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Vivre mieux santé<br />
L’endométriose,<br />
ce mal méconnu<br />
Mal diagnostiquée, très douloureuse et souvent<br />
cause d’infertilité, l’endométriose touche<br />
pourtant une femme sur dix.<br />
Règles hémorragiques,<br />
douleurs pelviennes intolérables<br />
24 h sur 24,<br />
fatigue extrême, perte de<br />
cheveux… Pendant six ans, Sarah,<br />
habitante de Domène, a dû se<br />
battre contre un mal sans nom qui<br />
a fait de sa vie un calvaire quotidien.<br />
“J’ai vu cinq gynécologues<br />
et deux endoctrinologues :<br />
ne trouvant rien à l’échographie,<br />
ils ont fini par me dire que c’était<br />
psychologique… Au boulot,<br />
je passais pour une tire-au-flanc,<br />
moi qui suis de nature plutôt<br />
battante.”<br />
En 2011, à bout de forces, Sarah<br />
se retrouve aux urgences du CHU<br />
de Grenoble… Après de nouveaux<br />
examens, on l’oriente vers le docteur<br />
Agnès Bourdariat, gynécologue<br />
aujourd’hui retraitée : “Tout<br />
de suite, elle a pensé à l’endométriose…<br />
Une cœlioscopie a confirmé<br />
le diagnostic. Enfin, je savais<br />
ce que j’avais ! Ça m’a soulagée.”<br />
Une femme sur dix serait pourtant<br />
concernée par cette maladie très<br />
répandue mais méconnue car invisible<br />
– les douleurs menstruelles<br />
à tort sont souvent considérées<br />
comme un mal féminin inévitable…<br />
La douleur n’étant pas<br />
forcément proportionnelle à l’importance<br />
des lésions provoquées<br />
par la maladie, l’endométriose<br />
est souvent révélée lors d’une recherche<br />
de fertilité (environ 50 %<br />
des patientes).<br />
La pathologie a été décrite dès<br />
1860 mais ses origines restent<br />
mystérieuses, la recherche<br />
l’ayant longtemps délaissée. Son<br />
nom vient de l’endomètre - la<br />
muqueuse tapissant l’utérus, où<br />
l’œuf vient s’implanter en cas de<br />
grossesse. Ces fins tissus, au lieu<br />
d’être évacués normalement lors<br />
des règles, se mettent à proliférer<br />
dans l’organisme, provoquant<br />
des kystes ou des inflammations<br />
sur les parois de l’abdomen, des<br />
ovaires et de l’appareil génital<br />
mais aussi du côlon, de la vessie…<br />
voire les reins ou même, les<br />
poumons !<br />
6 à 9 ans<br />
pour un diagnostic<br />
“Il faut en moyenne six à neuf<br />
ans pour diagnostiquer une endométriose.<br />
Ce qui laisse le temps<br />
aux lésions de se développer”,<br />
explique Cécile Réal, co-fondatrice<br />
iséroise d’Endiodiag – une<br />
jeune start-up visant à développer<br />
des outils pour faciliter son<br />
dépistage.<br />
Actuellement, la cœlioscopie,<br />
un acte chirurgical pratiqué sous<br />
anesthésie générale qui permet<br />
de sonder l’abdomen en profon-<br />
deur, est le seul moyen fiable<br />
de la déceler. La chirurgie est<br />
aussi quasi le seul traitement à<br />
un stade avancé – la maladie est<br />
évolutive et récidivante.<br />
Depuis peu, des associations de<br />
patientes (voir encadré) se mobilisent<br />
partout en France pour<br />
faire mieux connaître l’endométriose<br />
des médecins et des autorités<br />
– n’étant pas répertoriée<br />
par la Sécurité sociale parmi les<br />
30 maladies de longue durée,<br />
elle est mal prise en charge. La<br />
recherche scientifique avance<br />
enfin et devrait aboutir d’ici à<br />
quatre ans sur des traitements<br />
plus efficaces. L’enjeu est sociétal<br />
autant que financier : une<br />
étude américaine récente estime<br />
le coût sociétal à 49,6 milliards<br />
de dollars par an… « Surtout,<br />
il faut en finir avec les idées reçues<br />
: souffrir pendant les règles<br />
n’est pas une fatalité ! » rappelle<br />
Kathy Chamousset, présidente<br />
de l’association “Ensemble<br />
contre l’endométriose ”<br />
Véronique Granger<br />
>17 <strong>Isère</strong> Magazine - juin 2013<br />
Photos © M. Giraud<br />
>> Aujourd’hui, après<br />
avoir enduré des années<br />
de souffrance et plusieurs<br />
opérations, Sarah a retrouvé<br />
une vie “normale”.<br />
>> En savoir plus<br />
Une association<br />
de patientes<br />
Katy Chamousset,habitante<br />
de Saint-<br />
Bueil près<br />
de Pont-de-<br />
Beauvoisin, a<br />
créé il y a deux<br />
ans l’association<br />
Ensemble<br />
contre l’endométriose<br />
pour<br />
informer sur<br />
la maladie.<br />
Elle regroupe<br />
aujourd’hui une cinquantaine de<br />
patientes dans toute la France.<br />
Articles, forums sur Internet, elle<br />
donne de précieux conseils sur<br />
son site et diffuse une brochure<br />
d’informations sur les lieux recevant<br />
des femmes.<br />
>> www.ensemblecontrelendometriose.fr,<br />
ece.association@yahoo.com