Miliciens en Haute-loire - Centre de Recherches Historiques sur les ...
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ProlégoMènes<br />
Domitia, n°11, 2010, p. 109 -138<br />
<strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>loire</strong><br />
Pour une première approche statistique et historique<br />
michel Roux<br />
Avant <strong>de</strong> débuter cette analyse, il me semble nécessaire <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter un certain nombre<br />
d’éclaircissem<strong>en</strong>ts :<br />
- L’histoire contemporaine n’est pas ma spécialité et je me tourne d’habitu<strong>de</strong> plus volontiers<br />
vers <strong>de</strong>s époques lointaines, <strong>de</strong>s cités aux noms improbab<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s personnages<br />
qui vécur<strong>en</strong>t il y a <strong>de</strong>ux millénaires. Si <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce j’ai abandonné temporairem<strong>en</strong>t<br />
ma pério<strong>de</strong> favorite, c’est qu’il s’agissait pour moi d’être fidèle à ce fameux « Devoir <strong>de</strong><br />
mémoire » dont on nous parle beaucoup (trop ?) ces <strong>de</strong>rniers mois. En effet, <strong>les</strong> données<br />
que je vais vous prés<strong>en</strong>ter ne sont pas le fruit <strong>de</strong> ma recherche, je ne puis être considéré<br />
<strong>les</strong> concernant que comme un « metteur <strong>en</strong> pages », si l’on veut bi<strong>en</strong> me pardonner ce<br />
néologisme. Je <strong>les</strong> dois aux travaux <strong>de</strong> mon oncle maternel, le major François Séjalon.<br />
Né <strong>en</strong> 1925 dans une famille ouvrière très pauvre du Puy-<strong>en</strong>-Velay, il s’<strong>en</strong>gagea <strong>en</strong> 1944<br />
dans la 1 re armée française et participa aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne dans<br />
une unité <strong>de</strong> choc. Ayant choisi <strong>de</strong> rejoindre la g<strong>en</strong>darmerie à l’issue du conflit, il y<br />
effectua une brillante carrière <strong>en</strong> métropole et <strong>en</strong> Algérie et termina celle-ci responsable<br />
<strong>de</strong> l’int<strong>en</strong>dance du fort <strong>de</strong> Rosny 1 . Rev<strong>en</strong>u à la retraite dans sa ville natale, il se livra à<br />
d’incessantes recherches pour t<strong>en</strong>ter <strong>de</strong> connaître la personnalité et le sort <strong>de</strong> ceux qui,<br />
à sa différ<strong>en</strong>ce, avai<strong>en</strong>t fait le mauvais choix au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Libération. Aujourd’hui<br />
octogénaire, il m’a <strong>de</strong>mandé il y a quelques mois <strong>de</strong> t<strong>en</strong>ter <strong>de</strong> valoriser ce véritable<br />
travail <strong>de</strong> bénédictin, ce que j’ai <strong>en</strong>trepris bi<strong>en</strong> volontiers. Je signale au <strong>de</strong>meurant que<br />
je ne peux prés<strong>en</strong>ter ici qu’une petite partie du dépouillem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s nombreux dossiers,<br />
rigoureusem<strong>en</strong>t classés, qu’il a constitués.<br />
1 - Il est Chevalier dans l’Ordre <strong>de</strong> la Légion d’Honneur, titulaire <strong>de</strong> la Médaille militaire, Chevalier<br />
dans l’Ordre national du Mérite, Croix <strong>de</strong> la Valeur militaire avec citations à l’ordre <strong>de</strong> la division et <strong>de</strong> la<br />
g<strong>en</strong>darmerie.<br />
Michel Roux,<br />
professeur agrégé d’histoire,<br />
directeur du départem<strong>en</strong>t d’Histoire,<br />
UPVD.
- En second lieu, on pourra m’objecter que la <strong>Haute</strong>-Loire échappe au caractère méditerrané<strong>en</strong><br />
<strong>de</strong> notre C<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> recherches. Je répondrai à cela <strong>en</strong> signalant tout d’abord<br />
qu’un simple calcul à vol d’oiseau effectué au moy<strong>en</strong> d’une règle <strong>sur</strong> une carte prouve<br />
que le Velay est plus proche <strong>de</strong> la Méditerranée que la Castille. Sur un plan personnel,<br />
j’ajouterai que <strong>les</strong> acc<strong>en</strong>ts, <strong>les</strong> types humains, <strong>les</strong> caractères <strong>de</strong> civilisation, <strong>les</strong> couleurs<br />
même le rapproch<strong>en</strong>t <strong>de</strong> celle-ci. Mais, puisque nous sommes histori<strong>en</strong>s, je me tournerai<br />
vers notre discipline pour fournir l’argum<strong>en</strong>t majeur : mon départem<strong>en</strong>t natal fut une<br />
création <strong>de</strong> la Révolution et son intégration à la région Auvergne le fait <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs du<br />
XX e siècle ; <strong>de</strong>puis le rattachem<strong>en</strong>t au domaine royal jusqu’<strong>en</strong> 1789, le Velay fit toujours<br />
partie du Languedoc, l’évêque du Puy et ses barons jouant un rôle notable lors <strong>de</strong> la réunion<br />
<strong>de</strong>s États <strong>de</strong> la province. L’excell<strong>en</strong>t mo<strong>de</strong>rniste Gérard Sabatier, dans son ouvrage<br />
<strong>de</strong> 1988 Le Vicomte assailli 2 , a parlé à son propos <strong>de</strong> « Languedoc <strong>de</strong>s montagnes », ce<br />
qui m’<strong>en</strong> semble au <strong>de</strong>meurant une parfaite définition.<br />
En guisE d’introduction : la HautE-loirE dEs annéEs 1930-1945,<br />
unE société bloquéE<br />
Dans le départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Loire, l’introduction <strong>de</strong> l’idéologie <strong>de</strong> la Révolution<br />
nationale, accompagnée <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> ses bras armés, le S.O.L. et la Milice, ne connut pas<br />
une chronologie différ<strong>en</strong>te du reste <strong>de</strong> la zone dite « libre ». Pétain, <strong>en</strong> visite au Puy <strong>en</strong><br />
mars 1941, fut reçu par un aréopage civil, militaire et ecclésiastique ; <strong>en</strong> novembre 1940,<br />
le cardinal Gerlier, Primat <strong>de</strong>s Gau<strong>les</strong>, n’avait-il pas prononcé la fameuse formule : « Pétain<br />
c’est la France et la France c’est Pétain » ? Très au fait <strong>de</strong>s conditions socio-politiques<br />
du départem<strong>en</strong>t, <strong>les</strong> conseillers vichystes savai<strong>en</strong>t pertinemm<strong>en</strong>t que le Chef <strong>de</strong> l’État<br />
trouverait au Puy un accueil <strong>de</strong>s plus favorab<strong>les</strong>. Pour mieux compr<strong>en</strong>dre cela, <strong>de</strong> même<br />
que <strong>les</strong> dramatiques événem<strong>en</strong>ts qui vont suivre, t<strong>en</strong>tons d’analyser succinctem<strong>en</strong>t la<br />
situation <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Loire <strong>en</strong> ces années :<br />
- Au niveau géographique, c’est le <strong>de</strong>uxième départem<strong>en</strong>t le plus élevé <strong>de</strong> France <strong>en</strong><br />
altitu<strong>de</strong> moy<strong>en</strong>ne <strong>de</strong>rrière la <strong>Haute</strong>-Savoie. Les hivers y sont terrib<strong>les</strong>, la neige isolant<br />
<strong>de</strong>s semaines <strong>en</strong>tières certains villages. La couverture forestière est très d<strong>en</strong>se. Cet<br />
<strong>en</strong>clavem<strong>en</strong>t local se r<strong>en</strong>contre égalem<strong>en</strong>t <strong>sur</strong> un plan départem<strong>en</strong>tal. On ne peut pas<br />
dire à l’époque que s’exerce une attraction <strong>de</strong> Clermont, <strong>de</strong> Saint-Eti<strong>en</strong>ne ou <strong>de</strong> Lyon,<br />
tout simplem<strong>en</strong>t parce que le réseau routier est tellem<strong>en</strong>t mauvais qu’il dissua<strong>de</strong> <strong>de</strong> toute<br />
« sortie ». Il <strong>en</strong> est <strong>de</strong> même pour le réseau ferroviaire, développé simplem<strong>en</strong>t à la veille<br />
<strong>de</strong> 1914 pour favoriser la mobilisation : <strong>les</strong> interconnections <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s lignes<br />
(Clermont-Ferrand - Nîmes et Le Puy - Saint-Éti<strong>en</strong>ne) n’ont jamais été achevées.<br />
- Sur un plan humain, le départem<strong>en</strong>t a été bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du fortem<strong>en</strong>t touché par l’exo<strong>de</strong><br />
rural, mais moins que ses voisins, pour <strong>les</strong> raisons d’<strong>en</strong>clavem<strong>en</strong>t évoquées plus haut,<br />
certainem<strong>en</strong>t <strong>sur</strong>tout <strong>en</strong> vertu du mo<strong>de</strong> d’appropriation <strong>de</strong> la terre que nous <strong>en</strong>visagerons<br />
ci-après. La guerre <strong>de</strong> 1914-1918 a eu <strong>de</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces effrayantes : il faut savoir<br />
que le régim<strong>en</strong>t local, le 96 e d’infanterie, a été anéanti à plusieurs reprises, la première<br />
fois à Baccarat dès août 14 ! Mon arrière grand-père paternel, le père <strong>de</strong> mon oncle, qui<br />
fit toute la guerre <strong>en</strong> son sein <strong>en</strong> première ligne sans être b<strong>les</strong>sé gravem<strong>en</strong>t, passait pour<br />
un miraculé ! De nombreux villages, <strong>en</strong> partie dans la vallée <strong>de</strong> l’Allier, ne se remir<strong>en</strong>t<br />
jamais <strong>de</strong> cette saignée.<br />
- En ce qui concerne l’économie, si l’on excepte quelques petites mines <strong>de</strong> charbon<br />
au nord-ouest et <strong>les</strong> industries <strong>de</strong> main d’œuvre peu qualifiée du bassin du Puy, le<br />
départem<strong>en</strong>t est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t rural. Depuis la Révolution s’est constituée une société<br />
2 - Sabatier (G.), Le Vicomte assailli, Saint Vidal, C<strong>en</strong>tre d’Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> la Borne, 1988.<br />
110 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
<strong>de</strong> petits propriétaires qui <strong>sur</strong>viv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> autarcie d’une agriculture vivrière extrêmem<strong>en</strong>t<br />
médiocre. Les signes <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation (nombre <strong>de</strong> tracteurs, <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t agricole)<br />
sont faib<strong>les</strong>, mais la pression foncière limitée et l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> propriété noble ou<br />
bourgeoise ajoutées à ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire-valoir expliqu<strong>en</strong>t justem<strong>en</strong>t le mainti<strong>en</strong> d’une<br />
population paradoxalem<strong>en</strong>t assez nombreuse.<br />
- Fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t, aucune analyse ne peut faire l’économie du poids <strong>de</strong>s églises ; il<br />
s’agit là d’une tradition remontant au Moy<strong>en</strong> Âge. Le clergé catholique règne <strong>en</strong> maître<br />
incontesté <strong>sur</strong> le bassin du Puy, la région <strong>de</strong> Saugues et l’est du départem<strong>en</strong>t. Le cheflieu<br />
possè<strong>de</strong> un nombre <strong>de</strong> couv<strong>en</strong>ts et d’institutions religieuses sans commune me<strong>sur</strong>e<br />
avec le chiffre <strong>de</strong> sa population. L’importance <strong>de</strong> l’évêque dans la vie politique et sociale<br />
est considérable, ce d’autant que <strong>les</strong> autorités sav<strong>en</strong>t que, revêtu du pallium, il est <strong>les</strong> yeux<br />
et <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong> du pape <strong>sur</strong> l’Église <strong>de</strong> France. Ce clergé est extrêmem<strong>en</strong>t conservateur :<br />
jusqu’aux réformes <strong>de</strong> Vatican II, l’évêque du Puy continuera à s’intituler « comte <strong>de</strong> Velay<br />
», titre hérité du paréage <strong>de</strong> 1305 ! Ce conservatisme souv<strong>en</strong>t très étroit est transmis<br />
aux populations par l’intermédiaire d’un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t religieux omniprés<strong>en</strong>t qui fait<br />
plus que doubler l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t laïc. Ajoutons-y dans <strong>les</strong> campagnes l’institution locale<br />
<strong>de</strong> la béate, vieille fille qui dans chaque village se charge du catéchisme et <strong>sur</strong>veille la<br />
morale. On compr<strong>en</strong>d aisém<strong>en</strong>t que <strong>les</strong> inv<strong>en</strong>taires <strong>de</strong> 1905 se sont passés difficilem<strong>en</strong>t<br />
et que la guerre scolaire y est une réalité quotidi<strong>en</strong>ne. À cette étroite emprise échappe<br />
<strong>en</strong> partie la région <strong>de</strong> Briou<strong>de</strong>, <strong>en</strong> voie <strong>de</strong> déchristianisation, et <strong>sur</strong>tout <strong>les</strong> limites<br />
ori<strong>en</strong>ta<strong>les</strong> avec l’Ardèche où <strong>les</strong> protestants sont ultra-majoritaires <strong>de</strong>puis le XVI e siècle<br />
(plus <strong>de</strong> 98 % dans la commune du Mazet-St-Voy). (On connaît au <strong>de</strong>meurant l’action<br />
<strong>de</strong> ceux-ci dans le sauvetage <strong>de</strong>s Juifs après l’invasion <strong>de</strong> la zone occupée, thème <strong>de</strong>s<br />
plus intéressants, qui exigerait une analyse fine au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la simple image d’Épinal qui<br />
a cours <strong>de</strong> nos jours).<br />
- Terminons <strong>en</strong> disant que <strong>sur</strong> le plan politique, cette importance exceptionnelle <strong>de</strong><br />
l’emprise cléricale et <strong>de</strong> la ruralité explique un vote conservateur (mais pas extrémiste) à<br />
la fin <strong>de</strong> la III e République. L’audi<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la SFIO est très limitée, <strong>en</strong>core plus celle du<br />
PCF. Quant au taux <strong>de</strong> syndicalisation dans <strong>les</strong> quelques industries, il est fort bas.<br />
Ici comme ailleurs dans notre pays, l’invasion <strong>de</strong> la zone sud, puis le développem<strong>en</strong>t<br />
facilité par <strong>les</strong> conditions géographiques loca<strong>les</strong> <strong>de</strong> nombreux maquis (FTPF et FFI<br />
pour l’ess<strong>en</strong>tiel) dans l’<strong>en</strong>semble du départem<strong>en</strong>t, dont <strong>les</strong> effectifs ne cessèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />
gonfler après l’instauration du STO, aboutit <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la Milice à ce que l’on a<br />
coutume <strong>de</strong> nommer aujourd’hui une « radicalisation <strong>de</strong> la viol<strong>en</strong>ce ». Ses membres,<br />
marchant <strong>de</strong> concert avec l’occupant quand ils n’allai<strong>en</strong>t pas au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ses désirs,<br />
se livrèr<strong>en</strong>t à la traque <strong>de</strong>s <strong>en</strong>nemis politiques du régime, <strong>de</strong>s francs-maçons, <strong>de</strong>s<br />
quelques juifs, sans oublier le pur et simple brigandage. La chasse aux maquisards<br />
représ<strong>en</strong>ta cep<strong>en</strong>dant une part ess<strong>en</strong>tielle <strong>de</strong> leurs sinistres activités, <strong>en</strong> particulier lors<br />
<strong>de</strong> l’assaut du réduit du Mont Mouchet <strong>en</strong> juin 1944. Malheureusem<strong>en</strong>t pour eux, le<br />
débarquem<strong>en</strong>t allié <strong>de</strong> Prov<strong>en</strong>ce r<strong>en</strong>versa du tout au tout la situation. La ville du Puy<br />
s’in<strong>sur</strong>gea et se libéra dès le 19 août ; <strong>les</strong> maîtres d’hier t<strong>en</strong>tèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> quitter la zone <strong>de</strong><br />
leurs « exploits » dans <strong>les</strong> fourgons <strong>de</strong> ce qui restait <strong>de</strong> la Wehrmacht. Nombre d’<strong>en</strong>tre<br />
eux fur<strong>en</strong>t arrêtés dans l’att<strong>en</strong>te d’un jugem<strong>en</strong>t ou exécutés <strong>sur</strong> place. C’est <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce<br />
<strong>sur</strong> <strong>les</strong> archives <strong>de</strong> cette répression réunis par mon oncle (rapports <strong>de</strong>s RG, <strong>de</strong> la<br />
g<strong>en</strong>darmerie, simp<strong>les</strong> PV ou comptes-r<strong>en</strong>dus d’exécutions, archives <strong>de</strong>s diverses cours<br />
<strong>de</strong> justice, artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> journaux locaux et régionaux, docum<strong>en</strong>ts d’état-civil, soit une<br />
extraordinaire collation <strong>de</strong> plusieurs c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>ts parfois uniques) que je<br />
vais baser l’analyse qui va suivre.<br />
Domitia 11 - 2010<br />
Michel Roux 111
Qui étai<strong>en</strong>t <strong>les</strong> <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> ?<br />
Mon <strong>en</strong>quête a porté <strong>sur</strong> 133 individus, dont 129 milici<strong>en</strong>s <strong>en</strong>cartés, sympathisants<br />
ou indicateurs. Les 4 autres ne sont pas passés par cette organisation, mais ont choisi<br />
une autre forme <strong>de</strong> lutte radicale, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dans la Waff<strong>en</strong>-SS ; j’y<br />
revi<strong>en</strong>drai à la fin <strong>de</strong> ce travail. Il est toutefois à noter que parmi le premier groupe,<br />
seuls 3 milici<strong>en</strong>s (2,32 %) passèr<strong>en</strong>t à la LVF, et un seul d’<strong>en</strong>tre eux à la SS. On a donc<br />
ici confirmation <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> recrutem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Légion <strong>de</strong>s Volontaires. En <strong>de</strong>hors<br />
d’idéologues convaincus ou <strong>de</strong> prisonniers poussés par le désir <strong>de</strong> fuir la misère <strong>de</strong>s<br />
camps, il était peu évid<strong>en</strong>t d’abandonner volontairem<strong>en</strong>t le pouvoir que vous conférait<br />
l’uniforme noir frappé du gamma dans la France occupée pour aller t<strong>en</strong>ter d’arrêter la<br />
déferlante irrésistible <strong>de</strong> l’Armée Rouge dans <strong>les</strong> plaines <strong>de</strong> Biélorussie et <strong>de</strong> Pologne.<br />
Concernant donc le groupe <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s, je me suis parfois trouvé confronté à un<br />
questionnem<strong>en</strong>t méthodologique. En effet, si pour la plupart d’<strong>en</strong>tre eux l’appart<strong>en</strong>ance<br />
à l’organisation ne posait pas <strong>de</strong> problème, un certain nombre <strong>de</strong> cas étai<strong>en</strong>t moins<br />
évid<strong>en</strong>ts. J’ai alors pris mes responsabilités d’histori<strong>en</strong>, <strong>les</strong> étudiant l’un après l’autre.<br />
J’ai choisi d’éliminer certains noms <strong>de</strong> ma liste et au contraire d’<strong>en</strong> intégrer d’autres, <strong>en</strong><br />
basant ce choix <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> vraisemblance dont je suis tout à fait prêt à admettre<br />
la subjectivité. Je p<strong>en</strong>se néanmoins que ceci ne peut remettre <strong>en</strong> cause la valeur sci<strong>en</strong>tifique<br />
<strong>de</strong> l’analyse dans la me<strong>sur</strong>e où ces interrogations ne port<strong>en</strong>t que <strong>sur</strong> 10 personnes,<br />
soit 7,75 % du total.<br />
Par le titre « milici<strong>en</strong>s <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire », j’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds aussi bi<strong>en</strong> ceux qui étai<strong>en</strong>t installés<br />
dans le départem<strong>en</strong>t (sans <strong>en</strong> être forcém<strong>en</strong>t originaires) et y ont exercé leur sinistres activités,<br />
que leurs congénères qui fur<strong>en</strong>t am<strong>en</strong>és <strong>de</strong> l’extérieur pour leur prêter main forte<br />
ou <strong>en</strong>core <strong>les</strong> Altiligéri<strong>en</strong>s qui partir<strong>en</strong>t combattre ailleurs. Je me réserve d’analyser plus<br />
loin le recours à une « importation » d’hommes v<strong>en</strong>us <strong>de</strong>s départem<strong>en</strong>ts voisins. L’étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> ces trois groupes montre la répartition suivante :<br />
tableau 1 : secteurs d’activité <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s<br />
<strong>Milici<strong>en</strong>s</strong>... nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
... installés <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire et y ayant agi 96 74,42<br />
... installés <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire et ayant agi ailleurs 4 3,1<br />
... am<strong>en</strong>és <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire pour y agir 19 14,72<br />
données manquantes 10 7,75<br />
Total 129 100<br />
Il est donc évid<strong>en</strong>t que plus <strong>de</strong>s trois quarts <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s étai<strong>en</strong>t installés <strong>de</strong>puis un<br />
temps plus ou moins long dans le départem<strong>en</strong>t. C’est pleinem<strong>en</strong>t logique <strong>en</strong> termes <strong>de</strong><br />
recrutem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s personnels d’un organisme d’espionnage, <strong>de</strong> police et <strong>de</strong> répression.<br />
En effet, dans <strong>de</strong>s campagnes assez peu peuplées, dans <strong>de</strong> petites localités où tout le<br />
mon<strong>de</strong> se connaît, l’efficacité passe par un recours massif à <strong>de</strong>s g<strong>en</strong>s du cru. L’appel à<br />
<strong>de</strong>s personnels « étrangers » ne représ<strong>en</strong>te même pas 15 % du total. La quasi-totalité<br />
d’<strong>en</strong>tre eux provi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux départem<strong>en</strong>ts voisins, la Loire (14) et le Puy-<strong>de</strong>-Dôme (3).<br />
Les explications à ces recours sont diverses : besoin <strong>de</strong> r<strong>en</strong>forts <strong>en</strong> cas <strong>de</strong> coup dur ;<br />
appel à <strong>de</strong>s spécialistes du r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ou <strong>de</strong> la torture. Sur un plan géographique,<br />
<strong>les</strong> milici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la région stéphanoise agiss<strong>en</strong>t systématiquem<strong>en</strong>t dans la zone du Puy<br />
et d’Yssingeaux, alors que <strong>les</strong> Clermontois séviss<strong>en</strong>t autour <strong>de</strong> Briou<strong>de</strong>, ce qui est parfaitem<strong>en</strong>t<br />
logique au vu <strong>de</strong> ce que nous avons signalé plus haut quant à l’<strong>en</strong>clavem<strong>en</strong>t<br />
du départem<strong>en</strong>t. Le nombre <strong>de</strong> milici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Loire am<strong>en</strong>és à combattre <strong>en</strong><br />
<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> celle-ci est négligeable. On peut sans beaucoup <strong>de</strong> risque émettre l’hypothèse<br />
<strong>de</strong> choix personnels difficilem<strong>en</strong>t analysab<strong>les</strong> au vu <strong>de</strong> notre docum<strong>en</strong>tation. Si <strong>de</strong>ux<br />
112 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
d’<strong>en</strong>tre eux sont impliqués dans la répression <strong>en</strong> Lozère, explicable là aussi <strong>sur</strong> un plan<br />
géographique, on est plus étonné <strong>de</strong> voir un étudiant ponot, Pierre Nauthonier, aller<br />
lutter contre <strong>les</strong> maquis <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Savoie.<br />
En ce qui concerne l’état civil, aussi étonnant que cela puisse paraître, le groupe étudié<br />
ne compr<strong>en</strong>d pas que <strong>de</strong>s hommes, mais égalem<strong>en</strong>t 12 femmes (9,30 %) qui ont rejoint<br />
l’organisation à la suite d’un mari, d’un fiancé ou d’un père. D’après <strong>les</strong> rapports <strong>de</strong> la<br />
Résistance, beaucoup d’<strong>en</strong>tre el<strong>les</strong> étai<strong>en</strong>t aussi virul<strong>en</strong>tes sinon plus que leurs congénères<br />
masculins, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne la dénonciation et la torture : c’est<br />
le cas par exemple <strong>de</strong> Juliette Octru, concubine <strong>de</strong> Ferdinand Parrat, ou <strong>de</strong> Blanche<br />
Guichard. Plus étonnant, l’élém<strong>en</strong>t moteur <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong> la famille Thérond dans<br />
la milice semble avoir été la fille Colette. Il est à noter qu’un certain nombre d’épouses<br />
et d’<strong>en</strong>fants, sans être <strong>en</strong>cartés, payèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur vie la prés<strong>en</strong>ce à leurs côtés d’un époux<br />
et d’un père milici<strong>en</strong> : ce fut le cas pour <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Joseph Cubizol<strong>les</strong>, restaurateur à<br />
Saugues, chef local <strong>de</strong> la Milice et d’Auguste Deloménè<strong>de</strong>, épicier à Lavoûte-Chilhac.<br />
Le premier fut <strong>en</strong>levé le 28 mai 44 à son domicile par le groupe Ju<strong>de</strong>x et exécuté le<br />
l<strong>en</strong><strong>de</strong>main au Mont Mouchet avec sa femme et son fils ; le schéma <strong>de</strong>s événem<strong>en</strong>ts fut<br />
rigoureusem<strong>en</strong>t id<strong>en</strong>tique pour le second, mais ceux-ci se déroulèr<strong>en</strong>t le 26 juin. Quant<br />
à l’épouse du maire <strong>de</strong> Briou<strong>de</strong> Clovis Dijon, elle était tombée <strong>en</strong> même temps que lui<br />
sous <strong>les</strong> bal<strong>les</strong> <strong>de</strong>s maquisards, <strong>de</strong>vant leur maison, le 29 avril.<br />
Il est égalem<strong>en</strong>t fondam<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> savoir quels étai<strong>en</strong>t <strong>les</strong> âges <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la Milice<br />
<strong>en</strong> 1944 (je n’ai pas t<strong>en</strong>u compte dans mon calcul du fait que <strong>de</strong>ux d’<strong>en</strong>tre eux fur<strong>en</strong>t<br />
abattus durant l’année 43). La répartition par classe d’âge donne <strong>les</strong> résultats suivants :<br />
Domitia 11 - 2010<br />
tableau 2 : Âges <strong>en</strong> 1944 (par déc<strong>en</strong>nies)<br />
<strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> âgés <strong>en</strong> 1944... nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
... <strong>de</strong> 15 à 20 ans 18 13,95<br />
... <strong>de</strong> 21 à 30 ans 49 38<br />
... <strong>de</strong> 31 à 40 ans 24 18,6<br />
... <strong>de</strong> 41 à 50 ans 18 13,95<br />
... <strong>de</strong> 51 à 60 ans 15 11,63<br />
... <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 60 ans 3 2,32<br />
âge inconnu 2 1,55<br />
Total 129 100<br />
Il est à noter que le plus jeune du groupe étudié, Norbert Thérond, né <strong>en</strong> 1928, était âgé<br />
<strong>de</strong> 16 ans, alors que le plus âgé, André Boudier, né <strong>en</strong> 1873, avait 71 ans.<br />
J’ai opéré <strong>en</strong>tre ces classes d’âge, suivant <strong>les</strong> critères suivants, <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts permettant<br />
<strong>de</strong> dépasser une certaine impression d’éparpillem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> révéler au contraire <strong>de</strong>s<br />
t<strong>en</strong>dances profon<strong>de</strong>s :<br />
tableau 3 : Âges <strong>en</strong> 1944 après regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s classes<br />
<strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> âgés <strong>en</strong> 1944 (après regroupem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s classes)... nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
... <strong>de</strong> 15 à 30 ans 67 51,94<br />
... <strong>de</strong> 31 à 50 ans 42 32,56<br />
... <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50 ans 18 13,95<br />
âge inconnu 2 1,55<br />
Total 129 100<br />
Michel Roux 113
Le mouvem<strong>en</strong>t milici<strong>en</strong> recrute massivem<strong>en</strong>t chez <strong>les</strong> jeunes. Jusqu’à 30 ans, ceux-ci<br />
représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s cas étudiés (67 individus, 51,94 % du total). On<br />
ne peut que s’interroger <strong>de</strong>vant cette situation. Les explications sont certainem<strong>en</strong>t<br />
multip<strong>les</strong>. Pour <strong>de</strong>s têtes brûlées, l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t milici<strong>en</strong> représ<strong>en</strong>tait une possibilité<br />
<strong>de</strong> vivre une exist<strong>en</strong>ce plus exaltante que celle qui était leur lot quotidi<strong>en</strong>. D’autre<br />
part, <strong>en</strong> ces temps d’extrême pénurie, ce choix pouvait représ<strong>en</strong>ter l’accès facile à la<br />
nourriture et aux vêtem<strong>en</strong>ts, sans oublier <strong>les</strong> prélèvem<strong>en</strong>ts extra-légaux effectués lors<br />
<strong>de</strong>s opérations au détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s suspects et <strong>de</strong>s juifs. Ceci a pu attirer <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts<br />
populaires (mineurs, ouvriers, employés). Néanmoins, lorsque l’on considère que <strong>les</strong><br />
milici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 20 ans étai<strong>en</strong>t presque tous étudiants, on est forcé d’admettre<br />
que le poids <strong>de</strong> la propagan<strong>de</strong> et l’intégration intellectuelle d’une idéologie d’extrême<br />
droite (souv<strong>en</strong>t au sein <strong>de</strong> la famille) am<strong>en</strong>a nombre d’individus à ce choix. Une remarque<br />
très importante s’impose à ce mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> notre analyse : ces lycé<strong>en</strong>s fréqu<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t<br />
dans leur imm<strong>en</strong>se majorité le P<strong>en</strong>sionnat Notre-Dame-<strong>de</strong>-France, la gran<strong>de</strong><br />
institution catholique du Puy, dont <strong>les</strong> bâtim<strong>en</strong>ts domin<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core aujourd’hui la cité<br />
anici<strong>en</strong>ne (il <strong>en</strong> est <strong>de</strong> même pour <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s plus âgés, alors <strong>en</strong>gagés dans la vie<br />
professionnelle, tels <strong>les</strong> frères Vertupier ou Michel Chambon). On peut légitimem<strong>en</strong>t<br />
supposer qu’ils y avai<strong>en</strong>t reçu un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t basé <strong>sur</strong> un catholicisme <strong>de</strong> combat,<br />
une méfiance profon<strong>de</strong> vis-à-vis <strong>de</strong> la République, ainsi qu’un anticommunisme et un<br />
antisémitisme radicaux. L’un d’<strong>en</strong>tre eux, Georges Pouget, fusillé le 16 septembre 44<br />
à l’âge <strong>de</strong> 18 ans, laissa une extraordinaire lettre d’adieu à sa mère dont l’analyse<br />
démontre une foi profon<strong>de</strong>, une étonnante maîtrise <strong>de</strong> la théologie et une véritable<br />
exaltation mystique qui le poussai<strong>en</strong>t à se considérer comme un soldat <strong>de</strong> Dieu. Il est<br />
d’ailleurs à noter que celle-ci fut publiée dans le bulletin <strong>de</strong> son anci<strong>en</strong>ne école après<br />
la guerre. L’évolution normale à la sortie <strong>de</strong> ce lycée privé ou au sein <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rnières<br />
classes semble avoir consisté <strong>en</strong> l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t dans <strong>de</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts d’extrême droite.<br />
Notre docum<strong>en</strong>tation nous le précise pour 10 individus <strong>sur</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> nos milici<strong>en</strong>s<br />
(7,75 %) : tous sans exception sont membres du PPF <strong>de</strong> Doriot ; 5 d’<strong>en</strong>tre eux<br />
ont moins <strong>de</strong> 30 ans et sont ou ont été étudiants au P.N.D.F. Servant <strong>en</strong> quelque sorte<br />
<strong>de</strong> contrepoint à la figure <strong>de</strong> ces intellectuels dévoyés et faisant la transition avec ce<br />
qui va suivre, citons la figure <strong>de</strong> Jean Guerrut, <strong>en</strong>fant naturel né <strong>en</strong> 1910, abandonné<br />
par sa mère, ouvrier agricole, sorte <strong>de</strong> Lacombe Luci<strong>en</strong> local qui se retrouva on ne<br />
sait comm<strong>en</strong>t revêtu <strong>de</strong> l’uniforme noir. Sa débilité m<strong>en</strong>tale était tellem<strong>en</strong>t flagrante<br />
qu’il fut acquitté par la Cour martiale du Puy après son arrestation à Estivareil<strong>les</strong> <strong>en</strong><br />
août 44 puis à nouveau par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> cette même ville <strong>en</strong> février 45.<br />
Logiquem<strong>en</strong>t, le groupe <strong>de</strong>s 31-50 ans arrive <strong>en</strong> secon<strong>de</strong> position avec 42 représ<strong>en</strong>tants<br />
(32,56 %). Les considérations évoquées plus haut ont certainem<strong>en</strong>t compté<br />
dans leur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t. Mais il est nécessaire d’<strong>en</strong> faire r<strong>en</strong>trer d’autres <strong>en</strong> ligne<br />
<strong>de</strong> compte, comme l’appart<strong>en</strong>ance à la mouvance « anci<strong>en</strong> combattant » (que mes<br />
sources me laiss<strong>en</strong>t supposer mais ne me permett<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> quantifier), ainsi que<br />
l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t politique <strong>de</strong> l’avant-guerre ou <strong>de</strong>s débuts du conflit. Comme j’ai pu le<br />
signaler ci-<strong>de</strong>ssus, seul <strong>les</strong> doriotistes sont représ<strong>en</strong>tés, mais le niveau <strong>de</strong> recrutem<strong>en</strong>t<br />
ou <strong>de</strong> responsabilité semble différ<strong>en</strong>t. Soit on r<strong>en</strong>tre dans ce parti lorsque l’on est issu<br />
d’un milieu populaire (galochier, mineur) dans une optique opportuniste, ou bi<strong>en</strong>,<br />
<strong>en</strong> raison d’une éducation brillante, on y exerce une fonction dirigeante : c’est par<br />
exemple le cas <strong>de</strong> Robert Droguez, né <strong>en</strong> 1901, chef <strong>de</strong> section du parti et Ingénieur<br />
<strong>de</strong>s Eaux et Forêts.<br />
Le groupe <strong>de</strong> ce que l’on appellerait aujourd’hui <strong>les</strong> s<strong>en</strong>iors est numériquem<strong>en</strong>t le plus<br />
faible avec seulem<strong>en</strong>t 18 personnes concernées (13,95 %). Les causes d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t me<br />
sembl<strong>en</strong>t pour ces hommes avant tout politiques, sans oublier leur passé <strong>de</strong> combattants.<br />
La preuve <strong>en</strong> est que la plupart <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> départem<strong>en</strong>taux et locaux (9 <strong>sur</strong> 13)<br />
apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à cette classe d’âge, et <strong>en</strong>core <strong>de</strong>vrait-on ajouter que 3 parmi <strong>les</strong> 4 restants<br />
<strong>en</strong> sont bi<strong>en</strong> proches.<br />
114 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
Georges Pouget<br />
Militer pour l’Ordre Nouveau peut se faire <strong>en</strong> famille. Tous <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> figure se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />
: <strong>en</strong> couple (8 cas : Roger Agrain et Fernan<strong>de</strong> Tersol, Jean-Baptiste et Blanche<br />
Guichard, Char<strong>les</strong> et Marguerite Liepert, Pierre et Rose Mahinc, Juliette Octru et<br />
Ferdinand Parrat, R<strong>en</strong>é et Georgette Porcq, Jean et Yvonne Sabathe, Raymond et<br />
Marguerite Touraud) ; <strong>en</strong>tre frères (2 ou 3 cas : Louis et Léon Mathieu, Antoine et<br />
Pierre Vertupier, peut-être François et Dominique Sal<strong>les</strong>) ; un père et son ou ses <strong>en</strong>fants<br />
(5 cas : Georges Brive, sa fille Georgette et son fils Roland ; Marcel Jean et son fils<br />
Gaston ; Pierre Letellier d’Aufresne et son fils André ; Hypolite Maisonneuve et son<br />
fils Roger ; Joseph Marey et son fils Roger) ; <strong>en</strong>fin, ce peuv<strong>en</strong>t être <strong>de</strong>s groupes plus<br />
complexes : on citera la famille Thérond, avec le père, la mère, la fille et <strong>de</strong>ux fils ou<br />
<strong>en</strong>core l’association composée par le couple Liepert et leur g<strong>en</strong>dre Alfred Boysson<br />
d’École (comme pour <strong>les</strong> <strong>de</strong> Fay <strong>de</strong> la Roche on peut s’interroger <strong>sur</strong> l’exist<strong>en</strong>ce dans ces<br />
famil<strong>les</strong> nob<strong>les</strong> d’une tradition d’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t antirépublicain). De façon plus générale,<br />
<strong>en</strong> <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> certains coup<strong>les</strong> qui ont pu choisir leur camp au gré <strong>de</strong>s circonstances, il est<br />
important <strong>de</strong> noter pour <strong>les</strong> autres l’importance <strong>de</strong> la tradition politique familiale. En<br />
guise <strong>de</strong> preuve, signalons que la veille <strong>de</strong> la capture <strong>de</strong> son fils à Estivareil<strong>les</strong>, le père<br />
<strong>de</strong> Georges Pouget, qui n’était pas passé apparemm<strong>en</strong>t par la Milice mais s’était <strong>en</strong>gagé<br />
directem<strong>en</strong>t dans la Waff<strong>en</strong>-SS (certainem<strong>en</strong>t dans la division Charlemagne), mourait<br />
<strong>en</strong> Allemagne ori<strong>en</strong>tale <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong> b<strong>les</strong><strong>sur</strong>es reçues <strong>sur</strong> le front russe.<br />
Y eut-il <strong>de</strong> nombreux « <strong>en</strong>fants perdus » dans la Milice, c’est-à-dire <strong>de</strong>s jeunes g<strong>en</strong>s dont<br />
l’<strong>en</strong>fance aurait pu revêtir <strong>de</strong>s aspects tellem<strong>en</strong>t traumatisants que ceci <strong>les</strong> aurait fait<br />
basculer du mauvais côté ? Il ne semble pas. Nos r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts d’état-civil, fiab<strong>les</strong> dans<br />
l’<strong>en</strong>semble, signal<strong>en</strong>t 2 <strong>en</strong>fants naturels, Jean Guerrut et Char<strong>les</strong> Manhes, 2 pupil<strong>les</strong><br />
<strong>de</strong> la nation, Michel Chambon et Pierre Vinc<strong>en</strong>t, 2 <strong>en</strong>fants trouvés, Juliette Octru et<br />
Ferdinand Parrat. Nous aboutissons donc à un total faible <strong>de</strong> 6 cas (4,65 % <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s<br />
rec<strong>en</strong>sés). Sur un plan professionnel, si Parrat a été révoqué <strong>de</strong>s GMR et collectionne<br />
<strong>les</strong> <strong>en</strong>nuis avec la justice, si sa concubine n’a pas <strong>de</strong> profession déclarée, <strong>les</strong> autres sont<br />
socialem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> intégrés : nous avons vu le cas Guerrut, Manhes est préparateur <strong>en</strong><br />
pharmacie, Chambon marchand <strong>de</strong> charbon et Vinc<strong>en</strong>t ingénieur chimiste. Pas <strong>de</strong><br />
fatalité sociale ou familiale poussant vers la collaboration et la traîtrise.<br />
Domitia 11 - 2010<br />
Léon Mathieu<br />
Raymond Touraud<br />
Le jeune franc-gar<strong>de</strong><br />
Georges Pouget<br />
lors <strong>de</strong> son arrestation à<br />
Estivareil<strong>les</strong> où il a lutté <strong>les</strong><br />
armes à la main aux côtés <strong>de</strong>s<br />
Allemands.<br />
Le chef <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>taine<br />
Léon Mathieu <strong>en</strong> 1944 ;<br />
condamné à mort par<br />
contumace par la Cour <strong>de</strong><br />
justice du Puy <strong>en</strong> mars 1945,<br />
il bénéficie du réseau <strong>de</strong><br />
souti<strong>en</strong> organisé par l’église<br />
pour passer <strong>en</strong> Espagne.<br />
Il s’éteint à Porto Santos <strong>en</strong> 1971.<br />
Raymond Touraud,<br />
chef départem<strong>en</strong>tal ayant<br />
succédé à Letellier d’Aufresnes,<br />
se bat aux côtés <strong>de</strong>s Allemands<br />
à Estivareil<strong>les</strong>. Sur ce cliché pris<br />
au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> son arrestation,<br />
il porte apparemm<strong>en</strong>t le bras <strong>en</strong><br />
écharpe. Ram<strong>en</strong>é au Puy, il y est<br />
fusillé le 16 septembre 1944.<br />
Michel Roux 115
tableau 4 : V<strong>en</strong>tilation <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> naissance<br />
L’exam<strong>en</strong> <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> naissance donne <strong>les</strong> résultats suivants :<br />
lieux <strong>de</strong> naissance <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Le Puy et communes <strong>de</strong> banlieue 28 21,7<br />
Autres communes <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Loire 36 27,91<br />
Départem<strong>en</strong>ts voisins (Ardèche, Cantal, Loire, Lozère,<br />
Puy-<strong>de</strong>-Dôme)<br />
27 20,93<br />
Autres départem<strong>en</strong>ts métropolitains 32 24,81<br />
Colonies 2 1,55<br />
Étranger 1 0,78<br />
Inconnu 3 2,32<br />
Total 129 100<br />
N.B. : faute <strong>de</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t plus précis, et au regard <strong>de</strong> son domicile, j’ai choisi <strong>de</strong> faire<br />
<strong>de</strong> Jacques Bouisset un natif <strong>de</strong> Chamalières dans le Puy-<strong>de</strong>-Dôme, bi<strong>en</strong> qu’il existe une<br />
commune du même nom <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire.<br />
tableau 5 : V<strong>en</strong>tilation <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> naissance après regroupem<strong>en</strong>ts<br />
Si l’on opère une nouvelle fois <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts, on obti<strong>en</strong>t <strong>les</strong> résultats suivants :<br />
lieux <strong>de</strong> naissance <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s (après regroupem<strong>en</strong>ts) nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
<strong>Haute</strong>-Loire 64 49,61<br />
Départem<strong>en</strong>ts voisins 27 20,93<br />
Autres 35 27,14<br />
Inconnu 3 2,32<br />
Total 129 100<br />
Ces chiffres permett<strong>en</strong>t d’aboutir à <strong>de</strong>s interprétations assez aisées. On constate <strong>en</strong><br />
premier lieu que <strong>les</strong> natifs <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Loire représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t à eux seuls près <strong>de</strong> la moitié<br />
du total étudié. Les explications avancées plus haut (connaissance du terrain et <strong>de</strong>s choix<br />
politiques <strong>de</strong>s adversaires pot<strong>en</strong>tiels) sont toujours pertin<strong>en</strong>tes. Les natifs du Puy et <strong>de</strong><br />
sa proche banlieue ont un poids supérieur à la position démographique <strong>de</strong> leur cité dans<br />
le départem<strong>en</strong>t. L’explication est certainem<strong>en</strong>t à rechercher dans la conc<strong>en</strong>tration <strong>sur</strong><br />
place <strong>de</strong> postes à responsabilités du public et du privé, couplée à la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> milieux<br />
intellectuels ultracatholiques, anticommunistes, antisémites et antirépublicains. Pour ce<br />
qui est du reste du départem<strong>en</strong>t, l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> son territoire est bi<strong>en</strong> représ<strong>en</strong>té, sans que<br />
l’on puisse déterminer l’exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> noyaux locaux plus importants que d’autres. Plus<br />
révélatrice <strong>de</strong> la situation locale est la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> 27 milici<strong>en</strong>s nés dans un départem<strong>en</strong>t<br />
voisin. Si un certain nombre d’<strong>en</strong>tre eux tels Gabriel Thérond, né à Saint-Éti<strong>en</strong>ne-<strong>de</strong>-<br />
Lugdarès (07) ou Georges Pouget, natif <strong>de</strong> Langogne (48), se sont installés au Puy<br />
poussés par <strong>les</strong> hasards <strong>de</strong> l’exist<strong>en</strong>ce avant <strong>de</strong> comm<strong>en</strong>cer leur « carrière », <strong>les</strong> plus<br />
nombreux, qui continu<strong>en</strong>t à rési<strong>de</strong>r officiellem<strong>en</strong>t dans <strong>les</strong> départem<strong>en</strong>ts circumvoisins,<br />
n’ont été appelés qu’au titre <strong>de</strong> r<strong>en</strong>forts, ce qui démontre à la fois l’insuffisance du<br />
recrutem<strong>en</strong>t <strong>sur</strong> place et l’importance <strong>de</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> résistance. Ainsi que je l’ai<br />
signalé plus haut, la plupart <strong>de</strong> ces milici<strong>en</strong>s « importés » sont nés dans la Loire (16,<br />
soit 59,26 % <strong>de</strong> ce groupe, 12,4 % du total) et du Puy-<strong>de</strong>-Dôme (5, soit 18,52 et 3,87 %).<br />
Les membres <strong>de</strong> l’organisation nés ailleurs <strong>en</strong> métropole représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>semble non<br />
négligeable (32, soit 24,81 % du total) ; toutes <strong>les</strong> régions sont représ<strong>en</strong>tées : à l’exception<br />
116 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
<strong>de</strong> la Corse, l’Ouest (avec Félix Ferry né à Nort-<strong>sur</strong>-Erdre [35]), le Sud-Ouest (avec Élie<br />
Bastou né à Saint-Avit-du-Moiron [33]), le pays catalan (Louis Bernard a vu le jour à<br />
Amélie-<strong>les</strong>-Bains), le Sud-est (Albert Durand d’Avignon), la région parisi<strong>en</strong>ne (Robert<br />
Droguez <strong>de</strong> Paris), le Nord (Blanche Guichard <strong>de</strong> Corbie [80]). Tout cela démontre<br />
que ces hommes et ces femmes s’installèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire au gré <strong>de</strong>s aléas <strong>de</strong> leur<br />
vie privée ou professionnelle et que leur <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t fut postérieur. Il est toutefois à<br />
remarquer une <strong>sur</strong>représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s natifs <strong>de</strong> l’Alsace-Moselle (4 cas, 12,5 % <strong>de</strong> ce<br />
groupe, 3,1 % <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble). Il n’y a là sans doute qu’un effet <strong>de</strong> hasard, car ri<strong>en</strong> ne<br />
<strong>les</strong> rapproche : Char<strong>les</strong> et Marguerite Liepert, nés <strong>en</strong> 1881 et 1884, lui <strong>en</strong> Moselle,<br />
elle dans le Bas-Rhin, <strong>de</strong>meur<strong>en</strong>t à l’heure actuelle un mystère <strong>en</strong> ce qui concerne<br />
leurs professions év<strong>en</strong>tuel<strong>les</strong> ; Hubert Meyer, né <strong>en</strong> 1905 à Wing<strong>en</strong> (67) est professeur<br />
d’allemand au lycée du Puy ; quant au mosellan Aloys Monlinet, né <strong>en</strong> 1923, c’est un<br />
mécanici<strong>en</strong> semble-t-il un peu simple d’esprit, qui ne resta que peu <strong>de</strong> temps embrigadé.<br />
Pour finir ce panorama, disons quelques mots <strong>de</strong>s natifs <strong>de</strong> l’Empire. On avouera notre<br />
ignorance quant au cheminem<strong>en</strong>t qui conduisit Raymond Lacoste <strong>de</strong> Bône aux bois <strong>de</strong><br />
Saint-Juli<strong>en</strong>-du-Pinet où il fut fusillé. Les choses sont peut-être plus faci<strong>les</strong> à déterminer<br />
pour le chef départem<strong>en</strong>tal Georges <strong>de</strong> Villars, qui était lieut<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> vaisseau. Cette<br />
origine ultramarine laisse supposer l’appart<strong>en</strong>ance à une famille <strong>de</strong> militaires coloniaux ;<br />
quant à sa nomination au Puy début août 44 à un poste dont personne ne voulait, elle<br />
lui fut imposée par sa hiérarchie. Comm<strong>en</strong>t la Milice, organisation éminemm<strong>en</strong>t nationaliste<br />
s’il <strong>en</strong> fut, accepta-t-elle <strong>en</strong> son sein un étranger, fût-il « allié », <strong>en</strong> la personne<br />
<strong>de</strong> l’Itali<strong>en</strong> <strong>de</strong> Trieste Alfredo Bergamasco, cela restera égalem<strong>en</strong>t une énigme. La seule<br />
explication plausible est qu’à partir d’un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> difficulté dans le recrutem<strong>en</strong>t,<br />
on n’hésita pas à faire flèche <strong>de</strong> tout bois.<br />
En ce qui concerne la répartition par professions, il est d’abord important <strong>de</strong> noter que<br />
nous ne sommes informés que pour 95 individus <strong>de</strong> notre échantillon (73,64 %). D’autre<br />
part, le problème méthodologique <strong>de</strong> base consiste à déterminer <strong>de</strong>s groupes cohér<strong>en</strong>ts,<br />
ce qui n’est pas toujours aisé ; doit-on ainsi ranger <strong>les</strong> boulangers et <strong>les</strong> coiffeurs parmi<br />
<strong>les</strong> artisans ou <strong>les</strong> commerçants ? Il y a là une part <strong>de</strong> choix personnel que je ne r<strong>en</strong>ie<br />
pas ; néanmoins, au vu <strong>de</strong> l’importance du groupe, je ne p<strong>en</strong>se pas que ces quelques cas<br />
puiss<strong>en</strong>t remettre <strong>en</strong> cause la validité <strong>de</strong> l’analyse. Les résultats sont donc <strong>les</strong> suivants :<br />
Domitia 11 - 2010<br />
tableau 6 : V<strong>en</strong>tilation <strong>de</strong>s professions <strong>en</strong> données brutes<br />
Professions <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Étudiants 12 12,63<br />
Agriculture 4 4,21<br />
Ouvriers/mineurs 10 10,53<br />
Employés du secteur privé 10 10,53<br />
Personnels <strong>de</strong> maîtrise et d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t du secteur privé 3 3,16<br />
Employés du secteur <strong>de</strong>s transports public et privé 5 5,26<br />
Employés <strong>de</strong> l’administration 9 9,47<br />
Cadres <strong>de</strong> l’administration 3 3,16<br />
Patrons <strong>de</strong> l’artisanat 9 9,47<br />
Commerçants/VRP 12 12,63<br />
Professions intellectuel<strong>les</strong> (journaliste, ingénieur, professeur) 5 5,26<br />
Professions libéra<strong>les</strong> 3 3,16<br />
Police/armée 7 7,37<br />
Sans profession et retraités 3 3,16<br />
Total 95 100<br />
Michel Roux 117
Les groupes socioprofessionnels, examinés <strong>de</strong> façon brute sans regroupem<strong>en</strong>ts, exprim<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> façon évid<strong>en</strong>te un très fort éparpillem<strong>en</strong>t. Seuls 4 d’<strong>en</strong>tre eux dépass<strong>en</strong>t<br />
<strong>les</strong> 10 % : il s’agit <strong>de</strong>s étudiants, <strong>de</strong>s commerçants/VRP (ces <strong>de</strong>rniers étant particulièrem<strong>en</strong>t<br />
représ<strong>en</strong>tés avec 6 individus), <strong>de</strong>s employés du secteur privé et <strong>de</strong>s ouvriers/<br />
mineurs. Nos résultats ne s’éloign<strong>en</strong>t donc guère <strong>de</strong> ce que <strong>les</strong> diverses recherches<br />
à propos du recrutem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong> masse fascistes ou nazies ailleurs <strong>en</strong><br />
Europe ont montré : <strong>les</strong> gros bataillons sont fournis par une petite bourgeoisie plus<br />
ou moins déclassée, à forte consci<strong>en</strong>ce politique et religieuse (catholicisme, antisémitisme<br />
et anticommunisme), dotée d’un niveau scolaire conv<strong>en</strong>able. Bi<strong>en</strong> que<br />
le pourc<strong>en</strong>tage d’ouvriers n’ait ri<strong>en</strong> d’exceptionnel au vu <strong>de</strong>s modè<strong>les</strong> évoqués plus<br />
haut, une précision s’impose <strong>en</strong> ce qui concerne la <strong>Haute</strong>-Loire : le départem<strong>en</strong>t<br />
étant peu industrialisé, une part importante <strong>de</strong> ce recrutem<strong>en</strong>t est originaire <strong>de</strong> la<br />
Loire (5 individus), avec parmi eux une part non négligeable <strong>de</strong> mineurs (3) v<strong>en</strong>us<br />
du bassin <strong>de</strong> Saint-Eti<strong>en</strong>ne. Le nombre d’administratifs n’a ri<strong>en</strong> d’exceptionnel<br />
dans un départem<strong>en</strong>t où ce secteur a toujours représ<strong>en</strong>té une part importante <strong>de</strong>s<br />
emplois (21 cas, soit 22,1 % du total) ; il est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du très diversifié, <strong>de</strong>puis le<br />
simple facteur rural jusqu’à l’ingénieur <strong>de</strong>s Eaux et Forêts, <strong>en</strong> passant par l’employé<br />
<strong>de</strong> préfecture ou <strong>de</strong>s services du Contrôle économique. Il est à noter que le nombre<br />
d’<strong>en</strong>seignants est très faible (2, soit 2,1 %) ; <strong>en</strong>core faut-il préciser que l’un d’<strong>en</strong>tre<br />
eux, Georges Pioct, n’est qu’un simple moniteur agricole, et que le second, Hubert<br />
Meyer, d’origine alsaci<strong>en</strong>ne, avait manifesté sa germanophilie dès avant la guerre.<br />
Ceci s’explique indubitablem<strong>en</strong>t par une opposition idéologique nette du corps <strong>en</strong>seignant<br />
altiligéri<strong>en</strong>, habitué au combat pour la laïcité au sein d’un <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
traditionnellem<strong>en</strong>t peu favorable à l’idéologie <strong>de</strong> la Révolution nationale. Inversem<strong>en</strong>t,<br />
et on ne s’<strong>en</strong> étonnera pas, on constate la relative importance parmi <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> la<br />
fonction publique <strong>de</strong> milici<strong>en</strong>s issus <strong>de</strong>s rangs <strong>de</strong> l’armée (2, 2,1 % du total, 9,52 % <strong>de</strong>s<br />
fonctionnaires) et <strong>de</strong> la police (4, 4,21 % du total, 19,04 % <strong>de</strong>s fonctionnaires). J’avoue<br />
n’avoir aucune explication quant à l’importance relative du secteur <strong>de</strong>s transports<br />
routiers avec ses 5 représ<strong>en</strong>tants (5,25 % du total). Il est je p<strong>en</strong>se très important <strong>de</strong><br />
noter la faib<strong>les</strong>se du nombre <strong>de</strong>s agriculteurs : ces <strong>de</strong>rniers ne sont que 4 (et <strong>en</strong>core<br />
l’un d’<strong>en</strong>tre eux est-il un ouvrier agricole défici<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tal), soit 4,21 % <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble,<br />
ce qui est ridicule dans un départem<strong>en</strong>t où la primauté du secteur primaire n’est pas à<br />
démontrer. Faute <strong>de</strong> disposer pour l’heure d’une analyse fine <strong>de</strong>s partis pris idéologiques<br />
<strong>de</strong>s paysans locaux, je p<strong>en</strong>se que l’on peut expliquer cet état <strong>de</strong> fait sans beaucoup<br />
<strong>de</strong> crainte <strong>de</strong> se tromper <strong>en</strong> disant que si l’idéologie maréchaliste reçut certainem<strong>en</strong>t<br />
un accueil assez favorable dans <strong>les</strong> campagnes, ceci n’alla pas jusqu’à un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t<br />
dans une formation paramilitaire, certainem<strong>en</strong>t par prud<strong>en</strong>ce vis-à-vis <strong>de</strong> l’av<strong>en</strong>ir,<br />
mais égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s travaux quotidi<strong>en</strong>s qui dissuada <strong>les</strong> plus<br />
nombreux, ainsi que <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> vie plus favorab<strong>les</strong> <strong>en</strong> termes <strong>de</strong> ravitaillem<strong>en</strong>t<br />
ou d’habillem<strong>en</strong>t que pour la prolétariat ouvrier du Puy (nous avons déjà signalé<br />
parmi <strong>les</strong> motivations poussant à rejoindre <strong>les</strong> rangs <strong>de</strong> la Milice l’importance <strong>de</strong> ces<br />
considérations matériel<strong>les</strong>).<br />
J’ai égalem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>té d’opérer <strong>de</strong>s regroupem<strong>en</strong>ts suivant le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> formation intellectuelle<br />
et <strong>de</strong> responsabilité professionnelle <strong>de</strong> chaque sous-<strong>en</strong>semble (à l’exception <strong>de</strong>s<br />
étudiants, <strong>de</strong>s militaires et policiers et <strong>de</strong>s retraités ou sans profession, difficilem<strong>en</strong>t<br />
assimilab<strong>les</strong> à d’autres), même si l’on peut <strong>en</strong> critiquer <strong>les</strong> présupposés. Ceci m’amène<br />
à la proposition <strong>de</strong> répartition suivante :<br />
118 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
Domitia 11 - 2010<br />
tableau 7 : V<strong>en</strong>tilation <strong>de</strong>s professions après regroupem<strong>en</strong>ts<br />
Profession <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s (après regroupem<strong>en</strong>ts) nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Acteurs économiques <strong>de</strong> base 38 40<br />
Acteurs économiques supérieurs 35 36,84<br />
Étudiants 12 12,63<br />
Police/armée 7 7,37<br />
Sans profession et retraités 3 3,16<br />
Total 95 100<br />
On perçoit d’emblée la <strong>sur</strong>représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui<br />
<strong>les</strong> « déci<strong>de</strong>urs » (même si leur niveau est parfois bi<strong>en</strong> mo<strong>de</strong>ste) par rapport à ce que<br />
j’appelle <strong>les</strong> « acteurs économiques <strong>de</strong> base » (36,84 % contre 40 %), ce qui confirme ce<br />
que je signalais plus haut quant au recrutem<strong>en</strong>t « petit bourgeois » <strong>de</strong> la Milice. Si l’on<br />
met <strong>en</strong> rapport <strong>les</strong> métiers exercés et le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> responsabilité au sein <strong>de</strong> la Milice, on<br />
ne s’étonnera pas <strong>de</strong> constater que <strong>les</strong> chefs apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tous au groupe supérieur, à<br />
l’exception du chef <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>taine Léon Mathieu, employé du Service du Contrôle économique<br />
et d’Aimable Gardon, chef du 2 e service, employé <strong>de</strong>s PTT. Plus on grimpe<br />
dans la hiérarchie <strong>de</strong> l’organisation, plus on ress<strong>en</strong>t l’impression globale d’avoir affaire<br />
à <strong>de</strong>s notab<strong>les</strong> : si <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> locaux ne sont que restaurateur (Joseph Cubizol<strong>les</strong>),<br />
droguiste (Pierre Daumas) ou chef <strong>de</strong> gare (Joseph Jamondy), <strong>les</strong> secrétaires VRP (André<br />
Boudier) ou comptable (Edouard Enjolras), <strong>les</strong> chefs du SR artisan tailleur (Jean<br />
Sabathe) ou imprimeur (Jean Ogier), on retrouve parmi <strong>les</strong> chefs départem<strong>en</strong>taux un<br />
officier <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u directeur commercial après la dissolution <strong>de</strong> l’armée d’Armistice (Pierre<br />
Letellier d’Aufresne), un commerçant <strong>en</strong> radioélectricité (Raymond Touraud) et un<br />
lieut<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> vaisseau (Georges <strong>de</strong> Villars) ; quant au chef régional Auvergne, Jean<br />
Achon, c’est un journaliste bi<strong>en</strong> connu. Seule exception à ce modèle, le cas d’H<strong>en</strong>ri<br />
Viala, simple chef local, alors qu’il est ingénieur <strong>de</strong>s Arts et Métiers. Autrem<strong>en</strong>t dit, si<br />
le discours officiel <strong>de</strong> la Milice est révolutionnaire, ses pratiques internes confirm<strong>en</strong>t son<br />
respect indéfectible <strong>de</strong>s hiérarchies socia<strong>les</strong>.<br />
Jean Achon Aimable Gardon<br />
Le chef régional Jean Achon,<br />
semble-t-il <strong>en</strong> uniforme <strong>de</strong><br />
l’armée régulière et non pas<br />
<strong>de</strong> la Milice.<br />
Aimable Gardon<br />
<strong>en</strong> uniforme <strong>de</strong> milici<strong>en</strong>.<br />
Arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42),<br />
il est passé par <strong>les</strong> armes au<br />
Puy le 5 septembre 1944.<br />
Michel Roux 119
Cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s professions <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s permet <strong>en</strong>fin <strong>de</strong> déceler l’exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> « cellu<strong>les</strong><br />
» <strong>de</strong> recrutem<strong>en</strong>t et d’action ancrées dans un secteur d’activité bi<strong>en</strong> déterminé. Pierre<br />
Mahinc et Char<strong>les</strong> Manhes sont tous <strong>de</strong>ux préparateurs <strong>en</strong> pharmacie au Puy ; Cypri<strong>en</strong><br />
G<strong>en</strong>tial et Clau<strong>de</strong> Gér<strong>en</strong>ton travaill<strong>en</strong>t aux PTT <strong>de</strong> cette même ville. Ils apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
à peu près à la même génération (Mahinc est un peu plus âgé) et ont tous été scolarisés<br />
au P<strong>en</strong>sionnat Notre-Dame-<strong>de</strong>-France.<br />
tableau 8 : gra<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s<br />
L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gra<strong>de</strong>s n’apporte tout compte fait que peu <strong>de</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts exploitab<strong>les</strong> :<br />
gra<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Cadres dirigeants 4 3,1<br />
Cadres intermédiaires 11 8,53<br />
Francs-gar<strong>de</strong>s 25 19,38<br />
<strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> 85 65,89<br />
Indicateurs 4 3,1<br />
Total 129 100<br />
Nous possédons le nom et la fonction du chef régional (Jean Achon) et <strong>de</strong>s trois chefs<br />
départem<strong>en</strong>taux qui se succédèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire (Pierre Letellier d’Aufresne, Raymond<br />
Touraud, Georges <strong>de</strong> Villars), soit 3,1 % <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s individus répertoriés.<br />
La bonne <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te n’a semble-t-il pas toujours régné <strong>en</strong> leur sein puisque Achon a démis<br />
Letellier le 18/12/43, ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ant commissaire <strong>de</strong> police à Lille (faut-il y voir<br />
une incompatibilité <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes ou bi<strong>en</strong> un limogeage pour abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />
résultats ? on ne saurait répondre pour l’heure à cette question). Les autres gradés sont<br />
désignés dans <strong>les</strong> procédures judiciaires ou <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> journaux par <strong>de</strong>s expressions<br />
qui n’apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas au vocabulaire <strong>de</strong> l’organisation (« chef local », « secrétaire »,<br />
« chef du SR »). Un seul est intégré dans la nom<strong>en</strong>clature officielle avec le gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> chef<br />
<strong>de</strong> tr<strong>en</strong>taine. Ces 11 cadres intermédiaires constitu<strong>en</strong>t 8,53 % <strong>de</strong> notre échantillon. On<br />
<strong>en</strong> retire donc une nette impression <strong>de</strong> sous-<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t ; il ne me semble pas que celuici<br />
provi<strong>en</strong>ne d’une capacité plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces responsab<strong>les</strong> à passer <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> gouttes et<br />
à se r<strong>en</strong>dre invisib<strong>les</strong> au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’épuration, mais plutôt d’une méconnaissance <strong>de</strong><br />
la part <strong>de</strong> la population, <strong>de</strong>s résistants et <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong>s arcanes organisationnel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la<br />
Milice. Cette même explication me paraît <strong>de</strong>voir s’appliquer aux hommes <strong>de</strong> troupe et<br />
sous-officiers (ces <strong>de</strong>rniers n’apparaissant pas clairem<strong>en</strong>t dans nos sources). Ils sont invariablem<strong>en</strong>t<br />
désignés par <strong>les</strong> mots « milici<strong>en</strong> » ou « franc-gar<strong>de</strong> ». Il est bon <strong>de</strong> rappeler<br />
que ce <strong>de</strong>rnier terme désigne le « soldat » <strong>de</strong> base, l’équival<strong>en</strong>t d’un <strong>de</strong>uxième classe,<br />
une sorte <strong>de</strong> perman<strong>en</strong>t armé et revêtu d’un uniforme. Or, on n’<strong>en</strong> relève que 25 occur<strong>en</strong>ces,<br />
soit 19,38 % du total. Bi<strong>en</strong> que ceci ait certainem<strong>en</strong>t été le cas dans un nombre<br />
d’occasions qu’il nous est impossible <strong>de</strong> préciser <strong>en</strong> l’état actuel <strong>de</strong> notre recherche,<br />
il serait fort étonnant que le second vocable, très majoritaire avec 85 noms (65,89 %),<br />
n’ait pu désigner que <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s d’occasion ou <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> <strong>en</strong>cartés. Ce flou artistique<br />
dans la désignation <strong>de</strong>s individus est <strong>en</strong>core révélé par le fait qu’au sein du groupe<br />
<strong>de</strong>s « milici<strong>en</strong>s », l’appart<strong>en</strong>ance au mouvem<strong>en</strong>t n’est pas considérée comme certaine<br />
pour 20 cas (15,5 % <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble, mais 23,53 % <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers). Marginalem<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant,<br />
nous pouvons être au fait <strong>de</strong>s fonctions précises <strong>de</strong> certains francs-gar<strong>de</strong>s :<br />
nous savons ainsi qu’Abel Crozemarie, Léon Cubizol<strong>les</strong> et Pierre Nicollaud étai<strong>en</strong>t <strong>les</strong><br />
gar<strong>de</strong>s du corps du chef régional Achon qu’ils accompagnèr<strong>en</strong>t, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux premiers <strong>de</strong><br />
façon certaine, <strong>en</strong> Allemagne. Dernier groupe signalé par nos docum<strong>en</strong>ts, celui <strong>de</strong>s<br />
ag<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts, dont la fonction même appelait la discrétion pour mieux<br />
t<strong>en</strong>ter <strong>de</strong> tromper ou <strong>de</strong> pénétrer <strong>les</strong> mouvem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Résistance : on <strong>en</strong> connaît quatre<br />
120 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
exemp<strong>les</strong> (3,1 %), Ju<strong>les</strong> Delair, facteur à Briou<strong>de</strong>, Jean Georges, retraité <strong>de</strong> Retournac,<br />
Clau<strong>de</strong> Locussol, un autre préposé, mais d’Allègre celui-ci, et Victor Sauron, agriculteur<br />
à Retournac égalem<strong>en</strong>t. Le « métier » s’avérait dangereux puisqu’ils fur<strong>en</strong>t tous<br />
<strong>en</strong>levés et exécutés sans jugem<strong>en</strong>t par le maquis. À l’inverse, on peut supposer que <strong>les</strong><br />
plus habi<strong>les</strong> ne laissèr<strong>en</strong>t aucune trace et passèr<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> mail<strong>les</strong> du filet.<br />
Cet exam<strong>en</strong> trop sommaire t<strong>en</strong>drait donc bi<strong>en</strong> à démontrer que la peur qu’<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drait<br />
la Milice empêchait <strong>les</strong> Résistants <strong>de</strong> s’intéresser <strong>de</strong> trop près à son organisation alors<br />
qu’elle était <strong>en</strong> activité, ce que l’histori<strong>en</strong> ne peut que compr<strong>en</strong>dre, mais égalem<strong>en</strong>t<br />
regretter d’un strict point <strong>de</strong> vue sci<strong>en</strong>tifique. Une fois l’heure <strong>de</strong>s comptes v<strong>en</strong>ue, le<br />
simple fait d’avoir gravité au sein ou autour <strong>de</strong> la nébuleuse <strong>de</strong>s hommes <strong>en</strong> noir suffit<br />
pour être frappé ; <strong>les</strong> maquisards et résistants, dans l’urg<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’instant, n’attachai<strong>en</strong>t<br />
plus alors aucune importance à ces différ<strong>en</strong>ciations <strong>de</strong> gra<strong>de</strong>s qui <strong>de</strong>vai<strong>en</strong>t leur paraître<br />
quelque peu byzantines. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s para<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s défilés, une <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> la Milice,<br />
outre la terreur qu’elle inspirait, résida certainem<strong>en</strong>t dans le profond mystère <strong>en</strong>tourant<br />
son fonctionnem<strong>en</strong>t interne, mystère savamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>u par ses responsab<strong>les</strong>, ce qui<br />
ne manque pas <strong>de</strong> piquant pour <strong>de</strong>s g<strong>en</strong>s qui, <strong>en</strong>tre autres, se rev<strong>en</strong>diquai<strong>en</strong>t du combat<br />
contre <strong>les</strong> sociétés secrètes comme la franc-maçonnerie. Autre ironie <strong>de</strong> l’histoire, sa<br />
structure nucléaire par cerc<strong>les</strong> conc<strong>en</strong>triques, certes inspirée par <strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> nazis et<br />
fascistes, empruntait beaucoup à celle du PCF, dont la solidité avait fait ses preuves<br />
<strong>de</strong>puis son interdiction par Daladier.<br />
l’éPuration Et sEs suitEs<br />
Quel fut le sort qui att<strong>en</strong>dait ces hommes et ces femmes après <strong>les</strong> débarquem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />
Normandie et <strong>de</strong> Prov<strong>en</strong>ce, puis la libération du territoire ? Pour analyser cela <strong>de</strong> la façon<br />
la plus claire possible, j’ai choisi d’examiner <strong>en</strong> premier lieu le cas <strong>de</strong> ceux qui subir<strong>en</strong>t la<br />
vindicte <strong>de</strong> leurs adversaires avant l’automne 44, date à laquelle <strong>les</strong> institutions républicaines<br />
sont rétablies <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire et dans <strong>les</strong> départem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>vironnants. Ce groupe<br />
comporte 74 individus (57,36 % du total). Parmi eux, 44 fur<strong>en</strong>t abattus ou fusillés sans<br />
jugem<strong>en</strong>t (59,46 %), <strong>les</strong> 30 autres (40,54 %) fur<strong>en</strong>t traduits <strong>de</strong>vant une Cour martiale au<br />
Puy, dans le Brivadois ou <strong>en</strong>core <strong>de</strong>vant un tribunal militaire, juridictions d’exception<br />
qui ne s’embarrassai<strong>en</strong>t pas a priori <strong>de</strong> fioritures (mais on verra que <strong>les</strong> choses ne sont<br />
pas si simp<strong>les</strong>).<br />
Domitia 11 - 2010<br />
tableau 9 :<br />
1944 : cours martia<strong>les</strong> et exécutions sans jugem<strong>en</strong>ts<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
sans jugem<strong>en</strong>t Cour martiale<br />
Est<br />
Michel Roux 121
Jeanne Romieux<br />
ne faisait pas partie <strong>de</strong> la Milice.<br />
Maîtresse du commandant <strong>de</strong><br />
la place du Puy,<br />
le Major Julius Schmähling,<br />
elle accompagna <strong>les</strong><br />
Allemands dans leur retraite<br />
<strong>de</strong> peur <strong>de</strong>s représail<strong>les</strong>. On<br />
la voit ici lors <strong>de</strong> sa capture à<br />
Estivareil<strong>les</strong> (42). Elle est fusillée<br />
dès le 26 août 44 dans le<br />
bois <strong>de</strong> Lazarlier, commune<br />
<strong>de</strong> Saint-Clém<strong>en</strong>t (63), par<br />
le Corps-franc du capitaine<br />
Hoche.<br />
Les premières exécutions sommaires individuel<strong>les</strong> eur<strong>en</strong>t lieu dès 1943 : el<strong>les</strong> concern<strong>en</strong>t<br />
27 individus (61,36 % <strong>de</strong> ceux qui ne fur<strong>en</strong>t pas jugés, 36,49 % du groupe <strong>de</strong>s 74, 20,93 %<br />
<strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s) ; cette année-là, Léopold Praly fut abattu dans un café du<br />
Chambon-<strong>sur</strong>-Lignon le 6 août, suivi le 7 octobre par Jean-Marie Lambert, <strong>en</strong>core une<br />
fois dans un débit <strong>de</strong> boissons, mais d’Yssingeaux. Les événem<strong>en</strong>ts prir<strong>en</strong>t une toute<br />
autre tournure au printemps et à l’été 1944. Ce sont 18 milici<strong>en</strong>s qui payèr<strong>en</strong>t leurs<br />
forfaits <strong>de</strong> leur vie. Marcellin Roche, révolvérisé dans un bar <strong>de</strong> Vorey, <strong>sur</strong>vécut miraculeusem<strong>en</strong>t<br />
à ses b<strong>les</strong><strong>sur</strong>es et ne s’éteindra qu’<strong>en</strong> 1974. Toutes <strong>les</strong> zones du départem<strong>en</strong>t<br />
fur<strong>en</strong>t concernées par ces actions, bi<strong>en</strong> qu’on dénote une certaine conc<strong>en</strong>tration dans le<br />
nord et l’ouest, à mettre <strong>en</strong> rapport avec l’activité militaire <strong>de</strong>s maquis, notamm<strong>en</strong>t aux<br />
al<strong>en</strong>tours du réduit du Mont Mouchet. Six autres milici<strong>en</strong>s (respectivem<strong>en</strong>t 13,63 %,<br />
8,11 % et 4,65 % <strong>de</strong>s échantillons évoqués ci-<strong>de</strong>ssus) fur<strong>en</strong>t exécutés <strong>en</strong> <strong>de</strong>hors du départem<strong>en</strong>t<br />
soit après leur capture alors qu’ils t<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fuir, soit consécutivem<strong>en</strong>t à<br />
leur <strong>en</strong>lèvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire et à leur transfert dans une circonscription voisine.<br />
Jean Georges, Jean Sabathe et Victor Simon fur<strong>en</strong>t passés par <strong>les</strong> armes par <strong>les</strong> FTP<br />
<strong>de</strong> l’Ardèche <strong>en</strong> août, Jean-Baptiste Pajot et Marcel Mialhe connur<strong>en</strong>t le même sort <strong>en</strong><br />
Lozère <strong>en</strong> juin et septembre, Albert Michel tomba dans le Puy-<strong>de</strong>-Dôme <strong>en</strong> juillet.<br />
Il y eut égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s fusilla<strong>de</strong>s collectives sans jugem<strong>en</strong>t qui concernèr<strong>en</strong>t 17 individus<br />
(38,64 %, 22,97 % et 13,18 %). Cel<strong>les</strong>-ci fur<strong>en</strong>t consécutives à l’attaque <strong>de</strong> la colonne<br />
alleman<strong>de</strong> qui fuyait Le Puy in<strong>sur</strong>gé <strong>de</strong>puis le 18 août par divers groupes <strong>de</strong> maquisards<br />
<strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Loire, <strong>de</strong> la Loire et du Puy-<strong>de</strong>-Dôme à Estivareil<strong>les</strong> (42) le 22. Les<br />
troupes nazies dur<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>dre ; el<strong>les</strong> traînai<strong>en</strong>t dans leurs fourgons collaborateurs et<br />
milici<strong>en</strong>s. Ceux-ci fur<strong>en</strong>t partagés, suivant <strong>de</strong>s modalités que nous ne connaissons pas,<br />
<strong>en</strong>tre <strong>les</strong> résistants. Un certain nombre d’<strong>en</strong>tre eux, nous y revi<strong>en</strong>drons, fut ram<strong>en</strong>é dans<br />
la cité ponote. Les autres payèr<strong>en</strong>t dans la foulée. Le groupe FTPF du camp Wodli<br />
<strong>en</strong> transféra 9 à Craponne-<strong>sur</strong>-Arzon et <strong>les</strong> exécuta le jour<br />
même (un doute se pose cep<strong>en</strong>dant quand au lieu <strong>de</strong> la mort<br />
<strong>de</strong> Germain Bouvier) ; <strong>les</strong> FFI <strong>de</strong> la Formation Sambre-et-<br />
Meuse <strong>en</strong> fir<strong>en</strong>t <strong>de</strong> même pour 4 captifs à Montarcher (42),<br />
bi<strong>en</strong> que François Sal<strong>les</strong> ait pu être exécuté <strong>sur</strong> le lieu du<br />
combat, peut-être <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> ses b<strong>les</strong><strong>sur</strong>es qui<br />
le r<strong>en</strong>dait intransportable ; <strong>en</strong>fin le corps-franc du capitaine<br />
Adri<strong>en</strong> Pommier, dit « Capitaine Hoche », fit <strong>de</strong> même le<br />
26 août à Saint-Clém<strong>en</strong>t (63) pour 4 autres milici<strong>en</strong>s, avec<br />
parmi eux le couple Liepert et leur g<strong>en</strong>dre Boysson d’École<br />
(la maîtresse française du commandant allemand <strong>de</strong> la place<br />
du Puy, Jeanne Romieux, qui n’était pas milici<strong>en</strong>ne, subit un<br />
sort id<strong>en</strong>tique). L’âpreté <strong>de</strong>s combats, la férocité <strong>de</strong> haines<br />
ressassées <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s mois, voire <strong>de</strong>s années, l’ambiance <strong>de</strong><br />
guerre civile <strong>en</strong> cet été 44 expliqu<strong>en</strong>t qu’il ne pouvait guère<br />
être question <strong>de</strong> faire quartier. Néanmoins, <strong>les</strong> partisans<br />
ne peuv<strong>en</strong>t être accusés d’avoir agi sans discernem<strong>en</strong>t : <strong>en</strong><br />
effet, la femme et le jeune fils d’Hippolyte Maisonneuve,<br />
qui allait être emm<strong>en</strong>é au Puy, sans relation avec la Milice,<br />
fur<strong>en</strong>t libérés sans être inquiétés.<br />
Jeanne Romieux<br />
L’évocation du cas <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier milici<strong>en</strong> nous permet<br />
d’opérer la transition avec ceux qui l’accompagnèr<strong>en</strong>t au<br />
chef-lieu où ils fur<strong>en</strong>t traduits <strong>de</strong>vant une Cour martiale<br />
présidée par le capitaine FFI Luci<strong>en</strong> Rongier, dit « Capitaine<br />
Alain ». Les motifs <strong>de</strong> r<strong>en</strong>voi étai<strong>en</strong>t tous assez<br />
semblab<strong>les</strong> et on <strong>les</strong> retrouvera <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> juridictions offi-<br />
122 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
ciel<strong>les</strong> compét<strong>en</strong>tes par la suite : il s’agit<br />
d’accusation <strong>de</strong> trahison, d’assassinat,<br />
<strong>de</strong> tortures, <strong>de</strong> dénonciations, d’intellig<strong>en</strong>ce<br />
avec l’<strong>en</strong>nemi. Cette redondance<br />
nous a am<strong>en</strong>é pour l’instant à pr<strong>en</strong>dre<br />
le parti <strong>de</strong> ne pas nous y intéresser. La<br />
Cour statua <strong>sur</strong> 20 cas <strong>de</strong> milici<strong>en</strong>s<br />
(66,66 % <strong>de</strong> ceux qui passèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vant<br />
ce type <strong>de</strong> juridiction, 27,02 % du<br />
groupe <strong>de</strong>s 74, 15,5 % <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble).<br />
Une première session le 4 septembre<br />
<strong>en</strong>voya au peloton d’exécution assemblé<br />
le l<strong>en</strong><strong>de</strong>main au camp d’Eyc<strong>en</strong>ac<br />
un premier groupe <strong>de</strong> 5 condamnés,<br />
George Brive, Pierre Donzel, Robert<br />
Droguez, Aimable Gardon et Hippolyte<br />
Maisonneuve (l’épouse <strong>de</strong> Donzel,<br />
Anna Schachter, citoy<strong>en</strong>ne alleman<strong>de</strong>,<br />
égalem<strong>en</strong>t condamnée, <strong>les</strong> accompagna<br />
dans la mort) ; une secon<strong>de</strong>, réunie dans<br />
<strong>les</strong> mêmes conditions le 15, fit exécuter<br />
le 16, 5 autres personnes : il s’agissait Pierre Donzel<br />
<strong>de</strong> Luci<strong>en</strong> Breuil, Blanche Guichard,<br />
son époux Jean-Baptiste, Georges Pouget et Raymond Touraud. La <strong>de</strong>rnière session<br />
du 21 ne frappa du châtim<strong>en</strong>t suprême qu’André Romeyer, qui d’ailleurs avait été<br />
capturé lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> la caserne Romeuf au Puy et non pas à Estivareil<strong>les</strong> ; il fut<br />
accompagné dans la mort par <strong>de</strong>ux femmes <strong>de</strong> mœurs légères, toutes <strong>de</strong>ux maîtresses<br />
<strong>de</strong> soldats allemands, accusées sans gran<strong>de</strong>s preuves d’être <strong>de</strong>s dénonciatrices <strong>de</strong><br />
résistants, Marie-Louise Beaufumé et Marinette Pascal. On ne sait comm<strong>en</strong>t fur<strong>en</strong>t<br />
constitués ces groupes. Tout au plus peut-on supposer qu’on exécuta <strong>en</strong> premier ceux<br />
qui avai<strong>en</strong>t accumulé <strong>sur</strong> eux le plus <strong>de</strong> haine et dont on p<strong>en</strong>sait qu’un interrogatoire<br />
plus poussé n’amènerait ri<strong>en</strong>. Les <strong>de</strong>rniers fusillés att<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t plusieurs jours, év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t<br />
pour <strong>de</strong>s raisons opposées à cel<strong>les</strong> que nous v<strong>en</strong>ons d’évoquer, à moins<br />
que leurs b<strong>les</strong><strong>sur</strong>es ne <strong>les</strong> euss<strong>en</strong>t empêchés <strong>de</strong> comparaître. La Cour martiale du Puy<br />
ne fut cep<strong>en</strong>dant pas un antre <strong>de</strong> bassesse et <strong>de</strong> sauvagerie où <strong>de</strong>s « résistants <strong>de</strong> la<br />
vingt-cinquième heure » se livrèr<strong>en</strong>t aux pires règlem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> compte pour faire oublier<br />
leurs propres compromissions ainsi qu’une certaine historiographie t<strong>en</strong>d <strong>de</strong> nos jours<br />
à <strong>en</strong> accréditer l’idée. En effet, <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> leur âge, moins <strong>de</strong> 25 ans, et alors qu’ils<br />
étai<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s avérés, elle se cont<strong>en</strong>ta <strong>de</strong> condamner à 3 ans <strong>de</strong> prison Roland<br />
et Georgette Brive, à 5 ans Marguerite Touraud, à 10 Gabriel Thérond et à 20 son<br />
frère Marc et sa sœur Colette. On peut estimer que ces peines étai<strong>en</strong>t lour<strong>de</strong>s, mais<br />
dans l’échauffem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s esprits consécutifs à la Libération, <strong>les</strong> juges militaires du<br />
Puy <strong>sur</strong><strong>en</strong>t faire la part <strong>de</strong>s choses. Mieux, ils acquittèr<strong>en</strong>t Norbert Thérond, âgé<br />
seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> 16 ans et sa mère, ainsi que Jean Guerrut, pris <strong>les</strong> armes à la main, mais<br />
dont on savait qu’il était simple d’esprit.<br />
L’autre Cour martiale t<strong>en</strong>ue dans le départem<strong>en</strong>t intéresse le Brivadois. 9 milici<strong>en</strong>s<br />
(respectivem<strong>en</strong>t 30 %, 12,16 % et 6,98 %), accompagnés d’un couple <strong>de</strong> restaurateurs<br />
accusés d’avoir dénoncé <strong>de</strong>s résistants, fur<strong>en</strong>t condamnés à mort le 12 août et exécutés<br />
le 13 dans le bois <strong>de</strong> Malpeyre, commune <strong>de</strong> Lubilhac, par le maquis <strong>de</strong> la 7 e zone sous<br />
le comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Jean Maurin, dit « Capitaine Cobra ». Le fait que ces individus<br />
ai<strong>en</strong>t tous atteint la tr<strong>en</strong>taine ainsi que la férocité <strong>de</strong>s combats qui avai<strong>en</strong>t eu lieu autour<br />
du Mont Mouchet expliqu<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t qu’il n’y eut pas <strong>de</strong> quartier.<br />
Domitia 11 - 2010<br />
Pierre Donzel<br />
<strong>en</strong> compagnie <strong>de</strong> son épouse<br />
alleman<strong>de</strong> Anna Schlachter et<br />
d’autres prisonniers après leur<br />
capture à Estivareil<strong>les</strong> (42) ;<br />
ils seront tous <strong>de</strong>ux fusillés au<br />
Puy le 5 septembre.<br />
Michel Roux 123
Le <strong>de</strong>rnier Altilégéri<strong>en</strong> à être traduit <strong>de</strong>vant une juridiction d’exception le fut dans <strong>de</strong>s<br />
conditions plus origina<strong>les</strong>. Victori<strong>en</strong> Vinc<strong>en</strong>t avait fui Le Puy au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Libération.<br />
On peut supposer que comme nombre d’autres milici<strong>en</strong>s, il cherchait à gagner<br />
l’Allemagne puisqu’il fut arrêté par <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la 2 e DB dans <strong>les</strong> Vosges. Prés<strong>en</strong>té<br />
<strong>de</strong>vant le Tribunal militaire aux armées, il fut passé par <strong>les</strong> armes à Esseygney (88) le<br />
10 octobre (3,33 %, 1,35 % et 0,77 %).<br />
Le sort <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s frappés par la Résistance ou tombés <strong>en</strong>tre ses mains <strong>de</strong> la fin 43 à<br />
l’automne 44 peut donc graphiquem<strong>en</strong>t se résumer <strong>de</strong> la façon suivante :<br />
tableau 10 : V<strong>en</strong>tilation <strong>de</strong>s peines jusqu’à l’automne 44<br />
<strong>les</strong> peines jusqu’à l’automne 44 nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Exécutions sommaires individuel<strong>les</strong> 27 36,49<br />
Exécutions sommaires collectives 17 22,97<br />
Exécutions après condamnation par une Cour martiale 21 28,38<br />
Peines <strong>de</strong> prison 6 8,11<br />
Acquittem<strong>en</strong>ts 3 4,05<br />
Total 74 100<br />
Il va <strong>de</strong> soi que si l’on met <strong>en</strong> corrélation toutes <strong>les</strong> exécutions et condamnations à mort<br />
suivies d’effet, on ne peut que constater que l’atmosphère <strong>de</strong> l’époque ne ressemblait<br />
pas, comme le disait à propos <strong>de</strong> la révolution Mao Tsé Toung, à celle d’« un dîner <strong>de</strong><br />
gala » :<br />
tableau 11 : V<strong>en</strong>tilation <strong>de</strong>s peines jusqu’à l’automne 44 après regroupem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>les</strong> peines jusqu’à l’automne 44 (après regroupem<strong>en</strong>ts) nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Exécutions 65 87,84<br />
Peines <strong>de</strong> prison 6 8,11<br />
Acquittem<strong>en</strong>ts 3 4,05<br />
Total 74 100<br />
À partir <strong>de</strong> l’hiver 1944-1945, <strong>les</strong> institutions judiciaires républicaines sont rétablies<br />
et <strong>les</strong> Cours <strong>de</strong> justice remplac<strong>en</strong>t <strong>les</strong> juridictions d’exception pour traiter l’<strong>en</strong>semble<br />
du cont<strong>en</strong>tieux né <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> d’occupation. El<strong>les</strong> fonctionneront jusqu’à la fin <strong>de</strong>s<br />
années 40. Parmi notre groupe <strong>de</strong> 129 milici<strong>en</strong>s, 41 d’<strong>en</strong>tre eux auront maille à partir<br />
avec el<strong>les</strong>, soit 31,78 %. Signalons que nous retrouverons parmi eux Jean Guerrut et Victori<strong>en</strong><br />
Vinc<strong>en</strong>t, déjà évoqués ci-<strong>de</strong>ssus. Ainsi que <strong>les</strong> chiffres ci-après le démontr<strong>en</strong>t, <strong>les</strong><br />
peines infligées <strong>en</strong> première instance sont extrêmem<strong>en</strong>t variab<strong>les</strong>, mais on a néanmoins<br />
l’impression, confirmée par d’autres étu<strong>de</strong>s, que ceux qui eur<strong>en</strong>t la chance d’être jugés<br />
le plus tard s’<strong>en</strong> tirèr<strong>en</strong>t le mieux :<br />
124 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
Domitia 11 - 2010<br />
tableau 12 : Peines prononcées par <strong>les</strong> cours <strong>de</strong> justice<br />
Peines prononcées par <strong>les</strong> cours <strong>de</strong> justice nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Condamnés à mort par contumace 13 31,7<br />
Condamnés à mort exécutés 5 12,18<br />
Condamnés à mort ayant vu leurs peines commuées 2 4,88<br />
Travaux forcés à perpétuité 1 2,44<br />
15 ans 3 7,32<br />
10 ans 2 4,88<br />
5 ans 2 4,88<br />
1 an 1 2,44<br />
6 mois 2 4,88<br />
3 mois 1 2,44<br />
Confiscation <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s 1 2,44<br />
Indignité nationale à vie 3 7,32<br />
5 ans d’indignité 1 2,44<br />
Pas <strong>de</strong> précision <strong>sur</strong> la condamnation 3 7,32<br />
Acquitté 1 2,44<br />
Total 41 100<br />
Avant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong> nécessaires regroupem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> données, apportons d’emblée quelques<br />
précisions. 18 condamnations (43,90 %) fur<strong>en</strong>t le fait <strong>de</strong> Cours extérieures à la <strong>Haute</strong>-<br />
Loire, Riom v<strong>en</strong>ant largem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tête avec 9 cas, <strong>de</strong>vant Lyon, 3 cas, Bor<strong>de</strong>aux, Nîmes,<br />
Clermont-Ferrand, Pamiers et M<strong>en</strong><strong>de</strong> (1 cas). Cet év<strong>en</strong>tail géographique s’explique bi<strong>en</strong><br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>du par <strong>les</strong> stratégies <strong>de</strong> fuite diverses <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s et leurs lieux d’arrestation, mais<br />
aussi par le fait que Riom étant la Cour d’Appel dont ressort Le Puy, un certain nombre<br />
<strong>de</strong> procès dur<strong>en</strong>t y être transférés dans un souci <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> sérénité.<br />
Il est à remarquer que toutes <strong>les</strong> condamnations à mort suivies d’effet fur<strong>en</strong>t prononcées par<br />
ces juridictions extérieures, 3 pour Lyon, Pierre Nauthonnier, Jean Ogier et Jean <strong>de</strong> Fay<br />
<strong>de</strong> la Roche (ce <strong>de</strong>rnier cas manque <strong>de</strong> clarté ; son exécution précoce au mois d’octobre 44<br />
aurait pu être le fait d’une décision <strong>de</strong> Cour martiale), 1 pour Nîmes (Roger Saladin) et 1<br />
pour Riom (Émile Monnet). Celui-ci tomba sous <strong>les</strong> bal<strong>les</strong> <strong>en</strong> avril 46, Roger Saladin <strong>en</strong><br />
mai et Jean Ogier <strong>en</strong> août 47, c’est-à-dire relativem<strong>en</strong>t tard. Doit-on attribuer cela à une<br />
plus gran<strong>de</strong> sévérité par rapport à ce qui se passait <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire ou bi<strong>en</strong> à la gravité <strong>de</strong>s<br />
forfaits ? Cette <strong>de</strong>rnière explication semble valable pour Nauthonnier qui s’était illustré<br />
<strong>en</strong> tant que tortionnaire <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Savoie puis à Montpellier, <strong>de</strong> même que pour Monnet<br />
qui avait sévi à la prison du Puy, tant et si bi<strong>en</strong> que la cour riomoise <strong>de</strong>manda à ce qu’il<br />
fût fusillé <strong>sur</strong> le lieu <strong>de</strong> ses « exploits ». Jean Durand et Ferdinand Parrat eur<strong>en</strong>t plus <strong>de</strong><br />
chance. La peine <strong>de</strong> mort du premier, prononcée par la Cour <strong>de</strong> M<strong>en</strong><strong>de</strong> <strong>en</strong> octobre 44<br />
fut commuée <strong>en</strong> 20 ans <strong>de</strong> travaux forcés pour « incapacité perman<strong>en</strong>te ». Ayant connu<br />
dans mon <strong>en</strong>fance et mon ado<strong>les</strong>c<strong>en</strong>ce ce personnage au Puy, lequel ne manifestait aucun<br />
handicap physique ou m<strong>en</strong>tal, je n’ai pu compr<strong>en</strong>dre la signification <strong>de</strong> cette expression.<br />
Le second était un <strong>de</strong>s pires milici<strong>en</strong>s ponots : son exécution ne faisait aucun doute,<br />
mais il eut la chance d’avoir à témoigner après sa condamnation dans le procès int<strong>en</strong>té<br />
au Procureur <strong>de</strong> la République <strong>de</strong> la cité anici<strong>en</strong>ne qui s’était signalé par son zèle dans<br />
la traque <strong>de</strong>s résistants. Les mois passèr<strong>en</strong>t ; la Guerre d’Indochine v<strong>en</strong>ait <strong>de</strong> comm<strong>en</strong>cer<br />
et la France avait besoin <strong>de</strong> r<strong>en</strong>forcer ses effectifs. Comme un certain nombre d’autres,<br />
milici<strong>en</strong>s, Waff<strong>en</strong>-SS, prisonniers allemands, il fut gracié à condition <strong>de</strong> s’<strong>en</strong>gager pour<br />
l’Extrême-Ori<strong>en</strong>t. Les 13 autres condamnations à mort prononcées au Puy ne le fur<strong>en</strong>t<br />
que par contumace. Ironiquem<strong>en</strong>t, Victori<strong>en</strong> Vinc<strong>en</strong>t, qui avait été passé par <strong>les</strong> armes<br />
nous l’avons dit par la 2 e DB, fut condamné à cette peine après sa mort, car personne au<br />
Puy n’était au courant <strong>de</strong> celle-ci.<br />
Michel Roux 125
Les peines <strong>de</strong> prison lour<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> 5 ans à perpétuité, frappèr<strong>en</strong>t 8 individus (19,51 %).<br />
Perpétuité pour Antonin Barran<strong>de</strong> (certainem<strong>en</strong>t au Puy), 15 ans (à Riom) pour Pierre<br />
Letellier d’Aufresne, arrêté à Nancy, qui paya ses fonctions <strong>de</strong> Chef départem<strong>en</strong>tal,<br />
Jean-Pierre Quinqueton (à Riom égalem<strong>en</strong>t) et H<strong>en</strong>ri Viala (à Bor<strong>de</strong>aux), 10 ans pour<br />
Léon Cubizol<strong>les</strong>, gar<strong>de</strong> du corps d’Achon (à Riom), et Georges <strong>de</strong> Villars, à qui semblet-il<br />
on fut reconnaissant <strong>de</strong> son attitu<strong>de</strong> modératrice lors <strong>de</strong> sa nomination au Puy début<br />
août 44, 5 ans <strong>en</strong>fin pour Juliette Octru, accompagnés <strong>de</strong> la contumace et <strong>de</strong> 10 000 F<br />
d’am<strong>en</strong><strong>de</strong>, et Yvonne Sabathe. Dans 4 cas (9,75 %), <strong>les</strong> peines fur<strong>en</strong>t fort mo<strong>de</strong>stes puisque<br />
inférieures ou éga<strong>les</strong> à une année d’emprisonnem<strong>en</strong>t : Marie Laur<strong>en</strong>t écopa d’un<br />
an, Pierre Liabeuf, qui avait réussi à fausser compagnie aux maquisards qui voulai<strong>en</strong>t<br />
le fusiller durant l’été 44, et Hubert Meyer à 6 mois (pour ce <strong>de</strong>rnier avec une am<strong>en</strong><strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> 1 000 F), Aloys Monlinet, qui n’avait fait que passer brièvem<strong>en</strong>t dans la Milice et ne<br />
semblait pas jouir <strong>de</strong> toutes ses facultés, à 3 mois (à Riom).<br />
Toutes <strong>les</strong> condamnations évoquées jusque là sembl<strong>en</strong>t s’être accompagnées <strong>de</strong> la confiscation<br />
<strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s et <strong>de</strong> l’indignité nationale à vie. Certains justiciab<strong>les</strong>, 6 <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce<br />
(14,63 %), ne subir<strong>en</strong>t que ce type <strong>de</strong> peine, et <strong>en</strong>core pour certains <strong>en</strong> partie seulem<strong>en</strong>t :<br />
ce fut le cas pour Cypri<strong>en</strong> G<strong>en</strong>tial <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> Clermont-Fd et pour Michel<br />
Chambon <strong>de</strong>vant celle <strong>de</strong> Riom ; Pierre Vinc<strong>en</strong>t ne fut frappé que <strong>de</strong> l’indignité à vie<br />
dans l’Ariège, <strong>de</strong> même que Clau<strong>de</strong> Gér<strong>en</strong>ton à Riom. Cette Cour se cont<strong>en</strong>ta d’infliger<br />
une indignité <strong>de</strong> 5 ans à Georges Pioct. Signalons pour terminer que 3 cas (7,32 %), dont<br />
un jugé à Lyon, <strong>de</strong>meur<strong>en</strong>t un mystère dans la me<strong>sur</strong>e où nous savons que ces hommes<br />
fur<strong>en</strong>t traduits <strong>en</strong> justice mais nous ne sommes pas parv<strong>en</strong>us à savoir quel<strong>les</strong> fur<strong>en</strong>t <strong>les</strong><br />
peines qui leur fur<strong>en</strong>t infligées. Nous terminerons par le malheureux Jean Guerrut : déjà<br />
acquitté par la Cour martiale du Puy, il fut traduit à nouveau <strong>de</strong>vant sa Cour <strong>de</strong> justice<br />
<strong>en</strong> février 45. L’expert psychiatre qui l’avait examiné signala que son intellig<strong>en</strong>ce était<br />
si limitée qu’elle lui permettait <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r <strong>les</strong> moutons, mais pas <strong>les</strong> vaches ! Inutile <strong>de</strong><br />
préciser que le second jugem<strong>en</strong>t ne dém<strong>en</strong>tit pas le premier.<br />
Voici la traduction illustrée <strong>de</strong> ce qui précè<strong>de</strong> :<br />
Figure 13 : Peines prononcées par <strong>les</strong> cours <strong>de</strong> justice après regroupem<strong>en</strong>ts<br />
Peines prononcées par <strong>les</strong> cours <strong>de</strong> justice<br />
(après regroupem<strong>en</strong>ts)<br />
nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Condamnations à mort (suivies d’effet ou non) 20 48,78<br />
Peines d’emprisonnem<strong>en</strong>t lour<strong>de</strong>s (5 ans et plus) 8 19,51<br />
Peines d’emprisonnem<strong>en</strong>t légères (1 an et moins) 4 9,76<br />
Confiscation <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s et indignité perman<strong>en</strong>te ou à temps 5 12,19<br />
Pas <strong>de</strong> précision <strong>sur</strong> la condamnation 3 7,32<br />
Acquitté 1 2,44<br />
Total 41 100<br />
Les différ<strong>en</strong>ces par rapport aux résultats observés quant aux décisions r<strong>en</strong>dues par<br />
<strong>les</strong> tribunaux d’exception <strong>de</strong> la Libération saut<strong>en</strong>t aux yeux. Certes le pourc<strong>en</strong>tage <strong>de</strong><br />
condamnations à mort reste important (48,78 %), mais cela n’a pas grand-chose à voir<br />
avec la situation précéd<strong>en</strong>te (87,84 %). De plus, seulem<strong>en</strong>t 25 % <strong>de</strong>s décisions prises par<br />
<strong>les</strong> Cours <strong>de</strong> justice fur<strong>en</strong>t suivies d’effet, ce qui contribue <strong>en</strong>core à modifier le rapport.<br />
Au total, 64 milici<strong>en</strong>s fur<strong>en</strong>t abattus ou exécutés <strong>de</strong> la fin 43 au début <strong>de</strong> l’automne 44,<br />
contre 5 par la suite. Pour <strong>les</strong> cas graves, <strong>les</strong> Cours <strong>de</strong> justice se sont davantage tournées<br />
vers <strong>de</strong> longues peines d’emprisonnem<strong>en</strong>t (19,51 % <strong>de</strong>s cas) que <strong>les</strong> tribunaux qui <strong>les</strong><br />
avai<strong>en</strong>t précédées (8,11 %). Autre différ<strong>en</strong>ce, ceux-ci n’avai<strong>en</strong>t pas prononcé <strong>de</strong> peines<br />
126 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
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d’emprisonnem<strong>en</strong>t légères, mais le taux d’acquittem<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> que très faible, avait été<br />
assez semblable.<br />
Comme nous l’avons vu plus haut, 14 (34,15 %) parmi <strong>les</strong> peines prononcées par <strong>les</strong><br />
Cours <strong>de</strong> justice n’étai<strong>en</strong>t que théoriques puisque par contumace. De plus, le jeu <strong>de</strong>s<br />
remises <strong>de</strong> peines, <strong>de</strong>s grâces et <strong>de</strong>s amnisties fonctionna à plein dès la fin <strong>de</strong>s années 40.<br />
Pierre Nicollaud, condamné à mort par contumace (même si ce <strong>de</strong>rnier point n’est pas<br />
certain), convola <strong>en</strong> justes noces <strong>en</strong> 1952. Juliette Octru, qui avait écopé <strong>de</strong> 5 ans <strong>en</strong> son<br />
abs<strong>en</strong>ce, épousa Ferdinand Parrat <strong>en</strong> 1956 à Neuilly-<strong>sur</strong>-Seine. Léon Cubizol<strong>les</strong>, qui<br />
aurait dû purger 10 ans <strong>de</strong> travaux forcés fut libéré dès 1949.<br />
La Libération du Puy et du départem<strong>en</strong>t avait donc signifié pour la plupart le grand<br />
sauve-qui-peut. Certains eur<strong>en</strong>t la chance <strong>de</strong> ne pas se trouver mêlés à la colonne alleman<strong>de</strong><br />
d’Estivareil<strong>les</strong>. Ils adoptèr<strong>en</strong>t d’autres stratégies. 7 d’<strong>en</strong>tre eux, Abel Crozemarie,<br />
Edouard Enjolras, Clau<strong>de</strong> Gér<strong>en</strong>ton, Louis Mathieu, Jean-Pierre Quinqueton, Antoine<br />
Vertupier et H<strong>en</strong>ri Viala, parvinr<strong>en</strong>t à rejoindre le Reich. Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers fur<strong>en</strong>t capturés<br />
par l’armée US et remis aux autorités françaises, <strong>les</strong> 5 autres r<strong>en</strong>trèr<strong>en</strong>t par leurs<br />
propres moy<strong>en</strong>s, Quinqueton et Mathieu <strong>en</strong> se faisant passer pour STO, stratagème<br />
assez classique, et se terrèr<strong>en</strong>t. Crozemarie battit tous <strong>les</strong> records puisque sa « planque »<br />
à Vaux-<strong>en</strong>-Velin dura 5 ans. D’autres, avec un aplomb assez remarquable, choisir<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong> rejoindre le camp <strong>de</strong>s vainqueurs <strong>en</strong> profitant <strong>de</strong> la situation chaotique. Parrat se fit<br />
passer pour un prisonnier libéré dans un c<strong>en</strong>tre d’accueil <strong>de</strong> Lyon. Chambon s’autoproclama<br />
FFI à Clermont ; malheureusem<strong>en</strong>t pour lui, il fut reconnu par un auth<strong>en</strong>tique<br />
déporté ponot <strong>de</strong> retour <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> la mort. Quant à Cypri<strong>en</strong> G<strong>en</strong>tial, il revêtit à<br />
Paris l’uniforme <strong>de</strong> la g<strong>en</strong>darmerie. La <strong>de</strong>rnière échappatoire, bi<strong>en</strong> connue égalem<strong>en</strong>t,<br />
est le fameux « réseau <strong>de</strong>s monastères ». Le coiffeur Albert Var<strong>en</strong>ne fut caché dans une<br />
cheminée par <strong>les</strong> Frères <strong>de</strong>s Éco<strong>les</strong> chréti<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> Craponne. Roger Agrain et Léon<br />
Mathieu fur<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant plusieurs mois <strong>les</strong> hôtes <strong>de</strong>s moines <strong>de</strong> la Trappe <strong>en</strong> Lozère. Le<br />
but <strong>de</strong> ceux-ci était <strong>de</strong> leur faire quitter la France. Ce fut un échec <strong>en</strong> ce qui concerne<br />
Agrain qui mourut <strong>de</strong> maladie dans la banlieue lyonnaise <strong>en</strong> août 45 ; Mathieu quant<br />
à lui, comme bi<strong>en</strong> d’autres, d’institutions religieuses <strong>en</strong> couv<strong>en</strong>ts, finit par atteindre<br />
l’Espagne <strong>de</strong> Franco où il décè<strong>de</strong>ra <strong>en</strong> 1971. Louis Bernard ou André Maneval ont<br />
purem<strong>en</strong>t et simplem<strong>en</strong>t disparu : ont-ils trouvé la mort ou ont-ils refait leur vie ? Il est<br />
bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du impossible <strong>de</strong> répondre à cette question.<br />
Neuf individus <strong>de</strong> notre échantillon (6,98 %) auront le privilège d’être rejugés <strong>en</strong> leur<br />
prés<strong>en</strong>ce. Les peines fur<strong>en</strong>t très variab<strong>les</strong>, mais systématiquem<strong>en</strong>t réduites par rapport<br />
à cel<strong>les</strong> prononcées précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t (on peut simplem<strong>en</strong>t le supposer <strong>en</strong> ce qui concerne<br />
Crozemarie, faute d’informations précises). Condamné à mort <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> justice<br />
du Puy <strong>en</strong> avril 45, Édouard Enjolras n’écopa que <strong>de</strong> 2 ans <strong>en</strong> avril 46 à Riom. André<br />
Maneval vit sa peine capitale réduite à 1 an <strong>de</strong> prison par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Lyon.<br />
Clau<strong>de</strong> Gér<strong>en</strong>ton <strong>en</strong> août 45 ne subit plus que l’indignité nationale à vie, peine dont il<br />
fut <strong>en</strong> partie relevé <strong>en</strong> mars 46, étant simplem<strong>en</strong>t privé <strong>de</strong> ses droits civiques. Quant à<br />
Cypri<strong>en</strong> G<strong>en</strong>tial, il fut réhabilité par le tribunal du Puy <strong>en</strong> avril 45 pour faits <strong>de</strong> résistance !<br />
Les quatre <strong>de</strong>rniers eur<strong>en</strong>t par contre moins <strong>de</strong> chance ou ne possédai<strong>en</strong>t pas le même<br />
<strong>en</strong>treg<strong>en</strong>t. Ils écopèr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s peines <strong>de</strong> travaux forcés : 10 ans pour Louis Mathieu,<br />
15 ans pour Roger Maisonneuve et Marcel Enjolras, perpétuité pour Antoine Vertupier.<br />
Pour terminer ce panorama, n’oublions pas <strong>de</strong> citer ceux qui passèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre <strong>les</strong> gouttes,<br />
dont on ne connaît pas le sort ou qui mourur<strong>en</strong>t sans être jugés. Nous <strong>en</strong> avons relevé<br />
15 exemp<strong>les</strong> (11,63 % du total) ; 12 d’<strong>en</strong>tre eux sembl<strong>en</strong>t n’avoir pas été inquiétés. Futce<br />
le fruit <strong>de</strong> la chance, <strong>de</strong> l’anarchie qui régnait à l’époque ou <strong>de</strong> relations privilégiées<br />
avec <strong>les</strong> représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong>s nouveaux pouvoirs ? On ne saurait <strong>en</strong> dire plus, bi<strong>en</strong> que ces<br />
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élém<strong>en</strong>ts d’explication ne s’exclu<strong>en</strong>t pas forcém<strong>en</strong>t l’un l’autre. Rose Verdier, épouse <strong>de</strong><br />
Pierre Mahinc qui v<strong>en</strong>ait d’être exécuté, ne resta <strong>en</strong> prison que 10 jours du 20 au 30 août<br />
44 avant d’être libérée sans que <strong>de</strong>s poursuites ne fuss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>gagées contre elle. Le cas<br />
d’Auguste Chambon est très symptomatique <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s liées à la pratique <strong>de</strong> ce que<br />
<strong>les</strong> Anglo-Saxons appell<strong>en</strong>t le « Grand Jeu ». Engagé dans l’armée d’Armistice, puis passé<br />
dans la g<strong>en</strong>darmerie à la dissolution <strong>de</strong> celle-ci, il se serait volontairem<strong>en</strong>t b<strong>les</strong>sé lors d’une<br />
opération contre le maquis. Il serait alors r<strong>en</strong>tré dans la Milice <strong>en</strong> mars 44 à l’instigation <strong>de</strong><br />
son beau-frère H. Gourgeon, chef du groupe FFI « Marine » pour la noyauter. Il participa<br />
au combat <strong>de</strong> Rossignol aux côtés <strong>de</strong> la Résistance, ceci étant attesté par Luci<strong>en</strong> Rongier,<br />
dit « Capitaine Alain ». Il était cep<strong>en</strong>dant perçu dans <strong>les</strong> milieux résistants comme un<br />
ag<strong>en</strong>t double : certes d’un côté il avait fait libérer un maquisard FTP, Georges Heintz,<br />
arrêté par la Milice du Puy, mais son autre beau frère, Paul Bernardon, dont nous allons<br />
reparler, était membre <strong>de</strong> la LVF. Seu<strong>les</strong> ses connaissances dans <strong>les</strong> instances dirigeantes<br />
loca<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Résistance lui permir<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ne pas être inquiété après la Libération. Terminons<br />
<strong>en</strong> disant un mot du personnage le plus important à l’échelle régionale, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce<br />
Jean Achon. À l’été 44, il s’<strong>en</strong>fuit dans <strong>les</strong> fourgons <strong>de</strong> ses maîtres nazis, accompagné<br />
<strong>de</strong> ses gar<strong>de</strong>s du corps, et parvint au cœur du Reich. Il combattit aux côtés <strong>de</strong>s troupes<br />
alleman<strong>de</strong>s et trouva comme Doriot, la mort d’un traître, semble-t-il tué le 2 avril 45 à<br />
Ritt<strong>en</strong>haus<strong>en</strong> <strong>en</strong> plein Crépuscule <strong>de</strong>s Dieux.<br />
Quel fut le bilan final <strong>de</strong> cette épuration ? Quelques chiffres s’avèreront plus parlants<br />
qu’un long discours :<br />
Figure 14 : le sort final <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>loire</strong><br />
sort final <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>loire</strong> nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Exécutés sans jugem<strong>en</strong>t, condamnés à mort et passés par <strong>les</strong> armes 70 54,26<br />
Peine <strong>de</strong> mort par contumace n’ayant pu être appliquée 5 3,88<br />
Peines <strong>de</strong> prison lour<strong>de</strong>s (3 ans et plus) 20 15,51<br />
Condamnations légères (moins <strong>de</strong> 3 ans, confiscation, indignité<br />
perman<strong>en</strong>te ou à temps)<br />
10 7,75<br />
Acquittés 3 2,32<br />
Réhabilités 1 0,77<br />
Pas <strong>de</strong> poursuite, pas <strong>de</strong> précision <strong>sur</strong> la condamnation finale 20 15,51<br />
Total 129 100<br />
Si l’on exclut <strong>les</strong> trois <strong>de</strong>rniers groupes pour ne considérer que ceux que la justice frappa<br />
effectivem<strong>en</strong>t (105 cas, 81,4 % <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble), on se trouve confronté aux données suivantes<br />
:<br />
Figure 15 : le sort <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s effectivem<strong>en</strong>t frappés par la justice<br />
sort <strong>de</strong>s milici<strong>en</strong>s effectivem<strong>en</strong>t frappés par la justice nombre Pouc<strong>en</strong>tage<br />
Exécutés sans jugem<strong>en</strong>t, condamnés à mort et passés par <strong>les</strong> armes 70 66,66<br />
Peine <strong>de</strong> mort par contumace n’ayant pu être appliquée 5 4,76<br />
Peines <strong>de</strong> prison lour<strong>de</strong>s (3 ans et plus) 20 19,05<br />
Condamnations légères (moins <strong>de</strong> 3 ans, confiscation, indignité<br />
perman<strong>en</strong>te ou à temps)<br />
10 9,53<br />
Total 105 100<br />
128 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
On ne manquera pas <strong>de</strong> p<strong>en</strong>ser que 2/3 d’exécutions sommaires et <strong>de</strong> condamnations<br />
capita<strong>les</strong> suivies d’effet, 105 morts, constitu<strong>en</strong>t, pour nos esprits <strong>de</strong> ce début <strong>de</strong> XXI e siècle,<br />
quelque chose <strong>de</strong> terrible ; mais, aux yeux <strong>de</strong>s résistants et <strong>de</strong>s nouveaux pouvoirs,<br />
c’était une réponse normale et logique pour faire payer à la Milice et à ses membres ses<br />
tortures et ses exactions.<br />
Avant <strong>de</strong> passer à la conclusion, on me permettra <strong>de</strong> compléter mon analyse par <strong>de</strong>ux<br />
remarques fina<strong>les</strong> :<br />
- Ainsi que je l’annonçais au début <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, la docum<strong>en</strong>tation réunie m’a permis<br />
<strong>de</strong> découvrir la trace <strong>de</strong> 4 individus qui, sans passer par la Milice, rejoignir<strong>en</strong>t <strong>les</strong> rangs<br />
<strong>de</strong> la LVF puis <strong>de</strong> la SS. Tous <strong>de</strong> la génération d’après guerre et originaires du Puy et<br />
<strong>de</strong> sa banlieue (<strong>les</strong> affirmations concernant le cas <strong>de</strong> R<strong>en</strong>é Lac sont basées <strong>sur</strong> <strong>de</strong> fortes<br />
probabilités), <strong>de</strong> milieux mo<strong>de</strong>stes (on relève <strong>de</strong>ux ouvriers parmi eux), on ne sait trop<br />
s’ils intégrèr<strong>en</strong>t l’Ordre noir pour <strong>de</strong>s raisons idéologiques ou plus probablem<strong>en</strong>t par<br />
désir <strong>de</strong> fuir <strong>les</strong> restrictions et <strong>de</strong> connaître l’av<strong>en</strong>ture. Ce qui est intéressant concernant<br />
leur <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir d’après-guerre, c’est que pour trois d’<strong>en</strong>tre eux <strong>en</strong> tout cas, il confirme ce que<br />
nous avons dit pour <strong>les</strong> milici<strong>en</strong>s : plus le retour <strong>en</strong> France se passa tardivem<strong>en</strong>t, moins<br />
<strong>les</strong> condamnations fur<strong>en</strong>t sévères (1 an pour Paul Bernardon, 5 ans au final pour R<strong>en</strong>é<br />
Bureau, pas <strong>de</strong> précision <strong>en</strong> ce qui concerne R<strong>en</strong>é Lac). Le frère <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, Maurice,<br />
eut moins <strong>de</strong> chance : il déserta <strong>de</strong> son unité à l’annonce du débarquem<strong>en</strong>t. Repris par<br />
<strong>les</strong> Allemands, il fut fusillé par eux à l’Isle-<strong>sur</strong>-le-Doubs (25) le 2 septembre 44.<br />
- Que <strong>de</strong>vinr<strong>en</strong>t <strong>les</strong> condamnés après avoir purgé leurs peines ? Un certain nombre quittèr<strong>en</strong>t<br />
la région et partir<strong>en</strong>t s’installer un peu partout <strong>en</strong> métropole. D’autres revinr<strong>en</strong>t<br />
au Puy ou <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Loire et y reprir<strong>en</strong>t leurs activités comme si <strong>de</strong> ri<strong>en</strong> n’était. Le<br />
temps jouait <strong>en</strong> leur faveur, la Guerre froi<strong>de</strong> était là, beaucoup parmi <strong>les</strong> témoins <strong>de</strong> leurs<br />
exactions avai<strong>en</strong>t disparu, le commun <strong>de</strong>s mortels était pris dans la fièvre consumériste<br />
<strong>de</strong>s « Tr<strong>en</strong>te Glorieuses » et souhaitait passer à autre chose. Donnons quelques exemp<strong>les</strong>.<br />
L’anci<strong>en</strong> SS Paul Bernardon <strong>de</strong>vint, on ne sait trop comm<strong>en</strong>t, employé municipal<br />
au Puy jusqu’à sa mort <strong>en</strong> 1976. Hubert Meyer, susp<strong>en</strong>du <strong>de</strong> ses fonctions <strong>de</strong> professeur,<br />
s’installa à Vichy (sic !) où il parvint à obt<strong>en</strong>ir sa retraite <strong>de</strong> l’Éducation nationale. Durant<br />
<strong>les</strong> années 50, il fit le forcing auprès <strong>de</strong>s députés <strong>de</strong> sa circonscription pour obt<strong>en</strong>ir<br />
sa carte <strong>de</strong> combattant. Antoine Vertupier mourut <strong>en</strong> 1979 dans l’Essonne où il avait<br />
lui aussi rejoint <strong>les</strong> rangs du corps <strong>en</strong>seignant. De retour d’Indochine, Ferdinand Parrat<br />
ouvrit au Puy un magasin d’électro-ménager qui prospéra. Il mourut <strong>en</strong> 1986 dans<br />
l’Allier où il s’était retiré. Michel Chambon fit <strong>de</strong> son commerce <strong>de</strong> charbon une <strong>en</strong>treprise<br />
<strong>de</strong> haute volée spécialisée non seulem<strong>en</strong>t dans <strong>les</strong> combustib<strong>les</strong> mais égalem<strong>en</strong>t<br />
dans l’équipem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s blanchisseries, laveries et chaufferies industriel<strong>les</strong>, qui équipa<br />
à ce titre <strong>de</strong>s navires marchands ainsi que <strong>les</strong> porte-avions et sous-marins nucléaires<br />
<strong>de</strong> la marine française. Présid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nombreux organismes professionnels, dirigeant <strong>de</strong><br />
la Mé<strong>de</strong>cine du travail, <strong>de</strong> la Prév<strong>en</strong>tion routière, <strong>de</strong> l’aéro-club du Puy, il était <strong>en</strong><br />
outre rotari<strong>en</strong> et impliqué dans l’office <strong>de</strong> tourisme local. À sa mort, le très catholique<br />
et très conservateur quotidi<strong>en</strong> vespéral du Puy, l’« Éveil <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-Loire », dans son<br />
édition du 19 décembre 2007, lui consacra une longue nécrologie dans laquelle l’habileté<br />
syntaxique du journaliste permit <strong>de</strong> passer par profits et pertes la pério<strong>de</strong> trouble <strong>de</strong> la<br />
vie du défunt. Après avoir insisté <strong>sur</strong> son « beau parcours », l’auteur termina <strong>en</strong> disant<br />
que Michel Chambon – on admirera l’euphémisme – avait été un « homme d’action et<br />
<strong>de</strong> convictions ». On ne saurait mieux dire !<br />
Conclure un tel travail est toujours difficile. On a d’abord un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’inachevé. J’ai<br />
attiré l’att<strong>en</strong>tion à plusieurs reprises <strong>sur</strong> nos ignorances et nos hésitations. Bi<strong>en</strong> que minoritaires,<br />
cel<strong>les</strong>-ci <strong>de</strong>meur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core trop nombreuses aux yeux <strong>de</strong> l’histori<strong>en</strong>.<br />
Domitia 11 - 2010<br />
Michel Roux 129
Le portrait qui ressort <strong>de</strong> ce groupe que nous avons longuem<strong>en</strong>t étudié semble assez<br />
proche <strong>de</strong> ce que <strong>les</strong> histori<strong>en</strong>s ont cru <strong>de</strong>viner ailleurs. Encore faudrait-il pouvoir établir<br />
une démarche comparative avec d’autres départem<strong>en</strong>ts à la structure sociale, politique<br />
et économique proche. En <strong>Haute</strong>-Loire <strong>en</strong> tout cas, la Milice recruta pour l’ess<strong>en</strong>tiel<br />
dans la petite bourgeoisie catholique, antisémite et anticommuniste, fascinée par la<br />
Révolution nationale et l’Ordre nouveau. Ce fut elle qui fournit au mouvem<strong>en</strong>t ses gros<br />
bataillons et ses cadres. La troupe fut complétée par <strong>de</strong>s prolétaires attirés certainem<strong>en</strong>t<br />
plus par <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie meilleures que par l’idéologie du mouvem<strong>en</strong>t. On ne<br />
peut que remarquer égalem<strong>en</strong>t la relative jeunesse <strong>de</strong> ces femmes et <strong>de</strong> ces hommes, qui<br />
dur<strong>en</strong>t faire <strong>de</strong>s choix souv<strong>en</strong>t terrib<strong>les</strong> à une époque <strong>de</strong> la vie où <strong>les</strong> préoccupations sont<br />
d’ordinaire autres. À la Libération, l’accumulation <strong>de</strong> haine qu’ils avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée<br />
provoqua à leur <strong>en</strong>contre une chasse à l’homme féroce qui se traduisit par la mort <strong>de</strong><br />
plus <strong>de</strong> la moitié d’<strong>en</strong>tre eux. Ceux qui <strong>sur</strong><strong>en</strong>t se cacher, négocier, reculer au maximum<br />
la date <strong>de</strong> leur procès, s’<strong>en</strong> tirèr<strong>en</strong>t somme toute assez bi<strong>en</strong> et <strong>les</strong> pires tortionnaires ne<br />
fur<strong>en</strong>t parfois condamnés, à la fin <strong>de</strong>s années 40, qu’à <strong>de</strong>s peines symboliques.<br />
En ces temps troub<strong>les</strong> où nombre <strong>de</strong> nos collègues ont t<strong>en</strong>dance à r<strong>en</strong>voyer dos à dos<br />
victimes et bourreaux, résistants et milici<strong>en</strong>s au nom <strong>de</strong>s fameuses « taxinomies d’époque<br />
», où la multiplication <strong>de</strong>s catégories désignant <strong>les</strong> différ<strong>en</strong>ts types <strong>de</strong> collaborateurs<br />
sert ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t à diluer <strong>les</strong> responsabilités, je p<strong>en</strong>se que l’intérêt <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong><br />
travail, dans la mise <strong>en</strong> place duquel, je me dois <strong>de</strong> le répéter, mon oncle a joué un rôle<br />
fondam<strong>en</strong>tal, est <strong>de</strong> rappeler la réalité <strong>de</strong>s choses, alors que le nombre <strong>de</strong> témoins ne<br />
cesse logiquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> diminuer. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s chiffres, <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quels j’ai consci<strong>en</strong>ce d’avoir<br />
beaucoup (trop ?) insisté, il me semble que le prolongem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette analyse <strong>de</strong>vrait<br />
consister <strong>en</strong> une démarche visant à compr<strong>en</strong>dre qui étai<strong>en</strong>t <strong>les</strong> hommes qui se cachai<strong>en</strong>t<br />
<strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> données que nous avons prés<strong>en</strong>tées et quelle aberration a pu pousser <strong>de</strong>s g<strong>en</strong>s<br />
ordinaires à <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s symbo<strong>les</strong> du mal, <strong>de</strong> la trahison et <strong>de</strong> l’abjection.<br />
130 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
date et lieu<br />
état civil<br />
résid<strong>en</strong>ce Profession gra<strong>de</strong> sort<br />
<strong>de</strong> naissance<br />
ACHON Jean 1903 Orléans Briou<strong>de</strong> Journaliste Chef régional Auvergne Serait décédé le 2 avril 45 <strong>en</strong> Allemagne<br />
Domitia 11 - 2010<br />
Condamné à mort par contumace par la Cour <strong>de</strong> Justice du Puy le 19 mai 46, à l’indi-<br />
Ex PPF (SR)<br />
AGRAIN Roger 1923 Le Puy Le Puy Étudiant<br />
gnité nationale à vie et à la confiscation <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s ; se cache <strong>en</strong> fait au monastère <strong>de</strong> La<br />
Franc Gar<strong>de</strong><br />
Trappe (48) après la libération du Puy ; mort le 5 août 45 à Ste-Foy-lès-Lyon (69)<br />
ALLARY Marcel 1918 La Sauvetat Le Puy Chauffeur du préfet Milici<strong>en</strong> (?) Pas <strong>de</strong> condamnation ; commerçant après la guerre au Puy<br />
Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7<br />
ARCHAUD Emile 1912 Lavoûte-Chilhac Briou<strong>de</strong> Notaire Milici<strong>en</strong><br />
e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
Employé d’adminis-<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t par<br />
ARCIS Louis 1920 Le Puy Le Puy<br />
PPF et milici<strong>en</strong><br />
tration cantonnale<br />
<strong>les</strong> FTPF du camp Wodli à Craponne le 22/08<br />
AUBERT Jean 1914 Tiranges ? ? Franc Gar<strong>de</strong> ?<br />
BARRANDE<br />
Condamné aux TF à perpétuité, à la dégradation nationale à vie et à la confiscation<br />
? Briou<strong>de</strong> Coiffeur Milici<strong>en</strong><br />
Antonin<br />
<strong>de</strong> ses bi<strong>en</strong>s<br />
1915 St-Avit-du-<br />
Ag<strong>en</strong>t <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong><br />
Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7<br />
BASTOU Élie<br />
Briou<strong>de</strong><br />
Milici<strong>en</strong><br />
Moiron (33)<br />
société d’électricité<br />
e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
1923 St-Pal-<strong>en</strong>-<br />
Décédé à St Éti<strong>en</strong>ne le 01/05/44 après avoir été abattu par <strong>les</strong> FFI à St-Bonnet-le-<br />
BAYLE Jean<br />
? Mécanici<strong>en</strong> Milici<strong>en</strong><br />
Chal<strong>en</strong>con<br />
Château (42)<br />
1903 Trieste (Italie) ? Surveillant Franc Gar<strong>de</strong> En permission à La Para, commune <strong>de</strong> Beauzac ; exécuté par la maquis le 29/07/44<br />
BERGAMASCO<br />
Alfredo<br />
Le Puy ? Franc Gar<strong>de</strong> Peine <strong>de</strong> mort par contumace par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy le 21/04/46 ; disparu<br />
1904 Amélie<strong>les</strong>-Bains<br />
(66)<br />
BERNARD Louis<br />
BOUDIER André 1873 Clermont-Fd Briou<strong>de</strong> VRP Secrétaire <strong>de</strong> la milice Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t par<br />
BOUISSET Jacques 1924 Chamalières (63 ?) Clermont-Fd Étudiant Milici<strong>en</strong><br />
<strong>les</strong> FTPF du camp Wodli à Craponne le 22/08<br />
BOURNETON<br />
Cadre à l’usine<br />
Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7<br />
1897 Marguerites (30) Briou<strong>de</strong><br />
Franc Gar<strong>de</strong><br />
Char<strong>les</strong><br />
Chambriard<br />
e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
BOUVIER Germain 1927 St-Éti<strong>en</strong>ne St-Éti<strong>en</strong>ne ? Franc Gar<strong>de</strong> Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) (?) ; Fusillé à Craponne (?)<br />
BOYER Auguste 1919 St-Éti<strong>en</strong>ne St-Éti<strong>en</strong>ne ? Milici<strong>en</strong> Tué au combat <strong>de</strong> Rossignol par FFI le 06/06/44<br />
BOYSSON<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; exécuté par le corps-franc<br />
1914 Le Puy Le Puy ? Milici<strong>en</strong><br />
D’ÉCOLE Alfred<br />
du Capitaine Hoche le 26/08 à St Clém<strong>en</strong>t (63)<br />
1920 St-Georges-<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
BREUIL Luci<strong>en</strong><br />
St-Éti<strong>en</strong>ne ? Franc Gar<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>-Couzon (42)<br />
Cour martiale du Puy le 15/09/44 ; fusillé le16<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
BRIVE Georges 1897 St-Éti<strong>en</strong>ne Le Puy VRP et commerçant PPF et milici<strong>en</strong><br />
Cour martiale du Puy le 04/09/44 ; fusillé le 05<br />
BRIVE Georgette 1923 Le Puy Le Puy Employée <strong>de</strong> préfecture Milice/recrutem<strong>en</strong>t Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêtée à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamnée par la Cour<br />
LVF<br />
martiale du Puy le 04/09/44 à 3 ans <strong>de</strong> prison et indignité nationale<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné par la Cour<br />
BRIVE Roland 1926 Le Puy Le Puy Étudiant PPF et milici<strong>en</strong><br />
martiale du Puy le 04/09/44 à 3 ans <strong>de</strong> prison et indignité nationale<br />
Michel Roux 131
BRUGEROLLES<br />
Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7<br />
1900 St-Bauzire Paulhac Agriculteur Franc Gar<strong>de</strong><br />
Pierre<br />
e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
BRUN Jacques 1923 St-Éti<strong>en</strong>ne La Ricamarie (42) ? Milici<strong>en</strong> Cadavre découvert le 30/07/44 à St-Vinc<strong>en</strong>t<br />
R<strong>en</strong>tré tard dans l’organisation semble-t-il pour noyautage ; il participe au combat <strong>de</strong><br />
CHAMBON<br />
1924 Solignac/Loire Le Puy Employé d’usine Milici<strong>en</strong><br />
Rossignol avec <strong>les</strong> FFI. Pas inquiété à la Libération grâce à son beau-frère, chef d’un<br />
Auguste<br />
groupe FFI<br />
Se fait passer pour FFI à la Libération puis s’<strong>en</strong>fuit à Clermont où il est reconnu par<br />
1913 St-G<strong>en</strong>eys-<br />
un déporté ponot <strong>de</strong> retour d’Allemagne, Condamné à l’indignité nationale à vie et à<br />
CHAMBON Michel Le Puy Marchand <strong>de</strong> charbon Milici<strong>en</strong><br />
près-St-Pauli<strong>en</strong><br />
la confiscation <strong>de</strong> ses bi<strong>en</strong>s par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom le 05/07/45, Rev<strong>en</strong>u au Puy,<br />
il fait fructifier son <strong>en</strong>treprise et meurt couvert d’honneurs <strong>en</strong> 2007<br />
S’<strong>en</strong>fuit <strong>en</strong> Allemagne avec son chef Achon ; condamné à mort par contumace par la<br />
CROZEMARIE<br />
1920 Briou<strong>de</strong> Briou<strong>de</strong> Inspecteur <strong>de</strong> la sûreté Franc Gar<strong>de</strong><br />
Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom ; se cache <strong>en</strong>suite à Vaux-<strong>en</strong>-Velin (69) p<strong>en</strong>dant 5 ans, Arrêté<br />
Abel<br />
le 20/04/50, Pas <strong>de</strong> précision <strong>sur</strong> sa condamnation, Meurt à Thiers <strong>en</strong> 1963<br />
CUBIZOLLES<br />
Responsable local Enlevé le 28/05/44 par le Groupe Ju<strong>de</strong>x avec sa femme et son fils <strong>de</strong> 18 ans ; fusillés<br />
1894 Saugues Saugues Restaurateur<br />
Joseph<br />
<strong>de</strong> la Milice<br />
au Mont Mouchet le 29/05<br />
S’<strong>en</strong>fuit <strong>en</strong> Allemagne avec son chef Achon ; r<strong>en</strong>tré et caché par sa sœur ; reconnu et<br />
CUBIZOLLES<br />
1914 Saugues Saugues Gar<strong>de</strong> champêtre Franc Gar<strong>de</strong><br />
arrêté, condamné à 10 ans <strong>de</strong> TF par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom le 23 juin 1945, il est<br />
Léon<br />
relâché <strong>en</strong> 1949, Meurt à Clermont-Fd <strong>en</strong> 1974<br />
DAUMAS Pierre 1890 Marcigny (71) Briou<strong>de</strong> Droguiste Chef local <strong>de</strong> la Milice Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
DE FAY DE LA<br />
Monistrol-<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; exécuté par le corps-franc<br />
1881 Yssingeaux<br />
? Milici<strong>en</strong><br />
ROCHE H<strong>en</strong>ri<br />
<strong>sur</strong>-Loire<br />
du Capitaine Hoche le 26/08 à St Clém<strong>en</strong>t (63)<br />
DE FAY DE LA 1916 Monistrol-<br />
Le Puy ? Milici<strong>en</strong> (?) Fusillé au fort Montluc à Lyon le 04/10/44<br />
ROCHE Jean <strong>sur</strong>-Loire<br />
DE MORANGIES<br />
1887 St-Jean-<strong>de</strong>-Nay ? ? Milici<strong>en</strong> ?<br />
Albert<br />
Nommé au Puy début août 44, il freine l’ar<strong>de</strong>ur répressive <strong>de</strong> ses subordonnés ; se<br />
DE VILLARS 1909 Tamatave<br />
Le Puy Lieut<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> vaisseau Chef Départem<strong>en</strong>tal constitue prisonnier, condamné à 10 ans <strong>de</strong> TF et indignité nationale à vie par la Cour<br />
Georges<br />
(Madagascar)<br />
<strong>de</strong> justice du Puy le 20/03/45<br />
Milici<strong>en</strong> (?)/ag<strong>en</strong>t Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7<br />
DEJAX Jacques 1925 Molompize (15) Briou<strong>de</strong> Étudiant<br />
<strong>de</strong> la Gestapo<br />
e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
1890 Besse-<strong>en</strong>-<br />
Ag<strong>en</strong>t <strong>de</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
DELAIR Ju<strong>les</strong><br />
Briou<strong>de</strong> Facteur<br />
Enlevé et exécuté par le groupe « Jean-Marie » à Collat le 27/07/44<br />
Chan<strong>de</strong>sse (63)<br />
<strong>de</strong> la Milice<br />
DELOMENEDE<br />
Enlevé <strong>en</strong> juin 44 par le Groupe Ju<strong>de</strong>x avec sa femme et son fils <strong>de</strong> 20 ans ; fusillés au<br />
1890 Lavoûte-Chilhac Lavoûte-Chilhac Épicier Milici<strong>en</strong><br />
Auguste<br />
Mont Mouchet le 26/06<br />
132 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010<br />
Briou<strong>de</strong> VRP/maire <strong>de</strong> Briou<strong>de</strong> Milici<strong>en</strong> Abattu avec son épouse <strong>de</strong>vant son domicile le 29/04/44 par le groupe Ju<strong>de</strong>x<br />
1889 St-Michel-<strong>de</strong>-<br />
St-Geoirs (38))<br />
DIJON Clovis<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
Cour martiale du Puy le 04/09/44 ; fusillé le 05 avec sa femme, née Schachter Anna,<br />
Milici<strong>en</strong> (?)<br />
Inspecteur <strong>de</strong>s<br />
Eaux et Forêts<br />
DONZEL Pierre 1904 Auxerre Le Puy<br />
<strong>de</strong> nationalité alleman<strong>de</strong><br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
Cour martiale du Puy le 04/09/44 ; fusillé le 05<br />
Chef <strong>de</strong> section du<br />
PPF/Milici<strong>en</strong><br />
Ingénieur <strong>de</strong>s<br />
Eaux et Forêts<br />
DROGUEZ Robert 1901 Paris Espaly
Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7<br />
DURAND Albert 1888 Avignon (84) Briou<strong>de</strong> As<strong>sur</strong>eur Milici<strong>en</strong><br />
e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
Condamné à mort par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> M<strong>en</strong><strong>de</strong> le 20/10/44, peine commuée <strong>en</strong><br />
DURAND Jean 1925 Ro<strong>de</strong>z Le Puy VRP Milici<strong>en</strong><br />
20 ans <strong>de</strong> TF <strong>en</strong> raison d’une « incapacité perman<strong>en</strong>te », Après sa libération, exerce la<br />
profession d’auto-école au Puy<br />
Quitte Le Puy <strong>en</strong> juillet 44 ; finit la guerre à Ulm, Condamné à mort par contumace<br />
ENJOLRAS<br />
par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy le 21/04/45 et à la confiscation <strong>de</strong> tous ses bi<strong>en</strong>s, Se<br />
1900 Pra<strong>de</strong>l<strong>les</strong> Le Puy Comptable Secrétaire <strong>de</strong> la milice<br />
Edouard<br />
constitue prisonnier ce même mois ; rejugé <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom le<br />
16/04/46<br />
En fuite lors <strong>de</strong> la libération du Puy ; condamné à mort par contumace par la Cour <strong>de</strong><br />
ENJOLRAS Marcel 1914 Pra<strong>de</strong>l<strong>les</strong> Le Puy Ouvrier Milici<strong>en</strong><br />
justice du Puy le 17/03/45, Arrêté à Annecy <strong>en</strong> juin 45, Condamné à 15 ans <strong>de</strong> TF par<br />
la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom le 04/07/45, Meurt au Puy <strong>en</strong> 1975<br />
1915 Nort-<strong>sur</strong>-<br />
Recherché après la libération du Puy, se cache dans la banlieue, Arrëté pour marché<br />
FERRY Félix<br />
Le Puy ? Milici<strong>en</strong><br />
Erdre (35)<br />
noir le 28/07/45, Pas <strong>de</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>sur</strong> sa condamnation<br />
FLANDIN Roger 1923 Lyon Brives-Char<strong>en</strong>sac chauffeur Milici<strong>en</strong> Exécuté par le groupe Lafayette à Présail<strong>les</strong> le 15/08/44<br />
Traduit <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Lyon <strong>en</strong> juin 47 pour <strong>de</strong>s arrestations effectuées<br />
FOLCH André ? ? ? Milici<strong>en</strong><br />
au Puy au printemps 44, Pas <strong>de</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t <strong>sur</strong> sa condamnation<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
GARDON Aimable 1906 Le Puy Le Puy Comptable Milici<strong>en</strong><br />
Cour martiale du Puy le 04/09/44 ; fusillé le 05<br />
Franc Gar<strong>de</strong>/Chef<br />
GENTIAL Cypri<strong>en</strong> 1921 Le Puy Le Puy Employé PTT<br />
du 2e Arrêté à Paris le 12/12/44 sous l’uniforme <strong>de</strong> la g<strong>en</strong>darmerie ; condamné le 03/10/44 à<br />
la confiscation <strong>de</strong> ses bi<strong>en</strong>s par le tribunal <strong>de</strong> Clermont-Fd, Réhabilité par le tribunal<br />
service<br />
du Puy le 26/04/45 pour faits <strong>de</strong> résistance, Exerce la profession <strong>de</strong> comptable au Puy<br />
GEORGES Jean 1885 Nollieux (42) Retournac Retraité indicateur <strong>de</strong> la milice Enlevé par <strong>les</strong> FTP <strong>de</strong> l’Ardèche et exécuté à St Martial (07) le 04/08/44<br />
Volontaire pour aller travailler <strong>en</strong> Allemagne ; arrêté à son retour <strong>en</strong> juillet 45, condamné<br />
GERENTON<br />
1922 Paris Le Puy Employé PTT PPF/Milici<strong>en</strong> le 7 août 45 par la Cour <strong>de</strong> Justice <strong>de</strong> Riom à l’indignité nationale à vie ; relevé <strong>de</strong> cette<br />
Clau<strong>de</strong><br />
peine le 01/03/46, mais privation <strong>de</strong>s droits civiques maint<strong>en</strong>ue, Demeure au Puy<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; jugé <strong>de</strong>vant la Cour<br />
GUERRUT Jean 1910 Le Puy St-Pierre-Eynac Ouvrier agricole Milici<strong>en</strong><br />
martiale du Puy : acquitté, De nouveau arrêté le 13/12/44 au Puy, une nouvelle fois<br />
acquitté le 11/02/45 par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> cette même ville<br />
GUICHARD<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêtée à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamnée à mort par la<br />
Blanche, née 1890 Corbie (80) Firminy (42) sans Milici<strong>en</strong>ne<br />
Cour martiale du Puy le 15/09/44 ; fusillée le 16<br />
CAPARD<br />
GUICHARD 1890 St-Didier-<br />
Chef du service <strong>de</strong> Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
Firminy (42) VRP<br />
Jean-Baptiste <strong>en</strong>-Velay<br />
sécurité <strong>de</strong> la Milice Cour martiale du Puy le 15/09/44 ; fusillé le 16<br />
Responsable local<br />
JAMONDY Joseph 1891 Signan (34) Langeac Chef <strong>de</strong> gare<br />
Exécuté lors <strong>de</strong> l’attaque <strong>de</strong> la gare <strong>de</strong> Langeac le 24/05/44 par le groupe Ju<strong>de</strong>x<br />
<strong>de</strong> la Milice<br />
JEAN Gaston 1920 Aiguilhe Le Puy Cadre dans une usine PPF/Milice Échappe à l’épuration, Meurt au Puy <strong>en</strong> 1982<br />
Cache <strong>de</strong>s armes pour le PPF dans un caveau du cimetière du Nord au Puy ; pas <strong>de</strong><br />
JEAN Marcel 1897 Le Puy Le Puy Marbrier PPF/Milice (?)<br />
problème à la Libération<br />
Domitia 11 - 2010<br />
1921 Bône (Algérie) Retournac Étudiant Franc Gar<strong>de</strong> Fusillé par l’AS le 06/08/44 à St-Juli<strong>en</strong>-du-Pinet<br />
LACOSTE<br />
Raymond<br />
Michel Roux 133
LAMBERT<br />
Envoyé <strong>en</strong> mission à Yssingeaux, Abattu par <strong>les</strong> FFI dans un café <strong>de</strong> cette localité le<br />
1917 St-Éti<strong>en</strong>ne St-Éti<strong>en</strong>ne VRP Milici<strong>en</strong> et Gestapo<br />
Jean-Marie<br />
07/10/43, Meurt à l’hôpital du Puy le 09<br />
LAURENT Claudius 1911 Lissac Lissac Agriculteur Milici<strong>en</strong> Abattu le 04/07/44 au domicile <strong>de</strong> son frère à Bilhac, commune <strong>de</strong> Polignac<br />
Arrêtée le 15/08/44 par le maquis <strong>de</strong> Présail<strong>les</strong> à Brives-Char<strong>en</strong>sac, Condamnée à un<br />
LAURENT Marie 1920 Le Puy Le Puy Modiste Milici<strong>en</strong>ne<br />
an <strong>de</strong> prison par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy le 27/03/45<br />
Fusillé le 13 août 44 par le maquis <strong>de</strong> la 7<br />
LEBATTEUX Louis 1914 V<strong>en</strong>dôme (41) Briou<strong>de</strong> Marchand <strong>de</strong> meub<strong>les</strong> Franc Gar<strong>de</strong><br />
e zone à Malpeyre après condamnation la<br />
veille par la Cour martiale<br />
LETELLIER<br />
Révoqué par Achon le 18/12/43, il est nommé commissaire <strong>de</strong> police à Lille, Arrêté à<br />
Officier, puis directeur<br />
D’AUFRESNE 1895 Paris Le Puy<br />
Chef Départem<strong>en</strong>tal Nancy, condamné par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom à 15 ans <strong>de</strong> TF et indignité nationale<br />
commercial<br />
Pierre<br />
à vie, Mort à St-Maur-<strong>de</strong>s-Fossés (94) <strong>en</strong> 1988<br />
LETELLIER<br />
D’AUFRESNE 1922 Lyon Le Puy ? Milici<strong>en</strong> ?<br />
André<br />
Arrêté le 06/06/44 à St-Romain-Lachamp, conduit à Rossignol, réussi à s’échapper<br />
Secrétaire <strong>en</strong>treprise<br />
au mom<strong>en</strong>t où il allait être exécuté, Arrêté à nouveau après la Libération, condamné<br />
LIABEUF Pierre 1912 Le Puy Le Puy<br />
Franc Gar<strong>de</strong><br />
d’électricité<br />
le 08/01/45 par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy à 6 mois <strong>de</strong> prison et indignité nationale,<br />
Meurt à Martigues <strong>en</strong> 1985<br />
1881 Rohrbach-<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; exécuté par le corps-franc<br />
LIEPERT Char<strong>les</strong><br />
Le Puy ? Milici<strong>en</strong><br />
Sarreguemines (57)<br />
du Capitaine Hoche le 26/08 à St Clém<strong>en</strong>t (63)<br />
LIEPERT<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; exécuté par le corps-franc<br />
Marguerite, née 1884 Strasbourg Le Puy ? Milici<strong>en</strong>ne<br />
du Capitaine Hoche le 26/08 à St Clém<strong>en</strong>t (63)<br />
WINTER<br />
LOCUSSOL Clau<strong>de</strong> 1896 Allègre Allègre Facteur Indicateur <strong>de</strong> la milice Enlevé et exécuté par le maquis à Jax le 12/07/44<br />
Arrêté à Coubon le 15/08/44 par <strong>les</strong> FFI du groupe Lafayette, conduit au maquis <strong>de</strong><br />
MAHINC Pierre 1911 Coubon Espaly Préparateur <strong>en</strong> pharmacie Franc Gar<strong>de</strong><br />
Présail<strong>les</strong> et fusillé le même jour<br />
MAHINC Rose,<br />
1912 Polignac Espaly ? Milici<strong>en</strong>ne Arrêtée le 20/08/44 au Puy ; libérée le 30/08/44<br />
née VERDIER<br />
MAISONNEUVE 1885 Monistrol-<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
Bas-<strong>en</strong>-Basset Boulanger Milici<strong>en</strong><br />
Hypolite<br />
<strong>sur</strong>-Loire<br />
Cour martiale du Puy le 04/09/44 ; fusillé le 05<br />
Se cache à la Libération ; condamné à mort par contumace par la Cour <strong>de</strong> justice du<br />
MAISONNEUVE<br />
1923 St-Éti<strong>en</strong>ne Bas-<strong>en</strong>-Basset Boulanger Franc Gar<strong>de</strong><br />
Puy le 17/03/45 ; arrêté et condamné par la même Cour <strong>de</strong> justice le 05/05/45 à 15<br />
Roger<br />
ans <strong>de</strong> TF et indignité nationale à vie<br />
MALFANT Paul 1914 Félines Annonay (07) Chauffeur Milici<strong>en</strong> puis LVF Ne semble pas avoir été inquiété ; meurt à Pérignat-<strong>les</strong>-Sarliève (63) <strong>en</strong> 1987<br />
Condamné par contumace à mort, à l’indignité nationale et à la confiscation <strong>de</strong> ses<br />
MANEVAL André 1924 St-Éti<strong>en</strong>ne La Ricamarie (42) Mineur Milici<strong>en</strong><br />
bi<strong>en</strong>s par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy le 19/05/45, Arrêté à St-Éti<strong>en</strong>ne, il est condamné<br />
par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Lyon à 1 an <strong>de</strong> prison et indignité à vie le 03/06/49<br />
En fuite à la Libération ; condamné par contumace à mort, à l’indignité nationale et à<br />
MANHES Char<strong>les</strong> 1919 Le Puy Le Puy Préparateur <strong>en</strong> pharmacie Franc Gar<strong>de</strong><br />
la confiscation <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Moulins, Disparu (?)<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t par<br />
MAREY Joseph 1899 Valprivas Craponne Employé municipal Milici<strong>en</strong><br />
<strong>les</strong> FTPF du camp Wodli à Craponne le 22/08<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t par<br />
MAREY Roger 1925 Craponne Craponne Employé <strong>de</strong> bureau Milici<strong>en</strong><br />
<strong>les</strong> FTPF du camp Wodli à Craponne le 22/08<br />
134 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
MASCLAUX Pierre 1914 Le Monastier St-Éti<strong>en</strong>ne Mineur Milici<strong>en</strong> Abattu par <strong>les</strong> FFI dans un café d’Yssingeaux le 17/04/44<br />
Disparaît à la Libération du Puy ; condamné à mort par contumace par la Cour <strong>de</strong><br />
Contrôleur du Service<br />
MATHIEU Léon 1919 Clermont-Fd Le Puy<br />
Chef <strong>de</strong> tr<strong>en</strong>taine justice du Puy le 03/03/45, Se cache à La Trappe (48) <strong>de</strong> 44 à 45 puis est exfiltré <strong>en</strong><br />
économique<br />
Espagne où il décè<strong>de</strong> <strong>en</strong> 1971<br />
Part <strong>en</strong> Allemagne avant la Libération, Condamné à mort par contumace par la Cour<br />
<strong>de</strong> justice du Puy, Arrêté à Aigueperse (63) où il se faisait passer pour déporté STO ;<br />
MATHIEU Louis 1924 Le Puy Le Puy Mécanici<strong>en</strong> Franc Gar<strong>de</strong><br />
Condamné par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom <strong>en</strong> juin 45 à 10 ans <strong>de</strong> TF et indignité<br />
nationale<br />
Condamné par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy à 1 000 F d’am<strong>en</strong><strong>de</strong>, 6 mois <strong>de</strong> prison et<br />
MEYER Hubert 1905 Wing<strong>en</strong> (67) Le Puy Professeur d’allemand Milici<strong>en</strong><br />
indignité à vie, Susp<strong>en</strong>du <strong>de</strong> ses fonctions, se retire à Vichy où il obti<strong>en</strong>t sa retraite et<br />
t<strong>en</strong>te d’obt<strong>en</strong>ir sa carte <strong>de</strong> combattant<br />
MIALHE Marcel 1921 Le Brignon ? ? Franc Gar<strong>de</strong> Fusillé par <strong>les</strong> FFI <strong>de</strong> la Lozère le 04/09/44 à St-D<strong>en</strong>is-<strong>en</strong>-Margeri<strong>de</strong> (48)<br />
Fusillé par <strong>les</strong> FFI du corps franc du capitaine Hoche <strong>en</strong> juillet 44 à La Chapelle-<strong>en</strong>-<br />
MICHEL Albert 1917 Paris Bas-<strong>en</strong>-Basset Mécanici<strong>en</strong> Milici<strong>en</strong> (?)<br />
Lafaye (63)<br />
Quitte rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t le mouvem<strong>en</strong>t, Condamné par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom <strong>en</strong><br />
MONLINET Aloys 1923 <strong>en</strong> Moselle Le Puy Mécanici<strong>en</strong> Milici<strong>en</strong><br />
avril 46 à 3 mois <strong>de</strong> prison et indignité nationale à vie<br />
Condamné à mort par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom et exécuté au Puy où il avait sévi à<br />
MONNET Emile 1894 Thuret (63) Riom Chauffeur Milici<strong>en</strong><br />
la prison le 22/04/46<br />
NAUTHONIER 1923 Arpajon-<br />
Transféré <strong>en</strong> <strong>Haute</strong>-Savoie où il lutte contre <strong>les</strong> maquis, puis à Montpellier où il est un<br />
Le Puy Étudiant Franc Gar<strong>de</strong><br />
Pierre<br />
<strong>sur</strong>-Cère (15)<br />
redoutable tortionnaire, il est fusillé le 19/10/44 par <strong>les</strong> FFI à Lyon<br />
NICOLLAUD<br />
Condamné à mort et à la confiscation <strong>de</strong> ses bi<strong>en</strong>s par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom <strong>en</strong><br />
1925 Annemasse ? Étudiant Franc Gar<strong>de</strong><br />
Pierre<br />
février 46, Contumace? N’est pas exécuté puisque se marie <strong>en</strong> 52<br />
Condamnée par contumace le 19/05/45 par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy à 5 ans <strong>de</strong><br />
OCTRU Juliette 1920 Le Puy Le Puy sans Milici<strong>en</strong>ne<br />
prison, confiscation <strong>de</strong> ses bi<strong>en</strong>s, 10 000 F d’am<strong>en</strong><strong>de</strong> et indignité nationale, Épouse<br />
Parrat <strong>en</strong> 56 à Neuilly<br />
Chef du SR <strong>de</strong><br />
OGIER Jean 1909 Vi<strong>en</strong>ne St-Éti<strong>en</strong>ne Imprimeur<br />
Condamné à mort par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Lyon le le 13/03/47, fusillé le 08/08/47<br />
St-Éti<strong>en</strong>ne puis LVF<br />
OLAGNOL Basile 1918 Lavoûte-Chilhac Langeac ? Milici<strong>en</strong> (?) Exécuté par <strong>les</strong> FFI à Aubazat dans la <strong>de</strong>uxième quinzaine <strong>de</strong> juillet 44<br />
PAJOT Jean-Baptiste 1898 St-Vénérand ? ? Milici<strong>en</strong> Fusillé par <strong>les</strong> FFI <strong>de</strong> la Lozère le 13/06/44 à St-D<strong>en</strong>is-<strong>en</strong>-Margeri<strong>de</strong> (48)<br />
Capturé une première fois par <strong>les</strong> FFI du groupe Lafayette, il s’éva<strong>de</strong>, Se cache à la<br />
Libération dans un c<strong>en</strong>tre d’accueil pour prisonnier à Lyon où il est arrêté, Condamné<br />
à mort par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy le 05/12/44, il doit témoigner dans un autre<br />
PARRAT Ferdinand 1923 Vals-près-le-Puy Le Puy GMR (révoqué) Franc-Gar<strong>de</strong><br />
procès, Sa peine est commuée <strong>en</strong> prison à vie, puis il est grâcié pour aller combattre <strong>en</strong><br />
Indochine, Rev<strong>en</strong>u, il ouvre un commerce florissant d’électro-ménager au Puy, Meurt<br />
<strong>en</strong> 1986 dans l’Allier où il s’était retiré<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t par<br />
PICARD Jean 1911 Craponne Craponne Libraire-droguiste Milici<strong>en</strong><br />
<strong>les</strong> FTPF du camp Wodli à Craponne le 22/08<br />
Condamné par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom à 5 ans d’indignité nationale, Se retire<br />
PIOCT Georges 1920 Le Puy Le Puy moniteur agricole Milici<strong>en</strong><br />
dans l’Allier<br />
Domitia 11 - 2010<br />
1923 Le Puy Le Puy ? Milici<strong>en</strong>ne Semble avoir échappé à l’épuration,<br />
PORCQ Georgette,<br />
née BRIVE<br />
Michel Roux 135
1907 St-Amand-<br />
PORCQ R<strong>en</strong>é<br />
Le Puy ? Milici<strong>en</strong> Semble avoir échappé à l’épuration, Mort à Marseille <strong>en</strong> 1975<br />
Montrond<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
POUGET Georges 1926 Langogne (48) Le Puy Étudiant Franc-Gar<strong>de</strong><br />
Cour martiale du Puy le 15/09/44 ; fusillé le 16<br />
1920 St-Michel-<strong>de</strong>- Le Chambon- Inspecteur auxili-<br />
Abattu dans un hôtel <strong>de</strong> la localité par <strong>de</strong>s résistants du groupe Bonnissol le<br />
PRALY Léopold<br />
Milici<strong>en</strong><br />
Chabrillanoux (07) <strong>sur</strong>-Lignonaire <strong>de</strong> police<br />
06/08/43<br />
En Allemagne <strong>en</strong> 44, Rapatrié comme STO <strong>en</strong> juin 45, caché par sa mère, se livre <strong>en</strong><br />
QUINQUETON<br />
1925 Le Puy Le Puy Galochier PPF/Franc Gar<strong>de</strong> novembre 45, Condamné par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom le 03/05/46 à 15 ans <strong>de</strong> TF<br />
Jean-Pierre<br />
et indignité nationale à vie, Se réinstalle <strong>en</strong>suite au Puy<br />
RAMBAUD Jean 1924 Cannes Lyon ? Milici<strong>en</strong> Fusillé par <strong>les</strong> FFI à T<strong>en</strong>ce le 04/08/44<br />
REY Franck 1900 Marseille Le Puy ? Milici<strong>en</strong> Semble avoir échappé à l’épuration, Mort au Puy <strong>en</strong> 1974<br />
Abattu par le groupe Lafayette dans un café <strong>de</strong> Vorey le 07/05/44, Survit à ses b<strong>les</strong>-<br />
ROCHE Marcellin 1910 St-Éti<strong>en</strong>ne ? ? Milici<strong>en</strong><br />
<strong>sur</strong>es, Meurt à St-Éti<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> 1974<br />
RODDON Victor 1906 Vorey Vorey ? Milici<strong>en</strong> Quitte le départem<strong>en</strong>t à la Libération sans être inquiété, Meurt à Paris <strong>en</strong> 1975<br />
St Didier-<br />
Arrêté certainem<strong>en</strong>t lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> la caserne Romeuf le 19/08/44, Condamné à<br />
ROMEYER André 1912 Dijon<br />
Mineur PPF/Milici<strong>en</strong><br />
<strong>en</strong>-Velay<br />
mort par la Cour martiale du Puy le 21/09/44, exécuté le 22<br />
SABATHE Jean 1911 Le Puy Le Puy Tailleur Chef SR Fusillé par <strong>les</strong> FFI à <strong>de</strong> l’Ardèche le 20/08/44 à St-Pierre-<strong>de</strong>-Colombier (07)<br />
SABATHE Yvonne,<br />
Condamnée le 24/01/45 par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy à 5 ans <strong>de</strong> prison et indignité<br />
1900 Uzès (30) Le Puy ? Milici<strong>en</strong>ne<br />
née AUZAS<br />
nationale<br />
SALADIN Roger 1924 Pélussin (42) Beauzac ? Milici<strong>en</strong> Condamné à mort par la Cour <strong>de</strong> jutice <strong>de</strong> Nîmes et fusillé le 13/05/46<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t par<br />
SALLE François 1906 St-Éti<strong>en</strong>ne ? Tuyauteur Milici<strong>en</strong><br />
<strong>les</strong> FTPF du camp Wodli à Craponne le 22/08<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t par<br />
SALLES Dominique 1907 St-Éti<strong>en</strong>ne St-Éti<strong>en</strong>ne Transporteur Milici<strong>en</strong><br />
<strong>les</strong> FTPF du camp Wodli à Craponne le 22/08<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé <strong>sur</strong> place par <strong>les</strong> FFI<br />
SALLES François 1906 St-Éti<strong>en</strong>ne St-Éti<strong>en</strong>ne ? Milici<strong>en</strong><br />
<strong>de</strong> la Formation Sambre-et-Meuse<br />
SAURON Victor 1921 St-Juli<strong>en</strong>-du-Pinet Retournac Agriculteur Indicateur <strong>de</strong> la milice Enlevé par <strong>les</strong> FTP <strong>de</strong> l’Ardèche et exécuté à St-Martial (07) le 04/08/44<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t à<br />
SEJALON Roger 1921 St-Éti<strong>en</strong>ne St-Éti<strong>en</strong>ne Mécanici<strong>en</strong> Milici<strong>en</strong><br />
Montarcher (42) par <strong>les</strong> FFI <strong>de</strong> la Formation Sambre-et-Meuse<br />
SIMON Ju<strong>les</strong> 1895 St-Dié (88) Clermont-Fd ? Milici<strong>en</strong> (?) Exécuté <strong>en</strong> août 44 par le Groupe Tailleur à Céaux-d’Allègre<br />
TERSOL Fernan<strong>de</strong> 1922 Sansac-l’Eglise Le Puy Secrétaire Milici<strong>en</strong>ne Semble avoir échappé à l’épuration<br />
Milice/recrute- Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêtée à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamnée par la Cour<br />
THEROND Colette 1924 Salettes Le Puy Secrétaire<br />
m<strong>en</strong>t LVF<br />
martiale du Puy le 15/09/44 à 20 ans <strong>de</strong> TF<br />
1892 St-Éti<strong>en</strong>ne-<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné par la Cour<br />
THEROND Gabriel Le Puy ? Milici<strong>en</strong><br />
<strong>de</strong>-Lugdarès (07)<br />
martiale du Puy le 15/09/44 à 10 ans <strong>de</strong> TF<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné par la Cour<br />
THEROND Marc 1922 Langogne (48) Le Puy Étudiant Milici<strong>en</strong><br />
martiale du Puy le 15/09/44 à 20 ans <strong>de</strong> TF<br />
THEROND<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42), Cour martiale du Puy le<br />
1928 Salettes Le Puy Étudiant Milici<strong>en</strong><br />
Norbert<br />
15/09/44: acquitté<br />
THEROND 1897 St-Éti<strong>en</strong>ne-<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêtée à Estivareil<strong>les</strong> (42), Cour martiale du Puy le<br />
Le Puy ? Milici<strong>en</strong>ne (?)<br />
Palmyre, née SABY du-Vigan<br />
15/09/44: acquittée<br />
136 <strong>Milici<strong>en</strong>s</strong> <strong>en</strong> haute-Loire...<br />
Domitia 11 - 2010
TOURAUD<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêtée à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamnée par la Cour<br />
Marguerite, ? Le Puy ? Milici<strong>en</strong>ne<br />
martiale du Puy le 15/09/44 à 5 ans <strong>de</strong> TF<br />
née CHIGNARD<br />
TOURAUD<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; condamné à mort par la<br />
1905 Paris Le Puy Commerçant Chef départem<strong>en</strong>tal<br />
Raymond<br />
Cour martiale du Puy le 15/09/44 ; fusillé le 16<br />
Recherché par le maquis à la Libération, il est sauvé par <strong>les</strong> Frères <strong>de</strong>s Éco<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
St-Georges-<br />
VARENNE Albert 1916 Semba<strong>de</strong>l<br />
Coiffeur Milici<strong>en</strong><br />
Craponne qui le cach<strong>en</strong>t dans une cheminée, Condamné par la Chambre civique le<br />
Lagricol<br />
29/03/45, Meurt à St-Georges-Lagricol où il avait repris son métier <strong>en</strong> 1989<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t par<br />
VERDIER Marc 1912 Le Puy Le Puy Géomètre Milici<strong>en</strong><br />
<strong>les</strong> FTPF du camp Wodli à Craponne le 22/08<br />
Condamné à mort par contumace (Cour <strong>de</strong> justice du Puy?) le 21/04/45, Capturé <strong>en</strong><br />
VERTUPIER<br />
Employé du Contrôle Milici<strong>en</strong>/ LVF/<br />
1920 Brives-Char<strong>en</strong>sac Le Puy<br />
Allemagne par l’armée US ; condamné aux TF à perpétuité, Meurt <strong>en</strong> 1979 à Igny<br />
Antoine<br />
économique<br />
Waff<strong>en</strong>-SS<br />
(91) où il exerçait le métier <strong>de</strong> professeur<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t à<br />
VERTUPIER Pierre 1926 Brives-Char<strong>en</strong>sac Le Puy Étudiant (?) Milici<strong>en</strong><br />
Montarcher (42) par <strong>les</strong> FFI <strong>de</strong> la Formation Sambre-et-Meuse<br />
B<strong>les</strong>sé par la Résistance <strong>en</strong> décembre 43, Fuit <strong>en</strong> Autriche à la Libération, Capturé,<br />
Ingénieur <strong>de</strong>s Arts<br />
VIALA H<strong>en</strong>ri 1893 Briou<strong>de</strong> Briou<strong>de</strong><br />
Chef local<br />
condamné à 15 ans <strong>de</strong> TF et à l’indignité nationale à vie par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong><br />
et Métiers<br />
Bor<strong>de</strong>aux <strong>en</strong> 1946 (?)<br />
VILLIANO Félix 1924 Le Puy Le Puy ? Milici<strong>en</strong> (?) ?<br />
Fuit Le Puy avec <strong>les</strong> Allemands ; arrêté à Estivareil<strong>les</strong> (42) ; fusillé sans jugem<strong>en</strong>t à<br />
VINCENT Louis 1885 Firminy (42) Firminy (42) ? Milici<strong>en</strong><br />
Montarcher (42) par <strong>les</strong> FFI <strong>de</strong> la Formation Sambre-et-Meuse<br />
VINCENT Pierre 1920 Le Puy Le Puy Ingénieur chimiste Milici<strong>en</strong> Condamné par la Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> l’Ariège à l’indignité nationale à vie<br />
Condamné à mort par contumace par la Cour <strong>de</strong> justice du Puy <strong>en</strong> 1944, Capturé par<br />
VINCENT<br />
1918 Le Puy Le Puy Employé <strong>de</strong> bureau Milici<strong>en</strong><br />
la 2<br />
Victori<strong>en</strong><br />
e DB, condamné à mort par le tribunal militaire aux armées et exécuté le 02/10/44<br />
à Esseygney (88)<br />
STO, LVF, Waff<strong>en</strong>-SS Capturé par l’armée US à Ulm, 1 an <strong>de</strong> prison et indignité national le 31/01/47 par la<br />
BERNARDON Paul 1922 Le Puy Le Puy Tôlier -sou<strong>de</strong>ur<br />
Charlemagne Cour <strong>de</strong> justice <strong>de</strong> Riom ; employé municipal au Puy jusqu’à sa mort <strong>en</strong> 1976<br />
10 ans <strong>de</strong> TF, indignité nationale, confiscation <strong>de</strong>s bi<strong>en</strong>s le 21/08/45 par la Cour <strong>de</strong><br />
STO, LVF, Waff<strong>en</strong>-SS<br />
BUREAU R<strong>en</strong>é 1919 Le Puy Le Puy Manœuvre<br />
justice <strong>de</strong> Riom ; ram<strong>en</strong>é à 5 ans <strong>de</strong> prison et 20 ans d’indignité ; libéré <strong>en</strong> 49, Mort<br />
Charlemagne<br />
à Gr<strong>en</strong>oble <strong>en</strong> 1980<br />
Déserte à la libération <strong>de</strong> la France ; repris par <strong>les</strong> Allemands et fusillé par eux le<br />
LAC Maurice 1925 Chadrac ? ? Waff<strong>en</strong> SS<br />
02/09/44 à l’Isle-<strong>sur</strong>-le-Doubs (25)<br />
LAC R<strong>en</strong>é ? ? ? Waff<strong>en</strong> SS Échappe à l’épuration, Préparateur <strong>en</strong> pharmacie au Puy<br />
Domitia 11 - 2010<br />
Michel Roux 137