension des cols de la Croix de
fer (2 067 mètres d’altitude), du
Mollard (1 638 m), du Télégraphe
(1 566 m), du Galibier (2 645 m)
et du Lautaret (2 058 m) pour
un dénivelé total de 4 653 m ou
5 123 m. Les départs groupés
s’échelonneront le dimanche de
thérapeutiques ciblées pouvant
s’attaquer directement
à la tumeur et sur les raisons
du développement anarchique
des cellules”, explique Claudine
Agnius-Delord, présidente
du Comité isérois de la Ligue
contre le cancer.
90 % des ressources de la Ligue
proviennent des 10 000 donateurs
isérois qui permettent de
financer la recherche en cancérologie
en Isère. Les 10 %
restant étant recueillis lors de
manifestations. Pour sa part,
chaque année le Conseil général
subventionne à hauteur de
290 000 euros l’Office de lutte
contre le cancer (ODLC) pour
ses programmes de dépistage
du cancer du sein, du col utérin
et du côlon. Plus de 400 000
Isérois et Iséroises sont concernés.
>> Contacts : 04 76 47 63
63 ; cd38@ligue-cancer.fr
BRA 2013 : un parcours de légende
3 h à 5 h 30. Tout au long du
parcours, 150 bénévoles assureront
le ravitaillement et la
sécurité de cette fantastique
randonnée.
>> Contacts : 06 73 10 70 89 ;
www.cyclotourisme-grenoble-ctg.fr
Santé
Vaincre le cancer
du col utérin
Chaque année en
France, plus de
3 000 nouveaux cas de
cancers du col utérin
sont recensés. Si les
progrès dans les traitements
et de dépistage
ont permis de réduire
de 50 % le nombre de
cas, ce cancer féminin
provoque encore près
d’un millier de décès
par an. Or, un frottis réalisé tous les trois ans
permet d’éviter son développement. Examen
simple et indolore, il est recommandé à
toutes les femmes de 25 à 65 ans.
En Isère, à l’occasion du mois de dépistage
du cancer du col utérin, l’Office de lutte
contre le cancer (ODLC) qui pilote le dépistage,
va envoyer un courrier aux 30 000 Iséroises
concernées, qui n’ont pas réalisé de
frottis depuis trois ans. L’objectif est de les
inciter à se rendre chez leur gynécologue,
médecin traitant, sage-femme, ou dans un
service gynécologique hospitalier, centre de
planification ou centre de santé de l’Isère.
>> Contacts : 04 76 41 25 25 ;
www.odlc.org
Musée
Des visites
pour les sourds
Le musée d’Art sacré contemporain
de Saint-Hugues-de-
Chartreuse, l’un des dix musées du
Conseil général, qui propose des
visites guidées gratuites, le troisième
samedi du mois à 10 h, s’ouvre aux
personnes sourdes et malentendantes.
Les 111 œuvres originales
d’Arcabas, vitraux, incrustations
dans le sol, tableaux et mobilier liturgique...
sont désormais commentées
en langue des signes française (LSF)
par Olivier Marreau, médiateur culturel
à la Ville de Grenoble. Prochaines
visites en LSF le 21 juin puis en juillet.
Il est nécessaire de s’inscire au
préalable.
>> Contacts : 04 76 88 65 01 ;
musee.msh@cg38.fr
>8 Isère Magazine - juin 2013
Photo © D.R.
© F. Pattou
© Photo : Fotolia

30 jours loisirs
© CRTE
© F. Pattou
Tous à cheval !
Du 15 juin au 15 septembre, 21 centres
équestres de l’association Isère Cheval Vert
vous invitent, gratuitement, à mettre le pied
à l’étrier. Une offre “découverte” placée sous
le signe de la convivialité !
Envie d’aventure, de grands
espaces, d’une pratique nouvelle,
le tout teinté d’émotions
authentiques en compagnie
de l’une des plus belles
conquêtes de l’homme, le cheval ?
Durant trois mois, du 15 juin au
15 septembre, 21 centres équestres
de tout le département, regroupés au
sein de l’association Isère Cheval
>> L’avis de l’élu
On dit souvent que l’Isère, avec sa
grande variété géographique, est
une terre de cyclotourisme. On pourrait
ajouter que c’est aussi une terre
d’équitation. Premier département
rhônalpin pour le nombre de licenciés,
l’Isère est propice à la pratique
équestre, avec ses nombreuses
structures d’accueil du public et une
complémentarité des équitations. Pour
développer davantage ce secteur,
créateur d’activités et d’emplois dans
Vert, vous offrent la possibilité de
monter à cheval, à poney, de se balader
avec des ânes ou de randonner en
attelage. Des séances “découverte”,
entièrement gratuites, encadrées par
des professionnels qualifiés et placées
sous le signe de la convivialité.
“Pas question de performance ou de
technique, assure Pierre Colin-Madan,
le président d’Isère Cheval Vert.
Christian Pichoud,
vice-président du Conseil général chargé
du développement économique, président
d’Isère Tourisme
“Le bonheur d’être en selle”
tous les territoires, le Conseil général
soutient les initiatives de l’association
Isère Cheval vert qui structure l’offre du
tourisme équestre en Isère et accompagne
des professionnels du cheval.
J’invite tous les Isérois à participer à
leur opération “Tous à cheval” et profiter
de ce bonheur inoubliable d’être
en selle. L’écrivain Jérôme Garcin a dit
un jour : “Être heureux à cheval, c’est
être entre ciel et terre, à une hauteur
qui n’existe pas.” Bon vent !
L’opération “Tous à cheval”, c’est
le cheval loisir et le cheval plaisir.”
Comment ça marche ?
Pour participer à cette opération,
soutenue par le Conseil général,
il suffit de vous rendre sur le site
www.tousacheval.com, de choisir
parmi les 30 dates proposées celle
qui vous convient et le type de pratique
que vous souhaitez découvrir :
poney, voltige, attelage, western,
randonnée… Vous vous inscrivez ensuite
en ligne. Le matériel est prêté.
Ces offres “découverte” s’adressent
à tous : enfants dès 3 ans selon les
centres équestres, adultes, seniors,
familles, personnes handicapées…
On peut aussi apporter son piquenique,
participer aux soins donnés à
l’animal – le brosser, le nourrir –, et
découvrir toutes les facettes de son
comportement à travers des séances
d’éthologie équine, présentées dans
certains centres.
Pourquoi monter
à cheval ?
Activité sportive majeure en Isère,
avec plus de 15 000 licenciés dont
une très grande majorité de femmes,
l’équitation est de plus en plus pratiquée
dans notre département, avec
une hausse de 15,3 % des adhérents
depuis 2009. L’équitation, en version
loisir, suit cette tendance. “L’Isère,
avec sa variété géographique, se
prête merveilleusement bien aux
différentes pratiques équestres, souligne
Pierre Colin-Madan, du dressage
aux randonnées de plusieurs
>> Les
>> Pas besoin de savoir
monter : tout le monde
peut participer en s’inscrivant
sur www.tousacheval.com.
>> Isère cheval vert
Créée en 1987, l’association Isère
Cheval Vert regroupe 27 centres
équestres, 43 gîtes et relais
équestres, 11 pensions et 7 centres
Hand’ICV — cheval et handicap.
Son siège est à Grenoble, dans les
locaux de la Maison du tourisme.
Contacts : 04 76 42 85 88 ;
www.isere-cheval-vert.com
jours, en passant par le western ou
l’attelage. Le cheval reprend aussi
sa place dans les villes comme à la
campagne, et une économie se développe
autour de cet animal qui nous
oblige à vivre au naturel, à son pas.
Il symbolise l’évasion, le bien-être
et le bien vivre.” Côté préjugés, certaines
barrières sont aussi tombées.
On peut sans problème monter à
cheval pour moins de 15 euros de
l’heure aujourd’hui ou partager un
après-midi, en calèche, en famille,
pour 75 euros les six personnes.
Alors, n’hésitez plus. Mettez le pied
à l’étrier !
9 Isère Magazine - juin 2013
© DR
GRATUIT,
LUDIQUE, INTER-
GÉNÉRATIONNEL,
ENCADRÉ
PAR DES PROS…
Richard Juillet

L’image du mois
Un chantier routier spectaculaire en Ch
Le Conseil général l’
Elle est comme suspendue
au-dessus du vide,
accrochée à la falaise.
C’est le chantier routier
le plus spectaculaire de
l’Isère. En Chartreuse, sur la
RD 520 C qui mène de Saint-
Christophe-sur-Guiers à Saint-
Pierre-d’Entremont, au lieudit
le Pas du Frou, le Conseil
général a déconstruit, puis reconstruit une route suspendue
au-dessus d’un vide de 150 mètres.
Cette opération est l’un des exploits techniques du Conseil
général, qui gère un réseau de 5 100 kilomètres de routes
départementales : un budget annuel de 100 millions d’euros
pour la sécurité des Isérois ! Classée parmi les 15 départements
les plus montagneux de France, l’Isère totalise
1 050 kilomètres de routes de montagne, souvent soumises
à de violentes intempéries. Beaucoup sont à flanc de falaise,
avec des risques de chutes de pierres et de glissements de
terrain.
Ces routes d’altitude sont des défis permanents pour les
techniciens du Département. « Une route de montagne coûte
trois à quatre fois plus cher qu’une route de plaine, rappelle
Charles Bich, vice-président du Conseil général chargé des
routes. Et sur 50 millions d’euros consacrés à l’entretien de
notre réseau, plus de 20 millions concernent l’entretien. »
Une trentaine de chantiers sont en cours dans tous les massifs
de l’Isère : en Chartreuse, en Oisans, en Belledonne, en Vercors,
en Trièves et en Matheysine. La sécurisation des routes
de Chartreuse, qui est l’un des chantiers les plus importants,
8 millions d’euros, devrait se terminer dans trois ans.
Autre chantier phare, la sécurisation de la route des gorges de
la Bourne dans le Vercors qui relie Pont-en-Royans à Villardde-Lans.
Pose d’écrans pare-blocs, filets de protection, rénovations
d’ouvrages d’art, purges et déroctages sont prévus sur
22 kilomètres de cette route sinueuse pour la protéger des
chutes de rochers. Un chantier de plusieurs années dont le
coût atteindra 25 millions d’euros. ■
Annick Berlioz
© SOCCO ENTREPRISE
>10 Isère Magazine - juin 2013

artreuse
a fait !
>> En Chartreuse,
la route du Pas du Frou.
Le chantier de sécurisation des
routes du massif va durer trois ans.
>11 Isère Magazine - juin 2013

Vie pratique économie
Ce “bâtiment” ne con
>> L’avis de l’élu
Alain Cottalorda,
président de la SEM Minatec Entreprises,
conseiller général, maire de Bourgoin-Jallieu
■ Pourquoi le Conseil général
mise-t-il sur l’innovation ?
Lorsque le Conseil général a décidé, en
2001, sur proposition d’André Vallini, de
prendre la maîtrise d’ouvrage du pôle
d’innovation Minatec, l’objectif était
de redonner un coup d’accélérateur à
l’écosystème grenoblois. Le pari était
risqué mais il s’est vite avéré gagnant.
140 millions d’euros ont été mobilisés
et aujourd’hui, nous pouvons affi rmer
que cet argent, en grande majorité
public, n’a pas été investi à fonds
perdu. Au contraire ! Nous en avons fait
bon usage. Notre centre d’innovation,
avec ses outils collectifs, joue dans la
cour mondiale, dépose des brevets,
stimule l’emploi. Le Bâtiment de
haute technologie, cette plateforme de
valorisation industrielle, s’inscrit dans
ce succès. Le modèle fonctionne et
Opérationnel
depuis 2006,
ce bâtiment, construit par
le Conseil général de l’Isère,
accueille des jeunes entreprises
créatrices d’emplois.
“Construire un second bâtiment,
en période de crise, est un signal positif”
dégage des résultats. Le fait que nous
construisions un second bâtiment, le
BHT 2, en période de crise, est un signal
positif. La bataille n’est pourtant pas
gagnée. J’invite à un rapprochement
entre Grenoblois et Lyonnais dans
le domaine des biotechnologies. Car
aujourd’hui pour s’en sortir, il faut
miser, certes, sur l’innovation mais
aussi sur la mise en place de synergies
et d’alliances territoriales.
Inauguré à Grenoble,
en 2006, le Bâtiment
de haute technologie
qui accueille des entreprises
à la pointe
de l’innovation est déjà
saturé. Un second
BHT va être construit
pour installer de nouvelles
start-ups.
Fluoptics, Isorg, InLab ou encore
Cytoo... Ces entreprises
ne vous disent sans doute pas
grand chose. Pourtant, toutes
ont des activités qui touchent à
notre quotidien. Certaines développent
des outils pour la chirurgie
du cancer, d’autres dessinent les
contours de la future télémédecine
ou travaillent à rendre des matériaux
intelligents. Leur point commun
? Elles sont toutes installées
dans le Bâtiment de haute technologie,
le BHT de la SEM Minatec
Entreprises, situé sur la presqu’île
scientifique de Grenoble. Un bâtiment
unique, construit par le
Conseil général en même temps
que le pôle d’innovation Minatec.
400 emplois ont été
créés en six ans
Opérationnel depuis 2006, avec
pour vocation d’accueillir dans un
environnement porteur, des jeunes
entreprises créatrices d’emploi, le
BHT, avec ses 11 000 m 2 de laboratoires,
de bureaux et de salles
blanches est aujourd’hui sous-dimensionné
pour accueillir de nouveaux
locataires. Une trentaine de
>12 Isère Magazine - juin 2013

naît pas la crise
sociétés, représentant 400 emplois
directs et trois fois plus d’emplois
indirects, y travaillent ou y sont
domiciliées — toutes ont un contrat
de recherche avec le CEA-Leti*.
Mais la demande explose. Ce que
confirme Alain Cottalorda, conseiller
général et président de Minatec
Entreprises : “En six années d’exploitation,
le BHT a trouvé sa place
dans l’éco-système grenoblois.
C’est une vraie réussite qui prouve
la pertinence du modèle. La présence
en location de salles blanches
tout équipées et la gouvernance
public-privé expliquent son succès.
Nous allons passer aujourd’hui à
la seconde phase, et construire un
nouveau bâtiment, le BHT 2, pour
répondre à une forte demande de
start-ups.”
4 300 m 2 sont consacrés
à l’innovation
Le BHT 2 va être construit à Grenoble,
rue Félix Esclangon, à proximité
de Clinatec. Plus petit, il offrira
4 300 m 2 de surface locative et,
contrairement à son “grand frère”,
inséré dans le périmètre du CEA, il
aura un accès direct sur le domaine
public, avec un grand parvis, ce qui
facilitera l’accès aux visiteurs, tout
en étant hautement sécurisé. L’investissement,
de l’ordre de 10 à 11
millions d’euros, porte sur la
construction d’un bâtiment de
quatre ou cinq étages, avec un cheminement
piéton bien intégré dans
l’environnement, qui abritera des
laboratoires et des bureaux. Ses
promoteurs ciblent en priorité l’accueil
de start-ups travaillant dans le
domaine des énergies nouvelles,
des biotechnologies et de la biosanté.
Pour l’heure, les études de marketing
et de rentabilité ont été effectuées.
L’appel à candidature pour la
construction du bâtiment est en
phase finale d’instruction, et le début
des travaux est prévu durant le
troisième trimestre 2014. Sa particularité,
et non des moindres, c’est
qu’il sera intégralement financé sur
les fonds propres de la SEM Minatec
Entreprises et par l’emprunt,
sans appel de fonds publics auprès
des actionnaires. Le BHT 2 devrait
être livré début 2016 et accueillir
de nouvelles sociétés innovantes. ■
* Laboratoire d’électronique
des technologies de l’information.
Richard Juillet
Pourquoi ils veulent s’y installer ?
■ Serma technologies et Serma ingénierie
“Pour nous, cette implantation est stratégique”
“Nous avons été les premiers à
signer le bail, en janvier 2007, pour
venir au BHT, explique Laurent Callet,
directeur des sites de Grenoble et de
Chambéry de Serma technologies (à
droite sur la photo). Pour nous, cette
implantation est stratégique. Elle nous
permet d’être au cœur de Minatec,
dans un environnement favorable au
développement et à la réalisation de
nos missions de prestations et de
conseils. La proximité des industriels,
de la recherche, de l’éducation, de la
Chambre de commerce et d’industrie
■ Le Pôle R & D de Tronico
Leurs produits ne sont pas grand
public. Et pourtant, ils font partie
de notre environnement. On les
trouve dans les tableaux de bord des
avions Airbus, dans des applications
de prospection pétrolière ou, plus
près de nous, dans les canalisations
intelligentes “Eliott”, fabriquées par
la société RYB de Saint-Etienne-de-
Saint-Geoirs.
Entreprise de 760 salariés, basée
en Vendée, au Maroc et, depuis mai
2012, à Grenoble, Tronico, fi liale du
groupe français Alcen, est spécialisée
dans l’électronique de pointe :
et des pôles de compétitivité comme
Minalogic est un atout déterminant”.
Le groupe Serma, dont le siège
social est à Pessac, emploie 750
salariés dont 40 en Isère. En matière
d’expertise en électronique et en
micro-technologies, il est le plus gros
laboratoire privé d’Europe. Il aide les
entreprises qui innovent, start-ups,
PME-PMI et grands groupes comme
Schneider Electric, Soitec ou encore
Air liquide à mettre en forme leurs
projets industriels. “Etre au BHT
nous permet de détecter très tôt les
innovations développées, voire d’y
contribuer. Nous pouvons ainsi faire
progresser nos méthodes, acquérir
de l’expertise puis en faire bénéfi cier
nos clients et partenaires, apportant
ainsi de la valeur-ajoutée à leurs
projets”, poursuit Aurélien Coudon,
responsable de Serma ingenierie en
Rhône-Alpes.
“Nous sommes sur la liste d’attente”
production, études, prototypes,
réparations... “Ayant des affinités
avec le CEA et des start-ups de
notre groupe basées en Isère, comme
Prollion, par exemple, qui développe
des accumulateurs et des systèmes
de batterie haute performance, nous
voulions absolument nous installer
sur le pôle Minatec pour bénéfi cier
de cet environnement exceptionnel
et profiter aussi des instruments
mutualisés, microscopes, machines
d’assemblage de composants à
haute température... pour développer
des produits innovants à forte valeur
ajoutée”, explique David Gauthier,
responsable du site de Grenoble.
Pour l’heure, la dizaine de chercheurs
de l’entreprise va encore devoir
attendre deux ans avant d’intégrer la
presqu’île scientifi que de Grenoble.
Tronico s’est, en attendant, installé
sur le site grenoblois de Bouchayer-
Viallet.
>13 Isère Magazine - juin 2013

Vivre mieux environnement
Partez en balade avec des g
Pour la 10 e année, jusqu’au 15 septembre,
les guides-nature du Conseil général
vous emmènent en balade sur les
espaces naturels sensibles de l’Isère.
Envie d’un grand bain de
nature, de calme, de biodiversité
? Cet été, passez
de belles journées de plein
air à la découverte des espaces
naturels sensibles de l’Isère :
des sites exceptionnels, du nord
au sud du département, qui
abritent une faune et une fl ore
remarquables, avec des paysages
magnifi ques. Cet été encore, le
Conseil général vous propose
des visites gratuites de ces sites
avec ses guides-nature.
Du 1 er juin au 15 septembre,
ces spécialistes de la nature
partageront avec vous leurs
>> L’avis de l’élu
connaissances, le temps d’une
balade conviviale. Avec leurs
explications, les étangs, forêts
ou tourbières deviennent des
univers fascinants ! A leurs
côtés, vous pourrez suivre la
danse des papillons au marais
de Montfort, contempler la tortue
cistude à l’étang de Lemps,
scruter le vol du faucon pèlerin à
la tourbière du Peuil, observer le
héron pourpré à l’étang de Montjoux,
repérer les marmottes dans
les alpages depuis les Ecouges,
admirer les fl eurs sauvages ou
apprendre à reconnaître le chant
des oiseaux… “Nos guides
Serge Revel,
vice-président du Conseil général chargé de l’environnement
“Lier nature et culture”
■ L’édition 2013 de la campagne
des guides-nature
est particulière, pourquoi ?
Cette année, nous fêtons les 10 ans
de la campagne des guides-nature.
A cette occasion, nous avons
souhaité lier les espaces naturels
sensibles à la culture, en proposant
des animations thématiques sur
différents sites. Nous avons choisi
quatre thèmes en lien avec le paysage
: la peinture, la photographie
naturaliste, l’histoire des paysages à
travers la géologie et le rapport entre
l’environnement des sites et l’agriculture
locale. L’objectif est d’ouvrir
les espaces naturels sensibles sur
d’autres domaines, pour toujours
mieux les faire découvrir aux Isérois.
Nous voulons ainsi sensibiliser le
public à la protection de l’environnement
et lui faire connaître toutes les
facettes du magnifi que patrimoine
naturel de l’Isère.
B. Fouquet
M. Giraud
>> De magnifi ques balades à faire
cet été dans les plus beaux sites
naturels de l’Isère.
font découvrir aux visiteurs les
secrets et les trésors cachés de
la nature”, résume Serge Revel,
vice-président du Conseil général
chargé de l’environnement.
116 000 visiteurs
en dix ans
Avec plus de 250 espèces d’oiseaux,
80 espèces de mammifères
et 2 500 variétés de
plantes, l’Isère accueille
une faune et une fl ore
parmi les plus riches
de France. Pour protéger
et valoriser les
milieux naturels les plus remarquables,
le Conseil général
a créé le réseau des Espaces
naturels sensibles (ENS), des
sites reconnus pour leur patrimoine
naturel, qui abritent
généralement un grand nombre
d’espèces animales et végétales,
souvent rares ou protégées.
C’est pourquoi le Conseil
général, qui attache une grande
importance à la préservation de
l’environnement protège ces
milieux fragiles ou menacés. En
Isère, 20 ENS sont gérés par le
Conseil général, dont 13 sont
aménagés spécialement pour
permettre au public de les découvrir.
Il existe également une
centaine d’ENS communaux.
Cet été, à l’occasion des 10 ans
de la campagne des guides-nature,
vous pourrez découvrir
9 sites communaux en plus des
sites départementaux, soit
22 sites au total. Pour ce
dixième anniversaire,
des animations thématiques
gratuites feront
aussi rimer “nature” et
“culture” : le Conseil général,
en collaboration avec
les communes et les associations
locales, vous propose de
partir en Nord-Isère sur les pas
des peintres de l’école lyonnaise
comme Auguste Ravier,
Paul Flandrin, Gustave Courbet…
qui ont immortalisé les
paysages de l’Isle Crémieu ;
de vous essayer à la photographie
naturaliste en apprenant
des techniques d’affût et
>14 Isère Magazine - juin 2013

uides-nature
B. Bodin M. Giraud
Les 15 guides-nature sont prêts
■ Jusqu’au 15 septembre, 15
guides-nature, employés par le
Conseil général, vous accueilleront
sur les 22 espaces naturels
sensibles ouverts au public. Leur
rôle : vous faire découvrir toutes
les richesses du site. Animateurs
naturalistes, ces spécialistes partageront
avec vous leur connaissance
de la faune et de la fl ore.
>> Dans chaque site,
un beau spectacle
vous attend.
de prise de vue ; de découvrir
l’histoire des paysages des
Préalpes avec un spécialiste
de la géologie…
En 10 ans, 116 000 visiteurs ont
Toutes les photos des sites
sur www.isere-magazine.fr
Vous pourrez les interpeller sur
place, au détour d’un chemin, ou
suivre les visites guidées organisées
(inscription obligatoire).
Véritables interprètes de la nature,
ils permettent aux petits
comme aux grands d’observer et
d’apprécier ce qu’ils ne verraient
pas tout seuls. “Les visiteurs ont
souvent besoin d’un regard extérieur
pour profi ter pleinement des
richesses de la nature, témoigne
Agnès Bianchin. Nous sommes
là pour répondre à toutes leurs
questions…” Ponctuellement, ils
organisent aussi des animations,
selon les ressources du lieu : reconnaissance
et vertus des végétaux,
fabrication d’un nichoir, affût
du castor…
déjà exploré les espaces naturels
sensibles de l’Isère. Evasion garantie
pour vous aussi ! ■
Sandrine Anselmetti
J.F. Noblet
Haut-Rhône Dauphinois : Etang de
Lemps, Val d’Amby (animation peinture),
Etang de Bas et falaises de Ravières
(animation peinture), Méandre du Saugey,
Mares de Craquenot, Marais de la
Léchère, Etangs de la Save
Porte des Alpes : Etang de Montjoux
(animation photos)
Isère rhodanienne : Méandre
des Oves (découverte en
vélo)
Bièvre-Valloire : Tourbière
des Planchettes
Voironnais-Chartreuse
: Tourbières
de l’Herretang (animation
agriculture locale), Marais
de Chirens
• Méandre du Saugey
(Brangues : oiseaux d’eau (martin
pêcheur, aigrette garzette…), pontons
d’observation, libellules…
• Les Ecouges (Rencurel) : arbres
remarquables, cascades, points de vue
vertigineux, chamois, oiseaux forestiers
(sitelle torchepot, pic noir…), marmottes,
chevreuils, aigles royaux…
• La Rolande (Le Cheylas) : forêt
alluviale, prairies, papillons, rainettes
arboricoles…
• Tourbière de l’Herretang
(Saint-Laurent du Pont) : roselières,
plantes carnivores, oiseaux, amphibiens…
• Marais de Vieille Morte
(Bourg d’Oisans) : boisements humides,
sources, ruines datant de plusieurs siècles,
faune et fl ore des milieux humides…
• Boucle
des Moïles
(Tullins) : palissade
d’observation, sentier
J. Carlin
Encore plus de sites cette année
22 sites à découvrir.
Outre les guides-nature, de nouvelles
animations sont proposées.
Pratique
■ Vous pouvez vous
procurer le guide des ENS
2013 dans les mairies,
les offi ces de tourisme
ou le télécharger sur
www.isere.fr
■ Pour connaître dès à
present les horaires de visite,
les plans d’accès et les détails
des animations, rendez-vous
sur le site www.isere.fr
Sud Grésivaudan : Boucle des Moïles
Vercors : Les Ecouges (animation géologie),
Les Rimets, animations géologie)
Grésivaudan : Col du Coq (animation
géologie), Bois de
la Bâtie (animation
agriculture
locale), Marais
de Montfort, La
Rolande
Agglomérationgrenobloise
: Marais des
Sagnes,Tourbière du
Peuil (animation géologie)
Oisans : Marais de Vieille
Morte (animation géologie)
Petit aperçu de ce que vous pourrez découvrir...
d’interprétation, ruisseaux, oiseaux
d’eau, demoiselles et libellules…
• Etang de Montjoux (Saint-
Jean-de-Bournay) : prairies fl euries,
sentier et observatoire panoramique,
oiseaux d’eau (héron pourpré, grèbe
huppé…)
• Marais des Sagnes (Le
Sappey) : roselières, prairies à orchidées,
saulaies, mammifères (chevreuil…)
et oiseaux (bécassine des marais…)
• Méandre des Oves (Péagede-Roussillon)
: sentiers d’interprétation,
fougères langue de serpent, orcanettes
des teinturiers, nénuphars, bac à traille
historique…
• Tourbière des Planchettes
(Saint-Siméon de Bresssieux) :
oiseaux (engoulevent d’Europe…),
plantes remarquables (drosera à
feuilles rondes, lycope inondé, petite
scutellaire…), mousses (sphaines...),
97 espèces de champignons…
>15 Isère Magazine - juin 2013
J.F. Noblet

Vivre mieux handicap
© Fotolia
L’art de voir... sans les yeux
Lui-même déficient visuel, Rémy Closset
se bat pour rendre l’art et l’information
accessibles aux aveugles et malvoyants.
A
54 ans, Rémy Closset a dû
cesser son activité d’architecte.
Atteint depuis la naissance
d’une rétinite pigmentaire,
une maladie génétique rare,
il souffre d’une déficience visuelle
évolutive. “J’ai des trous dans mon
champ visuel et ma vision baisse de
plus en plus”, explique ce Viennois
aujourd’hui âgé de 63 ans.
Dans sa jeunesse, Rémy a étudié les
lettres gréco-latines avant de bifurquer
vers l’architecture. “Je savais
que pour moi, ça ne serait pas une
voie facile, mais j’en avais tellement
envie !” Rémy a pu exercer son métier
durant une trentaine d’années,
en utilisant un matériel spécifique :
télé-agrandisseur pour grossir les documents
et les afficher sur un écran,
logiciel de grossissement pour les
données informatiques… “La difficulté,
c’était d’avoir des logiciels
d’architecture qui soient compatibles
>> Zoom
avec mon matériel”, témoigne-t-il. A
l’âge de 45 ans, Rémy n’a plus pu
conduire. “Alors, c’est devenu plus
compliqué sur le plan professionnel
: mes clients devaient venir me
chercher pour les rendez-vous ou
m’emmener sur les chantiers.”
Des tableaux tactiles
Aujourd’hui à la retraite, père de
quatre enfants et grand-père de dix
petits-enfants, Rémy continue de
mener une vie tambour battant. A
Vienne, il a créé l’antenne locale de
l’association Valentin Haüy, l’une des
plus grosses associations œuvrant en
faveur des aveugles et déficients visuels
en France, dont il est aussi l’un
des administrateurs national. Engagé,
il milite pour une meilleure intégration
des déficients visuels dans la
société. “Nous sommes des citoyens
à part entière avec les mêmes droits”,
rappelle-t-il. “C’est frustrant d’en-
Les adultes handicapés visuels peuvent
percevoir la Prestation de compensation
du handicap (PCH), fi nancée par le Conseil
général. Elle permet de couvrir des aides
techniques – appareils de synthèse vocale,
loupes électroniques, etc. – ou des aménagements
pour le logement. Les personnes
atteintes de cécité peuvent aussi bénéfi -
>> Rémy Closset crée des outils
adaptés au handicap visuel :
tableaux en relief, maquettes
tactiles, magazines sonorisés…
tendre parler de choses, sans jamais
y avoir accès. Alors j’essaie à
mon niveau de créer des “outils”
adaptés.”
A l’aide d’un logiciel de modélisation
3D, Rémy met ainsi en relief des
tableaux de maîtres comme Picasso
ou Gauguin. Le but : “Permettre
aux malvoyants de pouvoir visiter
tactilement une œuvre, comme on
visite un musée avec les yeux”. Dans
le même esprit, il réalise aussi des
maquettes de bâtiments contemporains
à l’architecture unique comme
le stade olympique de Pékin ou le
centre Pompidou... “Les architectes
me donnent gracieusement leurs
plans et des étudiants de l’université
de Reims les modélisent. La
difficulté, c’est de trouver des financements
pour l’impression 3D…”
Par ailleurs, Rémy sonorise chaque
mois “Isère Magazine” et le mensuel
de sa ville, “Vienne Aujourd’hui”,
Handicap visuel : les aides du Conseil général
cier d’un forfait pour fi nancer des aides
humaines jusqu’à 50 heures mensuelles.
Le coût d’entretien des chiens guides
d’aveugles peut également être pris en
charge à hauteur de 50 euros par mois.
>> Contact : Maison départementale de
l’autonomie, 04 38 12 48 48, ou Maison du
Conseil général de votre territoire.
>> Repères
Les maladies
des yeux les
plus courantes
■ LA CATARACTE
Elle toucherait 60 % des plus de
85 ans.
Symptômes : Baisse progressive
de la vue, brouillard, trouble de la
vision des couleurs, éblouissement
à la lumière vive... provoqués par le
cristallin qui s’opacifie, le plus souvent
à partir de 60 ans.
Traitement : La chirurgie permet
de retrouver une vision correcte.
C’est l’opération la plus pratiquée
en France.
■ LA DÉGÉNÉRESCENCE
MACULAIRE liée à l’âge (DMLA)
Première cause de cécité chez les
plus de 50 ans, cette maladie dégénérative
altère la macule, une zone
au centre de la rétine.
Symptômes : La vision centrale se
brouille et une tâche noire apparaît.
Traitement : laser ou médicaments
permettent de stabiliser les lésions,
mais pas de restaurer la vision perdue.
Il faut traiter au plus tôt, d’où
l’importance d’un diagnostic précoce.
■ LE GLAUCOME
Un million de Français seraient concernés,
dont 400 000 l’ignorent. Il entraîne
une destruction lente du nerf optique
pouvant aboutir à la cécité.
Symptômes : pas de signes particuliers,
seul un examen permet de
détecter une forme débutante du
glaucome “à angle ouvert” (90 %
des cas)
Traitement : il varie selon les personnes.
Les collyres sont les médicaments
les plus prescrits. En cas
d’échec, on a recours à la chirurgie.
>16 Isère Magazine - juin 2013
© M. Giraud
via un logiciel de synthèse vocale.
Touche-à-tout, il vient également de
réaliser un film animé pour le prochain
festival national du court-métrage
Handica Apicil. “Il m’a fallu un
an, mais j’y suis arrivé !”, s’exclame
Rémy. S’il peut faire encore beaucoup
de choses, cela lui prend “dix
fois plus de temps” : “C’est souvent
ça le poids du handicap… Mais, je
m’accroche au monde de l’image,
coûte que coûte.”
Sandrine Anselmetti
Contacts : Comité Valentin Haüy
• Grenoble : 04 76 87 83 82
• Antenne de Vienne : 04 74 31 53 39
www.avh.asso.fr

Vivre mieux santé
L’endométriose,
ce mal méconnu
Mal diagnostiquée, très douloureuse et souvent
cause d’infertilité, l’endométriose touche
pourtant une femme sur dix.
Règles hémorragiques,
douleurs pelviennes intolérables
24 h sur 24,
fatigue extrême, perte de
cheveux… Pendant six ans, Sarah,
habitante de Domène, a dû se
battre contre un mal sans nom qui
a fait de sa vie un calvaire quotidien.
“J’ai vu cinq gynécologues
et deux endoctrinologues :
ne trouvant rien à l’échographie,
ils ont fini par me dire que c’était
psychologique… Au boulot,
je passais pour une tire-au-flanc,
moi qui suis de nature plutôt
battante.”
En 2011, à bout de forces, Sarah
se retrouve aux urgences du CHU
de Grenoble… Après de nouveaux
examens, on l’oriente vers le docteur
Agnès Bourdariat, gynécologue
aujourd’hui retraitée : “Tout
de suite, elle a pensé à l’endométriose…
Une cœlioscopie a confirmé
le diagnostic. Enfin, je savais
ce que j’avais ! Ça m’a soulagée.”
Une femme sur dix serait pourtant
concernée par cette maladie très
répandue mais méconnue car invisible
– les douleurs menstruelles
à tort sont souvent considérées
comme un mal féminin inévitable…
La douleur n’étant pas
forcément proportionnelle à l’importance
des lésions provoquées
par la maladie, l’endométriose
est souvent révélée lors d’une recherche
de fertilité (environ 50 %
des patientes).
La pathologie a été décrite dès
1860 mais ses origines restent
mystérieuses, la recherche
l’ayant longtemps délaissée. Son
nom vient de l’endomètre - la
muqueuse tapissant l’utérus, où
l’œuf vient s’implanter en cas de
grossesse. Ces fins tissus, au lieu
d’être évacués normalement lors
des règles, se mettent à proliférer
dans l’organisme, provoquant
des kystes ou des inflammations
sur les parois de l’abdomen, des
ovaires et de l’appareil génital
mais aussi du côlon, de la vessie…
voire les reins ou même, les
poumons !
6 à 9 ans
pour un diagnostic
“Il faut en moyenne six à neuf
ans pour diagnostiquer une endométriose.
Ce qui laisse le temps
aux lésions de se développer”,
explique Cécile Réal, co-fondatrice
iséroise d’Endiodiag – une
jeune start-up visant à développer
des outils pour faciliter son
dépistage.
Actuellement, la cœlioscopie,
un acte chirurgical pratiqué sous
anesthésie générale qui permet
de sonder l’abdomen en profon-
deur, est le seul moyen fiable
de la déceler. La chirurgie est
aussi quasi le seul traitement à
un stade avancé – la maladie est
évolutive et récidivante.
Depuis peu, des associations de
patientes (voir encadré) se mobilisent
partout en France pour
faire mieux connaître l’endométriose
des médecins et des autorités
– n’étant pas répertoriée
par la Sécurité sociale parmi les
30 maladies de longue durée,
elle est mal prise en charge. La
recherche scientifique avance
enfin et devrait aboutir d’ici à
quatre ans sur des traitements
plus efficaces. L’enjeu est sociétal
autant que financier : une
étude américaine récente estime
le coût sociétal à 49,6 milliards
de dollars par an… « Surtout,
il faut en finir avec les idées reçues
: souffrir pendant les règles
n’est pas une fatalité ! » rappelle
Kathy Chamousset, présidente
de l’association “Ensemble
contre l’endométriose ”
Véronique Granger
>17 Isère Magazine - juin 2013
Photos © M. Giraud
>> Aujourd’hui, après
avoir enduré des années
de souffrance et plusieurs
opérations, Sarah a retrouvé
une vie “normale”.
>> En savoir plus
Une association
de patientes
Katy Chamousset,habitante
de Saint-
Bueil près
de Pont-de-
Beauvoisin, a
créé il y a deux
ans l’association
Ensemble
contre l’endométriose
pour
informer sur
la maladie.
Elle regroupe
aujourd’hui une cinquantaine de
patientes dans toute la France.
Articles, forums sur Internet, elle
donne de précieux conseils sur
son site et diffuse une brochure
d’informations sur les lieux recevant
des femmes.
>> www.ensemblecontrelendometriose.fr,
ece.association@yahoo.com

■ Le Conseil général recrute 150 assistants fa
Devenir famille d’ac
MARIA
Champ-Près-Froges
accueille un garçon de 3 ans
et un bébé de 20 mois
Photos dossier © F. Pattou, M. Giraud, Fotolia.
CHRISTEL
Les Avenières
accueille deux enfants
de 8 et 11 ans
>18 Isère Magazine - juin 2013

miliaux
cueil
CLAUDINE
et son époux CHARLY
Saint-Pierre-de-Méaroz
accueillent deux enfants
de 4 mois et 10 ans
le dossier
d’Isère Magazine
Dans les trois ans qui viennent, le Conseil général va recruter
150 assistants familiaux pour prendre en charge les enfants qui lui
sont confiés. Objectif : renforcer le dispositif d’accueil des mineurs
en danger qui doivent être séparés temporairement de leurs parents.
EMMANUEL
et son épouse BRIGITTE
Chatte
accueillent cinq enfants
de 5, 7, 12, 15 et 17 ans
>19 Isère Magazine - juin 2013

dossier le ASSISTANTS
d’Isère Magazine
▲
Leur métier : offrir réconfort et sécurité
aux enfants en danger
Kevin,
K
six ans, a retrouvé la joie
Kde de vivre. Depuis Depuis huit mois, il
Kvit vit chez Maria et Roger, un
couple avec deux enfants, qui habite
à Meylan dans l’agglomération grenobloise.
Sa maman ne pouvait plus
s’occuper de lui. Quant à son papa, il
a quitté le domicile familial. Kevin a
été confié au Conseil général qui lui
a trouvé une famille d’accueil.
Autrefois, on appelait ces enfants
placés, les enfants de la DDASS.
Aujourd’hui, c’est le Conseil général
qui a la responsabilité d’assurer leur
protection, prenant le relais de l’État.
2 200 enfants âgés de quelques mois
à 21 ans lui sont ainsi confiés, soit à
la demande des parents quand ils sont
dans l’incapacité d’assurer leur éducation,
soit à la suite d’une décision
de justice pour carences éducatives
graves ou mauvais traitements.
“Notre mission est d’offrir un cadre
sécurisant à ces enfants, pour les aider
à s’épanouir et à retrouver un équilibre
avant qu’ils ne retournent dans leur famille”,
explique Brigitte Périllié, viceprésidente
du Conseil général chargée
de la famille et de l’enfance en danger.
500 familles d’accueil
aujourd’hui
Pour quelques mois, un an ou plusieurs
années, les enfants du Conseil
général sont hébergés dans l’un des
>> 2 200 enfants
sont confiés au Conseil
général de l’Isère.
36 foyers de l’Isère ou accueillis
dans l’une des 500 familles d’accueil
agréées. Emmanuel, 51 ans,
qui habite Chatte, près de Saint-
Marcellin, fait ce métier depuis
20 ans et il a accueilli 23 enfants.
“Certains sont arrivés en urgence
et sont partis au bout de 48 heures.
D’autres sont restés plus de 10 ans
à la maison. À chaque fois, leur histoire
était différente : certains ont
subi des violences, d’autres ont été
laissés de côté par leurs parents. On
leur donne le maximum d’amour
Qui sont les enfants confiés au Conseil général ?
L’an denier, 2 200 enfants âgés de des filles. Trois enfants sur dix ont
quelques mois à 21 ans ont été hé- été placés à la demande de leurs
bergés en familles d’accueil ou en parents confrontés à des diffi-
foyers : 27 % des enfants avaient cultés sociales, familiales ou des
moins de 4 ans, 33 % entre 4 ans problèmes de santé et sept sur dix
et 15 ans et 40 % plus de 15 ans. à la suite d’une décision judiciaire
56 % étaient des garçons et 44 % notamment pour maltraitances :
carences éducatives, violences
physiques, absence de soins,
abus sexuels, dénutrition…
Entre 2011 et 2012, le nombre
d’enfants placés a augmenté de
10 %. Deux explications : l’augmentation
de la précarité amplifie
les problèmes éducatifs et le
repérage des situations d’enfants
en danger est plus efficace grâce
à la Cellule de recueil des informations
préoccupantes mise en
place par le Conseil général.
FAMILIAUX
pour qu’ils puissent se reconstruire
et reprendre confiance en eux, en
sachant qu’ils repartiront un jour.”
D’ici à trois ans, le Conseil général
souhaite recruter 150 familles
supplémentaires qui, comme Emmanuel
accueilleront ces enfants
pour leur donner l’affection dont ils
ont besoin. “Nous recherchons des
hommes et des femmes qui aiment
les enfants, avec de grandes qualités
humaines et qui soient suffisamment
solides, car ces enfants ont souvent
un lourd passé derrière eux”, souligne
Brigitte Périllié.
Assistant familial, c’est un vrai métier,
défini par le Code de l’action
sociale et des familles. La procédure
de recrutement est rigoureuse et une
formation est prévue. Pour épauler
ces familles qui travaillent à domicile,
le Conseil général attache une
grande importance à leur accompagnement
(cf. p.26).
“En recrutant de nouveaux assistants
familiaux, nous voulons
rééquilibrer notre offre d’accueil,
explique Brigitte Périllié. Aujourd’hui,
55 % des enfants sont en
foyers et 45 % chez des familles.
Alors que l’Isère, depuis la décentralisation,
a privilégié l’accueil
en établissement, d’autres Départements
ont fait l’inverse. Dans le
Pas-de-Calais, 70 % des enfants
sont placés en famille, 74 % dans
l’Ardèche, 58 % dans la Drôme. Et
des pays comme la Norvège n’ont
plus aucun internat !
Si l’hébergement en foyer a des
avantages – apprentissage de la vie
en collectivité et de l’autonomie,
choix important d’activités… –,
l’accueil familial est plus proche du
modèle parental, très propice au développement
affectif, permettant à
l’enfant de construire sa personnalité.
Assistant familial :
un vrai métier
Le Conseil général, en renforçant
l’accueil familial, veut aussi redonner
aux établissements leur vocation
originelle avec des accueils pour de
courtes périodes. “Or, aujourd’hui,
faute de places en famille, des établissements
hébergent des enfants
durant plusieurs années”, souligne
Brigitte Périllié.
L’autre enjeu est financier. Le
budget du Conseil général consacré
à la protection de l’enfance
augmente de 10 % par an depuis
cinq ans et dépassera les 130 millions
d’euros en 2013. Confronté
à une baisse de ses ressources, le
Conseil général doit aussi rationaliser
ses dépenses. Or le coût
d’un enfant confié à une famille
d’accueil (2 200 euros) est deux
fois moins élevé qu’en établissement
(4 500 euros) !
“Nous engagerons une réflexion
avec les professionnels
de la protection de l’enfance sur
l’évolution nécessaire de notre
politique d’accueil”, souligne
Brigitte Périllié.
> 20 Isère Magazine - juin 2013
Annick Berlioz

Avant de recruter un(e) assistant(e) familial(e), le Conseil général
s’assure qu’il a toutes les qualités nécessaires pour accueillir un
enfant chez lui. La procédure est rigoureuse.
Chaque mois, le Conseil
général organise une réunion
d’information départementale
pour présenter
ce métier et expliquer les
démarches à effectuer. Les
Après cette réunion, les
candidats doivent déposer
un dossier à la Maison
du Conseil général la plus
proche de leur lieu d’habitation
(liste sur www.isere.fr)
Aucun diplôme spécifique
n’est exigé pour être candidat.
Seules conditions :
Dans les quatre mois qui
suivent le dépôt du dossier,
le ou la candidate
reçoit à son domicile la
visite d’une puéricultrice du
Conseil général. Sa mission
est d’évaluer si les conditions
d’hébergement sont
Une fois l’agrément obtenu
et avant l’accueil
de l’enfant, le candidat a
plusieurs entretiens avec
le responsable accueil
familial du Conseil général
et un psychologue. A cette
étape, le Conseil général
Vous êtes
intéressé ?
Comment devenir
famille d’accueil ?
1
2
3
4
personnes intéressées doivent
obligatoirement participer à
cette réunion. Les prochaines se
tiendront le 17 juin et le 8 juillet
à Colombe (voir en bas de page
adresses et horaires).
être majeur, parler couramment
le français et justifier d’une expérience
avec les enfants, sans
avoir été parent obligatoirement.
Les personnes qui exercent
une activité professionnelle à
temps partiel, compatible avec
l’accueil, peuvent aussi postuler.
réunies : place suffisante pour
préserver l’intimité de l’enfant,
habitat conforme aux normes
de sécurité… Cette évaluation
est transmise au médecin de la
protection maternelle et infantile
qui délivrera ou non l’agrément,
pour un, deux ou trois enfants.
peut encore refuser une candidature
s’il estime que les compétences
et les qualités requises
pour exercer ce métier ne sont
pas réunies.
Les prochaines réunions d’information se tiendront le 17 juin et le 8 juillet à Colombe,
(Parc (Parc d’activités d’activités de de Bièvre-Dauphine) Bièvre-Dauphine) 1532, 1532, rue A. A. Blanchet, Blanchet, de de 14 14 h à 17 17 h. h.
>>FAQ
QUESTIONS
PRATIQUES
PEUT-ON CHOISIR L’ÂGE
DES ENFANTS ACCUEILLIS ?
L’assistant familial peut formuler
ses souhaits au Conseil
général qui essaie toujours
d’y répondre. Mais les placements
se font en fonction des
besoins.
QUELLE RÉMUNÉRATION ?
Ce métier est défini par le
Code de l’action sociale et des
familles : “L’assistant familial
est la personne qui, moyennant
rémunération, accueille
habituellement et de façon
permanente des mineurs et
des jeunes majeurs de moins
de 21 ans à son domicile.”
La rémunération est de
990 euros net pour l’accueil
d’un enfant, puis 600 euros
net par enfant supplémentaire.
S’ajoutent des indemnités
pour les loisirs, l’entretien
et l’habillement variables en
fonction de l’âge de l’enfant.
Comme tout salarié du Conseil
général, l’assistant familial a
droit à 31 jours de congés.
Pendant ces périodes, les enfants
sont confiés à d’autres
familles d’accueil.
QUELLE FORMATION ?
Un stage de 60 heures est
prévu avant l’accueil du premier
enfant. Présentation du
Conseil général, des acteurs
de la protection de l’enfance,
visite d’un service de l’aide
sociale à l’enfance et d’un établissement
accueillant des enfants…
Puis dans les deux ans
qui suivent le premier accueil,
seconde formation obligatoire
de 240 heures.
>21 Isère Magazine - juin 2013
▲

dossier le ASSISTANTS
d’Isère Magazine
▲
Des familles d’accueil racon
Christel, Emmanuel, Maria et Claudine sont assistants familiaux. Un métier qu’ils exercent
>>Témoignage
Journaliste, chef de
pub, commerciale,
banquière… Christel,
42 ans, a exercé de
nombreux métiers. Il y a
quatre ans, cette mère de
deux enfants de 8 et 11 ans a décidé
de devenir famille d’accueil.
“Je voulais donner un sens à ma
vie. J’avais entendu parler du métier
par une amie que je trouvais
très épanouie.”
En octobre 2009, Christel fait sa
demande d’agrément au Conseil
général. Six mois plus tard, après
avoir passé tous ses entretiens,
elle est recrutée. Trois mois
après, les premiers enfants lui sont
confiés. “Lorsqu’ils sont arrivés à
la maison, Thomas avait 15 mois
et son frère Nino, quatre ans,
témoigne Christel. Ces enfants
étaient très perturbés. La nuit, le
petit se réveillait toutes les deux
heures en hurlant. Quant à l’aîné,
il était incapable d’exprimer le
moindre sentiment.”
Christel, Les Avenières, 42 ans
“Mon bonheur :
voir progresser
ces enfants”
Christel était bien préparée. “La
formation que nous recevons nous
apprend à décrypter les troubles
de ces enfants et à nous adapter à
ces types de situations, sans pour
autant prétendre tout vouloir régler
du jour au lendemain. L’équipe
de l’aide sociale à l’enfance du
Conseil général est aussi toujours
à nos côtés pour nous aider.”
Christel ne regrette pas son choix.
“Nous avons beaucoup entouré
Thomas et Nino d’amour et de
patience. Aujourd’hui, le plus
petit parle comme un livre et est
apaisé. Quant à l’aîné, il a de
bons résultats à l’école et a gagné
en stabilité. Je les élève comme
mes propres enfants. On joue, on
fait la cuisine ensemble et surtout
on parle beaucoup.”
FAMILIAUX
Chez Emmanuel et Brigitte, il
y a toujours une grosse casserole
de lait sur le feu pour
faire des flans. Emmanuel, agriculteur
et son épouse Brigitte, 57
ans, ex-infirmière, ont toujours
plein de monde dans leur grande
maison de neuf pièces et deux
étages. Outre leurs trois enfants
de 20, 21 et 24 ans, qui les aident
sur l’exploitation, le couple accueille
cinq enfants, dont deux
petits frères : Mathieu, cinq ans
et Kevin, sept ans, ainsi que
trois adolescents, Enzo, 12 ans
et Christophe 17 ans et une fille,
Laura, 15 ans. Trois d’entre eux
restent en permanence, les deux
autres en relais, le week-end et
pendant les vacances scolaires.
Depuis 20 ans qu’il fait ce métier,
Emmanuel a accueilli 23 enfants.
La décision ? “Elle s’est imposée
“À mon tour,
j’ai voulu donner”
Emmanuel, 51 ans, Chatte
d’elle-même. À cinq ans, j’ai été
placé pendant deux ans à la suite
du décès brutal de mon frère qui
avait laissé ma famille sous le
choc. Ces gens m’ont donné beaucoup
d’affection. J’ai voulu faire
de même à mon tour.”
Son épouse a quitté son métier
d’infirmière pour le suivre. “Elle
m’a beaucoup aidé. Le métier
demande une présence continue,
y compris les jours fériés
et le week-end. Les enfants nous
suivent partout, aux fêtes de familles
comme aux mariages. Nous
avons la chance de vivre à la campagne.
Une bête qui meurt, un
veau qui naît… tout est prétexte
pour leur expliquer ce qu’est la
vie. On fait le jardin ensemble, on
est très solidaires et on apprend
que rien ne tombe tout cuit.”
>>Témoignage
> 22 Isère Magazine - juin 2013

tent leur métier
en famille avec beaucoup de plaisir malgré les difficultés.
>>Témoignage
Ca d r e
admi-
nistratif
pendant 20 ans, Maria avait fait
le tour de son métier. “J’avais
l’impression de ne plus rien apporter
à personne. J’adore les enfants.
Depuis dix ans, je voulais
devenir assistante familiale, mais
ma famille n’était pas mûre pour
cela.” En 2009, Maria décide de
franchir le pas. Ses trois enfants
ont 14, 17 et 19 ans. Toutes les
conditions sont désormais réunies
pour ouvrir les portes à des enfants
en difficulté. “La décision
a été prise avec mon mari et mes
enfants. Pendant un an, nous en
avons beaucoup parlé pour peser
le pour et le contre et voir si nous
étions prêts à faire les sacrifices
qu’implique le métier. Les services
du Conseil général nous
avaient avertis : ces enfants nous
Maria, 46 ans, Champ-Près-Froges
“Une décision prise
avec toute la famille”
sont confiés 24 heures sur 24 et
ont parfois un lourd passé derrière
eux. Et dans ce métier, c’est
toute la famille qui est engagée.
Impossible par exemple de décider
de partir en vacances du jour
au lendemain !”
En 2010, Maria accueille une première
fratrie de deux petites filles
qui resteront sept mois chez elle.
Aujourd’hui, elle s’occupe d’un
petit garçon de trois ans et d’un
bébé de 20 mois. “Tout se passe
bien. Et si ça marche, c’est que tout
le monde y met du sien, mon mari
comme mes enfants.” Pour préserver
une certaine intimité, la famille
a réservé un étage de sa maison aux
enfants accueillis. Histoire que chacun
ait son espace sans empiéter sur
celui de l’autre.
Dans leur maison perchée sur
une colline en plein cœur de
la Matheysine, Claudine et
Charly rayonnent de bonheur. Lui
est technicien dans une entreprise
et elle, assistante familiale. “Il y
a une vingtaine d’années, nous
voulions nous exiler à l’étranger
pour travailler dans l’humanitaire,
témoigne Claudine. Puis
nous avons pris conscience qu’il
y avait beaucoup de gens malheureux,
ici en France, dont des
enfants. D’où l’idée de devenir
famille d’accueil.”
L’histoire commence en 1987. À
l’époque, Claudine ne s’épanouissait
pas dans son travail. Serveuse,
vendeuse, caissière dans
les supermarchés, elle enchaînait
des petits boulots où elle comptait
ses heures. À 36 ans, toujours
sans enfant, elle fait sa demande
d’agrément pour devenir assistante
familiale. “L’objectif n’était
pas de combler un vide mais de
me rendre utile et de partager ce
que nous possédons.”
En 1999, un premier enfant lui est
confié. Il s’appelle Noury et a deux
ans et demi. En 2004, le couple
accueille deux nouveaux enfants :
Agnès, 4 mois et Loïc, 10 ans. Tous
trois font partie intégrante de la famille.
“Chacun avec son parcours
et son histoire, nous a fait évoluer.
Nous ne sommes plus les mêmes.
Nous avons gagné en patience. Et
lorsqu’on voit les résultats, nous
sommes comblés. Bien sûr, ce n’est
pas tous les jours fête. Mais au
moindre souci, nous contactons le
responsable accueil familial qui nous
fixe un rendez-vous. Toutes les six
semaines, nous avons des réunions
entre assistants familiaux qui nous
permettent de mettre sur la table
toutes les difficultés rencontrées.”
“Ce métier a donné
un sens à notre vie”
>>Témoignage
Claudine, 50 ans, Saint-Pierre-de-Méaroz
>23 Isère Magazine - juin 2013
▲

dossier le ASSISTANTS
d’Isère Magazine
▲▲
le plus beau métier du
“C’est
monde !” Comme Claudine,
qui exerce cette profession
depuis 14 ans à Saint-Pierre
de Méaroz dans le Nord-Isère et accueille
deux enfants, tous les assistants
familiaux vous le diront : “Ce
travail apporte beaucoup de satisfaction.
On voit les enfants progresser
de jour en jour, on se sent utile et
on reçoit beaucoup d’amour.”
Mais ceux qui s’engagent dans
ce métier doivent savoir que tout
n’est pas facile. Les enfants leur
sont confiés 24 heures sur 24 et
sept jours sur sept. “C’est prenant,
témoigne Emmanuel, assistant familial
à Chatte. C’est comme s’ils
étaient nos propres enfants, nous
leur consacrons autant de temps
et d’attention, ils partagent notre
quotidien. Chaque jour, nous les
accompagnons à l’école, nous les
emmenons pratiquer des activités
et les aidons à faire leurs devoirs.
Ils font partie de la famille. Ils
sont constamment avec nous,
en vacances, comme dans les
fêtes familiales. Et le week-end
comme les jours fériés, il faut les
conduire chez leurs parents pour
les visites.”
>>Questions à
Catherine Leblanc,
psychologue départementale chargée du recrutement des familles d’accueil
Avant d’accueillir un enfant,
chaque candidat et sa
famille rencontrent une
psychologue.
■ Quand intervenezvous
dans le
recrutement des
assistants familiaux ?
J’interviens dès que l’assistant
familial a obtenu son agrément
pour m’assurer que le conjoint
comme les enfants de la famille
sont prêts à accueillir dans leur
foyer, un enfant extérieur avec
“Toute la famille est impliquée”
ses souffrances, son passé, sa
personnalité…
Je procède en trois temps. Lors
d’un premier entretien, je rencontre
l’assistant familial avec son
conjoint ou sa conjointe pour évaluer
l’engagement du couple.
■ L’engagement
du conjoint
est-il important ?
Cet enfant confié va imprégner toute
la famille de ses problèmes et de sa
personnalité. Il faut en être conscient.
Je m’assure donc que le conjoint
FAMILIAUX
Avez-vous vraiment la vocation ?
S’il apporte de grandes
satisfactions, le métier
d’assistant familial est
aussi très prenant.
Pour l’exercer,
mieux vaut avoir
la vocation.
Autre défi : savoir s’attacher
à ces enfants et leur donner de
l’amour… sans oublier qu’ils
ont une famille. “C’est l’un des
aspects difficiles du métier, rappelle
Renaud Deshons, qui pilote
le projet de développement
de l’accueil familial au Conseil
général de l’Isère. Il faut savoir
faire la part des choses. D’autant
que ces enfants sont souvent perturbés
et qu’il ne faut pas vouloir
tout réparer en se substituant à
leur famille.” Sauf cas très rares,
les parents conservent leurs
droits pour l’orientation scolaire
et professionnelle, les soins, ainsi
que pour la pratique ou non
d’une religion.
Prendre du recul
L’assistant familial doit aussi être capable
de prendre du recul. “L’amour
et le don de soi ne suffisent pas”,
est suffisamment investi dans ce
projet d’accueil.
■ Vous recevez ensuite
le candidat tout seul ?
C’est un temps d’approfondissement
de ses motivations et d’évaluation
de ses capacités et compétences.
Ce métier ne doit pas se
faire par défaut. Il faut être solide
psychologiquement et disponible,
car il s’agit de créer à la fois du
lien et de la séparation et d’offrir
à l’enfant un espace d’expression
de ses difficultés et de ses souf-
rappelle Renaud Deshons. Une fois
par mois, les familles d’accueil font
le point avec les services du Conseil
général sur l’évolution de l’enfant.
“Les familles rendent compte des
problèmes rencontrés et nous les
analysons ensemble.”
L’accueil de ces enfants peut aussi
chambouler la vie de la famille.
Dans neuf cas sur dix, les assistants
familiaux vivent en couple
et ont des enfants. “C’est pourquoi
l’accord du conjoint, comme celui
des enfants, s’impose avant de
s’orienter vers ce métier. L’arrivée
d’un enfant extérieur à la cellule
familiale peut provoquer des
jalousies et des conflits avec ses
propres enfants.”
Malgré ces difficultés, les assistants
familiaux sont fiers de leur métier
et ils l’aiment. “Il fait appel aux
qualités les plus nobles de l’être
humain : la générosité, l’ouverture
d’esprit, l’altruisme, souligne Brigitte
Périllié, vice-présidente du
Conseil général chargée de l’enfance
en danger et de la famille.
On donne, on s’attache sans rien
attendre en échange. Car beaucoup
de ces enfants repartiront un jour
chez leurs parents.”
frances. Celles-ci peuvent prendre
des formes déroutantes : rejet,
angoisse, mutisme…
■ Dans un troisième
entretien, vous
recevez les enfants du
candidat. Pourquoi ?
Lorsqu’une personne postule pour
être assistant familial, c’est toute la
famille qui va accueillir l’enfant. Son
conjoint et ses enfants doivent être
préparés pour l’accueil d’un enfant
qui leur est étranger. D’où la nécessité
de leur assentiment. L’objectif
est tout autant de protéger l’enfant
accueilli que de préserver la famille
d’accueil. À l’issue de ces entretiens,
je transmets un avis favorable
ou défavorable.
> 24 Isère Magazine - juin 2013

Interview
du Président
du Conseil général
André Vallini
Isère Magazine : Le Conseil
général lance une campagne de
recrutement de nouvelles familles
d’accueil. Leur rôle est important ?
André Vallini : 70 % des enfants
placés par le Conseil général en
familles d’accueil ou en établissements
le sont suite à une décision
judiciaire, notamment pour maltraitance
: carences éducatives, violences
physiques, absence de soins, abus
sexuels, dénutrition… Ces mauvais
traitements sont aussi un problème
majeur de santé publique, notamment
par leurs conséquences à long terme
sur la santé physique et mentale des
enfants : suicide, délinquance… Le
rôle des familles d’accueil est donc
très important dans leur prise en
charge et leur reconstruction.
Mais au-delà de ces cas, il faut
savoir, qu’en France, un enfant
meurt chaque jour de violences infligées
par les adultes. Le calvaire
de la petite Marina, dans la Sarthe,
celui de la petite Tiphaine, dans le
Nord, ou encore le martyr du petit
Lorenzo, mort de faim et de soif, à
Péage de Roussillon, chez nous en
Isère, sont insupportables.
Et on pourrait citer aussi la découverte
récente, en Seine Saint-Denis,
des deux petits garçons enfermés
dans une cave, sans eau, ni matelas,
ni lumière, battus et sous-alimentés,
ou encore celle des deux
enfants noyés par leur mère dans
une baignoire, en Haute-Saône, il
y a quelques semaines.
I. M. Selon vous on ne fait pas assez
pour lutter contre la maltraitance
des enfants. Pourtant la loi de
mars 2007 réformant la protection
de l’enfance s’est inspirée des
propositions de la commission
parlementaire de l’affaire d’Outreau
que vous avez présidée.
A. V. : La loi de mars 2007 rend plus
efficace le repérage et le traitement
des situations d’enfants en danger
notamment grâce au renforcement
de l’accompagnement pré et postnatal
et à la création dans chaque
département d’une cellule de recueil
“Pour en finir avec les violences
faites aux enfants”
André Vallini : “Je veux faire de la lutte contre la maltraitance
des enfants une grande cause nationale ”
et d’évaluation des informations
préoccupantes (Crip). Mais tous ces
enfants martyrisés qui reviennent régulièrement
à la Une de l’actualité
montre bien qu’il faut aller plus loin.
I. M. Vous organisez un colloque
national le 14 juin prochain
à Paris au Sénat sur le thème
des violences faites aux enfants.
Quel est son objectif ?
A. V. : Je prépare ce colloque depuis
septembre dernier pour réunir les
meilleurs spécialistes de la maltraitance,
médecins, enseignants, travailleurs
sociaux, magistrats. Son
objectif sera d’avancer des propo-
sitions concrètes et d’en appeler au
gouvernement car seule une volonté
politique forte peut faire reculer ce
véritable fléau.
I. M. Un fléau ? L’ampleur
de la maltraitance serait donc
sous estimée en France ?
A. V. : À l’évidence et les causes en
sont multiples : insuffisances des
investigations médicales, carences
dans la prévention, dans le repérage
des enfants victimes, que ce
soit à l’école, dans les consultations
d’urgence ou dans le cabinet des
médecins libéraux… Ces lacunes
étant elles-mêmes liées à une for-
mation insuffisante ou inadaptée des
divers professionnels. Enfin il existe
aussi des dysfonctionnements dans
la prise en charge malgré le cadre
proposé par la loi de 2007.
I. M. Mais pourquoi n’y a-t-il
pas plus de mobilisation ?
A. V. : C’est un sujet compliqué et
qui dérange : il est très difficile en
effet d’imaginer que des parents
puissent faire endurer de telles
horreurs à leurs enfants. On arrive
donc parfois à dénier la réalité et à
chasser ces images de notre esprit.
C’est en fait un sujet tabou et les
violences faites aux enfants sont
trop souvent un angle mort de la
politique, peut-être parce qu’ils ne
votent pas et n’ont pas de lobby
pour les défendre.
I. M. Vous allez proposer que la
lutte contre la maltraitance des
enfants soit déclarée “grande cause
nationale 2014”. Pourquoi ?
A. V. : Ces dernières années, d’autres
domaines de la santé de l’enfant ont
été reconnus comme prioritaires et ont
fait l’objet de politiques énergiques.
J’ai donc décidé de demander au gouvernement
de déclarer la lutte contre
la maltraitance des enfants “grande
cause nationale 2014”. Cela permettrait
de mobiliser tous les pouvoirs
publics et d’organiser des campagnes
de prévention dans les médias, dans
les services publics, dans les cabinets
médicaux, dans les écoles. C’est grâce
à de telles campagnes que la mortalité
infantile, les morts par accidents
domestiques ou encore les suicides
chez les adolescents ont été divisés
par deux en vingt ans.
I. M. Et on pourrait faire reculer
la maltraitance dans notre pays ?
A. V. : En matière de maltraitance
aussi, je suis persuadé que l’on peut
vraiment arriver à des résultats mais
il faut une prise de conscience collective
et des mesures concrètes.
Pour en finir avec les violences
faites aux enfants, il faut s’en donner
les moyens ! ■
>25 Isère Magazine - juin 2013
▲

le dossier
d’Isère Magazine
▲
Des familles d’accueil
bien entourées
Pour épauler les
familles d’accueil,
le Conseil général
a mis en place une
organisation qui
leur assure des
formations et un
accompagnement
professionnel.
Pour Renaud Deshons, qui pilote
le projet de développement de
l’accueil famililal au Conseil
général, “la bientraitance des enfants
passe par celle des professionnels
qui s’en occupent. Pour exercer leur
métier, les assistants familiaux doivent
être bien dans leur tête.”
C’est la raison pour laquelle le
Conseil général a mis en place une
organisation pour les accompagner.
Dans chaque territoire (13 en Isère),
trois agents du Conseil général encadrent
les familles d’accueil.
1 Le chef de service enfance-famille
intervient avant l’arrivée de
>> Question
l’enfant. “J’organise des rendezvous
réguliers entre l’assistante
familiale et les parents de l’enfant
pour qu’ils fassent connaissance et
parlent de l’enfant, explique Nicolas
Breton, chef du service enfance
famille sur le territoire de l’Isère
rhodanienne. Avant son placement
définitif, je mets aussi en place des
journées ou demi-journées d’accueil
pour que l’enfant s’adapte à
son nouveau cadre de vie.”
Quelles relations avec les parents ?
Sauf cas exceptionnels, les
parents de l’enfant conservent
l’autorité parentale pour toutes
les questions relatives à l’orientation
scolaire, la santé (interventions
chirurgicales, contraception…)
et la pratique d’une
religion. “Pour qu’un placement
réussisse, c’est-à-dire pour que
l’enfant s’épanouisse et puisse
retourner au plus vite dans sa
famille, il faut qu’il s’effectue en
coéducation, rappelle Catherine
Leblanc, psychologue départe-
>> Tous les mois, dans chaque territoire
de l’Isère, une réunion est organisée par le
Conseil général. Elle réunit le responsable
accueil et les assistants familiaux.
mentale. La famille d’accueil doit
travailler main dans la main avec
les parents de l’enfant.”
En général, cela se passe bien :
les familles se rencontrent pour
discuter des modalités d’accueil,
droits de visite, éducation… Plus
rarement, certains parents vivent
mal le placement. Dans ce cas,
le travailleur social référent sert
d’intermédiaire entre la famille
d’accueil et les parents pour
toutes les décisions qui relèvent
de la fonction parentale.
2 Autre intervenant, le responsable
accueil familial qui gère les
demandes de soutien des familles
d’accueil, par exemple si elles rencontrent
un problème avec les parents
de l’enfant. Il anime aussi des
réunions mensuelles et des groupes
de parole : des moments précieux
pour les assistants familiaux qui
peuvent parler de leurs problèmes
sous l’œil bienveillant d’un psychologue.
“L’assistant familial est associé
au projet personnel de l’enfant
avec des objectifs éducatifs”, souligne
Nadège Peyssons, responsable
accueil familial sur le Territoire des
Vals du Dauphiné qui compte 54
familles d’accueil.
3 Troisième appui, le travailleur
social qui tout au long du placement,
soutient les assistants familiaux
pour toutes les décisions importantes
concernant l’enfant, scolarité,
orientation scolaire, soins… toujours
en lien avec les parents.
Enfin, le Conseil général a aussi
mis en place une permanence téléphonique
la nuit, le week-end et
les jours fériés en cas d’urgences :
fugues, problèmes de santé, ou
tensions avec les parents de l’enfant
accueilli.
De De quelques quelques jours jours
à plusieurs années
Dans huit cas sur dix, l’enfant est
placé en continu 24 heures sur 24,
sept jours sur sept dans sa famille
d’accueil. Le placement peut aller
de quelques jours à quelques mois
ou à plusieurs années. Les week-
ends, vacances et jours fériés,
l’enfant peut ou non retourner dans
sa famille selon ce qui a été décidé
par les parents ou le juge. C’est la
famille d’accueil qui conduit l’enfant
chez ses parents et qui va le
rechercher.
Une famille peut être aussi sollicitée
en urgence pour un accueil de
quelques jours, le temps qu’une solution
pérenne soit mise en place.
> 26 Isère Magazine - juin 2013

Vivre mieux éducation
Pack rentrée : le “tout en un”
Distribué à tous les collégiens, le “Pack rentrée” permet
d’ores et déjà de bien préparer l’année scolaire 2013-2014,
avec les aides et avantages proposés par le Conseil général.
Un pack, trois offres
Simplifier la vie des familles et les
démarches liées à la rentrée : c’est
l’objectif du “Pack rentrée”, lancé
en 2009 par le Conseil général. Un
seul dossier pour faciliter l’accès à
trois services proposés – sous certaines
conditions – aux élèves : le
Chéquier jeune Isère, l’aide au
transport scolaire et l’aide à la restauration
scolaire.
Comment ça marche ?
Durant le mois de mai, le Pack rentrée
a été distribué à tous les collégiens,
dans les établissements publics
et privés. Après avoir pris
connaissance des fiches d’information
et des conditions liées à chaque
offre, les familles doivent faire leur
demande par Internet ou par courrier,
avant le 15 juillet.
Le Chéquier jeune Isère
Pour seulement 8 euros, le Chéquier
jeune Isère propose 80 euros
de réductions auprès de 2 600 partenaires
en Isère : cinémas, librairies,
stations de ski, salles de spectacles,
associations sportives… Il
permet aux jeunes Isérois d’accéder
plus facilement aux activités
sportives et culturelles. Le Chéquier
jeune Isère s’adresse à tous
les élèves inscrits dans les collèges
du département, aux jeunes âgés de
10 à 15 ans inscrits dans un établissement
pour la jeunesse handicapée,
aux élèves domiciliés en Isère
et scolarisés hors du département
>> Zoom
Encore plus d’aides du Conseil général
En cette période de crise, le
Conseil général fait le choix d’encore
plus de solidarité avec les
familles, à commencer par les plus
modestes.
● Cette année, un plus grand
nombre de foyers bénéficieront
de l’aide à la restauration scolaire,
avec une ouverture au dispositif
pour ceux qui ont un quotient familial
entre 801 et 1000.
● Côté transport, tous les élèves
(de la maternelle au lycée)
externes ou demi-pensionnaires
qui utilisent le réseau
Transisère ne paient que
30 % du tarif normal. Une
réduction supplémentaire est
accordée aux familles ayant
un quotient familial inférieur ou égal
à 1 000. Le Conseil général propose
aussi des tarifs préférentiels pour les
réseaux de transports TER et ceux
des départements du Rhône ou de
la Savoie. Enfin, pour les élèves
ou suivant une formation à distance.
L’aide au transport scolaire
Le Pack rentrée permet de commander
les titres de transport – titre
Transisère, TCL, demande de
bourse… – et la carte OùRA. Il
présente aussi toutes les aides possibles,
selon le mode de transport
choisi, le niveau de revenus des
parents ou la situation scolaire de
l’enfant. Tous les élèves (écoles
maternelles, élémentaires, collèges
et lycées) usagers du réseau Transisère
bénéficient d’une réduction de
70 % sur le tarif normal, à laquelle
peut s’ajouter une réduction complémentaire,
en fonction du quotient
familial.
internes et les élèves usagers des
réseaux TCL, STAC et du département
de l’Ain, le Conseil général
alloue une bourse de transport,
dont le montant varie en fonction
des revenus de la famille.
>> Les familles ont
jusqu’au 15 juillet pour
faire leur demande
de Chéquier jeune Isère,
d’aide au transport ou à la
restauration scolaire.
Chiffres clés
CHÉQUIER JEUNE ISÈRE EN 2012
31 000 COLLÉGIENS
RÉDUCTION POUR L’ACHAT D’UN
TITRE DE TRANSPORT TRANSISÈRE
15 000 ÉLÈVES
AIDE À LA RESTAURATION SCOLAIRE
8 000 FAMILLES
L’aide à la restauration
Chaque jour, près de 37 000 collégiens
isérois, scolarisés dans un établissement
public, déjeunent au restaurant
scolaire. Afin que le coût des
repas ne soit pas un frein à leur fréquentation
de la demi-pension, le
Conseil général propose une aide à la
restauration scolaire pour soutenir les
familles modestes : des réductions
(jusqu’à 60 euros par trimestre), calculées
en fonction du quotient familial.
Le montant de l’aide varie selon
le nombre de repas pris par semaine à
la cantine et selon la tranche du quotient
familial. Cette année, le dispositif
est élargi (voir encadré). Le Conseil
général permet ainsi à 3 000 familles
en plus de bénéficier d’une aide.
Pratique
Faites vos demandes en ligne, avant
le 15 juillet, sur le site www.isere.fr :
c’est plus rapide et plus facile ! Vous
y retrouverez toutes les informations
utiles et pourrez suivre le traitement
de vos demandes en temps réel. ■
Sandrine Anselmetti
>27 Isère Magazine - juin 2013
© M. Giraud
© F. Pattou

Vivre mieux environnement
Les Agendas 21 forment des
Depuis le lancement, en 2008,
du dispositif “Agenda 21 scolaire” par
le Conseil général, 23 collèges isérois
se sont engagés dans cette démarche.
Que font-ils et pourquoi ? Quelques
éléments de réponse…
“ Chez moi, on fait attention
à l’eau, à l’électricité et
on trie nos déchets. C’est
normal qu’au collège, on
fasse pareil”. “Nous, à la maison, on
ne gaspille pas la nourriture, alors
à la cantine, je prends juste ce qu’il
faut.” “Moi, au collège, j’ai appris à
faire du compost et, bientôt, on aura
un bac dans le jardin. C’est moi qui
m’en occuperai”.
Ces témoignages illustrent l’intérêt
qu’ont les enfants pour le développement
durable en général et la lutte
contre les gaspillages en particulier.
Dans de nombreux collèges, à La Mure
ou à La Tour-du-Pin, il a suffi de placer,
à la sortie du réfectoire, une corbeille
pour récupérer le pain non consommé
pour qu’en 15 jours le gaspillage
soit réduit de moitié ! À Salaise-sur-
Sanne, ce sont les brocs à eau qui ont
été remplacés sur les tables du restaurant
scolaire. D’un litre auparavant,
ils ont aujourd’hui une capacité deux
fois moindre, ce qui diminue d’autant
l’eau gaspillée en fi n de service. Des
petits gestes qui, mis bout à bout, ont
une double vertu : une sensibilisation
des élèves aux éco-gestes et des écono-
>> L’avis de l’élu
■ Pourquoi développer les Agendas 21 dans
les collèges ?
Le développement durable est l’affaire de tous ! Engager
les jeunes et tous les acteurs d’un collège dans une
démarche éco-responsable de progrès environnemental
et social est l’objectif d’un Agenda 21 scolaire. Il permet
aux élèves d’appréhender les enjeux du XXI e siècle et de
mies pour les gestionnaires d’établissements.
Le concept même de l’Agenda
21, qui invite “chacun d’entre nous à
faire un peu, à son niveau, pour préserver
la planète”.
Former des citoyens
responsables
Depuis 2008, le Conseil général
soutient les collèges qui s’engagent
dans une telle démarche. “Le développement
durable a fait son entrée
dans les programmes pédagogiques
des établissements. En abordant, par
l’Agenda 21, les questions d’écologie,
de développement économique
soutenable et de société équitable,
les élèves et les enseignants peuvent
enrichir les cours théoriques par des
actions ou des expérimentations en
situation, explique Catherine Brette,
conseillère générale déléguée à
l’Agenda 21 départemental. Dans ma
commune, par exemple, des élèves du
collège Marc Sangnier, encadrés par
un agent de maintenance, ont tiré des
câbles et fabriqué une éolienne pour
éclairer leurs casiers et le garage à
vélos. Une sensibilisation, in situ aux
énergies renouvelables.”
Catherine Brette,
conseillère générale déléguée à l’Agenda 21 départemental
“Les élèves appréhendent les enjeux du XXI e siècle”
© M. Giraud, F. Pattou
former des citoyens, respectueux des autres, d’eux-mêmes
et de l’environnement. De nombreux thèmes peuvent être
abordés : l’alimentation biologique, le recyclage des déchets,
les économies d’énergie, la solidarité ici et ailleurs… Pour
l’heure, 23 collèges de l’Isère sur 96 sont engagés dans
cette démarche et six nouveaux établissements sont
candidats : les collèges de Domène, du Grand-Lemps, L’Isled’Abeau,
Meylan (les Buclos), Montalieu-Vercieu et Vizille.
Actuellement, 23 établissements
publics isérois peuvent faire valoir
officiellement cet engagement et
affi cher le logo “Je prends ma planète
en main, mon collège est écocitoyen…”.
Un idéogramme d’ailleurs
créé par des élèves du collège
Jean-Ferrat de Salaise-sur-Sanne.
Comment mettre en
place un Agenda 21 ?
Mettre en place un Agenda 21
scolaire dans un collège est une
démarche participative où élèves,
enseignants et personnels sont sur
pied d’égalité pour analyser les
atouts et les faiblesses de leur éta-
> 28 Isère Magazine - juin 2013
Entretien du rucher
au collège Henri Wallon
à Saint-Martin-d’Hères

élèves plus responsables
blissement. Que faut-il faire pour
moins consommer d’énergie ? Comment
se respecter davantage entre
élèves, mais aussi entre élèves et
adultes ? Pourquoi ne pas utiliser les
espaces verts disponibles pour créer
un potager, une mare pédagogique
ou installer un rucher ? Un état des
lieux est alors réalisé par l’équipe
pédagogique du collège et le Conseil
général. Puis un plan d’actions est
défini ; le Département apportant
son expertise et ses moyens humains
et fi nanciers. Il subventionne
ensuite les actions retenues dans le
cadre du Contrat éducatif isérois
(CEI) et met à la disposition des
établissements un kit de communi-
>> Travail pédagogique
sur la mare et ses animaux
emblématiques, à La Mure
(sur le terrain, puis en classe).
cation, avec fl yers, autocollants,
banderoles, magnets et affi ches
personnalisables, pour rendre
les les travaux lisibles lisibles et visibles.
Il organise organise aussi des rencontres
pour que tous tous les les collèges en
Agenda Agenda 21 21 puissent échanger
idées et expériences. L’objectif
étant d’impliquer davantage les les
élèves et les établissements établissements pour
atteindre, d’ici à la fi n 2014, 30 %
des collégiens engagés dans cette cette
démarche contre 18 % actuellement.ment.
Autant d’ambassadeurs qui qui
porteront porteront à leur tour la bonne parole
du du développement durable !
Richard Juillet
Comment ils agissent ?
>> 800 élèves ont été mobilisés à Morestel
pour former le mot “respect” sur le stade.
Le collège François-Auguste Ravier (Morestel).
Deux projets ont été développés cette année : la mise en place du compostage
et un happening aérien autour du respect et de la solidarité (photo
ci-dessus). Le compostage a débuté fin décembre par la formation des
délégués de classe et l’installation des bacs. Le second projet a été piloté
par plusieurs classes et l’équipe de vie scolaire. Il porte sur la réalisation
d’une photo aérienne où les élèves et personnels du collège ont formé le
mot Respect. Cette prise de vue a été imaginée par le centre social municipal
et réalisée par le club-photo du collège et l’aéroclub de Morestel.
Le collège Louis Mauberret (La Mure).
Ici, l’Agenda 21 repose sur la lutte contre les gaspillages et la préservation
de la biodiversité. Lorsque les demi-pensionnaires vont déjeuner, ils sont
invités à ne pas consommer plus que de raison. Après manger, ils trient
leurs déchets qui rejoignent les bacs à compost. À tour de rôle, les élèves
de 6e l’alimentent en matière sèche et le terreau fabriqué sert à enrichir
un jardin aromatique. Enfin, une mare pédagogique permet aux élèves
du club-nature d’observer ses animaux emblématiques.
Le collège Le Vallon des Mottes (La Motte-d’Aveillans).
Après avoir travaillé sur le recyclage des déchets, les économies
d’eau et d’énergie, c’est autour de la collecte du papier et du respect
entre élèves et adultes que s’organise la
démarche Agenda 21 de ce collège. Des bacs
ont été disposés pour recueillir le papier usagé
et “Une semaine du respect” a été organisée
cet hiver pour dénoncer les incivilités. Les écodélégués
du collège ont réalisé des affiches,
invitant au respect entre chacun. Actuellement,
ils travaillent travaillent à un un projet projet de course pédestre à
but humanitaire.
Le collège Henri Wallon
(Saint-Martin-d’Hères).
La diminution des déchets fut l’une des premières
actions mises en place il y a sept ans,
avec l’installation de bacs à compost pour les
déchets de cantine et de poubelles de tri dans
les salles de classe. Aujourd’hui, enseignants,
élèves et parents d’élèves volontaires développent
d’autres actions comme l’entretien l’entretien d’un
potager et d’un rucher. L’établissement L’établissement participe
également au projet “Prenons soin de la planète”,
mis en œuvre par l’association Monde
pluriel et soutenu soutenu par l’Éducation nationale.
>29 Isère Magazine - juin 2013
Exemple
avec 4 collèges

▲
Espace d’expression
des groupes politiques du Conseil général
DE LA GAUCHE...
GROUPE COMMUNISTE ET GAUCHE PARTENAIRE
Une autre voie est possible
■ La France vient d’entrer en récession.
Cela signifie que pour la première
fois depuis de nombreuses années,
l’activité économique régresse.
Depuis de nombreuses années aussi,
nous prédisons que les politiques
d’austérité conduisent à la récession.
Même le Fonds monétaire international
(FMI), organisation qui a organisé
l’austérité des pays les plus en
difficulté, annonce aujourd’hui que
l’austérité mène à la récession. Il est
Opposition départementale
Halte au matraquage fiscal compulsif !
■ Le matraquage fiscal des classes
moyennes apparaît comme la grande
constante de la politique menée par
le gouvernement socialiste depuis un
an. Ne se résignant à aucune mesure
d’économie, ce ne sont pas moins de
25 impôts supplémentaires qui ont été
créés au cours de cette première année
de mandat : refiscalisation des heures
supplémentaires, gel du barème de
l’impôt sur le revenu, hausse des
prélèvements sur les artisans et indépendants,
taxe sur les retraités, augmentation
de la TVA pour financer
le crédit impôt compétitivité emploi,
augmentation du taux de taxation sur
temps de changer de voie. Nous devons
relancer l’activité par le partage
des richesses, faire une réforme fiscale,
relocaliser les productions, mener
des grands travaux, par exemple,
dans l’isolation des bâtiments ou
les transports collectifs. Toutes ces
politiques créeront des activités
pour tant de travailleurs pauvres
ou de personnes sans emploi. Car
l’augmentation de l’activité c’est la
défense de l’emploi. Nous devons
GROUPE EUROPE ECOLOGIE LES VERTS
l’intéressement et la participation des
salariés, alourdissement des frais de
succession. Le diagnostic est sans appel
: le gouvernement s’est révélé être
atteint de matraquage fiscal compulsif !
Les craintes évoquées pendant la
campagne présidentielle se sont ainsi
révélées fondées : depuis maintenant
12 mois, les classes moyennes sont
les cibles privilégiées de ces augmentations.
L’annonce du 1 er Ministre
selon laquelle 90% des français ne
seraient pas concernés n’était qu’une
imposture, tandis que les plus aisés
n’étaient visés que par des mesures
symboliques. La conséquence directe
Majorité départementale
“Choc de simplification” : pas de rabotage des normes environnementales
■ Nous assistons à une inflation de
normes de plus en plus difficiles à
appliquer. Il était donc urgent de
simplifier certaines d’entre-elles,
mais sans affaiblir des secteurs déjà
fragilisés. A ce titre, le rapport de
la “Mission de lutte contre l’inflation
normative” est inquiétant pour
l’environnement.
Oui, il faut agir, comme le fait Cécile
Duflot sur le logement, contre
les recours abusifs portés par des
avocats affairistes qui monnaient
chèrement leur retrait. A l’inverse,
il serait inacceptable de limiter les
droits des associations et des citoyens
qui, au travers des enquêtes
publiques et des possibilités de
recours, peuvent contester l’intérêt
général de certains projets.
Mais on le sait, de nombreux acteurs
veulent alléger ces procédures qui
entravent la frénésie de bétonisation
de certains élus. C’est la régle-
interdire les licenciements boursiers,
soutenir l’investissement avec
un pôle bancaire public doté de véritables
moyens, limiter les emplois
précaires, interdire le temps partiel
imposé.
A l’échelle du Département ces
choix peuvent aussi être défendus.
Les collectivités territoriales sont
des investisseurs importants dans
notre pays et le Conseil général de
l’Isère, qui a toujours eu une poli-
mentation environnementale qui
a permis, par exemple, d’éviter la
construction d’un télésiège dans un
vallon vierge au Collet d’Allevard.
Pourtant, les lois protégeant
environnement et biodiversité
restent manifestement insuffisantes
puisque l’artificialisation
des espaces naturels et des terres
agricoles se poursuit en France au
rythme d’un département tous les
sept ans. C’est d’ailleurs une des
de cette politique est la baisse du pouvoir
d’achat des classes moyennes.
Selon l’INSEE, du fait notamment des
hausses d’impôts, le pouvoir d’achat
des ménages français a reculé de 1,1%
en 2012, sans compter que ces ménages
doivent également faire face cette année
à l’augmentation des prix du gaz, de
l’électricité et des transports. Comme
nous l’avions d’ailleurs dénoncé dans
un précédent numéro, la fin de la gratuité
des transports scolaires dans notre
département est une charge supplémentaire
pour les familles iséroises dont
nous aurions peut-être pu nous passer
en cette période déjà très difficile.
tique d’investissement forte, doit
continuer et renforcer son action de
soutien à l’activité. La dette départementale
est quasi nulle. Nous avons
donc une marge de manœuvre que
les autres départements n’ont pas
forcément. Nous devons utiliser
cette marge d’action pour soutenir
en priorité les investissements,
l’emploi, l’éducation et la culture.
>> groupe-communiste-front-degauche-cg38.fr
raisons pour laquelle nous contestons
le projet de Center Parcs et ses
1000 cottages en zone humide sensible
dans les Chambarans.
Ainsi, nous continuerons à défendre
des garde-fous environnementaux
efficaces. Oui, la démocratie prend
du temps et il est bon de le prendre
avant de construire des infrastructures
ayant vocation à durer plusieurs
siècles ! ■
>> Plus d’info : isere.eelv.fr
...À LA DROITE
Les classes moyennes subissent
aujourd’hui les conséquences d’une
politique qui manque d’audace, de
courage et de lucidité. Se dévoyant
face à ses responsabilités, le gouvernement
ne s’est résolu à mettre en
œuvre aucune mesure d’économies
et fait injustement peser son manque
de vision sur les ménages moyens
et modestes. Le seuil de saturation
semble aujourd’hui avoir été atteint
pour ces derniers qui ont déjà subi la
crise de plein fouet et qui ont, à juste
titre, le sentiment de soutenir toujours
plus un système à bout de souffle qui
leur apporte toujours moins. ■
>30 Isère Magazine - juin 2013

Vivre mieux agriculture
Les lamas
du Voironnais
RÉAUMONT
GRENOBLE
Sa maman l’a mis au monde
en août 2012, après 12 mois
de gestation. Xoltan, 6 kg à la
naissance, en pèse aujourd’hui
plus de 100. Les enfants se pressent
autour du lama, ravis de découvrir
cet animal insolite. “Un lama, ça
crache ?”, interrogent les lecteurs de
“Tintin et le temple du soleil”. “C’est
un animal dominant qui crache pour
chasser l’intrus ou repousser un mâle
trop ardent. Mais jamais sur les humains,
excepté s’il se sent menacé”,
répond Alain Perrin.
Après une formation de paysagiste,
ce fils d’agriculteur a travaillé dans
Pour surmonter la crise et leur
donner des perspectives d’avenir,
les agriculteurs doivent créer de la
valeur ajoutée et diversifier leurs
sources de revenus. Le développement
d’activités agro-touristiques
en est une, au même titre que la
vente directe ou la transformation
On les imagine mieux sur les plateaux andins,
en Amérique du Sud, qu’en Isère. C’est pourtant
à Réaumont, près de Voiron, qu’Alain Perrin,
53 ans, élève des lamas depuis 13 ans.
une pépinière, et s’est occupé d’une
jardinerie dans la grande distribution.
En 2000, à 40 ans, fatigué de la course
au chiffre d’affaires, il décide
de reprendre l’exploitation
familiale, près de
Voiron. “Ne voulant
pas faire de
l’élevage laitier, trop
contraignant, ni passer
huit heures par jour sur
un tracteur, j’ai cherché
une production originale”, raconte-til.
Il opte pour le lama, par hasard. “La
lecture d’un article sur la promenade
en lama a éveillé mon intérêt. Trois
>> Question à
■ L’agriculture peut-elle trouver de nouveaux
débouchés dans les activités touristiques ?
Christian Nucci, vice-président du Conseil
général, chargé de l’agriculture
à la ferme, qui peuvent ouvrir de
nouveaux débouchés. Le Conseil
général, qui consacrera cette année
7,5 millions d’euros à l’agriculture,
accorde des aides financières aux
agriculteurs installés depuis moins
de cinq ans qui investissent dans ces
démarches de diversification.
jours de découverte chez un couple
d’éleveurs à Mesvres, en Saône-et-
Loire, ont achevé de me convaincre.”
Alain Perrin s’est installé en
2000 avec quatre
bêtes. “Je possédais
les terres,
le bâtiment
d’exploitation
et le matériel. Mais
j’ai conservé mon emploi de
salarié jusqu’en 2004 afin
de m’assurer de la viabilité de mon
projet agricole et de financer mes
investissements”, souligne l’éleveur,
qui précise que le prix d’un mâle peut
atteindre 1 700 euros, celui d’une
femelle 3 000 euros.
Un animal sobre
Aujourd’hui, il élève 17 lamas, dix
étalons et sept femelles, sur une propriété
de 11 hectares. Les bêtes vivent
dans des prés séparés. “C’est le seul
moyen de gérer les naissances, car
chez le lama, il n’y a pas de période
de reproduction, c’est l’accouplement
qui provoque l’ovulation”, explique-t-il.
Les contraintes sanitaires
sont restreintes, et l’élevage relativement
simple. Comme tous les camé-
>> A Réaumont, Alain Perrin
et ses lamas.
Le saviez-vous ?
En Amérique du Sud, d’où il est
originaire, le lama a longtemps été
utilisé comme bête de somme, pour
transporter les récoltes. Il était
aussi très prisé pour sa fourrure et
sa viande. Introduit en France dans
les années 1980, il est essentiellement
utilisé pour la randonnée.
Le lama, qui se nourrit de toutes
sortes de plantes, même épineuses,
est aussi un excellent débroussailleur.
Grâce à son long cou, il nettoie
tout sur son passage jusqu’à deux
mètres de haut. L’Association
Française Lamas et Alpagas réunit
200 propriétaires, éleveurs professionnels
ou simples amateurs.
lidés, le lama est sobre. Une bête de
150 kg peut se contenter de trois litres
d’eau par jour. “En revanche, je réalise
une tonte par an, en mai, pour les
protéger de la chaleur”, ajoute-t-il.
Alain Perrin tire l’essentiel de ses revenus
de la visite de l’élevage. Après
une présentation pédagogique du
lama, il invite les visiteurs à brosser
l’animal, afin de dissiper les craintes
éventuelles. Puis il les emmène sur
les sentiers de Réaumont, accompagnés
des lamas tenus à la longe, à la
découverte du territoire. L’éleveur,
qui consacre les deux tiers de son
temps à ces visites, a conquis un large
public : des scolaires essentiellement,
mais aussi des familles et des retraités,
ainsi que des personnes handicapées,
qui représentent 20 % de sa clientèle.
“Ces animaux se laissent approcher
et caresser. Ils sont calmes et dociles,
et ne transmettent pas de nervosité”.
Son exploitation est d’ailleurs labellisée
“Tourisme et handicap”.
> 31 Isère Magazine - juin 2013
Marion Frison
Photos © M. Giraud

Made ade in Isère
En Malaisie
Les es Indiens Mayas d’Améd’Amérique du Sud furent les premiers
à découvrir ses qualités
et son élasticité naturelle.
En coagulant le lait d’hévéa,
un arbre d’origine brésilienne, ils
firent des bracelets, des anneaux,
des torches… et des semelles.
800 ans plus tard, dans les années
1970, s’inspirant du savoir-faire des
premiers amérindiens, l’entreprise
Reltex, à Virieu, en Nord-Isère,
met au point une méthode novatrice
>> En chiffres
■ 35 salariés
■ 2,5 millions d’euros
de chiffre d’affaires en 2012
■ 500 000 paires de semelles
produites par an
■ 200 000 litres de lait d’hévéa
utilisés par an
d’affinage du lait d’hévéa. L’objectif
: fabriquer des semelles d’usure
– partie basse de la chaussure – au
confort et à la souplesse incomparables.
“C’est un procédé exclusif,
entièrement manuel, similaire à la
fabrication du fromage : coulage du
lait d’hévéa dans les moules, coagulation,
cuisson et séchage. 50 opérations,
étalées sur une semaine, sont
nécessaires pour la fabrication d’une
paire de semelles”, explique Patrick
Giroud, directeur de Reltex.
Aujourd’hui, l’entreprise iséroise,
qui emploie 35 salariés, en vend
500 000 paires par an, sous la
marque “Lactae Hevea”, aux plus
grandes marques de chaussures :
Arche, Arcus, Mephisto, Heschung…
Des fabricants haut de
gamme, réputés pour la qualité de
leurs produits. “Notre atout numéro
un, c’est de pouvoir fournir
à nos clients des semelles avec un
confort qu’on ne trouve nulle part
ailleurs”, souligne le directeur.
Le secret ? Une microstructure à
bulles d’air, unique au monde : “Lors
de la longue phase de séchage, l’eau
contenue dans le lait d’hévéa se retire,
jusqu’à évaporation complète,
par des milliers de canaux formant
des coussins d’air qui jouent le rôle
d’amortisseur”. Grâce à toutes ces
alvéoles naturelles, les semelles sont
plus légères et plus souples que des
semelles classiques en matière syn-
thétique. Une particularité liée au
lait d’hévéa mais aussi au procédé
de fabrication secret de Reltex.
Des semelles 100 %
naturelles
Mais c’est loin du Nord-Isère, dans
la chaleur chaleur des des forêts tropicales, tropicales, que
tout commence : en Malaisie, au
Vietnam, en Thaïlande ou en Indonésie,
dans les plantations où pousse
l’hévéa. “La récolte de son lait se
fait par de fines incisions dans le
tronc, qui laissent perler le lait. Il
provient d’un réseau de circulation
indépendant de celui de la sève et
cela n’affaiblit pas l’arbre car il se
régénère. Il faut environ la production
quotidienne de 20 arbres pour
fabriquer une paire de semelles de
400 grammes”, explique le directeur.
Reltex utilise ainsi 200 000
litres de lait d’hévéa par an. Ce lait
est centrifugé, coulé, moulé, cuit,
puis séché… Jusqu’aux semelles
finales, vendues à une vingtaine de
clients en France, en Europe et aux
États-Unis, qui eux-mêmes commercialisent
leurs chaussures dans
le monde entier. ■
Sandrine Anselmetti
>32 Isère Magazine - juin 2013
En Isère
>> Fabrication
des semelles
>> Du coulage du lait dans
le moule au séchage des semelles :
plus de 50 étapes sur une semaine
>> Récolte du lait d’hévéa
sont nécessaires pour obtenir
une paire de semelles.
Reltex : bienfait pour nos pieds
VIRIEU
GRENOBLE
© M. Giraud, DR
>> Semelles
en lait d’hévéa
A Virieu, en Nord-Isère, Reltex
fabrique des semelles en lait
d’hévéa pour les créateurs de
chaussures haut de gamme,
selon un procédé artisanal
unique au monde.
>>Zoom
Label d’excellence
Reconnue pour la qualité
de sa production et pour
son savoir-faire unique,
Reltex a été l’une des
premières entreprises
en France à obtenir le
label “Entreprise du
patrimoine vivant” (EPV), en
2007, décerné par le ministère
de l’Economie aux entreprises
françaises qui s’illustrent par
l’excellence de leur savoirfaire
artisanal ou industriel.
Depuis 2012, la PME iséroise
est aussi inscrite à l’inventaire
des métiers d’art rares en
France, dans le cadre de la
convention de l’Unesco pour
la sauvegarde du patrimoine
culturel immatériel.

Trésor d’Isère
VERNIOZ
À Vernioz, dans le Pays roussillonnais, le jardin du Bois Marquis
est un lieu féérique, planté de milliers de plantes et d’arbres
exceptionnels. Classé “Jardin remarquable”, il accueille une des
plus riches collections d’arbres à écorces rares en Europe.
Où est-il situé ?
Dans le hameau du Bois Marquis,
à Vernioz, village de 1 200
habitants, situé entre
Vienne et Roussillon.
A l’entrée, on peut
lire : “Ce jardin, né
de ma volonté, m’a
souvent imposé la
sienne”. Car il est l’œuvre
d’un homme, Christian Peyron,
65 ans, un passionné qui lui consacre
sa vie : depuis 30 ans, il plante des
arbres pour façonner ce petit coin de
paradis à sa fantaisie.
■ En 2010, le jardin du Bois
Marquis a reçu le label “Jardin
remarquable”, attribué pour cinq
ans renouvelables par le ministère de
la Culture aux parcs et jardins exceptionnels,
ouverts au public et particulièrement
bien entretenus. Parmi
les critères d’attribution : l’esthétique,
l’intérêt historique ou botanique, l’intégration
dans le paysage et le respect
de l’environnement. En Isère,
trois autres jardins seulement possèdent
ce label : le jardin du musée
Hébert à La Tronche, le parc du châ-
Une nouvelle série consacrée aux
Quatre “Jardins remarquables”
de l’Isère
Son histoire
Tout commence en 1980, quand Christian
Peyron construit sa maison. Pour
embellir le terrain autour (5 000 m2 ),
il souhaite planter quelques
arbres et plantes. « Au
départ, je ne savais pas
faire la différence entre
une tulipe et une jon-
quille. Ma passion est née
en quelques jours, comme
un coup de foudre ! », se souvient-il.
Christian se documente, commence
à planter et devient très vite un
“boulimique” du jardinage. Dirigeant
>> Zoom
Quatre jardins remarquables en Isère
teau du Touvet et le parc du domaine
départemental de Vizille. A découvrir
dans nos prochains numéros.
>> Jardin du Bois Marquis
7 rue des Contancines à Vernioz
www.lejardinduboismarquis.com
Photos : © DR
d’une PME familiale d’exploitation
forestière et céréalière, il travaille 50 à
60 heures par semaine, mais consacre
tout son temps libre à son jardin. “Je
plantais des chênes même la
nuit, éclairé par les phares
de ma voiture !”. Une envie
le guide : réaliser un jardin
qui soit beau toute
l’année, même en hiver. Il
cherche donc différentes espèces,
avec des feuillages d’arbres variés
et des écorces colorées, voire insolites :
rouges, dorées, panachées, striées…
En 1991, il acquiert 11 hectares de terrains
supplémentaires, pour assouvir sa
passion grandissante.
En 33 ans, Christian a ainsi planté
1 000 espèces différentes de feuillus
et 250 conifères, soit 4 000 arbres et
arbustes, répartis sur six hectares. Et
cela tout seul. “Il y a une part de folie
dans ce rêve, reconnaît-il. Je suis un
peu le facteur Cheval du jardin.” Aujourd’hui
retraité, Christian l’entretient
quotidiennement et continue de planter
200 plantes par an.
En quoi est-il
remarquable ?
Christian Peyron a composé son jardin
avec des arbres répondant à son goût
pour la couleur et le spectaculaire. Des
espèces rares ou insolites, venues du
>> Avec sa tour médiévale,
une demeure typiquement
dauphinoise à fière allure.
>> 1000 espèces différentes d’arbres feuillus venus
du monde entier. Des écorces rares et insolites
aux couleurs spectaculaires.
Le jardin du Bois Marquis
GRENOBLE
monde entier. Parmi les plus remarquables
: les érables à peau de serpent et
leurs écorces striées, l’arbousier de Californie
– seulement cinq en France – le
bouleau à tronc rose — unique arbre
adulte de l’espèce en France —, un
arbousier de Turquie, exceptionnel
par sa forme, sans oublier sept variétés
de cerisiers du Tibet avec des écorces
extraordinaires, allant du rose au violacé,
en passant par le pourpre et le
rouge vif. Le jardin est aussi agrémenté
d’une mare et de deux étangs, dont un
de 7 500 m 2 , qui accueille une centaine
de magnifiques canards d’ornement. Il
y a aussi un âne, des lamas, des daims et
une volière, avec un couple de paons…
Aujourd’hui ?
Gratuit, le jardin est accessible au
public tous les jours, “du lever au coucher
du soleil”. Il n’y a ni porte, ni clôture.
Chaque année, 15 000 personnes
viennent s’y promener : familles, marcheurs,
peintres, sportifs… Des gens
des villages alentours comme des amateurs
de botanique venus de loin pour
le visiter. Pour que ce jardin perdure
après sa disparition, comme il n’a pas
d’enfant, Christian Peyron en a fait don
à sa commune, avec deux exigences :
qu’il n’y ait aucune construction et que
l’entrée reste gratuite. ■
>33 Isère Magazine - juin 2013
Sandrine Anselmetti

Territoires d’Isère
Illustration © B. Fouquet © F. Pattou
L’Arzelier, balcon Est du V
Au pied de sa falaise, le balcon Est du Vercors
regarde le Trièves, régale ses habitants et offre
à ses visiteurs le bon air, un beau panorama
et des activités insolites…
Au col, vous avez la
grande Agathe et la
petite Sophie. Elles
font partie du paysage. On les
montre du doigt, on en parle.
Agathe et Sophie sont les
Deux Sœurs, montagne qui
domine le col de l’Arzelier. Agathe
(2 193 m) coiffe de quelques mètres
Sophie (2 162 m). L’appellation est
récente. En 1838, le cadastre ne
distinguait pas les Deux Sœurs de
la Grande Moucherolle. Dans les
années 1940, deux jeunes alpinistes
lyonnais baptisèrent ainsi les deux
pics en hommage à leurs fiancées.
C’est du moins ce que l’on raconte.
Après guerre, un topo d’escalade
reprit ces dénominations finalement
officialisées. Quant au nom
de l’Arzelier, aucun doute, le terme
fait référence à l’argile. Randonnez
sur le site par temps humide, vous
verrez, la terre colle aux chaussures !
A 40 minutes de Grenoble,
en direction
des Hautes-Alpes, le
col de l’Arzelier est
l’une des plus petites
stations de montagne de l’Isère
(300 lits touristiques). Édifiée
de 1965 à 1967, entre Vercors
et Trièves, au pied d’un alpage,
à cheval sur les communes de
Château-Bernard, 273 habitants,
et Prélenfrey 300 habitants, elle
Agathe
et Sophie,
les deux sœurs
séduit justement par sa taille
humaine et son… humanité.
La station du col de l’Arzelier,
ce sont deux immeubles et une
soixantaine de petits chalets en résidence
principale ou secondaire.
Ici, tout le monde
connaît Maëlle de
l’office de tourisme,
Aude la monitrice
d’escalade, Dalila
l’épicière, Thomas l’adjoint au
directeur de la station qui sait
tout faire, Maya qui s’occupe des
festivités, Patrice et sa viande
bio… Ce col paisible affiche
1 154 m d’altitude et son télésiège
dépose les passagers, été comme
>34 Isère Magazine - juin 2013

ercors
hiver, skieurs, piétons et vététistes,
à 1 500 m d’altitude avec
vue panoramique, sur le Dévoluy
avec l’Obiou, le Trièves, la Chartreuse
où l’on reconnaît la Dent
de Crolles et la Grande Sure,
Belledonne avec Chamrousse et
même au loin le Mont Blanc. Le
col marque le début du balcon Est
du Vercors qui s’étire sur 40 km
jusqu’à Chichilianne et le Mont
Aiguille.
Cette partie du balcon Est du
Vercors s’offre à la découverte
en trois niveaux. On peut suivre
à pied le sentier de la GTV (1)
qui longe la falaise vers 1 800 m
d’altitude. Trois cents mètres en
contrebas, une large piste forestière
offre un second itinéraire
(ski de fond, traîneau à chiens,
piétons, VTT, cavaliers). Enfin,
en descendant encore, frisant les
1 000 m d’altitude, une petite
route carrossable à
fleur de montagne
longe le balcon
sur une trentaine
de kilomètres, de
Prélenfrey au Rif-Clar. On rejoint
cet itinéraire routier par Vif et Les
Saillants-du-Gua. Prélenfrey
(Le Gua) est le premier village
du balcon Est du Vercors. La
route se poursuit jusqu’au col de
l’Arzelier, à 4 km, puis continue
>> La commune de Château-Bernard :
quelques maisons au pied de la falaise.
Trois itinéraires
sous la falaise
à flanc de montagne, croisant les
différents hameaux de Château-
Bernard, dont certains n’abritent
qu’une petite dizaine d’habitants.
Puis c’est Saint-Andéol, 127
habitants tous hameaux confondus.
Une petite route,
encore plus étroite et
sinueuse, continue ensuite
à fleur de pente,
du chef-lieu vers le
sud, traversant bois et hameaux :
Bourg-Menu, Garneyre, Serre-
Brion et finalement Rif-Clar, le
dernier hameau de Saint-Andéol,
cinq habitants. Ici vivent la petite
Manon et ses parents, Sophie et
Christophe qui ont relancé la ferme
▲
>35 Isère Magazine - juin 2013
Photos : © O.T. de l’Arzelier, F. Pattou
>> Le col de l’Arzelier : une petite
station de 300 lits, à 1 154 m
d’altitude.
>> Une agriculture encore très vivante
sur ce balcon du Vercors.
>> Parmi les activités insolites du col,
randonner avec des samoyèdes.
>> Vue depuis la Soldanelle,
refuge-restaurant d’altitude
de l’Arzelier.

Territoires d’Isère
▲
© C. Lacrampe
Des animations originales…
>> Sylvain Floch est le monsieur
VTT du col de l’Arzelier : on lui doit
le tracé de pistes de descente, la
réalisation d’une piste ludique avec
accessoires en bois et l’animation
vététiste tout au long de l’été.
de Rif-Clar. Sophie et Christophe
ont quitté la ville pour un retour à
la terre. Heureux dans ce hameau
isolé, avec la montagne et leurs
brebis, ils sont fiers de dire que
leur voisin, Albert Martin, possède
une vache Abondance, deux
fois primée au dernier salon de
l’Agriculture, à Paris.
C’est que l’agriculture
anime encore les trois
villages du balcon,
riches d’une dizaine
d’exploitations : fromages,
lait, viande bovine bio,
travaux agricoles.
Le col de l’Arzelier et le balcon
Est du Vercors, qui se poursuit
jusqu’à Chichilianne, valent le détour
pour la beauté des paysages,
les bouquetins sur le plateau et
les mouflons que l’on croise
facilement, les lys martagons et
toute une flore particulièrement
>>Découverte
© C. Lacrampe
Samoyèdes,
fées et
orpaillage
© C. Lacrampe
>> Aude Aznavour, des Guides
du Mont Aiguille vit au col de
l’Arzelier. Monitrice d’escalade,
elle travaille sur les falaises, les
via ferrata et les via corda du
Vercors ou encore dans le canyon
de Saint-Andéol.
riche sur ce versant sud. L’autre
richesse du pays, ce sont ses
habitants. Les professionnels et
les bénévoles du col sont exemplaires.
Ici on ne compte pas ses
heures ! Imaginez les employés
communaux, pioche à l’épaule,
tronçonneuse au dos qui grimpent
pour rejoindre leur
chantier : un sentier
à tracer dans la
pente entre l’office
de tourisme du col
et le sommet du télésiège
(500 m de dénivelé). Durant
26 jours au printemps 2012, ils
œuvrèrent, sous la pluie ou le
soleil, pour créer ce sentier de
pays qui serpente agréablement
reliant désormais le col à la GTV.
D’autres professionnels passent
l’été au col, organisant des activités
variées. Patricia, vient avec
ses poneys et propose des randon-
Au départ du col de l’Arzelier, la
■ randonnée la plus courue relie le
pas de la Balme, un passage qui permet
de rejoindre le plateau du Vercors. Entre
le col et le pas, 3 h 30 de marche par un
sentier dans les alpages puis au ras
d’une impressionnante falaise offrent
un panorama grandiose avec des passages
aériens – voire vertigineux. Un peu
avant d’arriver au pas de la Balme, un
amoncellement de pierres qui n’a rien de
naturel intrigue, surtout à plus de 1800 m
© C. Lacrampe
>> Les Clot-Godart Terrier
dans leur bergerie du Rif-Clar,
à Saint-Andéol, qui produit de
la viande d’agneau, ainsi que
des fromages et yaourts au lait
de brebis, vendus à la ferme
et sur les marchés.
nées dans les bois. Cosette, fait
découvrir les samoyèdes, chiens
nordiques, à travers des tours en
carriole et autres animations. Le
col s’anime aussi lors de la Drop
Garden Slope Style (29/30 juin),
compétition sportive de VTT
sur bosse, puis pour le Festicol
(6 juillet), une journée de randonnée
ponctuée de mini-spectacles
et surprises (www.lesfestives.
com).
Les sportifs apprécient les pistes
de VTT et le Bag air bike, gros
coussin de sécurité pour amortir
les arrivées après de folles descentes
en VTT ou en dévalbike.
Au nombre des activités insolites,
on peut citer la découverte du bois
Mauret (voir encadré), l’orpaillage
avec Bernard, qui initie ses
stagiaires aux émotions et savoirfaire
des chercheurs d’or dans le
ruisseau du sentier des Moulins
L’intriguant mur des Sarrasins
>36 Isère Magazine - juin 2013
© C. Lacrampe
d’altitude. C’est “le mur des Sarrasins”.
Une légende fait remonter son existence
à l’époque de l’invasion des Sarrasins,
au neuvième siècle. Les Sarrasins, de
passage à Château-Bernard, auraient
eu vent d’un plateau habité sur les hauteurs
et d’un passage possible – par le
pas de la Balme donc. La population de
Corrençon-en-Vercors, prévenue par
les villageois de Château-Bernard, qui
n’hésitèrent pas à leur prêter main-forte,
aurait édifié ce mur à la hâte, afin de se
Atout bois
Ce territoire se caractérise par une large
couverture boisée, essentiellement
de résineux, sapins, épicéas, pins à
crochet, qui représente environ 60 %
de sa superficie. Les bois de Saint-
Andéol, de Château-Bernard et de
Prélenfrey font l’objet d’une importante
exploitation forestière (pour la
charpente et, dans une moindre mesure
pour le chauffage) soutenue par le
Conseil général de l’Isère. Les forêts
sont ainsi rentables et entretenues.
Les chasseurs y trouvent du gibier et
les randonneurs de larges sentiers.
S’ajoutent sur le site touristique du
col de l’Arzelier plusieurs activités
“bois”. Tout d’abord les jeux du bois
Mauret. Cette forêt qui domine le col
a été équipée de grands jeux en bois
reliés par un sentier thématique. Arbre
à rimes, dominos géants, casse-tête
ou puluc, ceux-ci ont été réalisés par
des artisans locaux dans un souci
d’intégration à l’environnement et sont
à découvrir en famille. Quant à la
dernière piste de VTT tracée, elle a été
élaborée par Sylvain Floch, vététiste
et ébéniste qui a imaginé des bosses
et des tremplins de bois comme des
sculptures dans la pente pour un
parcours acrobatique de toute beauté.
En projet enfin, un parcours dans les
arbres avec… de confortables cabanes
pour séjourner dans la canopée. Dormir
dans les arbres au col de l’Arzelier,
voilà un nouvel atout pour cette station
qui innove sans béton ni projets
pharaoniques.
protéger de l’attaque. À l’abri du mur, les
autochtones décidèrent d’entasser des
pierres et des blocs de rocher en guise
de munitions pour bombarder les assaillants.
Lorsque la troupe fut engagée
dans l’étroit couloir montant au col, les
projectiles se mirent à pleuvoir, tuant et
blessant hommes et chevaux. Des fragments
d’épées auraient été retrouvés
dans les éboulis. Certains documents
parlent quant à eux, du mur des Protestants
: il serait alors plus récent de six
siècles ! Le mystère demeure…

© OT Col de l’Arzelier - Leo Gayola
>> Vivre mieux
Des yourtes au sommet…
Insolite. Lorsque les randonneurs
débouchent des hauts plateaux
du Vercors pour longer la falaise
du balcon Est, ils aperçoivent deux
yourtes, en contrebas. La Mongolie
en Vercors ! Ce sont les yourtes de
la Soldanelle, restaurant d’altitude
et refuge du col de l’Arzelier, ouvert
été comme hiver. Accessible depuis
le col, en télésiège ou à pied (3/4
d’heure, 300 m de dénivelé), le site
est géré par Anouck et Thibault,
…et une épicerie associative
Au pied du télésiège des
Bruyères, cette petite épicerie
est la seule de ce côté du
balcon. Pratique pour les randonneurs
traversant le Vercors, les touristes
en quête de pique-nique, mais
aussi les riverains qu’elle dépanne
tout au long de l’année. Cette épicerie
associative propose aussi des
repas et des assiettes de pays. En
rayon, viande de Roissard, volailles
ou encore à la descente du canyon
des Fées, à Saint-Andéol. L’autre
site touristique du balcon, c’est
justement, à Saint-Andéol, le
Tétras-lyre, un grand centre aéré
qui accueille des classes de neige
et de verdure, et
les touristes en
gîte. Il propose
des activités de
découverte de la montagne et,
particularité, des stages.
Les liens entre Prélenfrey, Château-Bernard
et Saint-Andéol sont
Plus
de photos
deux amoureux du col, d’origine
belge, qui tiennent cette auberge
avec un dortoir de 18 places, deux
yourtes pour 2 ou 4 personnes et
un restaurant terrasse avec une
vue magnifique. Une escale appréciée
sur la GTV, Grande Traversée
du Vercors, et une table qui met à
l’honneur les produits du terroir. La
Soldanelle programme des stages
de botanique et d’étude des simples.
>> www.lasoldanelle.com
de La Mure, yaourts de brebis et
fromages de chèvre et vache de
Saint-Andéol. Un temps abandonnée,
elle a été réanimée début 2012
par l’association Arz’anim, les bénévoles
mettent la main à la pâte pour
aider Dalila Aufradet, sympathique
salariée à mi-temps. Ici mangent
aux mêmes tables, saisonniers,
employés communaux et touristes,
à la bonne franquette.
géographiquement évidents et
historiques. D’abord, la station du
col est située à cheval sur les deux
communes et les pistes de fond
et sentiers de randonnée relient
les trois communes. Si le temps
où les hivers
isolaient les
hameaux et
où descendre
dans la vallée était une expédition
est révolu, des liens et des
solidarités forts demeurent entre
les familles résidentes – le covoiturage
pour l’école maternelle,
Vivre sur le balcon
Toujours
à disposition
Voir le reportage photo complet
sur www.isere-magazine.fr
par exemple. Même si dans leur
majorité, les résidents descendent
aujourd’hui dans la vallée pour
rejoindre leur emploi… Avec à
leur retour, la satisfaction de retrouver
les Deux sœurs.
Corine Lacrampe
>> Office de tourisme du
Trièves, antenne du col de
l’Arzelier, 38650 Château-
Bernard. 04 76 72 38 31.
www.col-de-larzelier.fr
(1) Grande traversée du Vercors
© C. Lacrampe
© C. Lacrampe
L’action du
Conseil général
● Le balcon Est du Vercors comprend
trois communes : Prélenfrey
(commune du Gua) qui appartient au
canton de Vif, dont Brigitte Périllié
est conseillère générale, Château-
Bernard et Saint-Andéol (canton
de Monestier-de-Clermont) dont la
conseillère générale est Frédérique
Puissat. Dans ce territoire de montagne,
très vaste et excentré, le soutien du
Conseil général est essentiel, pour l’entretien
de la voirie et le ramassage scolaire,
mais aussi pour l’économie touristique.
>> Brigitte
Périllié,
conseillère
générale
de Vif.
>37 Isère Magazine - juin 2013
>> Frédérique
Puissat,
conseillère
générale de
Monestierde-Clermont.
De nombreux travaux sont par ailleurs
aidés. A Saint-Andéol, un important
chantier s’achève concernant la rénovation
et l’extension du Tétras-lyre
(centre aéré, formations et gîte). Château-Bernard
a bénéficié d’aides pour
un réseau d’assainissement, une station
d’épuration et des installations de
reconversion du col de l’Arzelier (pistes
de VTT, Bag air bike, toilettes sèches).
A Prélenfrey, le Département vient de
financer 30 % d’une nouvelle lame pour
le chasse-neige pour un déneigement
plus efficace. En outre, l’entretien de la
forêt du massif Jonier, selon les travaux
préconisés par l’ONF, représente une
enveloppe annuelle d’environ 9 500 euros
financée à 50 % par le Département.
Enfin, le Conseil général finance l’étude
(200 000 euros) du grand projet de
contrat de reconversion pour l’ensemble
du balcon Est du Vercors, des
Deux Sœurs au Mont Aiguille. Il s’agit
de développer le tourisme autour de
trois itinéraires doux : sentier piéton au
pied de la falaise, large piste forestière
en contrebas (ski de fond, chiens de
traîneaux, VTT et randonnée) et, encore
plus bas, avec la départementale qui
relie le col à Chichiliane, un itinéraire
pittoresque doublé d’un circuit cycliste
balisé par le Conseil général.
© F. Pattou

Gens d’Isère Gens d’ici
Jean Cougouille
> retraité
Enlumineur des temps
modernes
On le surnomme
“maître Jean”.
Tous les jours, Jean
Cougouille, 85 ans,
habitant de Domène,
petite ville de 6 500 habitants
à 11 kilomètres de
Grenoble, s’isole dans
une petite pièce de sa
maison où il passe des
heures à illustrer des
manuscrits. Jean a deux
passions : le dessin et le
Moyen Age. Depuis qu’il est à la retraite, cet ex-cadre administratif
s’adonne à l’enluminure et à la calligraphie. “Enluminer,
c’est donner de la lumière à un texte avec des figurines d’or et de
couleurs pour qu’il soit plus agréable à regarder, explique-t-il.
Cet art est apparu au VIe On le surnomme
“maître Jean”.
Tous les jours, Jean
Cougouille, 85 ans,
habitant de Domène,
petite ville de 6 500 habitants
à 11 kilomètres de
Grenoble, s’isole dans
une petite pièce de sa
maison où il passe des
heures à illustrer des
manuscrits. Jean a deux
passions : le dessin et le
siècle. Jusqu’en l’an 1300, il était l’apanage
des moines qui sublimaient ainsi les textes religieux. Puis
les laïcs s’en sont inspirés pour illustrer Le Roman de Renard, Le
Roman de la Rose et les chansons de troubadours.”
Sur des feuilles de papier Arches et des parchemins en veau mortné,
dit vélin, Jean fait revivre cette technique ancestrale. “Pour la
calligraphie, j’utilise de l’encre de Chine et écris avec des bambous
taillés en ciseau (calames). L’enluminure est réalisée avec de la
gouache et de l’aquarelle. Pour finir, j’applique la feuille d’or sur
les lettrines, animaux et personnages avec de la colle de poisson.”
Son inspiration, Jean la puise dans sa bibliothèque, une collection
de livres anciens. Poèmes, recettes, chartes de jumelage, sermons
de francs-maçons, il a ainsi enluminé des centaines de textes écrits
en lettres gothiques. Jean transmet aussi sa passion dans les établissements
scolaires depuis de nombreuses années.
Robert Curtet > sourcier
Histoire d’eau
Un pendule et une tige de fer en forme de
V dans les mains, Robert Curtet, 62 ans,
habitant de Tullins, parcourt la campagne à
la recherche des rivières souterraines. Ce retraité,
ex-ouvrier spécialisé, est aujourd’hui
sourcier-radiesthésiste. “Quand j’arrive sur
un terrain, je sais d’emblée s’il y a de l’eau
ou pas”, explique-t-il. Pour le vérifier, Robert
se sert d’un pendule : un tube de plastique
accroché à une ficelle qui tourne sur luimême
en accélérant sa rotation à mesure
qu’il s’approche de la veine d’eau. “Ma baguette
monte d’un coup sec avec une force
terrible, dès que je suis au bon niveau.”
Annick Berlioz
© F. Pattou
Fabienne Lacourt
> boxeuse en fauteuil
Sa vie est un combat
Au Ring martinérois, où elle
a trouvé “une deuxième famille”,
Fabienne Lacourt a gagné
le respect de tous. Cette professeure
de philosophie, qui ne
paraît pas ses 58 ans, s’entraîne
chaque soir à la boxe anglaise…
en fauteuil roulant. “La faute à
une polyneuropathie dégénérative
sclérosante, diagnostiquée
il y a 10 ans”, explique-t-elle.
La boxe, elle en a toujours rêvé.
A neuf ans déjà, en sortant de
son cours de danse classique,
elle se précipitait dans la salle
voisine, où des gamins s’entraînaient
sur le ring. Elle a franchi
le pas 20 ans plus tard, dans une
salle de boxe française où elle
s’est rendue quotidiennement
pendant 13 ans, avant que la
maladie ne mette un terme à
l’aventure. “J’avais peur du regard
des autres, et je me suis
cloîtrée chez moi, avec ma frustration”,
raconte-t-elle. Jusqu’à
ce que son mari, Bernard, l’emmène
“par surprise” voir un tournoi. “Là, j’ai compris que la passion était
toujours en moi”. Sa rencontre avec Karim Dahmazi, l’entraîneur de boxe
anglaise du Ring martinérois, lui permet de remettre les gants. “Tant que
tu seras figée dans ton passé, tu n’avanceras pas. La boxe française est
finie pour toi, mets-toi à la boxe anglaise”, lui assène-t-il, avant de l’inviter
à frapper dans un sac, le jour même de leur rencontre. Un conseil salutaire,
qui a redonné un sens à sa vie. “La boxe anglaise, qui contrairement
à la boxe française ne se pratique qu’avec les poings, exige beaucoup de
technique, de l’adresse et de la précision. Autant de qualités que je peux
travailler, même en fauteuil”, précise-t-elle. “Fabienne m’impressionne.
En trois ans, elle a énormément progressé et repris confiance en elle”,
se réjouit Karim.
Son don, Robert l’a découvert à l’âge de 10 ans.
“A l’époque, nous vivions dans une ferme sans
eau courante. Mes parents ont fait appel à un
sourcier pour savoir où ils pourraient creuser
un puits. Il m’a passé sa baguette, préten-
dant que j’avais autant de de fluide fluide que lui.”
C’est pourtant seulement en 2010, profitant
d’une retraite anticipée, que Robert décide
de s’installer comme sourcier radies-
thésiste pour le compte de particuliers
et d’agriculteurs. “Mes recherches
portent leurs fruits dans 90 % des cas.”
En deux ans, Robert a découvert une
trentaine de sources.
Annick Berlioz
> 38 Isère Magazine - juin 2013
Marion Frison
© F. Pattou
© F. Pattou

© S. Anselmetti
Didier Levallois
> éditeur
Des livres d’art pour tous
En octobre prochain, Didier Levallois,
58 ans, fondateur de Critères Editions, à
Grenoble, fêtera avec 40 street-artistes internationaux
le 40e volume d’“Opus Délits” – la
collection de livres d’art à moins de dix euros
qu’il a lancée pour populariser ces pochoiristes,
graffeurs, peintres ou colleurs qui de Grenoble
à Sao Paulo ou de New-York à Santiago créent
leurs œuvres dans la rue. A l’heure où la cote de
ces artistes nommés Ben, Miss-Tic ou Ernest
Pignon-Ernest explose, cet ex-Parisien, qui a
transporté ses bureaux à Grenoble en 2002, ne
fait pas que surfer sur la vague. Il y a 20 ans,
Critères sortait déjà la première monographie sur
Jérôme Mesnager (dont les silhouettes blanches
courent aujourd’hui sur les murs de Grenoble…)
“Le street-art est un mouvement artistique intergénérationnel d’une force incroyable. Le livre,
qu’il soit sous forme papier ou numérique, reste le premier passeur d’émotion et de connaissance.
C’est pourquoi on veut qu’il soit accessible à tous”, postule Didier Levallois.
Après 40 ans passés à son compte comme directeur artistique pour des magazines à fort tirage
ou pour la communication de grandes marques, cet entrepreneur engagé veut revenir aussi
à des fondamentaux. “Un livre, ça reste. Mais la communication institutionnelle, pour des
mutualistes, fait toujours tourner la boutique.” Critères emploie dix salariés avec aujourd’hui
deux galeries-bookstores (Nunc) dédiées au street-art, à Grenoble et Paris, qui assurent également
la diffusion des ouvrages.
Véronique Granger
Magali Leynaud > designeur industriel
Le défi de l’éco-design
Enfant déjà, Magali Leynaud,
37 ans, adorait
dessiner les objets. Cette habitante
de Chamagnieu, village de
1 500 habitants en Nord-Isère,
en a fait son métier. Aujourd’hui
designeur industriel, Magali dessine
des produits en jouant avec
les formes, les matériaux, les
innovations technologiques...
Une passion qu’elle a décidé de
mettre au service du développement
durable. “Mon défi, c’est de
rendre les produits plus beaux,
plus pratiques, plus innovants,
avec le moins d’impact possible
sur l’environnement”, expliquet-elle.
Son idée : accompagner les
PME dans cette démarche. Armée de ses feutres à croquis, de ses logiciels 3D et des idées
plein la tête, elle les aide à concevoir des “éco-produits”, depuis l’analyse complète du cycle
de vie (matières premières, transport, fabrication, usage, recyclage...) jusqu’à la finalisation
technique. “Je conseille notamment l’entreprise sur le choix des matériaux et des procédés
de fabrication. Et je travaille bien sûr l’esthétique du produit, pour qu’il s’intègre au mieux
dans son environnement”. Dernier exemple en date : un lampadaire urbain solaire 100 %
autonome – sans raccord à un réseau électrique -, qui puisse être implanté en France comme en
Afrique. Résultat : grâce à Magali, Solar Construct à Pont-Evêque, devrait bientôt décrocher
le label “Innov’R”, récompensant les innovations au service du développement durable.
Sandrine Anselmetti
© M. Giraud
Karim Mouellef
> militant
Une BD en mémoire
des soldats indigènes
Ils s’appelaient Alouache, Saïd, Ali…
et sont venus verser leur sang pour
la France, depuis l’Algérie, le Maroc ou
le Sénégal. C’est pour rendre hommage à
ces combattants “indigènes”, des poilus
de la Grande Guerre, que Kamel Mouellef,
57 ans, a raconté dans une BD l’histoire
de son arrière-grand-père, un tirailleur algérien
mort au front en 1918.
Co-auteur de “Turcos”, cet
habitant de Savas-Mépin,
village de 800 habitants
en Nord-Isère, évoque à
travers le parcours de
deux soldats le rôle des
“indigènes” dans l’armée
française. “Après être parti
à la recherche de la
tombe de mon arrière-grand-père,
retrouvée dans
un cimetière
militaire, j’ai décidé
d’honorer
la mémoire de
ces oubliés
de l’histoire”,
raconte Kamel.
C’est en
2008 qu’il a
le déclic pour
son projet de
BD, quand la
Marseillaise est
sifflée lors d’un
match de foot
France/Tunisie : “Je
me suis dit que si
ces jeunes savaient
les sacrifices qu’ont faits leurs ancêtres
pour défendre la France, ils auraient bien
plus de respect. Alors j’ai voulu faire une
BD, accessible à tous, pour transmettre
cette histoire commune et contribuer à la
cohésion sociale des Français, quelle que
soit leur origine”. Aujourd’hui président de
l’association “Déni de mémoire”, Kamel
sillonne les cimetières pour retrouver des
stèles qui rendent hommage aux soldats
venus des anciennes colonies françaises. Il
recherche aussi des photos et des archives
auprès des familles d’anciens combattants,
avec le projet d’éditer une seconde BD :
“Les indigènes dans la Résistance”.
> 39 Isère Magazine - juin 2013
Sandrine Anselmetti
© S. Anselmetti

Ils font l’Isère
Ces associations qui font
Enfance
Un rayon de soleil à l’hôpital
I ls
s’appellent Vanille, Kovitch,
Akwette, Patoune…
Hauts en couleur, avec leur
nez rouge, leur énergie et leur
gaieté communicative, les
clowns de l’association “Soleil
de clown” débarquent chaque
jeudi après-midi dans le service
pédiatrie de l’hôpital Pierre-
Oudot, à Bourgoin-Jallieu.
Créée en 2011, à Villefontaine,
cette association a pour objectif
d’apporter une bouffée d’oxygène
aux enfants hospitalisés.
“L’hôpital est souvent synonyme
d’angoisse. Nous voulons
aider les enfants et leur famille
à mieux vivre ces moments difficiles,
en leur apportant du rire,
de la couleur et de la magie”,
explique Odile Bouvier-Vollant,
la vice-présidente. Numéros
improvisés, musique, jonglage,
contes, sculptures sur ballons :
les clowns ont plus d’un tour
dans leur sac pour distraire petits
Loisirs
Comme au bon vieux temps
“A
utrefois, les jeunes
filles s’employaient
à coudre, broder et
denteler les draps et serviettes
qui constituaient leur trousseau
de mariage, rappelle Marie-
Thérèse Durbet, présidente de
Créa’ Loisirs. Aujourd’hui, les
linges brodés ne sont plus à
la mode et personne n’a plus
le temps ni la patience de les
confectionner.” Créée en 2005
à Mens, capitale du Trièves,
par une dizaine de retraités du
canton, cette association renoue
avec les activités manuelles
d’antan. “Ces rencontres créatives
sont aussi un moyen de
rompre l’isolement. Chez nous,
l’hiver est très long. Entre octobre
et avril, on se retrouve un
mardi sur deux dans une salle
de la mairie mise à notre disposition.”
L’association compte
et grands ! Douze artistes professionnels
se relayent chaque
semaine en duo pour intervenir
auprès des enfants, avec pour
chaque petit patient un spectacle
“sur-mesure”. Tenus au secret
médical, les clowns collaborent
avec le personnel hospitalier
pour s’adapter à chaque enfant,
selon son état de santé, son
âge, ses envies. Rémunérés par
une trentaine d’adhérents. Les
femmes brodent et tricotent.
Les hommes fabriquent des
paniers en osier et des chapeaux
de joncs. Comme au bon vieux
temps, on papote et on partage
un bon repas. La journée se termine
par une partie de belote
avant de retourner chez soi. Ces
“doigts de fée” souhaitent aussi
transmettre leur savoir-faire aux
l’association, ils ne sont pas
à la charge de l’hôpital. C’est
pourquoi, les six bénévoles
de Soleil de clown organisent
régulièrement des actions de
collecte de dons pour permettre
le plus d’interventions possible.
En 2012, 700 enfants du Nord-
Isère ont croisé ces malicieux
nez rouges.
Contact : 06 08 05 13 70.
©D.R.
jeunes générations. Deux fois
par an, à Noël et à la fête des
mères, elles ouvrent gratuitement
leurs portes aux enfants.
Chacun repart avec une figurine
en tissu qu’il a peinte ou décorée
des ses mains. Autour du
15 août, l’association organise
une exposition où elle met en
vente son travail de l’année.
Contact : 04 76 34 37 11.
© M. Gitraud
©D.R.
Solidarité
Des fermes
“qui soignent”
Peut-on associer la production agricole
avec une activité d’insertion sociale
et thérapeutique ? Ce concept, très répandu
en Hollande et en Italie, progresse en
France, notamment en Isère, sous l’impulsion
d’ASTRA (Agriculture sociale et thérapeutique
en Rhône-Alpes). Cette association
iséroise, créée en 2011, regroupe des agriculteurs,
des associations d’insertion et des
établissements thérapeutiques. Objectif : renforcer
les capacités d’accueil de personnes en
difficulté en milieu rural et agricole, et faire
reconnaître la spécificité de cette agriculture
par les pouvoirs publics.
Une dizaine d’agriculteurs isérois reçoivent
déjà des personnes à la journée. C’est le cas
de Fabienne Garderet, membre de l’association,
qui reçoit depuis 2006 des groupes
d’enfants autistes, d’adultes polyhandicapés
et de personnes déficientes mentales à
la Ferme d’antan, à Crolles. “Cette activité
peut être une opportunité de diversification
de nos exploitations”, souligne-t-elle.
D’autres exploitants accueillent des
adultes en difficulté en stage de préprofessionnalisation.
“A travers une activité
de production, ces personnes, allocataires
du RSA, demandeurs d’emploi de longue
durée ou sans domicile, retrouvent la
possibilité de recréer du lien social et de
construire un projet personnel”, poursuit
Gérald Assouline.
Contact : Fabienne Garderet.
La Ferme d’antan, Crolles.
04 76 08 14 35.
> 40 Isère Magazine - juin 2013

ouger l’Isère
Cyberculture
“A
Solidarité
C’
Un clic vers l’emploi
ujourd’hui, le Web
est devenu un outil
incontournable
pour la recherche d’emploi”,
explique Annie Raymond,
cofondatrice du Cypiée. Cette
association subventionnée
par le Conseil général, créée
en 2003 à Pierre-Châtel, près
de La Mure, pour gérer le
Cybercentre de la Matheysine,
pilote également, depuis
2009, le réseau des Espaces
publics numériques Alpes-Sud
Isère (EASI), dont l’objectif
est de rendre autonomes les
usagers dans leurs pratiques
quotidiennes des médias numériques.
Dans ce cadre, le Cypiée
a initié fin 2012 un projet en
faveur des demandeurs d’emploi
des cantons de La Mure,
Corps et Mens relevant de Pôle
Emploi, de la Mission locale ou
du service insertion du Conseil
est un havre de paix
pour les laissés-pour-
compte à quatre pattes.
Créé en 1988 à Chonas-l’Amballan,
près de Vienne, le refuge
de Gerbey accueille les animaux
abandonnés ou saisis pour
maltraitance. Chaque année,
300 chiens et 200 chats passent
par ce lieu, avant de retrouver
une famille d’adoption. “Nous
ne pratiquons pas d’euthanasie.
Les animaux restent ici jusqu’à
ce qu’ils soient replacés dans un
foyer, et nous assurons un suivi
de chaque adoption”, explique
Christine Chaume, la présidente.
Au cœur d’un parc de 5 hectares,
le refuge dispose de 49 box
pour chiens et d’une chatterie de
30 places. Grâce à huit salariés et
25 bénévoles, tous les chiens sont
sortis quatre fois par jour et promenés
deux fois par semaine dans
le parc. Le refuge fait aussi de la
général. “Nous avions observé que
458 sur 1 019 demandeurs d’emploi
du territoire ne possédaient pas
d’adresse courriel”, souligne le
président, Jean-Yves Le Gall. Au
programme, la découverte du site
www.pole-emploi.fr, une formation
sur le e-cv et la e-réputation,
une information sur les métiers
qui recrutent et la découverte
d’une base de données recensant
12 000 métiers. Les participants
disposaient en outre de l’accès
gratuit aux postes informatiques
des EPN (espaces publics numériques)
du réseau durant les
horaires d’ouverture. Un premier
bilan, largement positif, a amené
l’association à reconduire ce dispositif
en 2013.
Contacts : 04 76 30 15 78.
http://www.cypiee.fr
Un foyer pour les animaux abandonnés
médiation animale, en mettant en
lien les animaux avec des personnes
fragiles : l’association se
déplace dans les maisons de retraite
auprès de personnes âgées
dépendantes, souvent atteintes
d’Alzheimer, ou accueille des
jeunes en difficulté et des handicapés
mentaux. “Le contact avec
l’animal leur apporte de la douceur,
leur redonne le sourire et
les stimule sur les plans cognitif,
émotionnel, social et psychomoteur.
Les chiens sont sensibles
à la fragilité des personnes et
ils s’adaptent.” L’association
organise aussi des événements
– stands, canimarches, soirées
théâtre, etc. – pour récolter des
dons et sensibiliser le public à la
protection des animaux.
Contacts : 04 74 56 40 12
http://refugedegerbey.fr
en bref
> 41 Isère Magazine - juin 2013
D.R.
M. Giraud
Animer Saint-Chef
A Saint-Chef, en Nord-Isère, une
nouvelle association vient de voir
le jour : le Comité d’animation
touristique. Son objectif : soutenir
l’Office de tourisme qui vient d’être
créé et participer au développement
touristique du territoire grâce à des
animations. Le 7 juillet prochain, il
organise un concours de peinture
et un marché artisanal. Les 12 et
13 octobre prochains, un festival
de gospel aura lieu dans la célèbre
abbatiale du village.
Contact : cat.saint-chef@orange.fr
Le syndrome
Charge
Cette maladie génétique rare
(1 naissance sur 100 000) se
traduit par une série de déficits
sensoriels, sources de handicap :
troubles de la vision et de l’audition,
absence d’odorat, retard de
croissance, troubles de l’équilibre…
“Charge, enfant soleil”,
association nationale créée en
1996 à Sassenage pour améliorer
la qualité de vie des patients
et soulager leurs parents, est un
lieu d’information et de rencontre
pour des familles, souvent désemparées.
Au-delà, elle sensibilise le
public à la maladie et recueille des
fonds pour la recherche médicale.
Contact : 06 86 41 41 16.
Mail : assocharge@gmail.com
http://associationcharge.fr/
L’Adie à Vizille
L’Association pour le droit à
l’initiative économique (Adie)
ouvre une nouvelle permanence
en Sud-Isère (Mission locale de
Vizille). Cette antenne s’ajoute à
celle de Grenoble et de Bourgoin-
Jallieu. L’Adie est une association
qui aide les personnes exclues du
marché du travail et qui n’ont pas
accès au crédit bancaire classique
à créer leur entreprise grâce au
microcrédit. En Isère, en 2012,
998 personnes ont contacté l’Adie,
soit une progression de 27 %.
195 entreprises ont été financées
et 26 personnes ont bénéficié
d’un microcrédit. Prochaine permanence
: 10 juin après-midi, sur
rendez-vous.
Contact : 0800 800 566.

Vivre mieux culture
>> Toits du centre-ville de La Tour-du-Pin. >> Château de Renodel, à La Bâtie-Montgascon. >> Réserve et site industriel, à Saint-Clair-de-la-Tour.
Les trésors des Vals du Dauphiné
Châteaux médiévaux, ateliers de tissage, séchoirs à tabac, fermes
en pisé ou vestiges gallo-romains... Le Conseil général dévoile
le patrimoine des Vals du Dauphiné, en Nord-Isère.
Durant deux
ans, des
archéologues,
des
historiens et des
architectes ont
exploré les cantons
de La Tour-du-Pin,
Le Pont-de-Beauvoisin et Virieu,
soit 43 communes du Nord-Isère,
qui constituent le territoire des Vals
du Dauphiné. Une grande enquête
dont les résultats sont aujourd’hui
dévoilés sous la forme d’une exposition
itinérante à voir absolument.
Objets insolites, cartes, photos,
vidéos, jeux sur tablettes tactiles…
permettent de découvrir de façon
ludique ce patrimoine tout près de
>> L’avis de l’élu
Pascal Payen,
vice-président du Conseil général
chargé de la Culture
chez nous, parfois insoupçonné.
Des vestiges gallo-romains d’Aoste
aux maisons fortes, en passant par
les fabriques de soieries, les séchoirs
à tabac ou encore les fermes en pisé,
les Vals du Dauphiné recèlent un patrimoine
riche et diversifié : “Pas
forcément des grands châteaux ou
des cathédrales, mais des vestiges,
des objets, des bâtiments qui font
l’âme et l’identité profonde d’un
territoire, par leur caractère typique
ou exceptionnel”, souligne Pascal
Payen, vice-président du Conseil
général chargé de la culture.
Coup de cœur
Parmi les coups de cœur de cet inventaire
: le trésor gaulois de Sainte-
“Un grand et beau territoire”
■ Il est important de connaître les
richesses de notre territoire afin de
mieux les protéger et de les sauvegarder.
Ce travail d’inventaire, que
nous poursuivons depuis 20 ans,
est une aide à la décision pour les
communes, sur ce qu’il faut préserver
et mettre en valeur. Car protéger
le patrimoine, c’est aussi investir
pour l’avenir : c’est un outil de
cohésion sociale et un moteur pour
l’économie touristique. Nous voulons
faire connaître ce patrimoine,
sensibiliser les regards à ce qui fait
le charme, la diversité de nos villes
et de nos villages.
Blandine, le cachot municipal de La
Tour-du-Pin, la mairie du village de
Corbelin, mais aussi la ferme en pisé
à bâtiments jointifs de Romagnieu,
la maison forte de l’Epiney à Saint-
Victor-de-Cessieu, d’élégantes
demeures du XVII e siècle, ou encore
de petits ateliers de campagne
témoignant du quotidien de ceux qui
étaient à la fois des agriculteurs
et des artisans, ou des ouvriers et
des paysans...
Des photos anciennes et des objets
emblématiques ou originaux – un
traîneau pour le ramassage du lait,
la mallette de sculpture de Stéphanie
de Virieu, une machine à enrouler
les feuilles de tabac, des carreaux de
poêle décorés du XV e siècle… –, ont
aussi été prêtés pour l’exposition par
des habitants.
Depuis 20 ans, le Conseil général
a déjà inventorié le patrimoine de
plus de 240 communes. “Pour les
habitants, cette démarche est aussi
importante car elle leur permet de
découvrir l’histoire des lieux où ils
vivent”, souligne Pascal Payen.
Un beau voyage
Cette exposition est un voyage dans
le temps sur les traces des hommes
et des femmes qui ont façonné ces
basses terres du Dauphiné, au fil de
leurs activités agricoles ou industrielles.
Un voyage aux confins de
>> Pour aller plus loin
Une exposition
itinérante
■ La Tour-du-Pin, Les Halles
Jusqu’au 18 août
www.latourdupin.fr
■ Château de Virieu
Du 24 août au 3 novembre
www.chateau-de-virieu.com
■ Grenoble, Palais du Parlement
Du 9 novembre 2013
au 23 février 2014
www.isere-patrimoine.fr
■ La Bâtie-Montgascon
Musée du Tisserand
Du 3 mai au 31 août 2014
Un ouvrage
■ “Patrimoine en Isère,
Les Vals du Dauphiné”
Il recense tous les trésors
des Vals du Dauphiné.
240 pages, 30 €. En vente dans
les musées départementaux,
les librairies ou à commander.
Des conférences
■ Programme sur
www.isere-patrimoine.fr
l’Isère et de la Savoie, dans ces vallées
lumineuses où se côtoient ville
et campagne. ■
Sandrine Anselmetti
>42 Isère Magazine - juin 2013
© D.Richalet

n
L I V R E S
livres
Temps libre
musique... spectacle... danse... exposition... théâtre...
ROMAN
n MIRAGES D’UNE
ENFANCE PERDUE
n De Jean-Claude
Baise. Editions Les
Presses du midi.
253 p., 19 euros.
Disparition ou hallucination
? Mallot, détective
privé, est engagé par la la
comtesse de Rotossov
pour retrouver son petit-fils de 12 ans.
Le jeune Michel Vercelli a-t-il disparu
l’année dernière comme l’affirme la comtesse
ou il y a 60 ans comme le laissent
penser les images Rossignol qu’il
collectionnait ? Ces images étranges
semblent receler un pouvoir… L’Isérois
Jean-Claude Baise, auteur des Larmes
de Cachiri et de Sortilèges amérindiens,
délaisse la Guyane pour un voyage aux
couleurs de l’enfance. Parti de Lille,
Mallot ira en Normandie, dans l’Ain et
jusque dans le Grésivaudan pour retrouver
Michel. Une histoire fantastique qui
prend une tournure inattendue au dernier
chapitre !
SPORT
n LES PLUS BEAUX
ITINÉRAIRES CYCLOS
EN CORSE
n De José Sallenave.
Editions Gap. 288 p.,
25 euros.
Ce livre s’adresse à
tous les les continentaux
qui qui comme l’auteur,
emmènent leur vélo
de l’autre côté de la
Méditerranée, Méditerranée, avec avec
l’envie de tutoyer le cap Corse ou af- affronter
le col de la Vacchia (1 193 m) !
Isérois et Corse d’adoption, José Sallenave
a rédigé un guide « pour les vrais
amateurs de vélo sans dopage… ».
Il y détaille 43 itinéraires cyclo — choisis
pour leur tranquillité, leur diversité et la
qualité de leur revêtement — et un tour
de l’Île de Beauté en neuf étapes. Complète,
chaque présentation comprend un
encart technique (distance, dénivelé…),
une carte routière, un schéma permettant
de visualiser montées et descentes,
et des infos touristiques. Le guide est
agrémenté de fiches détachables pour
chacune des randos, d’une liste d’hôtels
et de campings, d’adresses de magasins
de réparation et location, de sites web
utiles…
© D. R
© D. R
Expositions
>> Jusqu’au 8 juillet
n Des clics et des mômes
A Grenoble
Exposition de photographies grands
formats sur les grilles du Jardin de ville,
« Les métiers de mon quartier » est une
réalisation de l’association Enfants
du Tamil Nadu, qui a mis en place un
échange pédagogique et solidaire entre
les enfants de son orphelinat de Maduraï
– en Inde du Sud – et l’école du Jardin
de ville de Grenoble. Petits Grenoblois
et jeunes Indiens (guidés par Cyrielle
Menez) ont respectivement sillonné leur
quartier et vous livrent un témoignage
en images de leur prise de conscience
du monde du travail et de la valeur du
savoir-faire des artisans.
Enfants du Tamil-Nadu, 04 76 54 23 67.
www.enfantsdutamilnadu.com
>> Les 1 er et 2 Juin
n Carnet de voyage
A Beaurepaire
L’Oiseau Lire, en partenariat avec la
bibliothèque et le cinéma, organisent
la 7 e édition du Week-end du carnet
de voyage. 17 carnettistes rencontrent
le public et présentent leurs précieuses
feuilles et cahiers. Parmi eux : Sabine
Hautefeuille (carnet sur l’Ethiopie), Carole
Deltenre (carnet sur Buenos Aires),
David Lopez (Amérique Latine), Laure
Bailly (Peuples des Philippines) et
trois écoles qui exposent leurs carnets
de voyage en cours. Un atelier, « un
carnet de voyage aquarelle et encre »,
consacré à l’illustration et animé par le
peintre Sandrine Serdan et des diaporamas
(Le Bangladesh en rickshaw ou
© D. R
© D. R
Pékin-Londres en vélo) sont également
programmés.
Salle du Rocher. Entrée libre. http://
carnet.beaurepaire.free.fr
>> Jusqu’au 30 juin
n Portraits Caméléon
A Echirolles
La tradition de la photographie africaine
du portrait perdure. Des artistes, comme
Seydou Keita et Cornélius Augustt, ont
déjà exploré ce genre. Cependant, le type
de portrait que propose Myette Fauchère
est novateur. La photographe brouille les
codes de l’image et de la représentation.
En Afrique noire, à l’occasion de cérémonies,
les tenues de chaque famille,
de chaque chorale ou groupe de jeunes,
sont réalisées dans un même tissu.
Myette Fauchère fait poser ses sujets
devant un fond identique au tissu porté
et ceux-ci sont comme happés par le
décor. Une mise en scène qui donne lieu
à de véritables « portraits caméléons ».
Musée de la Viscose. 04 76 23 64 68.
Divertissement
>> Le 7 juin
n Les aveugles
A Vizille
La Cie Trois Pièces-cuisine vous propose
un spectacle joué dans le noir !
Une expérience sensorielle où le
spectateur est plongé dans le monde
de la cécité. Le metteur en scène Philippe
Boyau s’est inspiré d’un texte
de Maurice Maëterlinck pour réaliser
cette performance. Sur une île indéterminée,
dans une forêt indéfinie, à une
distance incertaine d’un hospice, dans
le crépuscule puis la nuit, un groupe
d’aveugles (hommes et femmes) attend.
On les a sortis, beaucoup plus
tôt, mais il commence à faire froid, la
faim se fait sentir, ils veulent rentrer
à l’hospice, ils attendent le retour du
prêtre qui les guide. Celui-ci est mort.
Seul espoir : un enfant parmi eux, mais
qui ne parle pas encore ! Une interrogation
métaphysique sur le sens de la
vie et la condition humaine qui, contre
toute attente, n’est pas dénuée d’humour.
La P’tite salle. A 20 h 30. 04 76 78
86 34.
>> Le 8 juin
n Un pour tous…
A Fontaine
>43 Isère Magazine - juin 2013
© D. R
© D. R
Les Lames du Dauphiné, troupe
d’escrime artistique, vous présentent
le Gala des Mousquetaires, un divertissement
aux multiples facettes qui
s’adresse à toute la famille. La Cie
théâtrale SOL interprète l’histoire
appuyée par les illusions du célèbre
magicien John Reyckson, et la dextérité
du vice-champion du monde de
boomerang artistique Olivier Boomer.
Les joutes médiévales, les duels et les
scènes de capes et d’épées sont exécutés
par les bretteurs de la troupe des
Lames du Dauphiné.
Gymnase Maurice Thorez. A 20 h 15.
06 17 96 30 27.
>> Les 8 et 9 juin
n Gladiateurs
et légionnaires
A Saint-Romain-en-Gal - Vienne
Au cœur d’un véritable camp militaire
romain, revivez les batailles
antiques et plongez dans la vie quotidienne
de valeureux légionnaires et

Temps libre n
musique... spectacle... danse... exposition... théâtre...
© D. R
© D. R
des gladiateurs. C’est l’expérience
que vous proposent de vivre ces
12 e Journées gallo-romaines imaginées
par le musée gallo-romain de
Saint-Romain-en-Gal/Vienne, et animées
par plus de 300 participants.
Dans un camp reconstitué, combats,
défilés, démonstrations (militaires et
équestres) se déroulent au milieu des
balistes, scorpios et autres onagres.
Expositions de casques antiques,
ateliers « mode romaine », « cuisine »
ou « escrime », jeux anciens et projections
de films historiques complètent
cette grande fresque vivante.
Musée gallo-romain. De 10 h à 19 h.
04 74 53 74 01.
>> Le 28 juin
n Quizz Kitchen
A l’Isle d’Abeau
Le Quizz kitchen, quésaco ? C’est un
divertissement imaginé par l’association
nord-iséroise Kitchen Lab qui met
en scène autour d’un thème unique, une
cinquantaine de questions, plusieurs
équipes et des cadeaux ! Une soirée
à partager en famille ou entre amis
pour frimer sans vergogne et étaler sa
culture télé, musicale, ciné, actualité…
Ludiques et conviviales, les premières
sessions de « Quizz » ont déjà exploré
des thèmes tels que la BD, les femmes
célèbres, la cuisine, l’info et s’adressent
à toutes les tranches d’âges.
Au Millénium. A 21 h. 04 74 18 51 13.
Musique
>> Le 8 juin
n L’Arlésienne
A Champagnier
La MJC-Maison pour tous de Cham-
Coup de cœur
>> Du 28 juin au 13 juillet
n Jazz à Vienne
A Vienne
Jazz à Vienne célèbre sa 33 e édition. Ce
festival attire plus de 150 000 spectateurs
chaque année ! Evénement majeur du
jazz en France, plébicité à l’échelle internationale,
il réunit les figures mythiques
et les jeunes talents lors de soirées franchement
jazz ou mettant à l’honneur
rythmes caribéens, musique cubaine,
funk, French touch, gospel, « new génération
», blues, gipsy…
La soirée d’ouverture est consacrée aux
11 e Victoires du Jazz, le 28 juin, et vous
invite à découvrir les artistes qui ont marqué
l’année 2013. Ensuite, ce sera un
véritable défilé de stars sur la scène phare
du théâtre Antique : Marcus Miller, le rocker
nigérian Keziah Jones, Chick Corea,
Ibrahim Maalouf, Louis Sclavis, Eliades
Ochoa (accompagné de l’Orquestra
Buena Vista Social Club), Michel Portal,
Johnny Winter, Carlos Santana (dont le
dernier passage au festival remonte à
1996), Charlie Musselwhite, Ben Harper,
Sonny Rollins, Dee Dee Bridgewater…
Le concert de clôture rassemble, quant à
lui, George Benson, Erik Truffaz et David
Sanborn. Jazz à Vienne, ce sont aussi
des spectacles en journée et dans toute
la ville, avec les « Midi jazz » aux jardins de
Cybèle, des invitations à la lecture à travers
« Lettres sur cour » (qui sont consacrées
à la Bosnie cette année) ou encore,
« Jazz parade » avec des déambulations
dans les rues de Vienne en compagnie
des festivaliers et des fanfares comme
Zubrass band ou La pompe Funèbre…
Théâtre antique. 04 74 85 00 05.
04 74 53 80 30. www.jazzavienne.com
© D. R
pagnier accueille l’Harmonie de Grenoble
et la chorale Gratiana pour un
concert exceptionnel. L’Arlésienne de
Georges Bizet sera interprétée par
une soixantaine de musiciens dirigés
par Oriane Zaepffel et Guillaume
Vautier, associés à une soixantaine de
choristes et un récitant. Cette œuvre
inspirée d’une nouvelle d’Alphonse
Daudet, évoque l’histoire dramatique
d’un jeune paysan de Camargue,
fou amoureux d’une belle Arlésienne
qu’il s’apprête à épouser et dont il
apprend l’infidélité.
Espace Les 4 Vents. A 20 h. 04 76 98
08 83. 04 76 98 48 32.
>> Les 8 et 9 juin
n Music Story
Vienne
Music Story met en scène un orchestre
d’harmonie de 40 musiciens
et un chœur de 90 chanteurs. Le
spectacle illustre les différentes périodes
de l’histoire de la musique, à
travers des œuvres d’époque, mais
aussi des morceaux plus récents évoquant
certains épisodes historiques.
La 1 re partie explore la Préhistoire,
l’Antiquité, le Moyen Age, la Renaissance,
la Révolution française et
le XIX e siècle. La seconde partie
est consacrée au XX e siècle, de la
Première Guerre mondiale jusqu’aux
dernières décennies. Cette promenade
musicale est interprétée par les
chorales La Clé des chants, Tourn’sol,
l’Harmonie de Seyssuel-Chuzelles et
l’Orchestre du pays roussillonais ainsi
que la chorale de l’école de musique
de Seyssuel-Chuzelles.
Espace Saint-Germain. A 20 h 30, le
8/06 et 16 h le 9/06. 04 74 78 30 00.
>> Le 13 juin
n Le Petit Livre d’Anna
A L’Isle d’Abeau
Lorsque Jean-Sébastien Bach prit
en deuxièmes noces Anna Magdalena
Wilcken, il lui offrit un cahier de
musique frappé aux lettres d’or de
la chanteuse à la cour de Köthen. Le
Petit Livre de notes pour Anna Magdalena
Bach contient essentiellement
des pièces pour clavier mais aussi
quelques unes pour voix. Cet album
de famille en musique sera interprété
par la soprano Claire Delgado-Boge,
avec un ensemble de six musiciens et
une chorale composée de plusieurs
formations pour l’occasion. Les Musiciens
du Louvre/Grenoble invitent ainsi
La Mano Di Dio, Vivaldi, Musique en
L’Isle, Lokole Sound et La Maîtrise de
L’Isle, à partager la scène le temps d’un
concert.
>44 Isère Magazine - juin 2013
© D. R
© D. R
Espace 120. A 19 h. Entrée libre.
04 74 18 51 13.
Cirque
>> Le 4 juin
n Laïus Lucien show
A Villard-Bonnot
Un homme seul sur scène. En apparence
simple et gentil, enfantin. Mais
montre-t-il vraiment tout ? Son côté
adulte s’invite dans le spectacle, pour
le ponctuer de ses réflexions sur le
monde qui nous entoure et l’abandon
de l’enfance... Plein d’humour et
d’émotion, le spectacle se joue des
techniques traditionnelles du cirque,
illustre les réflexions burlesques d’Hugo
Marchand sur le quotidien et les
angoisses de l’être humain.
Le Laussy. A 20 h 30. 04 76 89 69 12.
>> Du 5 au 8 juin
n Swift
A Grenoble
Swift est le nom de Jonathan Swift,
auteur des célèbres Voyages de Gulli-

Temps libre n
musique... spectacle... danse... exposition... théâtre...
© D. R
ver, histoire d’un personnage qui se retrouve
énorme au milieu de minuscules
et minuscule au milieu des énormes. Un
voyage que la Cie Skappa & Associés
transpose dans notre monde et nos
villes, et qui nous entraîne dans une
aventure aux proportions absurdes.
Espace 600. 10 h ou 15 h selon le jour.
04 76 29 42 82.
Festival
>> Le 8 juin
n Tullibois
A Tullins
Cette 5e édition du festival Tullibois
est consacrée à l’aventure sous toutes
ses formes. Le temps d’une journée,
animations artistiques, ludiques, nature
et sportives feront de vous un véritable
aventurier ! Plongez dans le Néolithique
avec l’atelier préhistorique, partez en
voyage dans les arbres. Testez le Parkour
avec les Traceurs ou le centre
d’entraînement des spationautes. Devenez
un véritable slaklineur (marche
sur sangles) ou l’acolyte de Green
Arrow avec les initiations au tir à l’arc
et à la sarbacane…
© D. R
Les plus jeunes préféreront les cabanes
lectures, le grand jeu de piste à
la recherche du trésor d’Ornik’Kar ou
encore l’aventure contée « au fil des
mots ». Tous ces valeureux baroudeurs
se retrouveront en soirée pour découvrir
« Les aventuriers de la croche maudite
», un concert plein de rebondissements
interprété par les Red beans,
la chorale Falala, l’Echo de la vallée et
l’harmonie de Tullins.
Parc du Clos des Chartreux. De 10 h à
18 h. Gratuit. 04 76 07 72 05.
© D. R
© D. R
>> Du 13 au 15 juin
n Sous les cèdres
A Montbonnot
Le 4 e festival vous propose de découvrir
arts musicaux, théâtre, danse,
chanson francophone et cirque sous
les cèdres centenaires du majestueux
parc de Miribel. L’édition 2013 vous
propose de « Sortir de votre livingroom
», pour parcourir le monde en
compagnie d’artistes tels que Gardi
Hutter, clown suisse, récompensé par
de nombreux prix internationaux. A
découvrir également, Paris Combo,
groupe aux influences multiples qui,
tout juste rentré des USA, devrait
présenter en exclusivité ses dernières
créations, lignes cuivrées et chants
soyeux, aux sources du jazz et du
blues.
Parc Miribel. Programme complet :
06 09 73 34 75.
>> Du 1 er au 15 juin
n Festival Gospel
A Morestel, Crémieu, l’Isle
d’Abeau…
Créé en 2007 par l’association La - Di
Dio, le festival a débuté en programmant
des petits concerts. Depuis, il a
pris de l’ampleur et invite des artistes
de renommée internationale. Au programme
cette année : The Voice of The
Spirit (chœur gospel) le 14/06 à Morestel.
Clap yo’hands (chorale originaire de
Gières, composée de 120 chanteurs),
le 15/06 en l’église Saint-Jean-Baptiste
de Bourgoin-Jallieu. Mais aussi,
Entre Ciel et Terre de Tartare, groupe
vocal réunissant 30 choristes et six
musiciens. Une partie des bénéfices
du festival sera reversée au profit de
l’association Salomé qui s’occupe des
© D. R
© D. R
enfants autistes à Villefontaine.
Programme complet au 06 64 86 81
92 ou sur www.lamanodidio.org
>> Les 28 et 29 juin
n Images de montagne
A Bourg-d’Oisans
Créées par le Parc national des Ecrins
en 2007, Les rencontres de l’image de
montagne profitent des 40 ans du parc
pour explorer… « La montagne ». Fil
d’Ariane de cette 4 e édition, la montagne
avec ses sommets, ses vallées et
ses alpages prendront littéralement vie
à travers un programme de projections
« multivisions ». Des expositions, des
ateliers, des initiations à l’escalade…
sont également au programme.
Maison du parc. Entrée libre. 04 76 80
00 51. 04 92 40 20 12. www.ecrinsparcnational.fr
>> Du 7 juin au 30 août
n Les vendredis du Parvis
A Pont-en-Royans
Dans un cadre exceptionnel, surplombant
la Bourne, le parvis du musée de
l’Eau accueille chaque vendredi, entre
juin et août, des soirées consacrées
aux musiques du monde, jazz, folk,
blues, gipsy… Une programmation
avec parfois un « One man show » ou
un spectacle de cabaret. L’édition 2013
démarre avec « Masque Miroir ». Direction
l’Afrique, et notamment Kédougou
au Sénégal, en compagnie du collectif
Culture Ailleurs. Viendront ensuite : Dany
Morland, le 15 juin, pour un tour de
la chanson française ; Pep’s, le 5 juillet,
pour un concert en acoustique ; Cire
tes Souliers, le 12 juillet qui vous invite
à danser au rythme du folk irlandais…
Musée de l’Eau. Concert à 21 h, gratuit.
Programme complet : 04 76 36 15 53.
www.musee-eau.com
>45 Isère Magazine - juin 2013
L I V R E S
SOCIOLOGIE
n LES DESSOUS
DE L’ISÈRE
n Sous la direction
de Chantal
Spiellemaecker
et Franck Philippeaux,
Musée
dauphinois. Editions
Libel. 144 p.,
29,50 euros.
En 100 ans, l’histoire
de la lingerie
féminine a connu des hauts et des bas en
Isère, depuis la préparation du trousseau
à l’âge d’or industriel des Valisère, Lou,
Lora ou Playtex… Prolongeant l’exposition
du Musée dauphinois, ce livre préfacé
par Chantal Thomas raconte comment de
filles en aiguilles, ces quelques grammes
d’étoffes purement utilitaires sont devenus
des accessoires de mode à haut pouvoir de
séduction ! Au-delà des publicités glamour
et des slogans inoubliables – comme ce
« Regardez moi dans les yeux… j’ai dit dans
les yeux », de la belle Eva Herzigova pour
Wonderbra – le livre nous raconte l’histoire
de l’émancipation féminine, du rapport au
corps et à l’intime. A lire autant qu’à regarder.
BALADES
n RANDONNÉES
SAUVAGES…
n De Jean-Michel
Pouy. Editions Glénat.
168 p., 19 euros.
La collection « Montagne
randonnée » de Glénat
s’est mise au carré. Des
beaux livres qui associent
plaisir des yeux et
découverte à à travers une large place place faite
à l’image et aux infos pratiques. Jean-Michel
Pouy, auteur et photographe isérois,
membre de la Société nationale de géographie,
vous emmène hors des sentiers
battus pour découvrir les particularités
géologiques ou historiques de la région.
Ces randos vous invitent à découvrir les
sommets des massifs de la Chartreuse,
du Vercors, mais aussi les hauteurs cristallines
des Écrins et de Belledonne. Décors
minéraux, alpages, lacs…cette zone, qui
s’étend autour de la capitale des Alpes,
présente une grande variété de paysages.
Les balades peuvent être faites dans la
journée et ne présentent pas de grandes
difficultés. Infoformations pratiques et
cartes complètent chaque présentation
d’itinéraire.
livres

n
30 jours d’Isère
L’agenda du mois
sorties... balades... ateliers... foires... brocantes...
Vallée du Grésivaudan
Les 1er et 2 juin
Eco-festival
A Lumbin. 06 12 91 69 46.
Rencontres et échanges avec les associations
citoyennes et écologiques
du département. Animations, expos
et jeux pour les enfants. Débats sur le
thème de “l’eau”, des “produits bio” et du
projet du “Parc naturel régional de Belledonne”.
Aire d’atterrissage du vol libre.
Les 8 et 9 juin
Week-end western
A Froges. 06 71 90 05 64.
Organisé par l’association Belledonn’s
Country Valley. Au programme : concert
country, stages western line dance,
animations far-west… Au stade Marius
Marais. wewesternbcv.free.fr
Le 14 juin
Envie d’ailleurs
A La Terrasse. 04 76 08 20 14.
Partir en Alaska, gravir l’Everest…
Comment réaliser son rêve ? Une soirée-débat
animée par Pierre Ostian,
journaliste, en compagnie de Freddy
Journet (treckkeur), Véronique Thibault
(expatriée), l’Echo des Alpes, associatiton
humanitaire. 19 h 30. Salle communale.
Entrée libre.
Le 15 juin
Modélisme
A Sainte-Marie-d’Alloix.
04 76 45 80 15.
9 e Coupe des Barons organisée par
l’association Vol libre 38. Compétition
de modélisme ouverte aux pilotes débutants
et chevronnés. Epreuves esthétiques,
“cassé de baguettes”, course au
renard, limbo… Terrain de vol libre.
Nord-Isère
Le 9 juin
Vide-grenier, brocante &
collections
A Chasse-sur-Rhône.
04 72 24 07 96.
13e édition rassemblant 300 exposants,
organisée par le Rugby club
et Croq’La Vie (association de lutte
contre la leucémie). De 6 h à 18 h.
Place Jules Ferry.
Le 9 juin
Chesenval
A Valencogne. 04 74 88 25 84.
Randonnées pédestres avec l’association
Chesenval. Parcours de 13, 16 ou
20 km, à destination du château de Virieu-sur-Bourbre.
Inscription et départ
à 8 h, salle des fêtes. Ouvert à tous.
Le 9 juin
Rando des 2 chapelles
A Cessieu. 04 74 88 31 76.
L’association Sauvegarde de la chapelle
Saint-Joseph de Cessieu organise
la rando des deux chapelles — 5 km ou
12 km — sur le sentier muletier. Départ,
espace Ganet, à partir de 7 h 30.
Le 9 juin
Balade gourmande
A Chabons. 06 82 31 17 52.
Rando familiale avec quatre haltes
gourmandes et quatre spectacles :
théâtre saltimbanque, fanfare balkanique,
chant lyrique, jeune public.
Toute la journée. Inscription,
www.artscenics-et-ptites-bretelles.com
Le 15 juin
Les 12 heures pongistes
Trophée Bastien
A Saint-Quentin-Fallavier.
06 08 40 84 81.
8e tournoi par équipes de 2 ou 3 joueurs
organisé par le Tennis de table de Saint-
Quentin-Fallavier. La recette est reversée
au Groupe des neutropénies congénitales
du professeur Donadieu.
Chartreuse
Sud-Grésivaudan
Le 9 juin
Bouquins
A Tullins. 04 76 07 20 03.
Vente de livres d’occasion (romans,
beaux livres, BD, revues, guides…) au
profit d’Amnesty International. Organisée
par l’antenne de Tullins.
Moulin du temple. De 8 h à 18 h.
Entrée Libre.
Le 9 juin
Journée verte
A Saint-Laurent-du-Pont.
04 76 06 38 66.
Les parents d’élèves des établissements
publics organisent la 31e journée verte.
Animations sportives (tournoi de foot),
jeux autour du skate-park… Toute la
journée. Stade Charles Boursier.
Le 9 juin
VTT de la Sure
A Saint-Julien-de-Ratz.
06 07 02 57 90.
Six parcours VTT et deux parcours pédestres,
avec ravitaillement. Egalement
au programme : air jump, stand d’Amazigh
trekking… Gratuit pour les moins
de dix ans. Lots offerts aux 100 premiers
inscrits. www.vttdelasure.com
Le 22 juin
Artisanat
A Saint-Romans. 06 73 00 33 89.
Salon des artisans et commerçants
organisé par le Comité des fêtes de
Saint-Romans.
Sud–Isère
Les 1er et 2 juin
11e Bourse auto
A Jarrie. 06 66 82 36 97.
Le club Ami (Automobile et mécaniques
immortelles) organise sa
bourse annuelle d’échanges auto/
moto : stands et expositions de modèles
anciens, d’exception et de prestige.
Exposition artisanale. Stade des
plâtres. De 9 h à 19 h. Entrée libre.
Les 8 et 9 juin
Week-end moto
A Villard-de-Lans, 04 76 20 38 65.
Rendez-vous annuel des motards
de Rhône-Alpes, le 3e week-end de
la moto de tourisme propose : salon
et exposition motos, spectacles
acrobatiques, carrousel et initiation
à la conduite, rallye touristique dans
le Vercors… Salon, parking Mure-
Ravaud.
Le 16 juin
5e Trail du Gerbier
A Prélenfrey. 04 76 72 29 98.
Epreuve étape du Challenge des trails
du Sud-Isère. Deux itinéraires différents
sont proposés aux coureurs :
le Trailcosto, 1 200 m de dénivelé,
22 km (11 euros) et le Coucoucascou,
500 m de dénivelé, 10 km (8 euros).
Inscriptions à partir de 7 h 30, à la Maison
du Parc. Départ des courses à
9 heures.
Du 28 au 30 juin
Coupe de France VTT
A Oz-en-Oisans. 04 76 80 78 01.
Coupe de France de descente et trial
organisée par la Fédération française
de cyclisme, avec les plus grands vététistes
nationaux. Piste de Poutran et
spots de trial dissiminés dans toute la
station. Gratuit.
Grenoble agglomération
Du 7 au 9 juin
Journées de l’archéologie
A Grenoble. 04 76 44 78 68.
Autour de la recherche archéologique,
ses disciplines et ses méthodes. Expositions
: Les métiers de l’archéologie et
Vous avez dit archéologie préventive.
Rencontres avec des archéologues
de l’INRAP. Projections, jeu de piste.
Entrée gratuite. Musée archéologique
Grenoble - Saint-Laurent. De 10 h à 18 h.
Le 22 juin
Fête de quartier
A Grenoble. 04 76 48 99 58.
L’Union de quartier Berriat/Saint-Bruno/
Europole et les associations organisent
leur fête annuelle. Au programme : videgrenier,
grande tombola et nombreuses
animations. De 9 h à 17 heures Place
Saint-Bruno et rue Marx Dormoy.
Le 22 juin
Pétanque
A Sassenage. 07 86 49 66 75.
44e championnat de France de pétanque
en senior doublettes. Evénement sportif
de haut-niveau, rassemblant les meilleures
équipes nationales. Boulodrome.
>> Les bons goûts de notre terroir
Chaque. mois, découvrez les terroirs de l’ancien Dauphiné. Par Corine Lacrampe.
Le farci d’Enversin d’Oz
Dans les six vallées de l’Oisans, chaque village, voire
chaque hameau, a sa recette de farci. A l’Enversin d’Oz, hameau
de Oz-en-Oisans perché audessus
de la vallée de l’Eau
d’Olle, à proximité de Vaujany,
on sert à la table de
chez Passoud de fameux
farcis au lard et au saucisson
cuit. La patronne tient la recette
de sa mère qui ellemême,
la tenait de sa mère et
ce depuis des générations...
pour le repas du dimanche.
Le farci d’Enversin se prépare avec des pommes de terre de montagne râpées crues,
des œufs, de la crème fraîche, de la mie de pain trempée dans du lait, un peu de farine
pour lier le tout et un beau bouquet d’herbes fraîches de saison émincées (persil, thym,
serpolet, cerfeuil, chou, ciboulette, verdure des côtes de bette, tiges montées des oignons,
épinard, salade, etc...). Bien mélanger les ingrédients, saler et poivrer, façonner
en grosses boulettes que l’on met à bouillir dans l’eau de cuisson avec du saucisson et
du lard. On peut aussi cuire au four ou à la vapeur. Servir avec une salade verte.
> 46 Isère Magazine - juin 2013
© Corine Lacrampe

C’est notre histoire
Photos © R. Juillet, DR
>> Reconstitution
du Dieu Océan.
Qui étaient les Licinius ?
CLONAS-SUR-VARÈZE
■ C’était le 26 août 1996
GRENOBLE
“V
oilà, tailleur, je t’ai
apporté le texte à graver.
Et n’oublie pas
de mettre mon nom.
Après tout, c’est moi le commanditaire
!” Ce matin, Lucius Licinius
Blaesus est venu commander le linteau
qui ornera le mausolée de son
oncle, Publius Licinius Macrinus,
décédé quelques semaines plus tôt.
Comme veut la tradition, l’édifi ce
funéraire a été construit en bordure
de propriété, sur la via Agrippa,
une voie de communication importante
à l’époque qui relie, entre
autres, Lyon à Arles, via Vienne
et Orange. Le tombeau est bien en
vue, afi n d’attester de l’infl uence des
Licinius. Une famille importante à
Vienne, qui possède, dans l’arrièrepays,
une villa rustica, c’est-à-dire
En 1996, une mosaïque de 67 m2 En 1996, une mosaïque de 67 m , d’époque gallo-romaine, est découverte
à Clonas-sur-Varèze, près de Roussillon. Unique en Rhône-Alpes,
elle a permis de dessiner les contours d’un vaste domaine foncier
et de ses riches propriétaires : les Licinius.
Les Licinius de Clonas-sur-Varèze étaient certainement des
■Allobroges romanisés. Soumis par les Romains dès 121 av. J.-C., les
Allobroges ont pu tirer bénéfice de cette situation en prenant le parti du vainqueur
et en devenant les protégés, les adoptés ou les esclaves d’influents
romains. Ils prenaient alors le nom de leur maître. Au Ier >> Enquête
Les Licinius : des Romains ou des Allobroges ?
siècle av. J.-C.,
un personnage du nom de Lucius Licinius Murena, consul, gouverneur et
percepteur en poste dans la région, a sans doute permis à
certains d’entre-eux d’acquérir la citoyenneté romaine et
ainsi de prospérer. Le jeu des alliances a fait le reste. Ainsi,
on sait que le défunt Publius Licinius Macrinus avait, certes,
un neveu mais également une fille : Licinia Macrinula. Elle
un vaste domaine rural de plusieurs les historiens, car le patronyme est
centaines d’hectares, à Clonas- assez courant dans la région. Ils
sur-Varèze. sur-Varèze. Un domaine qui en ont déjà identifi é à Vienne,
approvisionne en denrées
Lyon, Reventin-Vaugris et
alimentaires l’ancienne
Saint-Aupre. En 1992,
capitale des Allo-
les archéologues
broges et ses 30 000
reviennent au vil-
habitants, devenue
lage. Des peintures
colonie romaine
murales, attestant
sous le nom de Colo-
cette fois la présence
nia Julia Viennensis.
d’une demeure, ont
Mais que sait-on de
été découvertes lors
cette famille 18 siècles
de travaux d’aménage-
plus tard ?
La première trace des
Licinius de Clonas-sur-
>> Détail de
la mosaïque.
ments urbains. Des
fouilles de sauvetage
sont conduites puis
Varèze est découverte en 1965, avec l’ensemble est remblayé. Le 22 août
la mise au jour du linteau du défunt
Publius Licinius Macrinus dans un
champ, au lieu-dit Vauvillon. Un
“Licinius de plus” qui n’a pas ému
1996, tout bascule !
était l’épouse de C. Atisius Paullinus, héritier de l’une
des plus riches familles de Vicus Augustum – Aoste,
en Isère –, cité de potiers prospères qui exportaient
leurs mortiers au-delà de la Méditerranée.
Un Dieu sorti
de nulle part !
Alors que l’on fore un puits dans une
propriété du centre-village, apparaissent
les détails d’une mosaïque,
représentant le Dieu Océan, dieu
de toutes les eaux, douces et salées.
Collectivités locales et habitants –
notamment l’association Janus – se
mobilisent pour sauver ce trésor, le
dégager, le restaurer et lui donner la
place qu’il mérite. Une salle d’exposition
est bâtie, avec le soutien fi nancier
du Conseil général, à 30 mètres du
lieu de la découverte pour présenter au
public cette mosaïque de 67,4 m 2 ! Les
spécialistes décryptent ses caractéristiques.
Elle correspond au pavement
de la salle à manger d’une demeure de
10 000 m 2 , conçu à la fi n du II e siècle
par un atelier viennois. “À l’époque,
on ne choisit pas sa décoration par
hasard, explique Jean-Pascal Jospin,
conservateur au Conseil général. Un
palais rural doit refl éter l’identité du
propriétaire. Publius Licinius Macrinus
a certainement choisi les motifs de
la mosaïque en fonction de ses activités
professionnelles. La représentation
du Dieu Océan est, par exemple, assez
courante. Elle symbolise la prospérité
et la fécondité de la mer. Les Licinius
devaient probablement être des gens
tournés vers le négoce, qui vénéraient
ces artères économiques que sont le
Rhône et la Méditerranée.”
D’autres indices, moins courants,
donnent un aperçu plus précis des
attributs de cette famille. Des motifs
représentant un bâton de berger, une
fl ûte de pan (en médaillon) ou encore
la déesse Luna indiquent que leur
domaine était certainement tourné
vers l’élevage. Négociants, éleveurs,
peut-être aussi grossistes en poteries
(voir encadré) constituaient les principaux
métiers des Licinius. Activités
lucratives dont Lucius Licinius
Blaesus hérita à la mort de son oncle.
Ce qui explique le fi nancement du
fameux tombeau et linteau !
Richard Juillet
>> Villa Licinius : 1 rue de
Bourbourey, Clonas-sur-Varèze.
Ouvert du mercredi au dimanche,
de 14 h 30 à 18 h 30.
04 74 84 91 44 ou 04 74 87 72 05.
>47 Isère Magazine - juin 2013
>> La mosaïque
du Dieu Océan se
trouvait dans la salle
à manger, pièce de
réception
à ciel ouvert.
>> Reconstitution
de la demeure
(10 000 m 2 )
des Licinius.