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dossier le ASSISTANTS<br />

d’<strong>Isère</strong> Magazine<br />

▲<br />

Leur métier : offrir réconfort et sécurité<br />

aux enfants en danger<br />

Kevin,<br />

K<br />

six ans, a retrouvé la joie<br />

Kde de vivre. Depuis Depuis huit mois, il<br />

Kvit vit chez Maria et Roger, un<br />

couple avec deux enfants, qui habite<br />

à Meylan dans l’agglomération grenobloise.<br />

Sa maman ne pouvait plus<br />

s’occuper de lui. Quant à son papa, il<br />

a quitté le domicile familial. Kevin a<br />

été confié au Conseil général qui lui<br />

a trouvé une famille d’accueil.<br />

Autrefois, on appelait ces enfants<br />

placés, les enfants de la DDASS.<br />

Aujourd’hui, c’est le Conseil général<br />

qui a la responsabilité d’assurer leur<br />

protection, prenant le relais de l’État.<br />

2 200 enfants âgés de quelques mois<br />

à 21 ans lui sont ainsi confiés, soit à<br />

la demande des parents quand ils sont<br />

dans l’incapacité d’assurer leur éducation,<br />

soit à la suite d’une décision<br />

de justice pour carences éducatives<br />

graves ou mauvais traitements.<br />

“Notre mission est d’offrir un cadre<br />

sécurisant à ces enfants, pour les aider<br />

à s’épanouir et à retrouver un équilibre<br />

avant qu’ils ne retournent dans leur famille”,<br />

explique Brigitte Périllié, viceprésidente<br />

du Conseil général chargée<br />

de la famille et de l’enfance en danger.<br />

500 familles d’accueil<br />

aujourd’hui<br />

Pour quelques mois, un an ou plusieurs<br />

années, les enfants du Conseil<br />

général sont hébergés dans l’un des<br />

>> 2 200 enfants<br />

sont confiés au Conseil<br />

général de l’<strong>Isère</strong>.<br />

36 foyers de l’<strong>Isère</strong> ou accueillis<br />

dans l’une des 500 familles d’accueil<br />

agréées. Emmanuel, 51 ans,<br />

qui habite Chatte, près de Saint-<br />

Marcellin, fait ce métier depuis<br />

20 ans et il a accueilli 23 enfants.<br />

“Certains sont arrivés en urgence<br />

et sont partis au bout de 48 heures.<br />

D’autres sont restés plus de 10 ans<br />

à la maison. À chaque fois, leur histoire<br />

était différente : certains ont<br />

subi des violences, d’autres ont été<br />

laissés de côté par leurs parents. On<br />

leur donne le maximum d’amour<br />

Qui sont les enfants confiés au Conseil général ?<br />

L’an denier, 2 200 enfants âgés de des filles. Trois enfants sur dix ont<br />

quelques mois à 21 ans ont été hé- été placés à la demande de leurs<br />

bergés en familles d’accueil ou en parents confrontés à des diffi-<br />

foyers : 27 % des enfants avaient cultés sociales, familiales ou des<br />

moins de 4 ans, 33 % entre 4 ans problèmes de santé et sept sur dix<br />

et 15 ans et 40 % plus de 15 ans. à la suite d’une décision judiciaire<br />

56 % étaient des garçons et 44 % notamment pour maltraitances :<br />

carences éducatives, violences<br />

physiques, absence de soins,<br />

abus sexuels, dénutrition…<br />

Entre 2011 et 2012, le nombre<br />

d’enfants placés a augmenté de<br />

10 %. Deux explications : l’augmentation<br />

de la précarité amplifie<br />

les problèmes éducatifs et le<br />

repérage des situations d’enfants<br />

en danger est plus efficace grâce<br />

à la Cellule de recueil des informations<br />

préoccupantes mise en<br />

place par le Conseil général.<br />

FAMILIAUX<br />

pour qu’ils puissent se reconstruire<br />

et reprendre confiance en eux, en<br />

sachant qu’ils repartiront un jour.”<br />

D’ici à trois ans, le Conseil général<br />

souhaite recruter 150 familles<br />

supplémentaires qui, comme Emmanuel<br />

accueilleront ces enfants<br />

pour leur donner l’affection dont ils<br />

ont besoin. “Nous recherchons des<br />

hommes et des femmes qui aiment<br />

les enfants, avec de grandes qualités<br />

humaines et qui soient suffisamment<br />

solides, car ces enfants ont souvent<br />

un lourd passé derrière eux”, souligne<br />

Brigitte Périllié.<br />

Assistant familial, c’est un vrai métier,<br />

défini par le Code de l’action<br />

sociale et des familles. La procédure<br />

de recrutement est rigoureuse et une<br />

formation est prévue. Pour épauler<br />

ces familles qui travaillent à domicile,<br />

le Conseil général attache une<br />

grande importance à leur accompagnement<br />

(cf. p.26).<br />

“En recrutant de nouveaux assistants<br />

familiaux, nous voulons<br />

rééquilibrer notre offre d’accueil,<br />

explique Brigitte Périllié. Aujourd’hui,<br />

55 % des enfants sont en<br />

foyers et 45 % chez des familles.<br />

Alors que l’<strong>Isère</strong>, depuis la décentralisation,<br />

a privilégié l’accueil<br />

en établissement, d’autres Départements<br />

ont fait l’inverse. Dans le<br />

Pas-de-Calais, 70 % des enfants<br />

sont placés en famille, 74 % dans<br />

l’Ardèche, 58 % dans la Drôme. Et<br />

des pays comme la Norvège n’ont<br />

plus aucun internat !<br />

Si l’hébergement en foyer a des<br />

avantages – apprentissage de la vie<br />

en collectivité et de l’autonomie,<br />

choix important d’activités… –,<br />

l’accueil familial est plus proche du<br />

modèle parental, très propice au développement<br />

affectif, permettant à<br />

l’enfant de construire sa personnalité.<br />

Assistant familial :<br />

un vrai métier<br />

Le Conseil général, en renforçant<br />

l’accueil familial, veut aussi redonner<br />

aux établissements leur vocation<br />

originelle avec des accueils pour de<br />

courtes périodes. “Or, aujourd’hui,<br />

faute de places en famille, des établissements<br />

hébergent des enfants<br />

durant plusieurs années”, souligne<br />

Brigitte Périllié.<br />

L’autre enjeu est financier. Le<br />

budget du Conseil général consacré<br />

à la protection de l’enfance<br />

augmente de 10 % par an depuis<br />

cinq ans et dépassera les 130 millions<br />

d’euros en 2013. Confronté<br />

à une baisse de ses ressources, le<br />

Conseil général doit aussi rationaliser<br />

ses dépenses. Or le coût<br />

d’un enfant confié à une famille<br />

d’accueil (2 200 euros) est deux<br />

fois moins élevé qu’en établissement<br />

(4 500 euros) !<br />

“Nous engagerons une réflexion<br />

avec les professionnels<br />

de la protection de l’enfance sur<br />

l’évolution nécessaire de notre<br />

politique d’accueil”, souligne<br />

Brigitte Périllié.<br />

> 20 <strong>Isère</strong> Magazine - juin 2013<br />

Annick Berlioz

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