Edgar Varese : Déserts - Espace Educatif - Rennes
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Son esthétique<br />
Chez Varèse, pas (ou très peu) de pulsation régulière, pas de gamme organisant les hauteurs, pas de<br />
mélodies, de sonorités toutes faites, de structure préétablies, mais des masses sonores qui évoluent les<br />
unes contre les autres ; " Ce que j'aime le plus dans l'art, c'est la puissance, l'austérité et un sens de la<br />
dynamique et de l'énergie internes " (Varèse)<br />
Toute sa musique est marquée par sa recherche de sons nouveaux ; on y remarque aussi<br />
- l'utilisation de clusters (il est l'un des 1ers de son importance à l'utiliser, comme Bartok).<br />
- l'utilisation fréquente de glissandi, ce qui lui évite de s'attarder sur une note, d'avoir des notes stables (cf<br />
les trompettes, les trombones ; la sirène);<br />
- et le renforcement des percussions, instruments "dépourvus de notes", si l’on excepte les percussions à<br />
clavier et les timbales, allant de pair avec la disparition des cordes.<br />
Les élements constitutifs de sa personnalité<br />
Pour lui, la musique doit être créative, nouvelle, mais cela ne l'empêche pas de s'intéresser à la musique<br />
ancienne: Léonin, Schütz, M-Antoine Charpentier, et surtout Hector Berlioz. Ayant vécu successivement<br />
à Paris et Berlin avant 1914, il y rencontre Claude Debussy, Ferruccio Busoni, et surtout des poètes et<br />
plasticiens (Guillaume Apollinaire, futuristes italien, Albert Gleizes, Delaunay, Vassili) puis Alexandre<br />
Calder à New York. Les écrits du scientifique philosophe Josef Wronski et de l'acousticien Hermann von<br />
Helmholtz seront aussi décisifs. Tout comme auront aidé à forger sa personnalité : les lectures de Jules<br />
Verne, l'église romane Saint Philibert à Tournus, et les remous de la Saône dans la Bourgogne de son<br />
enfance…<br />
Son influence<br />
Varèse n’a pas seulement inspiré presque tous les musiciens modernes de la seconde moitié du XX e<br />
siècle, il aura aussi marqué les plus « autodidactes » d’entre eux, parmi lesquels Cage et Xenakis. Ses<br />
écrits, visionnaires, annoncent les principales innovations qui marqueront la 2de moitié du XXè .<br />
Sa formation scientifique, sa quête de nouveaux sons, de pure matière sonore, libérée de toute contrainte<br />
instrumentale, ne pouvaient que l'amener à s'intéresser à l'électronique. <strong>Déserts</strong>, en associant<br />
électroacoustique et instruments de musique, est une des toutes 1ères œuvres de musique "mixte". Mais<br />
il faudra attendre la création de laboratoires musicaux comme l’Ircam ou le CEMAMu, quelques<br />
décennies plus tard, pour que son esthétique puisse voir pleinement son aboutissement<br />
Varèse, enfin, « sortant de la note », puis sortant de la « lutherie traditionnelle » puis même s’échappant<br />
de la stricte « musique » en s’associant à d’autres arts dans Poème électronique, fut l’un des premiers<br />
musiciens d’inspiration transversale, montrant un scepticisme quant au fait de se cantonner à son seul<br />
art. Il annonce non seulement, avec Cage, les installateurs plasticiens d’aujourd’hui, mais aussi d’autres<br />
compositeurs, tels Dusapin qui se dit « artiste » davantage encore que musicien.<br />
Restent la réalité sonore de l’œuvre du Français et ce qu’elle a libéré dans l’œuvre de nombreux<br />
compositeurs postérieurs. Si Varèse ne leur avait pas ouvert la route - beaucoup plus clairement que<br />
Stravinsky - Xenakis, Penderecki, le premier Ligeti et même Scelsi n’auraient pu oser de telles tables<br />
rases, de telles « écritures globales », hors du degré et du système tempéré.<br />
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