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ENTRETIEN<br />
<strong>Istres</strong> Mag : Comment t’est venue<br />
cette passion ?<br />
Sofiane : “J’ai toujours été attiré par<br />
les taureaux pour ce qu’ils représentent,<br />
la puissance, la fougue, leur côté<br />
majestueux et combatif. J’ai eu l’opportunité<br />
de faire un stage d’initiation<br />
avec Bernard Carbuccia “Marsella”, à<br />
l’âge de 15 ans.<br />
J’ai tout de suite accroché. À la suite du<br />
stage Bernard m’a permis d’aller faire<br />
une course (Capéa) en Arles, et là c’est<br />
le déclic, je sens à ce moment-là que je<br />
ne pourrai plus m’en défaire. Toujours<br />
sur les conseils de Bernard je m’inscris à<br />
l’école taurine d’Arles pour suivre des<br />
entraînements le mercredi et le samedi.<br />
Parallèlement à ça j’ai l’honneur de travailler,<br />
quand le temps me le permet<br />
pour l’élevage Fano. Cela me donne la<br />
possibilité d’approcher encore les taureaux<br />
afin de mieux les connaître. Je<br />
monte à cheval et j’aide à les trier, c’està-dire<br />
à en isoler certains du troupeau ,<br />
ceux qui ont été choisis pour les besoins<br />
d’une course taurine par exemple”.<br />
I.M : Peux-tu nous en dire plus<br />
sur ton parcours depuis tes débuts ?<br />
Sofiane : “Quelques mois après mes<br />
Morenito [d’<strong>Istres</strong>]<br />
talent & passion<br />
Du haut de ses 17 ans, Sofiane Benaroussi, dit “Morenito d’<strong>Istres</strong>” fait son petit bonhomme de chemin dans le<br />
milieu Taurin. Alors que la plupart des jeunes de son âge parlent de foot, de tennis ou de basket, lui préfère le<br />
sable et l’ambiance des arènes. Portrait d’un jeune passionné…<br />
premiers pas dans le milieu taurin, j’ai<br />
traversé une mauvaise période d’une<br />
année, avec des difficultés pour me<br />
rendre aux entraînements, d’où un<br />
manque de réussite. Mais tout a fini par<br />
se remettre en place, ma motivation est<br />
devenue encore plus forte qu’avant. Je<br />
rencontre depuis quelque temps, plus<br />
de réussite. Après avoir remporté le<br />
concours international de Fontvieille,<br />
j’ai obtenu une qualification à Uzès,<br />
puis les courses se sont succèdé à<br />
Châteaurenard, Saint-Etienne du Grès<br />
et enfin à Gimeaux le 17 juin dernier”.<br />
I.M : Depuis 3 ans que tu évolues<br />
dans le milieu taurin, quel est ton<br />
plus beau souvenir ?<br />
Sofiane : “Difficile de n’en retenir<br />
qu’un seul quand tous ont été intenses,<br />
mais il y en a un tout récent qui marque<br />
un palier dans mon apprentissage. Il<br />
s’agit du dernier en date justement à<br />
Gimeaux, j’ai coupé “deux oreilles”<br />
pour la première fois. Malgré un bon<br />
entourage qui a fait en sorte de me<br />
persuader que tout allait bien se passer,<br />
la peur de mal faire était là, jusqu’à<br />
l’entrée dans l’arène. Ce fut un<br />
moment énorme, mélange d’adrénaline<br />
et d’appréhension”.<br />
I.M : Quelles sont les difficultés<br />
que tu rencontres ou que<br />
tu as rencontrées ?<br />
Sofiane : “Ce que je<br />
trouve le plus<br />
[im] P.21<br />
OCTOBRE 2005<br />
difficile c’est de concilier ma passion<br />
avec mes études, je ne peux pas me<br />
permettre de gâcher ma scolarité et je<br />
n’ai surtout pas envie de diminuer mes<br />
entraînements non plus. Ce n’est pas<br />
toujours évident, il faut arriver à jongler.<br />
Sinon sans parler de difficultés j’ai<br />
eu du mal à me faire à l’idée que l’on<br />
progresse très souvent par palier.<br />
Cela donne parfois l’impression de<br />
stagner mais aujourd’hui j’ai compris<br />
que chaque palier est une étape qu’il<br />
ne faut pas brûle. Il faut savoir être<br />
patient et rester concentré”.<br />
I.M : Quelle est ta plus grosse<br />
crainte ?<br />
Sofiane : “C’est très certainement<br />
celle qui est commune à tous, c’est la<br />
peur de recevoir un mauvais coup et de<br />
ne plus pouvoir toréer, c’est un risque<br />
de chaque instant lorsque vous avez un<br />
taureau en face de vous, la moindre<br />
erreur, le moindre faux pas, peut se<br />
payer très cher et peut marquer la fin<br />
d’une carrière”.<br />
I.M : Ton plus grand rêve ?<br />
Sofiane : “Sans hésiter, c’est de devenir<br />
un jour matador de taureaux, j’adore<br />
l’atmosphère et la solennité qui<br />
règne dans l’arène, le prestige et l’honneur<br />
de porter le costume de lumière<br />
et la fierté d’offrir du beau spectacle<br />
aux amateurs de corrida.<br />
La sensation est unique quand on lit<br />
dans le regard du spectateur ou de ses<br />
proches qu’on a bien toréé, on se sent<br />
transporté et on pense déjà à la prochaine<br />
Beccerade (course). J’ai l’espoir,<br />
mais je garde aussi les pieds sur terre,<br />
d’un jour arriver à vivre de cette passion<br />
et de toréer devant le public<br />
istréen”. ■