elerle - Bibliothèque de Toulouse
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Tm, Jr s mi mi., cc Picole notraM<br />
(flen, did9A <strong>de</strong> Mme Lucien Herr.)<br />
JAURÈS<br />
ETAR PAIX<br />
par Paul FAURE<br />
tLitt S'es pires adversaires ont bien voulu reconnaître que<br />
Blum, durant toute une année où /es risques <strong>de</strong> guerre<br />
s'amoncelaient, avait avec acharnement« défendu la paix.<br />
MLéon<br />
Nous, qui avons vécu tout près <strong>de</strong> lui, savons Piranaensité<br />
<strong>de</strong> ses efforts, sa clairvoyance et son courage...<br />
filais c'est <strong>de</strong> Jaurès que je dois parler. Je ne l'oublie pas.<br />
On nie pardonnera d'avoir un instant confondu les drus hommes,<br />
qui dans <strong>de</strong>s postes différents, dans <strong>de</strong>s circonstances différentes,<br />
mais <strong>de</strong>vant le même péril ont d'une même âme poursuivi le<br />
mémo <strong>de</strong>ssein arrêter l'Europe sur la route <strong>de</strong> la guerre, sauver<br />
l'humanité et /a civilisation, 000<br />
_ L'attentat <strong>de</strong> Sarajevo avait eu lieu dans les <strong>de</strong>rniers joua dl]<br />
11<strong>de</strong> <strong>de</strong> juin 1914.<br />
Pendant la première quinzaine <strong>de</strong> juillet, Jaurès suivit avec<br />
un intérêt passionné et une anxiété croissante les agissements <strong>de</strong>s<br />
diplomaties et les conséquences du drame,<br />
Il analysa les documents, commenta les événements, dénonça,<br />
menaça, conseilla.<br />
/1 n'eut pas un jour <strong>de</strong> répit, pas une heure <strong>de</strong> défaillance.<br />
000<br />
^Le 24 juillet, il, lança <strong>de</strong> prophétiques avertissements<br />
« Partout la révolution est b fleur <strong>de</strong> terre. Bien<br />
!JEAN «LAURE<br />
ginaerm gamilahedi<br />
UELQUES années avant la<br />
guerre, jilisi, osas, le<br />
mois <strong>de</strong> septembre à Pmtail/ac,<br />
jolie natio:, <strong>de</strong> bains<br />
<strong>de</strong> mer, prés <strong>de</strong> Royan, sur restuMre<br />
<strong>de</strong> la G Un peu uns priron<strong>de</strong>. mon arrivée,<br />
j. eus la gran<strong>de</strong> joie d'y mir venir<br />
j .141 C'était la première fon, <strong>de</strong>puis<br />
mid n'était plue professeur, qu'il pouvait<br />
prendre quelques vacances. Use<br />
loge, non pas à PontaDac même, mais<br />
dans une localité mute nimbé, dont j'ai<br />
oublié le nom. 110 habitait une très mo<strong>de</strong>ste<br />
pethe villa.<br />
On pensé si rai joui émeus heureuse<br />
rencontre. Nom nous voyions à peu<br />
près tour les jours, et nom 9r9me-<br />
Mons n ensemble, comme t disait. A<br />
nards <strong>de</strong> la mi-septembre, /a foule <strong>de</strong>s<br />
baignes,s se raréfie, le pays <strong>de</strong>vient<br />
tout à fait tranquille. D'ailleurs, on respectait<br />
le repos <strong>de</strong> Jaurès. je me rappelle<br />
qu'un jour je fus abordé Par m<br />
monsieur que je ne connaissais pas. Il<br />
8:excusa, et me dit: a Je ne sais pas si<br />
j exagère (sic): est-ce que ce n'est pas<br />
M. Jaurès qui étalt avec vous ?<br />
Sou,ent, quand il faisait beau, nous<br />
prenions un petit tramway à vapeur<br />
qui <strong>de</strong>swrvait les stations balnéaires, et<br />
dont le terminus était une ,male plage<br />
<strong>de</strong> sable, à peu près déserte, appelée la<br />
Gran<strong>de</strong> Côte. Nous y avons passé <strong>de</strong>.s<br />
heure, qui nous paraissaient courtes, à<br />
Cament, en causant, à admirer les vagars<br />
puissantes qui accouraient du large<br />
à certains jours, et l'incomparable mectac/e<br />
<strong>de</strong>s couchers <strong>de</strong> soleil sur l'Océan.<br />
Dès son enfance, Jaurès avait été un<br />
fervent amoureux <strong>de</strong> la nature. 11 avait<br />
grandi à la,hampagne, aux environs<br />
d'Albi: il s'y sentait plus Am lui qu'à<br />
la ville où sa <strong>de</strong>stinée le faisait Mne.<br />
La beauté du ciel et <strong>de</strong> la mer le tom<br />
duit profondément: sa frakheur d'impression<br />
était restée entière.<br />
Jeee saurais donner, en peu <strong>de</strong> mots.<br />
une idée <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong> sa conversation.<br />
On sait que sa mémoire était<br />
prodigieuse. Son imagination n'était pas<br />
moins fertile, sa tacon d'emrimer sa pensée<br />
et ms émotions simple, naturelle et<br />
pleine d'imprévu. Il avait tant lu, tant<br />
observé et tent retenu I Tout absorbé<br />
qu'il ,..fte p.- mn action polidque, par<br />
sa ren,.idn'iur les principes du so<strong>de</strong>m:m..94<br />
concevait à la fois comme<br />
Wei/sensuel et français, comme<br />
,, Scientifique et humain n'y siesiti<br />
selon lui, aucune contradiction), il sri.'<br />
anuairg stase dans grand,<br />
esprits du -tata les temps. Il le faisait à<br />
Paris,,,X44/u),, f orte raison piofitait-il<br />
0000 0010 <strong>de</strong> ce moment <strong>de</strong> rée dam<br />
une pmeibk retraite. Il y ievenait une<br />
fois <strong>de</strong> plus aux chefs-d'oeuvre <strong>de</strong> rastiquité<br />
qui avaient enchanté sa jeunes°.<br />
Plus d'une fois, m venant le prendre<br />
trame, qui m'ont mis en SOUVENIRS<br />
Souvenirs <strong>de</strong> LÉVY-BRUHL<br />
pour sortir ,avec lui, je lui trouvé plongé<br />
dans sois Homère. Un amie Wr, à<br />
était dote l'en:bob:damne m heant les<br />
choeurs d'une tragédie d'Eschyle. Il<br />
m'el, traduisit un passage, et me fit sentir<br />
le sublime surhumain <strong>de</strong> certrines ex-<br />
Pressions. Je le savais très bon hellénir<br />
te: pomtant il me paraissait presque incroyable<br />
qu'il pût mini, à livre ouvert,<br />
se rendre maitre <strong>de</strong> textes u cliffidles.<br />
Pue <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières photos <strong>de</strong> Jaurès.<br />
Mais je compris tout <strong>de</strong> su<strong>de</strong> qu'ils ne<br />
l'étaient pas pour hm ils lui étaient familiers.<br />
Il s'en était nourri, il en avait astimile<br />
la précieuse substance. Il ervait<br />
nies amc Eschyle comme avee Hugo.<br />
Un <strong>de</strong>mier souvenir. James interrompit<br />
ms comtes Immisce Pend., <strong>de</strong>as<br />
kri,%511 1e,1"..,°,°?,MtZ-tdo2t7;<br />
déci<strong>de</strong>r le succès, Je le dois encore né,<br />
sant bre bien que mal sa vahse Pour ce<br />
petit voyage. Il accepta aussi <strong>de</strong> prendre<br />
part à une réunion du groupe enelc<br />
Royan. Inutile <strong>de</strong> dire qu'il<br />
y fut lui-même, et que sa parole éloquente<br />
alla au coeur <strong>de</strong> tous ceux qui,<br />
ce soir-là, eurent k privilège <strong>de</strong> rentendre<br />
A LA VEILLE<br />
DE LA GUERRE<br />
* * *<br />
par BRACKE<br />
QUA TS D'HEUIU/<br />
(A.-M. DESROUSSEAUX) A VE C J'A s'<br />
* * *<br />
me revois, dans cette belle fin <strong>de</strong> journée d'un coup au fond d'un tour d'esprit poétique<br />
d'été, côte à côte avec lui, sortant <strong>de</strong> la Cham- comme il enrichissait <strong>de</strong> son propre rythme intel-<br />
JEbre<br />
et l'accompagnant s un bout » comme il lectuel le mouvement <strong>de</strong> rencontres et <strong>de</strong> parallé-<br />
disait, en réalité presque jusque chez lui, rue <strong>de</strong> hymen qui constitue le a poétique a<br />
la Tour, à Passy. Il aimait ainsi marcher après le Nous entrions au jardin du Trocadéro quand<br />
travail parlementaire. C'était aussi mon goût, il me récitait, à l'appui <strong>de</strong> la thèse n la sponta-<br />
mais plus encore <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong>s occasions où l'on néité fait la profon<strong>de</strong>ur », <strong>de</strong>s tira<strong>de</strong>s <strong>de</strong> a Phè-<br />
pouvait avec lui a causer n <strong>de</strong> tout et <strong>de</strong> rien. dre o. Je n'oublierai jamais ses yeux illuminés et<br />
Les bonheurs d'expression, les trouvailles subites son sourire lorsque je lui citai <strong>de</strong>s s coups a <strong>de</strong><br />
étaient les mêmes, avec quelque chose <strong>de</strong> plus sublime chez un poète fragmentaire tel que<br />
riant'et <strong>de</strong> plus libre encore, dans la conversation Pierre Dupont. Il recevait comme une commotion<br />
<strong>de</strong> Jaurès que dans sa parole publique. Là on le à entendre :<br />
sentait à la fois grand 01 1000 près <strong>de</strong> soi. N'irnporte<br />
quel germe fleurissait, fructifiait, suscitait<br />
eieNnlevaoidreiatroirleoprassisel'a France I<br />
d'autres éclosions d'idées.<br />
a Il faut que je m'assoie si, dit-il. Nous nous<br />
Nous voilà le long <strong>de</strong> la Seine luisante <strong>de</strong> soleil<br />
déjà oblique. Quel jour était-ce ? Je ne sais.<br />
assîmes <strong>de</strong>ux minutes, toujours allant d'amour-<br />
Certainement avant Sarajevo et la pério<strong>de</strong> où<br />
d'hui à l'antique.<br />
s'allumait la guerre. Au début <strong>de</strong> juillet 19114,<br />
La politique revint. Un tour d'Europe d'abord<br />
sans doute. Ce sont ces semaines <strong>de</strong> frémissement<br />
qui m'a fait à jamais oublier par où nous passâmes.<br />
continu et <strong>de</strong> souffle sur les espoirs <strong>de</strong> paix à Puis une revue <strong>de</strong>s années précé<strong>de</strong>ntes<br />
gar<strong>de</strong>r. c'est le' crime <strong>de</strong> Villain qui ont, à cet jusqu'au Congrès d'Amiens, où nous nous étions<br />
entretien sans sujet ni caractère précis, imprimé trouvés si proches. Sans grand débat, nous nous<br />
dans ma mémoire un relief permanent. souvenions ensemble <strong>de</strong> ce qu'avait été, <strong>de</strong> ce<br />
D'une suite impossible à renouer, où <strong>de</strong>s trous qu'avait donné l'ébullition dans le Parti et dans<br />
restent, quelques motifs me remettent avec lui, In prolétariat en général au sujet du s ministé-<br />
marchant, arrêtés, comme il arrive pour parler rialisme a et <strong>de</strong> la participation. J'ai sous les<br />
plus posément ou plus vivement, et s'attachent yeux sa figure quand il me fit une confi<strong>de</strong>nce<br />
sur la route à un cadre déterminé.<br />
encore, je crois, ignorée <strong>de</strong> beaucoup, Il avait le<br />
Il rue contait, en prenant le Cours la Reine, dos appuyé contre une grille <strong>de</strong> l'avenue Henriqu'il<br />
était en train <strong>de</strong> lire la correspondance <strong>de</strong> Martin. Je retrouve l'endroit, qui n'est pas loin <strong>de</strong><br />
Marx et Engels. Deux choses l'avaient frappa sa rue. Lorsque Gaston Doumergue avait formé<br />
L'une, d'admiration r l'espèce <strong>de</strong> ferveur avec la-<br />
son ministère, il n'y avait pas longtemps, Jaurès<br />
quelle ils étaient à l'affût <strong>de</strong> toute gran<strong>de</strong> décou- avait reçu <strong>de</strong> lui l'offre d'y entrer avec gran<strong>de</strong><br />
verte <strong>de</strong> la science; l'autre d'un peu <strong>de</strong> surprise, liberté Son refus ne lui coûtait pas, non sete<br />
à quel point ces internationaux restaient Aile- lernent parce que l'entrée au ministère n'eût pas<br />
mands. Il m'accorda, quand je lui contai ma vi- été comprise du Parti, mais parce qu'il percevait<br />
site <strong>de</strong> 1891 à Engels, que ce s Deutschturn tout l'ébranlement fâcheux que la classe ou-<br />
loin <strong>de</strong> les lier au prussianisme et au pangerrn. vrière en ressentirait alors. J'admirai non le a dés-<br />
tem, les en éloignait autant que possible. Comintéressement n ou le manque d'ambition per.<br />
ment fûmes-nous amenés à parler poésie française nlle car c'était laurés et je le connaissais<br />
et'à nous citer <strong>de</strong>s vers? J'ai oublié. Mais, che- mais la pénétration <strong>de</strong> son intelligence et, plus<br />
minant le long '<strong>de</strong>s quais,, ilagi., isensible à toain que tout1"1,don entier <strong>de</strong> sa pessonnei et <strong>de</strong> se<br />
beau spectac/e naturel, Aier4 Mon attention sur vie, à Paygrar incarné dans la MairElie<br />
un aspect du flou-99'C <strong>de</strong> -son paysage. Puis lui !Mme. 11' rentrait. Nous nous quittâmes.<br />
sont revenus <strong>de</strong>s vers magnifiques <strong>de</strong> Victor Je le sais, peu <strong>de</strong> chose apparait dans Ce sou-<br />
Flt.e. Toujours est-il que, sautant d'une époque venir décousu, rapi<strong>de</strong>ment évoqué. Peut-être,<br />
ou d'une mo<strong>de</strong> à l'autre, jean Moréas, La Fontai- en cet annivetsaire, y sera-t-il resté un peu <strong>de</strong><br />
ne, Mallarmé et Racine furent l'occasion entre l'effusion <strong>de</strong> cceur dont il m'avait fait jouir<br />
nous d'un assaut <strong>de</strong> mémoire. Comme é entrait sans effort.<br />
impru<strong>de</strong>nt serait le Tsar s'il déchaînait ou laissait déchaîner une<br />
guerre européenne ! Bien impru<strong>de</strong>nte aussi serait la monarchie<br />
austro-hongroise si, cédant aux aveugles fureurs <strong>de</strong> son parti clérical<br />
et militaire, elle créait entre elle et la Serbie <strong>de</strong> l'irréparable I...<br />
Sous tous les régimes <strong>de</strong>, compressHn et <strong>de</strong> privilège, le sol est<br />
miné, et si la commotion <strong>de</strong> la guerre se produit, il y aura bien<br />
<strong>de</strong>s effondrements et <strong>de</strong>s écroulements. »<br />
000<br />
Le 25 juillet, il se saisit <strong>de</strong> la note comminatoire <strong>de</strong> l'Autriche<br />
à le aetlie<br />
Il n'éleva contre s le plus terrible <strong>de</strong>s conflits, le plus absur<strong>de</strong><br />
et le plus scélérat, a<br />
Il s'attacha, il se cramponna te te qu'il appelait la « suprême<br />
chance <strong>de</strong> pan. a<br />
Le même jour, <strong>de</strong> Lyon, il télégraphia son article du 26 juillet.<br />
Il « attend du gouxernement français qu'il fasse le plus grand<br />
effort pour le maintien <strong>de</strong> la paix...<br />
000<br />
27, Il suggéra <strong>de</strong>s démarches nécessaires à Pétersbourg et<br />
à Vienne pour que pression fut faite par la France et l'Angleterre<br />
d'une part et par l'Allemagne d'autre part.<br />
0,00<br />
Le 28, il s'inquiétait <strong>de</strong> plus en plus et fbortemit l'obscurité<br />
<strong>de</strong> la diplomatie européenne.<br />
« 'Sinistres incertitu<strong>de</strong>s e s'écriait-il.<br />
000<br />
Le 29, l'Autriche, venait <strong>de</strong> déclarer la guerre à la Serbie. Il<br />
fallait à tout prix limiter le conflit. Jaurès dénonça le danger allemand,<br />
le danger russe.<br />
000<br />
Le 30t il se tourna vers les peuples et les prolétariats. Il<br />
évoqua le prochain congrès internationa/ qu'il axait la charge<br />
d'ongauiSer.:11Yee Jules Gues<strong>de</strong>, avec Vaillant.<br />
Le <strong>de</strong>voir redouble pour noue tous d'utiliser ces jours ou<br />
ces heures <strong>de</strong> répit pour 'dénoncer le crime, pour affirmer la solidarité<br />
<strong>de</strong>s 'Prèle/ait. " <strong>de</strong> tous les pays contre l'abominable<br />
menace. a<br />
000<br />
tan--21,-te géant était toujours <strong>de</strong>bout à son poste pour le plus<br />
grand <strong>de</strong>s,combats.<br />
« Le péril est grand, mals Il n'est pas invincible si nous gardons<br />
la clarté <strong>de</strong> l'esprit, la fermeté du, vouloir, si nous savons<br />
aVoir à la fors Cheroisme <strong>de</strong> la patience et Phéroisme <strong>de</strong> l'action.<br />
La MM nette du <strong>de</strong>voir nous donnera la terne <strong>de</strong> le remplir.<br />
^Sublimes propos et t.tament magnifique !<br />
Mais toujours il m'est apparu comine<br />
une perrvnruilité aussi attrayante'<br />
qu'imposante. fan amabilité, son optimisme<br />
imperturbablement allègre,<br />
son dévouement à la cause, oh rien<br />
n'entrait d'intérêt personnel, le rendaient<br />
forcément <strong>de</strong>s phis sympathiques<br />
à ohaoun <strong>de</strong> nous, <strong>de</strong> quelque<br />
coté qu'il so plaçat. Mais, à /a vérité,<br />
ce qui faisait plus d'impression en-<br />
°Ore, c'était son énergie, sa force <strong>de</strong><br />
volonté, et surtout son savoir énorme<br />
et sa profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Pensée.<br />
Alis autre trait, av., Mut cela<br />
m'imposait encore, davantage e sa<br />
puissance boute <strong>de</strong> travail. te l'ab<br />
par exemple, particulièrement script<br />
b l'époque oh, chef déjà <strong>de</strong> son<br />
Parti et directeur d'un journal quotidien,<br />
il trouvait encore le moyen<br />
<strong>de</strong> produire son Histoire <strong>de</strong> la «évolution<br />
français., comme gigantesque<br />
do rima mille pages, établie sur <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s profondément fouillées.<br />
J'attendais ce livre avec beaucnap<br />
<strong>de</strong> scepticisme, ne fût-ce ,IrCh cause<br />
<strong>de</strong> la conception qu'avait Jaurès <strong>de</strong><br />
l'histoire, et que je ne partageais<br />
pas. L'impression qu'il fil sur moi,<br />
lorsqu'il parut, n'en fut que plue profon<strong>de</strong><br />
par la quantité <strong>de</strong> vues neuves<br />
qu'il apportait.<br />
J'en appréciai d'autant plus haut<br />
nomme qui créait cette couvre magnifique.<br />
Il s'y montrait aussi grand<br />
comme chercheur qu'il tétait dans<br />
son action publique comme lutteur.<br />
11 était <strong>de</strong> ce hommes rares qui<br />
brillent aussi bien comme écrivains<br />
que comme orateurs. Mais eon don<br />
oratoire simpassalt enoore son talent<br />
d'écrire. Il a êté un <strong>de</strong>s orateurs<br />
les plue puissants <strong>de</strong> tous les temps.<br />
Et le souffle oratOlce Pemed site<br />
ses écrits. Mort ami Van<strong>de</strong>rvel<strong>de</strong>,<br />
datig un remarquable article sur<br />
l'Histoire do la lievelution française<br />
<strong>de</strong> Jauni, a dit aviso raison que<br />
c'était s un discours <strong>de</strong> .ProlmrtiOne<br />
geenutrragnrplis encore qen es façon<br />
d'êerire ri,ieteird, la façon gent<br />
faisait l'histoire, finit par me forcer<br />
au plue haut <strong>de</strong>gré d'admiration, ce<br />
dépit <strong>de</strong> divergences très eux., em<br />
seilleMent <strong>de</strong> tamile, mais aussi ee<br />
taetique, qui par moments nous séparèrent.<br />
Ce qu'il Y Out peut-Ore en lut<br />
Idéine après vingt-trols ans l'émotion m'étreint et ma main<br />
tremble au moment <strong>de</strong>, tourner /a page. <strong>de</strong> t'oie ce que je 'ces<br />
y trouver.<br />
Io* août. Lx journal du Parti paraît encadré <strong>de</strong> noir avec la<br />
manchette Bilieuse e s JrillreS assassiné e.<br />
L'homme est touchée la- gran<strong>de</strong> voix s'est tue b jamais,<br />
<strong>de</strong><br />
E sont les .casions les p1us<br />
rés ôtant du côté <strong>de</strong> Millerand, it<br />
diverses, souvent même con- me fallut le combattre, a rnon geint<br />
Encore en 1904, au Conoms<br />
rapport av. Jaurès, d'abord<br />
iregret. nterriatio. d'Arneterdam, nous<br />
en ami, et puis en adversaire.<br />
<strong>de</strong> Karl Kau<br />
°romaines le1 fer. Ce fut la <strong>de</strong>m.,<br />
s<br />
fois. La majorité du Congres adopta<br />
une résolution que Jaurès combattes<br />
Al'intrté.:".:t Pi.e..-,1,22,,Titt??,. :<br />
se soume re a re'se on e el internationale.<br />
Il amena son Part a<br />
sortir <strong>de</strong> ta coalition pour rendre<br />
possible la réunion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ail<br />
pu fame autant pour cela que tau- lement le Congrès international. Il <strong>de</strong> voir Hait non seulement juste, Rien ne l'y forçait, si se Mest :a<br />
res. était censé <strong>de</strong>voir régler la querelle: mais suereptibte <strong>de</strong> maintenir l'unité constatation que l'unification eh .<br />
Au moment du Congrès interna- La commission du Congrès me char. <strong>de</strong>s camara<strong>de</strong>s français. En cela, je partis <strong>de</strong> la démocratie socialiste<br />
tional do Paris, eh blé, nous nous gea <strong>de</strong> rédiger à ce sujet une réso- me trompais. Jaunis accepta ma était pour eux une nécessité vitale. fi<br />
rapprocha/1mo beaucoup. Le parti lution. J'avala été contre. l'entrée résolution, qui le satisfaisait beim- A cette idée il subordonna sa con-<br />
<strong>de</strong> Millerand dans le ministère, mata coup, tandis qu'au contraire, mes ception personnelle.<br />
TleP elt<strong>de</strong>rnSe'n'aSéfeCla(lreSe'rlerc?él, les je ne pus me déci<strong>de</strong>r h prononcer amis <strong>de</strong> France plus proches, Jutes<br />
velte. La babille PdUr 01 00000e alors pour toujours une interdiction Gues<strong>de</strong>, Lafargue, "0111001, 10 mPous- Cela lui gagna le coeur <strong>de</strong>s socia-<br />
nisrn d, Eterinsteurann<strong>de</strong>choanugfja absolue <strong>de</strong> toute participation à un aèrent. Au Pormres national t'armais listes <strong>de</strong> toutes ber tendances en tous<br />
gouvernement <strong>de</strong> Coalition. Ma rem-- oui suivit le Congrès internationat, pays. Il fut dès lors considéré dans<br />
ioe;;Iseronnos' un autreinsuel ceSeqnsion t Penlu-lion n écartait done pas abe010- II y oui<br />
l'internationale comme Ie portetrée<br />
<strong>de</strong> Millerand dans te cabinet Ment une participation do ce genre, Il s'agit MOTS pour mOi Cie prenparole incontesté do socialisme from-<br />
Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau. Cela menaçait mais seulement soue putain. condre parti. Gest l'opposition h Milletais, écouté du mon<strong>de</strong> entier.<br />
<strong>de</strong> détruire l'unité. On attendait sou- dittons. t'espérais que cette manière rand qui fui pour moi décisivs tan- Il Prit rang, grace b son action<br />
unificatrice dans le grou,pe <strong>de</strong>s rimitleurs<br />
<strong>de</strong> nos gui<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> ceux qui<br />
marchaient avec le Mus d'heureux<br />
résultats en tête <strong>de</strong> nos camara<strong>de</strong>s,<br />
à commencer par Marx dans la Première<br />
Internationale, ob d sut longtemps<br />
refenir ensemi<strong>de</strong><br />
nions, social-démocrates, socialistes<br />
cbdraux, fusqu'à Bebel et Liebknecht,<br />
Victor Adler, Van<strong>de</strong>rvel<strong>de</strong>, peur im<br />
c'était un besoin, dans tous les Iran<br />
Ois tu Parti, d'intervenir, sans re8<br />
noricer k maintenir leur propre Point<br />
<strong>de</strong> vue, dans le seve <strong>de</strong> la concillataon<br />
et <strong>de</strong> la médiation b la différence<br />
<strong>de</strong> Lénine, qui fut toujours99 ,<br />
riment diviseur. Auel<br />
mais compris la gran<strong>de</strong>ur do taure.<br />
La <strong>de</strong>rnière fois que yal un laurés<br />
j'étais délégué <strong>de</strong> la social-démocratie<br />
alleman<strong>de</strong> b la Conférence internationale<br />
<strong>de</strong> II/mail/h/et du 28 au 111x11'<br />
let 19t4. Déjà menaeait 10 cOrcIr<br />
mendiale, mais, done son optimisme,<br />
inébranlable, Jaurès gardait' encore<br />
l'espérance d'écarter le conflit. Le<br />
pire n'ôtait pas encore arrivé ,011<br />
noue était enlevé par la main d'un<br />
idiot abruti do nationalisme, Par 90<br />
ai/Paquet politique qui, en France,<br />
.<br />
I mata Isolé, lin revanche, celte malibre<br />
<strong>de</strong> combattre les adversaires<br />
<strong>de</strong>Valls en Allemagne, pour<br />
la plus gran<strong>de</strong> gloire <strong>de</strong> la nation,<br />
<strong>de</strong>venir aprês la guerre un système<br />
si%<br />
plus grand et <strong>de</strong> plus fécond, l'est<br />
qui n'a pu être aboli ot, 291 g 0101<br />
Cid<strong>de</strong> qui l'anima <strong>de</strong> bonne heure<br />
pur vêture.<br />
enlever nux organisations du secta-<br />
était un précurseur <strong>de</strong>s<br />
risme démocratique tout caraotere<br />
ban<strong>de</strong>s hitleriennes.<br />
<strong>de</strong> sono, les fere en un Poissant<br />
Jaurès noue a Obi cnievd à l'heure .<br />
parti unique. L'urgente néceSsIté <strong>de</strong><br />
oh le socialisme franea, of] la na-<br />
cepa Melon, presque tous les avrils-<br />
id..o dr./Mise, ott le mon<strong>de</strong> avait le<br />
/Mt., <strong>de</strong> Fraime 1,,,nt profondément<br />
mus besoin <strong>de</strong> lut. Si nus Ont esPri,<br />
sentie dam ler dix <strong>de</strong>rnières minece<br />
du sieste précé<strong>de</strong>nt et les dix prelant<br />
à BelM, en 1907. On voit, assis à gauche,<br />
<strong>de</strong>meure vivant. lie porte-draPfou<br />
le vétéran du socialisme international,<br />
mières <strong>de</strong> celui-ci. Mais aucun n'eût<br />
Kautsky et Paul Singer, décédé<br />
Karl .t tombé, mais le drapeau est loc-<br />
en 1911,<br />
jours là porté <strong>de</strong>vant nous; il est at<br />
bonnes /naine.<br />
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