(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

LES RESSOURCES NATURELLES
DES PYRÉNÉES
DU MOYEN ÂGE À L’ÉPOQUE MODERNE
EXPLOITATION, GESTION, APPROPRIATION
Actes du Congrès International RESOPYR 1
Font-Romeu, 8-9-10 novembre 2002

LES RESSOURCES NATURELLES
DES PYRÉNÉES
DU MOYEN ÂGE À L’ÉPOQUE MODERNE
EXPLOITATION, GESTION, APPROPRIATION
Actes du Congrès International RESOPYR 1
Font-Romeu, 8-9-10 novembre 2002
Travaux réunis par Aymat CATAFAU
CRHiSM
Collection Études
Presses Universitaires de Perpignan

SOMMAIRE
Sommaire .................................................................................................. 5
Aymat CATAFAU
Présentation : L’aventure de RESOPYR.................................................. 7
Participants aux différentes réunions de RESOPYR............................... 14
DYNAMIQUES ÉCONOMIQUES ET FORMATION DES PAYSAGES.
VISIONS RÉGIONALES ET APPROCHES DE DÉTAIL..................................... 17
Juan F. UTRILLA, Carlos LALIENA, Germán NAVARRO
Los recursos naturales y su transformación en los Pirineos aragoneses
durante la Edad Media ............................................................................ 19
Delphine BROCAS, Amaia LEGAZ
La montagne basque : Sources et ressources. Les pâturages et les bois
dans les Pyrénées occidentales (XI e -XIX e siècles).................................. 49
Marta SANCHO
El Montsec entre la serra i la vall : percepció del territori i construcció
d’un paisatge a l’Edat Mitjana ................................................................ 71
Tünde MIKES
Les comunitats i els ‘bons usos’ : explotació i gestió dels recursos
naturals a la Vall de Ribes a l’època moderna ........................................ 87
Jordi BOLÒS
Processos de rompuda i d’ocupació de l’espai a l’època medieval.
Alguns exemples catalans ..................................................................... 119
Marie-Pierre RUAS et Christine RENDU avec la collaboration de
Agnès BERGERET
Glanes et cultures en haute montagne d’après les restes de graines et
de fruits carbonisés de deux sites médiévaux de Cerdagne et du Capcir
(Pyrénées-Orientales)............................................................................ 147
Marie-Claude BAL
Construction et dynamique des terroirs et des espaces pastoraux en
vallée de Bethmale (Ariège). Méthodologie d’analyses pédologiques
pour une approche archéo-environnementale........................................ 185
PASTORALISME ET GESTION DES ESPACES PASTORAUX........................ 203
Marc CONESA
L’herbe et la terre. Communautés rurales de Cerdagne française au
XVIII e siècle et accès aux estives : un lien structurant.......................... 205

Alfredo MORAZA BAREA
La transhumancia desde el sistema iberico al Pirineo occidental : el
pastoreo de ganado porcino entre la sierra de Cameros (Soria-La
Rioja) y el País Vasco a fines de la Edad Media................................... 221
Elisabeth BILLE
Remarques sur les modes de spatialisation des droits et des pratiques
sur les vacants en Cerdagne aux XII e -XIV e siècles............................... 239
LES FORÊTS ET LEURS USAGES................................................................. 253
Véronique IZARD
La forêt au Moyen Âge : enjeux, gestion et mutation d’un espace
menacé. Les forêts nord-catalanes du XIIe siècle. ............................... 255
Michel BRUNET
La gestion de la forêt dans la province du Roussillon
au XVIII e siècle..................................................................................... 289
Angel GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
Políticos-empresarios liberales y compañías en la explotación del
bosque del Irati (Navarra) a mediados del siglo XIX........................... 297
Emmanuel GARNIER
Salvatgines et sociétés montagnardes catalanes : une guerre
d’extermination pluri-séculaire ............................................................. 327
PROTO-INDUSTRIES MONTAGNARDES : LE FER, L’ARGENT ET LE
VERRE ........................................................................................................ 345
Íñigo MUGUETA
Explotación minera en el reino de Navarra : la mina de plata de Urrobi
(s. XIV) ................................................................................................. 347
Martine CAMIADE et Denis FONTAINE
Appropriation et exploitation du milieu forestier dans la montagne de
l’Albera : le cas de la verrerie du mas d’en Bonet du Vilar de 1538 à
1666....................................................................................................... 373
André BALENT
La mine de fer de Puymorens (Cerdagne) : conflits de propriété et
d’usage (XVII e -XX e siècles) ................................................................ 423
LES MOTS DE LA MONTAGNE : VERS UN LEXIQUE, LE MODÈLE DE
LA NAVARRA.............................................................................................. 453
Eloísa RAMÍREZ VAQUERO
Léxico de los recursos naturales. Navarra, s. XI-XV............................ 455

PRÉSENTATION :
L’AVENTURE DE RESOPYR
Aymat CATAFAU*
À la mémoire de Pierre Bonnassie**
Les textes réunis dans cet ouvrage reprennent les communications
présentées dans le cadre du colloque international « Exploitation, gestion et
appropriation des ressources montagnardes du Moyen Âge aux Temps Modernes
» organisé à Font-Romeu par RESOPYR et le groupe RESOPYR de
l’Université de Perpignan - CRHiSM. Il convient de donner quelques explications
sur ce sigle, étrange, et sur l’histoire du groupe qu’il désigne.
Au départ étaient les Pyrénées et la passion qu’elles suscitent chez les
historiens1. Au début des années 1990 eut lieu une rencontre andorrane sur le
thème des Pyrénées2, en novembre à 1997 Toulouse se tint un colloque sur le
* Centre de Recherches Historiques sur les Sociétés Méditerranéennes - CRHiSM, Université
de Perpignan.
** Cet ouvrage a été achevé dans sa mise en forme définitive par M. Alain Lerouge et moimême,
dans la matinée du lundi 14 mars 2005. Au même moment Pierre Bonnassie s'éteignait
à son domicile toulousain. Il avait été à l'initiative de l'idée de RESOPYR et avait assisté à la
réunion toulousaine du groupe. Les historiens des deux versants des Pyrénées savent ce qu'ils
doivent à son œuvre.
1 Ce n’est pas ici le lieu de tenter une bibliographie pyrénéiste, que l’on trouvera entre autres
dans l’excellent Essai de bibliographie pyrénéiste de Jacques Labarère, Pau, 1986, 2 vol., 248
et 252 p. Je voudrais simplement ajouter, parmi les travaux postérieurs à la publication de
cette bibliographie, ceux promus par le Service archéologique d’Andorre, avec lequel les
liens souhaités par RESOPYR n’ont jamais pu être fermement concrétisés, mais auxquels de
nombreux acteurs de RESOPYR avaient participé. Les publications régulières de ces journées
d’études sont une des plus claires manisfestations de l’intérêt renouvelé pour l’histoire des
Pyrénées, entre autres : La vida medieval a les dues vessants del Pirineu, I i II : [actes del] 1r
curs d’arqueologia d’Andorra del 26 de set. al 2 d’oct. de 1988, 2d curs d’arqueologia
d’Andorra del 12 al 23 de set. de 1989 / organitzat per Servei d’arqueologia d’Andorra.
2 Dont les textes furent publiés par les soins de Jaume Bertanpetit i Elisenda Vives, ed.,
Muntanyes i població. El passat dels Pirineus des d’una perspectiva multidisciplinària,
Andorra la Vella, Centre de trobada de les cultures pirinenques, 1995.
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 7 - 15 7

L’AVENTURE DE RESOPYR
thème des villages pyrénéens et de l’eau3, enfin en 1999 une seconde
rencontre du même groupe se réunit à la Vall d’Aneu, autour du thème des
communautés villageoises pyrénéennes. Entre temps, en 1998, l’UNED organisa
à Girona un vaste colloque sur les Pyrénées, aux nombreux ateliers,
dont les actes restent toujours « à paraître ». Certains de ces colloques, aux
ambitions trop vastes ou à la préparation trop brève, ne purent tenir toutes
leurs promesses, d’autres (celui de Toulouse en 1997), ayant centré leurs
travaux sur des thématiques plus limitées, avaient permis des avancées nouvelles.
C’est de cette expérience, partagée par de nombreux participants
futurs de RESOPYR, que naquit l’idée d’une définition plus précise des
sujets des futures rencontres.
Lors d’une pause, pendant la soutenance de thèse de Véronique Izard
à Toulouse - Le Mirail (17 décembre 1999), Pierre Bonnassie et Maurice
Berthe me proposèrent de prendre en charge l’organisation de la future rencontre
des « Pyrénéens », essentiellement médiévistes, mais souvent portés à
étudier le temps long, vers l’amont comme vers l’aval. L’idée était de recentrer
les travaux préparatoires de la session future autour d’une thématique
commune afin de favoriser de véritables échanges, avec des problématiques
définies en commun. Durant la rencontre de Toulouse, en 1997, parallèlement
au thème du village, s’était tenue une séance de travail sur la question
de l’eau et de son utilisation. Depuis cette date, ou un peu avant, des
études s’étaient développées sur les aspects non directement agricoles de
l’activité humaine dans le massif pyrénéen : l’exploitation des forêts (Didier
Galop, Bernard Davasse, Véronique Izard), des ressources minières
(Véronique Izard), des parcours de pâturages et des estives de haute montagne
(Christine Rendu). Ces recherches offraient la possibilité de réunir des
chercheurs venus de disciplines différentes (histoire, anthropologie, archéologie,
sciences de la nature, géographie) autour d’une des particularités
de la vie en montagne : l’existence et l’usage de ressources naturelles abondantes,
certes non spécifiques à la montagne, mais plus largement présentes
dans le massif pyrénéen en raison de l’étendue qu’y prend le saltus, l’inculte.
On pouvait soupçonner en effet qu’un des éléments de définition et de
structuration des sociétés montagnardes se trouvait dans l’accès à ces
ressources, leur contrôle et leur prise de possession (Benoît Cursente,
Christine Rendu, Roland Viader). La perspective était de confronter ces
recherches, et surtout de voir si elles entraient en écho avec les travaux me-
3 Travaux réunis et publiés par Maurice Berthe et Benoît Cursente ed., Villages pyrénéens :
morphogenèse d’un habitat de montagne, Colloque sur les Pyrénées tenu à Toulouse les
13,14,15 novembre 1997, organisé par l’Unité mixte de recherches France-Méridionale et
Espagne FRAMESPA-CNRS, Toulouse, 2001.
8

AYMAT CATAFAU
nés sur l’ensemble de l’axe pyrénéen, et particulièrement sur le versant ibérique
de celui-ci.
Quelques mois plus tard, au printemps 2000, une proposition d’offres
de subventions européennes pour des programmes de recherches transpyrénéens
vint offrir une possibilité de financements de projets transfrontaliers. Il
fallait pour cela réunir, en quelques semaines, l’accord et l’engagement des
chercheurs des deux versants des Pyrénées. Les liens existant depuis
quelques années avec les historiens catalans et aragonais furent activés, la
messagerie électronique ne cessa de fonctionner durant deux semaines : par
l’intermédiaire de Juan Utrilla, de Saragosse, les amis de l’Université Publique
de Pampelune rejoignirent le projet. En revanche, pour des raisons non
élucidées, la proposition de subvention ne fut jamais publiée au Pays
Basque : ceci n’empêcha pas, fort heureusement, d’associer des collègues
travaillant sur l’ouest des Pyrénées à notre projet, qui reçut le nom de
RESOPYR : « réseau des Pyrénées ». RESOPYR réunissait officiellement
des groupes de chercheurs, coordonnés localement par des porteurs de projet,
basés dans les Universités de Catalogne (coordinateurs Lluis To,
Université de Girona et Jordi Bolós, Université de Lleida), l’Université de
Zaragoza en Aragon (coordinateur Juan Utrilla), l’Université Publique de
Pamplona en Navarra (coordinatrice Eloisa Ramirez), l’Université de
Toulouse II Le Mirail (coordinateur Benoît Cursente - FRAMESPA), de
l’Université de Perpignan (coordinateur Aymat Catafau - CRHiSM, coordinateur
général). Pour le Pays Basque, José María Imízcoz, de l’Université de
Vitoria, voulut bien être notre correspondant local.
Les réponses positives d’attribution des crédits, variables selon les régions,
furent communiquées aux groupes à la fin de l’année 2000. Les premiers
mois de 2001 furent consacrés à la préparation de nos activités.
L’option choisie fut celle de rencontres inter-groupes, préparées selon
un planning préétabli, pour dégager les axes principaux du travail de
RESOPYR pour les deux années suivantes, et afin de préparer le congrès de
conclusion à tenir à la fin de l’année 2002.
Le 12 mai 2001 fut tenue la première réunion inter-groupes à
Saragosse. Y étaient présents des chercheurs des Universités de Zaragoza,
Pamplona, Toulouse, Lleida, Girona, Barcelona (UAB), Perpignan. Cette
réunion révéla d’emblée, je crois pouvoir le dire sans exagération, le véritable
désir de travailler ensemble, d’échanger, qui animait les présents : la
chaleur de l’accueil, la richesse des débats et la solidité des engagements pris
portaient témoignage du réel plaisir de se retrouver pour certains d’entre
nous, de faire connaissance pour d’autres. Parmi les décisions prises, la plus
importante fut celle de réunions régulières de coordination des groupes, autour
de thématiques susceptibles d’intéresser le plus grand nombre et de
favoriser les échanges et débats « inter-groupes » . Les deux premières de-
9

L’AVENTURE DE RESOPYR
vaient se dérouler à Toulouse, en septembre 2001, autour de la question de la
forêt, et à Pamplona, en décembre, avec comme thème de travail les pâturages.
Chaque réunion devait être l’occasion d’une mise au point sur « l’état
de la question » par un spécialiste, d’un échange des bibliographies sur le
sujet de la présentation par les chercheurs des différents groupes d’un
document ou d’une typologie documentaire, ou d’un problème précis rencontré
dans la documentation concernant la question abordée dans la
réunion, afin d’en faire de véritables réunions de travail.
Les 21-22 septembre 2001 s’ouvrit la deuxième réunion inter-groupes
à Toulouse, ayant pour thème « La forêt des Pyrénées et son exploitation, du
Moyen Âge à l’époque moderne ». Le rapporteur invité était Emmanuel
Garnier, de l’Université de Caen, spécialiste de l’histoire des forêts, qui devait
nous présenter les sources et les problématiques de l’histoire des forêts.
La réunion, commencée comme prévu à 9h, ne put se dérouler que durant
une demi-heure (accueil, présentations, introduction, début du rapport),
l’explosion de l’usine AZF de Toulouse à 9h30 soufflant les vitres et les
cloisons de la Maison de la Recherche du Mirail où nous étions réunis, et
contraignant les participants à trouver un refuge hors du périmètre de danger.
Dans le drame que vivait Toulouse et alors que la Maison de la Recherche
elle-même était durement affectée (les travaux de réparation ont duré une
année et ont coûté des millions d’euros), la réunion de RESOPYR fut
interrompue, mais la solidarité active et l’empressement chaleureux des amis
toulousains, par delà les inquiétudes qu’ils éprouvaient pour leurs proches,
firent de cette catastrophe un lien supplémentaire entre les participants, unis
désormais par le souvenir de ces moments d’angoisse puis de réconfort.
Un certain nombre des communications prévues pour la rencontre
toulousaine furent prononcées ou remises sous forme de textes écrits lors des
réunions inter-groupes suivantes (Pamplona, Lleida), ou au moment du
Congrès, d’autres enfin ont été diffusées par Internet.
Par une belle journée d’automne, le 14 décembre 2001, fut réunie pour
la troisième fois l’équipe inter-groupes à l’Université Publique de Pamplona
(Navarre), avec pour thème les pâturages et l’élevage. Le rapport introductif
présenté par Christine Rendu, EHESS Toulouse (aujourd’hui CNRS -
Toulouse FRAMESPA). fut suivi de nombreuses communications
concernant les pâturages, mais aussi l’exploitation des bois et d’autres ressources
naturelles (chaux, carrières). Une des propositions de travail collectif
formulée par les collègues navarrais (Eloisa Ramirez et Juan Carrasco) fut
d’entreprendre la réalisation d’un « lexique du vocabulaire des ressources
pyrénéennes et de leurs usages ». Ce projet ambitieux, largement avancé par
les collègues de Pamplona au cours de l’année suivante, fut présenté par eux
au congrès : il est ici publié sous une forme limitée à leur contribution ; sa
richesse et son intérêt seront une invitation pour tous les autres groupes à
10

AYMAT CATAFAU
poursuivre et à étendre l’inventaire aux sources de leurs domaines géographiques.
Au soir du 14 décembre l’automne radieux prit fin et de sévères
températures négatives, au sortir d’une soirée très arrosée, nous rappelèrent
que nous nous trouvions au pied de nos chères montagnes. Le lendemain, le
travail et l’ambiance cordiale nous firent oublier les premiers frimas, mais la
tempête de neige qui s’abattit sur le versant sud de la chaîne, et jusqu’aux
rivages catalans de la Méditerranée, rendit le retour aventureux pour ceux
qui devaient rejoindre l’est des Pyrénées : RESOPYR ancra ainsi sa légende
de groupe heureux, mais maudit des dieux.
La réunion de Pamplona avait fixé les deux derniers rendez-vous de
l’équipe, à Lleida au début du printemps 2002, puis le congrès final, en
Cerdagne, à l’automne suivant.
À Lleida, les 22 et 23 mars 2002, deux longues séances de travail nous
permirent d’aborder le thème des ressources minérales : pierre, minerais, fer,
chaux, verre, etc. Marta Sancho, de l’Université de Barcelona, introduisit ces
travaux, en spécialiste de l’industrie du fer dans la Catalogne médiévale. La
réunion de Lleida traça aussi le cadre général du congrès qui devait nous
réunir sept mois plus tard.
Pour achever la première tranche de nos travaux, nous avions décidé
de tenir un « congrès » au cœur de la montagne. Nous nous sommes retrouvés
nombreux à Font-Romeu, les 8-9-10 novembre 2002, au Lycée Climatique
et Sportif dont la directrice et le personnel surent faciliter notre accueil
et notre séjour.
Une chute de neige abondante dans les jours précédents donna à ces
journées un cadre idéal : montagnes enneigées, soleil radieux, routes (à peu
près !) dégagées. Le relatif isolement contraint par le lieu de tenue du
congrès fut pour nous une chance : trois journées de vie commune, de conférences
en sorties, finirent de rapprocher les participants en favorisant les
discussions et les échanges.
Après les réunions de préparation, le congrès avait pour objectif de
dresser l’inventaire des sources historiques documentaires renseignant sur les
ressources naturelles, d’étudier l’évolution de leur mode d’appropriation et
d’exploitation (privée, communautaire, seigneuriale, etc.), d’évaluer les
traces de cette exploitation (charbonnières, moulins, forges, carrières…), leur
impact écologique et leur gestion contrôlée. Le comité scientifique
d’organisation du congrès était composé de Jordi Bolós (Université de
Lleida), Martina Camiade (Université de Perpignan), Aymat Catafau (Université
de Perpignan), Benoît Cursente (CNRS - Framespa - Toulouse), José
María Imízcoz (U. de Vitoria), Eloisa Ramirez (Université de Pamplona),
Juan Utrilla (Université de Saragosse).
Les interventions ont consisté en la présentation de dossiers de synthèse
de travaux collectifs (régionaux, thématiques) ou de communications
11

L’AVENTURE DE RESOPYR
de recherches personnelles. Elles sont ici publiées dans les trois langues qui
furent celles de nos rencontres, castillan, catalan et français, et regroupées en
thèmes (pastoralisme, forêts, formation des paysages, industries, lexique) qui
reflètent les axes principaux de ces journées et des travaux de RESOPYR
pendant deux années.
L’appel au congrès traçait un cadre ample, ambitieux :
« Avant la révolution industrielle, les sociétés pyrénéennes ont évolué dans un rapport
étroit à leur milieu naturel : la montagne offrait à ceux qui l’habitaient des ressources
multiples (pâturages, bois, eaux, minerais, pierre, etc.), certes connues ailleurs, mais
disponibles dans les vallées et les montagnes en quantité. Les conditions plus
difficiles qui étaient celles de l’agriculture ont poussé les sociétés pyrénéennes à
développer l’exploitation systématique de leurs ressources propres, cette
intensification fut encore accrue par la demande venue des régions périphériques, et
en particulier des villes des piémonts.
« Ces ressources furent l’objet de rivalités entre communautés, entre pouvoirs
seigneuriaux et usages traditionnels, entre pouvoirs centraux et locaux. Elles mirent
aussi en jeu des techniques particulières, dont l’évolution proto-industrielle ou
spéculative, par exemple dans le domaine de la métallurgie ou de l’élevage, eut des
conséquences économiques et sociales profondes, transformant le rapport des
hommes à leur milieu, et favorisa l’apparition et l’ascension de groupes sociaux tirant
profit de ces changements, ou renforça l’ascension sociale des couches les plus
prospères des sociétés pyrénéennes.
« La question des ressources – exploitation, gestion appropriation – apparaît donc
comme doublement riche d’interrogations et d’éclairages pour l’histoire des sociétés
pyrénéennes : elle forme part de leur profonde originalité en même temps qu’elle
permet de mieux comprendre leur transformation au cours des siècles. »
Dire que ces objectifs ont tous été remplis serait présomptueux, nous
n’avions pas la prétention d’épuiser le sujet, ni même d’en aborder tous les
aspects. Pourtant les travaux de RESOPYR ont permis de définir des cadres
communs de recherches, des objectifs communs, et sur le plan méthodologique
ont souligné plusieurs aspects qui restent des acquis : l’attention portée
aux sources de l’histoire des montagnes4, le souci de relever le vocabulaire
médiéval et moderne des ressources de la montagne et de leurs usages, la
volonté de croiser les regards venus des sciences de la nature et des sciences
humaines, le désir de percevoir les changements et les permanences en les
inscrivant dans un temps long qui nous a conduits à examiner un millénaire
d’occupation des montagnes, des premiers signes du renouveau carolingien
(aprisions, Hispani, alleux paysans ou grandes possessions aristocratiques)
4 Certains des membres toulousains de RESOPYR (E. Bille, M. Conesa, Ch. Rendu) ont
continué cette quête systématique des sources du pastoralisme pyrénéen en ouvrant aux
archives de Puigcerda le premier « atelier d’archives » animé par FRAMESPA, qui avait pour
but de former de jeunes chercheurs à la lecture des registres de parceria, voir Le Petit
Framespa, juillet 2004.
12

AYMAT CATAFAU
jusqu’aux premiers indices de l’irruption de la société industrielle dans
l’économie et la société montagnardes.
Ainsi le projet RESOPYR a largement tenu ses engagements sur le
plan scientifique. Il a permis d’échanger méthodes, problèmes, expériences
et résultats entre chercheurs des deux versants des Pyrénées. Il a permis de
définir un certain nombre d’objets d’étude communs, de comparer les approches
et les sources, les matériaux de départ, puis de confronter les
conclusions. Il a donné naissance à des projets partagés (lexique, pastoralisme,
métallurgie, etc.) qui se poursuivront à l’avenir.
Par delà ces aspects scientifiques RESOPYR a renforcé des liens anciens
et il a surtout fait naître des liens nouveaux entre de jeunes chercheurs
ou des équipes aux thèmes d’étude voisins qui s’ignoraient ou se connaissaient
mal. La portée des contacts humains et des relations personnelles liées
au cours de ces trois années de travail commun est plus difficilement quantifiable
que le bilan purement scientifique, mais il ne fait pas de doute que ces
contacts sont pleins de promesses et riches d’avenir. D’ailleurs dès la parution
de nouveaux programmes de financement européens pour des projets
transfrontaliers, en 2004, Juan Utrilla qui fut, avec Jordi Bolós et Benoît
Cursente, un des piliers de Resopyr, a proposé spontanément de relancer le
groupe. Et c’est Eloisa Ramirez (U. Pública de Navarra) qui s’est chargée de
déposer un nouveau projet de recherches et de coordonner les équipes. Cette
proposition, accueillie dans l’enthousiasme des « anciens », a reçu l’aval des
autorités, et les financements enfin reçus, une nouvelle aventure de
RESOPYR-II s’est ouverte en cet automne 2004, pour mener à terme les
chantiers ouverts (en particulier celui du lexique des ressources et des usages
de la montagne pyrénéenne), pour tracer de nouvelles voies de recherche,
pour resserrer les liens déjà si prometteurs et associer à ces travaux de
nouveaux chercheurs.
Aymat Catafau
coordinateur de RESOPYR - I
13

L’AVENTURE DE RESOPYR
PARTICIPANTS AUX DIFFÉRENTES RÉUNIONS DE
RESOPYR
(sous réserve d’oublis…)
À Zaragoza, 12 mai 2001 : Isidre Piñol (Universitat de Lleida), Jordi
Bolós (Universitat de Lleida), Ramon Martí Castelló (U A B - Barcelona),
Luis Garcia-Guijarro Ramos (Facultad de Huesca), Germán Navarro
Espinach (Universidad de Zaragoza), Jaume Fernández i González (U. de
Lleida), Juan F. Utrilla Utrilla (Universidad de Zaragoza), Carlos Laliena
Corbera (U. de Zaragoza), Fermín Miranda García (U. publica de Navarra,
Pamplona), Lluís To Figueras (Universitat de Girona), Roland Viader
(FRAMESPA, Toulouse - Le Mirail), Christine Rendu (FRAMESPA,
Toulouse - Le Mirail), Marc Conesa (Toulouse - Le Mirail), Benoît Cursente
(FRAMESPA, Toulouse - Le Mirail), Aymat Catafau (CRHiSM, Université
de Perpignan)
--------
À Toulouse, le 21 septembre 2001 : Emmanuel Garnier, D. Galop
(communication écrite qui devait être lue), Bernard Davasse, Johanna
Faerber, Christine Rendu, Aymat Catafau, Michel Brunet, Martina Camiade,
Claude Denjean, Véronique Izard, Delphine Brocas, Elizabeth Bille, André
Constant, Amaia Legaz, Juan Utrilla Utrilla, Germán Navarro, Pierre
Bonnassie, Benoît Cursente, et quelques autres, la liste des présents n’ayant
pas eu le temps de faire le tour de la table…
…et bloqués sur l’autoroute par l’explosion d’AZF : Josep Maria
Salrach, Mercè Aventín.
--------
À Pamplona les 14-15 décembre 2001 : Isidre Piñol, Jaume
Fernandez, Jordi Bolòs, Montserrat Mases i Marta Gonzalez (Centre de
recerca en Ciencies de la Terra del Institut d’Estudis Andorrans), Roland
Viader, Benoît Cursente, Lluis To Figueras, Juan José Calvo (Universidad
Pública de Navarra), Amaia Legaz,, Delphine Brocas (U. de Toulouse - Le
Mirail), Thomas Gurbillon (U. de Toulouse - Le Mirail), Marcelino Beroiz
Lazcano (U. Pública de Navarra), Eloisa Ramirez Vaquero (U. Pública de
Navarra), Juan Carrasco (U. Pública de Navarra) Christine Rendu, Aymat
Catafau.
--------
À Lleida, les 22 et 23 mars 2002 : Amaia Legaz, Delphine Brocas,
Christine Rendu, Marcelino Beroiz Lascarro, Iñigo Mugueta (Universidad
Pública de Navarra), Roland Viader, Juan J. Utrilla, Germán Navarro, Denis
Fontaine (Archives Départementales des Pyrénées-Orientales), Carine
Calastrenc (FRAMESPA, Université de Toulouse - Le Mirail), Jordi Bolòs,
14

AYMAT CATAFAU
Marta Sancho i Planas (Universitat de Barcelona), Isidre Piñol i Cerro,
Jaume Fernandez i Gonzalez, Joan Ramon Piqué i Badia (U. de Lleida),
Benoît Cursente, Carlos Laliena, Aymat Catafau.
--------
À Font-Romeu, les 8-9-10 novembre 2002 : Bal Marie-Claude,
(GEODE, UMR5602 CNRS, Toulouse - Le Mirail), Balent André
(CRHiSM, Université de Perpignan), Beroiz Lazcano Marcelino, Bille
Elisabeth (FRAMESPA - Toulouse - Le Mirail), Bolòs Jordi, Brocas
Delphine, Brunet Michel (Université de Toulouse - Le Mirail), Calastrenc
Carine, (FRAMESPA, Toulouse - Le Mirail), Camiade Martina, Campmajo
Pierre, Catafau Aymat, Conesa Marc, Crabol Denis, Cursente Benoît,
Fernàndez Rovira Juan, (IES Abad Oliva, Ripoll), Fontaine Denis, García-
Sanz Marcotegui Angel (Universidad Pública de Navarra), Garnier
Emmanuel (Centre d’Etudes sur les Sociétés Rurales, Université de Caen),
Izard Véronique (GEODE, Université de Toulouse - Le Mirail), Legaz
Amaia, Madrazo Gonzalo (GEODE, Université de Toulouse - Le Mirail),
Marty Nicolas, (CRHiSM, Université de Perpignan), Métailié Jean-Paul
(GEODE - Université Toulouse - le Mirail), Moraza Barea Alfredo
(Sociedad de Ciencias Aranzadi, San Sebastián, Gipuzkoa), Mugueta
Moreno Iñigo (Universidad Pública de Navarra), Ramirez Vaquero Eloisa,
Rendu Christine, Ruas Marie-Pierre (UTAH, CNRS, Toulouse - Le MIrail),
Sancho i Planas Marta, Termens Llargués Adriana (Ripoll), Mikes Jani
Tünde (UNED - Barcelona), Utrilla Utrilla Juan F., Viader Roland.
15

DYNAMIQUES ÉCONOMIQUES ET
FORMATION DES PAYSAGES.
VISIONS RÉGIONALES ET
APPROCHES DE DÉTAIL
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 17 - 17

LOS RECURSOS NATURALES Y SU
TRANSFORMACIÓN EN LOS PIRINEOS
ARAGONESES DURANTE LA EDAD MEDIA1
Juan F. UTRILLA UTRILLA
Carlos LALIENA CORBERA
Germán NAVARRO ESPINACH*
El espacio pirenaico constituye un importante observatorio histórico
inter-regional cuyas sociedades montañesas asentadas en su entorno evolucionaron
en estrecha relación con el medio natural, realizando una explotación
sistemática de los recursos propios. Además, las sociedades pirenaicas
se desarrollan históricamente en un medio natural extremadamente variado
tanto desde el punto de vista geomorfológico como bioclimático o humano,
lo que hace indispensable reunir investigadores que representen al conjunto
de la cadena pirenaica. Precisamente la colaboración2 entre distintos grupos
de trabajo hispano-franceses pertenecientes a una decena de universidades3
ha permitido reconocer un buen número de los rasgos originales de la vida
de las sociedades pirenaicas y de su organización social, entre los que desta-
1 Esta ponencia se integra en el proyecto de investigación Recursos naturales y espacios de
montaña : gestión, explotación y puesta en valor por las sociedades pirenaicas, desde el fin
de la antigüedad hasta la época moderna. Red RESOPYR de la Comunidad de Trabajo de
los Pirineos. Gobierno de Aragón, años 2001-2002. Ref. CTPR01/2000. La red de trabajo
RESOPYR ha tenido como Coordinador General al profesor de la Univ. de Perpignan Aymat
CATAFAU, a quien desde estas líneas queremos agradecer su eficacia y esfuerzo en el
desarrollo del proyecto común, y que ha culminado en el presente Congreso celebrado en
Font Romeu en noviembre de 2002.
* Universidad de Zaragoza.
2 Recuérdense al respecto los coloquios celebrados en Toulouse (1997), Vall de Aneu (1999),
y los encuentros de Zaragoza (mayo 2001), Pamplona (diciembre de 2001), Lérida (marzo de
2002) y el presente congreso de Font Romeu (noviembre de 2002). El primero de ellos fue
publicado : Villages Pyrénéennes. Morphogenèse d’un habitat de montagne,, M. BERTHE y
B. CURSENTE, eds., Toulouse, 2000.
3 Los grupos de trabajo que venimos colaborando en la red RESOPYR pertenecen a diez
universidades, siete de la vertiente sur de los Pirineos (Univ. Autónoma, Central y Pompeu
Fabra de Barcelona, Girona, Lleida, Pamplona, Vitoria y Zaragoza) y de tres universidades de
la vertiente norte (Univ. de Pau, Perpignan y Toulouse).
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 19 - 48 19

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
can como aspectos más importantes : la morfogénesis de los hábitats y la
estructuración del poblamiento, la formación de las comunidades de valle y
familias y sus relaciones con el poder central y señorial, o la misma jerarquización
social interna del campesinado.
El grupo de investigación de Aragón viene trabajando, como los restantes
grupos integrados en la red RESOPYR de la Comunidad de Trabajo
de los Pirineos, desde el año 2001, en el desarrollo del proyecto común
Recursos naturales y espacios de montaña : gestión, explotación y puesta en
valor por las sociedades pirenaicas, desde el fin de la Antigüedad hasta la
Época Moderna. Fruto de este trabajo, así como de las reuniones de trabajo
celebradas en Zaragoza, Lérida, Toulouse y Pamplona, es la presente ponencia
que recoge los resultados finales obtenidos por el grupo de Aragón,
aunque una parte del trabajo fue presentada en octubre de 2001, como
comunicación científica al II Encuentro sobre Historia y Medio Ambiente,
celebrado en Huesca, para abordar la evolución histórica de las relaciones
entre agricultura, energía y medio ambiente en los Pirineos aragoneses de la
Edad Media, en coherencia con la temática del proyecto RESOPYR en
curso4.
En esta ponencia que tiene un marcado carácter de síntesis, y
partiendo de la problemática que plantean las fuentes de investigación utilizadas,
nos ha parecido oportuno estructurar nuestro argumento en tres
bloques temáticos concretos en los que hemos centrado nuestra atención por
su importancia fundamental en la caracterización del sistema económico y
social del espacio montañoso analizado : el pastoralismo intenso y la agricultura
de subsistencia, la extracción y manufactura de minerales, y el desarrollo
disperso de la industria textil. Más discutido es el aprovechamiento del
bosque, como ya se ha puesto de manifiesto en distintas reuniones científicas5,
aunque se viene admitiendo que todavía en el siglo XI el bosque continuaba
dominando el paisaje europeo, ocupando una extensión comparable a
la de época protohistórica. Es cierto que el bosque jugaba un papel esencial
en la economía de estas comunidades de montaña si tenemos en cuenta que
una parte significativa de ella continuaba basada en la caza y en la recolec-
4 J. F. UTRILLA UTRILLA, C. LALIENA CORBERA y G. NAVARRO ESPINACH, “La
evolución histórica del paisaje rural en los Pirineos durante la Edad Media : explotación
agropecuaria y recursos forestales” en A. SABIO ALCUTÉN e I. IRIARTE GOÑI (eds.), La
construcción histórica del paisaje agrario en España y Cuba, Colección Historia y Paisaje.
Madrid, 2003, pp. 53-65. Una buena parte de los datos aportados en los dos primeros
capítulos se utilizan en la presente ponencia.
5 Como en la XXVII Settimana di Studi Datini (Prato, 1995) y dedicada al tema L’uomo e la
foresta, secc. XIII-XVIII. Véase, por ejemplo, G. CHERUBINI, « Il bosco in Italia tra il XIII e
il XVI secolo » en las actas del congreso, publicadas, en Florencia, 1996, pp. 397-421.
20

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
ción, y así continuó haciéndolo hasta el final de la primera expansión europea
del siglo XIII6. Con estas circunstancias el pastoreo y la metalurgia que,
en ocasiones, han sido los principales factores que explican la organización
de paisajes forestales como los pirenaicos desde la Edad Media hasta épocas
recientes, como bien ha demostrado Jean-Paul Métaillié7, mientras que el
crecimiento de la población ha contribuido, en diversas fases históricas, a
fragmentar y destruir las masas arbóreas originales.
LA PROBLEMÁTICA DE LAS FUENTES DE INVESTIGACIÓN
Hemos abordado en una publicación anterior8 las fuentes escritas y
sus perspectivas de estudio. No obstante, conviene insistir en que hasta 1300
se produjo una masa de documentación considerable, de carácter eclesiástico,
centrada preferentemente en la adquisición y explotación de tierras.
Existen, por tanto, fondos documentales en la sección de Clero del Archivo
Histórico Nacional de Madrid que corresponden a distintos centros monásticos
de la zona9, o a la sede episcopal de Roda. La publicación de estas fuentes
es desigual y, en todo caso, incompleta. En general, no están editados
casi ninguno de los documentos posteriores a 1200 y faltan aún algunos del
siglo XII10.
Desde mediados del siglo XIV la documentación no eclesiástica más
común en Aragón es de carácter administrativo y fiscal, protocolos notariales
6 M. MONTANARI, L’alimentazione contadina nell’alto medioevo, Nápoles, 1979 ; M.
MONTANARI y M. BARUZZI, Porci e porcari nel Medioevo. Paesaggio, economia,
alimentazione, Bolonia, 1981.
7 J. P. MÉTAILLIÉ, « La fôret du village et la fôret charbonée. La mise en place des
paysages forestiers dans la châine pyrénéenne », L’uomo e la foresta, secc. XIII-XVIII,
Florencia, 1996, pp. 397-421. Véase también A. SABIO ALCUTÉN, Los montes públicos en
Huesca (1859-1930). El bosque no se improvisa, Huesca, 1997 y M. DAUMAS, La vie rural
dans le Haut Aragon oriental, Madrid, 1976.
8 J. F. UTRILLA UTRILLA, C. LALIENA CORBERA y G. NAVARRO ESPINACH, “La
evolución histórica del paisaje rural en los Pirineos durante la Edad Media : explotación
agropecuaria y recursos forestales”, ob. cit.
9 Son documentos correspondientes a los monasterios de San Juan de la Peña, Santa Cristina
del Somport, Santa Cruz de la Serós, San Victorián de Sobrarbe, Santa María de Obarra y la
sede de Roda, por citar únicamente los más destacados. A todos ellos se pueden sumar los de
San Salvador de Leire, compartido entre el Archivo Histórico Nacional de Madrid y el de
Navarra en Pamplona, y los magníficos fondos catalanes, de la Seu de Urgell y de los
monasterios pallareses, como el de Lavaix.
10 Las ediciones disponibles están descritas en J. A. GARCÍA DE CORTÁZAR, J. A.
MUNITA y L. J. FORTÚN, CODIPHIS. Catálogo de Colecciones Diplomáticas Hispano-
Lusas de época medieval, Santander, 1999, 2 vols.
21

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
y, en menor medida, procesos judiciales. Con relación a este material
documental, sin embargo, resulta bastante cómodo dibujar un mapa de las
fuentes11 que han sobrevivido a las numerosas catástrofes locales y que
siempre, o casi siempre, son tardías, gracias a las campañas de catalogación
de los archivos locales emprendidas a mediados de los años ochenta. Desde
los valles más orientales hacia los occidentales, y refiriéndonos en todo caso
a archivos locales, podemos comprobar cómo en Benasque se conserva un
cartulario del siglo XVIII que copia algunos documentos medievales, la
mayoría de ellos referentes a problemas de pastos en el siglo XV ; en Gistaín
y en Plan hay algunos legajos que contienen documentos que se inician en
Gistaín en 1334 y en Plan en 1484 ; para Bielsa hay una copia anterior a la
destrucción del archivo durante la guerra civil de algunos estatutos de los
siglos modernos sobre pastos, roturaciones y preservación del bosque, y
respecto al valle de Broto se conservan en la mancomunidad forestal pocos
pergaminos medievales, posteriores a 1390.
El valle de Tena es quizá el más afortunado de entre todos los citados,
puesto que hay documentos medievales en varios archivos municipales (los
de Panticosa y Lanuza, por lo menos), así como protocolos notariales que se
hallan en el Archivo Histórico Provincial de Huesca y en un archivo privado
de Panticosa llamado Casa Lucas ; este conjunto de protocolos es quizá la
serie documental más importante del Pirineo central en la Baja Edad Media,
con un centenar de registros. Varias selecciones de documentos de este valle
han sido publicados por M. Gómez de Valenzuela, en particular los estatutos
municipales que mencionábamos antes, así como un estudio centrado en el
siglo XV que es, con mucho, el trabajo de investigación más completo que
hay para el periodo medieval y moderno sobre el área pirenaica12.
11 Estos catálogos se encuentran en el llamado “Censo-Guía de Archivos” que se puede
consultar en la página web del Ministerio de Educación y Cultura. Las fuentes documentales
bajomedievales publicadas sobre el Pirineo Central son : L. BOYA SAURA, « El archivo de
Canfranc. Inventario y documentos », Revista Zurita, I (Zaragoza, 1933), pp. 39-62. Á.
CANELLAS LÓPEZ, Diplomatario medieval de la Casa de Ganaderos de Zaragoza,
Zaragoza, 1988. M. GÓMEZ VALENZUELA, “Ordenanzas del municipio de la villa de
Borau”, en Argensola 77-78 (1971-1974), pp. 95-110. M. GÓMEZ VALENZUELA,
Documentos del valle de Tena, siglos XIV y XV, Zaragoza, 1992. M. GÓMEZ
VALENZUELA, « Documentos del valle de Tena (1201-1398) », Argensola, 111 (Huesca,
1997), pp. 261-299. M. GÓMEZ VALENZUELA, Estatutos y Actos Municipales de Jaca y
sus montañas (1417-1698), Zaragoza, 2000. M. GÓMEZ VALENZUELA, Los estatutos del
valle de Tena (1429-1699), Zaragoza, 2000. J. MARTÍN DE LAS PUEBLAS RODRÍGUEZ
y M. J. HIDALGO DE ARELLANO, El Lucero de Benasque. Edición y estudio lingüístico,
Zaragoza, 1999. T. NAVARRO TOMÁS, Documentos lingüísticos del Alto Aragón, Nueva
York, 1957. P. TUCOO-CHALA, Cartulaires de la Vallée d’Ossau, Zaragoza, 1970.
12 Cfr. M. GÓMEZ DE VALENZUELA, La vida en el valle de Tena en el siglo XV, Huesca-
22

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
En el valle de Canfranc podemos encontrar alguna pieza que se
remonta al siglo XIII en Borau y clasificada como pleito, así como un pacto
de 1337, una sentencia de principios del siglo XIV en Villanúa y, sobre todo,
en el de Canfranc, documentos sobre usos de pastos desde 1170 (sin duda los
más antiguos de todo el área pirenaica aragonesa), y sobre acuerdos
fronterizos – las pacerías – desde 1351. De principios del siglo XIV hay
alguna sentencia por disputas de pastos en el archivo de Aísa. En los valles
más occidentales, los de Echo y Ansó, solamente en éste parece haber
documentación medieval, si bien en su archivo municipal hay privilegios
reales desde mediados del siglo XIV y estatutos sobre pastos desde 1299,
publicados, junto con otros muy interesantes por Tomás Navarro Tomás13.
Por último hay también documentación en Sádaba14, protocolos notariales
del siglo XV en Sos del Rey Católico, en las Altas Cinco Villas, pero esta
zona, situada al sur de los grandes valles navarros de Roncal y Salazar puede
ser considerada con más propiedad como pre-Pirineo.
Es posible encontrar documentos relacionados con los recursos naturales
pirenaicos en otros archivos aragoneses. El más importante es el de la
Corona de Aragón de Barcelona en cuyos registros de cancillería, que
contienen entre cinco y seis millones de documentos de los siglos XIV y
XV, se encuentran, sin duda, numerosos ejemplos. Sin embargo el área
septentrional del reino era una de las más desatendidas por la monarquía y,
además, su importancia declinó desde cualquier punto de vista en este
periodo, de modo que a pesar de esa cifra tan elevada de documentos, mal
indexados y sin catalogar, no es fácil encontrar una información continuada.
En el archivo de la Casa de Ganaderos de Zaragoza, al igual que en los de
Protocolos notariales de Zaragoza y de Huesca, es factible detectar contratos
de compra de lana o madera, pero se trata de hallazgos debidos al azar de
otras investigaciones puesto que, lógicamente, se intercalan en registros de
notarios, que en ocasiones son muy extensos.
La escasez de fuentes escritas que han llegado hasta nosotros es
consecuencia, sin duda, de pérdidas traumáticas y del deterioro inevitable de
las mismas al perder vigencia buena parte de la masa de documentación
producida por razones administrativas. No obstante, es posible que haya
influido también otro factor significativo, la menor importancia de los textos
en este medio social, con relación a otros, aunque destacan las llamadas
Sallent de Gállego, 2001, con ejemplos.
13 T. NAVARRO TOMÁS, Documentos lingüísticos del Alto Aragón, Nueva York, 1957.
14 Mª R. GUTIERREZ, “Notas sobre el archivo municipal de Sádaba”, en Cuadernos de
Historia Jerónimo Zurita, 51-52 (1985), pp. 379-418.
23

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
pacerías15 o acuerdos – normalmente sobre pastos – suscritos entre valles,
comunidades o aldeas vecinas situadas a una y otra vertiente de los Pirineos
que hermanaban a los habitantes de los valles contiguos y, sobre todo,
garantizaban la buena vecindad entre gentes de costumbres y lazos familiares
comunes, independientemente del poder político en el que estuvieran
encuadradas.
EL PASTORALISMO INTENSO Y LA AGRICULTURA DE
SUBSISTENCIA
Las fuentes disponibles se orientan decididamente hacia los pastos
como el recurso esencial del Pirineo. En este sentido, la relativa ausencia de
indicaciones sobre el bosque es bastante elocuente de la importancia secundaria
que la madera, la leña y otros productos forestales tenían en la actividad
económica de las poblaciones montañesas. Probablemente, esta situación
era consecuencia de las condiciones naturales del medio. En efecto, la
vertiente meridional de la cadena pirenaica se caracteriza por una pluviosidad
notablemente menor que la septentrional, de tal forma que el bosque
tiende a adquirir características predominantemente mediterráneas, es decir,
una sustitución parcial de las especies que requieren mayor humedad, como
robles y hayas, por otras más xerófilas, en particular pinos y, sobre todo, por
matorral, a medida que las talas y artigas fueron destruyendo la capa boscosa
original. Esta evolución es antigua ; de hecho, algunas noticias exhumadas
por María Teresa Ferrer indican que una preocupación fundamental de los
monarcas con respecto a esta zona, a principios del siglo XIV, era la
protección de los árboles de mayor tamaño para asegurarse piezas
fundamentales en la construcción naval, en el contexto de las guerras del
Mediterráneo16.
El deterioro de los bosques es un fenómeno de la plena Edad Media.
Los bosques frondosos o silvas que mencionan los documentos del siglo XI,
en contraste con los escalios, que eran los montes susceptibles de ser
roturados, parecen haber dejado paso doscientos años después a un paisaje
similar al que se podía observar a mediados del siglo XIX, en el que pervivían
aquellas masas forestales que estaban demasiado aisladas, eran inaccesibles
con los medios tradicionales o que proporcionaban recursos indispen-
15 Cfr. J. P. BARRAQUE, « Du bon usage du pacte : les passeries dans les Pyrénées
occidentales à la fin du Moyen Âge », Revue Historique, CCCII/2 (2000), pp. 307-335.
Algunos de estos acuerdos están publicados por P. TUCOO-CHALA, Cartulaires de la vallée
d’Ossau, Zaragoza, 1970.
16 M. T. FERRER I MALLOL, « Boscos y deveses a la Corona catalano-aragonesa (s. XIV-
XV) », Anuario de Estudios Medievales, 20 (1990), pp. 485-539.
24

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
sables17. En este sentido, la tala masiva se efectuaba sobre aquellas masas
boscosas que estaban lo bastante cerca de los ríos como para poder deslizar
los troncos hasta el Aragón, el Gállego o el Cinca y, a través de ellos, hacia
el Ebro. En torno a 1300, el sistema de transporte fluvial de madera funcionaba
a pleno ritmo, a juzgar por las quejas de los madereros por los peajes
que se les exigían, y de los agricultores por los daños que las grandes balsas
de troncos producían en los azudes18.
El retroceso de los árboles era, según los botánicos, irreversible,
puesto que, en general, los matorrales se apoderaban de las tierras artigadas y
abandonadas. Por otra parte, la expansión del ganado ovino era poco
compatible con la recuperación de las especies vegetales propias de los bosques
altos. Los estatutos del valle de Tena, en los años treinta del siglo XV,
intentaban proteger las hierbas de algunas áreas de pasto, bien impidiendo el
acceso de los rebaños o bien limitando el número de animales. Si las hierbas
estaban amenazadas por las ovejas, cabe pensar con más razón que la reproducción
del arbolado era imposible por el efecto depredador de dicho
ganado. La sobreexplotación, la presión roturadora y la competencia con las
praderías y zonas de monte bajo destinadas a las ovejas, hicieron que el
bosque cumpliera una función menor dentro de las actividades económicas
de las sociedades de la montaña del Pirineo central en la Baja Edad Media.
De este modo, la actividad económica se orientó hacia un pastoralismo
intenso, acompañado por una agricultura de subsistencia. Es un auténtico
problema discernir el periodo en el que se inició esta especialización, habida
cuenta que la explotación ganadera de la región está asociada a los pastos de
montaña desde la época protohistórica. Cabe la posibilidad de que los
monasterios altomedievales, dotados de grandes dominios territoriales
apenas delimitados en los siglos IX y X, se inclinasen por una dedicación
ganadera para aprovechar estos espacios de montaña con una mano de obra
escasa, como sugiere J. J. Larrea19, y como apuntan las concesiones reales de
« estivas », es decir, pastos de altura20. En todo caso, los desplazamientos del
17 Testimonios de roturaciones y crecimiento agrario : J. F. UTRILLA UTRILLA, « La
economía aragonesa en la segunda mitad del siglo XI : crecimiento agrícola e intercambios
comerciales », Sancho Ramírez, rey de Aragón, y su tiempo. 1064-1094, Huesca, 1994,
pp. 81-105.
18 M. T. FERRER I MALLOL, ob. cit., pp. 514-517.
19 J. J. LARREA CONDE, « Moines et paysans : aux origines de la première croissance
agraire dans le Haut Aragon (IXe-Xe siècle) », Cahiers de Civilisation Médiévale, XXXIII
(1990), pp. 219-239.
20 Por ejemplo, en 1031, Sancho el Mayor accedió a las súplicas de los monjes de San Juan
de la Peña y les donó la « estiva de Lecherín, que está en el término de Aruej, desde el río
Gavardito hasta el salto de Canfranc y por la otra parte hasta las peñas de Tortiella, y por la
25

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
ganado entre las tierras altas y los fondos de los valles para aprovechar al
máximo los recursos en pastizales eran un hecho común en el siglo X, como
subraya un documento de Sancho Garcés II, fechable hacia 988-989, en el
que estipuló su protección sobre los rebaños del monasterio sobrarbés de San
Pedro de Taberna, de modo que los monjes « lleven a pastar sus animales
donde quieran – dice el monarca en el texto – y que nadie se atreva a
robárselos ». Este documento fue copiado en el siglo XII y en él se
introdujeron leves cambios que estimamos muy interesantes. En efecto, el
copista añadió « que los ganados del citado monasterio y sus animales de
carga pasten siempre donde quieran y hagan sus cubilares, y pazcan tanto en
la montaña como en España, que no les esté prohibido ningún lugar »21. Otra
interpolación, también del siglo XII, deslizada en un documento por el que
Pedro I eximía de impuestos a los ganados del monasterio de San Juan de la
Peña « en cualquier lugar de todo mi reino al cual acudiesen a pastar »,
añade algún matiz interesante : los « señores » de San Juan de la Peña y sus
villanos estaban exentos en aquellos lugares a los « que fueran a pastar en
invierno y en tiempo de verano »22. Los dos detalles, incluir a los villanos y
especificar la diferencia entre pastos veraniegos e invernales, nos indican
que no sólo el monasterio estaba interesado en la trashumancia, sino que los
grupos campesinos de la montaña la empezaban a practicar del mismo modo.
La distinción entre lugares de pasto según las distintas estaciones del año
supone, en la práctica, la misma constatación que aportaba el añadido del
texto de San Pedro de Taberna : que los circuitos entre la región del Ebro y
los valles pirenaicos comenzaban a estar plenamente operativos.
Estas interpolaciones refuerzan las informaciones que ofrecen otros
documentos, concernientes a los altos valles pirenaicos. Así, en 1122, los
otra parte, hasta Aso, según las aguas vierten hacia Lecherín », A. UBIETO ARTETA,
Cartulario de San Juan de la Peña, I, Valencia, 1962, nº 56. Un siglo más tarde, cuando
comenzaba a hacerse palpable la competencia por los pastos, Santa Cristina de Somport
consiguió de Alfonso I la donación de la “estiva” real de Valserola en el valle de Tena : J. A.
LEMA PUEYO, Colección Diplomática de Alfonso I de Aragón y de Pamplona (1104-1134),
San Sebastián, 1990, nº 153 (1125, mayo).
21 A. UBIETO ARTETA, Documentos reales navarro-aragoneses hasta el año 1004,
Zaragoza, 1986, nº 64 y 65.
22 A. UBIETO ARTETA, Colección Diplomática de Pedro I de Aragón y Navarra,
Zaragoza, 1951, nº 17. Otros monasterios se aprestaron a solicitar a los monarcas la
corroboración de antiguos privilegios (lo que no significa necesariamente auténticos), como
hicieron los monjes de Santa Cristina de Somport en 1169, cuando arrancaron al rey, entre
otros privilegios, “que todo su ganado pazca por todo mi reino, todas mis estivas, todos mis
montes y selvas. Y que cualquier hombre o mujer que les embargue sus acémilas [se refiere a
las de los pastores del monasterio] pierda su amor y me satisfaga mil sueldos” : A. I.
SÁNCHEZ CASABÓN, Alfonso II rey de Aragón, conde de Barcelona y marqués de
Provenza. Documentos (1162-1196), Zaragoza, 1995, nº 73 (1169, noviembre).
26

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
hombres de Aragüás del Solano obtuvieron de Alfonso I la concesión de los
pastizales de los puertos de Tortiella y Ríoseta, junto al actual Candanchú23.
En la misma fecha, el monarca eximió a las gentes del valle de Echo de
cualquier impuesto sobre los ganados que pudieran recaudar sus merinos y
añadió que “si saliéseis del valle de Echo, que nadie se atreva a embargaros
hasta que volváis a vuestras casas con todo vuestro ganado”, al tiempo que
les libera de herbajes desde Monzón hasta el Moncayo, es decir, en las áreas
de la región del Ebro que controlaban los aragoneses24. Vistos en perspectiva,
ambos documentos manifiestan el esfuerzo de los montañeses para
conseguir los pastos y las franquicias necesarios para iniciar un incremento
sostenido de la cabaña ganadera. Los vecinos de Aragüás reclamaban las
hierbas de los prados alpinos, mientras los de Echo aspiraban a los extensos
espacios yermos de la orilla izquierda del Ebro. Por tanto, ambos son en
cierto modo complementarios y reflejan la dualidad de intereses que se
estaba definiendo en estos momentos, inmediatos a la conquista de las
regiones de la depresión central del Ebro.
En todo caso, el pastoralismo está unido por su propia naturaleza a la
demanda de lana y otros productos de las industrias textiles urbanas, lo que
supone que la organización de las sociedades montañesas en torno a la actividad
pecuaria no puede ser muy anterior, en su formato más avanzado, al
crecimiento de las ciudades del valle del Ebro, que fue importante desde
principios del siglo XIII, de sus industrias textiles y del consumo. Por otra
parte, la expansión misma de los rebaños era impensable sin el aprovechamiento
de los pastos invernales de las tierras del Ebro, que estuvieron definitivamente
aseguradas en poder de los aragoneses con posterioridad a 1170.
Los datos disponibles apuntan justamente a que en torno a estas fechas
cristalizaron los intentos seculares que hemos subrayado para configurar los
circuitos de trashumancia. Así, el primer pergamino que se guarda en el
archivo municipal de Canfranc es la cesión por parte de Alfonso II de los
puertos situados en las vertientes orientales del valle del mismo nombre,
entre los que destacan los de Ip y Samán, en lo que constituye una demanda
paralela a la que mencionábamos de los habitantes del valle de Aragüás y
que, como aquélla, manifiesta la necesidad de captar el máximo posible de
23 J. A. LEMA PUEYO, ob. cit., nº 111. Fue corroborado por Alfonso II o Pedro II (entre
1162 y 1213) y se conserva en una copia del siglo XIII. Los de Aragüás solicitaron nuevas
confirmaciones a Juan I en 1391.
24 J. A. LEMA PUEYO, ob. cit., nº 112. Como el documento anterior, data de junio de 1122.
Fue confirmado por Juan I en 1391 y por Martín I en 1399.
27

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
los recursos existentes para completar la expansión de las cabañas propiciada
por la disponibilidad de pastos de invierno en las llanuras de los Monegros25.
Los fueros de Jaca se hicieron eco de estas transformaciones de la
economía pirenaica, como lo demuestra la ratificación – que incorporaba
nuevos materiales forales – de Alfonso II en 1187, que estableció en esta
ocasión que “cuando los ganados [de los jacetanos] desciendan hacia
España, no permanezcan en vedados de los caballeros más de una noche, por
la cual no paguen ni den nada, y tengan francas y libres las hierbas y aguas
del rey”26. Estas dos concesiones – un día de estancia en las dehesas sin
pagar herbaje en los lugares de señorío nobiliario y el aprovechamiento sin
limitaciones de los pastizales en los lugares de realengo –, indican la decidida
voluntad del rey de favorecer a los ganaderos montañeses, en una etapa
todavía inicial del desarrollo de los circuitos de trashumancia. Sin embargo,
sería ilusorio pensar que este proceso se realizaba sin conflictos. El mismo
texto prohíbe, algo más adelante, a los nobles hurtar, robar o embargar las
ovejas cuando bajaban hacia “España”, al tiempo que exige a los pastores
impedir que sus rebaños destruyesen las acequias donde bebían a su paso27.
Algunos artículos del Fuero extenso de Jaca, compilado hacia 1155 con
algunos añadidos posteriores, subrayan la protección de las ovejas trashumantes,
castigando las acciones que perjudicaban la consistencia y manejabilidad
de las cabañas ovinas28.
Es preciso, por otra parte, no subestimar la complejidad de los intereses
planteados en torno a este redimensionamiento de la ganadería producido
merced a la trashumancia. La donación de derechos de pasto en las “estivas”
de Benasque al Hospital de San Juan de Jerusalén, realizada por el mismo
Alfonso II en 1172, permite echar un vistazo a la maraña de beneficiarios de
los pastizales de los altos valles29. En efecto, además del rey, poseían
25 A. I. SÁNCHEZ CASABÓN, ob. cit., nº 93 (1170, agosto). El rey añade la exención de
lezda, igual que la disfrutaban los vecinos de Jaca, lo que significa probablemente que una
parte de la producción lanera se vendía en esta ciudad.
26 A. I. SÁNCHEZ CASABÓN, ob. cit., nº 450 (1187, noviembre).
27 Ibidem, “ganata cum descendunt in Yspaniam, nullus miles vel alius audeat furari vel
rapere vel pignorare ulla occasione. Certa loca sint in cequiis in quibus ganata bibant, ne
cequie frangatur”.
28 M. MOLHO, El Fuero de Jaca. Edición crítica, Zaragoza, 1964, versión A, p. 37,
epígrafes 27 y 28, sobre el robo de mardanos (carneros sementales) y sobre la credibilidad de
los juramentos de los pastores para recobrar las ovejas hurtadas ; p. 64, cap. 84, sobre las
degüellas que pueden hacer los señores en los rebaños que entran en dehesas sin permiso ;
p. 147, cap. 283, sobre la muerte de perros que cuidan al ganado ; y p. 160, cap. 310, que
indica el castigo del ladrón de la esquila del carnero que dirige el rebaño.
29 A. I. SÁNCHEZ CASABÓN, ob. cit., nº 129 (1172, septiembre).
28

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
aprovechamientos en ellos el conde de Pallars – quas [estivas] pro me tenet,
afirma el monarca –, el noble Arnaldo de Benasque, que tenía esta villa en
feudo del rey, otros personajes de esta condición – alios seniores, dice el
texto – y los vecinos de esta localidad, todos los cuales debían compartir
desde entonces los herbazales con los hospitalarios. Los ganados del
Hospital y sus hombres procedían de la Ribagorza meridional, probablemente
de las encomiendas de Barbastro y Torrente de Cinca, sin excluir
los provenientes de las tierras de Lérida, como deja entrever el documento, al
otorgar garantías a los rebaños de la Orden, “al entrar y salir de todo mi
reino”.
A principios del siglo XIII la trashumancia se había consolidado. La
mejor prueba es, sin duda, el inicio de las disputas por los diezmos de los
ganados que recorrían las cabañeras aragonesas entre el Pirineo y las orillas
septentrionales del Ebro. En 1203 los pleitos habían llegado a la curia
romana, de tal forma que Inocencio III nombró jueces en el enfrentamiento
surgido entre los obispos de Huesca-Jaca y Zaragoza a propósito de esta
cuestión. El papa resume perfectamente las diferencias entre ambos obispos
en su carta a los priores de Santa Cristina de Somport y San Pedro el Viejo
de Huesca : “como parroquianos suyos [del prelado y cabildo oscense] acuden
a los términos del obispado de Zaragoza con sus ovejas en invierno, a
causa del inmenso frío, el venerable hermano nuestro obispo de Zaragoza se
atreve a apropiarse de los diezmos de los corderos y de los rebaños de estos
parroquianos contra la justicia y la costumbre antigua”30.
La solución impuesta por los mediadores eclesiásticos fue
salomónica : atribuyó la mitad de los diezmos de los corderos a cada uno de
los obispos. Ello no puso fin a las disputas, puesto que en 1244 volvieron a
hacerse patentes las discrepancias. A juzgar por los acuerdos alcanzados, el
prelado zaragozano retiraba la cuarta parte de los diezmos de estos animales
antes de proceder al reparto a medias, algo que tres años después reconoce
que no podía hacer en absoluto31.
LOS RECURSOS AGROPECUARIOS EN LA BAJA EDAD MEDIA
No es casual que coincidan en el primer tercio del siglo XIII la creación
de la Casa de Ganaderos de Zaragoza, que protegía los intereses de los
30 A. DURÁN GUDIOL, Colección Diplomática de la Catedral de Huesca, II, Zaragoza,
1969, nº 632 (1203, mayo, 9).
31 R. DEL ARCO, “El jurisperito Vidal de Canellas, obispo de Huesca”, Cuadernos de
Historia Jerónimo Zurita, I (1951), documentos, nº 17 (1244, julio, 15), pp. 96-97 y nº 24
(1247, junio, 28), pp. 105-106.
29

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
grandes propietarios de la capital, la imposición de una exigencia fiscal
general sobre el ganado, la quinta cobrada por Jaime I para la conquista de
Valencia, y la regulación legal de los derechos de pastos en lo que debía ser
la situación más frecuente, es decir, los lugares con términos colindantes. La
llamada “alera foral” constituía una respuesta a los conflictos provocados por
el aumento de las cabañas32.
Sin embargo, hay que reservar a las « pacerías » o acuerdos para el
disfrute común de los pastos, un lugar señalado en la manifestación del auge
pastoril del Pirineo. La carta firmada entre los lugares del valle de Ansó –
Fago, Ornat, Azonar, Aragüés y el propio Ansó – y los pertenecientes en el
mismo ámbito a San Juan de la Peña – Ciella, Navasal y Huértalo – en 1299
es muy expresiva. Los hombres del valle ansotano se comprometen a ayudar
a sus vecinos del señorío pinatense, y, en particular, se estipula el mutuo
derecho a usar los pastos de estas localidades, así como a permitir que las
ovejas de los vecinos y monjes pudieran « puyar a puertos » de Ansó33. No
muy diferente es el carácter de los pactos establecidos entre los valles de
ambas vertientes que, además de prever la resolución de disputas violentas,
regulaban el acceso a las hierbas de los animales de las comunidades cercanas.
Las « pacerías » del valle de Ossau con los de Canfranc y Tena, que se
inician a finales del siglo XIII y prosiguen durante el XIV, son una prueba de
las dificultades crecientes para hallar pastos, de los enfrentamientos
subsiguientes y de la necesidad de llegar a arreglos que permitieran asegurar
la continuidad y la intensificación del pastoralismo pirenaico.
Respecto a la Baja Edad Media, en las zonas donde se ha exhumado
mayor cantidad de documentos, como ocurre respecto al valle de Tena en el
siglo XV, o al valle del Aragón y su entorno (Jaca y sus montañas), las
características del sistema económico parecen claras. Predomina la pequeña
explotación campesina intensiva bajo la forma de múltiples huertos y
campos fragmentados (campos, ‘faxas’, ‘faxietas’, ‘hortiellos’, etc.) dedicados
al cereal denominados genéricamente como ‘panares’ y que se amojonan
32 La regulación más completa se puede ver en el epígrafe 349 del Vidal Mayor, la
compilación foral realizada por este jurista hacia 1250 : “De promiscuo sive usu terminorum
coniunctorum castrorum, villarum aliorumque locorum, es a saver : De uso común de los
castieillos cerquanos, de las villas et de los otros logares”, que, además de establecer el
derecho a compartir los pastos entre lugares vecinos, señala el privilegio de los ganados que
se desplazan de poder circular por cualquier término por las cabañeras, pudiendo permanecer
únicamente un día en cada lugar. Cfr. Vidal Mayor. Edición, introducción y notas al
manuscrito, a cargo de M. D. CABANES PECOURT y A. BLASCO MARTÍNEZ, Zaragoza,
1996, pp. 260-261.
33 T. NAVARRO TOMÁS, ob. cit., nº 75. El acuerdo fue completado en 1304, con medidas
de protección de los pastos de algunos puertos, como los de Forcala y Bubal – ibid. nº 80 –.
30

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
para impedir que los rebaños pudieran entrar. Abundan las tierras destinadas
a producir hierba para el ganado (feneros) y los lugares donde se acumula el
estiércol y otros residuos animales (femerales). Paralelamente, también están
presentes los terrenos sin cultivar o yermos. La tipología de productos
agrícolas se limitaba a los cereales (mijo, centeno y trigo, escaso) y yerbas, y
algunas leguminosas para autoconsumo familiar. Los débiles rendimientos, y
las escasas posibilidades agrícolas inducían a los pobladores a presionar
sobre las tierras incultas, y con nuevas rozas mediante el fuego se gana
terreno al bosque (o a las selvas) : son las artigas, que proliferarán desde
comienzos del siglo XIV y que llevará en 1560 al concejo de la villa de
Bielsa a prohibirlas en las tierras comunales, a no ser que exista licencia
expresa para ello. Era, por tanto, una agricultura de subsistencia, muy reducida
que ante cualquier coyuntura adversa como las malas cosechas de 1430
y 1440 no ofrecía garantías de supervivencia a la población. Las epidemias y
carestías propias de los tiempos de crisis fomentaron más aún, si cabe, el
peso de la ganadería en todos los valles pirenaicos.
La actividad pecuaria fue – junto con el arrendamiento de los pastos y
el pago por tránsito de ganado – su principal fuente de ingresos : lana, cuero,
pieles, leche y queso, carne. Con estos productos se alimentaban y vestían
pero también los intercambiaban por aquellos bienes de primera necesidad
que el valle no producía : vino, sal, trigo o aceite, entre otros. Se regula,
hasta el mínimo detalle, la naturaleza trashumante de los rebaños pirenaicos
ya que la llegada de las nieves tempranas impedía el herbajamiento de las
cabañas que se veían obligadas a invernar bajando a la tierra llana o, como se
denomina en los documentos, a ‘España’, con salidas el día 1 de noviembre
y el regreso hacia la Santa Cruz de Mayo (16 de mayo). Los ganados
pirenaicos se desplazaban hacia el valle del Ebro, como los tensinos que
bajaban a las Cinco Villas, a la ribera del Ebro, a la Hoya de Huesca e,
incluso, a tierras turolenses más meridionales ; en otras zonas pirenaicas,
como Sesué y Ramastué (en el valle de Benasque), los ganados se desplazaban
a otros valles contiguos, como al valle de Arán e incluso a Francia, regulándose
el tránsito de rebaños de un valle por territorios de otros concejos.
Por añadidura, todo ello implicó un contacto creciente de esta región
económica pirenaica con otros espacios vecinos, sobre todo el valle del Ebro
y su principal polo de desarrollo que era Zaragoza. De ahí la tirantez cada
vez mayor que existió entre los ganaderos de uno y otro ámbito en los siglos
XIV-XV34. Las relaciones de los concejos, quiñones y Juntas de valle
34 M. GÓMEZ DE VALENZUELA, La vida en el valle..., ob. cit., capítulo IV, pp. 97-130.
También V. BIELZA DE ORY, y otros, Estudio histórico-geográfico del valle de Bielsa
(Huesca), Huesca, 1986. A. UBIETO ARTETA, « Notas sobre el valle de Benasque : su
economía ganadera medieval », Saitabi, XIII (Valencia, 1963), pp. 33-42.
31

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
pirenaicos con la poderosa Casa de Ganaderos de Zaragoza35 fueron
complejas y se vieron sometidas a graves conflictos : de un lado las cabañas
zaragozanas, controladas por los grupos dirigentes del reino, necesitaban de
amplios pastizales de verano y esgrimían el ancestral derecho, recordado de
nuevo en 1300 por Jaime II36, que les permitía pastar con sus ganados en los
valles pirenaicos de Ansó, Echo, Aragüés, Ainsa, Borau, Canfranc,
Acumuer, Tena, Garcipollera y Biescas, junto con las tenencias del Gállego ;
de otra parte, los particulares, los concejos y los quiñones pirenaicos
(respectivamente propietarios de pastos privados, propios y comunales)
debían mantener el equilibrio entre recursos – limitados – y una demanda
cada vez más creciente y arrendaban los puertos y sus jugosos pastizales a
ganaderos que, normalmente, provenían de la tierra llana, obteniendo unos
ingresos cuantiosos37 cifrados en torno a los 15 sueldos por cada 100 cabezas
– se documentan los rebaños de 1 500, 2 000, 3 000 o 5 000 cabezas38 –,
controlando en cada momento el número de cabezas que podía pastar en
cada puerto sin asolar sus pastizales ; los propios estatutos del valle de Tena,
redactados en los años treinta del siglo XV, intentaban proteger las hierbas
de algunas áreas de pasto, bien impediendo el acceso de los rebaños o bien
limitando el número de animales. Parece por tanto evidente que, a tenor de
las fuentes disponibles, los pastos se han convertido, junto al ganado, en el
recurso esencial del Pirineo.
35 Cfr. J. A. FERNÁNDEZ OTAL, La Casa de Ganaderos de Zaragoza, Derecho y
trashumancia a fines del siglo XV. Zaragoza, 1993.
36 A. CANELLAS LÓPEZ, Diplomatario medieval de la Casa de Ganaderos de Zaragoza.
Zaragoza, 1988, doc. 28. Para las relaciones de los valles pirenaicos con la Casa de
Ganaderos véanse, además, los documentos 32, 34, 35, 49, 58, 63, 69, 80, 88, 90, 91, 92, 93,
94, 95, 96, 115, 116, 117, 156, 157 y 159.
37 En 1386 los vecinos de Ansó ingresaron 10 000 sueldos a cuenta por el arrendamiento de
sus hierbas a razón de 6 sueldos por cada 100 cabezas. Cfr. A. CANELLAS LÓPEZ,
Diplomatario medieval de la Casa de Ganaderos, ob. cit., doc. 117.
38 En 1430 dos canfranqueses aportaban 3 500 ovejas. En esas mismas fechas se arrendaron
unas pardinas de Gabás capaces para alimentar dos rebaños de 5 000 cabezas cada uno. Se
trata, claro está, de ganadería ovina, pues los ganados mayores o ‘grossos’ difícilmente
alcanzaban cifras mayores a 200 cabezas. A mediados del siglo XV se citan en Bielsa algunos
ganaderos con más de tres mil cabezas de ovejas, e igualmente se documenta la presencia en
Bielsa de las cabañas de Berbegal, cerca de Barbastro, y de Castelfabib, junto a Segorbe, con
cinco y seis mil ovejas respectivamente.
32

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
El ámbito pirenaico, como afirma J. A. Fernández Otal39, fue un gran
foco de tensión para la Casa de Ganaderos de Zaragoza. En aras de solucionar
dicho problema se firmaron diversos acuerdos como el suscrito en 1386
entre las autoridades de la villa y valle de Ansó y la citada Casa de
Ganaderos zaragozana que, no obstante, no logró impedir que surgieran
nuevos conflictos y alteraciones entre ambas partes que conciliaron una
nueva concordia en 1421 que regulaba, en detalle, los derechos y las responsabilidades
de ambas partes manteniéndose, no obstante, el pacto sobre el
derecho de herbaje pero con una apreciable subida de los precios para los
ganaderos de Zaragoza.
El conflicto de intereses se extendía también por otras estivas pirenaicas,
como el valle Tena cuyos Estatutos municipales son una muestra de la
constante lucha de los montañeses contra los privilegios de la Casa de
Ganaderos zaragozanos. Como los tensinos no podían impedir que las cabañas
zaragozas hicieran uso de sus privilegios de herbajar libremente en los
pastizales comunales de las tierras de patrimonio real recurrieron a una
política de contención contra los pastores y mayorales de Zaragoza, promulgando
una serie de estatutos restrictivos para los zaragozanos y datados en
los años 1436, 1445 y 1451, así como en la década de 1490. A fines del XV,
incluso, los vecinos del valle de Tena intentaron articular una coalición con
la ciudad de Huesca y otras villas para hacer frente a la Casa de Ganaderos
de Zaragoza.
Como quiera que los conflictos estallaron también con los vecinos del
valle de Borau (en los años 1439-1440) y los del valle de Echo (1449), el rey
de Navarra, Juan, que actuaba como gobernador del Reino, dictó una provisión
contra aquellos valles pirenaicos aragoneses que atentasen contra los
privilegios de los ganaderos zaragozanos entre los que incluyó los valles
anteriormente citados, si bien no figura entre ellos el de Tena.
Al año siguiente se solucionaron las diferencias entre los ganaderos de
Zaragoza y los montañeses del valle de Echo, pactos que hubieron de
renovarse en el año 1454 y 1456, firmándose acuerdos de hospitalidad y
mutuo interés, aunque siempre favorables a los zaragozanos.
Acuerdos y pactos que nos permiten explicar cómo se relacionaban los
ganaderos de las diferentes zonas de explotación pecuaria en Aragón y
39 Además de la obra ya citada, J. A. FERNÁNDEZ OTAL, La Casa de Ganaderos de
Zaragoza,ob. cit., y del mismo autor, puede verse : Documentación medieval de la Corte del
Justicia de Ganaderos y Ordinaciones de la Casa de Ganaderos de Zaragoza del año 1511.
IFC. Zaragoza, 1995. También La Casa de Ganaderos de Zaragoza en la Edad Media (siglos
XIII-XV) : aportación a la historia pecuaria del Aragón medieval. Prensas Universitarias de
Zaragoza, 1996. (Tesis Doctoral en 9 microfichas).
33

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
concretamente en los Pirineos donde se realizaban acuerdos a dos bandas, de
un lado con los ganaderos de la otra vertiente de los Pirineos, de otro con los
de la ribera del Ebro.
Las tensiones, reiteradas a lo largo de los siglos XIV y XV, obligaron
a la intervención del monarca, como Juan de Navarra quien, en 1449, dictaba
una provisión40 contra los valles pirenaicos que atentaran contra los
privilegios de los ganaderos de Zaragoza, y todavía en 1498 los representantes
del quiñón de Panticosa se retiraban de la junta del valle de Tena por
estar en desacuerdo con las medidas adoptadas por esta para echar las
obellas çaragoçanas que eran de present e las que beniessen a los puertos
de la dicha val …41. Otras veces se documenta el robo de grandes rebaños de
ganado, violencia ejercida por algunos señores en guerra con los de los
valles vecinos, como el señor de Santa Coloma.
Las relaciones transpirenaicas42 propiciaron, a su vez, acuerdos de
carácter local firmados, normalmente, entre dos poblaciones vecinas o entre
valles contiguos cuyas cabañas, día a día, tenían que compartir las estivas y
pastizales. Eran acuerdos en forma de pactos, ‘padzarias’, facerías43 o
convenios que regulaban y organizaban el uso de pastos comunales y, a
veces, regulaban también el tránsito de personas, animales y el pago de
peajes, como los suscritos entre los vecinos del quiñón de Panticosa y el
valle de Saint Savin (1314), los del valle de Tena y el de Ossau (1328), los
de Canfranc con Etsaut (1351), los del valle de Ansó con los de Aspe (1370)
y los del valle de Bielsa con los de Barege (1384), por citar sólo alguno de
ellos, pactos que se renovaban cada cierto tiempo y que, a veces, servían
para poner fin a las disputas y conflictos que inevitablemente se daban entre
comunidades vecinas44.
40 A. CANELLAS LÓPEZ, Diplomatario medieval de la Casa de ganaderos, ob. cit., doc.
156.
41 M. GÓMEZ DE VALENZUELA, Estatutos y Actos municipales de Jaca y sus montañas,
ob. cit., doc. 44.
42 J. F. UTRILLA UTRILLA, “Los itinerarios pirenaicos medievales y la identidad
hispánica : relaciones transpirenaicas y estructuración del poblamiento”, en Itinerarios
medievales e identidad hispánica, XXVII Semana de Estudios Medievales (Estella, 2000),
Pamplona, 2001, pp. 357-391.
43 Cfr. : V. FAIRÉN GUILLÉN, Facerías internacionales pirenaicas. Madrid, 1956. J.
P. BARRAQUÉ, « Du bon usage du pacte : les passeries dans les Pyrénées occidentales … »,
obra citada.
44 Cfr. : Ch. DESPLAT, La guerre oubliée. Guerres paysannes dans les Pyrenées (XII-XIX
siècles). Biarritz. J & D Editions, 1993.
34

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
LA EXTRACCIÓN Y MANUFACTURA DE MINERALES
Es cierto que aún no disponemos de suficientes investigaciones sobre
la extracción y manufactura de minerales en la zona pirenaica durante la
Edad Media. Prácticamente los pocos estudios existentes carecen de perspectivas
de comparación entre ellos y ni siquiera los puntuales balances
generales elaborados al respecto – por ejemplo sobre la plata45, el hierro46 o
la sal47 – han coincidido en presentarse como temáticas afines, susceptibles
de ser abordadas desde una óptica transversal de historia de los espacios
montañosos (como los Pirineos), a modo de observatorio alternativo al
territorio político del reino de Aragón48. Esto quiere decir que el primer paso
que nos toca recorrer todavía es algo tan básico como la identificación de los
centros de producción que hubo en aquellos siglos, cuestión suficiente, por
otra parte, como para acaparar buena parte del contenido de esta ponencia49.
Después, una segunda fase de estudio deberá consistir en la reconstrucción
de los procesos de extracción y producción de minerales, a modo de
captación detallada del saber técnico artesanal50.
Precisamente, en su análisis sobre la producción de hierro en
Normandía (siglos XI-XV), Mathieu Arnoux51 aboga por estrechar las relaciones
existentes entre historia social e historia de las técnicas. De hecho, la
difusión de los minerales y el papel de los colectivos de artesanos implicados
en su transformación han de abordarse desde el estudio de las condiciones
45 M. GONZÁLEZ MIRANDA, “Minas de plata en el Alto Aragón” en Estudios de Edad
Media de la Corona de Aragón, V (1952), pp. 435-437 ; y A. SAN VICENTE PINO, “Minas
de plata en Aragón” en su obra La platería de Zaragoza en el Bajo Renacimiento, 1545-1599,
Zaragoza, 1976, tomo I, pp. 161-171.
46 M. I. FALCÓN PÉREZ, “La manufactura del hierro en Aragón en los siglos XIV-XVI” en
Actas de las I Jornadas sobre Minería y Tecnología en la Edad Media peninsular, León,
Fundación Hullera Vasco-Leonesa, 1996, pp. 363-383.
47 F. ARROYO ILERA, “La sal en Aragón y Valencia durante el reinado de Jaime I” en
Saitabi, XI (1961), pp. 253-261.
48 C. VERNA-NAVARRE, “Esquisse d’une histoire des mines et de la métallurgie
monastique dans les Pyrénées” en P. Benoit y D. Cailleaux (editores), Moines et Métallurgie
dans le France médiévale, París, 1991, pp. 45-58.
49 En la línea de trabajo planteada por G. NAVARRO ESPINACH, “El desarrollo industrial
de Aragón en la Baja Edad Media” en Aragón en la Edad Media, XVII (Zaragoza, 2003),
pp. 179-212.
50 Véase por ejemplo J. J. NIETO CALLEN, “El proceso sidero-metalúrgico altoaragonés :
los valles de Bielsa y Gistaín en la Edad Moderna (1565-1800)” en Llull, 19 (1996), pp. 471-
507.
51 M. ARNOUX, Mineurs, férons et maîtres de forge. Études sur la production du fer dans la
Normandie du Moyen Âge, XIe-XVe siècles, París, Éditions du CTHS, 1993.
35

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
reales de la producción, del trabajo y del comercio. La historia de las
técnicas de producción y, en especial, la historia de su evolución, resulta
indispensable para cualquier estudio del desarrollo económico regional, en
cuanto elemento fundamental de los factores que componen los medios de
producción y por lo tanto del sistema de producción mismo. Por otra parte, la
explicación de los factores técnicos y su evolución permite plantear otra
serie de problemas que son de capital importancia para la historia económica
: los rendimientos, la evolución de la productividad y la fijación de los
costes de producción, capítulo fundamental para el conocimiento de los
índices de acumulación y de la rentabilidad artesanal, buscando la incidencia
de los costes específicos de cada etapa del proceso productivo en la formación
de los costes generales, todo ello teniendo como objetivo una interpretación
comparativa de las organizaciones manufactureras identificadas.
Otro de los modelos de análisis que ha de tenerse en cuenta es la obra
reciente de Giorgio di Gangi sobre la actividad minera y metalúrgica en los
Alpes occidentales italianos durante la Edad Media desde fuentes escritas y
materiales52. En este trabajo se han tomado en consideración las investigaciones
de los geólogos de los siglos XVIII-XIX que permiten trazar el
cuadro geológico y metalúrgico de la región, así como informaciones procedentes
de las prospecciones arqueológicas, datos iconográficos, testimonios
de viajeros y eruditos desde el siglo XVI sobre la actividad minera, y referencias
toponomásticas de la cartografía moderna. Por consiguiente, también
en este caso la puesta a punto de un mapa de recursos mineros y actividades
metalúrgicas ha resultado ser la base necesaria para el desarrollo de ulteriores
indagaciones sobre las múltiples problemáticas relacionadas con esta
temática en el espacio montañoso de los Alpes.
Al respecto, las noticias sobre minas en los Pirineos aragoneses ya han
sido resumidas en varios cuadros por Juan José Nieto53. Así, sabemos que ya
en la Antigüedad se aludía a la extracción del mineral de plata de Benasque.
En el Medioevo a esa noticia se añadieron las de hierro en Aínsa, plata en
Bielsa y plomo en Gistaín. En la Edad Moderna los datos resaltan la
extracción de hierro y plomo en Bielsa. Finalmente, hacia el año 1630, el
baile Ximénez de Aragüés54 confirmaba la obtención de hierro en Bielsa.
52 G. DI GANGI, L’Attività Mineraria e Metallurgica nelle Alpi Occidentali Italiane nel
Medioevo. Piemonte e Valle d’Aosta : fonti scritte e materiali, Oxford, BAR International
Series, 2001.
53 J. J. NIETO CALLÉN, “El proceso siderometalúrgico altoaragonés...”, ob. cit., pp. 473-
475.
54 J. XIMÉNEZ DE ARAGÜÉS, Discurso del oficio del Bayle General de Aragón, Zaragoza,
1740, especialmente el capítulo XI dedicado a las minas de Aragón y su riqueza.
36

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
Con todo, a finales del siglo XIX se reactivó la explotación de los yacimientos
pirenaicos por parte de diversas compañías privadas, de forma que
la producción de minerales se amplió bastante : asfalto y betún, blenda y
galena, carbón, cinc, cobre, dióxido de manganeso, espato-flúor, hierro,
lignito, manganeso, níquel, óxido de manganeso, plomo, plomo argentífero,
sal de agua, sal gema y sales alcalinas.
Evidentemente, en la Edad Media, las minas, al igual que todo tesoro
enterrado, pertenecía al monarca, el cual disfruta del derecho de regalía de
las minas, como en Castilla55. No obstante, la legislación al respecto es poco
precisa (cfr. Vidal Mayor56 o el Fuero General de Navarra57), y parece derivar
del derecho romano y visigótico en relación con las explotaciones romanas58.
Esta prerrogativa se aplicaba ya en el siglo XI, como lo demuestra una
escueta noticia proveniente de una carta de franquicia otorgada por Sancho
Ramírez a los hombres de Benasque, a los que, entre otras prestaciones
onerosas, eximió de “hacer minas bajo tierra”, según nuestra interpretación
de un texto nada sencillo59.
La hacienda regía se lucraba, pues, de la puesta en explotación de
dichas minas, percibiendo unas determinadas rentas, fijadas en las concesiones
regias y normalmente proporcionales a la cantidad de mineral extraído.
En su caso, los reyes aragoneses hicieron concesión de la explotación de
determinadas minas a verdaderas compañías de trabajadores, como fue el
caso de las minas de plata de Bielsa entregadas a una cuadrilla de catorce
mineros, mientras que en otras ocasiones repartían el lucro con el señor del
lugar, como se observa en el caso de las minas de Benasque.
Las primeras noticias sobre explotaciones mineras altoaragonesas se
producen a fines del siglo XII, precisamente en unos momentos de crecimiento
económico. El fenómeno es similar a lo que acontece en otros reinos
del occidente europeo. A título ilustrativo aludiremos aquí a los dos fenómenos
más significativos que protagonizaron la historia medieval de las
explotaciones mineras pirenaicas, esto es, la extracción de metales (hierro,
cobre, plata), y la producción de sal. En cuanto al primer fenómeno aludido,
55 Cfr. Las Partidas, Part. II, 28, 1.
56 IV, 39 (24) Si tú has seruitud en la mi heredat de taillar piedra o metal… Cfr. G.
TILANDER, Vidal Mayor, Lund, 1956.
57 J. F. UTRILLA UTRILLA, El Fuero General de Navarra, 2 vols., col. Biblioteca Básica
Navarra, Pamplona, 2003, véanse capítulos 29 y 417.
58 Cfr. Los Códigos de Teodosio y de Alarico, respectivamente.
59 A. CANELLAS LÓPEZ, La colección diplomática de Sancho Ramírez, Zaragoza, 1993, nº
95 (1087, marzo). El rey dice textualmente en el documento : neque faciatis uias infra
terram, que, en nuestra opinión, se refiere a minas.
37

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
las principales actividades detectadas sobre extracción y transformación de
minerales férricos del Pirineo aragonés se refieren a las minas de Ainsa,
Benasque, Bielsa, Gistain y Santa Eulalia la Mayor.
La primera noticia documental está datada en mayo de 118260, fecha
en la que el monarca aragonés, Alfonso II, donaba a una cuadrilla de mineros
(el documento los cita como magistri) la gestión de una mina de plata de
Benasque. El preámbulo del documento, traducido, no deja lugar a dudas :
“Sepan todos los hombres que siempre todas las minas de plata de todo el
reino de Aragón fueron de los reyes de Aragón”, es decir, se alude a la regalía
sobre las minas de plata de forma inmemorial. Da la impresión de que
estemos ante una mina recién descubierta que se incorpora a la hacienda
real61, y que el rey ordena su puesta en explotación posiblemente por la
misma cuadrilla que estuviera prospectando en esta o en otras zonas próximas.
El documento, además, regulaba la distribución de los beneficios, aunque
previamente se reservaba una determinada cantidad (sin calcular) para
los gastos de explotación, como se deduce del texto que afirma “… deducidos
todos los gastos que fueran necesarios en la predicha extracción del mineral”.
Salvadas estas cautelas, el monarca otorgaba a los trabajadores la
mitad de la plata extraída, reservándose un 25 por ciento el propio monarca
en la extracción, y otorgando al señor del lugar, Arnaldo de Benasque, el
otro 25 por ciento restante ; la catedral de Roda, a su vez, obtenía el diezmo
de todo la plata que se extrajera de dicha mina.
El mismo monarca, pocos años después, se ocupaba de regular la
explotación de las minas de Bielsa. El documento de 119162 es, en realidad,
una verdadera carta de población ya que se acuerda la llegada de catorce
mineros63 junto a sus respectivas familias prestos a iniciar la extracción
minera (extrahendam inde menam argenti) y la producción de plata en aquél
60 M. GONZÁLEZ MIRANDA, “Minas de plata...”, ob. cit., p. 437. También en A. I.
SÁNCHEZ CASABÓN, Alfonso II, rey de Aragón. Documentos (1162-1196), Zaragoza,
1995, doc. 348. El documento está en el Archivo Histórico Nacional, Montearagón, Libro
Verde. Se conserva fotograma en los fondos del Centro de Estudios Medievales de Aragón
depositados en el Departamento de Historia Medieval de la Universidad de Zaragoza.
61 El documento dice : emparo ad meum opus illam meneriam argenti quam est in valle de
Benasque.
62 V. BIELZA DE ORY y otros, Estudio histórico-geográfico del valle de Bielsa, Huesca,
Instituto de Estudios Altoaragoneses, 1983, pp. 183-184 ; y A. I. SÁNCHEZ CASABÓN,
Alfonso II..., ob. cit., doc. 546.
63 Sus nombres son Pedro Amillau y su hermano Roberto, Boneto y Bernardo de Ulmeto,
Esteban y Gocelín de Concorello, Raimundo Ademar, Raimundo de Miraveto, Miguel de
Gras, Bonanat de Montesono, Pedro de Lauz, Guillermo de Portes, Raimundo Petri y Arnaldo
Juan.
38

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
lugar pirenaico. Alfonso II autorizaba a que construyeran un castillo, villa y
molinos, seguramente en Parzán, en la Sierra de Lienas, en las cercanías de
Bielsa (el documento menciona “aquél lugar que está en los confines de
Bielsa”). Se trataba de poner en explotación unas minas, fijando a un número
de familias venidas de diversos lugares que se ocuparían, además, de
construir una compleja infraestructura material de equipamiento diverso,
como son los molinos de mallos para triturar y desmenuzar el mineral y,
posteriormente, fundirlo. El monarca establecía las obligaciones de los
recién llegados “según la costumbre de Barcelona” (lo que significa que el
monarca consideraba la concesión como un feudo, que podía confiscar en
caso de incumplimiento por los pobladores), y retenía bajo su dominio los
hornos, la justicia y el señorío del lugar. Se entregaba a cada minero 1/16
parte, excepto a Esteban de Concorello y Raimundo de Miraveto que se
quedaban con 2/16 partes cada uno. El monarca se reservaba la décima parte
de la plata extraída, y cobraba además 2 sueldos anuales de cada molino, y
de los bosques (nemore) 12 dineros in unoquoque opere. Los nuevos pobladores
quedaban, a su vez, exentos del pago de lezda, hueste y cabalgada. Las
dificultades del transporte en estos valles pirenaicos obligarían, casi con toda
seguridad, a realizar todo el proceso de transformación a pie de mina,
suministrándose la energía de los ríos y bosques de la montaña que surten
fuerza hidráulica para los molinos y carbón para los hornos, igual que ocurre
con otras minas en Cataluña e incluso en otras europeas, como las del
Harz64.
Es difícil evitar ver en estos documentos un reflejo de las intensas
prospecciones mineras que se desarrollaron en toda Europa como consecuencia
de los hallazgos de la segunda mitad del siglo XII, una auténtica
“fiebre de la plata”, bien caracterizada por Peter Spufford65.
A principios del siglo XIII aparecen asimismo noticias sobre herrerías
en Ayerbe, en el Prepirineo oscense. En 1202, y en relación posiblemente
con las minas de Santa Eulalia la Mayor, Berenguer, arzobispo de Narbona y
abad de la iglesia de Montearagón, entregaba a Domingo, herrero, tres tiendas
situadas “in collello de illo burgo de Aierb”. El contrato plantea las
siguientes condiciones para el arrendamiento : Domingo tenía que “restaurar”
dichas tiendas, pagar un censo anual de 15 sueldos y, además, se obligaba
a hacer “o a mandar hacer durante toda su vida totam ferramentam de
64 Ph. BRAUNSTEIN, “L’industrie minière et métallurgique dans l’Europe médiévale :
approche historique et approche archéologique” en T. Mannoni y A. Molinari (editores),
Scienza in archeologia, Florencia, 1990, pp. 143-170.
65 P. SPUFFORD, Dinero y moneda en la Europa medieval, Barcelona, 1991, pp. 147-175.
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LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
nostra juvaria de Ayerbe, con nuestro propio hierro y nuestro acero, y que
no recibirás pago alguno por ello”66.
Bastantes años después, en 1277, el monarca Pedro III concedía
diversas exenciones fiscales y privilegios a “todos los hombres que vinieran
a trabajar y a rehabilitar las minas de Bielsa, Ainsa y Gistain…”67. Se trata
de un nuevo intento de atraer y fijar pobladores que se ocupen de la explotación
de diversas minas abiertas en Bielsa y en Ainsa, minas de “plata, plomo,
hierro y otros metales que se extraigan de las predichas minas”, y que el
monarca se reservaba una décima parte de todo el mineral extraído así como
el derecho de comprar el mineral al precio acordado. Entre otros sabemos
que acudieron, posiblemente desde tierras germanas, “Petrus den Os, et
magistri Otobo et Bendiade et Johannes alamanni, argentarii argentariorum
de Aynsa et de Belsa et de Justau”, quienes en 1279 reconocían deber al
monarca Pedro III la cantidad de 5 000 sueldos jaqueses que el propio
monarca les había prestado con la finalidad, seguramente, de poner de nuevo
dichas minas en explotación68.
Nuevamente, a fines del siglo XIII las rentas reales69 se ocupan de las
minas de Bielsa : “… un caballo armado de feudo por la renta del lugar,
excepto las ferrerías que quedan para el señor rey…” ; también se hace
constar que en “los términos de Bielsa hay ‘ferreterías’, las cuales dan al
señor rey el diezmo de todas las obras que allí se hacen…”.
De igual manera, desde 1293 los documentos descubren la existencia
de minas de cobre en Santa Eulalia la Mayor. Es el rey Jaime II quien
concede a A. Aymericus “una mina de metal de cobre para que se proceda a
su apertura y fábrica… en el término de Santa Eulalia la Mayor o de la
Peña”70. Jimeno López de Gurrea, sobrejuntero de Jaca, ordena a Ramón
Berenguer y a Miguel Pérez de Luna, vecinos de Zaragoza, “puedan, por
66 AHN. Montearagón, carp. 631, nº 17.
67 A. CONTE, “Notas sobre el desarrollo mercantil de l’Ainsa durante la Edad Media (siglos
XIII-XV), en Argensola, 92 (Huesca, 1981), doc. I (Valencia, 12 de diciembre de 1277,
“hominibus omnibus venientes ad operandum et habilitandum in menis de Belça et de Ahinsa
et de Gistain, nemora, aquas et plateas ad servitium ipsarum et dictarum menarum…”),
p. 219.
68 ACA. Cancillería, pergaminos Pedro II (III de Aragón), carp. 111, nº 178 recto.
69 V. BIELZA y otros, Estudio histórico-geográfico..., ob. cit., p. 186.
70 I. CUCHI, “Introducción a la minería medieval en el Alto Aragón : las minas de cobre de
Santa Eulalia (Huesca)”, en Actas de las Ias. Jornadas sobre Minería y Tecnología en la
Edad Media Peninsular, León, 1996, pp. 217-224. En p. 223 se transcribe el registro de
cancillería que alude a la mina y que fue encontrado en el Archivo de la Corona de Aragón.
“…mena metalli de aramne quam aperiri et fabricare facimus…in termino Sancta Eulalie de
Penna maioris”.
40

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
orden nuestra, abrir una mina de metal de cobre en el término de Santa
Eulalia dependiente del monasterio de Montearagón…, y que los maestros
que trabajen en la fábrica de dicha mina de cobre y sus familiares no sufran
ningún impedimiento o perjuicio…”71. Los ‘maestros’ y obreros que iban a
poner en explotación dichas minas fueron Abdalá, sarraceno oscense, y
“otros sarracenos caldereros de Huesca”, que abrirían y explotarían dicha
“mina de metal de cobre en el término de Santa Eulalia la Mayor”72.
Será en junio de 1307 cuando el mismo Jaime II conceda a Bernardo
de Segalar el derecho a la explotación de las minas de plata y otros metales
de Bielsa y de Gistaín “damos… la custodia y procuración de nuestra
mina… de los lugares de Bielsa y de Gistau”, a cambio de la décima parte
“de la plata y del plomo que de allí se extrajera… es decir, plata o plomo y
cobre”. El documento, importante, señala además las cantidades de mineral
que se va a extraer, así como la parte que correspondería al monarca. La
puesta en explotación de las minas incluía la edificación y construcción de
“hornaces y molinos para las obras y necesidades de dichas minas”73.
En 1307, el monarca Jaime II eximía a los obreros y mineros de las
minas de plata de Bielsa y de Gistain del pago de determinados impuestos
debidos al rey74. Dos años después, Jaime II autorizaba a Domingo de Na
Gracia, justicia de Aínsa y baile general de Ribagorza, Sobrarbe y Los
Valles a construir de nuevo, en el lugar de Salinas (en el término de Bielsa)
“quandam molinum seu ferraria ad faciendum seu operandum ferrum seu
calibem, et quod positis scindere…ligna per carbonibus”75. La concesión era
por un plazo de cinco años, y se regulaban las condiciones del arriendo. En
1312, Jaime II concedía un salvoconducto a todos cuantos trabajasen en las
minas situadas en el lugar de Salinas (en término de Bielsa), y de las que el
rey recibía la décima parte a cambio del pertinente permiso de apertura.
Dicho salvoconducto y guiaje afectaba también a los carboneros que aprovisionaban
las herrerías76. En 1314, Jaime II eximía del pago de la décima del
hierro fundido en la herrería situada en el término de Sin, en la sobrecollida
de l’Ainsa77. Todavía en 1316, el rey Jaime II ponía bajo su protección y
71 Ibidem, p. 223.
72 Ut supra.
73 V. BIELZA y otros, Estudio histórico-geográfico..., ob. cit., p. 186 y ss. (Huesca, 26 de
junio de 1307).
74 Ibidem, p. 190 (Huesca, 26 de junio de 1307).
75 Ibidem, p. 191 (Valencia, 15 de marzo de 1309).
76 I. FALCÓN PÉREZ, “La manufactura del hierro...”, ob. cit., doc. II del apéndice.
77 Ibidem, doc. III.
41

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
guíaje especial a Domingo de Na Gracia y a los restantes “maestros y obreros”que
trabajaban “en un lugar llamado Salinas”, en los términos de Bielsa,
“ad opus dictarum ferrariarum carbones faciens”. El documento alude a las
minas de hierro, si bien la actividad concreta de dichos obreros habrá que
ponerla en relación con la obtención de carbón para alimentar dichas ferrerías,
pues se dice “maestros, obreros o carboneros… mientras acuden a
dichas ferrerías o estuvieren en ellas”78. Por último, en 1330, el monarca
Alfonso IV confirmaba las anteriores concesiones hechas a Domingo de Na
Gracia sobre las herrerías de Bielsa a su viuda, Bruniselda de Portolés79.
Las menciones de hierro de Bielsa son suficientes para determinar que
su exportación iba dirigida, en pequeñas cantidades, al otro lado de los
Pirineos, como los tres quintales que salen por el valle en septiembre de
1449, cotizados a una libra jaquesa el quintal por Pero Dondueno. Pero quizá
el destino prioritario serían las forjas catalanas, fuera ya del espacio
aragonés, pues las salidas más importantes se producen por la aduana de
Monzón, por donde en el ejercicio 1444-45 se contabilizan 20 quintales de
“hierro de Bielsa”, junta a otras cantidades de procedencia cántabra y una
cifra importante sin tener origen asignado, lo que permite pensar que una
parte sería también el extraído en el valle. Las declaraciones realizadas en
Monzón adjudican al hierro belsetano un precio entre 25 y 30 sueldos el
quintal, lo que incrementa entre un 25-50 por ciento el manifestado en el
propio valle, sin duda por el gasto del transporte80.
Por añadidura, en el valle de Tena se documenta81 en la segunda mitad
del siglo XV una mina de extracción de plomo “mena de alcoffor siquiere
plomo” para barnizar cerámicas. A comienzos del siglo XIV, la producción
férrica parece recibir un nuevo impulso, sin duda en relación con las
tendencias alcistas de los precios provocadas por el auge demográfico, cuya
demanda, acrecentada por una economía más abierta, dinámica y compleja,
reclama materias primas metálicas82. Se puede intentar trazar un balance
hipotético para el hierro, del que sabemos que, en los años cincuenta del
siglo XV, se exportaba en cantidades medianas hacia Francia y sensiblemente
más hacia el resto de Aragón y Cataluña, a través de Monzón.
78 V. BIELZA y otros, Estudio histórico-geográfico..., ob. cit., p. 199 (Lérida, 6 de
septiembre de 1316, “ministros, operarios vel carbonarios…dum ad ipsas ferrarias venerint
vel in eis fuerint”).
79 Ibidem, p. 202 (Lérida, 6 de junio de 1330).
80 Ibidem, p. 105.
81 M. GÓMEZ VALENZUELA, Documentos sobre artes y oficios en la diócesis de Jaca,
1444-1629, Zaragoza, 1998.
82 V. BIELZA y otros, Estudio histórico-geográfico..., ob. cit., p. 81.
42

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
Cuarenta o cincuenta quintales salían cada año del valle, que puedan probarse
de modo fehaciente. A partir de este dato, puede inferirse, con un
margen de error amplio, una producción de 120-150 quintales, que
comprenderían el autoconsumo, algunos productos de sencilla manufactura y
cantidades de hierro exportado que no figura con la indicación de procedencia.
Seis o siete mil quinientos kilos de metal, que eran una porción
significativa del total obtenido en Aragón, en concreto, para la región
oriental.
Otro fenómeno reseñable sobre la transformación de los recursos
minerales en los Pirineos aragoneses durante la Edad Media fue, sin lugar a
dudas, la extracción de sal. La sal común ha sido el mineral con más fuerte
demanda en todas las épocas de la historia de la humanidad, y uno de los
precoces productos objetos de transacciones comerciales. En nuestra época
de estudio había dos modos de obtener la sal. El más sencillo era evaporar el
agua del mar estancándola en la costa en lagunas de poca profundidad. La
otra consistía en calentar el agua procedente de manantiales salinos mediante
la acción del fuego. Sin duda, en poblaciones aragonesas como Naval la sal
se convirtió durante la Edad Media en el producto más preciado de las
exportaciones83. Verdaderamente, en este lugar el yacimiento era de cierta
importancia, y fue controlado por el propio monarca, quien hizo diversas
concesiones a instituciones eclesiásticas, a nobles, a particulares, etc., que
tuvieron una parte de la explotación84.
En fechas tan tempranas como octubre de 1099 el rey Pedro I concedía
determinados privilegios a los ‘barones’ de Naval, en el área prepirenaica
sobrarbesa, porque le habían entregado el castillo de la villa, y se cita
expresamente “… que de toda vuestra sal que me entreguéis el quinto…”85,
muestra sin duda de que venían siendo explotadas por los musulmanes. En
1184, Alfonso II daba a su escribano, Sancho de Perarrúa, unas casas en
Naval “y las salinas … que fueron de Lopillo, moro, y de sus hijos, tal y
como los predichos mejor las hubieron y tuvieron…”86. Naval aparecerá más
tarde, a comienzos del reinado de Alfonso III y en pleno conflicto de la
Unión, por la lucha de intereses en torno de sus famosas salinas87.
83 A. CONTE, La Encomienda del Temple de Huesca. IEA. Huesca, 1990, p. 231 y ss.
84 Y. MALARTIC, La sel en Catalogne et Aragon (XIIIe-XVe siècles). Ecole Pratique des
Hautes Etudes, mai 1980. Ejemplar mecanografíado depositado en la Biblioteca del ACA. (La
referencia tomada de A. CONTE, La Encomienda…, nota 3 de p. 231).
85 A. UBIETO ARTETA, Colección diplomática de Pedro I, ob. cit., doc. 70 (octubre de
1099).
86 A. I. SÁNCHEZ CASABÓN, Alfonso II..., ob. cit., doc. 388 (Barbastro, mayo de 1184).
87 L. GONZÁLEZ ANTÓN, Las Uniones Aragonesas y las Cortes del Reino (1283-1301), 2
43

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
Desde luego, a finales del siglo XIII, el monarca ejercía un control
férreo sobre la explotación de estas salinas. En las Cortes de Zaragoza de
1283 los procuradores del concejo de Naval presentaron al rey una protesta
por todo lo que les había perjudicado al demandarles “lures moiras e lures
pozos de la salina...”, debido a lo cual no podían vender dicha sal, según
antiguamente habían hecho, y ni siquiera los vecinos de la población podían
“comer y usar de su sal misma y llevarla a sus casas”88. En 1288, algunos
nobles expulsaron de la salina de Naval a los empleados del arrendatario y
quitaron al clavero las llaves y los libros de registro de albaranes89. Del año
1300 son diversas órdenes del rey a varios caballeros, sobrejunteros y otros
oficiales recaudadores para llevar a cabo las condiciones de compra y venta
de la sal de Naval90. Ese mismo año, el rey ordena al noble Sancho de
Antillón que deje la salina de Naval en manos de su enviado, comprometiéndose
el monarca a pagar a dicho noble las cantidades por las que tenía
concedida esa salina91. De igual manera, en 1300, el rey mandó a los infanzones
de Naval que no pusiesen impedimentos a recibir y distribuir la sal del
lugar92.
A todas luces queda claro que la monarquía aragonesa recurrió al
arrendamiento de sus salinas durante un cierto período de tiempo por una
cantidad acordada que se pagaba anualmente. Sin embargo, además del rey
otras instituciones estuvieron atraídas por la explotación de esta fuente de
riqueza. De hecho, algunos monasterios, desde un primer momento, consiguieron
la posesión y control de las salinas. Al respecto, en ámbito pirenaico,
el monasterio de San Juan de la Peña no quedó al margen de esta actividad, y
los lugares de los que obtenía sal fueron Escalete, Ucar, Salinas de Jaca y el
ya mencionado Naval. En este último caso, aunque el monasterio no tenía el
dominio de la villa pues quedó bajo el poder real desde su conquista en
1095, sí que disfrutaba de la posesión de algunas eras salinosas, cuya
supervisión correspondía a un monje que ocupaba el cargo de prior de Naval.
En efecto, en esta población tres eran las fuentes salinosas más importantes
(Rolda, Ranero e Iruelas). El caudal de éstas se conducía mediante canales
de madera para ser depositado de forma provisional en unos pozos. Después,
al comienzo del verano, se pasaba a los estanques de poca profundidad
donde se removía el agua salina frecuentemente con unas palas. Tras
vols., Zaragoza, 1975, vol. I, pp. 212,, 342, 448 y 475.
88 Ibidem, vol. II, p. 13.
89 Ibidem, vol. II, p. 344, (“librum in quo fiebant albarana salis predicti...”).
90 Ibidem, vol. II, p. 511.
91 Ibidem, p. 519.
92 Ibidem, p. 524.
44

J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
evaporarse, obtenida la sal, se depositaba en unos almacenes temporalmente
hasta que, finalizado el período estival, se llevaba a un almacén general. La
documentación del siglo XIV cita “adulas, puços, acuacuellyos e
mastacuatas e muerra” como partes de las instalaciones de las salinas de
Naval, necesarias en la producción de sal. De esa manera, el monasterio de
San Juan de la Peña pudo asegurarse un suministro suficiente para sus
necesidades y las de las poblaciones que dependían de él93.
IDENTIFICACIÓN DE UNA INDUSTRIA RURAL DISPERSA
Un último fenómeno observable en las tierras aragonesas septentrionales
a la hora de hablar de la transformación de los recursos naturales es la
génesis de una auténtica manufactura rural, presente en algunos valles y
lugares del territorio pirenaico y centrada en la producción de tejidos baratos
y paños de la tierra, o bien en el despliegue de una permanente actividad
constructora. En hipótesis, para el desarrollo de este fenómeno no fue tan
importante la situación de señorío o realengo vigente en la zona, como la
existencia de un sector empobrecido dentro del campesinado autóctono o
extranjero que se vio obligado a trabajar a tiempo parcial para sobrevivir,
como sucede por ejemplo con la presencia de algunos artesanos itinerantes
que cruzaron al otro lado de los Pirineos desde las tierras del sur de Francia
para trabajar en las aldeas aragonesas. Por añadidura, un segundo factor
coadyuvante al origen de una manufactura rural dispersa debió ser la proximidad
de poblaciones con escasa tradición industrial que, por ese motivo, no
pusieron frenos a las nuevas formas de trabajo a domicilio desarrolladas en
los campos circundantes. Sea como fuere, estamos ante otro elemento dinamizador
de la economía montañesa, novedoso en ámbito rural y que debe
tenerse muy en cuenta para la proyección de futuras investigaciones.
Teniendo como fondo de interpretación esas premisas, hay que señalar
que la única población de los Pirineos aragoneses que podía ser capaz de
asumir cierto liderazgo en la organización productiva de su entorno era Jaca.
Desde el siglo XIII se puso de manifiesto la iniciativa de la monarquía por
proteger la industria textil local. Jaime I ordenaba en 1219 que nadie se
atreviera en esta villa a preparar paños crudos, o adobarlos, a no ser que
93 A. I., LAPEÑA PAUL, “San Juan de la Peña y la posesión y explotación de salinas” en
Aragón en la Edad Media, VI (1984), pp. 155-173. Véase también P. CAJAL
SAZATORNIL, “Naval, sus salinas y su temporal señorío” en Actas del VII Congreso
Internacional de Estudios Pirenaicos, Jaca, 1983, pp. 187-200 ; y F. CASTILLÓN
CORTADA, “Las salinas de Aguinaliu, Calasanz, Juseu y Peralta (Huesca)” en Argensola, 99
(1985), pp. 69-90.
45

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
fuesen tejidos en la mencionada villa. En 125994, concedió a los habitantes
de Jaca que pudieran teñir con cualquier color los paños en sus casas y
calderas de la misma manera que lo hacían los ciudadanos de Huesca95 y
Lérida. Pasados los años, a finales del siglo XIV ya se constata incluso la
fundación en Jaca de una cofradía del oficio de molineros harineros y traperos
bajo la advocación de Santo Tomás, mediante unas ordenanzas que
aluden a ciertas actividades relacionadas con la industria textil en dicha
ciudad. En ellas se decía que los tejedores y pelaires jacetanos solían llevar
sus paños a los batanes de otros lugares, algunos de los cuales estaban
distantes cuatro leguas de la ciudad, lo que implicaba un gran esfuerzo para
ellos y unos costes de producción mayores. Bastante tiempo después, en
1464, hay constancia de una asamblea de la cofradía de Santo Tomás en la
que se deliberó sobre el molino trapero que poseía esta entidad en el río
Aragón96.
Como ha podido observarse, son muy escasas las noticias sobre
industria textil procedentes de la única ciudad que podía plantear obstáculos
al desarrollo de una manufactura dispersa en su entorno rural. En contraste,
son varios los indicios de la implantación de este fenómeno en ámbito pirenaico.
Por ejemplo, de 1446 es un contrato de aprendizaje que estableció un
vecino de Tramacastilla con un mozo para ejercer el oficio de tejer. Cuatro
años después, también en esa mismo aldea se firmaba un albarán por el
treudo anual de un molino trapero sito en dicha población. Asimismo,
durante los años 1450, 1452 y 1455 se ha observado también la venta de
lanas finas, bellas y limpias del valle a diversos comerciantes zaragozanos.
De 1452 y 1453 son tres noticas más que aluden al funcionamiento de varios
molinos traperos en Panticosa97.
Las pruebas más fehacientes sobre la existencia de una actividad textil
rural en las tierras cercanas a Jaca la proporcionan los estatutos del valle de
Tena. Este valle estaba compuesto a principios del siglo XV por once lugares
: Sallent, Lanuza, Panticosa, El Pueyo, Hoz, Tramacastilla, Sandiniés,
Escarrilla, Piedrafita, Búbal y Saqués, además de dos pardinas (Estarluengo
94 A. SESMA MUÑOZ y J. F. UTRILLA UTRILLA, Antología de textos sobre la economía
aragonesa medieval, Zaragoza, Mira Editores, 2000, docs. 69 y 73.
95 J. F. UTRILLA UTRILLA, “Los orígenes de la industria textil en Huesca : la construcción
de los primeros molinos traperos (c. 1180-1190) y la creación de la cofradía de los tejedores
oscenses (1239)” en Homenaje a Don Antonio Durán Gudiol, Huesca, 1995, pp. 805-816.
96 I. FALCÓN PÉREZ, Ordenanzas y otros documentos complementarios relativos a las
Corporaciones de oficio en el reino de Aragón en la Edad Media, Zaragoza, Institución
Fernando el Católico, 1997, docs. 97 y 198.
97 M. GÓMEZ DE VALENZUELA, Documentos del valle de Tena…, citado, docs. 74, 76,
77, 84, 85, 86, 88 y 90.
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J. F. UTRILLA, C. LALIENA & G. NAVARRO
y Exena). En 1448, la junta general del valle dictó unas ordenanzas disponiendo
el nombramiento de inspectores de los tejidos fabricados en sus tierras.
Se trataba de trapos de paraje, de lino, plumazas, mandiles, toallas,
toallones y similares piezas que cualquier tejedor del valle solía obrar98. En
efecto, la zona de Tena en el siglo XV experimentó un notable desarrollo de
la industria textil, basado sobre todo en el uso de la lana que producían los
rebaños autóctonos. Las operaciones que efectuaban los montañeses eran el
lavado de la materia prima, tras el esquilado, cardado, hilado, tejido en telares
manuales y bataneo final para compactar los hilos en los variados molinos
traperos que se documentan en el valle. A estas operaciones seguía el
perchado o tundido, que era obra de pelaires, los cuales arrancaban los pelos
inútiles. Finalmente, se procedía al corte de los pelos sobrantes, para dejar el
paño liso. Diversos testimonios documentales demuestran que todas esas
fases del proceso de producción se realizaban en los hogares de los aldeanos
de Tena indistintamente, sin ser asumidas exclusivamente por oficios especializados
o separados entre sí, no habiendo tampoco testimonios de tintoreros
en estas tierras, puesto que quizá acudían si era preciso a Jaca. Lo cierto
es que los paños eran muy rudos (burel, fustán, estameña, blanqueta) y los
colores que se utilizaban siempre el blanco o el pardo99.
Pero no todo eran manufacturas textiles. La economía rural de los
Pirineos implicaba también a algunos pelliceros, sastres y herreros, pero
sobre todo se veía completada por una actividad constructora perfectamente
documentada. Al respecto, los estatutos y actos municipales de Jaca y sus
montañas ofrecen algunos ejemplos sobre la explotación maderera y de la
construcción rural a finales de la Edad Media. En 1495, en vista de los excesivos
impuestos que las aduanas aragonesas y navarras imponían a la madera
que bajaba por el río Aragón, el concejo de Echo promulgó una ordenanza
prohibiendo el corte y saca de madera en sus términos. Dos años después, en
1497 fue el concejo de Panticosa el que dictó una provisión obligando a
todos los vecinos a ayudar en el acarreo de materiales a cualquier otro habitante
que construyese una casa100.
Nuevamente, en las tierras del valle de Tena las numerosas noticias
publicadas recogen pinceladas diversas sobre una latente actividad constructiva.
Así, en 1426 se documenta la construcción de la torre de los Lanuza
en Sallent. Al año siguiente, los vecinos de Panticosa y la Partacua
decidieron edificar un puente sobre el Gállego, en el vado del Pueyo. En
98 M. GÓMEZ DE VALENZUELA, Los estatutos del valle de Tena…, citado, doc. 6.
99 M. GÓMEZ DE VALENZUELA, La vida en el valle de Tena…, citado, pp. 120-126.
100 M. GÓMEZ DE VALENZUELA, Estatutos y Actos Municipales de Jaca y sus
montañas…, citado, docs. 42 y 43.
47

LOS RECURSOS NATURALES EN LOS PIRINEOS ARAGONESES…
1432, los osaleses Peyrolet de Bona Casa y Ramón del París prometieron a
un tal Sancho Lacasa hacer y obrar 60 alinzadas de madera de abeto que
fuese buena, bella y mercadera en opinión de maestros expertos. En 1435, el
procurador de Tramacastilla reclamaba al lugarteniente del baile que ordenase
a los de Panticosa su ayuda en la reparación del puente del Abeto, el
cual estaba situado en el término de dicha población. En 1436, los aldeanos
de Partacua y Panticosa contrataban al bearnés Arnautón de Trasario como
herrero por plazo de cinco años para cubrir las necesidades de ambos lugares.
Un año después, Miguel de la Casa, habitante de Tramacastilla, contrató
a otro bearnés, Arnaucolo de Alamañac, para la obra del antes citado puente
del Abeto sobre el río Gállego. Otros dos documentos de 1438 ilustran cómo
todos los concejos del valle de Tena, reunidos en junta, contrataron a dicho
maestro bearnés para arreglar con piedra y cal el paso del puente de Milano,
reponiendo la cubierta del mismo con cañas. Por último, en 1440, el bearnés
Ramón de Empares se comprometía con un vecino de Panticosa a reparar
con madera un molino de su propiedad101. Sin duda, futuras investigaciones
ampliarán este panorama.
De esta forma, pues, y a lo largo de las centurias medievales se fueron
sentando las bases de los principales sistemas sociales y económicos de los
valles pirenaicos, centradas en el pastoralismo y, de forma subsidaria, en la
explotación de los recursos forestales y agrícolas, tal y como se pone de
manifiesto en los recientes estudios de carácter etnográfico de las sociedades
tradicionales del Pirineo102.
101 M. GÓMEZ DE VALENZUELA, Documentos del valle de Tena…, citado, docs. 3, 4, 5,
7, 33, 45, 48, 49, 52, 53, 57 y 68.
102 Cfr. : Estudios geográficos : J. L. ACÍN FANLO y V. PINILLA NAVARRO (coords.),
Pueblos abandonados, ¿un mundo perdido?, Zaragoza, 1995. J. L. CALVO PALACIOS,
“Aisa, un valle pirenaico”, en Pirineos, 97 (Jaca, 1970), pp. 29-63. J. L. CALVO PALACIOS
y otros, “Aragüés del Puerto, un valle pirenaico”, en Pirineos, 101 (Jaca, 1971), pp. 35-72. J.
M. CASAS TORRES y J. M. FONTBOTE, “El valle de Tena”, Pirineos, 2 (Zaragoza, 1945),
pp. 37-107. M. DAUMAS, La vie rurale dans le Haut Aragon Oriental, Madrid, 1976. J. M.
GARCÍA RUIZ, y otros, « El valle de Urdués. Un estudio de geografía rural », Pirineos, 102
(Jaca, 1971), pp. 53-91.
Descripciones etnográficas : D. COMAS D’ARGEMIR y J. J. PUJADAS, Aladras y güellas.
Trabajo, sociedad y cultura en el Pirineo aragonés, Barcelona, 1985. F. KRÚGER, Los Altos
Pirineos, Zaragoza, 1996. S. PALLARUELO, Las navatas. El transporte de troncos por los
ríos del Alto Aragón, Zaragoza, 1984. R. VIOLANT I SIMORRA, El Pirineo español. Vida,
usos, costumbres, creencias y tradiciones de una cultura milenaria que desaparece, Madrid,
1949 (reedición facsimil, Barcelona, 1997).
48

LA MONTAGNE BASQUE :
SOURCES ET RESSOURCES.
Les pâturages et les bois
dans les Pyrénées occidentales
(XI e -XIX e siècles)
Delphine BROCAS, Amaia LEGAZ*
Cet article, qui fait suite à une communication présentée lors du
congrès Resopyr en novembre 2002 à Font-Romeu, est le fruit d’une rencontre
entre deux sujets de thèse1, proches par leur démarche et leurs cadres
géographique et historique. Par l’étude de l’histoire de l’exploitation sylvopastorale
souletine et du fonctionnement « socio-pastoral » de deux vallées
bas-navarraises, sur plusieurs siècles, médiévaux et modernes, des problématiques
et des sources communes nous ont conduites à une étroite
collaboration. Cependant, les périodes étudiées, si elles se chevauchent, ont
des échelles différentes ; l’étude des pâturages est plus centrée sur le Moyen
Âge alors que celle des forêts se place sur une plus longue durée.
D’autre part, à la croisée géographique de nos travaux, se trouve le
massif d’Iraty, région sylvo-pastorale par excellence de longue date. Ce massif
constitue aussi la principale zone-atelier du Projet Collectif de Recherche
« Paléoenvironnement et dynamiques de l’anthropisation de la montagne
basque »2. Bien que l’historiographie de l’occupation du sol du Pays Basque
soit pauvre, nos recherches ont donc bénéficié du soutien de ce P.C.R., dirigé
par Didier Galop3 et dont la réflexion s’inscrit dans la longue durée.
* Framespa, UMR 5136, Toulouse.
1 BROCAS Delphine, Histoire des forêts de Soule (XIe - milieu XIXe siècle), sous la direction
de Benoît Cursente, Framespa, et de Jean-Paul Métailié, GEODE, Université Toulouse-le
Mirail.
LEGAZ Amaia, Espaces et sociétés dans une région des Pyrénées au Moyen Âge : l’exemple
de la Basse-Navarre, sous la direction de Benoît Cursente, Framespa, U. Toulouse-le Mirail.
2 CNRS, SRA Aquitaine, Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques
3 CNRS UMR 6565
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 49 - 69 49

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
50

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
Notre objectif au sein de ce PCR est de croiser, dans un premier
temps, les données historiques, avant de les confronter aux données paléo
environnementales. Il nous faut souligner que, tout comme Resopyr, ce
projet a permis d’initier des rencontres et des collaborations pluridisciplinaires
enrichissantes.
Notre aire d’étude recouvre une grande partie du Pays Basque oriental
: la Soule et une partie de la Basse-Navarre, cantonnées par la province
basque du Labourd, à l’ouest, et le Béarn, à l’est.
Plus précisément, les vallées concernées par notre étude sont celles de
Soule, de Cize et de Baïgorry, d’est en ouest. Ces vallées doivent être considérées
en relation avec leurs voisines méridionales, aujourd’hui espagnoles :
les vallées du Baztan, d’Erro, de Salazar et de Roncal. D’une altitude
moyenne, les montagnes qui les séparent permettent des communications
relativement aisées entre les vallées.
C’est à partir du IXe siècle que se distinguent les deux destins de la
Vasconie ultérieure, au sud, avec l’émergence du royaume de Pampelune, et
de la Vasconie citérieure au nord, côté Regnum Francorum, avec
l’émergence de Sanche, « comte de Vasconie ». Dans le courant du Xe
siècle, le royaume de Pampelune est occupé à la Reconquête ; au nord des
Pyrénées, les familles vicomtales émergent. Le premier vicomte de Soule est
mentionné au début du XIe siècle.
Dans la seconde moitié du XIIe siècle, la vallée de Soule passe dans la
mouvance anglaise à la suite du mariage d’Aliénor avec Henri Plantagenêt
tandis que les vallées de Basse-Navarre rentrent dans le giron navarrais.
Du XIIe au XVIe siècle, la Soule et la Basse-Navarre appartiennent
donc à deux entités politiques différentes. La Basse-Navarre est, durant cette
période, sous domination navarraise et constitue une avancée stratégique
vers le nord protégeant la capitale, Pampelune, lors des nombreux troubles
qui opposent le royaume de Navarre au Labourd anglais. En Soule, la politique
de bascule menée durant la seconde moitié du XIIIe siècle par le vicomte
entre Angleterre, Navarre et France finit par porter tort à la lignée vicomtale,
remplacée par un capitaine-châtelain nommé par le roi d’Angleterre.
En 1461, Louis XI réunit la Soule à son royaume. À la fin du XVe
siècle, les règles de succession finiront par porter la famille de Foix-Béarn à
la tête du royaume de Navarre puis au XVIe siècle le roi Henri III de Navarre
accède au trône de France réunissant ainsi Basse-Navarre et Soule sous un
même pouvoir.
Le pays de Cize et la vallée de Baïgorry, au sein de la Basse-Navarre,
ainsi que la vallée de Soule sont des zones dont les activités économiques et
sociales sont essentiellement tournées vers la montagne.
51

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
Le but de cet article est de faire un bilan des sources documentaires
disponibles pour l’étude de la montagne basque au Moyen Âge : diversité
des fonds, fourchette chronologique, types de documents, méthodes de traitement
de la documentation. À partir de cet inventaire, nous tenterons de
déterminer quelles informations peuvent en être tirées pour l’étude des ressources
sylvo-pastorales des Pyrénées navarraises et souletines.
I. QUELLES SOURCES…
Le premier objectif de cette “ prospection documentaire ” était donc
de déterminer quels fonds d’archives seraient à dépouiller avec le plus de
profit, et pour quels secteurs. Nous pouvons maintenant dresser un état de la
documentation, de ses limites et des apports qui peuvent être raisonnablement
attendus.
À partir du Moyen Âge, pour la Basse-Navarre comme pour la Soule,
on constate que la montagne est partagée en terres communes appartenant en
indivis aux communautés originelles et en terres appartenant à de grands
établissements monastiques : Roncevaux, Saint-Jean-de-Jérusalem, Leyre.
Chacun se constitue un immense domaine sylvo-pastoral avec ses établissements
fixes et provisoires, ses bornes, son accès principal et ses voies secondaires
fonctionnant en parallèle ou successivement. Deux, voire trois
grandes voies permettent de traverser les Pyrénées par les cols dans cette
partie occidentale de la chaîne, correspondant à l’emprise de grands ordres
religieux qui contrôlent et exploitent des domaines sylvo-pastoraux, structurant
religieusement et économiquement ces grandes zones.
Chacune de ces entités, religieuses, locales, seigneuriales, communautaires,
a produit une certaine documentation sur son domaine sylvopastoral.
Lorsqu’on fait un premier bilan des sources disponibles pour l’histoire
du paysage et de la structuration de l’espace basque oriental du XIe au XIXe
siècle, les sources disponibles peuvent être réparties selon trois catégories :
– les sources d’origine monastique ou, plus largement, d’origine
ecclésiastique :
- Archivo General de Navarra, section Monasterios (Leyre avec, entre
autres, le Becerro Menor, Roncevaux)
- Archives Départementales des Pyrénées-Atlantiques, séries G et H (Biens
de Roncevaux, commanderie de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem)
- Archivo Historico Nacional (fonds de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem)
– les sources « administratives », provenant des administrations
royales ou, plus récemment, républicaines ; leurs origines peuvent être très
52

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
variées, des arrêts du Conseil d’État du Roi à la correspondance préfectorale
du début du XIXe siècle, en passant par les actes de justice4, ceux qui
relèvent des chancelleries royales, de l’administration du Domaine du Roi,
de l’Intendance5, de l’administration des Eaux et Forêts, etc. ;
– les sources « communautaires » ou syndicales, générées en grande
majorité par les Syndicats des Pays de Cize et de Soule, remplacés au XIXe
siècle par les Commissions syndicales des Pays de Cize et de Soule. Ces
sources sont aussi le fait des communautés d’habitants, sources que nous
retrouvons dans les archives communales actuelles, qu’elles soient déposées
ou pas aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques.
– Les sources royales ou seigneuriales dispersées dans plusieurs
fonds : Archivo General de Navarra, sections Comptos, Reinos, Cartularios
Reales, Archives Départementales des Pyrénées-Atlantiques série B, C et E,
Archives de Roncevaux.
Mais d’autres fonds, moins évidents, recèlent une documentation intéressante
en relation plus ou moins directe avec les ressources montagnardes
du Pays Basque. Pour identifier une problématique cohérente, il est
nécessaire de prendre en compte la grande diversité et la dispersion de la
documentation.
La dispersion des sources écrites s’observe donc aussi bien à
l’intérieur du département des Pyrénées-Atlantiques que hors département.
Au sein même du département des Pyrénées-Atlantiques, les Archives
départementales (Pau), les Syndicats de Cize (Saint-Jean-Pied-de-Port) et de
Soule (Mauléon-Licharre), les Archives Municipales de Pau et les Archives
Municipales de Bayonne se partagent les documents les plus importants pour
l’époque moderne, et pour le Moyen Âge dans une moindre mesure.
Soulignons également un phénomène assez courant pour les communes basques
: la conservation des archives dans les communes et non aux Archives
départementales des Pyrénées-Atlantiques.
Hors département des Pyrénées-Atlantiques, les Archives départementales
du Gers et celles de la Gironde recèlent un certain nombre de documents
; si les Archives de Navarre (Pampelune) sont très riches pour la
Basse-Navarre, elles le sont un peu moins pour la Soule mais à ne pas négli-
4 Arch. Dép. des Pyrénées-Atlantiques, série B : Parlement de Pau, Cour de Licharre,
Bailliage de Barcus, Bailliage de Mauléon, Cour de la Baronnie de Sorhapuru, etc. Un
incendie en 1908 a malheureusement détruit une grande partie des fonds concernant la
Navarre et la Soule.
5 Arch. Dép. des Pyrénées-Atlantiques, Gers et Gironde, série C.
53

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
ger ; il en est de même pour les archives conservées à la Collégiale de
Roncevaux, en Espagne.
Les Archives Nationales de France (Paris) et les Archives Nationales
d’Espagne (Madrid et Simancas) ont montré un potentiel très intéressant
(archives de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem à Madrid pour la Basse-
Navarre). Les séries F 12 et 14 des Archives Nationales françaises recèlent
des informations intéressantes pour la compréhension de l’histoire forestière
de la Soule. Il existe aussi dans les Archives Contemporaines déposées à
Fontainebleau, les fonds de l’Office National des Forêts (1828-1965).
Les documents que nous avons consultés concernant le massif des
Aldudes (vallée de Baïgorry) aux Archives Nationales françaises couvrent
essentiellement la période de la fin du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle.
Très complets, ils laissent cependant transparaître une préoccupation
nouvelle et de plus en plus pressante au-delà des informations données sur le
paysage : le tracé d’une frontière internationale. Les enjeux dépassent le
cadre de la vallée ; l’historien doit rester critique face à ce type de documentation
où exagération et mauvaise foi sont fréquents.
La dispersion des sources est relative au fait que la Basse-Navarre et
la Soule ont toujours été à la frontière : à la frontière de royaumes (Navarre
et France), à la frontière d’États (France-Espagne) et, par conséquent, gérés
dans le cadre de circonscriptions administratives différentes dont les limites,
voire les capitales, ont parfois changé au cours des siècles. C’est le cas de
l’intendance de Guyenne, où la succession de capitales, entre Auch et
Pau, aboutit à un éclatement des archives civiles du XVIIIe siècle entre plusieurs
départements. Nous avons, en effet, une 1ère intendance d’Auch et de
Pau (1716-1767), qui précède une 1ère intendance de Pau et de Bayonne,
détachée de la 1ère intendance d’Auch (1767-1774) et, enfin, une 2e intendance
d’Auch et de Pau à partir de 1775. Il faut donc corréler ces différents
fonds pour en voir la continuité.
De même, les archives du Royaume de Navarre6 offrent le pendant espagnol
des documents conservés aux Archives départementales des
Pyrénées-Atlantiques7, relatifs à l’exploitation d’Iraty entre la fin du XVIIIe
siècle et le milieu du XIXe siècle.
6 ADN, Archivo del Reino, Sección de Amoponamientos y diferencias sobre terminos con los
paises limitrofes, legajo 1, carpeta 4 ; legajo 2, carpeta 33 et ADN, Archivo del Reino,
Sección de Montes, bardenas, plantíos, pastos, balios (demarcaciones y visitas de los
montes), legajo 1, carpeta 2, legajo 2, carpeta 15, 33-40, 50, Pampelune.
7 AD64, Série Agriculture et Forêts, sous-série 7M, n°165, Pau.
54

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
Les observations sont identiques pour les archives concernant
l’abbaye de Roncevaux : la plupart des documents se trouvent à l’abbaye
même, mais beaucoup sont à Pampelune. Certains se trouvent aux Archives
départementales de Pau (Série G). Ils forment néanmoins un fonds global
important pour l’histoire de la partie orientale du Pays basque. Les informations
sont complétées par celles issues du fonds du chapitre de Bayonne.
La corrélation des inventaires de ces différents fonds est nécessaire à
la compréhension mais il n’est pas toujours évident de mettre tous ces documents
en relation. Pourtant, lorsque l’on peut y parvenir, émergent des
continuités chronologiques et/ou spatiales. C’est à travers deux exemples
que nous pouvons illustrer ce constat : celui de la verrerie d’Iraty et celui des
montagnes de Larrau.
En 1886, une note du Génie, Chefferie de Bayonne, et portant sur les
chemins traversant la vallée et la forêt d’Iraty8 mentionne “ un chemin partant
d’Aborreta [qui] franchit l’Urbelza à gué (l’ancien pont est ruiné) traverse
la forêt d’Iraty, en passant aux ruines du Château d’Iraty (ancienne
verrerie) […] ”. Cette information laconique contenue dans les Archives
départementales des Pyrénées-Atlantiques avait laissé beaucoup de questions
et bien peu de réponses. Il nous a été, en effet, impossible de trouver des
données sur un tel établissement aux Archives départementales. Ce sont les
archives du Syndicat de Soule, à Mauléon-Licharre, qui ont fourni un
complément d’information permettant de dater le projet d’installation à
l’année 1828. Une liasse, un bien grand mot pour désigner deux documents,
concernant le “ projet d’installation d’une verrerie à Iraty Sorho (1828-
1829) ”9, nous a aidé à comprendre les modalités d’installation de cette
verrerie. Nous avons également pu, grâce à ces quelques documents, identifier
la période d’activité très courte de cet établissement : créée en 1828, elle
ne fonctionne plus en 1886 et certainement, bien avant cette date.
De la même manière, les montagnes de Larrau suivent la ligne de crête
des Pyrénées entre la forêt d’Iraty et les cayolars10 de Pista, jalonnées par le
Pic d’Orhy, le vallon de Bezula, celui d’Ardané, le Bois de Holçarté que
dominent les crêtes de Buruciette. Or, si l’on se contente de l’un ou de
l’autre des fonds cités jusqu’à présent, il n’est pas possible de retracer
8 AD64., 10J 40.
9 Archives Syndicales de Soule, 3O.1, Commission Syndicale du Pays de Soule, Mauléon-
Licharre.
10 Cayolar : mot essentiellement souletin mais utilisé aussi en Basse-Navarre ; désigne la
cabane du berger dans les estives mais aussi l’ensemble des installations qui accueillent le ou
les berger(s) et le bétail. Le droit de cayolar est le droit de jouir de ces installations souvent
collectives.
55

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
l’histoire de cette portion de la chaîne pyrénéenne grâce aux seuls documents
des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques (y compris les
archives communales). En dehors de la série C des Archives départementales
des Pyrénées-Atlantiques qui documentent la forge de Larrau et
l’exploitation du bois d’Iraty pour les XVIIIe et XIXe siècles, les montagnes
de Larrau sont documentées par d’autres sources, notamment navarraises : le
vallon de Bezula et plus largement, la zone comprise entre le Pic d’Orhy et le
Port de Bezula, est bien documenté par la section Monastère de l’Archivo
General de Navarra ainsi que par les Archives du Syndicat de Soule. Ce
sont ces dernières qui fournissent l’essentiel de l’information pour la zone
centrée sur les crêtes de Buruciette et la forêt d’Holçarté.
Les types de documents disponibles sont donc très variés, dans leur
nature, dans leur datation et dans le type d’informations qu’ils fournissent ;
mais les fonds sont souvent complémentaires et nécessitent une mise en
perspective que peut offrir une base de données.
Outre un bilan des fonds documentaires, il semble intéressant d’avoir
une approche des sources en termes de typologie et d’approche méthodologique
: les sources fiscales et les fonds de l’Archivo General de Navarra
semblent correspondre, en général, à des séries continues, obéissant à des
trames administratives, marquées par la régularité des informations qu’elles
dispensent alors que nous avons affaire à des sources de natures différentes
et souvent discontinues, notamment pour le Moyen Âge où nous sommes
obligées de faire appel à des documents modernes voire contemporains.
La variété de la documentation disponible permet-elle de suivre
l’histoire du milieu montagnard basque et de comprendre le fonctionnement
et la gestion des bois et des pâturages, enjeu économique primordial ?
II … POUR QUELLES RESSOURCES ?
Une activité pastorale prépondérante
Les données médiévales pour l’exploitation sylvo-pastorale de la
montagne proviennent essentiellement des sources monastiques, celles de la
collégiale de Roncevaux, et du grand monastère navarrais de Leyre.
L’ordre de Roncevaux avait un important patrimoine foncier en Basse-
Navarre. Il ne se contente pas de son pouvoir religieux et de ses revenus
ecclésiastiques. Dans les documents concernant Saint-Sauveur d’Ibañeta,
56

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
Le vallon de Bezula (commune de Larrau, automne 2003)
prieuré qui a précédé Roncevaux, nous trouvons déjà mentions de troupeaux
et de pâturages avec des “ cubilares11 ”, des abris pour les bêtes.
Dès la fin du XIe siècle, le monastère de Leyre est aussi détenteur d’un
domaine pastoral important, en Navarre comme en Soule, autour du vallon de
Bezula (commune de Larrau).
Il semble que le XIVe siècle soit le point culminant de la puissance et
des possessions de Roncevaux alors que Leyre, au contraire, connaît à la même
période des moments difficiles12. La plupart des actes de Roncevaux émis à
partir de cette date concernent les pâturages et la constitution d’un important
domaine montagnard. Le pouvoir royal semble d’ailleurs le favoriser au
détriment des communautés villageoises, lui permettant peut-être un meilleur
contrôle de ce territoire.
11 Cubilar : la première définition est « couche pour les animaux à l’extérieur ». Par
extension, lieu où on rassemble le bétail pour la nuit et où sont logés les bergers (Diccionario
de la Lengua Española, Real Academia de la Lengua, XXII ed., Madrid, 2001 et 1970, cité
dans le lexique rédigé par Eloisa Ramirez Vaquero, Base de datos de léxico pirenaico
relativo a los recursos pirenaicos, Resopyr, 2002).
12 Fortun Perez de Ciriza, Luis Javier, Leire, un señorío monástico en Navarra (siglos IX-
XIX), Gobierno de Navarra, Pampelune, 1993.
57

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
Le monastère pyrénéen de Roncevaux a, semble-t-il, un domaine immense
(jusqu’à 90 noms de bustalizas13 dans un même document).
Par les documents émis ou conservés à Roncevaux, nous pouvons nous
rendre compte de l’importance de l’activité d’élevage pour le monastère.
Roncevaux possède ainsi d’énormes troupeaux comme l’indiquent des actes
dès le XIIIe siècle avec les mentions d’un millier de porcs.
Si ces documents sont particulièrement riches en informations sur la
puissance économique du chapitre, l’extension de son domaine pastoral, le
règlement de conflits avec les communautés voisines portant sur la jouissance
de pâturages ou des droits de parcours, il est à noter que seuls certains secteurs
y apparaissent. Il s’agit toujours, pour ceux qui ont pu être identifiés et/ ou
localisés, des Aldudes, et du Valcarlos, Quinto Real, Andia, Aralar pour le
versant sud, voire des refuges hivernaux près de la côte de Guipuzcoa, où le
monastère mène une politique de captation de pâturages très active (plus que
de droits ecclésiastiques !).
On trouve aussi des transactions sur des terrains, des pâturages de petite
taille avec des cabanes, des hêtraies, entre les religieux et leurs voisins.
De plus, de nombreux actes et la multiplication des procès à partir du
XIIe siècle témoignent de la volonté de délimiter précisément la montagne, de
donner des cadres spatiaux et institutionnels.
Ainsi, les grands ordres religieux semblent toujours très impliqués dans
la vie pastorale alors que le pouvoir royal, au vu des archives de la section des
comptes et des cartulaires royaux14, paraît progressivement ne plus détenir en
propre que peu de droits et de domaines pastoraux.
13 Bustaliza : ou bustalicia, terrain délimité pour la pacage des bovins (YANGUAS Y
MIRANDA, José, Diccionario de Antiguegades del reino de Navarra, 3 t., Principe de Viana,
Pampelune, 1964), pâturage pour un « busto » ou troupeau de bovins, mais « busto » peut
simplement désigner le bétail. Par extension, bustaliza désigne l’ensemble des installations
(cabanes, enclos, …) sur ce terrain (IRIBARREN, José María, Vocabulario navarro, segunda
edición preparada y ampliada por Ricardo Olloquiada, Principe de Viana, 1984,
Pampelune).
14 - GARCIA ARANCON, Maria Raquel, Coleccion diplomatica de los reyes de Navarra de
la dinastia de Champaña, 2. Teoblado II (1253-1270), Fuentes documentales medievales del
Pais Vasco, Eusko-Ikaskuntza, Donostia – San Sebastian, 1985
- GARCIA ARANCON, Maria Raquel, Archivo General de Navarra. Comptos y cartularios
reales, 1253-1270, Fuentes documentales medievales del Pais Vasco, Eusko-Ikaskuntza,
Donostia-San Sebastian, 1996
- GARCIA ARANCON, Maria Raquel, Archivo General de Navarra. Comptos y cartularios
reales, 1234-1253, Fuentes documentales medievales del Pais Vasco, Eusko-Ikaskuntza,
Donostia – San Sebastian, 1998
- MARTIN GONZALEZ, Margarita, Coleccion diplomatica de los reyes de Navarra de la
dinastia de Champaña, 1. Teobaldo I (1234-1253), Fuentes documentales medievales del
58

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
En Navarre, ceux-ci sont presque systématiquement attribués en gage,
de même que les péages et les droits de parcours, de pacages, de recouvrement
des taxes liées au commerce de la viande, de la laine, des produits laitiers et du
bétail. Progressivement, l’administration de domaines pastoraux par la couronne
se fait uniquement en faire-valoir indirect. En Soule, au milieu du XVIe
siècle, le roi de France possède le droit de cayolar sur plus de 1 000 cabanes
(les cubilars ou cayolars) situées dans les montagnes15.
En fait, c’est surtout par son rôle d’arbitre lors de conflits entre
communautés, vallées, seigneurs ou établissements religieux que le pouvoir
royal apparaît comme actif dans l’économie montagnarde.
Les chancelleries s’impliquent alors dans la défense des lois et des droits
liés à la circulation des bêtes et de leurs gardiens. Elles dressent par exemple
des listes de griefs qui nous donnent une image du cheptel et de la valeur des
troupeaux. C’est le cas par exemple des Reclamaciones de Navarra a Enrique
III de Inglaterra, a proposito de la guerra de Gascuña16, en 1249.
Le document dresse une liste des plaintes formulées par les “ voisins ”
de Saint-Jean-Pied-de-Port, Ossès, Arberoue, Cize, le monastère de Roncevaux
et quelques grands seigneurs ou propriétaires contre des Labourdins qui leur
avaient volé du bétail quelques années auparavant, lors de troubles à la
frontière entre le royaume navarrais et anglais. Il existe le même type de liste
pour le Labourd contre les Navarrais.
Cette liste offre des informations particulièrement riches sur les activités
agricoles et pastorales. Nous savons ainsi que le nombre de vaches perdues
s’élève de 30 à 260 têtes selon les propriétaires. Les porcs constituent déjà les
troupeaux d’élevages les plus importants. Les noms des propriétaires, en
général parmi les plus grands seigneurs (Urrutia, Harrieta, Gramont, Belzunce,
Garro…) mais aussi des établissements religieux (Roncevaux, Leyre, le
chapitre de Pampelune), les noms des gardiens du bétail qui servent souvent de
Pais Vasco, Eusko-Ikaskuntza, Donostia – San Sebastian, 1987.
RAMON CASTRO, José, Catalogo del Archivo General. Seccion de Comptos. Documentos,
t. I à XVIII, Iruna-Pamplona, 1952-1957.
15 Arch. Syndicales Soule, 2D1 (1781). Le « droit de larrary » ou « droit de cayolar » est le
droit « de prendre un mouton de fief sur chacun des cazallars, c’est-à-dire sur chaque
troupeau de moutons qui paissent dans les montagnes ou collines appelées Unhurie »… « Il
appartient aussi à Sa Majesté sur la montagne appelée Ekirassy un droit connu sous le nom
de cayolar qui se lève sur les agneaux qui y paissent » (Arch. Nat. de France, Q1 949). C’est
« le droit qu’avait Sa Majesté de prendre annuellement un mouton par chaque propriétaire
des cabanes établies sur ces hautes montagnes en payant au propriétaire une modique somme
de six sols neuf deniers… » (Arch. Synd. Soule, 2D1).
16 AGN, Comptos, caj. 5, n° 39, I et II et caj. 5, n° 39, III, 1 à 6 ; publié dans GARCIA
ARANCON, Maria Raquel, op. cit., 1985, pp. 35 à 86.
59

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
témoins, les noms des voleurs, le type et le nombre de bêtes, leur valeur, leur
âge et leur état parfois (en particulier pour les femelles pleines), l’époque du
vol sont consignés avec précision. Nous avons ainsi des indications sur
l’élevage extensif, la pratique de la transhumance et du libre parcours sur des
espaces collectifs.
La forêt dans le pastoralisme basque
En Soule, c’est à la fin du XVe siècle que l’administration royale opte
pour le faire-valoir indirect et, en premier lieu, celui des milieux forestiers
compris dans son domaine. Les contrats de Guicharnaud d’Ohix, notaire de
Soule, nous donnent une idée des possessions du Roi en Soule puisque un
grand nombre de ces contrats sont des affièvements effectués par Guirauton de
Sainte-Colome, lieutenant du Gouverneur de Soule. C’est la forêt sylvopastorale
qui apparaît dans ces textes. En 1479, Guirauton de Sainte-Colome,
lieutenant du châtelain de Mauléon affiève à « […] Petirixia, filh de Habiague
d’Ainharp et a Kathaline, sa molher […] quoarante jornades de terre
campestre en la une carte et en lautre XV jornades lasquoaus quoarantes son
au bedat de Lambare en tau maniere et condition que lors bestiars de quenhe
condition et nature que sien, exceptat porcxs, fossen francxs de paxer estan
lodit bost bedat o no bedat et los porcxs ayen poder de padoir tant soloment en
lor terre affiusade […] » « en prejudice deu mayne deudit castet de
Mauleon »17. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Mais l’exemple de ce
fief, composé de deux parties, est intéressant puisque une grande partie est
concédée dans le bois de Lambarre, l’une des quatre forêts royales de Soule
située sur les collines environnant Mauléon, et destinée au pacage des bêtes.
Même si cet exemple ne concerne pas les hautes montagnes de Soule mais la
vallée, il est intéressant, dans la mesure où l’on retrouve ici l’affectation des
17 A.D.64, E.2127, f°74 r°.
« à Petirixia, fils de Habiague d’Ainharp, et à Kathaline, sa femme […] quarante journées de
terre agricole dans une charte et dans l’autre quinze journées, lesquelles quarante sont au
bois bedat de Lambare de telle manière et condition que les bêtes de quelle nature et
condition qu’elles soient, exceptés les porcs, soient libres de pacager, ledit bois étant bedat
ou non bedat, et les porcs peuvent pâturer seulement sur la terre qui leur est affiévée » « pris
sur le domaine dudit château de Mauléon ».
Padoir : ou padouir, faire pâturer, mettre son bétail à la pâture communale (Dictionnaire de
l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, Frédéric
GODEFROY, Paris, 1883, Kraus Reprint Ltd, Vaduz, 1965)
Bedat : ou bedats, La coutunme d’Acs (Dax) au titre XI, de pâturages, appelle de ce nom les
garennes et les bois prohibés ou défendus. On employait aussi les termes bois vetés. Ces
terres pouvaient être ouvertes à certaines périodes de l’année et sous certaines conditions (La
Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une société
de savants et des gens de lettres, Paris, H. Lamirault et Cie, éditeurs, 1888, Paris, t. V,
p. 1125).
60

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
bois et des forêts au bétail, les troupeaux de porcs occupant une place
particulière, différente de celle des autres bêtes. Les textes médiévaux qui
concernent les forêts sont souvent dans ce cas, du moins pour la Soule, mais
les textes datant du début de l’époque moderne (XVIe siècle) également18.
Une économie montagnarde
Les sources navarraises nous offrent également une vision indirecte des
ressources sylvo-pastorales d’un point de vue économique. En effet, les
archives de la section des Comptes du royaume de Navarre nous informent sur
les valeurs des terres et des bêtes, mais aussi des produits comme la viande, la
laine, le fromage, le beurre qui peuvent servir à payer certains impôts. Même si
ces documents ne servent pas de source directe pour l’histoire de la
structuration de l’espace montagnard et de son exploitation, ils sont primordiaux
pour comprendre la place des pâturages de montagne dans l’économie
médiévale et vice-versa : leur confrontation permet de mesurer l’impact des
évènements économiques et politiques (hivers rigoureux, crises, troubles
militaires, …) sur le milieu montagnard (pression pastorale, extensions ou
reculs des cultures, nouvelles orientations agropastorales…).
En dehors des sources monastiques ou royales, les transactions entre
communautés, par exemple les procès-verbaux de visites pour des délimitations,
sont souvent riches de détails en matière pastorale mais aussi en matière
d’usages forestiers. La vérification des limites entre la communauté de Barcus
et celle de Montory19 est l’occasion de “ déterminer ensemble des droits de
pâturage, changement des anciennes bornes, prises de bétail (ou carnalage20)…
”. C’est également le cas des traités de faceries21 ou compascuité22
(faceries Soule-Cize ; Roncal-Soule ; Aezcoa-Cize)23.
18 Pour exemple, citons la vente d’un bois par Jacques de Garat, de Domezain, à Guilhemto
d’Elissebaratz, d’Etcharry, en 1589 ou 1590 (A.D.64, B.5974), une transaction un peu plus
tardive entre Bertrand de Garat de Domezain et Pierre de Sallaberry, sur la mise en défens
d’un bois et le pacage des porcs dans ce bois, au milieu du XVIIe siècle (A.D.64., B.5998).
19 A.D.64, E.2184.
20 Carnalage : ou carnalat, expression dérivée de carn ou car, chair, et désignant, dans
quelques coutumes du midi de la France, le droit qu’avait le propriétaire d’un héritage de tuer
et de s’approprier les bestiaux trouvés sur son champ et dans ses bois, pour la réparation du
dommage qu’ils avaient causé. Les diverses coutumes réglementaient et délimitaient le droit
de carnalage (La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des
arts par une société de savants et des gens de lettres, Paris, H. Lamirault et Cie, éditeurs,
1888, Paris, t. IX, p. 460).
21 Facerie : terrain de pacage à la limite entre les territoires d’au moins deux communautés
qui en jouissent en commun ; par extension, accords renouvelables réglant les modalités de
cette jouissance (Diccionario de la Lengua Española, Real Academia de la Lengua, XXII ed,
61

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
Enfin, l’administration centrale moderne en vient à s’intéresser à la
gestion des espaces montagnards. Les premiers documents sont rédigés à l’occasion
de projets de Réformation des forêts mais la préoccupation frontalière
transparaît à travers les plaintes et les griefs opposés aux voisins. Au XVIIIe
siècle, un ensemble de pièces relatives aux limites entre la France et l’Espagne
donnant le point de vue des commissaires royaux sur ce projet est rassemblé24.
Les registres de la commission syndicale du Pays de Cize pour les mêmes
dates donnent les points de vue des habitants et des représentants des
communautés.
Nous voyons apparaître à travers ces documents modernes, qu’ils
concernent Iraty ou les Aldudes, de nouvelles conceptions dans l’exploitation
des ressources montagnardes. Les pâturages et l’élevage tendent à perdre un
peu de leur prépondérance, indubitable durant les siècles médiévaux. De plus,
des ambitions déjà presque “ industrielles ” se développent et vont mener à une
transformation du paysage bien plus profonde et plus rapide. Mais c’est surtout
le nouvel enjeu politique qui va largement contribuer à transformer la façon
d’envisager et d’utiliser la montagne.
De l’exploitation sylvo-pastorale de la forêt médiévale
à l’exploitation moderne et contemporaine du bois (le
rôle de la métallurgie et de la Marine)
Pour le Moyen Âge, l’histoire forestière est très difficile à appréhender ;
la forêt est, nous l’avons vu, indéniablement liée au pacage du bétail et ce sont
souvent des actes de donations, contrats de vente ou de fief, actes notariés en
général, qui documentent la forêt.
Par contre, dès la fin du XVIe siècle et, surtout, à partir du XVIIe, les
forêts apparaissent différemment dans les textes. C’est moins la forêt ou
l’espace forestier qui apparaît que le bois lui-même comme ressource
économique primordiale, ressource pour les forges, ressource pour la Marine…
charbon, rames et mâts. Le phénomène s’intensifie dans les sources forestières
du XIXe siècle. Pour le XVIIe siècle, ce sont des édits et lettres-patentes qui
Madrid, 1970, cité par Eloisa Ramirez Vaquero dans son lexique Base de datos de léxico
pirenaico relativo a los recursos pirenaicos, Resopyr, 2002).
22 Compascuité : droit de pacage qui appartient en commun à plusieurs communautés
d’habitants (Dictionnaire de la langue française, par E. Littré, Librairie Hachette et Cie,
Paris, 1881).
23 Archives du Syndicat de Soule, Mauléon, D.D.1 (Liasse), Traités de Lies et Faceries :
Soule-Aezcoa (1536), Soule-Roncal (1553, 1673, 1723), Soule-Salazar (1723, 1745, 1756,
1762), Soule-Ostabarret (1728), Soule-Cize (1492, 1740).
24 A. N., K 1235
62

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
relaient ce changement : les Archives départementales de la Gironde nous
donnent quelques pistes : c’est une autorisation de 1598 d’établir une forge à
boulets en Soule ; c’est un ordre, daté de 1609, donné aux trésoriers de
Bordeaux d’informer sur l’établissement d’une forge de fer en Soule et sur la
concession d’exploiter les forêts de Soule pour la faire fonctionner ; c’est
encore une autorisation datée de 1612 ou 1613 de faire construire deux forges
en Soule25. C’est aussi un mémoire, quoique difficile à dater26, visant à
informer sur l’établissement de forges dans les montagnes de Soule27. Outre
ces documents précis, la correspondance des intendants sur la mise en place de
ces forges nous renseigne sur la forêt par l’affectation de bois au fonctionnement
de ces établissements métallurgiques. Iraty est concernée, mais pas
seulement ; les bois environnant ce massif le sont également… Arhansus,
Mayrule, Zouhoure28. Néanmoins, ces documents sont tardifs ; mais quant à
savoir s’ils reflètent une exploitation métallurgique tardive de la montagne
souletine, il faut être prudent. En effet, l’exploitation du fer du Valcarlos est
très bien documentée, surtout à partir du XIVe siècle, grâce aux archives de la
Chambre des Comptes de Navarre, à Pampelune. La métallurgie antique,
médiévale et moderne est bien présente dans les montagnes basques ;
l’archéologie l’a démontré, notamment grâce aux travaux sur les Aldudes29.
Pourtant, les prospections menées par A. Beyrie sur Iraty n’ont pas montré
l’activité que l’on aurait pu attendre sur une forêt aussi importante30.
Le XVIIe siècle se caractérise, également, par les procès-verbaux de
réformation. Il faut en dire un mot car il s’agit bien souvent de la plus importante
source “ forestière ”. Le Procès-Verbal de Réformation pour la Basse-
Navarre recèle un grand nombre d’informations sur les forêts, cela va de soi,
mais également sur les pâturages… c’est aussi le cas du Procès-Verbal de
Réformation des forêts de Soule ; pourtant, la montagne basque, et en
particulier Iraty, n’apparaît pas.
25 A.D.33, C.3814 ; A.D. 33, C.3817 ; A.D. 33, C.3871 bis.
26 Le document semble avoir été écrit entre 1772 et 1775.
27 A.D.64, C.264, pièce 54.
28 A.D.64, C.112 [1759-1782] affectation des bois d’Iraty et d’Arhansus à la forge de
Larrau ; A.D.64, C.262, 264, 341.
29 BEYRIE, Argitxu, « Mines et métallurgie antique du fer dans la vallée des Aldudes.
L’exemple de la montagne d’Errola », dans Paléoenvironnement et dynamiques de
l’anthropisation de la Montagne basque, Projet collectif de Recherche SRA Aquitaine,
rapport intermédiaire 2001, pp. 47-57.
30 BEYRIE, Argitxu, « Mines et métallurgie du fer dans le massif d’Iraty », dans
Paléoenvironnement et dynamique de l’anthropisation de la Montagne basque- Programme
thématique SRA Aquitaine, rapport annuel 1999, pp. 95-102.
63

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
III. UN EXEMPLE COMMUN : IRATY
64
Carte détaillée d’Iraty
L’histoire d’Iraty est avant tout faite de pleins et de vides documentaires,
un “ vide ” important étant le silence des procès-verbaux de réformation.
Si l’histoire récente, celle des XVIIIe et XIXe siècles, est assez facile à
appréhender, l’histoire plus ancienne, notamment médiévale, l’est beaucoup
moins. Les principaux fonds sont ceux du monastère navarrais de Leyre, ceux
de Saint-Jean-de-Jérusalem, et ceux des Syndicats de Soule et de Cize.
D’autre part, il faut distinguer deux types de documents : ceux qui nous
donnent une vue contextuelle du massif de ceux qui nous donnent une vue très
détaillée de secteurs pastoraux ou forestiers au sein de la montagne d’Iraty. La
documentation écrite émergeant pour reconstituer l’histoire d’Iraty est, selon
les secteurs du massif, relativement pauvre ou relativement fournie.
Dans le premier cas, les textes qui donnent une vue contextuelle, on
peut situer les archives qui documentent la chapelle Saint-Sauveur d’Iraty.
Cet ancien petit oratoire, auquel était rattaché un hôpital dès le XIIIe
siècle, se trouve au cœur d’un immense domaine forestier et pastoral. Ce
potentiel est d’ailleurs mentionné dès les premiers actes se rapportant à Saint-
Sauveur, au XIe siècle dans les archives du Grand Prieuré de Navarre de Saint-
Jean-de-Jérusalem dont dépendait cette chapelle. Si certains documents de

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
l’époque moderne se trouvent conservés aux Archives Départementales des
Pyrénées-Atlantiques, à Pau, la plus grande partie est à Madrid et Simancas31.
La chapelle Saint-Sauveur d’Iraty au milieu des pâturages et le bois de
Saint-Sauveur (hiver 2002)
Autre document particulièrement important, l’Inventaire des biens des
commanderies d’Irissarry et d’Aphat-Ospitalia, est daté de 1708, et conservé
sous la cote H 196 aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques. En
effet, Saint-Sauveur d’Iraty, dépendait de la commanderie d’Aphat-Ospital, à
Saint-Jean-le-Vieux, qui elle-même était en relation avec celle d’Irissarry.
Ce type de document permet de replacer la chapelle Saint-Sauveur dans
un contexte politique et socio-économique même s’ils ne permettent pas une
microanalyse de l’exploitation pastorale et forestière, ils aident à comprendre
comment le massif est intégré dans le fonctionnement socio-économique des
communautés environnantes à différentes époques.
Après ce type de données, il faut mettre en relief les dossiers documentaires
qui éclairent le massif sous un autre jour, par le biais de secteurs
restreints de la montagne d’Iraty. Deux zones, en particulier, sont concernées :
Bezula, vallon se trouvant sur la commune de Larrau, à l’est de la forêt
31 GARCIA LARRAGUETA, Santos A., El gran priorado de Navarra de la orden de San
Juan de Jerusalen, siglos XII-XIII, Institucion Principe de Viana, Pampelune, 1957.
65

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
d’Iraty32 et une partie de la forêt d’Iraty-Cize. Bezula comporte deux
cayolars33, Bezula Major et Bezula Minor, mentionnés, dans les textes, dès le
XIe siècle, ainsi que le cayolar d’Arlotua34. Le second secteur documenté
correspond aux cantons et quartiers d’Oraaté et Patarbelcha, Ahunsbidé et
Contrasarro, Arxilondo, Egurguy, Occabé. Outre l’intérêt d’être documentés
par des textes sur une longue période (Bezula pour une période qui court entre
XIe et XIXe siècle, le second secteur pour les XVIIIe et XIXe siècles), ces sites
ont une position intéressante l’un par rapport à l’autre puisqu’ils encadrent le
massif : le premier à l’est de la forêt d’Iraty et le second à l’ouest. Tous les
deux sont partagés par les pâturages et la forêt.
Des chronologies se dessinent pour chaque site ; l’histoire générale du
massif, quant à elle, se profile en terme d’enjeux politiques et économiques.
Les XVIIIe et XIXe siècles se pimentent par un climat troublé, fait d’agitations
qui se muent parfois en heurts armés.
Plusieurs mouvements apparaissent dans la chronologie générale de
l’histoire de la montagne d’Iraty. Pendant les XIe et XIIe siècles, se constituent
deux grands domaines pastoraux sur les flancs de la forêt : le secteur
du Pic d’Orhy autour des cayolars de Bezula, à l’est de la forêt d’Iraty, par le
monastère de Leyre35 et, parallèlement, se met en place la route des commanderies
de Saint-Jean-de-Jérusalem (Saint-Jean-le-Vieux – Métairie de
Laurhibar – Chapelle de Saint-Sauveur-d’Iraty, cœur du domaine pastoral de
l’ordre sur le flanc occidental d’Iraty). Par contre, à la différence de la
documentation de Leyre, très précise pour la localisation des sites pastoraux,
le domaine pastoral de l’ordre de Saint-Jean est encore difficile à spatialiser.
La seconde moitié du XVe siècle est marquée par des menaces qui pèsent
sur la légitimité de la propriété des Bezula, ce qui conduit à des opérations
répétées de bornage : c’est l’assise territoriale du monastère dans les pâturages
des montagnes de Soule. Un peu plus tard, dans la première moitié du XVIe
siècle, rappelons les difficultés de Saint-Jean-de-Jérusalem à se maintenir sur
ses possessions pastorales d’Iraty.
32 Le site se trouve à moins de 4 km du Pic d’Orhy et à environ 9 km des Chalets d’Iraty-
Soule au col d’Orgambidesca.
33 I.e. la cabane de berger, le parcours, les enclos et les droits afférents.
34 AGN, Becerro menor de Leyre, folios 452-455 (année 1115).
35 En relation avec le plein démographique du XIe siècle dans les vallées d’Iraty (vallée de
Salazar, notamment). Manex Goyhenetche donne une synthèse dans son ouvrage sur l’histoire
générale du Pays basque. GOYHENETCHE, Manex, Histoire générale du Pays basque.
Tome I : Préhistoire-Epoque romaine-Moyen Âge.- Elkarlanean ; Saint- Sébastien : 1998.pp.
250-251.
66

Les hêtres d’Oraaté (automne 2002)
DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
67

LA MONTAGNE BASQUE - SOURCES ET RESSOURCES…
Les XVIe et le XVIIe siècles n’apparaissent pas dans les textes, du
moins très peu et indirectement. Néanmoins, à la fin du XVIIe siècle, le
Procès-Verbal de Réformation des Eaux et Forêts de Basse-Navarre, nous
renseigne sur une tentative d’exploitation du bois dans les années 1629 et
1630, initiée dans un secteur d’Iraty-Cize. Pourtant, l’exploitation de la forêt
à ce moment-là reste principalement pastorale. On distingue cette période par
les nombreux traités de faceries, réglant les modes de jouissance des
pâturages d’Iraty, communs aux vallées de Cize et de Salazar. La première
moitié du XVIIe siècle est marquée par les conflits franco-espagnols
auxquels veut mettre fin le Traité des Pyrénées de 1659, dit Traité de l’île
des Faisans.
Le XVIIIe siècle marque un tournant avec une pression vraisemblablement
accrue sur les pâturages comme sur la forêt avec le rôle des forges et
de la Marine, sur l’exploitation accrue de la ressource charbonnière et des
grumes. La pression s’exerce de part et d’autre de la frontière. C’est à partir
du deuxième tiers du XVIIIe siècle que la légitimité de Leyre sur les pâturages
de Bezula est menacée et on apprend que des “ gîtes ” illégaux ont été
construits et que des bergers ne travaillant pas pour Leyre se sont introduits
et profitent des pâturages. Les intrusions viennent de France (la communauté
de Larrau est montrée du doigt). Parallèlement, des dénonciations de
dommages commis sur les arbres d’Iraty par les Espagnols apparaissent. Les
enjeux économiques puis politiques caractérisent cette période. La forêt
d’Iraty est convoitée par les Espagnols de la Real Armada et par la Marine
française.
Les coupes du début du XIXe siècle, la question de la propriété de la
forêt d’Iraty et celle, bien entendu, de son exploitation font rapidement
couler beaucoup d’encre en troublant les esprits au moment où l’on attend
qu’une commission de délimitation des frontières décide à qui, de la France
ou de l’Espagne, appartient la forêt d’Iraty.
CONCLUSION
Malgré une dispersion des sources due à la nature frontalière de la
Basse-Navarre et de la Soule, il est donc possible, à force de recoupement
des documents écrits et de collaborations, de mettre au jour des données
historiques sur la montagne basque, sur l’exploitation de ses ressources et,
par conséquent, de poser des jalons éclairant la structuration de l’espace
depuis le Moyen Âge.
Grâce à ce premier bilan, on peut déjà lire, de manière sous-jacente,
les manœuvres qui se jouent autour des pâturages et de la forêt, notamment
68

DELPHINE BROCAS, AMAIA LEGAZ
sur le massif d’Iraty, et ce, dès le Moyen Âge, avec la constitution de grands
domaines pastoraux monastiques et de leurs accès.
Progressivement, les entreprises « industrielles » d’exploitations et les
procédures de fixation de la frontière internationale entraînent un raidissement
des relations entre les communautés, ainsi que l’émergence d’enjeux
nationaux.
L’exploitation sylvo-pastorale se révèle un rouage fondamental du
système socio-économique de ces communautés à travers des interactions
locales, régionales, puis nationales.
Ce travail de corrélation de données transfrontalières doit maintenant
s’envisager dans un cadre plus systématique, par exemple par la mise en
place d’une base de données commune pour l’histoire des paléo-environnements
à l’ouest des Pyrénées.
69

EL MONTSEC ENTRE LA SERRA I LA VALL :
Percepció del territori i construcció d’un paisatge
a l’Edat Mitjana
INTRODUCCIÓ
Marta SANCHO*
Quan s’interroguen les fonts medievals a la recerca d’informació sobre
el paisatge, el territori i el seus usos, sovint es cau en la temptació de pensar
que és possible fer-ne una fotografia fidel que podrem sobreposar a la realitat
geogràfica actual. Dissortadament això no és possible i la nostra aproximació
no pot anar més enllà d’un trencaclosques en el que les dades escrites i les
evidències arqueològiques deixen molts buits que només es poden omplir amb
la intuïció històrica. Malgrat aquestes limitacions, les hipòtesis que es
desprenen d’aquests treballs són fruit de l’esforç investigador, i resulten molt
útils per apropar-nos a la realitat d’aquells homes i dones que visqueren en els
segles medievals.
El nostre treball parteix del caràcter rural de l’economia medieval :
agricultura, ramaderia i explotació dels recursos que ofereix el territori, ja
siguin minerals, vegetals o animals. Aquests són els trets que caracteritzen
l’activitat productiva de l’Edat Mitjana. De l’èxit d’aquesta activitat depen la
supervivència del col·lectiu humà que ocupa i explota un determinat territori.
Les tècniques aplicades en la producció i la seva adaptació a les característiques
del terreny i als recursos existents, defineixen les estratègies de producció
i el paisatge que se’n deriva. Entenem, doncs, el paisatge com el producte
resultant d’un determinat entorn natural sobre el que s’apliquen unes estratègies
productives que el transformen fins a adequar-lo a les formes de vida
pròpies d’un període determinat.
El territori, entès com a suport geogràfic d’un indret determinat, es
transforma en paisatge per l’acumulació d’estratègies de producció aplicades
durant segles pels diferents grups humans que ocuparen aquell indret. El
paisatge és, doncs, un element antròpic esculpit sobre un suport natural i és en
el seu estudi on millor es fusionen les ciències de la natura i les humanes.
* U. de Barcelona.
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 71 - 85 71

EL MONTSEC ENTRE LA SERRA I LA VALL …
72
FIG. 1 : Vall de la Noguera Pallaresa
El caràcter acumulatiu de l’acció antròpica sobre un territori permet la
conservació de determinats elements del paisatge que tenen el seu origen en
èpoques passades. La seva identificació sobre el terreny requereix una anàlisis
arqueològica en la que és possible definir cronologies relatives que ordenen
els diferents elements de més antics a més moderns. La documentació
ens aporta informació diversa sobre l’ús de l’espai tot i que resulta incompleta
i sovint poc concreta. En algunes ocasions, les característiques
d’aquests elements i les dades extretes de les fonts escrites, ens permeten
precisar una cronologia absoluta a partir de la qual podem aproximar millor
la cronologia d’altres elements interrelacionats. És així com anem construint
la història del paisatge.
Tot i que no formen part d’aquest estudi, no podem oblidar les dades
que ens aporten les tècniques analítiques que estudien el paleopaisatge. Les
anàlisis de polen, de carbons o de llavors localitzades en estrats arqueològics
o en sondeigs, poden dibuixar una seqüència de la cobertura vegetal, molt
útil per a una recerca sobre l’evolució del paisatge. Dissortadament no
disposem encara d’aquest tipus d’anàlisis pel territori objecte del nostre
estudi però sí que disposem de dades sobre l’evolució del paisatge en certes
zones de Catalunya que ens poden servir d’orientació general1.
1 Disposem de diverses publicacions sobre aquests tipus d’estudis paleoambientals entre els
que destaquem els següents :

MARTA SANCHO
ESTRATÈGIES DE PRODUCCIÓ I EXPLOTACIÓ DEL TERRITORI
A L’EDAT MITJANA
Activitat agrícola
Si ens centrem en l’Edat Mitjana i en les seves estratègies de producció,
hem de destacar, en primer lloc el seu caràcter d’autoabastiment
domèstic. En la mesura de les seves possibilitats cada casa produïa tot allò
que necessitava per subsistir i reproduir-se. La documentació ens deixa veure
l’estructura dels masos : les terres de secà es complementen amb les vinyes i
els horts. Els drets sobre l’ús del bosc eren un valuós recurs tant en la vida
diària com en períodes de carències en què la recol·lecció podia paliar la
manca d’altres aliments.
La documentació és clara respecte la tipologia de conreus. Les terres
de secà amb sembradures de cereals, dominen el paisatge agrícola i es reserven
les terres més assolellades per a les plantacions de vinya i, en menor
mesura, d’oliveres.
En el fons documental de la col·legiata de Santa Maria de Mur2,
trobem diversos documents en els que es descriu la composició dels masos.
De l’any 1267 data l’establiment d’un capmàs a favor de Jaume de Sant
Llobí fet pel paborde de Mur. La descripció que fa d’aquest mas és força
representatiu dels que podem trobar en aquest fons documental :
...damus, concedimus et tradimus vobis Jacobo de Sent-Lobí et uxori vestra
Berengaria et vestris in perpetuum totam illam Camp-Masiam, sive lexivum quod fuit
den Rog de Sen Fructuos, qua sita est in termino de Muri, cum omnibus hereditatibus
dicta Camp-Masiam pertinentibus ubicumque sint, sive in termino de Mur, sive de
Guardia, vel in ceteris aliis locis, videlicet domos, casales, ortos, ortales, agros,
terras, vineas, canamares, linares, riguum et irriguum, cultum et incultum, et omnia
que ad jam dictam Camp-Masiam pertinent vel pertinere debent quoquomodo.
BOLOS, J., 1982 : “Anàlisi pol·línica i història medieval. Aportació al coneixement del
paisatge pirinenc durant l’edat mitjana” a : Quaderns d’Estudis Medievals, pàgs. 635-638.
Barcelona
RIERA, S. / ESTEBAN, A., 1994 : “Vegetation history and human activity during the last
6 000 years on the central Catalan coast (nortestern Iberian Peninsula)” a : Vegetation History
Archeobotany.
PALET, J.M. / RIERA, S., 2000 : “Evolución y antropización del paisaje en zonas de baja
montaña mediterránea : Estudio arqueológico y paleoambiental de los sitemas de terrazas en
la sierra litoral catalana” a : Análisis paleoambientals i estudi del territori, pàgs. 101-117.
Cost action G2 European Comuniti. Barcelona.
2 Recopilación y resumen de los instrumentos y papeles que se hallan reconditos en el
archivo de la iglesia colegiata de Mur, ordenados por Josep Marti canónigo regular del Real
monasterio de Santa Maria de Bellpuig de las Avellanas, en 1794. Coneguts com a Papeles
de Mur i conservats a la Biblioteca de Catalunya. A partir d’ara citats com a Papeles de Mur.
73

EL MONTSEC ENTRE LA SERRA I LA VALL …
Papeles de Mur, núm. 27
Prop del riu les infrastructures hidràuliques, sovint relacionades amb
els molins fariners, ens dibuixen un paisatge dominat per l’horta i per la
presència de plantes tèxtils com ara el lli i el cànem. L’explotació d’aquest
darrers recursos estaria a mig camí entre l’agricultura i la recol·lecció donat
el seu caràcter inicial de plantes silvestres.
L’any 1168 el comte Arnau Mir fa donació de la “insula”3 i concedeix
la facultat de construir-hi molins a Joan de Mur. La donació afecta una zona
propera a la Noguera Pallaresa i en les afrontacions apareixen dues importants
infrastructures hidràuliques, un rec i una sèquia :
Sunt affrontaciones jam dicta Insula, de oriente Nogera ; ex alia parte ipsa verneda
comitale, et riga de Benavent ; ex alia parte acequia de Santa Maria de Mur...
Papeles de Mur, núm. 25
Els capbreus ens informen sobre els censos que havien de pagar els
ocupants dels masos. Entre els productes que hi apareixen, dominen els
cereals i el vi, la qual cosa ens dona la pauta sobre les preferències dels
senyors alhora de rebre els pagaments dels pagesos. Aquestes exigències
senyorials influeixen en les estratègies de producció en la mesura que obliguen
a conrear determinats productes per a satisfer els pagaments. No és,
doncs, la llei del mercat la que condiciona la producció sino les imposicions
senyorials.
Ara bé, una explotació camperola no es limita a produir cereal i vi.
Hem vist com la diversificació és gran i ve condicionada per la política
d’autoabastiment. L’horta, la ramaderia, la caça i la recol·lecció és present en
la documentació escrita i es deixa veure en les traces fossilitzades en el
paisatge. Les petites terrasses properes als torrents, totes elles dotades d’una
senzilla però eficaç infrastructura hidràulica, en són una bona mostra. Els
corrals i vedats situats en zones de poc interès per a l’agricultura, així com
les terres de pastura, ocupen una gran part del territori estudiat, per no parlar
de les grans extensions de bosc i erms on la caça i la recol·lecció es devien
practicar de forma habitual.
La documentació no en parla gaire i, en tot cas, pensem que les dades
documentals no reflecteixen el pes d’aquestes activitats en l’economia
d’autoabastiment que estem descrivint. Inclús podem observar com els
censos satisfets per conceptes relacionats amb la ramaderia i l’ús del bosc i
l’erm, es pagaven amb cereal o vi.
A la vista d’aquestes dades, certament hem de contraposar dues
estratègies, la senyorial i la camperola que determinen les formes
3 Entenem per “insula” una zona propera al riu que és fàcilment inundable.
74

MARTA SANCHO
d’explotació i com a conseqüència, el paisatge que se’n deriva. Tot sembla
indicar que en l’estratègia senyorial, prima el cobrament en productes de
fàcil conservació i emmagatzematge : cereals i vi.
FIG.2 : Graners localitzats en la
intervenció arqueològica al Castell
de Mur. La seva amortització la
podem datar al segle XIII i
probablement van funcionar com
a graners durant els segles XI i
XII.
Productes que, per altra banda, són bàsics en la dieta i amb els que es pot
especular alhora de concedir préstecs als pagesos, especialment en cereals,
quan aquests no disposen de prou llavor per a sembrar els seus camps.
Pràcticament tots els masos deuen una petita quantitat en moneda, el què
obliga als pagesos a vendre al mercat una part de la seva producció. Així
mateix estan obligats a realitzar certes tasques en benefici del senyor, com
ara llaurar, traginar o batre. Dels pagaments en productes ramaders en
parlaren en un altre moment.
Un bon exemple serien els pagaments que deu el mas de Guillem de
Coll de Vilamolat, que trobem en el capbreu dels censos i drets del paborde
de Mur de l’any 1316 :
Item lo Capmas den Guillem de Col de Vilamulat, et den Maurina, fan moltó
mayench, un mug de blat mig ordi, mig forment, et 4 sesters de vi, et quista de diners
a merce, et jova, et carreg, et batuda quiscun.
Papeles de Mur. Vol II, pàg. 285
Davant d’aquestes exigències, el pagès es veu obligat a dedicar part
del seu esforç en la producció de determinat tipus de cereal – ordi i blat – i
vi. Així mateix ha de preveure la venda d’una part del seu producte per a
obtenir la moneda necessària per a satisfer els pagaments. Òbviament procurarà
posar a la venda aquells productes que puguin aportar més fàcilment el
diner que necessita.
El què més ens ha sobtat és la manca total de referències a censos
pagats amb productes frescos de l’horta. Aquests no formen part dels gustos
alimentaris dels senyors que, en alguns casos, podrien cobrir les necessitats
amb l’explotació directa de parcel·les d’horta. En la documentació de Mur
apareixen citats horts comtals : ... de ipso orto comitale... (Papeles de Mur,
75

EL MONTSEC ENTRE LA SERRA I LA VALL …
núm. 25). En tot cas, la inexistència de pagaments en aquest productes, deixa
una porta oberta a les estratègies pageses que dediquen molts esforços en
convertir els seus petits horts en veritables terrenys d’agricultura intensiva.
Els adobs, el regadiu i la gran varietat de productes que ofereix el conreu de
l’horta en totes les èpoques de l’any, converteixen aquestes parcel·les en un
dels recursos més productius de l’activitat pagesa.
Tampoc disposem de cap referència a pagaments satisfets amb lleguminoses,
les quals poden ocupar terrenys de secà o de regadiu, són fàcilment
emmagatzemables i ajuden a recuperar la qualitat dels sòls agrícoles.
En els capbreus no hi trobem referències a pagaments efectuats en oli
o olives però sí que ens apareixen en la documentació com a objecte de transacció,
ja sigui en donacions, compra-vendes o establiments. És el cas del
testament de Berenguer d’Altarriba, senyor del castell del mateix nom, de
l’any 1226. En aquest cas s’assenyala el pagament del delme de l’oli
conjuntament amb el del pa, el vi i el lli :
Et dimitto predicta ecclesia de Muro omnem decimam panis, et vini, et olei, et lini...
Et dimitto Ecclessia Santa Maria de Moror duos olivares qui ibi sunt ad solanes
meliores...
Papeles de Mur, núm. 185
Voldríem cridar l’atenció sobre aquesta precisió en la ubicació del
oliverars, situats en la millor solana.
Pel què fa al conreu de la vinya, podem dir que la seva presència és
constant en la documentació, tant en les transaccions com en els capbreus en
els que el vi apareix sempre com a producte emprat en el pagament de
censos. La concentració de vinyes en determinades zones ens indica un cert
coneixement de les condicions que afavoreixen el seu conreu ; zones seques i
assolellades, aprofitant els pendents orientats a llevant o a migdia. En aquest
sentit sembla clar el document de l’any 1214 en el que Alez de Llimiana fa
donació d’unes terres a Sant Miquel del Congost entre les que hi figura una
vinya. En les afrontacions trobem el següent text :
Et dono pro anima mea vel de parentorum meorum una vinea qui est a Sent..., in
capud de ipsa mea vinea un troz, et affrontat de una parte in vinea de Pere de
Galiner, de alia in vinea de Pere Carbonel, de tercia vero parte in vinea de nos
donatores.
Papeles de Mur, núm. 152
El vi és omnipresent en els censos que apareixen en el capbreu de
1316, del què se’n deriva que no hi havia cap explotació que no disposés de
parcel·les de vinya.
Els arbres fruiters – de fruita dolça i seca – apareixen associats a altres
conreus, en els horts i vinyes, però en la documentació no s’identifica el
tipus d’arbre, excepte en un cas on apareixen nogueres. Generalment es citen
aquests arbres com a arbores pomiferas et impomiferas (Papeles de Mur doc.
76

MARTA SANCHO
16), referint-se a arbres de fruita dolça – com ara pomeres, pereres o
pruneres – i a arbres dels que no se n’aprofiten els fruits.
En resum, podem concloure que l’activitat agrícola era força diversificada,
amb un domini del cereal – principalment blat i ordi – i de la vinya,
seguits de l’olivera, configurant, així, la trilogia clàssica de l’àmbit mediterrani.
No podem menysprear, però, el conreu de l’horta en petites parceles
dotades d’infrastructures hidràuliques sovint associades a l’existència de
molins fariners. Aquests, són molt nombrosos prop del riu i requereixen la
construcció d’unes infrastructures hidràuliques que resulten molt apropiades
per a l’acondicionament de parcel·les d’horta. Així mateix trobem citats els
arbres fruiters que acompanyen altres conreus i l’explotació de llinars i
canemars es realitzava en zones properes a corrents d’aigua on la seva
presència era espontània. No disposem de cap referència a lleguminoses tot i
que creiem que se’n conrearien.
Activitat ramadera
En una zona com la estudiada en la que bona part del territori no és
apta per al conreu, és evident que l’activitat ramadera havia de tenir un pes
important en el global de l’economia. Encara en l’actualitat, en les zones més
allunyades de la vall de la Noguera Pallaresa, la principal activitat és la
ramaderia. Les traces d’aquesta pràctica són evidents en el paisatge. Nombrosos
corrals dispersos en el territori, vedats i passos ramaders definits per
murs de pedra seca, en són una bona mostra. La pervivència i continuïtat
d’aquesta activitat i per tan de l’ús d’aquestes infrastructures, dificulta
establir cronologies clares sobre l’origen d’aquest elements. La seva tipologia
constructiva no ens permet, tampoc, precisar una datació.
Fig.3: Mur de pedra seca
que delimitava la via
pecuària (carrerada) que
atravessava el Montsec pel
Coll d’Ares. Al fons un
“cossol” o fita que marca
el pas dels ramats.
L’existència de pastures, “pascuis” ens apareix en la documentació en
les donacions i vendes de territoris amplis, com ara en la venda del castell de
Puigcercós de l’any 1288 (doc. 21 i 22), en l’acta de consagració de Santa
Maria de Mur de 1069 (doc.1) o en la confirmació d’una donació feta pel
comte de l’any 1175 (doc.2). Sempre, però, es tracta de referències molt poc
77

EL MONTSEC ENTRE LA SERRA I LA VALL …
concretes en les que no s’estableixen límits ni es parla dels ramats que hi
podrien pasturar, per la qual cosa no en podem deduir gairebé res. En els
mateixos documents es parla de “ferraginale” i “herbaticis” – zones de
plantes farratgeres i d’herba que es poden segar per emmagatzemar-les per a
l’hivern. En els establiments de masos sòl aparèixer el cens que han de satisfer
que s’expressa amb els mateixos termes que en la recopilació de censos
que figura en el capbreu. Es tracta, per tant, d’una informació indirecta però
que ens indica, sense cap mena de dubte, l’existència d’una activitat ramadera
intensa.
En el capbreu de 1316, és on trobem concentrada aquesta informació.
Cada un dels cent vint-i-un masos capbrevats, ha de pagar una quantitat
determinada en productes ramaders. Domina el moltó – entès com el mascle
castrat de l’ovella –, ja sigui mayench, viu, sencer o a parts :
Lo capmas de Ginebrell fa moltó viu...
Lo capmas den Guillem del Col de Vilamulat et den Maurina fan moltó mayench...
Lo capmas de Pere de la Torre et de na Ferrera fan V quartes de moltó...
Papeles de Mur. Vol II, pàg. 285
Aquest predomini dels pagaments en ovicàprits ens indica l’existència
de ramats d’aquest bestiar repartits per totes les explotacions. Probablement,
en la majoria de casos, no es tractaria de grans ramats sinó d’un pocs caps de
bestiar, suficients per a complir amb els pagaments i per aportar les proteïnes
necessàries per al nucli familiar. És important remarcar que en aquests
ramats hi hauria un determinat nombre d’ovelles, les quals produirien
diàriament una quantitat de llet amb la que es podrien fer formatges. També
se’n consumiria la carn de les ovelles velles i no aptes per a la reproducció i
caldria veure què se’n feia de la resta de corders, que podrien anar al mercat
o ser consumits directament pel nucli familiar. Les conserves amb oli o els
mateixos formatges permetrien conservar i disposar d’aquests aliments
durant tot l’any.
De les ovelles se’n trauria la llana amb la que, un cop filada, es farien
els vestits per a tots els membres de la família. Els draps de llana apareixen
ja en la documentació del segle XI i és molt habitual trobar fuseïoles per filar
en els diferents jaciments excavats de la zona, Castell de Mur, Fabregada i
Sant Martí de les Tombetes4.
4 En les memòries d’excavació d’aquests jaciments, es poden consultar les dades referents a
aquestes troballes. Actualment està publicada la memòria dels primers tres anys de recerca arqueològica
a Fabregada : SANCHO, M. et alii 1997 : “Ipsa Fabricata” : Estudi arqueològic
d’un establiment siderúrgic medieval. Universitat de Barcelona. Barcelona.
78

MARTA SANCHO
Pannis ex seda, et laneos, atque et lineos..5.
Papeles de Mur, doc. 1
Podria ser significatiu que en gairebé tots els casos el pagament
d’aquests moltons apareix en primer lloc en el llistat de pagaments, abans
que els que s’han de satisfer en cereals i altres productes. Potser ens podria
estar indicant el predomini de la ramaderia per sobre de l’agricultura.
En menor mesura trobem representat el porc, principalment en pagaments
de pernils. En algunes ocasions s’especifica aquest pagament en cas
que es mati el porc :
...et perna si porc mate...
...et l’onzè de porch...
Papeles de Mur. Vol II, pàg. 285
El darrer producte ramader que ens apareix són les gallines. Una o
dues gallines :
...un pareyl de gallines...
Papeles de Mur. Vol II, pàg. 285
No podem oblidar la producció d’ous de les gallines, pràcticament un
per dia durant tot l’any, i la seva importància en la dieta per la seva aportació
proteínica i de vitamines. La seva fàcil conservació és un altre aspecte a tenir
en compte, encara que no puguin conservar-se a llarg termini, tampoc no es
fan malbé amb facilitat.
Llegint el capbreu amb deteniment, es té la sensació que la ramaderia
era alguna cosa més que una activitat complementària de l’agricultura, i que
en una zona de mitja muntanya com l’estudiada, potser caldria entendre-la
com la principal dins l’economia pagesa. Un bon exemple d’això el podem
veure en els censos que paga un d’aquests masos capbrevats :
Item, lo capmas de Pere Soler fa un quarter de moltó, et dos sesters dordi de
carlania, et perna de porc sin mate, et quista de diners a merce, et sinch fogaces de
pa, un sester de forment a sester venal, un pareyl de gallines bones, et una gallina un
an per altre, et menyei dos homes, et jova, careg et batuda.
Papeles de Mur. Vol II, pàg. 285
Les explotacions pageses haurien de disposar, doncs, d’infrastructures
adequades per a la ramaderia, corrals, galliners, pastures d’hivern, d’estiu i
drets de pas per a accedir-hi, abeuradors i grans espais tancats per a deixar-hi
5 La referència d’aquesta cita als draps de seda, no implica que se’n produïssin en aquesta
zona, tot i que podria suggerir-ho. El fet que la producció de seda es considerés com una bona
possibilitat de desenvolupament econòmic a principis del segle XX, ens fa pensar fins a quin
punt no és possible pensar en aquesta activitat – que es pot considerar en certa mesura com a
ramadera –, ja en segles medievals.
79

EL MONTSEC ENTRE LA SERRA I LA VALL …
els ramats – els vedats –. Els drets d’ús de les pastures podrien estar
relacionades amb l’existència de comunals, els quals no ens apareixen en la
documentació consultada per a aquest període, però sí més endavant6. La
gestió d’aquests comunals dependria del comú d’habitants i podria, inclús,
establir lligams i pactes entre diferents comunitats, per tal de disposar de
pastures per a tots. Resulta evident l’efecte de la ramaderia en la construcció
del paisatge, amb zones tancades, boscos aclarits i poc densos, passos i
corrals que definirien les zones de pastures i serien zones d’accés habitual
pel bestiar i els pastors.
80
FIG. 4 : Zona de pastures
d’estiu al cap del Montsec
d’Ares. La deforestació
propiciada per l’activitat
ramadera hi és ben palesa.
Explotació de recursos naturals
És aquest un tema poc estudiat per a època medieval donades les
escasses referències documentals disponibles. L’aprofitament de recursos
naturals de tots tipus, va molt lligat a l’explotació dels comunals, dels boscos
i de les aigües. La caça, la pesca, la recol·lecció de fruits i plantes,
l’extracció de pedra per a diferents usos… són activitats que es consideren
complementàries que difícilment s’especifiquen en els textos escrits. Alguns
topònims com la Obaga de Peguera, el Barranc de Carboners, la Llosera, o
Vilamolera, ens indiquen els llocs on es realitzaven algunes d’aquestes
activitats.
Dissortadament se’ns fa difícil concretar una cronologia precisa tot i
que, en algunes ocasions la prospecció sobre el terreny ens pot aportar algunes
pistes. Aquest és el cas de Vilamolera, un lloc d’hàbitat agrupat, documentat
ja al segle XI, en el que encara es poden observar les marques deixades
per una continuada activitat d’extracció de moles de molí. Així mateix,
al lloc conegut actualment com el Serrat de la Capella, prop d’Alzina, es
poden observar les restes del què havia estat una llosera al costat de la mal-
6 Sobre els comunals i la seva desamortització veure : BONALES, J., 1999 : Les muntanyes
en venda. La desamortització de terres comunal a la Conca de Tremp, 1855-1931. La
Mañana. Lleida.

mesa planta d’una església romànica construïda amb lloses.
FIG. 5 : Pedrera per a l’extracció de
moles de molí de Vilamolera. El
topònim, prou significatiu de
l’activitat que s’hi desenvolupava, el
tenim documentat des del segle XI. El
tamany petit de les moles que s’hi
extreien (entre 80 i 100 cm.) també
ens suggereix una cronologia similar.
MARTA SANCHO
Encara que una mica tardà, disposem d’una informació documental
que ens indica la recollida – més que extracció – d’or del riu Noguera
Pallaresa, en el seu pas pel Congost de Terradets. Es tracta d’un document de
l’any 1526 del que només es conserva un resum, pel què es dedueix que el
paborde de Mur o el beneficiat de Sant Miquel del Congost, cobraven el
delme de l’or que els habitants recollien en la partida de Valentí, situada a
l’entrada del dit congost (Papeles de Mur, doc.10).
La resta de dades documentals sobre l’aprofitament d’aquests recursos,
es limita a referències molt generals en algunes donacions, en les que es
parla de “lignis, et pascuis et aquas” sense precisar com s’explotarien aquests
recursos (Papeles de Mur, docs. 16, 25 i 132). Menció apart mereix un
establiment de l’any 1303 en el que apareix una “Pexeria” associada a la
construcció d’uns molins. Sembla que en aquest cas estaríem davant de la
construcció d’una zona de cria de peixos de riu, aprofitant les infrastructures
hidràuliques relacionades amb els molins (Papeles de Mur, doc. 30)
Creiem, però, que la migradesa de les dades documentals no ens pot
fer pensar en una escassa activitat en aquest àmbit. La raó per la qual no
trobem dades escrites, pot respondre a l’escàs control exercit pel poder sobre
l’explotació d’aquests recursos, sense oblidar la força que exercirien les
comunitats d’habitants per a poder continuar explotant els comunals sense
interferències del poder feudal.
Si més no, sembla lògic pensar que la despesa en llenya per a les llars
dels habitants del territori deuria ser gran, igual que la de pedra i bigues per a
la construcció. Aquests mateix raonament ens porta a pensar en altres activitats
menys evidents per a la vida diària però que també es portarien a
terme, com per exemple : la producció de carbó i l’extracció de mineral de
ferro per a la farga de Fabregada7, l’extracció de moles de la que en tenim
7 Sobre aquest jaciment podeu consultar la memòria dels tres primers anys d’excavacions a :
81

EL MONTSEC ENTRE LA SERRA I LA VALL …
evidència en la prospecció arqueològica, la recol·lecció de tot tipus de fruits
de temporada, la caça i la pesca…
Aquestes activitats portarien als habitants de la zona a visitar espais
allunyats dels terrenys agrícoles i més aviat propers a les zones de pastures.
Per arribar-hi hi hauria camins i cada lloc es coneixeria amb un nom concret,
sovint relacionat amb el que allí s’hi podia trobar o fer. Seria el cas del
Barranc de Carboners o la Obaga de Peguera citats amb anterioritat. Així,
doncs, no quedarien gaires llocs desconeguts o inaccessibles i en tots seria
visible la ma de l’home en major o menor grau.
82
FIG. 6 : Obaga del
Montsec. La cobertura
del bosc domina en la
part baixa i mitja de la
muntanya mentre que a
les parts altes s’observa
la deforestació causada
per les pastures d’estiu.
La distribució de l’hàbitat
En un principi tant la documentació com la prospecció arqueològica
deixen veure una distribució de la població dominada per l’hàbitat agrupat.
A més dels pobles encara habitats en l’actualitat, hem pogut documentar
arqueològica i documentalment, un bon nombre de llocs d’hàbitat agrupat de
petites dimensions. Seria el cas de Sant Fruitós, documentat ja des de finals
del segle X, la vila de Torrenta o de l’Espona – la primera desapareguda en
l’actualitat i la segona identificada avui per una masia –. A aquests hem
d’afegir els nuclis habitats encara en l’actualitat i que ens apareixen en la
documentació des del segle XI : Alsamora, Moror o Alzina en serien alguns
exemples.
Alguns d’aquests llocs d’hàbitat responen al model que J. Bolós anomena
pobles oberts o casalers, com seria el cas de Sant Esteve de la Sarga,
La Clua, Vilamolera o Fabregada, aquests dos últims, però, disposarien d’un
perímetre emmurallat format per les mateixes cases. En ambdos casos
SANCHO, M. et alii 1997 : “Ipsa Fabricata” : Estudi arqueològic d’un establiment
siderúrgic medieval. Universitat de Barcelona. Barcelona.

MARTA SANCHO
l’església es troba situada a força distància de la darrera casa8. Altres, com
Moror, Castellnou o el Coscó són veritables viles closes, amb algun element
fortificat que actua de castell i amb muralles formades per les mateixes
cases. Alsamora i Alzina respondrien millor al model de poble castral organitzat
a l’entorn d’un castell, amb torre rodona i quadrada respectivament,
estratègicament situat en el punt més alt del lloc.
La diversitat dels models que trobem no ens impedeixen, però, destacar
alguns elements comuns, com per exemple la seva ubicació sempre a la
solana de la vall, en llocs poc aptes per al conreu i amb una visibilitat
excel·lent sobre el territori immediat. La comunicació visual entre ells és del
tot possible la qual cosa permet un control total del territori i de les vies de
comunicació.
L’hàbitat dispers en masos també hi és present encara que en menor
mesura. Els de Ginebrell i Formicó els tenim documentats per a la l’Edat
Mitjana i encara es poden observar les seves restes sobre el terreny. Altres
com Sallamana o La Grisa, tan sols disposem de les restes físiques però no
ens és possible establir una cronologia precisa per manca de documentació.
Respecte la resta de masos que apareixen citats en la documentació, especialment
en el capbreu, creiem que, majoritàriament, es refereixen a explotacions
agropecuàries en les que el lloc d’hàbitat es troba inclòs dins de les
petites viles documentades.
CLOENDA
Encara es aviat per extreure conclusions definitives sobre la pressió
humana i les transformacions del paisatge al Montsec a l’Edat Mitjana.
Malgrat tot la nostra recerca ens porta a dibuixar un paisatge marcat per una
activitat ramadera dominant en les zones mitjanes i altes de la muntanya.
Aquesta activitat propiciaria l’existència d’erms, de zones de farratge i d’un
bosc aclarit apta per a les pastures on trobaríem infrastructures relacionades
amb la ramaderia com ara vedats, carrerades o cabaneres, fites de límits i de
passos (cossols i pilarets), corrals i cabanes de pastor. Tots aquests elements
són visibles en l’actualitat sense que sigui possible, per ells mateixos
d’establir la seva cronologia.
En els llocs més inaccessibles d’aquesta muntanya trobarien un bosc
més tancat d’on s’extraurien els recursos forestals (fusta, carbó, pega...).
L’aprofitament de minerals i pedra (òxids de ferro, moles de molí, lloses...)
8 Veure BOLOS, J.,1998 : “Els pobles de Catalunya a l’Edat Mitjana. Aportació a l’estudi de
la morfogènesi dels llocs de poblament” a Territori i Societat, núm. II, pàgs. 69-138.
Universitat de Lleida. Lleida
83

EL MONTSEC ENTRE LA SERRA I LA VALL …
es realitzaria en aquells llocs on les característiques geològiques fossin les
apropiades i en algunes ocasions propiciarien l’existència de llocs d’hàbitat
relacionats amb l’activitat extractiva i de transformació. Seria el cas de
Vilamolera o del poble situat al lloc anomenat el Serrat de la Capella i,
evidentment, de Fabregada.
Activitats com la caça i, sobretot, la recol·lecció, es desenvoluparien
en zones boscoses, erms i llocs on no s’interferís amb la ramaderia ni
l’agricultura. En algunes ocasions aquestes activitats derivarien cap a una
semiagricultura i semiramaderia com seria el cas del lli, el cànem i
l’apicultura.
Les àrees destinades a l’agricultura les trobem en les zones més planes
del fons de la vall principal (Noguera Pallaresa) i dels seus afluents (Torrent
de Sant Esteve i del Bosc), i en aterrassaments propers als llocs d’hàbitat
aprofitant les poques terres conreables disponibles. Les terres més
assolellades i ben orientades estarien dedicades a la vinya i, en algunes ocasions
a l’olivera. La resta de terres de secà es destinarien al conreu del cereal.
Prop dels rius l’horta dominaria el paisatge en petites parcel·les dotades
d’una simple però eficaç infrastructura hidràulica. A la vall de la Noguera
Pallaresa, aquestes infrastructures tindrien major entitat i estarien
relacionades amb molins fariners, tot i que també en trobem en les petites
valls dels afluents.
Pel que fa a la distribució de la població, al Montsec domina l’hàbitat
agrupat en petites viles amb algunes mostres d’hàbitat en forma de masos
aïllats. Per altra banda, la gran quantitat de nuclis d’hàbitat que tenim documentats
o localitzats en prospecció arqueològica, ens permet parlar d’una
gran densitat de població en tota la zona estudiada el que suposaria una forta
pressió sobre el medi i els recursos disponibles.
Al nostre parer considerem que les activitats productives que podem
documentar en una zona de mitja muntanya com el Montsec a l’Edat
Mitjana, ens mostren una gamma molt àmplia que trenca amb la idea d’una
economia eminentment agrícola que sembla despendre’s de la documentació
escrita. Pels habitants de la zona, la mateixa necessitat d’autoabastir-se, la
capacitat de decidir les estratègies de producció, els seu sistema tècnic i la
seva capacitat de treball els portava a explotar tots els recursos disponibles i
a explorar el territori fins a l’últim racó, per inaccessible que pogués semblar.
El territori s’antropitza, es construeix un paisatge que els habitants
entenen i perceben com una font de recursos que cal conèixer i aprofitar,
independentment dels lligams institucionals o jurídics que puguin pesar
sobre ells i sobre el mateix territori.
84

BIBLIOGRAFIA
MARTA SANCHO
BOLOS, J., 1982 : “Anàlisi pol·línica i història medieval. Aportació al coneixement del
paisatge pirinenc durant l’edat mitjana” a : Quaderns d’Estudis Medievals, pàgs. 635-
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85

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ :
EXPLOTACIÓ I GESTIÓ DELS RECURSOS
NATURALS A LA VALL DE RIBES A L’ÈPOCA
MODERNA1
1. INTRODUCCIÓ HISTORIOGRÀFICA
Tünde MIKES*
Els Pirineus han representat des de finals del segle XIX un dels temes
i indrets predilectes de les ciències socials2. Des dels estudis sociològics de
Frédéric Le Play, la zona occidental de la serralada ha esdevingut un cert
museu mític de l’empirisme històric. Les observacions de Le Play, creador
de la famosa expressió de la ‘família troncal’, sobre pressupostos familiars3
o sobre la tipologia i organització familiar4 inicien una sèrie d’estudis que
col·laboren a concebre una visió ahistòrica, misteriosa i tancada de la carenada.
Altres han donat preferència a les anàlisis jurídico-polítics. L’obra ja
clàssica d’Henri Lefèbvre sobre la vall de Campan5 és un examen de sociologia
històrica de les comunitats rurals on tant les estructures supralocals
com les familiars queden en segon terme o bé oblidades6.
1 Aquest article és fruit de l’estudi preliminar al projecte de recerca “Família i patrimoni en
un país de muntanya : la Vall de Ribes en els segles XVII-XVIII” .
* Profesora de la UdG i de la UNED – Barcelona.
2 Les nostres referències bibliogràfiques no ténen la intenció de ser exhaustives, més aviat
marquen el trajecte d’algunes lectures de l’autora, sempre concient de la complexitat i de la
riquesa, tan del tema com dels enfocaments.
3 Frédéric LE PLAY : Les Mélouga. Une famille pyrénéenne au XIXe siècle, 1994, Nathan,
collection Essais et recherche.
4 Frédéric LE PLAY : L’organisation de la famille selon le vrai modèle ; Tours, Mame, 1871.
5 Henri LEFÈBVRE : La Vallée de Campan ; Paris, 1963.
6 La monografia de A. SARRAMON sobre “Les Quatre-Vallées” és un recorregut de la seva
història – amb especial èmfasi en els aspectes relatius al feudalisme i a la vida política i
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 87 - 118 87

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
El bell compendi de Bartolomé Bennassar sobre la cadena veu la profunda
originalitat del Pirineu en la seva vida comunitària. La comunitat és el
marc esencial d’una vida social intensa7.
Les observacions fetes sobre el Béarn per Pierre Bourdieu8 obren un
seguit de recerques en les quals la família, els sistemes familiars i, particularment,
les estratègies matrimonials, productes de “l’habitus”, signifiquen
l’instrument de la reproducció biològica, cultural i social per a transmetre el
conjunt de poders i privilegis que cada generació hereda.
Una interessant empresa dels anys 80 va ser la recerca interdisciplinària
en les “Baronnies des Pyrénées” : es tracta d’una aproximació al tema des
de punts de vista de la geografia, de l’antropologia social i de la història9.
Una bona part de les recerques catalanes actuals ténen com a objectiu
l’anàlisi de la construcció de les comunitats com a ens autònoms i la seva
gestió dels recursos naturals. En aquesta línia d’investigació s’inscriuen els
treballs publicats sobre la Val d’Aran10 i les valls del Pallars11. Investigacions
dels últims anys subratllen les interrelacions entre les cases i les
comunitats en les valls d’Andorra12. La Cerdanya representa un cas diferent
per raó de la seva organització, tant pel que fa a l’espai com a les comunitats.13
económica. La familia i la casa s’estudien en el marc de la vida cotidiana ; cf. op. cit., Éd.
Milan, Toulouse ; 1983.
7 Bartolomé BENNASSAR : Mentalités,comportements et croyances. In : Les Pyrénées. De
la montagne à l’homme. Toulouse, Privat, 1974, pp. 230-231.
8 Pierre BOURDIEU : Célibat et condition paysanne, in : Études Rurales, V-VI.1962, pp. 32-
135 ; Les stratégies matrimoniales, Annales ESC, 1972, pp. 1105-1127.
9 Isac CHIVA- Josep GOY /s.d./ : Les Baronnies des Pyrénées, I : Maison. Mode de vie.
Société. EHESS Paris 1981 i II : Maisons, espaces, familles ; EHESS, Paris, 1985.
10 Patrice PUJADE dedica més atenció,d’una certa manera,a la institucionalització política i
al paper d’aquesta en les relacions de la vall amb les dues monarquies : Une vallée frontière
dans le Grand Siècle : le Val d’Aran entre deux monarchies ; Aspet, PyréGraph, 1998.
La obra de Mª Angels SANLLEHY I SABÍ, després de situar la vall en el Pirineu busca els
seus vincles amb la monarquía i amb Catalunya per dedicar la gran part de la tesi a la gestió
dels recursos per part de les comunitats : Comunitats, veïns i arrendataris a la Val d’Aran, s.
XVII-XVIII : dels usos comunals a la dependència econòmica, vols. I-II-III.. Col. Tesis
Doctorals microfitxades, nº 2950. UB. 1996.
11 J.M. BRINGUÉ I PORTELLA : Comunitats i béns comunals al Pallars Sobirà, segles XV-
XVIII. Tesi doctoral inèdita,vols. I-II-III. UPF,1995.
12 Martina CAMIADE BOYER : La casa en la comunitat andorrana del s. XVII al s.XIX.
Solidaritats i estratègies d’aliances i de poder ; Ed. Andorra, 2001.
13 André BALENT : La Cerdagne du XVIIe au XIXe siècle : la famille Vigo, casa –
frontières – pouvoirs ; Ed. Trabucaire 2003, Err sous la Monarchie de Juillet et la Seconde
88

2. OBJECTIUS DE LA RECERCA
TÜNDE MIKES
La comunitat rural o pagesa – paraula amb una dispersió i diversitat
semàntica elevada – com a factor d’identitat pot tenir diverses aproximacions.
La històrica és una d’elles que argumenta sobre les dimensions institucionals,
socials i econòmiques al mateix temps que intenta veure-la en el
seu desenvolupament. A l’interior d’aquestes comunitats la pertinença a un
mateix territori i a un determinat grup de parentiu/domèstic (casa) comportarà
diversos nivells d’organització i diverses formes de cohesió ben diferenciades14.
El present estudi té com a objectiu oferir l’anàlisi de la formació de les
comunitats locals de la Vall de Ribes – parròquies i universitats – i alhora
explicar els orígens i l’evolució de la vall com a entitat supralocal,
integradora i d’enllaç entre aquestes localitats i els poders superiors15. En
segon terme, examinarem com aquestes comunitats utilitzen els recursos
naturals : l’apropriació i l’explotació del sòl serà sempre un dels elements
que reflectiràn tan el creixement o decreixement demogràfic com d’altres
fets determinants. La seva gestió revelarà trets característics de la identitat de
les comunitats muntanyenques dels Pirineus.
3. LA VALL DE RIBES EN EL CONJUNT DE LES COMUNITATS
PIRINENQUES
Situada en l’extrem oriental de l’àrea pirinenca, on les “valls” territorials
tingueren una importància en l’organització de l’espai, també experimenta
la influència septentrional de l’àrea del nord-est de Catalunya sota el
domini franc i dels seus comtats catalans16. Per tant, la Vall de Ribes parti-
République, in : Domitia, nº 3. janvier 2003. pp. 49-91, i Marc CONESA : Maisons, familles
et patrimoines . Le système à maison en Cerdagne, XVIIe-XVIIIe siècles, in : Domitia ; nº 2,
février 2002, pp. 115-141.
14 Cfr. Bernard DEROUET : Territoire et parenté. Pour une mise en perspective de la
communauté rurale et des formes de reproduction familiale ; in : Annales HSS, 1995, nº3,
p. 645.
15 Isac CHIVA en 1958 es lamenta a causa de l’escassetat dels estudis sobre comunitats,
acceptant la rellevància de les del Pirineu (“fédérations de communautés villageoises”) des de
punts de vista del poder local i la seva relació amb instàncies superiors : Les communautés
villageoises. Problèmes, méthodes et exemples de recherches, Rapports en sciences
sociales,nº 10, Unesco,Paris, 1958, pp. 15-18. 40 anys més tard ell mateix questionarà la raó
de ser d’aquestes recerques. Isac CHIVA. : Les monographies de villages et le
développement,in : De village en village. Espaces communautaires et développement. PUF
Paris – Cahiers de l’I.U.E.D. Genève, 1992, pp. 15-46.
16 Jordi BOLÒS I MASCLANS – Josep MORAN I OCERINJAUREGUI : Repertori
89

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
cipa en la unitat d’una cultura pirinenca, combinació de diversos elements
definitoris17. Una forma de subsistència d’economia de muntanya agro-pastoril
s’entrellaçava amb les unitats bàsiques de l’estructura social, com el
sistema familiar – ’cases’ – i les comunitats rurals ; tant els components
materials d’aquestes unitats, com els valors socials i simbòlics que representen,
formen la seva cultura pròpia18.
Els criteris d’ordenació de l’espai d’aquestes comunitats pirinenques
ens mostren la complexitat del sistema : la coexistència de béns comunals
amb béns particulars familiars, en porcions variables segons la conjuntura
demogràfica i l’equilibri creat amb els recursos naturals, explicarà la existència
de disciplines col·lectives i de servituds recíproques. L’organització i
l’exercici del poder local engloba / amaga una sèrie de jerarquies socials
l’orígen de les quals es troba en l’estructura familiar i en les característiques
relacions d’aliances i de parentius de les societats de muntanyes, on la base
econòmica de tota aquesta infraestructura serà una economia que casa agricultura
i ramaderia19.
Al dualisme territorial representat per la dicotomia col·lectiu particular
i al dualisme social encarnat en la comunitat local i en les unitats domèstiques
hi hem d’afegir un dels elements més característics dels Pirineus :
l’existència i el funcionament de les comunitats de les valls, com identitat
supralocal. La interacció d’aquesta pluralitat d’elements donarà lloc a una
construcció orgànica de quatre nivells simbolitzada per la ‘casa’20, la ‘comunitat’,
el ‘quart’ i la ‘vall’21.
d’Antropònims Catalans, I., segles IX-X, Barcelona, Institut d’Estudis Catalans, p. 29.
17 Expressió dilecte de Ramón VIOLANT I SIMORRA ; Cfr. El Pirineo español. Vida, usos,
costumbres... de una cultura milenaria... Barcelona, Ed. Alta Fulla, 1949.
18 Dolors COMAS D’ARGEMIR : La definició de la cultura pirenaica, in : Muntanyes i
població. El passat dels Pirineus des d’una perspectiva multidisciplinària, ed. Jaume
Bertranpetit i Elisenda Vives, Andorra la Vella, 1995. pp. 333-336.
19 Cfr. : Louis ASSIER-ANDRIEU : La communauté villageoise. Objet historique, enjeu
théorique., in : Ethnologie française, 16 (4), 1986, pp. 351-360.
20 En aquest estudi no figura – o només de forma implícita – l’anàlisi de les estructures
socials de la vall. Per a aquest tema v. Tünde MIKES : Comunitats i ‘cases’ a la Vall de Ribes
en els segles XVII-XVIII ; Ve Congrés d’Historia Moderna de Catalunya, 15-19 de desembre
de 2003, en premsa.
21 La importància d’aquesta entitat supralocal – a vegades “inter-villageiose” és reconeguda
per molts autors, entre d’altres cfr. I. CHIVA-J. GOY (1985) : Les Baronnies... I ;
Introducció, pp. 9-10 ; Manuel RIU RIU recull un conjunt de temes i problemes sobre el
paper i la identitat de les valls amb personalitat pròpia en els Pirineus, in : El poblament dels
Pirineus, segles VII- XIV, in : Muntanyes i població, pp. 195-220.
Un dels primers autors catalans a parlar d’aquestes valls com elements definidors del sistema
va ser el jurista i historiador Josep PELLA I FORGAS, coneixedor del Pirineu arran de les
90

4. LA VALL DE RIBES : DESCRIPCIÓ GENERAL
TÜNDE MIKES
La Vall de Ribes és una de les grans i altes22 valls més orientals dels
Pirineus catalans, formada per la confluència de tres rius i així de tres valls
principals. Representa una sortida natural d’importància singular cap al sud i
així cap a Barcelona i cap al mar per a la “cicatriu pirinenca” que té la
Cerdanya al mig23. A l’extrem nord del solc prepirinenc24, a l’època de les
invasions era una de les zones de refugi més ben determinades de la serralada.
Això explica la solidesa d’un poblament molt antic25 i de “cultures
pirinenques” molt resistents. La seva situació d’extrem tancament vers totes
les direccions i amb una sortida dificultosa cap a França determinarà diverses
realitats del seu passat26.
La caracteritzen una agricultura muntanyenca i una policultura que
lluita des de molt antic amb una ramaderia invasora. Però també és terra de
mines i d’indústria : de ferro, de fusta, de paper, de llana i de tèxtil : primer
artesanal i després amb molta vehemència, a partir de finals del segle XVIII,
industrial.
És un territori de pluviositat forta – en general no pot comptar amb
cap mes sec a l’any. La gran varietat de climes locals que van des del continental
en la part septentrional al mediterrani en els seus confins meridionals,
explica la seva gran riquesa de flora com es pot encara comprovar en
l’actualitat. Mentre que en el seu marge oriental es concentren les grans
zones de prats húmids, moltes vegades objecte de discussions entre els
diversos pobles, la part occidental está coberta de frondosos boscos27. Però,
seves gestions a favor d’aquests pobles amb ocasió del procés de la desamortització civil
endegat per l’Estat a partir de mitjans del segle XIX. Cfr. : Llibertats y antich govern de
Catalunya, Barcelona, 1905, utilitzant com a base bibliográfica gairebé única l’obra de J.
Cénac Moncaut : Histoire des peuples et des États pyrénéens depuis l’époque celtibériennne
jusqu’à nos jours.
Josept Mª FONT I RIUS : Antiguas instituciones locales de los valles pirenaicos catalanes ;
in : IVe Congrès International d’Études Pyrénéennes, Pau et Lourdes, 1962. p. 44.
22 La part de la ribera se situa a 800 ms, però el seu cim mès enlairat, el Puigmal es troba a
una altura de 2 900 ms.
23 Pierre VILAR : Catalunya dins l’Espanya moderna ; Ed 62, Barcelona, 1986 4, I. pp . 251-
259.
24 Avui és la part nord-occidental de la comarca del Ripollès.
25 Alguns topònims de la vall es remonten a èpoques preromanes (Núria) o romanes
(Fustanyà) : Catalunya Romànica, X., Ed. Enciclopèdia catalana, Barcelona, 1987 ;
Montserrat PAGÈS, El marc historic, p. 18.
26 La vall pertany a aquella zona fronterera que diverses vegades formarà part del territori de
diferents regnes. Senyalarem aquestes èpoques sense estudiar el “fet fronterer”.
27 Josep VIGO I BONADA. : La flora de la Vall de Ribes, in : Queralbs, VVAA ; Centre
91

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
les clàssiques descripcions geogràfiques allò que subratllen és la seva
pobresa pel que fa a la qualitat del sòl28, igual que la seva riquesa en aigues
minerals i fluvials, procedents dels rics aqüifers i dels rius Freser, Segadell i
Rigart29.
En la actualitat la formen dues parts : la Vall de Ribes pròpiament dita
i la Vall de Toses. En conjunt representen una superfície d’uns 262 km². En
l’època medieval i moderna la Vall de Toses – les parròquies de Dòrria,
Toses, Planès, Nevà i alguns veïnats o masos – era una baronia en poder de
la família dels Pinòs i Mataplana i representava una entitat jurídico-política
diferent30. Així, la Vall de Ribes propiament dita comptava amb un territori
d’uns 200 km².
Segons les dades demogràfiques disponibles, la vall – com d’altres
territoris pirinencs – va tenir els seu màximum medieval de població en la
primera part del segle XIV : 0,95 focs per km². Les darreres dècades del
mateix segle i la primera part del següent estan marcades per diverses catàstrofes
naturals que van fer minvar la seva demografía : el terratrèmol del
1374 i el del 1428 foren especialment mortífers, de manera que només una
sisena part de la població va poder sobreviure. La Vall no tornarà a recuperar
aquell nivell perdut de població fins la segona meitat del segle XVI i això,
encara, gràcies a la immigració francesa. Per contra, el segle XVIII
contempla un període de notable creixement demogràfic : entre el cadastre
de 1719 i el cens de Floridablanca del 1787 la vall pot comptar amb un
ascens situat al voltant del 60 %31.
Excursionista de Catalunya ; Ed. Montblanc-Martín, Barcelona, 1985, pp. 101-111.
28 Una opinió contrària trovarem a l’obra de Francesc CAPDEVILA i VENTÓS que subratlla
la importancia de la quantitat de fems del que depèn la qualitat de la terra que en si mateix no
considera com a dolenta ; cf. F.194 de “Respuesta al interrogatorio... de Francisco de
Zamora” ; 1789, manuscrit nº 2436 de la Biblioteca de Palacio Real de Madrid. Dono les
gràcies a Miquel Sitjar per facilitar-me’n una copia.
29 Per a una visió més detallada, v. el “Diccionario geográfico-histórico de España...” de
Pascual MADOZ, v. XII./II, Madrid, 1849 sobretot pp. 261-266, i la “Geografia general de
Catalunya “ dirigida per Francesc CARRERAS Y CANDI, “Provincia de Gerona “ per J.
Botet i Sisó, Barcelona, 1911.
30 El present treball no estudia aquesta entitat baronal. Per a la relació de la Baronia amb les
comunitats de la vall v. Joan SERRA I VILARÓ : Baronies de Pinós i Mataplana I-II-III. ;
Bagà, 1989 (reproducció facsímil.)
31 Josep IGLÉSIES I FORT : Demografia pretèrita i actual del Ripollès ; in : Annals, Centre
d’Estudis Comarcals del Ripollès ( CECR), 1992-93, pp. 123-161.
92

5. RESUM HISTÒRIC32
TÜNDE MIKES
‘Vallis petrariensis’ en els primers documents medievals dels segles
IX-X33 ; a l’ època moderna presenta un hàbitat semiconcentrat. La vila de
Ribes, al fons de la vall, a la riba del riu Freser, n’ha esdevingut la capital,
mentre que els altres pobles – llocs – es situen a la falda de la muntanya, a
mitja altura. Tenen com a centre l’església parroquial : Ribes (900)34,
Queralbs (978), Fustanyà (anterior a 978), Pardines (988), Planoles (1141),
Ventolà (probablement finals del s. X), Campelles (1035)35 i Bruguera
(1092), amb les cases mes antigues en la seva proximitat36. Entre aquests
nuclis de poblament i el fons de la vall es troben dispersos uns pocs veïnats o
masies, alguns dels quals són d’època primerenca mentre que d’altres són
construccions d’època moderna37 i responen a una altre dialèctica de
32 Les fonts documentals amb que pot comptar la recerca no són extremadament variades ni
són sempre riques per al nostre tema. Els arxius parroquials custodiats a l’arxiu diocesà de la
Seu d’Urgell són, en el cas d’alguns pobles, incomplets. Els arxius municipals moltes vegades
han estat cremats – o s’ha dit que foren cremats durant els segles. La font principal amb que
pot comptar la investigació són les actes dels protocols notarials custodiats a l’Arxiu Històric
Comarcal de Puigcerdà. El present article també s’ha basat en algunes fonts medievals
editades, en fonts municipals i de famílias dels segles XVI - XVIII guardades a la vall i en les
del corregiment que es troben a Puigcerdà.
33 Els estudis històrics sobre la vall no són nombrosos. No compta ni amb estudis de la època
romàntica ni de la positivista. Alguns articles apareguts en els diaris“Petrària” i “Veu del
Freser” en els anys vint i trent del segle XX són testimonis d’un cert interès patriòtic
d’aquella època. Entre ells només esmentem la figura de Jaume MARTÍ SANJAUME, autor
del “Dietari de Puigcerdà”, vegeu infra. Dos obres etnogràfiques de Salvador VILARRASA I
VALL enriqueixen el llistat : La vida dels pastors ; Ripoll,1981 i La vida a pagès ; Ripoll,
1975. La ùltima dècada ha vist aparèixer moltes publicacions, centrades en aspectes de
llegendes, tradicions populars,albums de fotos i relats de viatgers. Una nova etapa signifiquen
les monografies de pobles, dirigides a un pùblic ampli. Entre aquests hem d’esmentar les
monografies escrites per Miquel SITJAR I SERRA amb un gran coneixement de fonts
arxivístiques. Cfr. Ribes de Freser, Girona, 1994 ; Campelles ; Ajuntament de Campelles,
2000 i Dòrria : 1100 anys de vida ; Ajuntament de Tosses, 2003.
Una de les obres més completes, tant per la varietat dels seus temes com per la qualitat de les
seves aportacions és el que s’ha publicat sota el títol de ‘Queralbs’ cfr. Supra, n.27.
34 Cfr. Francesc CAPDEVILA I VENTÒS : “...Respuesta al interrogatorio ...” ; op. cit.
f.190 ; Antoni PLADEVALL a la “Catalunya Románica” (v. X, p. 196) esmenta com a
primera data documentada de l’església l’any 1035.
35 Dec aquesta data a Miquel Sitjar.
36 Els numeros entre parentesi representen les dades de la consagració o de la primera menció
d’aquestes esglésies. Moltes vegades sabem de l’existència d’un poblat o d’una concentració
d’habitants que construeixen l’església i després demanen la seva consagració al bisbat.
Dades de la Catalunya Romànica, vol. X, Ed. Enciclopedia Catalana, Barcelona, 1987.
37 Per a la tipologia d’hàbitats, v. Jordi BOLÒS I MASCLANS : Organització del territori i
93

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
concebre i d´utilitzar l’espai. La lectura dels primers capbreus coneguts de la
Vall de Ribes, dels anys 1283-1284, i la dels documents dels segles XVI-
XVIII ens ofereix una possible comparació38.
Zona de pas per a les civilitzacions prehistòriques39, territori amb una
possible població permanent40, la vall, part del domini franc primer, i
després com a peça integrant del comtat de la Cerdanya, participarà en la
formació del núcli dels futurs comtats catalans41. Els mapes42 ens informen
de la diversitat de les seves relacions econòmiques, polìtiques i eclesiàstiques.
Entre 1276 i 1344 la vall s’incorpora al regne de Mallorca, franja
estretíssima entre els dos regnes poderosos de França i de la Corona
d’Aragó. El territori es mantindrà sota jurisdicció reial fins a la seva venda
per meitats : entre els anys 1200-1213 a la família Ribes ; i a finals del segle
XIV a la família dels barons de Mataplana i Pinós. En aquests moments43 la
vall ja constitueix una vegueria, una circumscripció territorial bàsica per a
l’administració de la jurisdicció ordinària44. A començaments del segle XV
poblament a l’edat mitjana als Pirineus Catalans ; p. 221, 224 i 226 in : Muntanyes i població.
El passat desl Pirineus des d’una perspectiva multidisciplinària. ed. Jaume Bertranpetit i
Elisenda Vives, Andorra la Vella, 1995 ; i Manuel RIU RIU : El poblament dels Pirineus,
segles VII-XIV. ; in : Muntanyes i població... pp. 195-220.
38 Editats primer per B.-J. ALART :Documents sur la langue catalane des anciens comtés de
Roussillon et de Cerdagne, Paris, 1881 (només alguns fragments del document ; pp. 39-48) i
en dos ocasions per Ph. D. RASICO : El capbreu de la Vall de Ribes, edició crítica filològica
i estudi lingüístic ; in : Boletín de la Academia de las Buenas Letras de Barcelona ; 1989-
1990, XLII, pp. 160-201. Manuel RIU l’analitza des de punts de vista de la cultura material i
de l’economia de la vall, in : El poblament dels Pirineus, segles VII-XIV, in : Muntanyes i
població... pp. 213-214. El més significatiu és l’absència de Campelles i de Bruguera, els dos
llocs situats a la part meridional de la vall. Bruguera capbreua al monestir de St. Joan de les
Abadesses i Campelles al de Ripoll.
39 Eudald CARBONELL-Núria CULÍ-Ramon BUSQUETS : Els pobladors prehistòrics de la
vall del Freser ; in : Queralbs,op. cit. pp. 22-32
40 Cfr. Catalunya Romànica, v. X., p. 20
41 Començarà a ser administrada per la Cúria comtal en temps de Ramon Berenguer IV, in :
Thomas N. BISSON : Fiscal account of Catalonia under the early count-kings (1151-1213) I-
II- University of California Press, 1984. I. p. 185
42 Jordi BOLÒS I MASCLANS – Victor HURTADO : Atlas històric de Catalunya,anys 759-
992 ; Ripoll-Olot ; Fulls 10-1, 10-2, 10-3. Ed. Mirador, 1984.
43 Cfr. Flocel SABATÉ I CURULL : El territori de la Catalunya medieval. Percepció de
l’espai i divisió territorial al llarg de l’edat mitjana, Fundació Salvador Vives i Casajuana,
Barcelona, 1997, pp. 489, 491, 493 i 495.
44 Tanmateix més endavant el compartiment i repartiment de la jurisdicció ordinaria del rei
reconeixerá la vall com una sots-vegueria depenent de la vegueria de Puigcerdà. Cfr. Lluís de
PEGUERA : Practica, forma, y estil, de celebrar Corts generals en Cathalunya, y materias
incidents en aquellas ; Barcelona, 1701, amb estudi introductori de Tomàs de Montagut ;
94

TÜNDE MIKES
es redimeix del poder senyorial i busca la protecció de la jurisdicció reial.
Són anys de desastres naturals : diferents terratrèmols fan minvar la seva
població. A mitjans del segle XV rep els privilegis reials més complets de la
seva història (1458)45. Poc li durarà el seu gaudi pacífic : el seu territori
quedarà cedit a França entre 1463 i 1493, arran de la guerra civil catalana
dels temps de Joan II. Per tant caldrà obtenir el reconeixement i la confirmació
dels monarques francesos per tal de revalidar la seva vigència46. Ferran II
aixecarà la hipoteca i la vall tornarà a formar part de Catalunya47. Els segles
XVI i XVII seran testimonis de diverses tensions socials, polítiques i militars
però significaran alhora la renovació i el manteniment dels privilegis i de les
institucions així com la participació de la vall en la política del país : en les
Corts Generals assistirà el seu síndic com a membre del braç reial48. El segle
XVIII presentarà atributs diferents : els de la integració forçosa a una
monarquia absoluta imposada per una nova dinastia enemiga de mantenir
l’autonomia de les comunitats locals o comarcals que s’estimava
incompatible amb l’absolutisme. Tot i així, serà una època de creixement
demogràfic i econòmic49.
6. LA FORMACIÓ DE LES COMUNITATS RURALS I DE LES
COMUNITATS I ENTITATS SUPRALOCALS
Trobem el primer esment dels habitants d’aquest territori a les actes de
consagració de les esglésies de la vall. Com ja hem vist, les dates són dels
Madrid, 1998, pp. XLIV-XLVI i (143-144), malgrat que les fonts locals mantenen l’ús del
terme de “veguer”.
45 Ferran VALLS I TAVERNER : Privilegis i ordinacions de la Vall de Ribes, Saragossa,
1992.
46 Capítols concordats entr’els homes de la vall de Ribes i en Jofre Masecre, comisari del rei
Lluís XI de França ; 1 de juny de 1463 ; Ibid. pp. 608-610.
47 Cfr. Les veus de ‘tractat de Baiona’ (1462) i ‘tractat de Barcelona’ (1493) escrites per
Josep Mª BRINGUÉ I PORTELLA en el Diccionari d’Història de Catalunya, dir. Jesús
Mestre, Barcelona, 1992,pp. 86 i 102, respectivament. Mª Teresa FERRER i MALLOL :
L’associació de municipis de l’Edat Mitjana. El carreratge de Barcelona ; in : 750 aniversari
dels privilegis atorgats per Jaume I a la ciutat de Barcelona, Saló de Cent, 10 de febrer 1999,
p. 32.
48 Núria SALES : Els segles de la decadència/segles XVI-XVIII/ in : Història de
Catalunya,dir. Pierre Vilar, Edicions 62 ; Barcelona, 1989, pp. 67, 256 .
49 Per a confeccionar aquest resum històric, s’han utilitzat les següents obres : B. ALART :
Privilèges et titres relatifs aux franchises, institutions et propriétés communales de Roussillon
et de Cerdagne depuis le Xe siècle... Perpignan, 1874. pp. I-III ; 1-30. ; BISSON, op. c.,
Jaume MARTÍ SANJAUME, : Dietari de Puigcerdà, 1926. Ripoll ; Catalunya Romànica, vol.
cit. ; Miquel SITJAR I SERRA : Ribes de Freser ; Quaderns de la Revista de Girona, 1994.
95

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
segles IX-X, i algunes del segle XI. Segons els noms de les persones que
figuren en elles, es tracta en cada lloc d’un grapat de famílies. Ja el sol fet de
la petició d’aquest col·lectiu al bisbe de consagrar la seva església significa
una certa conciència de grup. Aquesta organització parroquial esdevé també
amb el temps un marc civil i administratiu (el comú), de manera que el terme
parroquial, igual que a d’altres indrets del Pirineu, s’anirà consolidant com
un àmbit d’enquadrament alhora religiós i civil, i per tant com a marc
comunal de la solidaritat – i de les lluïtes – veïnals50, fins a esdevenir,
parròquia i comú, dues organitzacions unides de forma indissoluble51. En
aquests primer temps es pot veure la gestació de la instància més reduïda en
l’organització de la comunitat52.
Els homes de la Vall Pedrera rebrien la seva primera carta de franquesa
en 1087 de mà de Guillem-Ramon, comte de Cerdanya que els eximiría
de l’obligació de pagar lleuda al mercat de Ripoll, a canvi d´haver donat
en alou al cenobi de la mateixa vila les set valls de Núria com a pastures53.
Els segles XI i XII són l´època de la feudalització, les manifestacions de la
qual estaràn presents duran segles. Coexisteixen bens reials amb bens
feudals : el domini reial de la vall, gestionat per Ramon de Ribes, es distingeix
clarament de les fortificacions i dels drets infeudats a Galcerán de Sales,
vassall del rei. La construcció del castell i la seva història és fruit d’una
necessitat de control del territori – que és frontera – i del cobrament de les
rendes. El rei Pere el Catòlic ven i dona en feu el castell, la mitat de la
jurisdicció, dels drets dels censos i dels emoluments en la vall a Ramon de
Ribes, originant un conflicte multisecular54.
La tensió entre aquests dos tipus de domini (reial i feudal) estarà
present durant tot aquest període. Tanmateix, la part meridional de la vall és
domini dels monestirs de Ripoll i de Sant Joan. Probablement entre 1205-
1210, els jurats de la vall, portant la veu de la comunitat, informaran al rei de
50 Joan Josep BUSQUETA : Una aproximació a l’organització en valls i parròquies ; in :
L’esperit d’Àneu. Llibre dels costums i ordinacions de les Valls d’Àneu ; coord.. J.I. Padilla ;
Quaderns del Consell Cultural 4, 1999 ; pp. 15-18.
51 És significatiu el cas d’Andorra, veure : Martina CAMIADE BOYER : La casa en la
comunitat andorrana del segle XVII al segle XIX... ; Ed. Andorra, 2001, pp. 145-149.
52 Cfr. Joan Josep BUSQUETA : ibid.
53 J. MARTÍ SANJAUME : op. cit., p. I/156, n.171 i B. ALART, Privilèges… p. 19.
54 J. MARTÍ SANJAUME data la venda de les rendes entre els anys 1200-1213 ;
op. cit.,p. I/197-198, n.216. ; Francesc CAPDEVILA : “...Respuesta al interrogatorio ...”
op. cit. f.191 dóna la data de 1210 per la venda de la jurisdicció.
96

TÜNDE MIKES
les queixes dels homes de Serrat. És el primer cop que veïem citats representants
de la vall actuant en nom de la comunitat55.
L’expressió “homes de la vall”, “a tots i a cadascun dels homes de les
parròquies...”56 en els documents ens revela una certa conciència de cohesió
del grup dels habitants : el grup veïnal es presenta conjuntat com una entitat
corporativa – i als titulars dels poders públics els tracten com a representants
d’una persona col·lectiva57. Al començament del segle XIV l’expressió “ad
magnas suplicationes et instantias consulum et universitatis hominum castri
et vallis de Rippis” marca una nova fase de la institucionalització58. A partir
de mitjans de segle la vall i alguns dels seus llocs ja compten amb cònsuls i
prohoms59 : son testimonis de com es produeix institucionalment60 el procés
de reducció d’allò que abans era una representació inorgánica i més àmplia
de la comunitat d’habitants. En lloc de tenir a tots els membres de la comunitat
– caps de casa o persones elegides pel grup familiar – ara serà un grup
restringit i elegit que ocuparà el lloc del primer61.
55 Thomas N. BISSON : op. cit. I2I. p. 243 : ‘Homines de Serrád volunt demonstrare ad
dominum rejem suos usati/cos et suos zensos et questias quas perdidit in Serrád, scilicet...
Omne hoc perdidit rejem per minoua de baiulis. Et si nos/ [……..] de requiratis et demandetis
de hoc facto si est verum/ [……..] os iuratos de la uál de Ribes et ipsi dixerint/...’
56 “...ex parte hominum vallis de Rippis”,1252 ; “...universis et singulis hominibus
parrochiarum de Queralbs...”,1273 ; “...ex parte universorum hominum”, 1277, in : Ferran
VALLS I TAVERNER : op. cit. pp. 550-552.
57 Josep Mª FONT RIUS : La comunitat local o veïnal ; in : Symposium internacional sobre
els orígens de Catalunya ; 1991. pp. 527-528.
58 1306, VALLS I TAVERNER, op. cit. p. 556
59 “...pro parte vestri consulum et proborum hominum locorum ...et vallis de Rippis “ ; 1363 ;
op. cit. pp. 565, 568. Queralbs reb la concessió reial del privilegi d’elegir els cònsuls i els
concellers en 1377, segons “...usança de gran temp aençà...” vide Benigne MARQUÉS que
edita el text in : Queralbs, pp. 48-49.
60 Sobre la transició entre la comunitat de fet i la comunitat de dret vegeu el clàssic estudi de
Henri LEFEBVRE : La vallée de Campan. Étude de sociologie rurale, PUF, Paris, 1963,
pp. 138 i ss.
61 A la vall en aquest aspecte també trobem alguns contrasts en les evolucions particulars. En
efecte, ja haviem senyalat abans el desenvolupament a diferents ritmes : mentres que a la part
meridional (Bruguera, Campelles) no trobem tants senyals de l’administració i funcionament
municipal, sabem que la part septentrional (Queralbs, Pardines) ja en comptava amb un de
nivell i d’activitat sorprenents. Fins a finals del segle XIV Queralbs significava el centre de la
vall, amb dret de mercat i fira (concessió de 1326) i amb notaria pública – ja en funcionament
a mitjans del segle XIII (a partir, com a mínim, de 1255) ; vide : Benigne MARQUÉS : Notes
històriques sobre el poble de Queralbs, in : Queralbs ; op. cit. p. 36. Altres comunitats del
nord com Pardines tenien un status més independent basat : en els privilegis, en els drets de
pasquers – des d’una època molt matinera – i en la seva proximitat de les vies de
transhumància, transitades entre la Cerdanya i Camprodon i l’Ampordà. Ribes esdevindrà
97

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
Algunes dècades més tard, el règim municipal rudimentari62 ja no
servirà només per a tractar afers interns entre habitants, sinó que també
servirà per portar a terme la redempció del domini senyorial de la vall63 i per
representar la seva comunitat tant davant del poder senyorial com del reial.
Seràn ells que col·laboraran i contribuiran a la redempció de la vall de la
jurisdicció senyorial i miraran de tornar a la jurisdicció reial amb la fórmula
jurídica de carreratje. Aquesta fórmula, derivació del concepte de veïnatge64,
era l’associació d’un municipi més petit – generalment llocs de la ruralia –
que buscava el suport d’una vila o ciutat reial gran per tal de beneficiar-se
dels privilegis d’aquesta i esdevenir-ne “membre” orgànic (carrer)65. En
principi, les despeses d’aquesta operació havia de pagar-les el lloc que
necessitava el suport però, a canvi, podia exigir garanties per les quals una
nova alienació duta a terme per la corona comportaria la pèrdua per al rei de
la jurisdicció i de les regalies sobre el lloc66. Aquests pactes bilaterals,
impulsats per la corona i que debilitaven el poder nobiliari, eren onerosos per
a Barcelona i beneficiosos per als llocs-carrers67. La vall de Ribes signà les
capitulacions en 1407 i les aceptà en 1410 i aquesta associació significava el
primer pas en el procés de redempció68, en aquest cas del domini senyorial, i
una ètapa important en la consolidació de la unitat i identitat de la vall.
També és important de veure altres conseqüències del fenòmen : amb
l’enfortiment de les comunitats locals s’afavoreix la consolidació territorial
de la monarquia així com l’expansió de la seva jurisdicció.
“capital” de la vall al voltant dels anys en els quals la notaria s’hi traslada (mitjans del segle
XIV).
62 J. Mª. FONT RIUS : La comunitat local..., pp. 538-570.
63 Les rendes així com la jurisdicció van ser venudes a Pere Galcerán de Pinós en 1381 per
11 000 florins. Cfr. “Informació i levament fet per lo Mestre Racional de la Cort del senyor
Rey...” in : B. ALART : Documents sur la géographie historique du Roussillon ; Perpignan,
1876. p. 59.
64 Cfr. Víctor FERRO : El dret públic català. Les institucions a Catalunya fins al decret de la
Nova Planta ; Eumo Ed., 1987, pp. 149-152.
65 Cfr. Víctor FERRO : op. cit. pp. 178-180
66 Mª Teresa FERRER MALLOL : L’associació de municipis... op. cit. pp. 3-19.
67 Ibidem pp. 20-33.
68 Miquel SITJAR I SERRA : La Vall de Ribes, un carrer de Barcelona., in : El temps del
consell de Cent ; II. La persistència institucional,segles XV-XVII. (coord. :Manuel Rovira i
Solà-Sebastià Riera i Viader. ; Barcelona, 2001, pp. 103-110.
Per als processos anteriors i circumstàncies econòmiques,veure Mª Teresa FERRER I
MALLOL : El patrimoni reial i la recuperació dels senyorius jurisdiccionals en els estats
catalano-aragonesos a la fi del segle XIV., in : Anuario de estudios medievales, 7. Barcelona
1970-1971.
98

TÜNDE MIKES
Però els privilegis més amplis en aquest sentit són els demanats i
rebuts en 1458 en plena guerra civil catalana69.
Els primers dels seus 29 capítols70 fan referència a la construcció
política de la vall després de la compra de la Vegueria i Batllia per part dels
prohoms. Aquests oficis han d’incorporar-se a la corona reial i han de ser
inseparables d’ella (cap.16). Ja es dibuixa la constitució dels diferents nivells
de la identitat comunitaria : el territori i els habitants de la vall es divideixen
en quatre quarts : el de Ribes, el de Queralbs, el de Pardines i el de les
“quatre parròquies d’avall” (cap.2). A més a més, es consolida la unitat
territorial de la vall amb l’incorporació de la parróquia de Planoles (cap.9).
Cada un d’aquests quarts elegeix una persona i d’aquestes quatre el rei o el
batlle general n’escullirà una com a veguer i batlle de la vall (cap.2)71.
Aquestes eleccions es realitzen de diferentes maneres ; la insaculació és una
pràctica utlilitzada en algunes universitats72 de la vall des de mitjans del
segle XVI73.
També es mantindrà en els privilegis del 1458 l’anterior costum de les
universitats de tenir batlle elegit pels cònsuls i consells dels llocs, i es torna a
la forma d’elecció del consolat “com es feia abans”. Després d’haver estat
69 En aquest punt hem de fer referència al semblant procès de formació de les institucions de
les Valls d’Àneu com a entitat juridico-administrativa ; José I. PADILLA : El context històric
i institucional ;in : L’Esperit d’Àneu... pp. 21 i ss.
70 Ferran VALLS I TAVERNER : op. cit. pp. 578-592.
71 Aquesta estructura i manera d’elecció esdevindrà l’habitual durant molt de temps, Cfr. :
nota de les eleccions del 27 de desembre de 1587 ; AHCP, Fons notarials, “Septimum
manuale “ del notari reial Francesc CAMPS ; f. 1rv. ‘Convocats e congregats en la vila de
Ribes, en la Iglesia parrochial de Santa Maria de dita vila los honorables en Joan Bernich...
consols de dita vila... Joan Pinart ... consols de les parròquies de Caralps e de Sant Jaume de
Fustenya ... en Pere Fortià ... consols de la parròquia de Sant Esteve de Pardines... en Guillem
Vila en grau primer consol ... de la parrochia de Sant Vicens de Planoles... Joan Pera Salamó
... de la parrochia de Sant Martí de Campelles... Llorens Torroella de la parroquia de Sant
Pera i Sant Feliu de Bruguera i ... Joan Sobira... de la parrochia de Sant Xristofol de Ventola
tots homens jurats de dites parrochies i del quart de Planolas... en lo qual lloch se acostumen
convocar y congregar per a tals y consemblants negocis al effecte de fer nova electio de
quatre persones dels dits quatre quarts de dita vila y vall de Ribes per a que la una de aquelles
sia veguer y balle de la dita vall de Ribes sols el que per lo Excel·lentissim senyor conseller y
capita general en lo principat de Cathalunya y comptats de Rosello y Serdanya sera elegida e
nominada y aso en virtud del reial privilegi a la Universitat de dita vila y Vall de Ribes
concedit...’.
72 Queralbs rep el privilegi d’insaculació l’any 1585. Cfr. Benigne MARQUÉS : Notes
històriques sobre el poble de Queralbs ; in : Queralbs ; op. cit. p. 40.
73 Altres llocs i viles properes reben el privilegi : Puigcerdà en 1500, Sant Joan de les
Abadesses en 1630, la Seu d’Urgell en 1516... Cfr. : J.Mª TORRAS I RIBÉ : Els municipis
catalans de l’antic règim (1453-1808) ; p. 105.
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LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
confirmats i aprovats els antics privilegis de la vall, uns capítols específics
donen la franquesa d’emprivar els recursos naturals del territori “ e covertirlos
en util de la cosa publica de la dita vall” (cap.17). La vall rep com a
franquícia el dret de “no pagar lluisme, foriscapi o altre dret de les cases,
terres e altres possessions que venen e compren entre ells” (cap.9). Malgrat
tot, la vall queda una altra vegada alienada al començament de la década dels
anys 1470. Aquesta alienació s’aconseguirà revocar el 147874 i es mantindrà
així durant les tres dècades que passa en l’òrbita francesa75.
A finals del segle XV la vall ja posseeix els instruments normatius per
dotar-se d’una estructura politico-administrativa de tres nivells : la universitat
(que a vegades engloba una o vàries parròquies o comuns) com a
comunitat, el quart com la primera instància supralocal i la vall com a
universitat de totes aquestes. L’autoritat suprema i la jurisdicció general civil
i criminal en tot el territori s’exercia pel veguer (sots-veguer) i batlle
representant de la corona reial76, sent sempre aquest un veí de la mateixa
comunitat77.
La jurisdicció especial s’exerceix a través d’una administració municipal
– però a tres nivells. El primer nivell és el de la comunitat local – la
parròquia/comú – on els cònsuls exerceixen les funcions representatives,
directives i executives. Són elegits per insaculació, una forma de tiratge a
sort, més o ménys a partir de finals del segle XVI (la data pot variar segons
els pobles). Una de les funcions més importants dels cònsuls és la de convocar
el consell dels jurats i de presentar les propostes – els temes – que s’han
de debatre. Cada lloc tindrà els seus òrgans col·legiats, primer el consell
general, més ampli, generalment amb la participació de tots els caps de casa,
que amb el temps es transforma78 en el Consell de jurats i cònsuls, cos reduit
de la representació comunitària. Les seves funcions són : deliberar sobre els
afers comuns més importants, i prendre les decisions corresponents, que
tindrán un caràcter obligatori per a tots els habitants .
El segon nivell de solidaritats comunitàries és el Consell dels cònsuls i
jurats dels quarts de la vall, òrgan d’organització intermèdia que, de fet,
74 Cfr. Mª Teresa FERRER MALLOL : L’associació de municipis... pp. 31-32.
75 Vegeu també nota nº 46.
76 Sobre les característiques de les vegueries i especialment la de Ribes cfr. Víctor FERRO :
op. cit. pp. 120-123.
77 Ferran VALLS I TAVERNER : Privilegis... p. 579
78 Però que es continuarà convocant en casos que afecten a tota la comunitat. Un exemple
d’això és la declaració dels jurats i cònsuls de Queralbs de continuar fent assamblees generals
en el cas de decisions que afecten a la totalitat de la comunitat, com la gestió dels comunals.
v. infra nota nº 137.
100

TÜNDE MIKES
només funciona com a agrupació de comuns en les 4 parròquies d’avall i en
el quart de Queralbs ; mentre que els comuns de Ribes i de Pardines formen
cadascun un quart, la qual cosa mostra, certament, llur preponderància.
Finalment, el tercer nivell és el del Consell general dels cònsuls i
jurats de la vall, òrgan de la unió real de tots els pobles, convocat pel cònsul
en cap de Ribes. Les seves funcions són les de coordinar els municipis de la
Vall i les de decidir sobre questions o problemes que afecten a tota la vall
com poden esser les relacions exteriors amb altres instàncies de poder, les
relacionades amb qüestions de guerra o l’estat dels camins i vies de comunicació79.
La causa de totes aquestes prerrogatives de les comunitats provenen
del fet que tant en l’època medieval com en la moderna tota terra pertanyia a
diferents titulars del domini. Les comunitats i els altres nivells de solidaritat
comunitària ténen tots aquests atributs a raó de ser els senyors útils del seu
territori, mentre que el domini directe o eminent el té el poder reial80. La
Vall defensava el seu dret especial cercant fer ratificar per cada nou monarca
tots els privilegis obtinguts i reunits en els segles precedents81.
Els segles XVI i XVII són l’edat d’or – o de plenitud – de les universitats
de la vall82. L’esperit d’innovació es veu tant en els aspectes organitzatius
com en els legislatius. És la última fase de l’estructuració del règim
local, quan a tots els pobles es sustitueix l’asamblea general dels veins per
un consell més reduït – consell jurat –, i quan s’estableix la insaculació als
79 Aquest resum s’ha fet arrant la lectura i l’anàlisi del “Llibre de deliberacions de consell y
altres coses de la Vila y Vall de Ribes, comensant lo any 1616” ; custodiat a l’Arxiu de la
Família Montagut ; fons Capdevila i del “Llibre de l’Ajuntament” de Pardines, Arxiu
Municipal de Pardines ; fonts especialment escullides per a aquest estudi.
80 Un resum aclaridor d’aquest punt es troba – entre d’altres – en l’obra de Rosa CONGOST
COLOMER : Els propietaris i els altres ; Eumo Editorial, 1990. pp. 33-53.
81 “Inventari dels privilegis y escriptures que son dins la caixa del Consolat de la present
vila” ; Llibre de deliberacions..., f.39 v.-40.
82 Ens ha interessat l’article de Bernard DEROUET que relaciona els períodes de fort
creixement demogràfic amb els de la verdadera cristal·lització de les comunitats territorials,
dels quals l’autor n’ identifica dos : un als segles XII-XIII i, l’altra, més tard, als segles XV i
XVI. Aixó és encara més rellevant en les comunitats de muntanya, on aquest creixement
hagués pogut causar una situació de recursos limitats. Utilitzant el mateix criteri, veuríem una
certa correspondència : el segle XIII és una època de desenvolupament en la concreció d’
organismes de la vall com a persona moral – presència de jurats, de notaria a Queralbs... El
segle XVI, a més a més, coincideix amb una ona de creació d’artigues que indiquen un
increment de la població – i una major necessitat i dificultat de gestionar. Cfr. Llibre del
consell, disposicions sobre artigues, fls. 2v, 13v, 57v, 58, 74, 78v, 111v, 163v. Vide supra n.79.
101

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
pobles on encara no es practicava83. Juntament amb la renovació organitzativa
neixen les ordinacions dels consells84.
Tantmateix, a l’any 1700 el procurador fiscal de la Batllia General de
Catalunya, ignorant les llibertats i immunitats concedides pels esmentats
privilegis, va pretendre exigir als homes de la vall les prestacions degudes al
rei per raó del seu domini directe en base a uns capbreus que es consevaven
en el seu arxiu. A continuació s’inicià un litigi entre la vall i el rei que
finalment va trobar una solució en la “Concòrdia feta i firmada entre la
Batllia General del Principat... i els cònsuls de la Universitat i de la Vila i
Vall de Ribes”. Després de la nova confirmació dels privilegis, el monarca
atorga una sèrie de concessions a la Universitat de la vall entre les quals
destaca la del ple domini i propietat – directe – de “totas las terras comunas,
hermas, boscosas y vacants” ; la facultat de donar permís d’artigar ; de
vendre, d’establir i d’arrendar terres per construir cases. S’ha de dir tot : el
rei a canvi rep una quantitat substanciosa en concepte d’entrada i es reserva
la facultat d’establir molins, fargues i mines així com la de continuar cobrant
censos per raó de mines... 85. A partir d’ara els comuns de la vall en el seus
diversos nivells es comporten com a senyors directes : els veïns miren amb
orgull la seva terra86.
Aquest sistema d’autogovern s’estronca amb la “tabula rasa” que
imposa Felip V. La nova estructura centralitzadora del poder territorial dels
corregiments aboleix qualsevol obstacle a la difusió del poder reial en el
municipi (privilegis, principis d’autogovern, representació popular).
Encara que les noves demarcacions corregimentals aporten alguns
elements de racionalització i modernització, la implantació de corregidors
castellans en els municipis catalans87 significa l’abolició del privilegi
83 J.Mª. FONT RIUS : Ordenanzas de reforma orgánica en municipios catalanes ; in :
Anuario de historia del derecho español, Madrid, 1961, pp. 569-610.
84 També és l’època de la redacció dels primers “llibres de la vila” de la vall – però no podem
saber si realment són els primers o n’existen alguns d’anteriors que no s’han conservat : el de
les actes de Queralbs data de 1571, el de Ribes de 1616 i el de Pardines de 1665.
85 14 juliol de 1702. ; Arxiu Històric Comarcal de Ripoll ; Sign B. Capsa IX.
86 “ni alesoras estava ab ordre ni ab terme assenyalat, y ordenat del modo que se troba vuy dit
terma y vall munida adornada... ordenada... ab molt bon metodo de vaguer y jurats...” In :
“Llibre de coses” de Can Perpinyà, 1702 ; f.12v. Dec a Enrica Casanelles el coneixement
d’aquest text.
87 Cfr. J Mª TORRAS I RIBÉ : op. cit. pp. 116-158. Deixem per a una altra seu l’estudi dels
municipis de la vall sota el règim borbònic de la Nova Planta.
102

TÜNDE MIKES
d’estrangeria88, l’equivalent en un sistema de muntanya al principi de
veïnatge.
7. LA GESTIÓ DELS RECURSOS NATURALS I DELS BÉNS
COMUNALS89
Fins ara hem analitzat la història de l’afirmació de les comunitats
territorials pageses de la Vall de Ribes, des de punts de vista politicoadministratius.
Aquesta afirmació es basa, efectivament, sobre dos elements :
el de la construcció territorial de les identitats socials – els pobles – i el de la
cohesió interna entre els seus membres. Aquesta última és fruit d’un cert
‘comportament’ de la comunitat, tant envers de l’exterior com a l’interior90.
Hem estudiat els seus comportaments amb l’exterior : les relacions amb el
poders superiors (senyorials i reials). Aquesta relació amb els poders
exteriors – defensa dels privilegis i del domini útil o directe és, en part, fruit
de la seva construcció/estructuració interior. La cohesió d’aquests grups es
construeix sobre diversos fenòmens interrelacionats que provenen del
concepte de residència o territorialitat i d’una certa saturació de l’espai.
Entre l’utilització d’aquest espai “dual” – particular i comunal – i el sistema
de reproducció social de les comunitats sempre hi haurà una relació inequívoca
en els Pirineus, com a regió per excel·lència de sistema de cases91.
Veurem com la territorialitat com a principi farà moure tot l’engranatge : la
casa com a unitat territorial, material i simbólica – significant poder i estatus
social al mateix temps que espai vital, determinarà l’accès al poder tant
polític (participació en les decisions del comú, també pel que fa a
l’approfitament dels recursos naturals) com econòmic (nivell d’accès als
comunals). L’espai comunal92 se’ns presenta com la prolongació de la pos-
88 Cfr. Víctor FERRO : op. cit. pp. 319 - 322.
89 La riquesa de la bibliografia sobre béns comunals i la seva complexitat ens impedeix una
anàlisi més profunda en aquest article. Una de les qüestions més importants és la seva
definició. PELLA I FORGAS els defineix com béns d’emprius, drets que tenen els veins
d’apoderar-se de les pastures i llenyes, a més a més del dret de rompre i d’apoderar-se dels
fruits d’aquesta rompuda. Aquesta propietat primitiva dels primers temps passa després al
poder dels Estats feudals – potestats – i reapareix com empriu dels pobles ; un cert
condomini/ copropietat de l’associació i de tots els particulars. És possessió de tots sobre la
mateixa cosa – ‘propietat complexiva’ –, sense la divisió intelectual de porcions, per tant és
indivisible i inalienable ; in : Código civil de Cataluña, II. Pp. 50-57, 106. ; Barcelona, 1917.
90 Cfr. Bernard DEROUET :op cit., pp. 651-670.
91 Cfr. Georges AUGUSTINS : Comment se perpétuer ? Devenir des lignées et destins des
patrimoines..., Nanterre, 1989, Pp. 68-79, 191-198, 315- 330.
92 L’origen histórica dels emprius constitueix un dels eixos de la bibliografia. Sobre la
103

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
sessió privada i és allò que possibilita la supervivència de les unitats domèstiques
agro-pastorals. La terra de cultiu és limitada93, l’espai comunal
(boscos i pastures)94 i l’accès social a aquests detemina l’existència de les
historiografia espanyola i catalana : J.M. FONT I RIUS : Algunes consideracions entorn la
historiografia i problemàtica dels béns comunals ; in : Béns comunals als Països Catalans i a
l’Europa contemporània ; a cura de Joan. J. Busqueta i Enric Vicedo ; Institut d’Estudis
Ilerdencs, 1996, pp. 11-30.
Quant a la rica i controvertida historiografia francesa, un bon resum es troba en Louis
ASSIER-ANDRIEU : La communauté villageoise ; Ethnologie française, 16/4, 1986,
pp. 351-360 ; Coutume et rapports sociaux, CNRS, 1981, pp. 3-28. ; Le peuple et la loi ;
Paris, Librairie Générale de droit et de Jurisprudence, 1987, sobretot les pàgines 53-65. Una
síntesis remarcable és la de Nadine VIVIER : Propriété collective et identité communale. Les
biens communaux en France... ; Publications de la Sorbonne, 1998, pp. 13-18.
Des dels treballs de B. ALART (Privilèges et titres relatifs aux franchises, institutions et
propriétés communales de Roussillon et de Cerdagne depuis le Xe siècle jusqu’à l’an 1660, I ;
Perpignan, 1874, pp. 18 i ss.) i els de J-A. BRUTAILS ( Étude sur l’article 72 des Usages de
Barcelone ; Paris 1888, 23 p. ) l’Usatge ‘Strate’ significa el punt de partida de les anàlisis
sobre els béns comunals a Catalunya i al Rossellò.
També Eva SERRA I PUIG : Béns comunals :algunes consideracions ; in : Els béns comunals
a la Catalunya moderna ; a cura de E. Belenguer, J. Dantí i V. Gual ; Editorial Rafael
Dalmau ; Barcelona, 1998, pp. 11-31.
93 La vall constanment té problemes d’aprovisionament de cereals ; els importa generalment
des de la Cerdanya a preus molt elevats.
94 El percentatge dels comunals en les economies de muntanya no sempre és fácil de
determinar. Les respostes dels cadastres dels anys 1760 – n’hem tobat dos per la vall ; un a
Campelles i l’altre a Queralbs – donen proporcions molt baixes ; Cfr. Jaume DANTÍ : Els
béns comunals a Catalunya a l’època moderna, ; in : Béns comunals als Països Catalans i a
l’Europa contemporània. A cura de Joan J. Busqueta i Enric Vicedo, Institut d’Estudis
Ilerdencs, Lleida, 1996. pp. 93-110. Pels Pirineus francesos un bon resum estadístic es troba
en l’obra de Maurice BOURJOL : Les biens communaux – voyage au centre de la propriété
collective, Paris, LGDJ, 1989, pp. 402-411. Montserrat MOLÍ, en la seva tesí doctoral dona
dades de la època de la desamortització de Madoz : a la comarca del Ripollès existía la quinta
concentració de proprietats de la provincia de Girona i es ven aproximadament un 43 %
d’ellas, sobretot muntanyes i proprietats pirinenques ; Cfr. : La desamortización en la
provincia de Gerona I-II. Tesis doctoral mecanografiada, UAB 1975. La mateixa autora, en
un article posterior, subratlla el comportament especial dels municipis muntanyencs de la
Cerdanya, de la Vall de Toses i de la Vall de Ribes que van defensar els seus comunals i van
aconseguir d’excloure’ls del Catàleg de béns alienables. Cfr. : Els comunals de Queralbs,
segles XVII-XX ; in : Queralbs... p. 160. Segons les informacions de Joaquín COSTA, els
pobles analitzats per ell només tenien de propietat particular les cases i els horts que estaven
al voltant o a la seva proximitat, per exemple Pardines i Queralbs ; cf. El colectivismo agrario
en España ; Madrid,1898, pp. 260-261, 339, 365-371. Pere SALA ens indica l’evolució de la
proporció dels comunals a partir dels catàlegs dels boscos i pastures públiques confegits a
partir de la desamortització civil a : Els comunals a la Catalunya de la segona meitat del s.
XIX : una tipòlogia geohistòrica a partir dels catàlegs dels boscos i pastures públiques, in :
Béns comunal als Països Catalans... pp. 417-446. Sobre les mateixes realitats Cfr. : Iñaki
IRIARTE GOÑI : Derechos de propiedad y crisis en las economías pirenaicas. Una visión a
largo plazo ; in : Ager. nº 2, 2002, pp. 144-149.
104

TÜNDE MIKES
comunitats, on l’exclusió del foraster i establir un equilibri entre els recursos
i la població és la manera d’aconseguir l’èxit95.
a. Descripció geogràfica
Per a veure els aprofitaments dels recursos naturals de la vall, una
comparació del mapa econòmic dels segles VIII-X96 amb el de la seva vegetació
actual97 ens indica els territoris i zones d’aquestes explotacions.
Aixì veiem que els centres de la vall, vorejant i acompanyant els seus
tres rius, són les seves zones d’horta, agricoles, prats dalladors i boscos de
petita extensió o matollars98. Aquests últims, sobretot a partir dels segle
XVI, seràn territoris de rompudes i d’artigues.
A la zona occidental la vegetació dominant són els boscos montans i
el bosc subalpí99 (Campelles, Planoles i nord de Ventolà), aquest últim
també present a la banda oriental de la vall, al nord de Pardines, i de
Fustanyà i Serrat, veïnats agregats al lloc de Queralbs. Són aquestes zones
que albergaràn moltes de les deveses de la vall.
Les pastures de montans inferiors es troben una mica per tot arreu de
la vall, a la zona de mitja muntanya (Bruguera), mentre que els prats subalpins
són dels territoris sud-orientals i sud-occidentals.
La magnífica zona de prats alpins es troben a la frontera septentrional
de la vall al voltant de Núria i del que s’anomena Coma de Vaca.
95 Cfr. l’estudi de Xavier ROIGÉ, Oriol BELTRAN, Ferran ESTRADA des de punts de vista
organitzatius i econòmics sobre la Val d’Aran : “Une petite république entre deux royaumes”.
Organisation politique et adaptation au milieu dans le Val d’Aran... ; in : Pays Pyrénéens &
Pouvoirs Centraux, pp. 189-206. L’article de J.Mª BRINGUÉ PORTELLA subratlla, entre
d’altres coses, el caràcter dinàmic entre comunitats i béns comunals ; in : Comunitats en franc
alou. El Pallars Sobirà, segles XV-XVIII ; in : Els béns comunals ... pp. 63-79
96 Cfr. : Jordi BOLÒS I MASCLANS – Victor HURTADO : Atlas històric de Catalunya,
anys 759-992 ; Ripoll-Olot ; Full 10-1, Ed. Mirador, 1984.
97 Josep VIGO I BONADA : El poblament vegetal de la Vall de Ribes i mapa de vegetació ;
Institut Cartogràfic de Catalunya, 1996.
98 Un esquema ideal d’una vall del Ripollès vers l’any mil es troba al Xe volum de Catalunya
Romànica, perfectament utilitzable per la Vall de Ribes fins l’època moderna ; op. cit. p. 59.
99 Mª Teresa FERRER MALLOL, en el seu estudi aporta poques dades sobre la vall a causa
que aquesta formava part del Regne de Mallorca ; Cfr. : Boscos i deveses a la Corona
Catalano-Aragonesa., in : Anuario de estudios medievales, 20. CSIC, Barcelona, 1990.
pp. 485-537.
105

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
b. Zones centrals
Aquestes zones de boscos, de prats i de pastures formaven part dels
béns comunals de les comunitats rurals de la vall100.
Sobre els aprofitaments dels prats dalladors i dels boscos propers als
hàbitats en el segle XVII ens donen informacions les ordinacions del Consell
de la Vila i Vall de Ribes101. Es tracta d’algunes de les deveses i artigues102
de la vall que són testimonis d’utilització de terrenys comuns : les deveses en
aquesta època són del comú i són objecte d’intents d’expropriació. Contra
aquestes accions el consell actúa amb decisió103. Les artigues representen un
altre perill104 per a les economies de la vall, sobretot a causa de l’augment
del territori roturat i de la freqüència de les accions dels artigaires, que
comporta els riscos d’erosions als pendents més pronunciats105.
Les ordinacions de l’any 1618 van dirigides a recaptar diners per a fer
més carregosa la pràctica artigaire i d’aquesta manera controlar-la o minimitzar-la
: contre l’us i l’abus de la rompuda faran pagar, després del pagament
dels delmes i de les primicies, una 14ª part de les cullites de les artigues
de conreus i 40 lliures als pastors que utilitzaran les herbes de les
rompudes106. A partir d’aquells moments s’estableix un sistema de “visures”
100 Mª Teresa FERRER I MALLOL subratlla els fets diferenciadors entre les valls
pirinenques en el tema dels comunals basant-se en l’estudi dels privilegis reials ; Cfr. :
Emprius i béns comunals a l’edat mitjana ; in : Béns comunals als Països Catalans i a
l’Europa contemporània... pp. 33-65.
101 Aquestes ordinacions no formen un conjunt coherent ni cronologicament, ni des de punts
de vista temàtics. Són deliberacions consecutives entre els primers anys del segle XVII fins
als anys 70 del mateix secle ; Llibre de deliberacions..., Arxiu Família Montagut. Vide supra
n.82.
102 Per veure la història i el desenvolupament del moviment de rompudes a la regió pirinenca
Cfr. l’article de Charles HIGOUNET : Les artigues de la Midi de la France ; in : Flaran, nº 8.
1988, pp. 11-33, on l’autor subratlla que nombroses i minuscules clarianes encara existents en
les dos bandes de la serralada són testimonis de cultures temporals que adopten la forma de
talls rectilinis des de les mitjes muntanyes, pp. 27-30. Referències per a la Catalunya moderna
in : Pierre VILAR op. cit. III Les transformacions agràries del segle XVIII català ; pp. 230-
243.
103 Determinació de la devesa del carnisser ; Llibre de deliberacions ; f. 2v.
104 Que en el segle següent causarà un fort desboscament, del qual ens dona testimoniatge
Pella, encara al començament del segle XX : Josep PELLA I FORGAS : Tratado de
servidumbre entre las fincas, Barcelona, 1901. pp. 96-97.
105 Aquests perills, encara que reals, formen part de la controvèrsia catalana entorn de les
rompudes com a mostra de la set de terra del petit pagès i dels interessos creats entorn de
l’utilització tradicional de boscos i pastures. Cfr. Pierre VILAR : Catalunya dins l’Espanya
moderna, III. pp. 233-234.
106 Deliberacio de Consell sobre las artigues ; Llibre de deliberacions, pp. 13 v.
106

TÜNDE MIKES
per controlar l’aprofitament dels recursos i garantir que es mantinguin en
possessió i benefici del comú. En aquests anys el dinamisme econòmic dels
habitants ha portat al consell a aprovar un sistema de llicències pel qual els
terrenys comunals es podran convertir en possessió particular a canvi
d’obtenir uns recursos que ajudaran a aixugar deutes del comú : “essent
posats i convertits en adiutoris de pagar los mals i carrechs de la present vila
i parrochia de Ribes”. El procés es realitza amb l’elecció de tres persones
jurades responsables davant del consell de la vila, amb poders de reconèixer
els terrenys usurpats i de donar llicències107.
Un altre mitjà de la comunitat és posar en valor d’altres recursos naturals
: el comú de Ribes arrenda la seva part de la muntanya de Taga (prats
subalpins i boscos caducifolis) per quatre temporades estivals – de 1 de juny
fins a 1 de novembre. La muntanya restarà en comú pels habitants des de
Tots Sants fins a primers de juny108.
c. Ramaderia – els primers documents sobre emprius
Però a la vall l’element decisiu de l’economia era la ramaderia. Les
pastures més apreciades es concentren als voltants de Queralbs, de Núria i de
Pardines, a la part nord-oriental de la vall, i són de les que tenim les primeres
notícies escrites : el 961 Oliva comte de Besalù donà el port de Coma de
Vaca al monestir de St. Joan de les Abadesses109 ; el 965110 i el 966111
aquesta donació s’amplía amb altres ports de la muntanya.
El 1087 Guillem-Ramon, comte de la Cerdanya concedéria al monestir
de Ripoll els drets de pasturatge en les set valls pròximes a Núria, reservant els
drets anteriors d’accés i d’aprofitament del bosc als habitants de la vall, però
anul·lant a partir d’ara els drets de pastura dels quals abans també gaudien
aquests habitants112. Tots aquests drets anteriors als Usatges de Barcelona –
compilació considerablement influida o derivada del codi dels visigots –
comproven que les pràctiques i els usos resumits en l’usatge Strate113 estaven
107 Op. cit. ff. 58, 78, 111v, 163 v ( anys 1626, 1630, 1635, 1646).
108 És dificil de no veure la situació financera crítica del comú a l’arrendar la muntanya en
els mesos de la temporada alta de pastures. Un altre fet important és la persona de
l’arrendador : membre del consell i cònsul de la vila en varies ocasions. Op. cit. f. 140.
109 In : Dietari ; p. 134.
110 Ibid. p. 135.
111 In : B. ALART : Cartulaire roussillonnais, Perpignan, 1880 ; p. 23.
112 In : B. ALART : Privilèges et titres... pp. 20 i 34. La recompensa d’aquesta pèrdua els
proporcianarà el dret d’exempció de la lleuda, de moment només en el mercat de Ripoll,
encara que després s’ampliarà a tota Catalunya.
113 ‘Strate et vie publice, aque currentes et fontes vivi, et prata et paschua, silve et garrice et
107

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
ja en el fons tradicional del dret públic114 – en els documents dels sobirans que
no feien res mes que confirmar uns drets anteriors no escrits dels habitants.
El primer privilegi que coneixem que s’adreça directament als homes
de la vall és concedit per Jaume I en l’any 1252 com una resposta a les
queixes dels habitants formulades contra l’abus comès pels delegats del rei.
El monarca confirma i reforça els drets anteriors de pastures i altres llibertats
dels homes de la vall i eleva els costums antics a nivell de dret escrit per
mitjà del privilegi115.
Després d’aquesta data les confirmacions reials dels costums anteriors
serán habituals amb motiu de l’entronització de cada nou monarca – o com a
resolució de conflictes entre el poder senyorial, reial i el de les comunitats de
la vall. En 1273116 l’Infant Jaume dona en concesió tots els ports, pasquers i
pastures als homes de Queralbs i de Fustanyà ; el privilegi de 1274 s’inscriu
en el context de les lluites entre el rei i l’Infant i distingeix dos elements del
dret antic, conservant-los : els costums dels habitants i les seves
‘comunitats’117. En la majoria dels documents reials figuren les pastures de
la Coma de Vaca i voltants, mantenint el domini eminent del rei – potestat –
i l’útil, l’empriu, dels pobles118.
La confirmació i renovació més important dels privilegis és concedeix
el 1458 quan, a més a més de consolidar l’estructura política de la vall,
s’atorguen diversos capítols sobre els aprofitaments dels recursos naturals
“donant i atorgant a la dita vall e als paroquies e lochs de aquella e als
habitants en aquelles e aquells e en lurs termens lo us e empriu dels dits
ports, erbatges e pastures”. Aquest mateix privilegi atorga a la vall “podentne
fer, sens contrast d’algun official o altra persona, a totes lur voluntats ;
...los puixen arrendar per aydar-se dels preus e convertir-los en util de la
roche, in hac patria fundate, sunt de potestatibus, non ut habeant per alodium vel teneant in
domin[i]o, sed ut sint omni tempore ad empramentum cunctorum illorum populorum, sine
illius contrarietatis obstaculo et sine aliquo constituto servicio’ = Usatge 72 ‘Strate’ a :
Fernando VALLS TABERNER, Los Usatges de Barcelona. Estudios, comentarios y edición
bilingüe del texto, Barcelona, 1984, p. 92.
114 Ibid. pp. 18-19 subratlla el caractèr confirmatori d’aquests documents.
115 Text in : VALLS I TAVERNER : Privilegis... ; pp. 549.
116 22 abril 1273, ibid. p. 550.
117 Perpinyà, 12 de juny de 1274 ; text in : VALLS I TAVERNER : Privilegis... p. 554.
118 Aquesta situació havia patit un canvi substancial en les últimes dècades del segle XIV
quan la monarquia decideix vendre el domini de la vall a la família de Galcerán i Pinós : en
“ l’Informatio e levament fet per lo Mestre Racional ...” en 1395 sobre les rendes de la vall,
així el “procurador reyal... no reeb res...” ; in : B. ALART : Documents sur la géographie
historique du Roussillon, Perpignan, 1876, pp. 34 i 59.
108

TÜNDE MIKES
cosa pública de la dita vall.” 119
La gestió de les pastures120 serà d’aquesta manera una de les competències
més importants de les comunitats locals121. Els costums elaborats des
d’èpoques anteriors per aquestes comunitats representen un espessor històric
multisecular, un corpus de pràctiques i usos no escrits provenint de baix –
decisions de les assambleas generals o més tard dels consells reduits de la
comunitat – que es convertiràn en uns conjunts de regles escrites formulades
per ordinacions o bé en un conjunt de manifestacions públiques recollides en
actes notarials122.
Les universitats de la vall gestionaven els comunals lliurament. La vall
– o més ben dit la seva part septentrional – estava exempta de drets
senyorials des de feia temps. Una sentència de 5 d’octobre del 1600 del
governador dels comtats de Rosselló i Cerdanya dona raó a l’advocat defensor
de Queralbs i Fustanyà contra uns habitants de Perpinyà en el plet sobre
el dret pretès de braçatge d’aquests i expressa la llibertat de la vall123.
L’únic senyor que la vall reconeix és el rei a qui paga un cens anual,
mentre que la universitat es reserva els drets d’emprivar i de fer entrar als
comunals els ramats dels veïns i els d’altres persones segons és acostumat124.
Amb tot, la part meridional de la vall continuarà vinculada als monestirs de
Ripoll i de Sant Joan de les Abadesses titulars d’antics drets dominicals
sobre aquestes terres.
119 Però aquí aquests antiquissims drets figuren com resultats de les anteriors concessions
reials i no com a usos anteriors a la configuració de un corpus de dret escrit, cap. XVII ;
VALLS I TAVERNER : Privilegis... pp. 584-585.
120 Un interessant resum sobre la ramaderia en els costums dels Pirineus francesos –
occidentals – i sobre la importància de les comunitats i dels comunals es trova en : Anne
ZINK : L’héritier de la maison, géographie coutumière du Sud-Ouest de la France sous
l’Ancien Régime, EHESS Paris, 1993, pp. 270-297.
121 Sobre el paper primordial de les universitats en els usos dels comunals Cfr. Pere GIFRÉ I
RIBES : Béns i usos comunals . Universitats de l’Empordà. Segles XVI-XVII. In : Els béns
comunals a la Catalunya moderna. A cura d’Ernest Belenguer, Jaume Dantí i Valentí Gual,
Barcelona, Ed. Rafael Dalmau, pp. 121-139.
122 C f. : Víctor FERRO : op. cit. ; pp. 289-318. Sobre aspectes de costums i dret cf. Josep
GOY : À propos du “système de la coutume” : problématique en évolution ; in : L’histoire
grande ouverte. Hommages à Emmanuel Le Roy Ladurie, dir. André Burguière, Josep Goy i
Marie-Jeanne Tits-Dieuaide ; Ed. Fayard, Paris, 1997, pp. 355-361.
123 Arxiu municipal de Queralbs ; Plecs de documents sobre la Coma de Vaca.
124 El reconeixement (12 de gener de 1502) del síndic de la comunitat està reproduït en un
capbreu del 6 de desembre de 1610. Arxiu Municipal de Queralbs, Plec de documents...
109

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
d. Gestió de pastures – i de boscos125
Un aspecte destacat de la gestió d’aquests béns comunals és el seu
control : control d’accès126 i control d’activitats127. Els béns comunals eren un
factor molt rellevant en l’economia pagesa : l’insuficiència de la propietat
particular – que en les societats de muntanya es redueix pràcticament a la casa i
a l’hort que l’acompanya – fa imprescindible la seva existència. El control de
l’accès es feia pels criteris de veïnatge : els fills naturals de cada lloc tenien el
dret si hi “tenien casa oberta”. Però sembla que aquestes regles eren més
severes quan es tractava dels recursos naturals que quan afectaven a d’altres
drets : la concòrdia de 1702 amplia les disposicions del privilegi de mitjans del
segle XV : a partir d’ara els forasters també quedaran exempts del pagament
del lluïsme o d’altres drets al comprar cases, terres i altres possessions128.
Les regles més detallades i més restrictives de les activitats de les
comunitats són les que tracten d’aprofitament de pastures. A l’últim quart del
segle XVII a Pardines la universitat vigila amb molta diligència i prohibeix
l’entrada de bestiar als terrenys cultivats129. Al 1723 la regla és més explícita :
qualsevol habitant havia de pagar quatre rals per cent caps de bestiar foraster
que duia als camps i per cada mes – si només entra a les pastures comunals al
més de juny, pagarà prorrata. En aquells mateixos anys el bestiar és més
important que el conreu : les artigues que impedeixen el pas dels animals han
de ser convertides en cami130. Però cada vegada es notarà més una nova
sensibilitat : els banders s’obligaran a penyorar qualsevol bestiar que entri en
pastures vedades o fent mal a qualsevol habitant del terme131.
Les ordenances de pastures més completes d’aquesta universitat daten
de l’any 1779 com a resultat d’una reunió del consell general : regidors,
batlle, tots els caps de casa i part dels menestrals. Les disposicions tenen
com a objectiu solucionar el problema produït pel gran excedent de bestiar
125 En aquest estudi ens concentrarem principalment a la gestió de pastures.
126 En el moment d’interpretar els documents ens ha estat útil l’article de Mª Angel
SANLLEHY I SABÍ : L’afillament a les comunitats araneses (segles XVII-XIX) ; in : Avenç,
1988/ 15., pp. 32-37.
127 Cfr. Jaume DANTÍ : Els béns comunals... pp. 96-97.
128 Cap. 6. ; Arxiu Històric Comarcal de Ripoll. Vide supra n. 25.
129 “...consevol genero de bastia que entrara en las farajas, sembrados ... chaigan en pena y
bant de 10 rals...” in : Ordinacions de Pardines ; (document amb varies datacions entre 1657 i
mitjans del segle XVIII. Arxiu Històric Comarcal de Puigcerdà ; Fonts d’administració local.
f 5r.
130 11 d’abril de 1730, 15 de maig de 1738, 27 setembre de 1739 ; in : Llibre de
l’Ajuntament ; f. 23r i v.
131 13 de juny de 1768 i 9 de juny de 1768 ; ibidem . f. 75 r.
110

TÜNDE MIKES
que pasture a les muntanyes : estableixen unes quotes pel que fa a les diferents
espècies d’animals que poden entrar-hi segons si es tracta de bestiar
boví de treball o de llana, si és propietat dels habitants o dels forasters – tot
això en relació amb les heretats, és a dir segons la propietat privada
d’aquestes cases. També está fixat el nombre de bestiar que poden llogar als
forasters aquells habitants que no en tenien.La quantitat resultant en cada cas
també s’estableix segons les cases132. Els forasters no poden entrar en el
terme de Pardines sense llicencia dels regidors133.
L’aprofitament dels boscos134 també ha generat la seva creació de
dret. A Pardines – segons les Ordinacions del segle XVII – es prohibia als
forasters tallar llenya o fusta així com aprofitar-se’n de la seca o de la verda.
Al final del segle per aquesta activitat es necessitarà llicència tant per als
forasters com per als habitants. Al segle XVIII la restricció ja s’exten a
qualsevol producte del bosc on a més a més es prohibirà fer carbó o “posar
foq en formigons”135.
Els comunals, tant les pastures com els boscos, han provocat, des de
molt antic, les controvèrsies més agudes, no només entre els habitants del
mateix lloc sinó també entre els de diverses viles, causant conflictes seculars.
“L’any 1600 la vila de Pardines dirimia amb la de Ribes la possessió d’un
bosc comunal. Els habitants de Ribes no cessaven ‘de tallar los arbres y
denostar y arruinar lo bosc’”136
132 Els noms d’aquestes cases coincideixen amb la majoria de les que han aconseguit més “
cincsous” en el repartiment de la muntanya i l’ordre d’importància d’aquestes coincideix amb
l’ordre de les cases establert en la “Llibreta de Terras”, un altre document custodiat al mateix
ajuntament (23 fulls escrits r. i v., sense datació, possiblement de mitjans segle XVIII, que
segurament és on apuntaven el resultat del repartiment.)
133 Cf : Llibre de l’Ajuntament f.7r i v i 8 r i v.
134 Per a les qüestions forestals cf. Mª Angels SANLLEHY i SABI : L’explotació forestal
dins una economia de muntanya : era Val d’Aran (segles XVIII-XIX) ; in : Primer Congrès
d’Historia Moderna de Catalunya ; Actes vol.1, Barcelona, 1984 pp. 193-201 ; l’article
utilitza una rica bibliografía important. Michel BRUNET estudia el papel del bosc en la vida
económica i política de les comunitats en : La forêt comme enjeu. Luttes de classes et luttes
de clans à Prats-de-Mollo au XVIIIe siècle, in : Études Roussillonnaises, t. XVII, 1999.
pp. 97-104.
135 “Item... ninguns forasters no pugan ni los sia lisit tallar ni allenyar ninguna fusta... de
ninguns biens de arbres...” “ninguna persona abitant ni foraster se atravescha a fer en los
boscos... ninguna arca ni sinyellos ni pots ni altres foggotxos...” “...ninguna persona
setrabescha a pusar foq en formigons” c.f : Ordinacions... 4r, 6r, 8r .
136 Cfr, Jordi OLIVARES : Viles, pagesos i senyors a la Catalunya dels Àustria, Lleida,
2000, p. 189. Sense cap dubte es tracta de la muntanya de Taga que posseïen conjuntament
els llocs que la rodejaven. També hi tenen que veure les “bastonades donades a Jaume
Mayol... jurat de la present vila de Ribes” a l’estiu del 1629, de mans d’un pagés de L’Orri de
111

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
e. “Partir la muntanya”
A Queralbs i a Pardines – els dos llocs on eren situades les millors
pastures – hem detectat una gestió comunal però amb aprofitament individual
dels pasturatges : es partien la muntanya – en definitiva el que es repartia eren
les herbes – entre les diferents unitats domèstiques que tenien “dret de
muntanya”. Aquest sorteig anual de parcel·les de pastures137 era habitual als
voltants de la Vall de Ribes138. El repartiment de “les muntanyes” l’executava
“la mayor i mas sana parte” de la comunitat – cònsuls, síndic i jurats del
consell, acompanyats pels particulars – els caps de les cases velles. En aquests
repartiments participaven tots els fills naturals i habitants de la comunitat, tant
rics com pobres, tant homes com dones pel seu dret de muntanya.
Aquella part de les herbes que tocava es deia “una muntanya”. Els
homes tenien dret a tota la part – els casats al primer any de matrimoni no en
tenien, segurament pel fet que aquesta unitat domèstica encara no s’havia
augmentat i d’aquesta manera no en necessitava.
En el cas de les ‘cases noves’, ells no tenien dret particular, només
participaven en el dret de la casa vella – com una mesura de regulació de la
demografia.
Les dones tenien “mitja muntanya”, les vídues també. En els matrimonis
‘endogàmics’, quan els dos eren del mateix lloc, només tenia dret
l’home.
El 1629 els cònsuls i consell de Queralbs recorden els criteris del
repartiment anual : basant-se en els antics costums anteriors cada veí tindrà
un troç sortejat. Com l’objectiu del repartiment era protegir el “poble
menut”, els cònsuls i consell, per a decisions que afectin la integritat o
l’estatus dels comuns (venda o empenyorament), s’obliguen a reunir el
Pardines. Vide Llibre de Deliberacions... 74 r. Una controvèrsia semblant es la que es
produirà entre els llocs de Campelles i de Planoles. Sobre això vide Miquel SITJAR i
SERRA : Campelles... op. cit. p. 17-18.
137 El tema del “reparto de montañas” va suscitar gran interès entre els autors de finals del
segle XIX. Influenciats per la teoría llençada per Laveleye i seguint les notícies de Pella i
Forgas, advocat defensor d’alguns municipis de la vall davant de la desamortització. Aquests
pobles esdevenien, gràcies als escrits d’aquests liberals, comunitats models d’un sistema
originari d’aprofitament i de gestió de béns comunals. Joaquín Costa ofereix les dades més
abundants i, igual que Rafael Altamira i Ivan Loutcitski, les inclou en un estudi comparatiu
sobre les formes de propietat (aquest últim en el conjunt del Pirineu). Cfr. Costa infra n.38 ;
Ivan LOUTCHITSKI : La comunidad agrícola en los Pirineos ; in : La administración.
Revista Internacional. Madrid, 1897. julio-agosto ; pp. 451-494. Cfr. Altamira, infra n.149.
138 En la llista citada per Joaquin COSTA la majoria dels pobles són de la Vall o de les seves
rodalies ; Cfr. El colectivismo agrario en España, Madrid, 1898, pp. 339-371.
112

TÜNDE MIKES
consell general de tots els habitants, pobres i rics, per a tenir el seu vot139. A
Queralbs aquestes parts (‘curtons’) formaven un conjunt de 227 lliures140.
Però les seves pastures més preciades, la Coma de Vaca, només participarà
en aquest repartiment fins a la seva venda, en 1755141.
Aquesta individualització temporal de disfrutar del sòl a través de la
formació de lots o de parcel·les també está present a Pardines. Els cònsuls i
jurats parteixen anualment la part de Pardines de la muntanya de Taga, a
l’estiu, els primers dies de juny. El 1687, “com lo tenim acostumat ya de gran
tems ha y que per tots los anys al temps de partir dites montanyes los Jurats de
Consell y posen molt temps... nos som resolts de fer cortons de dita
montanya”142 : estableixen 4 parts – ’cortons’ – aproximadament de la mateixa
extensió de muntanya (pastures i bosc) marcades per “fioles de teula i de
carbó”143. A cada cortó li donen un valor simbòlic expressat en diners (lliures i
sous, que, de fet, cas especial, en la Vall de Ribes no eren unitats de pes144),
però la unitat divisòria serà el “cincsou”. Les parcel·les repartides per unitats
domèstiques seràn – en general – multiplicacions d’aquesta unitat. A cada
cortó hi ha varios usufructuaris, però les porcions no seran igualitàries. Hi ha
veïns que tidran parts en diferents cortons. El repartiment es fa segurament en
funció de les possessions particulars de les cases : les cases grans tenen quotes
més extenses – en funció del volum del seu ramat145.
139 24 d’abril de 1629 ; Arxiu Municipal de Queralbs ; plecs de còpies sobre Coma de Vaca.
Naturalment la defensa d’aquest poble menut és relativa : les cases tenien el seu dret de
muntanya segons la quantitat de la seva possessió particular,tant de terres particulars com de
bestiar.
140 Cfr. Llibre de Gibell ; Arxiu de l’Ajuntamnet de Queralbs, segona part (document sense
numeració).
141 Igual que a Pardines la muntanya de Portolas, només fins als anys entre 1715 i 1725, quan
es va vendre.
142 En total debien fer unes 44 lliures – més o menys 430 hectàrees ; Llibre de l’Ajuntament
de Pardines, f.74 r.-74 v. bis.
143 Salvador VILARRASA esmenta els tractes fets abans de la partició pels interessats
segons les seves conveniències. El sorteig es feia per mitjà de rodolins. Cf : La vida dels
pastors, Ripoll, Impremta Maideu, 1981, pp. 213-214.
144 A la Vall de Ribes la lliura d’herba era una unitat de superfície mètrica : equivalia a
l’espai necessari per tenir herba suficient per a pasturar-hi 100 ovelles ; el seu divisor, el
cincsou corresponia a un espai per a 25 ovelles. Així una lliura equivalia a 40 quarteres (més
o menys 9,80 hectàrees).
145 17 de juny de 1687 ; Cfr. “Llibre de l’Ajuntament “de Pardines ; Arxiu Municipal de
Pardines. Aquest llibre (malgrat el seu estat de consevació i la pèssima organització dels
escrits) té un valor especial en la història de la vall, perque l’espai cronològic que representa
és molt llarg : el seu primer document data de l’any 1665 i l’ùltim és de després de la guerra
113

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
Tant a Pardines com a Queralbs, a cada muntanya corresponia un
“baixant” de garriga o bé un troç d’herba de la baixa muntanya per a pasturar-hi
a la tardor. Aquests trossos es compten en rals, no en lliures. Algunes
cases tenien dret en llocs determinats dels baixants anomenats ‘baixant de
femada’ : les cases privilegiades podien pasturar-hi llur bestiar.
Sota als baixants hi havia els terrenys anomenats “ alous” (d’aquests
només n’hem trobat a Queralbs) que en tot temps tothom podia anar-hi a
pasturar llur bestiar – això era important pels que tenien pocs animals146.
Aquesta divisió simbòlica era vàlida per a totes les possessions comunals,
i cada vegada que es venia o s’empenyorava un tros es feia amb aquesta
divisió147. Les unitats de la divisió es mantenen durant llargs segles, a
Pardines les trobem encara en documents dels primers anys del segle XIX
com a unitat de terra comuna posada en possessió i explotació privada.
Algunes dècades més tard ja és un topònim (‘anant cap els cincsous’).
El “partir de la muntanya” també sobreviu ; encara el trobem en 1826.
Els que executen la partició són, a més a més dels cònsuls i altres membres del
consell, el conjunt dels homes més vells, els caps de casa de la comunitat148.
Aquesta comunitat mantenia els seus comunals malgrat la desamortització
civil de Madoz, i a finals del segle XIX Pardines es considerava com
un dels tres focos més actius de plets i causes criminals per raó dels seus
comunals149. A les últimes dècades del segle XX encara al comprar una de
les cases velles del poble es concretava el seu dret de pastura i la quantitat de
bestiar que la casa hi podia portar150.
civil del 1936, tot integrament escrit (llevat un informe de tres pàgines) en català. Per a una
descripció general del llibre Cfr. Enrica CASANELLES I SILVANS : “Anàlisi lingüística del
Llibre de l’Ajuntament de Pardines ” ; 1985, Tesi de llicenciatura en filologia catalana
dirigida per Joan Martí i Castell ; mecanografiat, 228. p.
146 Salvador VILARRASA : op. cit pp. 216-217.
147 El procediment de partir la muntanya també estava present a l’altra banda del territori, a
la Vall de Toses, de domini baronal : a Dòrria les muntanyes estaven repartides en 13 parts
iguals – cortons o capmasos. A cada unitat hi podien pasturar 200 bèsties de llana
gratuitament, durant els 4 mesos de l’estiu. El bestiar foraster paga 20 rals per cortó, encara
que només hi estigui un dia o bé barrejat amb el bestiar dels propietaris. In : Llibre de les
coses tocants y pertanyents a la rectoria y esglesia de St. Victor del lloch de Dorria... ; Arxiu
Històric Comarcal de Puigcerdà ; Notarials, Jauma BONADA, Especials, f .9 r. i v. Miquel
SITJAR I SERRA el publica en “Dòrria, 1100 anys de vida” ; Ajuntament de Toses, 2003.
pp. 105-107.
148 Cfr. Llibre de l’Ajuntament, f.144v, 152 v, 97 r, 109 v. Però en aquest últim document
sobre el repartiment de la muntanya és l’aspecte festiu el que té més importància.
149 Rafael ALTAMIRA : Historia de la propiedad comunal, 1890, p. 303.
150 Dec aquesta informació a Enrica CASANELLES. Maig 2003.
114

TÜNDE MIKES
A Queralbs també trobarem la supervivència d’aquests drets
consuetudinaris, testimoni d’aquest fenòmen és el “Llibre de Gibell” o llibre de
l’Ajuntament151. Documenta la llista de cases que tenien dret a muntanya i una
altra amb els noms de dret a baixants a partir dels anys 1894. Així veiem com
es mantenen els comunals com a elements d’identificació de les comunitats152.
f. La venda de les muntanyes
Els primers anys del segle XVIII porten canvis substancials en la gestió
dels emprius : amb la concòrdia ja mencionada del 1702 les universitats
de la vall esdevenen senyors directes de les seves “ terres, hermes y boscoses
y vacants”153. Però aquest fet no només portarà la cohesiò de les universitats
com a comunitats154.
Arran dels conflictes bèl·lics les universitats están obligades a fer valer
les seves proprietats. A la postguerra dels conflictes de la guerra de
successió, els cònsuls i consells de les universitats necessiten un cert temps
d’adaptació al nou sistema, la nerviositat invadeix la vida quotidiana. Les
universitats convoquen nombroses reunions, fan eleccions de consell per
mitjà de la insaculació i uns dies més tard elegeixen els regidors... Els nous
impostos, obligacions i càrrecs obliguen als municipis a vendre i arrendar
alguns dels seus comunals. Pardines empenyora i després ven la muntanya
de Portolas en diferents parts, entre 1715 i 1724155.
Al mateix temps comença el calvari de Queralbs amb les pastures de
la Coma de Vaca, el bé comunal més preuat del poble. La comunitat, en una
reunió del consell general de “singulars persones i habitants” (caps de casa)
del lloc, apel·lant a les seves dificultats monetàries decideixen demanar
l’autorització de l’autoritat supralocal, el Consell de Cònsuls i Jurats de la
Vila i Vall de Ribes – en els últims moments de la seva existència – per
vendre la muntanya. Així el síndic de la comunitat rep els poders de vendrela
mitjançant subhasta pública. La venda finalment es realitzà l’any 1756 a
151 Arxiu Municipal de Queralbs, Llibre de Gibell, segona part. Document sense numeració
de pàgines. Sobre la contravertida i triste història dels comunals d’aquest poble v. l’article de
MOLÍ, Els comunals... op. cit. Vide supra n. 94.
152 Cfr. Per als mateixos fenòmens l’article de Nadine VIVIER : Les biens communaux en
France au XIXe siècle. Perspectives de recherches ; in : Histoire et Sociétés Rurales, 1994, nº
1, pp. 119-140.
153 Concòrdia... 1702, cap. 3. Vide supra n. 85.
154 Sobre aquest aspecte cfr. l’article de Jaume DANTÍ : op. cit. pp. 93-110.
155 Venda a carta de gràcia en 5 ocasions ; al reverend Anton Capdevila, entre 1715 i 1724.
Llibre de l’Ajuntament, f.41v cont i 42 r.
115

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
carta de gràcia156 amb greus conseqüències pels seus drets tradicionals de
pasturatge, que ja hem vist, els provenien del segle XI : es prohibeix la
pastura als ramats dels habitants en aquell temps en el qual les pastures són
deveses – des de 1de juny fins 1 d’octubre – encara que siguin animals de
treball. Només poden pasturar entre tots els habitants 24 vaques de treball,
pròpies dels veïns .
g. Canvi de sensibilitat en la segona meitat del segle XVIII
A l’última part del segle XVIII es nota un canvi en l’aprofitament dels
recursos naturals o al menys en la seva regulació. Les ordinacions es tornaran
més explícites, més exactes i podriem dir, més fidels a la realitat social,
com hem vist al document de Pardines de 1779.
Es denota una polarització social més visible que abans. La font que
més ens documenta aquest canvi és la “Respuesta al Interrogatorio... de
Francisco de Zamora” escrit per l’hisendat157 i doctor en dret per la Universitat
de Cervera, Francesc Capdevila i Ventòs de Ribes. Mentres que Zamora
només subratlla la importància dels emprius i la gran quantitat de ramats en
la vall158, Capdevila ens ofereix una visió més detallada.
La diferència entre cases velles159 i noves és important. De les primeres
es compta entre 10, 15 o 20 en cada poble i entre les seves propietats de
terres de més qualitat hi ha tan cultius com prats i deveses. Moltes vegades
alguna part d’aquestes heretats (o tot el mas) estan arrendats temporalment.
Hi ha una diferència entre l’aprofitament dels camps i dels prats. Als
prats comunals pasturen tots els animals de tots els particulars del poble,
mentres que a les pastures particulars i a les “deveses” només van els del
proprietari o de l’arrendador. En general aquestes terres están cercades per
parets. En els camps o altres possessions poden entrar els ramats aliens després
de la collita fins al març – però si el camp és de blat només hi van els
ramats propis. El seu propietari passa després de la collita, a primers de
156 I el poble encara avui en dia lluita per a poder recuperar la seva muntanya dels que la
regenten actualment ; v. 30 de desembre de 1715 i 8 d’agost de 1756 ; Arxiu Municipal de
Queralbs ; Plec de documents i Montserrat MOLÍ : Els comunals de Queralbs... op. cit.
p. 162.
157 Per a la diferenciació social en el sí de les classes rurals cf. Rosa CONGOST i Pere
GIFRE : Des paysans remences aux propriétaires rentiers. Les transformations agraires de la
Catalogne moderne ; in : Domitia nº 3, gener 2003, CRHiSM, Université de Perpignan,
pp. 27-47.
158 Francisco de ZAMORA : Diario de los viajes hechos en Catalunya ; a cura de Ramon
Boixareu, Curial, Barcelona, 1973 ; pp. 89-90.
159 “...o heredades que los primeros pobladores adquirieron...”, v. CAPDEVILA, op. cit.
f.194 v.
116

TÜNDE MIKES
setembre per a fer amb els bous uns sellons de cercat per que quedi en
devesa fins a finals de març160.
Per a un aprofitament més complet dels recursos, els ramats de cada
comú podien anar a les pastures del poble veí, però moltes vegades aquesta
llibertat xocava amb els intents dels comuns de particularitzar l’ús d’aquestes
terres161. Aquests animals, en general, només es quedaven a la vall a l’estiu,
formant ramats extensos, i a l’hivern se’n anaven a l’Empordà, a l’Urgell, al
Vallès o al Penedès162.
Quant a l’explotació forestal, el fet més important i també més general
és l’estat desolador dels boscos a causa : de les rompudes repetides ocasionades
pel creixement demogràfic fort i sostingut de la segona meitat del
segle XVIII ; de l’abus de l’explotació, tant per fabricar objectes com a per
utilitzar-los com a pastures per a càbrids. La falta de planificació en la silvicultura
i les destrosses dels conflictes bèl·lics que havia patit la vall agreugen
la situació. Per altra banda, les exigències de la Marina reial s’havien
multiplicat des de mitjans de segle. Però, és sobretot l’abundància de les
fargues i dels martinets allò que va provocar el desgast més important en
matéria de combustible – de manera que moltes d’aquestes indústries hauran
de tancar durant el mateix segle XVIII per manca de fusta i de llenya163.
Capdevila és un defensor de la closa i segurament reflecteix una
opinió molt arraigada : per a una agricultura i una ramaderia més sanejada es
necessita més herba, més animals i més fems – i per tant, el tancament i la
prohibició d’aprofitament comunal de les parcel·les privades164.
160 Per a una classificació de terres molt semblant a la Vall d’Aran v. Mª Angels
SANLLEHY I SABI : Usos comunals i tancament de terres ; in : Moviments de protesta i
resistència a la fi de l’Antic Règim ; a cura de Ramon Arnabat ; Coordinadora de Centres
d’Estudis de Parla Catalana ; Publicacions de Montserrat, 1997. pp. 157-161.
161 Cfr. per aquest mateix conflicte al Rossellò l’article de Michel BRUNET : Droit de
parcours et “enclosures” dans le Roussillon du XVIIIe siècle ; in : Annales du Midi, 1995.
pp. 119-129.
162 Vegeu Ignasi Ros i Fontana : La regió d’hivernada transhumant del Pla de Lleida : la seva
influència al Ripollès entre els segles XVI-XVIII ; in : IBIX, Annals del Centre d’Estudis
Comarcals del Ripollès ; setembre 2002, pp. 117-130.
163 Cfr. pels antecedents l’estudi de Véronique IZARD sobre els Pirineus nord-orientals : La
“révolution industrielle” du XIVe siècle. Pouvoirs, enjeux, gestions et conflits autour d’un
patrimoine minier, sidérurgique et forestier convoité (Pyrénées catalanes, France) ; in :
Domitia, février 2002., pp. 43-62 ; per als segles XVII-XIX Carlos AYORA : Les mines de la
Vall de Ribes ; in : Queralbs ; pp. 164-165 i Jordi MASCARELLAi ROVIRA : La farga ;
Quaderns de la Revista de Girona nº 43 ; Girona, 1993.
164 Cfr. “Respuestas...”, nº 47, 66, 67.
117

LES COMUNITATS I ELS ‘BONS USOS’ …
Aquest canvi de sensibilitat es demostra també en la multiplicació
d’establiments, “endebesaments”, “apossessionaments” i vendes d’algunes
parcel·les de terra comuna pels regidors dels municipis – a partir de finals del
segle XVIII. La majoria dels contractes de les 211 parcel·les privatitzades
pel comú de Pardines entre 1793 i 1845 (amb diferentes fòrmules jurídiques)
el que subratllen és el caràcter tancat (“endebesament”, “debesa privativa”)
d’aquestes noves possessions, amb la possibilitat d’aconseguir “bans” per a
impedir el pas davant dels aliens. Moltes vegades són trossos de terra
colindants amb terres ja posseides, arrodonint d’aquesta manera les
explotacions existents. La meitat d’aquestes transaccions és venda – gairebé
sempre en devesa privativa i suvint a carta de gràcia165.
No sabem exactament l’abast d’aquest fenòmen, encara no podem
valorar-lo ni en el conjunt de Pardines. Però als altres comúns el fenòmen era
semblant – donar en possessió/ús privatitzat una part dels comunals
excloent-ne la comunitat166. És el conflicte entre una agricultura que intenta
modernitzar-se i una ramaderia extensiva dels pastors tranhumants que es
solapa amb les necessitats financeres d’unes comunitats que estan al bell mig
dels conflictes bél·lics de la guerra gran, de la guerra del francès i de les
guerres carlines. A més a més, aquest “ball de terres” s’inscriu en les primeres
fases de la desamortització civil espanyola i del primer procès de
l’individualisme agrari167.
Però el que ens sobta és la vivacitat d’aquesta organització comunitària
que malgrat formar part ja fa dècades d’una monarquia centralitzadora i
unificadora manté la movilitat i la flexibilitat d’auto-adaptació al medi – tant
econòmic com a polìtic – on, de fet, els comunals es mantenen168 i són
rentables encara a finals del segle XX169.
165 Rosa CONGOST, Pere GIFRÈ i Xavier TORRES descriuen un fenòmen molt semblant.
Cfr. Del mas a la masoveria. Les transformacions del mas català a l’època moderna :
l’exemple de la regió de Girona ; in : El mas català durant l’edat mitjana i la moderna
(segles IX-XVIII) ; CSIC, Barcelona, 2001. pp. 580-581.
166 Sobre qüestions de l’individualisme agrari Cfr. : Rosa CONGOST : Comunales sin
historia. La Cataluña de los masos o los problemas de una historia sin comunales. ; in :
Historia de la propiedad en España. Bienes comunales, pasado y presente., Centro de
Estudios registrales, Madrid, 2002. pp. 298-305.
167 Cfr. Josep FONTANA : La desamortización de Mendizábal y sus antecedentes ; in :
Angel Garcia Sanz i Ramon Garrabou, eds. : Historia agraria de la España contemporánea I.
Crítica, Barcelona, 1985 ; pp. 219-244.
168 Cfr. El cas de Campelles, no estudiat en aquest article, encara avui en dia té beneficis de
l’aprofitament dels seus boscos.
169 Sigles i abreviacions utilizats : AHCP : Arxiu Històric Comarcal de Puigcerdà ; AHCR :
Arxiu Històric Comarcal de Ripoll ; C.E.C.R. : Centre d’Estudis Comarcals del Ripollès.
118

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE
L’ESPAI A L’ÈPOCA MEDIEVAL.
Alguns exemples catalans
INTRODUCCIÓ : INTERPRETAR ELS PROCESSOS DE
ROMPUDA MEDIEVALS EN LA CARTOGRAFIA ACTUAL
Jordi BOLÒS*
Els coneixements que tenim sobre els parcel·laris medievals a
l’Europa meridional han augmentat molt aquests darrers anys1. Els treballs
fets fins ara demostren que la millor manera que tenim per tal d’avançar amb
seguretat en les recerques és no sols poder establir relacions entre els
parcel·laris que volem estudiar i altres formes parcel·làries més antigues (per
exemple, romanes), sinó també poder establir una relació amb els elements
generadors d’aquests parcel·laris – com per exemple llocs de poblament o
vies –, que poden ésser datats d’una manera més precisa i segura (això és
ben clar en el cas de les vilanoves). Darrerament s’han fet nombroses aportacions
en què hom ha relacionat nous parcel·laris amb els processos de
rompuda i desforestació, i, per tant, amb la creació de nous establiments
humans2.
* Universitat de Lleida
1 Podem esmentar els treballs de J. L. ABBÉ, “Permanences et mutations des parcellaires
médiévaux”, G. CHOUQUER (ed.), Les formes du paysage, 2, Errance, París, 1996, pàgs. 223-
233 ; ABBÉ, “Les créations de terroirs et de parcellaires agraires dans le Midi de la France au
Moyen âge : des villages neufs aux domaines monastiques”, Territori i Societat a l’Edat
Mitjana, III, Lleida, 1999-2000, pàgs. 59-73. Esmentem també l’aportació de C. LAVIGNE,
“Parcellaires de fondation et parcellaires de formation à l’époque médiévale en Gascogne ;
clefs de lecture et poblèmes d’interpretation”, Les formes du paysage, 3, Errance, París, 1997,
pàgs. 149-158. Recordem també l’estudi de J. M. PALET, Estudi territorial del Pla de
Barcelona. Estructuració i evolució del territori entre l’època iberoromana i l’altmedieval
(segles II-I aC – X-XII dC), Barcelona, 1997. Per contra, intents fets sense una base prou
sòlida, han estat després durament criticats ; vegeu : E. ZADORA-RIO, “Essor démographique,
croissance agraire et archéologie”, Médiévales, 21, 1991, pàgs. 17-20.
2 R. GONZÁLEZ VILLAESCUSA, “Centuriations, alquerias et pueblas : éléments pour la
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 119 - 118 119

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
D’acord amb aquesta idea, a continuació proposo de discutir sobre uns
quants exemples en què sovint podem establir una cronologia relativa, en
relació amb realitats d’època anterior a la medieval, ben datades, i en què a
més podem establir relacions amb llocs de població també força ben datats.
Alguns dels exemples exposats ja han estat publicats en altres treballs. Ara
volem, però, presentar-los d’una manera agrupada i dins del marc d’aquest
congrés, que crec que pot ésser un fòrum adequat, no sols per a la difusió
d’aquestes aportacions, sinó també per a la discussió de les hipòtesis
plantejades.
D’acord amb aquests plantejaments inicials, crec que cal afirmar la
possibilitat de datar restes de parcel·laris creats a l’edat mitjana, com ja s’ha
fet en altres ocasions. A més, també crec que hom ha de tenir ben present
que aquesta mena de treballs no tenen sols un elevat interès pel fet de permetre’ns
reconèixer els elements medievals que tenim al nostre entorn, sinó
que tenen així mateix una gran importància per tal d’aclarir alguns dels grans
canvis esdevinguts al llarg dels segles de l’alta edat mitjana o de l’edat
mitjana central. Com veurem tot seguit, aquesta mena de recerques ens porten
també a qüestionar-nos sobre els trencaments i les continuïtats en
l’ocupació dels territoris.
En les properes pàgines ens aproximarem a uns quants exemples, situats
en l’espai català, en diverses comarques dels Pirineus, dels Prepirineus
i de les terres de la ‘marca’ o frontera, ja a l’anomenada Catalunya Nova.
Després d’analitzar-los, podrem veure quines aportacions més generals podem
fer a partir de les conclusions a què arribem en aquests estudis.
L’exemple de Moredell (o Molledell) i de Riuràs (fig. 1)
Moredell és dels pocs casos en què tenim una documentació escrita
força abundant sobre la topografia dels camps d’un possible vilar o establiment
carolingi. No sols podem fer una anàlisi a partir del parcel·lari actual,
sinó que podem establir una comparació de la realitat conservada amb la
documentació escrita, que ens aporta molta informació3.
compréhension du paysage valencien”, Les formes du paysage, vol. 2, Errance, París, 1996,
pàgs. 155-166, en especial fig. 6, de la pàg. 164. Vegeu també l’estudi de T. BONIN, “Le site
de Chessy et l’occupation du sol en Île-de-France (VIe-Xe siècles)”, Archéologie médiévale,
XXIX, 2000, pàgs. 1-68, en què es parla dels “parcellaires de défrichements”, de rompudes,
ben evidents a la figura 33, de la pàg. 53 (després publicat novament al volum XXX-XXXI,
2001, pàg. 537). És també notable l’esment dels sistemes parcel·laris amb un embolcall
circular, estudiats per C. MARCHAND, “Réseau viaire et dessin parcellaire : étude
mophologique de la région du Gâtinnais oriental”, Les formes du paysage, vol. 3, Errance,
París, 1997, especialment pàg. 74.
3 Sobre Moredell he publicat recentment un article, per la qual cosa ara no m’hi vull estendre
120

camp documentat
l'any 926
Sant Joan de
Mollet
torrent de les Fontanes
parcel·lari
medieval
1.000 m
l'Illa
torrent de
Moredell
Falgueres
les Valls
el Ter
04 94
Flaçà
Moredell
Riuràs
JORDI BOLÒS
parcel·lari organitzat
a partir d'un sistema
ortogonal
parcel·lari
ortogonal
mas Costa
possibles
camps
primerencs
46 54
riera de Rifós
46 56
Fig. 1 : El vilar de Moredell (Gironès). Podem contraposar el parcel·lari
que hi ha prop del vilar, enmig del bosc, i el parcel·lari que hi ha prop
del riu Ter
gaire. Com a element de comparació crec que és interessant d’incloure’l. Primerament fou
publicat a J. BOLÒS - V. HURTADO, Atles del comtat de Girona (785-993), Rafael Dalmau
Editor, Barcelona, 2000, págs. 46-47. També podem consultar : J. BOLÒS, “El naixement d’un
vilar medieval : Moredell (Gironès) en època carolíngia”, Acta Historica et Archaeologica
Mediaevalia, vol. 22, Barcelona, 1999-2001, pàgs. 181-190.
?
jbm '03
121

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
Parcel·laris anteriors ben datats. En aquest cas, podem diferenciar
clarament un espai pla proper al riu Ter, que fou ocupat d’una manera segurament
gairebé ininterrompuda des l’època romana, i un espai boscós i aturonat,
que possiblement no havia estat ocupat fins a l’època de la conquesta
dels francs. Podem contraposar, doncs, un Mollet (ara Sant Joan de Mollet),
situat damunt d’un limes de la centuriació romana, amb un Molledell o
‘Mollet petit’ (ara pronunciat Moredell), actualment no localitzat amb precisió
i que devia ésser bastit prop d’una carena, al sud-est de Mollet, a la riba
dreta del torrent de Moredell.
Característiques d’aquest espai. L’ocupació del bosc de Moredell va
suposar la rompuda d’una sèrie de camps, situats al llarg dels dos cursos
d’aigua que aflueixen al riu Ter i, sobretot, l’aparició d’una clariana de
conreus al voltant de l’indret on hi havia el vilar. Aquests camps, no gaire
grans, corresponen força bé amb les peces de terra mesurades al document de
l’any 9264. Certament, podem contraposar aquest espai de Moredell amb
l’espai de Flaçà o de Mollet, on encara el parcel·lari segueix bàsicament
l’orientació de la centuriació de Girona, i on el 926 els camps eren molt
llargs i estrets (vegeu fig. 1)5.
Podem establir una contraposició semblant entre els camps o feixes
més propers a Riuràs, organitzats en crear-se aquest nucli de població (documentat
també el 926), prop d’una roureda (com traeix el nom d’aquest
lloc), i els camps que hi ha davant seu, a l’est, al riberal del Rifós. Aquests
darrers s’organitzen d’acord amb un parcel·lari també ortogonal, que segurament
també té l’origen en l’època romana6.
Datació d’aquests establiments de població. Aquest vilar de Moredell
ja existia el segle X. El trobem documentat els anys 926 i 955. Cal pensar
que fou creat en un moment primerenc, no gaire després de la conquesta
franca de l’any 785. En un moment d’inseguretat, possiblement, la seva ubicació
una mica encimbellada i allunyada de la proximitat de la via que passava
pel costat del riu Ter – i pel costat de Sant Joan de Mollet, de Flaçà, de
Bordils i de Celrà –, en féu un indret adequat, encara que calgués rompre i
desforestar un espai potser fins aleshores no ocupat.
4 F. MONSALVATJE, Noticias Históricas, vol. XI : Colección diplomática del condado de
Besalú, Olot, 1901, doc. XXV, pàgs. 120-126.
5 Podien fer 12 destres d’ample per 310 de llarg o bé 12 destres per una longitud de 340
destres (uns 28 metres per 713 o per uns 780 metres).
6 En el mapa, hem dibuixat també els camps que es crearen al voltant del mas Costa – situat
en un vessant –, entre els segles X i XII. La relació entre habitatge i espai de conreus annex hi
és també evident.
122

JORDI BOLÒS
Moredell és un vilar d’època carolíngia, ara abandonat, que sabem,
amb força seguretat, que es creà en els segles carolingis. Actualment no coneixem
exactament on eren edificades les construccions del vilar de
Moredell, però sí que podem situar amb força seguretat els seus camps,
alguns dels quals tenim ben descrits per un document de l’època, realitat
molt excepcional7. D’altra banda, el fet que Moredell amb els anys hagi
passat a ésser situat en un lloc marginal, ha fet que s’hagi conservat la topografia
del territori d’aquest vilar carolingi possiblement sense gaires canvis
(encara que és molt possible que hi hagi hagut un procés de nova ocupació
de les terres forestals en època moderna o contemporània, i que siguin
d’aquesta època alguns dels camps petits, intercalats dins del bosc).
El vilar era una forma de poblament molt estesa a l’alta edat mitjana i
en concret a l’època carolíngia. Recordem, per exemple, la gran quantitat de
vilars, habitats per unes quantes famílies (de dues o tres fins a unes deu), que
trobem ben documentats en totes les terres de repoblació. Trobem un
exemple molt notable d’aquesta forma de poblament en el conegut judici de
l’any 913, relacionat amb la vall de Sant Joan de les Abadesses. Com ja és
prou sabut, d’acord amb aquesta font documental, en aquesta vall del
Ripollès, vers l’any 880, s’instal·laren nombroses famílies, que edificaren els
vilars de Perella, Muig, Vedellar, “Rodebaldenc”, “Francons”, Sentigosa,
Boscarons, Miralles, etc.8. Aquests vilars, sobretot els situats a les terres més
muntanyoses, podien tenir unes característiques molt semblants a les del
vilar de Moredell o a les del lloc de Riuràs.
L’exemple de la Plana de Vic (figs. 2 i 3)
Una de les primeres vegades en què vam assenyalar la possibilitat de
descobrir en els mapes i en els ortofotomapes actuals testimonis de les rompudes
medievals, de l’alta edat mitjana, va ésser en estudiar el parcel·lari de
la plana de Vic9. Cal tenir present que les característiques de l’evolució
7 Alguns camps propers al vilar feien, per exemple, 41 per 81 destres (potser uns 94 per 186
m), 64 per 113 destres (147 per 260 m), 20 per 96 destres (46 per 221 m), etc. El mateix
document ens dóna les mides dels ‘masos’ (els habitatges), amb la cort, l’hort i uns casals,
que formaven aquest poblet : 26 i 14 destres per 32 i 33 destres (uns 30 a 60 m per uns 74 m).
Un altre ‘mas’ feia en canvi 10 destres per 5 i 8 i un pas (23 per 11,5 o 18,5 m). De fet, la
impressió és la d’un poble obert, format per l’agrupació de diferents masos semblants als que
s’han excavat a Vilosiu (vegeu : J. BOLÒS (ed.), Un mas medieval pirinenc : el mas B de
Vilosiu, Universitat de Lleida, Lleida, 1996).
8 R. ORDEIG, Catalunya carolíngia, vol. IV : Els comtats d’Osona i Manresa, Institut
d’Estudis Catalans, Barcelona, 1999, doc. 119.
9 Vegeu : J. BOLÒS - V. HURTADO, Atles del comtat d’Osona (798-993), Dalmau Editor,
Barcelona, 2001, pàgs. 47 i 49. No oblidem pas, però, l’estudi de J. M. Palet, sobre l’ocupació
i la transformació de l’espai proper a la ciutat de Barcelona, especialment de les terres
123

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
històrica d’aquest sector de la comarca d’Osona són especials. La plana de
Vic, al centre d’aquesta comarca, és una cubeta envoltada de muntanyes
situada al sud de la serralada pirinenca.
Si veiem detingudament els ortofotomapes actuals, ens adonem que,
en aquesta plana de Vic, han perdurat nombrosos testimonis de formes
el·líptiques o gairebé circulars que han restat fossilitzades en els límits de les
parcel·les actuals dels camps. Aquesta realitat, d’acord amb els estudis fets
fins ara, ens pot permetre de pensar que es tracta de formes nascudes arran
d’un procés de rompuda i de desforestació del territori. Aquestes formes són
molt semblants a d’altres que s’han trobat en altres països de l’Europa occidental10.
Immediatament, però, ens hem de plantejar el problema de la datació
d’aquestes realitats. Per intentar datar aquests límits podem seguir diversos
camins. Podem establir relacions amb elements del paisatge anteriors ben
datats o bé podem establir nexes amb els elements que generaren aquests
espais (que generalment són més fàcils de datar). En darrer lloc, si és
possible, hem d’establir si hi ha elements posteriors, fàcilment datables, que
transformin l’element del paisatge arqueològic – una forma el·líptica o quasi
circular fossilitzada en el parcel·lari – que volem datar.
Parcel·laris anteriors ben datats. A la plana de Vic hi ha restes d’una
centuriació d’època romana, que han quedat fossilitzades en algunes vies
orientades de sud a nord o d’est a oest. Malgrat que alguns dels llocs més
antics del pla – documentats almenys en època carolíngia – són situats al
costat d’un fragment de camí que segueix aquesta orientació (Sant Fruitós
del Grau, Muntell, Taradell, el Gurri, Berga, etc.), els parcel·laris que volem
estudiar (quasi circulars), evidentment, no es poden pas relacionar amb
l’orientació de les centúries. Només dos conjunts de parcel·laris actuals
coincideixen amb l’orientació d’aquesta organització cadastral romana,
segurament d’una manera casual, ja que en realitat s’adapten a l’orientació
d’una via, que és possible que correspongui amb un limes de la centuriació
romana (a Sentferm i al Gurri).
Nexes amb elements generadors d’aquest espai. En canvi, podem assenyalar
que, en gairebé tots els casos, hi ha un lligam entre aquests conjunts
de camps que resten closos per uns límits amb unes formes el·líptiques o
gairebé circulars i uns llocs de poblament ja esmentats en documents de
l’època carolíngia, com Sant Fruitós del Grau, Palau, Muntell, Sentfores,
Vilacís, Llagostera, Malla, Vila-seina, etc. D’acord amb les restes
conservades, podem pensar que els camps s’organitzaren d’una manera gairebé
circular al voltant de l’establiment humà. Normalment, aquests espais
situades als deltes del Llobregat i del Besòs, esmentat en una nota precedent.
10 Vegeu notes 1 i 2.
124

JORDI BOLÒS
agrícoles, que cal suposar que depenien en un moment inicial d’una vil·la o
d’un vilar carolingi, tenen un radi d’uns 500 a 1 000 m. Només en el cas de
Palau, domini comtal, amb potser uns precedents més antics, anteriors a
l’època carolíngia, trobem que les línies circulars, que tenen com a centre
aquest indret lleugerament encimbellat, es troben fins a una distància de prop
de 2 000 m de l’indret focal. Aquest fet ens demostra que existia una relació
entre la importància de la població o del domini i la superfície de la terra
rompuda i organitzada al seu voltant.
Datació d’aquests establiments de població que foren centre d’un
espai agrícola. Aquests llocs centrals corresponen a llocs de població
documentats per primera vegada durant els segles carolingis (sobretot durant
el segle X, centúria de la qual s’ha conservat més documents). Sant Fruitós
del Grau és esmentat per primera vegada el 948, Vila-seina el 955, Palau el
898/917, Muntell el 929, Sentfores el 911 i el 930, Vilacís el 914, Llagostera
el 912, Malla el 924, etc. En conjunt, podem pensar en uns indrets que ja
existien al segle IX (encara que no es documentin fins un segle més tard), per
bé que en algun cas podríem pensar que tenen unes rels encara més antigues
(així Sentfores, Palau i potser Sant Fruitós). Per aquest motiu, atès que els
camps es relacionen amb aquests indrets, hem d’acceptar sense gaire dubtes
que aquestes rompudes, que encara podem llegir en el parcel·lari actual, són
del moment en què es crearen aquests nous establiments, abans de l’any
1000. Després del canvi de mil·lenni, quan s’esdevingué una forta dispersió
del poblament, aquest lligam ja no tindria sentit i seria ben incomprensible.
Elements posteriors que distorsionaren la realitat carolíngia. La
plana de Vic és un territori on, des de l’edat mitjana central, ha predominat el
poblament dispers en masos. Sobre la base carolíngia, d’un hàbitat semidispers,
repartit en vilars i vil·les, habitats per unes quantes famílies, es crearen,
després de l’any 1000, els masos isolats entre els camps i els boscs, que
molt sovint varen suposar la reorganització del vell espai carolingi o bé la
creació de noves zones de conreu, que de vegades també prengueren unes
formes arrodonides o el·líptiques i de vegades unes formes allargades (amb
unes feixes o terrasses que s’enfilen pels vessants de les muntanyes).
Aquests nous espais de conreu, que podem datar als segles XI-XIII, molt
sovint alteraren les realitats anteriors, s’hi superposaren o, fins i tot, les trossejaren.
Abans d’avançat en la nostra exposició, crec que cal recordar que, en
aquesta mateixa plana de Vic, podem trobar altres tipus de parcel·lari, diferents
dels que acabem de descriure, reflex d’una realitat complexa.
L’exemple de Quadres i Oms, indrets molt propers entre ells, es molt
interessant (fig. 2). En aquests indrets no ens trobem davant d’unes formes
el·líptiques o circulars, sinó davant d’unes formes més quadrangulars, quasi
125

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
126
1.000 m
Vila-seina
Torroella
Oms
04 38
riu Ter
Palau
Quadres
possible
límit de l'espai
romput inicialment
Pradell
St Fruitós
Vilamirosa
Granollers
04 40
46 50
46 48
jbm '02
46 46
Fig. 2 : El lloc de Palau (Osona). La superfície de terra que s’organitzà a
partir del lloc de Palau, que ja és documentat en època carolíngia, és
molt àmplia
ortogonals. Les parcel·les dels camps segueixen l’orientació de sud-est a
nord-oest, seguint el traçat d’un camí actualment perdut. Pot tractar-se d’un
parcel·lari més modern, tot i que pren com a centre dos llocs esmentats en
documents els anys 965 i 898/917, respectivament. A més, el mateix nom
Quadres, que ja trobem en època carolíngia, és força significatiu. En aquest
cas actuà com a element generador principal un eix viari que anava de nordoest
cap al sud-est. Trobem un cas semblant a aquest més cap al sud, en
relació amb el lloc anomenat el Gurri i amb una via que anava de nord a sud.
Tot i que hom pugui sospitar que és un parcel·lari medieval i potser anterior
a l’any 1000, és difícil d’assegurar res.

JORDI BOLÒS
Abans d’intentar plantejar què ens poden aportar aquestes troballes a un
coneixement de la història d’aquest territori, fem unes pinzellades sobre les
dades històriques que sabem sobre l’espai que analitzem. El 798, aquest territori
passà a ésser controlat per un comte carolingi. No sabem pas si es va produir
un abandonament notable entre el final de l’època de domini islàmic i
l’inici de l’època de domini franc ; és molt probable que no fos així. No sabem
pas tampoc, amb seguretat, si hi hagué un canvi en l’economia d’aquesta zona
entre l’època precarolíngia i els segles de domini franc i comtal ; és molt possible
que existissin algunes transformacions, com es desprèn de certs indicis
que trobem en la documentació dels segles IX i X11. Uns decennis més tard,
sabem, tal com ens explica Ramon d’Abadal, que hi hagué un cert trencament
de la continuïtat des del moment en què es produí la revolta d’Aissó (826-827)
fins que hi hagué la coneguda reorganització de Guifré I el Pelós (d’ençà del
878)12. Es difícil però de valorar-ne la importància només a partir de les fonts
escrites. Tanmateix, crec que els estudis sobre les formes dels parcel·laris ens
poden aportar una certa claror sobre aquest tema. Podem afirmar que
l’existència d’aquests processos de rompuda i d’ocupació de l’espai, documentats
amb la lectura dels mapes :
a. Potser han de respondre a l’existència d’un abandonament poc o molt
prolongat d’aquest territori i d’un procés posterior de repoblació. Difícilment
descobriríem uns testimonis tan clars d’una ocupació de l’espai si no es pogués
relacionar amb una reocupació del territori, després d’uns anys de manca de
conreus. Això no ens pot fer oblidar una altra possibilitat : un canvi de
l’economia, un ús diferent del sòl.
b. Així doncs, també poden respondre a un procés d’ocupació d’un
territori prèviament dedicat a altres activitats, per exemple ramaderes. El fet
que hi hagi, en època carolíngia, topònims que recorden l’existència de prats al
voltant de la ciutat de Vic fa pensar en una economia anterior en què la
ramaderia tenia un pes més gran o diferent. Això coincideix amb la idea que
hom té que, en època visigòtica, el pes del bestiar en l’economia era molt més
important que en els segles posteriors13. D’altra banda, també s’ha assenyalat
en altres indrets que els processos d’abandonament, arreu, afavoreixen
l’augment dels prats.
11 Els documents parlen de prats. Altres fonts, com les pal·linològiques, també recorden
l’existència d’aquestes alteracions del paisatge arqueològic, reflex de les alteracions
econòmiques.
12 R. D’ABADAL, Els primers comtes catalans, Barcelona, 1958.
13 Vegeu : A. ESTEBAN – S. RIERA – M. MIRET – X. MIRET, “Transformacions del paisatge i
ramaderia a la costa catalana del Penedès i Garraf (Barcelona) a l’alta edat mitjana”, IV
Congrés d’arqueologia medieval espanyola, vol. III, Alacant, 1993, pàgs. 647-655.
127

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
128
bosc de
les Quadres
riera de
Rimentol
04 38
Palau
Pradell
Sant Fruitós
possible
límit de l'espai
romput inicialment
carretera de Vic
a Malleu
04 40
Granollers
el Gurri
el Ter
límit boscós
Sant Francescs'hi-moria
[l'Almúnia]
1.000 m
Fig. 3 : Els llocs de Granollers i de Sant Fruitós (Osona). Al sud-est de
Palau, veiem una organització de l’espai cultivat semblant, en relació
amb els llocs de Sant Fruitós (actualment només una església) i de
Granollers (un llogaret format per unes quantes cases força disperses).
Ambdós llocs ja són documentats abans de l’any 1000
De fet, podem suposar l’existència de les dues realitats precedents,
sumades. Pensar en una importància de la ramaderia en època visigòtica no
ha d’ésser pas incompatible amb un procés d’abandonament o
d’encimbellament després de la revolta d’Aissó. Mentre la toponímia antiga,
preromana, ens porta a les muntanyes (Gurb, Besora, Taradell, Voltregà,
etc.), l’hagiotoponímia formada en un moment menys remot – en els primers
segles medievals – ens porta més aviat a les planes (mentre a les muntanyes
46 48
46 46
jbm '02
46 44
04 42

JORDI BOLÒS
trobem més aviat advocacions introduïdes ran de la conquesta franca, com
Sant Martí o Sant Julià)14.
De fet, com a conclusió d’aquest apartat, podem parlar d’uns establiments
de població creats en època carolíngia, concretament després de
l’ocupació de Guifré I, que organitzaren uns conreus que s’estenien per uns
espais amb unes formes el·líptiques o arrodonides. Aquesta és una realitat
segura, que ens pot permetre de valorar la importància del poblament semidispers
(en vilars) o de l’ocupació agrícola de l’espai en aquest moment
carolingi.
Alguns altres exemples del comtat d’Osona (fig. 4)
Als sectors actualment més boscosos del comtat d’Osona podem
veure, potser encara d’una manera més evident, restes dels parcel·laris de
rompuda que s’estenen, en forma de cercles poc o molt perfectes, al voltant
de llocs poblats en època carolíngia. Tot i que no creiem que calgui estudiar
aquests casos d’una manera tan detallada com els precedents, volem fer
esment d’alguns exemples situats al Lluçanès, al llarg de la riera Gavarresa,
per tant a l’oest dels que estudiàvem ara, situats a la plana de Vic. Penso que
ens permetran d’aclarir algunes realitats15.
El lloc anomenat Vilatemmar ja surt esmentat l’any 956 com a Villa
Teudemar. És situat entre la riera Gavarresa i la riera d’Olost. Encara que no
trobem aquesta vil·la documentada fins a mitjan segle X, gairebé és segur
que ja existia almenys al segle IX. Actualment Vilatemmar és una clariana
dins del bosc, amb uns límits ben definits i on es veu, en el parcel·lari, d’una
manera bastant clara, un procés de creixement, a partir d’un nucli inicial.
Al seu costat, trobem els llocs de Sant Martí d’Albars i de Santa Creu
de Joglars. Tots dos resten documentats abans de l’any 1000 (Sancti Martini
de Medians sive Albas, any 905 ; Sancte Crucis, 984, i Gugulares, 984), i en
relació amb tots dos trobem perfectament delimitat un creixement i un procés
de rompudes, a partir d’un nucli central.
Més cap al sud, trobem el lloc de Puig Rafegut, que podem pensar que
correspon al Puio Eldeberto (any 981) de la documentació. Resta envoltant
de bosc i hi veiem amb claredat unes línies en el parcel·lari, reflex del procés
de desforestació i de rompuda. Podríem augmentar molt el nombre
d’exemples. Més cap al sud, hi ha Reixac (Rexago, vil·la esmentada el 981),
Gavarresa (Kavaresa, 908), Vilargonter (vilar de Gontario, 937), la Cirera,
14 Vegeu : J. BOLÒS – V. HURTADO, Atles del comtat d’Osona..., pàgs. 38-39.
15 Vegeu : J. BOLÒS – V. HURTADO, Atles del comtat d’Osona..., pàgs. 50-51.
129

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
130
Bojons
Joglars
possible
límit de l'espai
romput inicialment
04 22
Fumanya
Sta Creu de
Joglars
1.000 m
Puig Rafegut
St Martí d'Albars
Vilatemmar
04 24
46 54
46 52
Fig. 4 : Diversos llocs d’època carolíngia al Lluçanès (Osona).
Vilatemmar, Santa Creu de Joglars, Sant Martí d’Albars i segurament
Puig Rafegut ja són esmentats en la documentació d’època carolíngia
Vila-rubí, etc. En tots aquests llocs veiem unes realitats semblants a les que
trobem en els exemples precedents.
En aquests indrets hom descobreix, potser amb més facilitat, els testimonis
dels processos d’ocupació de l’espai que ens interessen. Tanmateix,
en el fons, hi trobem la mateixa realitat que documentàvem a la plana de Vic.
Potser en aquest lloc també hi hagué ja una ocupació en època romana. Hi
trobem també restes d’una xarxa de vies amb una tradició antiga. En aquesta
contrada, potser, fins i tot, alguns topònims actuals reflecteixen una ocupació
de l’època andalusina (com Cirera). Allò que és més notable, però, és que els
jbm '02

JORDI BOLÒS
trets característics d’aquesta subcomarca, allunyada de Vic i situada en unes
terres més muntanyoses i més boscoses, han provocat que hagin restat molt
més evidents les rompudes de l’alta edat mitjana, més difícils de veure en
altres llocs. D’altra banda, hem de pensar que aquests processos de
desforestació són també d’un moment molt primerenc. Com testimonia la
dotalia de la propera església de Santa Maria de Lluçà, del 905, aquest
territori ja devia ésser ocupat almenys a la fi del segle IX.
L’exemple de Santpedor (fig. 5)
El pla de Bages és un espai que ha estat ben estudiat aquests darrers
anys. Albert Benet va estudiar acuradament la documentació escrita. Josep
M. Palet va fer una recerca sobre l’arqueomorfologia d’aquest territori.
Nosaltres, darrerament, hem treballat en la realització del volum de l’Atles
del comtat de Manresa, fet que ens ha permès conèixer la documentació i
l’organització de l’espai d’aquesta contrada. Ara volem centrar l’atenció en
el sector septentrional d’aquest pla de Bages, que envolta la població de
Santpedor. Amb petites diferències i malgrat la importància d’aquest lloc, hi
trobem una realitat semblant a la que descobríem en altres indrets.
Parcel·laris anteriors ben datats. Tal com ha descobert Josep M.
Palet, al pla de Bages hi ha testimonis evidents d’una centuriació. Aquestes
restes han restat fossilitzades en algunes vies, en alguns límits de camps o en
alguns límits municipals actuals. Un primer fet que és evident, quan ens
fixem en el mapa adjunt (fig. 5), és que les restes de centuriació prop de la
població són inexistents. La reorganització de l’espai n’ha provocat la desaparició.
Nexes amb elements generadors d’aquest espai. Com en els exemples
de la plana de Vic o del Lluçanès, al voltant de Santpedor és encara força
evident l’existència d’un conjunt de cercles fossilitzats en el parcel·lari, que
semblen delimitar el procés de creixement de l’espai agrícola. De fet, la
població de Santpedor té l’origen en una església, dedicada a Sant Pere ; el
nom original d’aquest poble era Sant Pere d’Or. Aquesta església generà una
sagrera, i un poble s’hi arredossà. Al final de l’edat mitjana, la població
esdevingué una vila mercat, que depenia del rei. Tot això féu que l’espai
edificat s’ampliés considerablement, sobretot cap al sud.
Datació d’aquest establiment de població que fou centre d’un espai
agrícola. El lloc d’Or (Santpedor) és documentat per primer cop el 937 i l’església
de Sant Pere el 996. L’any 1081, és esmentada l’existència d’una sagrera16.
Entre el 1190 i el 1192, el rei Alfons I concedí una carta de franquesa,
16 A. BENET, “El marc històric”, Catalunya Romànica, vol. XI, Enciclopèdia Catalana,
Barcelona, 1984, pàg. 67.
131

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
testimonis d'una
centuriació
132
04 02
bosc
camí
extralocal
bosc
1.000 m
Santpedor
04 04
possible
límit de l'espai
romput inicialment
testimonis d'una
centuriació
Sant Iscle de Bages
bosc
Riu d'Or
46 28
46 26
Fig. 5 : El territori agrícola de Santpedor (Bages). La creació d’un
conjunt de camps al voltant de l’església i de la vila de Santpedor va
comportar una profunda transformació de l’espai que hi havia al
voltant d’aquest lloc
on s’esmentava que s’havien de fer cases (domos edificaverint)17. Es concedí
la celebració del mercat i d’una fira anual. L’any 1234 es parla d’un mur i el
1290 fins i tot d’un vall ja vell18.
17 J. M. FONT RIUS, Cartas de población y franquicia de Cataluña, vol. I, CSIC, Madrid-
Barcelona, 1969, doc. 183, pàgs. 254-255.
46 24
jbm '02

JORDI BOLÒS
Els habitants de Santpedor van transformar l’espai que hi havia al
voltant d’aquesta població. Els testimonis conservats als mapes actuals són
evidents. Malgrat tot, en aquest cas no podem respondre si el cercle amb un
radi de més de 1000 m que hom pot dibuixar al seu voltant correspon a la
rompuda de l’època carolíngia o bé, si més no en part, a les rompudes que es
feren als segles XI, XII o XIII.
L’exemple de Banyeres (fig. 6)
El poble de Banyeres és un poble de la comarca del Baix Penedès. Qui
primer va assenyalar l’existència d’unes formes circulars al voltant de
Banyeres fou J. M. Palet. D’una banda, afirmava la importància de les xarxes
radioconcèntriques, formades pels camins que es dirigeixen des del centre
poblat vers els límits exteriors del terme pobletà. Trobem aquestes xarxes en
relació amb la majoria dels pobles. D’altra banda, cridava l’atenció sobre el
fet que aquestes xarxes radials, a Banyeres i a Bellvei, eren ressaltades “per
camins de traçat circular”19. Aquests camins i límits de parcel·les de camps
que hi ha entorn de Banyeres ens permeten d’arribar a la conclusió que en
aquesta plana trobem una realitat molt semblant a la que hem trobat en altres
comarques, com el Bages o Osona.
Parcel·laris anteriors ben datats. Al Penedès hi ha notables restes
d’haver-hi hagut una centuriació, tal com ha estudiat el mateix Josep M.
Palet. En aquest sector, un estudi acurat permet de concloure “l’ús d’un mòdul
de 20 actus, amb variacions puntuals a 15 actus, la qual cosa permet
relacionar aquest sistema amb una xarxa centuriada d’època romana.”20
Especialment al nord de Banyeres, diverses vies segueixen l’orientació de la
centuriació. Així mateix, el límit nord-oriental del terme municipal actual
d’aquest poble coincideix amb un camí que segueix exactament la mateixa
orientació que la centúria.
Nexes amb elements generadors d’aquest espai. Si observem un ortofotomapa,
veiem immediatament que al voltant del poble actual de Banyeres
hi ha, en el parcel·lari, nombroses línies que formen diversos cercles, de
vegades no tancats, que tenen al centre el poble. En aquest cas, l’espai clos té
un diàmetre de si fa no fa 1 000 m (un radi d’uns 500 m). Per entendre la
ubicació de Banyeres cal tenir present també que aquest poble és situat en la
cruïlla de diverses vies, que anaven d’oest a est i de nord a sud. Les vies que
18 A. BENET, “El marc històric..., pàg. 69.
19 J. M. PALET, “Dinàmica territorial de l’antiguitat a l’edat mitjana a Catalunya :
arqueomorfologia i estudi de casos”, Territori i Societat a l’Edat Mitjana, III, Lleida, 1999-
2000, pàg. 96.
20 J. M. PALET, “Dinàmica territorial..., pàg. 93.
133

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
134
Banyeres
castell
Lletger
riera de Marmellar
03 82
possible camí
ramader
testimoni de
centuriació
1.000 m
el Papiol
possible
límit de l'espai
romput
45 72
jbm '03
45 70
Fig. 6 : Les poblacions de Banyeres, Lletger i el Papiol (Baix Penedès).
En tots tres casos veiem unes formes circulars o el·líptiques que
embolcallen els llocs, que, al segle X, eren situats al costat d’una
fortificació
anaven de ponent a llevant travessaven la plana del Penedès i permetien de
comunicar la Serralada Litoral (Olèrdola) amb la Prelitoral (Montmell,
Ancosa). Ha estat assenyalat, per J. M. Palet, que aquestes vies pogueren
tenir un paper important a la més alta edat mitjana, en un moment en què les
activitats ramaderes eren molt importants. De fet, a l’oest, enllaçaven amb la
carrerada de la Segarra.
Datació d’aquest establiment de població que fou centre d’un espai
agrícola. El procés de consolidació del poder dels comtes de Barcelona al
Penedès s’esdevingué al llarg del segle X. Una font de Banyeres ja surt
documentada l’any 936. Uns anys més tard, el 938, ja s’esmenta l’existència

JORDI BOLÒS
d’una guàrdia o torre de guaita en aquest lloc. Al segle XI, ja s’hi esmenta un
castell. En principi, podem pensar que cal relacionar aquestes formes circulars
que veiem en el parcel·lari actual amb un procés de rompuda del lloc.
Malgrat tot, no podem amagar que hi ha algun aspecte fosc. Ens podem
plantejar, per exemple, per què el centre del cercle no és pas al turó del castell
sinó en un indret situat uns 500 m més cap a l’est, més a prop d’on hi ha
l’església de Santa Eulàlia i al costat de la cruïlla de camins ? Això pot fer
pensar en un origen de l’ocupació anterior a la construcció de la torre o del
castell ? Evidentment, no podem pas assegurar res, però aquests estudis del
paisatge obliguen a plantejar algunes qüestions que d’altra manera no es
plantejarien. Enllaçant amb el que dèiem més amunt, també ens podem
qüestionar sobre si, al segle X, Banyeres era una població nova o bé era la
continuació d’un poble que ja existia en un moment anterior al del domini
comtal ? El “pas” d’una font de Banyeres a una guàrdia de Banyeres podia
tenir alguna relació amb aquest canvi ?
I, de fet, si ens fixem en les rodalies d’altres pobles propers, veiem
que hi ha una organització de l’espai semblant. És així a Bellvei. Però també
al voltant de Lletger, sobretot a la banda occidental, on hi ha uns testimonis
d’una forma ovalada. El poble del Papiol també generà l’ocupació d’un espai
semblant. Adonem-nos que tots dos es construïren damunt de vies de
comunicació de tradició antiga (romana o altmedieval).
Alguns altres exemples de la Catalunya Nova (figs. 7 i
8)
A continuació, volem mostrar uns exemples de la Catalunya Nova,
que, malgrat haver-se de datar en un moment posterior als exemples de la
plana de Vic i una mica posterior als del Penedès, reflecteixen unes realitats
d’ocupació i d’organització de l’espai molt semblants a les que vèiem més
amunt. És per aquest motiu que creiem que cal mencionar-los encara que,
com en el cas precedent, siguin situats en un territori molt llunyà dels
Pirineus que centren l’atenció dels estudis d’aquest volum. Ens aproximarem
doncs a la forma de l’espai romput i conreat situat al voltant dels llocs de Ca
l’Escampa, d’Ofegats i de Renant, tots ells a la conca del riu Sió, prop
d’Agramunt21.
De fet, en aquests indrets, la problemàtica és bàsicament la mateixa
que la que trobàvem a la Catalunya Vella. Els testimonis que han restat sobre
el territori del pes del procés d’ocupació, de rompuda i de reorganització de
21 J. BOLÒS, “Camps i llocs de poblament : tres exemples de creació d’un nou paisatge
(Renant, Mas de Muntada i Mas de Palau)”, a J. BOLÒS (ed.), Paisatge i història en època
medieval a la Catalunya Nova, Universitat de Lleida, Lleida, 2002, pàgs. 166-176.
135

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
l’espai són molt semblants. En aquest cas, com en estudiar els exemples
precedents, ens hem de plantejar també :
Parcel·laris anteriors ben datats. En aquest indret també trobem
l’existència d’unes centuriacions d’època romana que s’estenen pel territori
estudiat i que encara són visibles actualment, especialment en la xarxa viària,
tant del fons de la vall com de les carenes que limiten aquesta vall
d’Agramunt, solcada pel Sió. Els tres llocs esmentats es trobem en indrets en
què algunes de les vies segueixen les orientacions marcades per les possibles
centuriacions de Lleida o de Guissona22. És en canvi més difícil saber quines
foren les repercussions de l’època de domini andalusí, tot i que s’ha suposat
que existiren alguns petits nuclis de població repartits en llocs situats a prop
del fons de la vall, en comes laterals o en indrets encimbellats en les
carenes23. No podem, però, suposar que cap dels tres llocs estudiats ja fos
ocupat abans del 1050, data en què aquest territori degué passar a dependre
dels comtes d’Urgell.
Nexes amb elements generadors de nous espais conreats i datació
d’aquests establiments de població. Els tres exemples que proposem són
diversos. Ca l’Escampa modernament és una casa de pagès. La importància
de la transformació de l’espai que hi ha al seu voltant és però impressionant,
i evidentment no pot ésser pas fruit dels canvis produïts per un mas modern,
ni fins i tot medieval. Les transformacions de l’espai esdevingudes al voltant
del proper Mas de Muntada, que tenim ben documentat al segle XV, són
mínimes, i no afectaren l’organització anterior. Hem proposat que l’actual
Ca l’Escampa fos originàriament una ‘quadra’ (o cavalleria), potser la de
Rocabruna, que podem datar a la segona meitat del segle XI, en el moment
de la conquesta d’aquest espai pel comte d’Urgell.
En el cas d’Ofegats, actualment no hi ha pas cap mas o cap explotació
important en aquest lloc. Amb tot, han quedat fossilitzats en el paisatge uns
cercles que han de tenir com a centre un lloc determinat. La transformació
esdevinguda a l’edat mitjana fou molt notable. Tanmateix, en aquest cas,
només sabem que encara al segle XVIII, a la partida d’Ofegats, hi havia ‘dos
vestigis de torres’24. És molt possible que en aquest indret en el moment de
la conquesta, als segles XI i XII, s’establís alguna ‘quadra’ i s’hi establís un
22 J. BOLÒS, “Les vies, el parcel·lari i els llocs de poblament a la vall del Sió al llarg dels
darrers dos mil anys”, a J. BOLÒS (ed.), Paisatge i història..., pàgs. 41-72.
23 X. ERITJA, “El poblament andalusí a la vall del Sió”, a J. BOLÒS (ed.), Paisatge i història...,
pàgs. 73-82.
24 J. R. PIQUÉ, “Paisage i territori a Agramunt, des del segle XVIII al segle XII”, a J. BOLÒS
(ed.), Paisatge i història ..., pàg. 223.
136

1.000 m
03 38
?
Ofegats
possible
límit de l'espai
romput inicialment
?
Almenara
03 40
mas de Muntada
JORDI BOLÒS
canal d'Urgell
Ca l'Escampa
Fig. 7 : Els llocs de Ca l’Escampa i Ofegats (Urgell). Mentre a Ca
l’Escampa actualment hi ha una casa de pagès, a Ofegats no hi ha cap
lloc habitat. Malgrat això, les restes d’haver-hi hagut un procés de
rompuda de l’espai hi són evidents
petit nucli de població que ‘afoqués’ aquest indret, l’habités, el rompés i
conreés25.
El cas de Renant (fig. 8) és semblant, bé que potser tenim més
elements on agafar-nos. L’àrea de conreus de Renant té una forma el·líptica.
Actualment és un mas, però ha de correspondre a un ‘vilar’ ocupat a la
segona meitat del segle XI, sota la direcció d’un home segurament anomenat
Reginand, antropònim fossilitzat en el nom actual. En aquest cas, hom pot
veure, en els ortofotomapes, testimonis evidents de la zona ocupada ran de la
conquesta, en les línies que marquen els extrems dels camps més propers a
aquest lloc. El mateix podríem dir en relació amb Castellblanc i amb els
Arquells. Adonem-nos també que sovint el límit del possible espai romput és
format per una petita zona boscosa.
25 Coromines relaciona el nom ‘ofegat’ precisament amb ‘afocat’. J. COROMINES,
Onomasticon Cataloniae, vol. VI, Curial, Barcelona, 1996, pàg. 16.
46 28
46 26
jbm '02
137

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
Elements posteriors que distorsionen aquesta realitat. En especial en
aquest cas de Renant, veiem clarament l’existència de dues realitats : un
nucli original del segle XI o XII (Renant), i uns masos secundaris que
s’instal·laren en aquest lloc posteriorment (als segles XIII o XIV, o ja en època
moderna) i que transformaren molt lleugerament aquest espai. Cal que ens
adonem que l’àrea d’influència d’aquests masos posteriors és molt més
reduïda. En el ‘vilar’ hi devien viure diverses famílies, en el mas només una.
Ja hem esmentat també més amunt el cas del Mas de Muntada, documentat
al segle XV. La seva creació no va afectar gairebé gens el parcel·lari
creat uns segles abans en relació amb un element generador de canvis, segurament
una ‘quadra’ de repoblació, situada on ara hi ha el mas de Ca
l’Escapa.
Hem esmentat aquests exemples ja que ens mostren una realitat molt
semblant a la que trobem a la plana de Vic o al Bages i al Penedès. Són
exemples de rompudes i ocupacions del segle XI. Les èpoques són diferents,
però el resultat, visible encara actualment sobre el terreny, és bàsicament el
mateix.
138
límit boscós
03 46
los Arquells
límit boscós
Castellblanc
Renant
mas Trilla
03 48
possible
límit de l'espai
romput inicialment
1.000 m
Fig. 8 : Renant, Castellblanc i els Arquells (la Noguera). Al voltant
d’aquests tres llocs veiem testimonis dels límits de l’espai conreat
segurament d’ençà del segle XI. Els límits de vegades són remarcats per
una llenca de massa forestal
46 30
46 28
03 50
jbm '02

JORDI BOLÒS
L’exemple de la Ral (figs. 9 i 10)
Gairebé com un parèntesi en la nostra exposició, volem esmentar un
exemple que ens apropa a una realitat ben diferent. La Ral fou una vilanova
creada al Ripollès, l’any 1248. Actualment a la Ral podem veure els testimonis
d’una petita vilanova, organitzada al llarg d’un carrer, i també de la
possible reparcel·lació de l’espai proper, el fons de la vall, en funció d’aquest
establiment ja tardà dins l’edat mitjana. A la Catalunya Vella, si analitzem el
poblament, veiem que potser les transformacions més importants que es
produïren després de l’any 1000 foren la creació dels pobles de sagrera, dels
pobles castrals i monàstics, la dispersió de l’hàbitat en masos i l’aparició
d’algunes vilanoves. Una d’aquestes vilanoves, no gaire abundoses en
aquestes comarques catalanes, fou la de la Ral.
La població de la Ral, un exemple de vilanova organitzada i ben planificada.
Al document de fundació d’aquesta vilanova, fet fer pel rei Jaume
I, el 1248, es menciona el vilar de Regali i, així mateix, es fa esment d’una
villam et populationem situada en aquest lloc26. Malgrat que en bona part va
fracassar, encara ara veiem en aquest indret de la Ral, situat al Ripollès, entre
Sant Pau de Seguries i Camprodon, un poble carrer, bastit al costat del riu
Ter (fig. 10). A partir del parcel·lari del poble actual, podem reconstruir
quines eren les mides de les parcel·les repartides entre els pobladors que
s’instal·laren en aquest lloc al segle XIII. En aquest cas, com en altres vilanoves,
és possible reconstruir la topografia original del poble creat a l’edat
mitjana.
El parcel·lari dels camps propers a aquesta vilanova. Ara, però,
sobretot ens interessen els camps que hi ha a l’oest de la població, entre
aquesta i la carretera actual. Són uns camps en forma de llenques que reben
el nom de Quarteres de la Ral. Tenen una longitud, d’est a oest, d’uns 200
m27. L’espai reorganitzat, d’acord amb el que podem veure actualment,
només s’estengué al llarg d’uns 500 m, entre el riu i el vessant de la muntanya
de Miralles. Aquestes Quarteres de la Ral reflecteixen una forma
d’organització del territori diferent a la que hem vist en els exemples precedents.
És un espai planificat, mesurat i repartit per uns agrimensors, que
degué segurament alterar el parcel·lari anterior. Adonem-nos que, en aquest
cas, abans de l’any 1000, aquest espai devia dependre d’algun dels vilars o
de les vil·les que trobem documentats en aquesta contrada el 913 (Miralles,
la Insula Longobardi o Seguries). El normal hauria estat que aquest espai,
26 FONT RIUS, Cartas de población y franquicia..., doc. 288.
27 Esmentat ja a : J. BOLÒS, “Els pobles de Catalunya a l’edat mitjana. Aportació a l’estudi de
la morfogènesi dels llocs de poblament”, Territori i Societat a l’Edat Mitjana, II, 1998, pàg.
116.
139

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
ocupat pels camps de la Ral, s’hagués fragmentat en masos. De fet, actualment,
encara entorn de la vilanova de la Ral, trobem els masos de Can
Falguera i de Peiró, a la mateixa riba del riu, i de Cal Peric i Salelles, a la
riba esquerra ; segurament, tots van néixer a l’edat mitjana central. Els masos
envolten l’espai que depèn del poble de la Ral. Tanmateix, al voltant de la
vilanova de la Ral, l’alteració de l’espai no fou gaire profunda. La Ral,
malgrat que arribà a ésser en algun efímer moment capital d’una vegueria,
no va arribar pas a tenir la importància que tingueren moltes altres poblacions
creades de nova planta en aquesta època.
140

04 46
el Ter
Can Falguera
Can Ralic
FalgueraSalelles
Solana de
Can
mas
vilanova
església
Bac de Miralles
torrent de Miralles
vers Camprodon
Peiró
St Pau
St Pau de Seguries
04 48
la Ral
Can Peric
Quarteres de la Ral
1.000 m
el Mariner
JORDI BOLÒS
46 82
46 80
jbm '02
04 50
46 78
Fig. 9 : Les vilanoves de la Ral i de Sant Pau de Seguries (Ripollès). A
l’oest de la Ral uns quants camps reben el nom de Quarteres de la Ral i
degueren ésser parcel·lats ran de la creació de la vilanova
141

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
142
nord
possible límit de
mitja parcel·la
límit probable de
parcel·la edificada
original
límit probable de
parcel·la original
possible límit de
parcel·la original
La Ral (Ripollès)
església
30 m
Fig. 10 : La vilanova de la Ral (Ripollès). Pla parcel·lari del vilatge
actual, on encara podem veure fossilitzat el parcel·lari del moment de
creació d’aquesta vilanova reial
jbm '02

DUBTES I CONCLUSIONS
JORDI BOLÒS
Els estudis sobre paisatge arqueològic encara tenen poca tradició a
Catalunya. Els historiadors medievalistes fàcilment poden agafar una posició
escèptica davant d’aquesta nova forma d’apropar-nos a la història a partir d’un
estudi de les transformacions produïdes en el paisatge. Certament encara hi ha
alguns problemes per resoldre. Tanmateix, els estudis fets, per exemple, per G.
Chouquer, J.-L. Abbé, Josep M. Palet o R. González Villaescusa ens mostren
un camí que cal seguir. Les aportacions que es poden fer, seguint aquesta
metodologia, al coneixement del nostre passat són importants.
De la mateixa manera que acceptem, sense dubtar-ne gaire, que, quan es
creà un lloc – un poble, un vilar o un mas – hom creà una xarxa de vies que
permetien de comunicar aquest lloc amb els altres llocs habitats que hi havia al
seu voltant, hem d’acceptar amb tanta o més seguretat que, quan es creà un
establiment humà, també s’hagué de crear un espai d’ús, en primer lloc agrícola,
al seu entorn. Aquesta realitat és molt clara en relació amb molts masos,
creats al llarg de l’edat mitjana central, on veiem la casa envoltada dels seus
camps (i potser d’una zona de boscs)28. Sabem que aquestes peces de terra
properes al mas normalment es romperen al mateix moment en què es bastí
l’edifici. Aquesta visió pot resultar menys evident quan analitzem establiments
semidispersos, vilars, creats en una etapa anterior, abans de l’any 1000. Tanmateix,
com en relació amb els masos, podem pensar que allà on els llocs de
poblament carolingi eren situats en indrets prèviament ocupats, veure els límits
de llur espai agrícola primerenc pot ésser difícil (fins i tot si aquests coincideixen
amb unes centúries, com esdevé en alguns pobles de l’Empordà),
mentre que, quan s’edificaren en un indret abans abandonat o boscós, reconèixer
aquests límits no és pas tan difícil, com hem pogut comprovar en els
diversos exemples descrits.
D’altra banda, crec que els dubtes poden ésser grans, però que, en canvi,
el marge d’error és força petit. Ens podem plantejar la qüestió següent : en quin
moment s’haurien pogut fer aquestes grans transformacions del paisatge que
hem analitzat ? Només es pogueren fer en moments de creixement notable i en
fases d’ocupació de les terres. Després de l’època romana, només podem trobar
unes etapes de gran creixement demogràfic en els segles carolingis, en l’edat
mitjana central o en els segles XVII i, sobretot, XVIII, o àdhuc XIX. Em
sembla que hem demostrat que la creació d’un cercle de camps al voltant de
Palau o de Sant Fruitós no es va poder esdevenir en èpoques modernes, en
28 De fet, quan els masos, els segles XII o XIII, s’instal·laren en una terra ja conreada, és molt
més difícil de descobrir-ne els límits, si no hi ha un document que ens ho testifiqui ; per
contra, quan l’espai romput pel mas era un bosc, que encara s’ha conservat, els límits encara
ara són plenament evidents.
143

PROCESSOS DE ROMPUDA I D’OCUPACIÓ DE L’ESPAI …
primer lloc perquè calia que l’espai ocupat hagués estat mig abandonat o ben
abandonat anteriorment, realitat que mai més es va produir després de la fi del
primer mil·lenni. A més, en molts casos, aquests espais de conreu primerencs
han estat transformats després de l’època carolíngia, ran de la construcció dels
masos, que els han fragmentat en part.
Quan ens n’anem a la Catalunya Nova, trobem una realitat semblant. La
parcel·lació que s’estén al voltant del mas de Renant o del mas de Ca
l’Escampa només es pogué fer en el moment d’ocupació d’aquest espai, abans
que es construïssin els masos Trilla i Roget, al costat de Renant, o el Mas de
Muntada, al sud de la possible ‘quadra’ original de Ca l’Escampa. En d’altres
casos, per exemple a Santpedor, a Banyeres o a Lletger, no podem establir una
datació tan segura, encara que ens trobem bàsicament amb la mateixa realitat.
Només a Santpedor, indret que ja era habitat en època carolíngia, hom pot
pensar que potser hi hagué un creixement de l’espai cultivat en diverses
etapes29.
Com a conclusió, podem afirmar que aquesta mena d’estudis ens poden
permetre :
a. Conèixer més bé el territori i entendre més bé les seves característiques,
especialment aquelles creades arran de l’activitat antròpica. Els que ens
interessem en l’estudi dels paisatges històrics hem de pretendre poder establir
una datació dels diversos elements que els formen i hem de perseguir assolir la
interpretació de per què es van generar. Les realitats del paisatge no són casuals,
encara que de vegades sigui difícil de comprendre-les.
b. Conèixer més bé els processos d’ocupació del territori i poder-los
datar amb més precisió. En aquest cas, el que trobem ens mostra que hi hagué
trencaments importants de la continuïtat. Aquests trencaments poden ésser en
l’ocupació i el conreu dels llocs o poden ésser simplement de tipus econòmic.
La possibilitat de rompre unes terres i de reorganitzar l’espai al segle IX o al
segle XI ens està mostrant que abans aquelles terres, rompudes i reorganitzades,
no eren pas dedicades a l’agricultura.
c. Entendre, així doncs, més bé els canvis esdevinguts en el poblament.
No podem pensar només en continuïtats ni tampoc només en trencaments.
Hem de saber trobar les realitats que ens poden permetre de fer una valoració
justa d’aquests canvis. És, però, un tipus de recerca que tot just comença i, per
tant, on encara hi ha molts dubtes per a aclarir. Mentre Moredell (al Gironès) o
29 Assenyalem, però, que a la vila reial de l’Arboç (al sud de Banyeres ; documentada el
1057-1071, que va créixer ran de la concessió del dret de fer-hi un mercat, el 1202), veiem els
seus camps organitzats només en relació amb els camins radials (i ara no hi veiem formes
circulars al seu voltant).
144

JORDI BOLÒS
Vilanera30 (a la plana de Vic) són establiments carolingis i llurs camps haurien
d’ésser d’aquesta època, no podem afirmar el mateix dels camps de Palau, lloc
que sabem amb seguretat que ja existia en una època força anterior a la carolíngia.
d. Entendre més bé els canvis econòmics. Els establiments humans, com
hem assenyalat més amunt, provoquen immediatament la creació d’una xarxa
de vies i la creació d’un espai econòmic. L’anàlisi de les transformacions
esdevingudes en aquesta xarxa de camins i l’anàlisi de les transformacions
esdevingudes en l’espai de conreus proper al lloc de poblament és fonamental
per a comprendre les transformacions sofertes al llarg dels anys, en especial en
unes èpoques en les quals la documentació és molt escassa.
e. Obligar-nos a plantejar noves qüestions. Malgrat tot el que hem dit,
resta en part obert l’establiment d’una cronologia segura de tots els canvis que
hem mencionat en les pàgines precedents. ¿ En quin moment cal situar la creació
dels parcel·laris més ortogonals de Quadres, Oms o el Gurri ? Tots tres són
d’època carolíngia ? Sabem que tots coincideixen més amb unes vies antigues
que amb uns establiments humans. D’altra banda, ¿ quin són més antics, els
parcel·laris de Vilanera o Molledell o els de Vilacís, Muntell o Palau ? O, potser,
són gairebé coetanis ? ¿ Hi ha alguns elements, estudiats en aquestes pàgines,
que poden datar-se abans de l’època carolíngia o, a la Catalunya Nova,
abans de la conquesta feudal ? Negar l’existència d’uns precedents seria una
extravagància ; el difícil és saber on trobar-los. ¿ Quina importància tenia la
ramaderia abans de l’època carolíngia ? L’exemple de Banyeres també ens ha
portat a pensar que potser l’establiment humà que va rompre els camps no era
pas situat al costat de la torre de guaita ans més aviat al costat de la cruïlla de
camins. La llista de dubtes es podria allargar molt més.
f. Mostrar-nos una nova manera d’entendre com era el passat, mitjançant
la visió dels mapes i dels ortofotomapes actuals.
Som plenament conscients que aquesta manera d’apropar-nos a l’edat
mitjana planteja una problemàtica diferent de la que planteja la lectura i la
interpretació dels documents escrits. Reconeixem també la importància que
tenen els documents escrits en aquesta mena de recerques. Amb tot, també hem
d’ésser conscients, d’una banda, de la rigurositat d’aquesta mena de recerques
i, de l’altra, de la importància dels descobriments que podem assolir si sabem
treure tot el profit d’aquesta forma d’aproximar-nos al nostre passat31.
30 J. BOLÒS – V. HURTADO, Atles del comtat d’Osona..., pàg. 47.
31 Després del congrés de Font-Romeu, ha sortit publicat el llibre de J. Bolòs, Els origens
medievals del paisatge català, Institut d’Estudis Catalans – Publicacions de l’Abadia de
Montserrat, Barcelona, 2004, on es presenten algunes de les aportacions de l’arqueologia del
paisatge al coneixement de la història de la Catalunya medieval.
145

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE
d’après les restes de graines et de fruits
carbonisés de deux sites médiévaux de Cerdagne
et du Capcir (Pyrénées-Orientales)
Marie-Pierre RUAS* et Christine RENDU**
avec la collaboration de Agnès BERGERET***
Les travaux interdisciplinaires en domaine pyrénéen alliant les sources
écrites, les enquêtes ethnographiques, les fouilles de cabanes pastorales, les
sondages palynologiques dans les tourbières et les analyses anthracologiques
de charbonnages anciens éclairent, sur la longue durée, la dynamique de
l’anthropisation de la haute montagne, notamment les phases d’expansion et de
repli des activités agro-pastorales.
La découverte de semences de plantes cultivées et sauvages dans des
d’habitats situés en haute montagne porte à s’interroger sur l’origine des
plantes issues de cultures et les formes d’exploitation conduites par les occupants
de ces milieux. Les deux études de cas à la fois éloignés dans le temps
et opposés par le mode d’occupation, la composition sociale et les conditions
climatiques locales peuvent éclairer cette réflexion. La cabane pastorale de
l’Orri d’en Corbill sur la montagne d’Enveig, en Cerdagne, est datée du VIIIe-
Xe siècle et correspond à un habitat temporaire d’estive à 1950 m d’altitude
(Rendu 2003). Les bâtiments du château 2 des Angles implanté à 1655 m, en
Capcir, représentent les vestiges de la seconde phase d’occupation du castrum
entre la fin du XIe et le XIIIe siècle (Bergeret et al. 2002).
La position topographique de ces deux sites, leur cadre social et économique
mis en miroir avec l’ensemble des plantes enregistrées dans d’autres
dépôts médiévaux de semences en France invitent à discuter de l’existence, à
l’intérieur de leur espace respectif, d’une agriculture spécifique et des pratiques
qu’elle engendrerait.
* CNRS, UMR 5608 Utah, Toulouse.
** CNRS, UMR 5136 Framespa, Toulouse.
*** INRAP, Montpellier.
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 147 - 184 147

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
1. LE CONTEXTE DES SITES
1.1. L’Orri d’En Corbill à Enveig (Cerdagne, 1950 m)
Vaste plaine d’altitude s’étendant à 1 200 m et encadrée par des massifs
qui culminent à 2900 m (Carlit au nord et Puigmal au sud), la Cerdagne bénéficie
d’un climat méditerranéen montagnard caractérisé par de faibles précipitations
(au plus 700 mm), un enneigement qui peut persister pendant 6 mois
mais un ensoleillement généreux (3000h/an). La température moyenne en janvier
oscille entre -1°C et +2°C, celle d’été autour de 15°C.
L’Orri d’En Corbill s’étend sur la bordure méridionale du Carlit, la
montagne d’Enveig, entre 1 800 et 2 000 m d’altitude à l’étage bioclimatique
défini comme subalpin (Ozenda 1982). Il prend place dans un environnement
de plats et de faibles pentes, espace aujourd’hui en limite de terroir sur une
partie d’estive (fig. 1A, 1B, 1C, 2A)1.
À 1 950 m d’altitude, la cabane 81 est juchée sur une petite butte artificielle
de 6m sur 7 m. De plan trapézoïdal, sa superficie au sol atteint 7m². Elle
est construite en gros blocs qui, à l’amont, sont rangés à la verticale à la façon
d’une paroi rocheuse. L’éboulement de ces blocs formant le mur nord a scellé
un niveau de très probable incendie constituant la couche 2 (fig. 3A, 3B, 3C,
4). Sa surface est formée par une fine strate sablo-limoneuse riche en cendres,
parsemée de morceaux écrasés de bois brûlés et de semences carbonisées. En
l’absence de mobilier, une datation radiocarbone sur charbon de bois issu de la
couche 2 le situe entre le VIIIe et le Xe siècle2.
La taille et la disposition des fragments de bois laissent envisager qu’ils
formaient l’armature de la toiture (Rendu 2003). La nature de sa couverture
vraisemblablement végétale donne lieu à plusieurs hypothèses : branchages de
genêt, blocs d’herbes et de mousses, chaume de céréale (Ruas 2003a).
1.2. Le Château du village des Angles (Capcir,1655 m)
Le Capcir ponctué d’éminences rocheuses dont les sommets principaux
atteignent 2376 m au Llaret et 2820 m au pic Péric est connu pour son climat
plus rude. Le Carcanet, à la fois vent du nord et nappe de brouillard, est à
l’origine de l’ambiance brumeuse et fraîche de ce plateau. Si le régime pluviométrique
est similaire à celui de la Cerdagne, la région est davantage soumise
aux précipitations océaniques avec des taux de précipitations hivernales
supérieurs (1000 et 2500 mm/an). La température moyenne estivale s’élève à
1 Voir les illustrations à la fin de l’article.
2 LY7519 (charbons de bois de C2), 14C : 1225 +/- 50 BP, Cal. 693 à 943 ap. J.-C. (2
sigmas).
148

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
14°C et, selon l’altitude, on peut compter jusqu’à 20 jours par an en moyenne
de température à -10°C, l’enneigement dure plus longtemps qu’en Cerdagne.
Le site du Château est campé à 1655 m à l’étage montagnard du versant
oriental du plateau des Angles qui domine la haute vallée de l’Aude (fig. 1A,
1B, 1D, 2B). Le castrum édifié sur un mamelon rocheux était protégé par une
enceinte et occupé entre le Xe et le XIIe siècle puis le XIIIe et le XIVe siècle.
Le bâti s’étageait sur deux terrasses. La plus haute, arasée, devait porter le
logis seigneurial. La seconde en contrebas, préservée par un épais remblai de
destruction de la dernière occupation médiévale, a livré un ensemble de bâtiments
correspondant à autant d’unités d’habitations avec leurs structures de
fonctionnement domestiques (fig. 5). La fouille, réalisée par sondage, a permis
d’en révéler l’aménagement interne et certaines activités. Les semences proviennent
du bâtiment 3 qui comprend deux pièces – 3 et 5 – séparées par une
cloison basse (fig. 6). Des niveaux de la pièce 3 ont été dégagées plusieurs
nappes de grains et de fragments de bois brûlés au centre et à la périphérie
d’aires de combustion bâties. Le foyer, FY 2086, le plus ancien, a probablement
été utilisé avec la banquette SB 2073 constituée de blocs de pierres. Lors
d’un réaménagement de la pièce, celle-ci a été recouverte par un ensemble de
foyers superposés FY 2052 puis FY 2043 et leurs épandages ; le foyer 2086
ayant cessé de fonctionner (fig. 6, 7A). Dans la pièce 5, de fortes concentrations
ont aussi été observées dans le sol d’occupation 2062 dépourvu de foyer
structuré (fig. 6, 7B).
Deux datations radiocarbone ont été réalisées sur les grains du foyer
2052 et ceux du sol 2062. Le fonctionnement du foyer 2052 de la pièce 3 se
situe entre le milieu du XIe et le début du XIIIe siècle, l’occupation de la pièce
5 au XIIIe siècle (Bergeret et al. 2002)3.
Les concentrations denses en semences carbonisées suggèrent qu’elles
représentent les résidus de séquences de traitement thermique de récolte.
L’analyse fine étant inachevée, les hypothèses sur la nature de ces opérations
(séchage, grillage etc.) et sur la fonction des pièces (cuisines ? lieu de séchage
?) restent ouvertes (Ruas 2002a).
3 LY10622 (pièce 3 grains de FY 2052), 14C : 895 +/- 35 BP, Cal. 1033 à 1220 ap. J.-C. (2
sigmas) ;
- LY10621 (pièce 5 grains de US 2062), 14C : 775 +/- 35 BP, Cal. 1214 à 1287 ap. J.-C. (2
sigmas).
149

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
2. LE CORPUS DES ESPÈCES ET LES SPECTRES
CARPOLOGIQUES
Afin de repérer une éventuelle organisation spatiale des dépôts carpologiques,
l’échantillonnage des niveaux d’occupation des deux sites a été réalisé
en planimétrie. À l’Orri d’En Corbill, l’emplacement des prélèvements a été
dicté par celui des bois brûlés fragmentés en petites concentrations sur le sol
(fig. 3B). Aux Angles, les prélèvements de sédiment ont été répartis en fonction
du carroyage, de la position stratigraphique et de l’extension des épandages
(fig. 6).
2.1. Les plantes attestées à l’Orri d’En Corbill
En dépit d’un volume total de sédiment traité relativement réduit (19,75
litres), 2517 restes ont été extraits parmi lesquels 2237 appartiennent à des
plantes cultivées ou de cueillette (tab. 1, 3). Le spectre du niveau incendié est
composé de treize plantes identifiées à l’espèce. Deux plantes cultivées sont
enregistrées : le seigle qui représente 96 % des restes de culture/cueillette
(86 % de tous les restes) et le froment (Triticum aestivum) qui n’a livré que
quatre grains (fig. 8C-D, 9). Trois fruitiers de la flore sauvage locale y mêlent
leurs pépins ou fragments de baies mais sur un espace circonscrit : l’églantier
(Rosa canina), la ronce (Rubus fruticosus) et le framboisier (Rubus idaeus)
(fig. 8G-H, 9). De rares semences de huit espèces adventices des cultures ou
herbacées des prairies figurent dans cette petite série (tab. 2).
Les grains de seigle ne représentent que 35,5 % des vestiges de cette
céréale. Plusieurs individus chétifs (fig. 8H) évoquent les grains immatures de
l’extrémité de l’épi emprisonnés dans la paille après le battage. Comme
l’indiquent les dimensions de la majorité des grains de seigle et celles des
semences de mauvaises herbes, les épis étaient mûrs au moment de la moisson.
Les segments du rachis (axe de l’épi) et de tige représentent 64,5 % des
vestiges de seigle (tab. 4). Ces éléments constituent des résidus de paille. Leur
abondance et leur répartition dans le niveau incendié sont interprétées selon
trois hypothèses relatives à l’origine de ce matériau et des produits et leur probable
utilisation. L’éventail des diamètres des fragments de tiges signale que la
paille était apportée dans toute sa longueur. Il est impossible de savoir si elle
était intacte ou hachée. S’agissait-il des restes d’un couchage, de stocks de
paille et de grains, ou de la couverture de la toiture ? L’état carbonisé et ruiné
ne permet pas de favoriser une de ces hypothèses ou de les retenir toutes (Ruas
2003A).
2.2. Les plantes attestées au château des Angles
Les relations stratigraphiques entre les foyers de la pièce 3 (recouvrement,
superposition) permettent de distinguer cinq ensembles référant à des
séquences de combustion successives (fig. 7a, 7b) : le foyer 2086 le plus an-
150

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
cien ayant probablement fonctionné comme une aire culinaire, la base du foyer
2052 qui recouvre le précédent après réaménagement de la pièce, le centre et
les vidanges du foyer 2052 et le foyer 2043 le plus récent, superposé au précédent
(Bergeret et al. 2002). Dans la pièce 5, les prélèvements du niveau
d’occupation 2062 ont été regroupés. Si l’étude toujours en cours vise à cerner
la nature des résidus brûlés et donc celle des opérations réalisées dans ces pièces
(grillage, séchage de récolte etc.), les spectres enregistrés livrent d’ores et
déjà des éléments de discussion sur les types de productions végétales et les
lieux de leur récolte.
En l’état actuel de l’analyse, qui porte sur un total de 43148 semences,
le spectre taxinomique compte cinquante-trois plantes : quatre céréales, deux
légumineuses, douze fruitiers et près de trente-cinq espèces sauvages non dénombrées
dont plusieurs semences ne sont pas encore identifiées (tab. 1 et 2).
Les assemblages sont principalement composés de grains de céréales,
seigle (Secale cereale), froment (Triticum aestivum l. s.), avoine (Avena sp. et
sativa) et orge (Hordeum vulgare), auxquels se mêle un taux parfois significatif
de menues pailles (balles, segments de rachis d’épi, tiges) (tab. 3). Le seigle
est l’espèce principale dans les deux pièces (entre 44 % et 95 % des restes dans
la pièce 3 et 79 % dans la pièce 5). Le froment occupe la seconde place. Ses
restes s’élèvent à un taux de 19,5 % dans le foyer 2086 (pièce 3) et 20 % dans
le sol 2062 (pièce 5). L’avoine (dont l’espèce peut être attribuée grâce à la présence
des balles) se place au second rang des résidus du foyer 2052 (14 % des
restes) (tab. 1 ; fig. 10). Des légumineuses, gesse cultivée (Lathyrus sativus) et
vesce cultivée (Vicia sativa) mieux enregistrées dans le foyer culinaire 2086,
ainsi que plusieurs espèces fruitières se manifestent ici et là. La base du foyer
2052 offre la palette la plus diversifiée en espèces cultivées et enregistre,
notamment, les vestiges de figue (Ficus carica), mûre noire (Morus nigra),
merise (Prunus avium), prune (Prunus domestica) et amande (Prunus dulcis) à
côté des résidus de marc de raisin (Vitis vinifera). Plus disséminés dans les
vidanges figurent les pépins de fraises des bois (Fragaria vesca), de
framboises (Rubus idaeus), de mûres de ronce (Rubus agg. fructicosus), de
raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi), d’églantier (Rosa sp.) et des débris de
coque de noisettes (Corylus avellana) (tab. 1 ; fig. 10).
À l’inverse de la cabane pastorale d’En Corbill, les éléments de menues
pailles du seigle ne représentent pas la moitié des restes de la céréale : 32 %
dans la base du foyer 2052, 11,6 % dans le foyer culinaire 2086 et moins de
2 % dans les autres épandages (tab. 1, 4).
2.3. Informations paléoécologiques sur les zones de
culture et de cueillette médiévales
Le regroupement des espèces de la flore sauvage en cortèges écologiques
caractéristiques de milieux permet de saisir leur témoignage environne-
151

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
mental (tab. 2). D’après les biocénoses dans lesquelles on les observe aujourd’hui
(Rameau et al. 1989, 1993 ; Jauzein 1995 ; Bourraqui-Sarre 1996),
elles proviennent principalement des champs de céréales semés en hiver et de
prairies soumises au pacage. Si la végétation de tels milieux se distingue par la
forme d’exploitation de ces parcelles, le décryptage à partir d’un assemblage
fossile peut cependant être brouillé par le mélange occasionnel de plusieurs
cortèges écologiques. L’alternance entre prairies et semis céréaliers favorise la
réunion temporaire des deux cortèges d’espèces dans la parcelle en rotation
(Stupnicka-Rodzynkiewicz et al. 1996). Par ailleurs, les espèces des communautés
de friches post-culturales et de zones rudéralisées peuvent aussi fréquenter
les cultures en cours.
Trois espèces attestées dans le castrum sont inféodées aux zones humides.
Elles témoignent d’un apport de plantes depuis un terrain herbeux engorgé
: milieu tourbeux maintenu par l’écoulement d’un ruisselet par exemple.
La flore commensale des céréales et celle formant les prairies enregistrées
à Enveig et aux Angles ne diffèrent pas de celle que les sites de basse
altitude ou de moyenne montagne livrent dans les stocks ou les rebuts agricoles
(Ruas 2002b). On constate que les cortèges d’adventices relevés en 1995 dans
les champs4 et les jachères de Cerdagne et du Capcir étagés entre 1 150 m et
1 600 m accueillent la majorité des espèces attestées dans les dépôts des deux
sites. Ces similitudes à quelques siècles d’écart invitent à proposer une provenance
locale à partir des terrains environnant les deux habitats.
La diversité en espèces adventices de petite et grande dimensions dans
les dépôts céréaliers du castrum des Angles, celles conservées par l’incendie
de la cabane pastorale d’Enveig, associés dans les deux sites à une quantité des
sous-produits du décorticage, majoritaires à Enveig, trahissent un nettoyage
partiel des récoltes (tab. 3). Ces menues et grosses pailles encore mêlées aux
grains indiquent que certaines céréales étaient traitées sur place (Jones 1984 ;
Van der Veen 1992 ; Ruas 2003b).
Parmi les espèces à fruits comestibles, on note la présence d’arbustes
communs en montagne, voire caractéristiques de certaines formations d’altitude
comme les landes (Jouglet et al. 1992 ; Rameau et al. 1993 ; Ozenda
1982) ou les parcours embroussaillés (Cohen 2003) : raisin d’ours, genévrier
peut-être nain (Juniperus communis cf. subsp. nana) et framboisier. D’autres
espèces, spontanées dans les sous-bois et les lisières riches en espèces fruitiè-
4 Les relevés ont été réalisés entre mai et août dans des champs de froment (Triticum
aestivum), d’épeautre (Triticum spelta), de seigle (Secale cereale), certains partagés en seigle
et froment mélangés ou non, d’orge (Hordeum vulgare) et dans des parcelles fourragères de
seigle mêlé de vesce (Vicia sativa ou V. villosa) et parfois de froment, ainsi que des jachères.
La moisson a lieu en août (Bourraqui-Sarre 1996).
152

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
res, peuvent aussi être exploitées dans les parcelles cultivées ou sur leur bordure
: merisier, noisetier, fraisier des bois, ou constituer les broussailles anthropiques
des friches âgées ou des haies vives : ronce et églantier (Rameau et
al. 1989 et 1993).
3. REGARDS SUR LES LIEUX ET LES PRATIQUES
L’étude plus large sur la montagne d’Enveig permet d’interpréter la
petite cabane comme un habitat temporaire lié au temps de l’estive. Elle se
campe au-dessus de la limite des terroirs jugés arables des derniers hameaux
mais en limite inférieure des parcours saisonniers. L’occupation de l’Orri d’En
Corbill au Haut Moyen Âge peut alors s’inscrire dans le mouvement d’une
reprise des activités agro-pastorales en montagne cerdane mais aussi d’une
exploitation de cette zone en agriculture temporaire (Rendu 2003). Aux
Angles, les bâtiments domestiques de la basse-cour du château s’insèrent dans
un castrum de haute montagne, cœur probable d’un terroir domanial cultivé.
Étape de bergers ou habitat permanent d’une communauté villageoise
montagnarde, les témoins de leur vie matérielle permettent d’entrevoir ou de
pointer sur les lignes étagées des versants, des portions du territoire exploité,
depuis ses zones de cueillettes aux parcelles mises en culture, deux temps différents
des rythmes de l’occupation de leur montagne.
3.1. Les étagements de la végétation en montagne
La végétation des reliefs se répartit par intervalle vertical selon les gradients
climatiques imposés par l’altitude en fonction de ses caractéristiques
écologiques, l’exposition des versants, leur sol, etc. (Ozenda 1982). Toutefois,
les activités humaines repérées en montagne pyrénéenne depuis le Néolithique
(cultures, dépaissance, charbonnage, mines, défens, etc.) ont modifié, sur une
échelle variée, la structuration (forêt, lande, pelouse) et la composition spécifique
(hêtraie-sapinière, pineraie, chênaie, junipéraie…) des cortèges floristiques
(Galop 1998 ; Davasse 2000). L’étagement de la végétation observé ou
étudié à une époque donnée résulte ainsi de la combinaison complexe et dynamique
des conditions écologiques et des actions anthropiques. Les limites
altitudinales d’une unité de végétation fluctuent selon l’exposition nord/sud,
est/ouest des versants, la position du massif dans la chaîne montagneuse, les
influences méditerranéennes vers le sud, etc. Elles sont malgré tout plus ou
moins fixées pour un ensemble montagneux par homologie entre massifs régionaux
et translations d’un site à l’autre en jouant sur l’amplitude de
l’intervalle pour un même étage selon les affinités des groupements végétaux
ou des espèces (Jouglet et al. 1992 ; Ozenda 1982). La figure 11 en résume les
principaux traits pour un versant pyrénéen orienté nord/sud.
L’application de cette distribution aux espèces cultivées et cueillies
attestées dans les deux sites aide à envisager une mise en valeur des terres des
153

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
étages successifs (espèce cultivée, type de terrain ensemencé, façons culturales)
à partir de l’information paléoécologique des cortèges d’espèces sauvages.
Tout essai de restitution de cette nature se heurte à plusieurs limites qui représentent
aussi des objets d’étude archéologique et historique. Les principales ont
trait aux interrelations entre les dynamiques de la végétation spontanée et les
pratiques humaines au fil des siècles. D’autres concernent l’évolution de la
composition floristique des cortèges adventices des cultures et celles des prairies
entre le Néolithique et le Moyen Âge. Les communautés végétales des
champs et des prairies, temporaires ou non, résultent en effet des formes et des
rythmes de leur exploitation (pâtures, fauchage), des façons culturales (type de
labours, saison et géométrie des semis, entretien, nature et périodes de rotations,
etc.). L’identification d’espèces à partir de semences carbonisées n’est
pas exempte d’erreurs. L’absence de référentiels carpologiques pour le
domaine pyrénéen augmente le risque d’écarter des espèces endémiques ou
celles qui ne seraient plus recensées aujourd’hui dans ces milieux.
Les propositions livrées ici mesurent dès lors les potentialités des terroirs
à des altitudes jugées, à l’aune des pratiques actuelles, comme peu propices
à des cultures céréalières ou potagères. Elles tentent davantage d’ouvrir la
discussion sur les pratiques d’exploitation et sur les terroirs agro-pastoraux
médiévaux de la haute montagne et à leurs articulations avec les terroirs de
piémont.
3.2. Glanes et cultures médiévales
en Cerdagne…
L’Orri d’En Corbill situé en soulane à l’étage subalpin offre des pentes
douces et des replats pour d’éventuelles parcelles de seigle (fig. 12).
L’enregistrement ponctuel de froment, voire d’avoine dans les assemblages
brûlés répandus sur le sol de la cabane, peut trahir une banale intrusion de
grains de ces espèces dans la récolte de seigle. Les stocks semenciers contiennent
souvent plus ou moins de grains des cultures précédentes ou issus des
stockages et transports des produits. Les parcelles actuelles à froment visitées
pour l’étude de la flore commensale sont situées vers 1 200-1 400 m d’altitude,
zone des devèses et de champs labourés autour d’Enveig (Bourraqui-Sarre
1996 ; Rendu 2003).
Les vestiges de fruits spontanés mêlés aux cendres révèlent des collectes
depuis l’étage collinéen au niveau subalpin. Elles évoquent les glanes sur
l’étendue du parcours ou des cueillettes immédiates lors de l’étape tant par les
bêtes que par les hommes qui les conduisent.
Les travaux sur Enveig ont ainsi guidé vers l’hypothèse d’une culture
temporaire du seigle. La faible pression anthropique sur les massifs forestiers
et les marques de reforestation enregistrées par la palynologie au VIIe-IXe
siècle (Galop 1998) vont à l’encontre d’un peuplement dense et de terroirs
154

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
« saturés » en aval pour caractériser cette culture de haute altitude comme une
exploitation liée à un habitat refuge. L’information paléoenvironnementale
livrée par les charbons de bois de la cabane 82 voisine et contemporaine indique
la persistance d’une pinède à pin sylvestre encore dense au VIIe siècle. Le
genêt purgatif repéré par de faibles taux (20 %) s’y développe, probablement
dans des clairières (Davasse in Rendu 2003). L’ambiance très boisée que dessine
cette étude laisse envisager des semis du seigle sur des parcelles forestières
tour à tour délaissées pour quelques années.
Dans l’éventualité d’une culture locale – à quelle distance ? –, la pièce
principale à verser au dossier – en aucun cas une preuve non plus – est
l’existence de légers talus, très effacés sur le pla même5. Leur antériorité par
rapport à l’enclos moderne, qui les recoupe, et une forte ressemblance dans
l’aménagement des banquettes et des cabanes appuient l’hypothèse d’une
contemporanéité des deux types de structures. Le second argument réside dans
de nombreuses traces d’agriculture à ces altitudes ailleurs en Cerdagne (Rendu
2003). Des sources du XVIIe-XVIIIe siècle mentionnent, par ailleurs,
l’existence d’artigues (essartages) et de boïgues (écobuages) à cette altitude.
Petite culture itinérante à cycle long vraisemblablement sous-tendue par
un essartage des landes arbustives que décèle l’anthracologie, tel serait le
caractère de la production locale de seigle au VIIIe-Xe siècle sur les hauteurs
d’Enveig. Elle s’articulerait avec un élevage sur un espace mobile mais homogène
avant de le céder à l’herbe au XIe-XIIIe siècle à la suite de la fixation
des terroirs agricoles, céréaliers et herbagers.
en Capcir…
Aux Angles, les arguments du traitement local de récoltes sont plus démonstratifs
en raison de leur relation avec des structures de combustion et de
l’abondance de semences d’espèces sauvages et de sous-produits du décorticage
de céréales. Des parcelles cultivées avec les quatre céréales découvertes
dans les dépôts et vidanges des foyers pouvaient s’ouvrir sur les pentes selon
les aptitudes agrologiques des espèces (fig. 12). Le seigle et l’avoine auraient
pu occuper tour à tour (?) les terrains les plus élevés et les plus froids (versants
est et nord-ouest). L’orge et le froment auraient pu être semés sur le bas de
pente du versant est et sur celles orientées au sud.
Peuvent aussi être envisagées des associations culturales de deux
céréales ou d’une céréale et d’une légumineuse (avec la gesse ? cf. ci-dessous).
De telles pratiques sont signalées en terre méridionale dans quelques sources
5 Des sondages réalisés en 2003 et 2004 sur certaines de ces terrasses par M.-C. Bal
(doctorante GEODE UMR 5102), R. Harfouche (associée UTAH, UMR 5608) et P. Poupet
(CNRS, UMR 5140) sont en cours d’étude (Harfouche et alii, sous presse).
155

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
écrites. En Albigeois, au XIIIe s., on sème des méteils d’avoine et de blé ou de
seigle (Higounet 1958). L’orge et le froment sont souvent mêlés en proportions
variables et forment le mitadenc de la plaine languedocienne aux XIIe et XIIIe
s. (Bourin-Derruau 1987 ; Durand 1998). En montagne provençale les textes
laissent supposer l’existence de mixtura ou de consegale dès le champ, mais
les énumérations et les termes employés ne suffisent pas à s’en assurer. Des
mélanges se pratiquent mais à quel moment ? Ainsi en 1358 des panetiers
fabriquent le pain de la Pignote avec un mélange de deux tiers de froment et un
tiers de seigle ou un tiers d’orge (Stouff 1970, p. 40). Toutefois en Cerdagne,
d’après l’étude des prêts sur récolte au XIIIe s., le méteil est exceptionnel et
l’orge relativement discrète alors qu’elle domine en Roussillon. L’avoine est
plus fréquente que l’orge. Le seigle domine amplement en haute Cerdagne où,
à l’inverse, le froment ne paraît pas cultivé sauf à Llo et Estavar. Il est
davantage repéré à Queixans, Alf (Isovol), Sampsor et surtout Beders, Chortas
(Ellar) et Prullans (Rendu 1991) (fig. 13).
Les très faibles proportions de l’orge dans les épandages de combustion
des deux pièces (moins de 1 % des restes) rejettent l’idée d’un méteil avec le
froment ou le seigle. Peut-on l’admettre entre le seigle et le froment, d’après
les échantillons du foyer 2086 de la pièce 3 et du sol 2062 de la pièce 5 ? Le
rapport numérique sur le total de leurs grains dans chacun des deux assemblages
s’élève en effet à un quart de froment et trois-quarts de seigle. Cependant
les grains de seigle dans le foyer 2086 sont accompagnés d’une abondance de
vestiges de paille (2,5 % de rachis d’épi) alors que les menues pailles de froment
font défaut. Dans la pièce 5, l’épandage des produits brûlés contient des
rachis de seigle et de froment dont les taux atteignent 1 % de tous les vestiges
(tab. 1). Mais la proportion de rachis de froment sur l’ensemble des restes de
cette céréale est sensiblement supérieure par unité de grain à celle des rachis de
seigle (5 % contre 1,3 %, tab. 4). Or lors des traitements d’un mélange de deux
céréales, ici à grains nus6, réalisé dès le semis, les grosses et menues pailles
sont éliminées au cours des mêmes opérations. L’état de pureté devrait donc
être le même pour le seigle et le blé dans le cas d’un méteil. Cette condition
n’est pas constatée dans les assemblages de la pièce 3. Ceux de la pièce 5
n’excluent pas l’hypothèse d’un mélange cultural des deux céréales mais ne la
valident pas pour autant. Dans les autres dépôts de la pièce 3, les grains de blé
atteignent 7 %, 10 % et 3 % du total du mélange blé-seigle ; ces proportions
pourraient aussi convenir pour y reconnaître un méteil à dominante de seigle
mais, comme pour le foyer 2086, le seigle est chargé de nombreux rachis alors
que le froment en est débarrassé.
6 Les grains sont libérés dès le premier battage à l’inverse des céréales vêtues (millet, orge
vêtue, avoine, amidonnier, épeautre, engrain etc.) dont les balles sont adhérentes au grain. Ils
sont libérés après une deuxième opération de décorticage (Ruas 2003b).
156

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
La destruction différentielle entre les éléments constitutifs des épis, la
possibilité de mélanges entre séquences de combustion puis entre épandages
semblant circonscrits sur le sol incendié et le caractère incomplet de l’analyse
du matériel concourent à modérer la portée de ces propositions.
Si la gesse (Lathyrus sativus) est, en première interprétation, bien issue
d’une culture, ce statut reste incertain pour la vesce (Vicia cf. sativa). Cette
gesse peut être cultivée jusqu’à 1800 m d’altitude en situation bien exposée
(Grey-Wilson et Blamey 1990 ; Rameau et al. 1989). On pourrait envisager
des parcelles vouées à cette légumineuse à l’étage montagnard au côté du seigle
(peut-être en association ?) ou dans des potagers. La présence de ces graines
au milieu de céréales en cours de traitement incite à les considérer comme
des denrées de consommation humaine plutôt que comme aliment fourrager.
Mais si ces traitements préparaient par séchage le conditionnement des récoltes
pour leur stockage, on ne peut exclure cette utilisation.
Parmi les fruitiers cultivés attestés dans ces dépôts sous forme très ténue
(fragments de coques, fragments de pépins ou de rafle), trois ont des exigences
écologiques incompatibles avec le climat montagnard. Le mûrier noir (Morus
nigra), le figuier (Ficus carica) et l’amandier (Prunus dulcis) figurent parmi
les cultures fruitières typiques de l’étage méso-méditerranéen supérieur (piémont
des basses montagnes languedociennes et catalanes) (fig. 11). Leur
consommation par les habitants du castrum a sans doute bénéficié des marchés
de piémont et de la plaine roussillonnaise où les produits méditerranéens sont
proposés. Ainsi le marché de Puigcerdá dans la deuxième moitié du XIIIe s.
est-il achalandé en pêches, poires mais aussi ail et oignon, huile, herbes à
cailler le lait, blé, vin, et autres outils et matières premières (Rendu 1991, p.
88). Des références aux cultures fruitières sont relevées entre le Xe et le XIIe
siècle en Conflent et concernent des noyers, des poiriers et des mûriers7 (fig. 1,
13).
En revanche, ne peut-on envisager la conduite de quelques pieds de
vigne comme le suggère la présence d’éléments de la rafle du raisin qui constitue
le résidu du marc lors de la vinification ? La plus haute aujourd’hui en
Cerdagne française, de nature expérimentale, est située à 1300 m à Sainte-
Léocadie. Les documents catalans du IXe, Xe puis XIe s. témoignent de la
plantation et de l’essor de vignobles sur les pentes ensoleillées du haut Sègre à
7 En 977 à Estoher en Conflent (Urgellia 2 n°170) : un couple vend au vicomte Bernard des
chasas « cum ipsos porarios ». En 1022 à Sant Just de Cerc en haut Urgell (Urgellia 4
n°375) : un couple vend 5 noyers et « in ipso morario super ipsa casa medietate », prix 7
argencios. En 1024 à Nocolo d’Urgell (Urgellia 4 n°386) : un groupe de frères vend au
sacristain Seniofred « ipso orto cum ipso nokario ». En 1120 à Bor en Cerdagne (Urgellia 9
n°132) : des noyers qui appartiennent à l’exploitation d’une maison sont imposés à la moitié
des fruits (E. Bille com. in litt.).
157

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
1 160 m (Montella del Cadi), à 1 470 m (Llès), à 1 450 m (Méranges)
(Bonnassie 1990, p. 37 et 225). Le climat capcinois, même entre le XIe et le
XIIIe s., était-il favorable à de telles cultures ? D’après une étude de J. A.
Brutails (1889)8, au XVIIIe s., ce type d’exploitation semble avoir été exclu au
moins en haute Cerdagne. Le pays acquérait du vin par échange avec une partie
du seigle qu’il destinait au Conflent. D’après L. Assier-Andrieu citant ces
travaux, le Capcir devait aussi probablement participer à ce circuit commercial
pour obtenir des denrées du piémont ou de la plaine (Assier-Andrieu 1981).
Cependant les vestiges de rafles de raisin dans les résidus charbonneux du
foyer culinaire de la pièce 3 témoignent de la manipulation de grappes de raisin
entières ou au moins du marc. Sans que ces éléments ne prouvent une production
viticole domestique proche, ils laissent envisager plusieurs hypothèses
: soit l’apport dans le castrum de récoltes fraîches extérieures mais traitées
au château (vinification ? consommation de raisin frais ou sec ?), soit l’apport
des sous-produits de la vinification, le marc, dont l’emploi peut être divers
comme fourrage, isolant, engrais, etc.
Les pépins de raisin d’ours, de framboises, de fraises des bois et de
genévrier signalent la collecte de fruits sauvages ou, du moins, des rameaux
fructifères pour certains (genévrier). Grappillages occasionnels, cultures en
jardinets protégés ou fruits de l’alimentation courante ? En plaine et en ville,
certains de ces fruits (fraises, framboises) représentent des denrées primeurs
appréciées des classes dominantes comme l’indiquent les travaux sur
l’alimentation (Higounet-Nadal 1989 ; Laurioux 1989 ; Griéco 1996) mais
aussi la présence de leurs résidus dans les latrines de quartiers urbains tel à
Montauban (Ruas 1998).
Aux Angles, l’étage montagnard a pu être exploité au mieux selon une
polyculture organisée en fonction de l’exposition et des niveaux d’altitude.
Mais la communauté castrale profite, probablement en raison de sa position
sociale, de produits d’origines diverses issus du commerce depuis les marchés.
Une partie de l’approvisionnement est somme toute très probablement local et
issu du finage seigneurial.
4. CONCLUSION
Le seigle s’affirme à travers les sources carpologiques mais aussi écrites
comme la céréale que l’on cultive plus fréquemment dans les zones de relief en
France méridionale. Dans l’arrière-pays languedocien entre la fin du XIIIe et le
tout début du XIVe s., à Durfort (Tarn), une céréaliculture avec seigle, froment,
orge, avoine et engrain, alterne avec des prairies pluriannuelles. Le système
8 Étude citée par L. Assier-Andrieu 1981 : 111 et note 21 : 125.
158

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
semble être conjugué à un élevage ovin de rapport dont la laine sert le
dynamisme économique du castrum (Ruas 2002b). L’agriculture, dans le territoire
du castrum des Angles, pouvait s’organiser selon un système herbagercéréalier
similaire où le seigle occuperait, cependant, une place plus prégnante.
À Enveig, il est conduit aux marges d’un terroir arable plus étiré (?) comme
culture temporaire d’estives en ressource immédiate.
La gesse cultivée est peu fréquente parmi les découvertes et ses restes
jamais abondants en France méridionale. Compte tenu de leurs attestations
carpologiques, on aurait davantage attendu la féverole (Vicia faba var. minor)
et le pois (Pisum sativum), seconds des céréales dans l’alimentation ordinaire
(Ruas 1998). Quelle place lui serait dévolue dans un système agraire de haute
montagne : graine fourragère ? Légumineuse alimentaire seule à pouvoir être
cultivée localement en complément des bouillies de céréales et du pain ? La
présence du froment dans les assemblages des Angles est-elle liée au statut
socio-économique de la communauté castrale (traitement de redevances
apportées depuis les terres plus propices) ? Quelle place, enfin, pour une fructiculture
dans ce contexte climatique ?
Les deux exemples posent plus de questions qu’ils ne dégagent une
réelle spécificité des cultures médiévales de la haute montagne. À comparer les
spectres des plantes utilitaires enregistrées dans les bâtiments domestiques du
castrum des Angles avec ceux des habitats contemporains ruraux ou urbains
des plaines, force est de constater une apparente uniformité. L’absence de
quelques espèces fréquentes ailleurs comme le millet, la féverole ou le pois
n’est pas là le gage d’une particularité en raison du caractère somme toute
ponctuel de ces premières données. C’est la diversité des produits qui surprend
peut-être naïvement. Toutefois, elle s’oppose à l’image misérabiliste qui
s’exprime dans les mentions écrites et à notre propre regard jugeant contraignantes
les conditions topographiques et climatiques de la haute montagne.
Les productions domestiques à petite échelle, plus banales, voire méprisées
aux yeux des enquêteurs des siècles médiévaux, jouent un rôle discret mais
essentiel dans la vie des communautés. La lecture répétée de telles traces matérielles
croisée avec celles des archives écrites devrait permettre de saisir la
spécificité ou la diversité des situations.
159

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
ANNEXE : FIGURES ET TABLEAUX
B
Figure 1a, 1b Localisation des sites archéologiques
(Pyrénées-Orientales).
160

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Figure 1C - L’Orri d’En Corbill (Enveig 1950 m) en Cerdagne.
161

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Figure 1D - Château 2 (Les Angles 1655 m) en Capcir. (fond de carte C. Rendu
(1B) et carte IGN 1/25000e de Bourg-Madame/Pic Carlit (1C) et Font-
Romeu/Capcir (1D), équidistance des courbes de niveau 10 m).
162

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Figure 2A - Premier replat de l’Orri d’En Corbill, montagne d’Enveig à 1950
m (cliché P. Campmajo, UMR 8555) ; 2B - Site du Château 2, Les Angles en fin
de fouilles : vue sur le mur oriental de l’enceinte, la porte tour et le versant est,
à 1655 m (cliché A. Bergeret, INRAP in Bergeret et al. 2002).
163

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Figure 3A - Cabane 81, Orri d’En Corbill (Enveig), 1950 m, niveau C2 en cours
de fouilles (cliché P. Campmajo).
164

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Figure 3B - Relevé du niveau incendié C2 et emplacement des prélèvements
(cercles), cabane 81, Orri d’En Corbill. (DAO d’après C. Rendu et
P. Campmajo in Rendu 2003). N°1 à 23, emplacements des branches carbonisées,
B1 à B14 emplacements des prélèvements ; R14 et T13, carrés de fouille prélevés
mais dont les spectres carpologiques ne sont pas significatifs en raison d’une
quantité négligeable en restes.
165

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Figure 4 : Coupe stratigraphique selon une section N/S de la cabane 81, Orri
d’En Corbill (DAO d’après un relevé de P. Campmajo et C. Rendu in Rendu
2003).
166

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Figure 5 : Plan du château 2, Les Angles et situation des pièces 3 et 5 dans le
bâtiment 3 (DAO d’après Bergeret et al. 2002).
167

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Figure 6 : Localisation des prélèvements carpologiques traités, bâtiment 3,
Château 2, Les Angles (fond de plan Bergeret et al. 2002).
168

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Figure 7 - Coupe stratigraphique dans la pièce 3 ; coupes stratigraphiques dans
les pièces 3 et 5 du bâtiment 3, Château 2, Les Angles (DAO d’après Recolin in
Bergeret et al. 2002).
169

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Figure 8 : Semences carbonisées des Graminées et des fruits conservés dans la
couche 2 de la cabane 81, Orri d’En Corbill, VIIIe-Xe s.
A- fragments de tiges de céréales ; B- fragment de tiges de l’avoine à chapelet
(Arrhenatherum elatius), graminée de prairie ; C- segments de rachis d’épi de
seigle ; D- grains mûrs et immatures de seigle ; E- grain d’avoine ; F- pépins de
mûre de ronce et de framboise ; G et H- pépin et fragment de cynorrhodon
(baie d’églantier) (clichés numériques M.-P. Ruas).
170

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Figure 9 : Proportions numériques des plantes cultivées et cueillies composant
les assemblages carpologiques dans le niveau incendié C2, cabane 81, Orri
d’En Corbill (Enveig), nr, nombre de restes (autres légende cf. fig. 7).
171

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Figure 10 : Proportions numériques des plantes cultivées et cueillies composant
les assemblages carpologiques dans les pièces 3 et 5 du Château 2, Les Angles.
(Légendes cf. fig. 7 et 9).
172

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Figure 11 : Localisation des sites archéologiques aux étages bioclimatiques
actuels définis dans la chaîne pyrénéenne selon l’exposition sud ou nord des
versants (d’après Ozenda 1982).
173

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Figure 12 : Hypothèses sur les zones de cultures et de cueillettes des plantes
attestées. La flèche signale l’altitude de chaque site.
174

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
Figure 13 : Situation des lieux mentionnés dans les sources écrites concernant
l’attestation de vignes ou de cultures de céréales (références cf. texte, fond de
carte : E. Bille et C. Rendu).
175

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Tableau 1 : Nombre et pourcentage des semences de plantes de culture et de
cueillette à l’Orri d’En Corbil et au château des Angles. Hormis les fruitiers
sauvages, les autres plantes spontanées attestées dans les deux sites ne sont pas
prises en compte dans les dénombrements ci-dessus. Les pourcentages élevés sont
signalés en gras. fgt et fgts, fragment(s) ; fgts/2, les fragments de grains de seigle
ont été divisés par 2 ; nr, nombre de restes.
176

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
Tableau 1 suite et fin. (Pour les taxons latins, se reporter à la page de gauche).
177

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Tableau 2 : Type de restes identifiés et données écologiques sur les biocénoses
fréquentées par les espèces sauvages et les fruitiers de cueillette attestés dans la
cabane 81 à l’Orri d’en Corbill et dans le bâtiment 3 du château 2 des Angles.
178

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Tableau 2 : suite. La flore sauvage de l’échantillon PV4 (foyer 2043 château 2
Les Angles) est en cours d’étude. Références pour les habitats actuels (Rameau et
al. 1989, 1993; Jauzein 1995; Bournérias et al. 2001), pour les relevés dans les
champs en Cerdagne et Capcir (Bourraqui-Sarre 1996). Fgts = fragments.
179

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
Tableau 2 : suite et fin des taxons attestés.
180

MARIE-PIERRE RUAS, CHRISTINE RENDU & AGNÈS BERGERET
181

GLANES ET CULTURES EN HAUTE MONTAGNE ...
BIBLIOGRAPHIE
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CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS
ET DES ESPACES PASTORAUX
EN VALLÉE DE BETHMALE (ARIÈGE).
Méthodologie d’analyses pédologiques pour une
approche archéo-environnementale
INTRODUCTION
Marie-Claude BAL*
Les Pyrénées ont fait l’objet d’une mise en valeur précoce de
développement de pratiques agro-sylvo-pastorales. Les principales étapes de
la construction de ces paysages dans les Pyrénées sont maintenant bien
connues (DAVASSE, 2000 ; DUBOIS, MÉTAILIÉ & IZARD, 1997 ;
GALOP, 1998). Le présent travail entre dans le cadre d’une étude des sols
visant à reconstituer l’histoire de zones de pâture et de terroirs de la vallée de
Bethmale en Ariège. Il s’agissait de mettre en relation l’histoire et
l’archéologie de l’environnement et de tenter d’amener des connaissances
nouvelles en ce qui concerne les montagnes du Couserans. Les activités
agro-sylvo-pastorales dominèrent en Castillonnais et furent responsables de
la formation d’artigues (anciennes zones boisées et essartées). À la suite
d’une campagne de terrain, notre approche s’est affinée au niveau des sols
autour des murets en pierres sèches délimitant les parcelles. Le but de la
recherche était de tester un certain nombre de méthodes permettant de
restituer la végétation ligneuse passée en rapport avec les pratiques agrosylvo-pastorales
de la vallée.
LES SITES
L’opposition des pratiques agro-sylvo-pastorales entre les versants est
particulièrement marquée dans la vallée de Bethmale située dans le
département de l’Ariège, au Sud de Castillon-en-Couserans (figure n° 1).
* Laboratoire GEODE CNRS-UMR 5602 Maison de la recherche Université de Toulouse le
Mirail, 5, allée Antonio Machado 31058.
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 185 - 202 185

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
Elle présente un alignement longitudinal à la chaîne pyrénéenne avec une
orientation Nord Ouest / Sud Est. Elle présente une opposition classique
entre l’ombrée et la soulane. Du côté de l’ombrée, de grandes étendues de
forêts dominées par le hêtre. Par endroits, quelques artigues forment des
trouées dans ce massif forestier. Sur la carte de la Réformation de 1669, « les
granges de Lasserre (aujourd’hui : La Serre1) semblent avoir déjà à peu près
leur extension actuelle » (Métailié, 2000). Dans la sapinière de Mont Noir, le
dessin barré2 d’un défrichement apparaît sur la carte. Sur le cadastre
napoléonien de 1837, le quartier de Lasserre est toujours sous forme de
terrain enherbé dont une partie est en pâture communale et l’autre sous
forme de parcelles privées ; Coume taillade est une artigue privée près du
bois Royal de Rigas et du chemin qui monte à Lasserre. Le cadastre de 1837
révèle la présence des artigues de Mourcarau (Mont Noir) correspondant
probablement au dessin barré sur la carte de 1669. Ces dernières artigues
seraient alors plus récentes que celles de Lasserre. Nous intéressant au
paléopaysage et aux méthodes permettant sa reconstitution, nous avons
choisi les parcelles de Coume taillade et de La Serre dont les défrichements
et l’utilisation pastorale semblent (d’après les archives) antérieurs au XVIIe
siècle.
Figure 1 : Localisation du département de l’Ariège sur la chaîne pyrénéenne.
Ces zones relèvent d’un intérêt particulièrement marquant pour la
reconstitution éco-historique et paléo-écologique d’un versant ayant subi des
phases successives de mise en cultures ; dont le début n’est pas connu pour
l’instant. C’est cette mosaïque paysagère de l’ombrée (même si moins
1 Cadastre actuel de la commune d’Arrien-en-Bethmale, section C, feuilles 2 et 3.
2 Un défrichement probablement récent, les réformateurs n’ont peut être pas voulu officialiser
cette implantation nouvelle. (Métailié, Analyse de la carte de la Réformation, 2000).
186

MARIE-CLAUDE BAL
diversifiée que celle de la soulane) qui attire notre attention et pose le
problème de la construction historique des terroirs. Un certain nombre de
méthodes basées sur l’étude du paléopaysage (anthracologie des
charbonnières (Davasse, 2000) et des cabanes fouillées (Rendu et al, 1997),
palynologie des tourbières (Galop, 1998 ; ECOFOR, 2000) ont déjà fait leurs
preuves dans la reconstitution du paléo-environnement dans les Pyrénées
ariégeoises et catalanes. Cependant, dans ce cas précis, l’étude des terroirs
s’est cantonnée, en ce qui concerne les fouilles et l’anthracologie au domaine
des cabanes et non aux paléosols des pâtures ou prairies. Même si l’activité
pastorale n’a pas été mise de côté (Davasse, 2000 ; Galop, 1998), il faut
toutefois remarquer que les recherches portant directement sur les parcelles
pâturées ou en prairie n’ont pas été abordées jusqu’ici. Devant le paysage
actuel de la vallée de Bethmale, restructuré par les pratiques humaines, une
étude archéo-environnementale des Artigues de montagne semble tout à fait
prometteuse dans la discipline géographique.
Les deux sites d’étude sont sur l’ombrée. Le premier site à 980 m
d’altitude, porte le toponyme de Coume taillade. Ce lieu-dit englobe 4
parcelles et 2 cabanes. Le muret en pierre sèche étudié sépare un taillis de
hêtres d’une prairie sur laquelle est construite une cabane en quartz. Le
deuxième site d’étude, La Serre du Milieu est à 1 100 m d’altitude. Ce lieudit
représente 15 parcelles et 8 cabanes. Le muret en pierre sèche étudié
sépare deux prairies.
Localisation des parcelles étudiées sur le cadastre
récent et sur le cadastre de 1837
Le cadastre actuel
Nos sites d’étude sont sur l’ombrée, à Coumo Taillado (960m) et sur
le plateau de l’ombrée, appelé la Serre (1 100m). D’après M. Bérot (1998),
Coumo représente les combes très rechercher par le bétail comme lieux de
repos et de rassemblement. Certains « anciens » de la vallée affirment que
Coumo Taillado désigne aussi une « montée rocailleuse » difficile d’accès
pour les troupeaux lors de la montée aux estives. Si l’on se fit à la
toponymie, la serre est un nom de lieu d’époque romane puisqu’il s’agit
d’un appellatif occitan toujours vivant qui signifie « montagne arrondie » ou
même « plateau » (Nouvel, 1981).
Coumo taillado et La serre se situent sur les feuilles 1, 2 et 3 de la
section C du cadastre de la commune d’Arrien-en Bethmale (figure n° 2).
Coumo taillado est localisé entre le chemin qui part d’Arrien et va à
Lasserre, et Rigas Est. Ce lieu-dit englobe quatre parcelles et deux cabanes.
Le muret étudié sépare un taillis de hêtres noté 552 (ONF) et une prairie
notée 554 sur laquelle est construite une cabane en quartz (553).
187

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
Figure 2 : Localisation sur le cadastre actuel des fosses et des parcelles étudiées.
L’estive La serre comprend trois plateaux d’Ouest en Est : la serre
d’en bas, la serre du milieu et la serre d’en haut. La serre d’en bas appelée
ainsi par les habitants de la vallée est notée « La serre » sur le cadastre. La
serre d’en bas se situe entre l’Escalère, le chemin de la Carbouère et la serre
du milieu. Elle comprend 53 parcelles et 17 cabanes. Le parcellaire
n’apparaît pas sur le terrain, aucun muret et aucune clôture ne délimite les
parcelles. La présence des granges confirme la coupe de foin, il semblerait
alors que les propriétaires des parcelles connaissent exactement leurs limites
à un moment de l’année. Le reste du temps, après la fauche, leur utilisation
188

MARIE-CLAUDE BAL
est commune. Au début du XXe siècle, chaque troupeau groupait le bétail
d’une vingtaine de propriétaires, en général habitants d’un même village.
La serre du milieu se situe entre le chemin de Lasserre à Erpe, Rigas
est et La serre d’en haut. Elle représente 15 parcelles et 8 cabanes. Le muret
en pierres sèches étudié sépare les prairies 843 et 844 sur laquelle est
construite la cabane 842.
La serre d’en haut est située entre la serre du milieu, les bois des
Rious et Louda. Ce lieu-dit comprend 19 parcelles et 9 cabanes.
Parcelles Propriétaires Superficies Nature
552 Communal 10,2 a Taillis de hêtres
554 (cabane 553) Communal 91,23 Prairie
843 (cabane 842) Mme Soubie S 29,6 Prairie
844 ‘ 48,46 Prairie
Récapitulatif des parcelles étudiées.
Le cadastre de 1837
La réalisation du cadastre fut prescrite par la loi du 15 septembre
1807. Entre l’« ancien » et le « nouveau » cadastre, le système de
numérotation des parcelles a changé.
Parcelles actuelles Nature Parcelles en 1837 Nature
552 Taillis de hêtres 758 Prairie ou bois3
552 Taillis de hêtres 759 Lande
554 (cabane 553) Prairie 756 (757) Prairie
843 (cabane 842) Prairie 1 174 (cabane 1 175) Prairie
844 Prairie 1 176 Prairie
Correspondance du système de numérotation des parcelles entre « l’ancien »
cadastre et le « nouveau » cadastre.
Sur ce cadastre (figure n°3) Coume taillade comprend 6 parcelles et 2
cabanes. En effet, la pâture notée 774, fait partie au début du XIXe siècle de
Coume taillade. Le muret en pierres sèches était déjà en place et séparait la
prairie 756 d’une lande (759 L) et d’une prairie (758 P).
3 Le cadastre de 1837 consulté aux Archives Départementales de Foix, indique que la
parcelle 758 correspond à un bois.
189

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
Figure 3 : Localisation des parcelles sur le cadastre de 1837 Bal MCl. GEODE
À Lasserre, les délimitations des différents lieux-dits sont identiques à
celles du cadastre actuel. En 1837, on retrouve les mêmes chemins
qu’aujourd’hui : par exemple, le chemin de la Carbouère, ou encore, le
chemin d’Arrien à Lasserre.
Lasserre d’en bas est située entre l’Escalère, le chemin de la
Carbouère, le bois royal de Rigas et Lasserre du milieu. Elle comprend 83
parcelles et 25 cabanes. Donc ici, un parcellaire beaucoup plus découpé
qu’aujourd’hui. Certainement la conséquence de la croissance
démographique du XIXe siècle en vallée de Bethmale. La pression
démographique provoque l’intensification des activités pastorales et entraîne
la construction de nouvelles granges. « En 1686, le cadastre de Bethmale
mentionne 12 granges sur la crête de lasserre ; il y en aura » 48 « en 1837 »
(Métailié, 2000).
190

MARIE-CLAUDE BAL
Lasserre du milieu se situe entre le bois Royal de Las Lasserre, la
pâture communale de Lasserre, Lasserre d’en bas et Lasserre d’en haut. On
y dénombre 37 parcelles et 12 cabanes. Le muret était déjà en place au XIXe
siècle.
LA VÉGÉTATION ACTUELLE
« Le paysage est le miroir des relations anciennes et actuelles de
l’homme avec la nature qui l’environne » (B. Lizet, F. de Ravignan, 1987).
L’étude de l’espace forestier actuel est le point de départ de notre démarche.
Son analyse nous permet de partir d’un contexte connu et de prendre des
directions bien définies en ce qui concerne l’étude des évènements du passé.
Dans la vallée, la zone forestière s’étend de 650m à 1 700m d’altitude.
Les forêts sont gérées par l’ONF (Office National des Forêts) (forêts
soumises). La superficie domaniale (appartenant en propre à l’état) est de
2 895 ha et de 4 620 ha pour la partie appartenant aux communes, il est à
noter qu’il y a très peu en superficie de forêts privées. Dans les 2 895 ha de
terrain, la surface forestière recouvre 1 281 ha (chiffres ONF).
Toutefois, la plus importante superficie forestière se localise sur
l’ombrée. En effet, la soulane a été colonisée très tôt par l’homme ; ce dernier
ayant choisi le côté ensoleillé pour s’installer, bâtir et cultiver. Dans son
rapport sur l’écologie historique de la Forêt Domaniale de Bethmale, J.-P.
Métailié se réfère à la carte de M. Chevalier (1952) représentant le
« morcellement de la forêt devant la poussée pionnière des granges » en
1837. Aujourd’hui, même si de nombreuses granges sont démolies, on peut
encore évaluer la quantité importante de ces bâtisses.
L’espace forestier n’entre pas dans le cadre d’un modèle bioclimatique
puisque nous avons à faire ici à un étagement fortement anthropisé. La
diversité des essences répertoriées dans la vallée en témoigne. À l’œil nu, la
forêt se compose comme une mosaïque de couleurs et d’essences. En
ombrée, entre 600 et 800 m, on rencontre le frêne, le bouleau, le châtaignier,
le noisetier, le merisier, le chêne, le hêtre qui re-colonise les terrains
abandonnés (ce dernier domine toute la vallée avec 1 012 ha de la superficie
forestière). D’autres essences moins pionnières existent comme le buis : en
effet le lieu-dit « la Bouche » atteste de la présence passé et/ou actuelle de
buis, souvent d’ailleurs ces îlots de buis n’ont pu se maintenir que parce que
cette plante est toxique pour le bétail, dans ces milieux de fortes pâtures.
La soulane est peu boisée, mais la diversité des essences y est aussi
importante qu’en ombrée : noisetier, pommier, frêne, chêne pédonculé,
châtaignier, bouleau et hêtre s’y développent. Au-dessus de la limite
forestière ce sont les estives (dont la serre sur le sommet de l’ombrée).
191

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
Comme nous l’avons vue la forêt représente une importante superficie
et joue un rôle majeur dans la structuration du paysage de la vallée de
Bethmale.
L’exploitation pastorale fut de tout temps appliquée presque partout
dans la vallée. La plupart des parcelles de la soulane étant réservées à la
culture, ce sont celles de l’ombrée qui servaient de prairies de fauche et de
pâtures.
Aujourd’hui, seuls quelques champs de culture pour les particuliers
apparaissent dans le paysage de la soulane. Le hêtre a re-conquis les vides
forestiers en ombrée, sur laquelle il trouve l’humidité et l’ombre dont il a
besoin.
LA PÉDOLOGIE AUTOUR DE MURETS EN PIERRE SÈCHE
Nous avons réalisé des fosses pédologiques (figure n°4) autour de
murets en pierre sèche afin de connaître les conséquences sur la dynamique
du sol, liée à la présence de ce muret. Seuls les résultats pédologiques
concernant les fosses de La Serre du Milieu sont ici décrits. Pour cette
structure, trois profils pédologiques ont été réalisés : un en amont du muret,
un en aval et contre le muret et le dernier en prairie.
Les résultats pédologiques
En aval et contre le muret
Le mur est très ancien, construit dans des matériaux meubles, des
blocs altérés ont même été utilisés pour la construction. La succession des
divers horizons est très progressive. La structure polyédrique présentant des
agrégats à arêtes anguleuses résulte souvent de processus physiques touchant
les argiles. Dans l’exemple qui suit, on note ce type de structure depuis la
Roche-Mère (granite) ce qui traduit une altération. L’humus Mull est une
forme d’humus aéré et dont l’une des principales caractéristiques est une
activité biologique générale forte. De nombreuses galeries de
micromammifères et des turricules de vers de terre ont été vues. Ces
observations forment autant de traits pédologiques qui renseignent sur
l’activité biologique du sol. Nous avons pu constater sur le terrain que les
éleveurs brûlent les fougères et les ronces avoisinant les murets. En effet, au
niveau de l’horizon le plus superficiel, nous avons dénombré quelques
racines de fougères.
192

MARIE-CLAUDE BAL
En amont du muret
Il n’y a pas de remontée de terre aussi importante qu’en aval. Les
horizons pédologiques sont identiques à ceux décrits précédemment et se
succèdent de la même façon le long de la fosse ; mise à part un horizon gris à
structure grenue qui est remplacé par un horizon organique à structure
polyédrique anguleuse, de texture assez poreuse et présentant de nombreuses
galeries de vers de terre.
En prairie
On retrouve dans cette fosse, les mêmes horizons pédologiques que
ceux décrits dans la fosse réalisée en amont du muret.
La discussion
Ces sols sont en place depuis plusieurs siècles avec notamment des
sols fossiles encore plus anciens sous les murets en pierre sèche.
À La Serre du Milieu, l’horizon à structure grenue représentait
sûrement l’horizon le plus superficiel, avant d’être recouvert par les horizons
plus superficiels. Ainsi, se pose la question suivante : par quel(s) moyen(s),
dans le passé, ces horizons de surface se sont installés ? une question qui
suscite un certain nombre d’hypothèses :
- Plus en retrait du mur, on constate un piétinement du sol par les
grands herbivores tels que les chevaux (Mérens) et les vaches qui
depuis au moins le XVIIe siècle (archives) pâturent ces parcelles. Ce
piétinement rend compte de la position employée par le bétail
lorsqu’il broute la strate herbacée sur le muret. Ce qui provoque le
développement du système racinaire de l’herbe et en particulier des
graminées.
193

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
194
- La remontée de terre peut être, en partie, expliquée par l’activité des
vers anéciques qui assurent une bonne intégration de la matière
organique à la matière minérale.
- Les murs de pierre sèche peuvent constituer des refuges pour la
pédofaune et quelques micro-vertébrés. Les nombreuses galeries de
dimensions variées témoignent de leur présence. De plus, ces murets
leur offrent un microclimat tamponné4 par rapport à celui des
pâturages ou prairies fortement exposés aux variations climatiques.
- Afin de fertiliser les sols, les paysans regroupaient le tapis végétal
sous forme de tas, ils le brûlaient puis le répartissaient sur le sol. Le
reste était réparti sur les côtés du champ, par conséquent, ici les
murets. Cette pratique favorise le développement du système
racinaire en enrichissant le sol de matière organique.
4 Gobat, Le sol vivant, 1998, p. 235 : Microclimat d’annexes minérales directes : le muret de
pâturage.

MARIE-CLAUDE BAL
LES ANALYSES PHYSICO-CHIMIQUES DU PHOSPHORE5
La méthode et les hypothèses
Contrairement aux cycles de l’azote, du carbone ou du soufre, le cycle
du phosphore ne présente pas de composantes gazeuses. Il n’y a ainsi pas de
perte sous forme gazeuse.
Les différentes formes de phosphore dans un sol résultent de la nature
de la roche mère, des conditions climatiques passées et actuelles, de la
végétation, mais probablement aussi des interventions humaines récentes ou
anciennes.
Concernant ces interventions humaines, quelques hypothèses peuvent
être formulées :
- un milieu exploité sans retour de P, sous forme d’engrais par
exemple, devrait voir son contenu total en P baisser. Les forêts
exploitées depuis plusieurs siècles devraient en être un exemple,
- un ancien labour sous culture traditionnelle devrait avoir un stock
global de P relativement faible du fait des prélèvements successifs
par les récoltes,
- deux parcelles situées sur pente mais dont l’une était en prairie et
l’autre en labour, devraient montrer des différences dans leur stock
total en phosphore,
- une culture ayant fait l’objet d’apports constants en fumures devrait
avoir un stock de phosphore organique relativement élevé (un cas
extrême devrait être celui des reposoirs à bestiaux),
- une ancienne prairie abandonnée à la lande, devrait avoir un contenu
en phosphore organique relativement élevé.
Les mesures du phosphore total ou du phosphore organique6
pourraient apporter des informations sur l’utilisation ancienne de parcelles
aujourd’hui recouvertes d’une même végétation.
Les résultats des analyses physico-chimiques (figure 5)
Le sol prélevé contre le mur est plus riche en phosphore organique
total suivi du sol de prairie, du sol situé sous le mur et enfin du sol de taillis.
5 Ces analyses ont été réalisées par A. Fabre (Laboratoire d’Écologie Terrestre, UMR 5552).
6 Hedley, M.J., Stewart, J.W.B. and Chauban, B.S., 1982. Changes in organic soil phosphorus
fractions by cultivation practices and by laboratory incubations. Soil Sci. Soc. Am. J., 46:
970-976.
Bowman, R.A., & Cole, C.V., 1978. An exploratory method for fractionation of organic
phosphorus from grassland soil. Soil Science 125: 95-101.
195

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
microg rammes de P / g de sol
196
1200
1000
800
600
400
200
somme des fractions organiques
0
prairie taillis contre mur sous mur
Figure 5 : Les analyses physico-chimiques du phosphore
- la richesse des sols de pâture en P (fumure),
-l’accumulation de débris végétaux contre le
mur.
- nombreux prélèvements de bois et de litière,
sous taillis.
La discussion
De façon générale, la richesse des sols de pâture en phosphore est bien
connue7. L’accumulation des débris végétaux contre le muret peut expliquer
la quantité importante de P. Le sol sous taillis est nettement le plus pauvre en
P. ceci est probablement à attribuer à des prélèvements répétés de bois ou de
litière.
Les résultats obtenus ne permettent aucune interprétation définitive
puisqu’ils ne reposent que sur l’analyse d’un seul échantillon par situation.
Une dizaine de répliques par site devraient faire l’objet d’analyse avant de se
prononcer sur l’intérêt de l’utilisation du phosphore comme indicateur du
passé d’un milieu.
Notons que cette méthode est également coûteuse en temps8.
LA PÉDO-ANTHRACOLOGIE
La méthode
Elle s’intéresse à l’étude des micro-charbons de bois que l’on trouve
dans les sols marqués par des siècles voire des millénaires d’activités pastorales.
Elle étudie de manière taxonomique les bois carbonisés et s’appuie sur
la présence/absence des espèces (THINON, 1992) (figure 6).
7 Apports par les déjections produites par le bétail.
8 Il faut 7 jours pour analyser 4 relevés.

Figure 6 : La pédoanthracologie.
MARIE-CLAUDE BAL
Les profils pédologiques ont dévoilé la présence de micro-charbons de
bois. Nous avons réalisé des sondages exploratoires : « le nombre de
prélèvements est réduit au profit d’une plus grande épaisseur » (THINON
1992, p. 222). Le choix du prélèvement est directement lié aux conditions
environnementales du site mais aussi aux informations phytohistoriques
recherchées. Dans le cas, comme à Coume taillade (CT), marqué par une
pente assez forte, les prélèvements ont été effectués sur un replat en légère
concavité (marquant donc un comblement ou les facteurs érosifs liés à la
pente n’ont pas ou peu perturbés le profil). Ce site est caractérisé par un
taillis de Fagus sylvatica offrant au sol une importante litière. La Serre du
Milieu (LSM) est un plateau. La fosse pédo-anthracologique est réalisée ici
en prairie.
À Coume taillade, nous avons réalisé une fosse de 50 cm de
profondeur et distinguer 3 niveaux de prélèvements : un entre -35 et -50 cm,
un entre -20 et -30 cm, et le dernier entre -15 et -5 cm. Dans une même
fosse, entre deux prélèvements, il y a environ 5 à 10 cm de zone non
récoltée, dans le but de bien différencier les différents niveaux de sol. À La
Serre du Milieu, une fosse de 35 cm de profondeur et deux niveaux de
prélèvements : un entre -35 et -25 cm ; un entre -5 et -15 cm de profondeur.
En ce qui concerne l’extraction, la préparation à l’examen
microscopique et le protocole de détermination des micro-charbons de bois ;
nous renvoyons au travail de Michel Thinon (THINON, 1992).
Les résultats pédoanthracologiques
L’identification des charbons de bois fournit une liste de taxons que
l’on peut compléter de façon quantitative. Pour notre étude, nous n’avons
197

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
fait qu’une analyse qualitative partielle puisqu’il s’agissait de tester la
méthode. Ainsi tous les micro-charbons de bois des différents niveaux des
deux sites ont été extraits, nettoyés et séchés mais seuls les charbons d’une
taille supérieure ou égale à 2 mm ont été déterminés9. Notre raisonnement
est basé sur la présence des espèces et sur l’état des micro-charbons.
Nous n’avons pu faire aucune datation carbone 14, cependant « le
raisonnement intuitif voulant que les charbons les plus anciens se trouvent à
plus grande profondeur » (THINON, 1992) nous permet d’élaborer un
scénario possible sur la phyto-histoire de ces parcelles. Dans l’interprétation
qualitative des deux sites, on retrouve une constance du Fagus sylvatica et
d’Abies alba. Ce dernier a aujourd’hui disparu des parcelles étudiées.
Le site de Coume taillade : dans le niveau le plus ancien et le niveau
intermédiaire, on a retrouvé des charbons de Fagus sylvatica et d’Abies alba.
Celui-ci signe un milieu relativement stable. Dans le niveau de sol le plus
récent, quelques micro-charbons de hêtre présentent des structures
anatomiques particulières (thylles) qui témoignent de la diminution de la
réserve hydrique par ouverture du milieu. D’autres charbons de Fagus
sylvatica présentent une épaisseur anormalement développée de parenchyme,
témoignent de la pression exercée par le bétail. Ou encore, la présence de
mycélium sur les charbons de Corylus avellana indique que le bois était déjà
mort avant d’être brûlé10. Le noisetier annonce une ouverture du milieu,
vraisemblablement en relation avec les activités pastorales autrefois très
importantes dans la vallée.
Le site de La Serre du Milieu : dans les deux niveaux de prélèvements,
quelques charbons d’aspect vitrifié présentaient également un mauvais état
anatomique. Les thylles au niveau des hêtres et des noisetiers prouvent
encore une fois que ces arbres ont souffert d’une diminution de réserves
hydriques. La Serre est certainement un milieu pastoral totalement ouvert
depuis très longtemps. Le sapin a subi les pressions du pâturage. Le feuillage
du chêne procurait de l’ombre au bétail lors des sécheresses estivales, il était
aussi donné au bétail. D’après nos recherches, la parcelle étudiée en herbe
depuis au moins le début du XIXe siècle, était en des temps bien antérieurs,
une forêt mixte de hêtres et de sapins avec du chêne, du noisetier et du frêne.
La discussion
Nous avons réalisé un scénario phyto-historique hypothétique pour
chacun des sites étudiés. Ces exemples de reconstitution du paysage ne sont
évidemment pas les seuls possibles. Cependant, d’après les renseignements
9 Vérifications faites par Michel Thinon.
10 Essartage.
198

MARIE-CLAUDE BAL
que nous avons recueillis dans les archives ou bien auprès de la population
locale, ils semblent assez proches des pratiques pastorales anciennes dans la
vallée de Bethmale.
À Coume taillade : Autrefois, le taillis de hêtres présentait une
structure végétale plus complexe avec du sapin et du noisetier. Le sapin a
disparu aujourd’hui de ce milieu, certainement par compétition avec le hêtre,
mais aussi à cause d’une forte pression pastorale. De plus, au bout d’un
certain temps, le sapin a besoin d’être réimplanté dans une zone pour assurer
sa pérennisation. Le noisetier s’installant dans des zones d’ouverture, il a
permis la reconquête du milieu par d’autres espèces végétales comme le
hêtre et puis le sapin. On imagine, un milieu ayant subi plusieurs fois
l’action du feu (essartage) provoqué par l’homme, ce qui permettait
d’installer le bétail et lui assurer une herbe de meilleure qualité. Il semblerait
que le hêtre était exploité sous forme de taillis depuis très longtemps, ce type
de pratique fournit une quantité de bois non négligeable, une zone de
protection pour le bétail lors des intempéries, mais aussi une importante
litière utilisée souvent pour fertiliser les parcelles.
À La Serre du Milieu : le paysage actuel semble bien différent du ou
des paléo-paysages auxquels nous renvoie la pédoanthracologie. Autrefois,
une forêt mixte composée de hêtres, de frênes, de chênes, de sapins et de
noisetiers constituait un paysage de mosaïque complexe. Cependant,
aujourd’hui dans cette grande zone de pâture subsiste encore quelques arbres
isolés comme des hêtres tétards, témoins d’une activité pastorale intense et
ancienne. Pourquoi pas une importante superficie de forêt mixte détruite au
fil des siècles par l’action du feu afin de produire des zones d’estives pour le
bétail dans ce pays de transhumance.
CONCLUSION GÉNÉRALE
La finalité de notre travail était de tester des méthodes paléoécologiques
afin de reconstituer le paléopaysage des artigues sur l’ombrée de
la vallée de Bethmale. Ainsi, après une étude sur l’histoire récente de la
vallée, nous avons choisi quatre méthodes paléo-écologiques (pédologie,
pédoanthracologie, analyses du phosphore et pédofaune) dans le but de
connaître leur fiabilité et pouvoir les reproduire. Le plus délicat dans une
telle recherche est de confronter les diverses disciplines adoptées, dans
l’objectif d’obtenir la meilleure concordance possible (figure 7).
À la fin de chaque essai méthodologique, nous avons donné les
avantages et les inconvénients de la méthode en question. Nous allons tenter
maintenant, de réaliser une inter-comparaison de ces dernières :
- À chaque méthode correspond une échelle temporelle différente. En
effet, la pédologie et la pédoanthracologie nous permettent de
199

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
200
remonter le temps jusqu’au Néolithique (approximation car nous
n’avons pas fait de datation carbone 14). Dans notre cas d’étude, la
pédoanthracologie prouve l’existence de sapin au niveau des artigues
étudiées. Lors de la grande Réformation de 1669, aucun sapin n’est
cité dans les procès-verbaux. Par conséquent, si l’on s’en tient à la
bonne foi des arpenteurs de l’époque, les résultats de la
pédoanthracologie restituent le paléo-paysage de la vallée,
certainement bien antérieur au XVIIe siècle. Les analyses physicochimiques
du phosphore nous renseignent sur les pratiques agrosylvo-pastorales
des six dernières décennies. Ces résultats font alors
partis de l’histoire récente de la vallée. Même si les résultats sur la
pédofaune sont prometteurs dans la reconstitution phyto-historique
du milieu, nous ne pouvons encore rien affirmer en ce qui concerne
l’échelle de temps utilisée.
- Lorsque l’on souhaite reproduire une méthode, il faut aussi penser
aux investissements en temps et en argent. La pédoanthracologie11
est une méthode qui demande de la rigueur et de la précision. Il faut
environ dix jours pour extraire les micro-charbons de seulement cinq
niveaux de prélèvements. C’est pour cela qu’il faut cibler les
recherches (notamment par une étude historique) avant de multiplier
les relevés, pour ne pas perdre de temps. La détermination12 des
micro-charbons est un apprentissage assez long qui requiert
beaucoup d’attention. Les analyses de phosphore13 sont coûteuses et
demandent environ six jours pour exploiter quatre relevés. De plus
peu de personnes travaillent sur le phosphore et encore moins dans le
sens d’une étude sur le long terme. Ceci ne facilite pas la
confrontation des divers procédés d’analyses pour cette discipline.
La détermination de la pédofaune14 présente dans dix-huit relevés de
sol prend aux alentours de trois semaines.
- En termes de fiabilité, la pédologie et la pédoanthracologie ont déjà
fait leurs preuves, il s’agissait alors pour moi de me familiariser avec
ces méthodes et les utiliser dans la recherche archéoenvironnementale.
L’utilisation du phosphore comme révélateur
d’activités anthropiques passées, est une démarche peu commune en
écologie. C’est pour cela que nous avons fait un test. Il en est de
11 J’ai pu disposer du matériel d’étude des micro-charbons dans le laboratoire de M.Thinon.
12 M. Thinon m’a aidé a déterminé les micro-charbons, ce qui m’a permis de finir ces
analyses dans les temps.
13 A. Fabre a réalisé ces analyses au laboratoire d’Écologie Terrestre.
14 Déterminations faites par C. Gers et moi même au laboratoire d’Écologie Terrestre.

MARIE-CLAUDE BAL
même pour la pédofaune. Pour ces deux dernières méthodes, il
faudrait augmenter les relevés afin de pouvoir discuter de leur
fiabilité.
La recherche archéoenvironnementale
étant en
plein essor, nous nous intéressons
d’une part à la multiplication
des méthodes
paléo-écologiques et d’autre
part à la qualité et la fiabilité
de ces investigations qui vont
nous permettre de mieux
connaître le paléo-paysage et
par conséquent mieux appréhender
l’avenir. C’est ce
type de recherches qu’il faut
élargir à l’ensemble des
Pyrénées. Parce que la vallée
de Bethmale a de toute
évidence un passé agrosylvo-pastoral
très ancien
avec des phases d’intensité
dif-
férentes, elle paraît un terrain privilégié pour une recherche archéoenvironnementale
plus élaborée. Les terroirs de la soulane colonisés en
premier par les hommes offriraient une histoire environnementale plus
ancienne que celle de l’ombrée. La reproductibilité de notre démarche sur ce
site (la soulane) paraît tout à fait plausible, voir même inévitable. Il est
indéniable que la mise en relation des résultats archéo-environnementaux et
archéologiques, vont faire progresser la discipline géographique.
201

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
BIBLIOGRAPHIE
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202

PASTORALISME ET GESTION
DES ESPACES PASTORAUX

204

L’HERBE ET LA TERRE.
Communautés rurales de Cerdagne française au XVIII e
siècle et accès aux estives : un lien structurant
Marc CONESA*
Avec ou sans montagne ? La question, posée en 1725 aux communautés
de Cerdagne française, peut paraître, au premier abord, saugrenue1.
En effet, les vingt-huit villages interrogés sont situés au cœur des Pyrénées2,
au milieu de montagnes, qui culminent à près de 3 000 mètres, le long d’un
plateau, dont l’altitude moyenne atteint 1 300 mètres. Toutefois, derrière ce
terme de « montagne », utilisé par l’administration française, alors qu’elle
s’impose administrativement sur ces terres récemment conquises3, se trouve
celui d’estives. Cet espace se définit d’abord par une fonction et une pratique
: faire pâturer les animaux pendant la période estivale. Il participe ensuite
d’un territoire, organisé, approprié et dont la jouissance et l’accès sont
déterminés par l’appartenance à une communauté. Il est exploité selon un
corpus de règles et de droits, connu sous le nom de criées, qui est énoncé par
la communauté et confirmé, s’il y a lieu, par le seigneur compétent. Enfin,
l’occupation de cet espace se caractérise par la rareté des sources documentaires
face à une profusion de traces matérielles et paléoenvironnementales,
qui viennent d’être rendus à l’Histoire, après avoir longtemps demeuré dans
le carcan de l’intangible et de l’immobile4. Cet espace se définit, ainsi,
comme l’une des principales ressources naturelles des communautés de
* Doctorant Montpellier III.
1 Archives Départementales des Pyrénées Orientales (ADPO), 1C2045, « État général 1725 ».
2 La Cerdagne se trouve sur la bordure orientale des Pyrénées, entre la France et l’Espagne.
3 Trois travaux sont à consulter dans cette perspective : Brunet (Michel), Le Roussillon : une
société contre l’État, Toulouse, 1986 ; rééd. Perpignan, Trabucaïre, 564 p. ; Peroy
(Emmanuel), La viguerie de Cerdagne du traité des Pyrénées à la Révolution française
(1660-1790). Université de Perpignan, mémoire de Maîtrise (dir. G. Larguier), 1994, 108 p. ;
Salhins (Peter), Frontières et identités nationales. La France et l’Espagne dans les Pyrénées
depuis le XVIIe siècle, Paris, Belin, 1996, 415 p.
4 Rendu, Christine, La montagne d’Enveig. Une estive pyrénéenne sur la longue durée,
Perpignan, Trabucaire, 2003, 606 p.
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 205 - 219 205

COMMUNAUTÉS RURALES DE CERDAGNE FRANÇAISE...
montagne, dont l’exploitation est d’abord au service des élevages domestiques.
Avec ou sans montagne ? Sur les vingt-huit communautés interrogées,
dix déclarent ne pas avoir de montagne5. Directement privée de cette ressource
naturelle, apparemment indispensable et indissociable de l’économie
agro-pastorale qui caractérise cette région, l’absence d’estives interroge et
invite à une approche comparative des deux catégories de communautés,
avec et sans montagne, de manière à déterminer trois interrogations
complémentaires.
En premier lieu, il s’agit de mesurer le degré d’intégration des estives
dans les économies des communautés villageoises. À titre d’hypothèse, une
faible intégration ne laisserait entrevoir que des différences minimes, ou
imperceptibles, entre communautés avec montagnes, et communautés sans
montagne.
En second lieu, et en retenant l’hypothèse inverse d’une forte intégration
des estives aux économies villageoises, se pose la question de la sélection
de critères de comparaison qui soient viables. Un document offre une
clef de lecture. En 1730, l’intendance du Roussillon établit un état des biensfonds
et des bestiaux, qui recense non seulement les propriétaires, leur statut
matrimonial et le nombre de leurs enfants mais aussi les superficies des terres
labourables et des prés, et le nombre de bêtes à cornes, à laine ou à poil
possédé6. Aussi cette enquête offre-t-elle la possibilité de comparer les structures
agraires et foncières des deux types de communautés comme
d’opposer, terme à terme, la composition respective de leur cheptel.
L’agriculture et l’élevage sont, en effet, les activités les plus sensibles à la
présence, ou à l’absence depacages d’altitude. Ainsi, de manière logique,
l’absence d’estives imposerait, d’une part, d’augmenter la part des prés de
fauche et de pâture pour l’entretien des bêtes, indispensables aux travaux
agricoles et à l’économie domestique. D’autre part, il paraîtrait aussi
5 Les communautés sans montagne sont : Caldègas, Estavar, Hix, La Perche, Rô, Saillagouse,
Ur-Fleury, Vedrinyans, Villeneuve. Certaines sont implantées au cœur de la plaine cerdane,
encoffrées par des villages pourvus d’estives, d’autres, sur les versants, restent néanmoins
dépourvues de montagne. L’explication déterministe par la situation géographique ne semble
pas pouvoir être invoquée. Une « estivogénèse » est à entreprendre. Sous ce barbarisme, se
trouve la recherche de la genèse des formations territoriales et de leurs recompositions autour
d’un pôle central : les estives.
6 ADPO, 1C2045, état de 1730 ; voir pour une étude de la source à l’échelle de la province du
Roussillon : Larguier (Gilbert), « Espace agricole, structures foncières et bétail en Roussillon
d’après un dénombrement de 1730 », L’homme et l’animal dans les sociétés
méditerranéennes, Presses Universitaires de Perpignan, « Etudes », 2000, p. 143-185.
206

MARC CONESA
nécessaire d’adapter le cheptel aux capacités fourragères du terroir considéré,
selon deux variables : le nombre de bêtes et leur espèce.
En dernier lieu, au-delà des aspects strictement économiques, la
structure sociale n’est-elle pas également influencée et structurée par un
espace qui joue un rôle essentiel dans les pratiques communautaires ?
Ces trois interrogations proposent, ainsi, de faire des estives, définies
comme la principale ressource naturelle des communautés de montagne, un
élément central et structurant d’une histoire globale des terres pyrénéennes.
Dans cette perspective, il apparaît nécessaire de les replacer à l’intérieur des
structures économiques et des trames sociales, des territoires et des pratiques
spatiales.
DES CHEPTELS DIFFÉRENCIÉS ET UN RAPPORT À L’ESPACE
DIFFÉRENT
Un élevage diversifié
Le premier élément pouvant identifier des différences entre communautés
avec montagne et communautés sans montagne est le cheptel. L’état
de 1730 identifie sept catégories animales formant, à l’échelle de la
Cerdagne, un immense troupeau de 33 000 têtes de bétail. Les fonctions et
les productions de chaque catégorie sont différentes et complémentaires dans
le cadre d’une économie agro-pastorale.
Les « bêtes à laine » sont d’abord attachées aux terres cultivées
qu’elles fertilisent lors de leurs fumatures nocturnes. La vaine pâture a ainsi
droit de cité sur ces terroirs. Ces troupeaux sont ensuite l’objet de commerce.
Si, au XVIIIe siècle, les productions fromagères semblent marginales7, en
revanche, l’économie de la laine et la viande semble toujours conséquente,
même si elle ne dépend plus désormais du seul pôle urbain de Puigcerdà,
mais des transactions passées avec les grandes villes catalanes, comme
Girona8. D’une manière générale, la Cerdagne apparaît comme une terre à
moutons, comptant un total déclaré de 25 000 têtes. Quelques caprins
complètent cet ensemble, limité en nombre (environ 1 600 bêtes) et souvent
associé aux troupeaux ovins9. Animaux transhumants, estivants ou se
nourrissant de la vaine pâture, les moutons ne pèsent que fort peu sur les
prés. Néanmoins, la présence, ou l’absence, d’estives détermine la taille du
7 Rendu (Christine), La montagne d’Enveig, op. cit. p. 54 sq.
8 Voir Conesa (Marc), « Organisation et acteurs de l’estivage et de la transhumance en
Cerdagne du XVe siècle au XVIIIe siècle », colloque international de Flaran, 2004, à paraître.
9 Rendu (Christine), La montagne d’Enveig, op. cit. p. 66 sq.
207

COMMUNAUTÉS RURALES DE CERDAGNE FRANÇAISE...
cheptel ovin. Celui-ci permet la participation à un commerce, d’autant plus
lucratif qu’il s’accompagne parfois de pratiques interlopes10.
Les bovinés forment un deuxième grand ensemble divisé en deux
groupes. Le premier à paraître, en tête du document, est celui des « bœufs de
labour », toujours déclarés en nombre pair, et dont les encolures accolées
permet le travail des champs. Cette cohorte au pas pesant se compose de 600
spécimens pour 3 600 hectares de champs recensés. Le deuxième groupe est
celui des « vaches », environ 2 000 bêtes, dont certaines, selon des
parcerias11 du XVIIe siècle peuvent effectuer un travail aratoire limité. Les
bovins stabulent durant l’hiver et n’estivent qu’en partie. En effet, les bœufs
aidant au travail durant l’été sont généralement entretenus sur des prés
d’altitude, appelés devèzes, qui restent proches des zones cultivées et des
espaces villageois.
Les équidés constituent la troisième composante de ce cheptel diversifié.
D’une certaine manière, ce groupe se rapproche des bovinés. En effet,
une distinction est faite entre les « mulets et chevaux de charge », employés
aux travaux de portage et au transport (environ 400 bêtes), et les juments
(990 sont dénombrées), dont la fonction semble surtout reproductrice. En
effet, le commerce des équidés est toujours aussi lucratif, même si la
documentation peine à circonscrire le phénomène12. Cet élevage participe
pleinement de la jouissance des estives puisque les « juments et leurs suites »
estivent et tardent même souvent à redescendre13. Pour leurs propriétaires,
ces animaux consommateurs de fourrage ont tout intérêt à rester autant que
possible sur les terres communes, parfois jusqu’aux premières neiges.
Dernier élément de composition du cheptel, les suidés sont un élevage
domestique qui permet la subsistance des ménages les plus pauvres et les
plus humbles. Chaque ménage entretient un nombre de porcins proportionnel
au nombre de bouches à nourrir. Si, dans d’autres régions méditerranéennes,
la chèvre constitue l’élevage du pauvre, ici, le cochon s’impose. Cet animal
n’est pas sans rapport avec les estives et les « montagnes », puisque des
10 Voir not. : Brunet (Michel), Le Roussillon : une société contre l’État, op. cit. p. 73 sq.
11 Les parcerias sont des baux à cheptel. Bille (Elisabeth), Conesa (Marc), Rendu
(Christine), « L’élevage du Moyen-Âge à l’époque moderne au prisme des contrats de
parcerias. Le chantier histoire : retour sur une expérience originale », Ceretania, 2005, à
paraître.
12 Poujade (Patrice) a étudié le phénomène pour le Val d’Aran : « Le commerce des mules
entre la France et l’Espagne à l’époque moderne : l’exemple du Val d’Aran et des Pyrénées
centrales », Annales du Midi, t.111, n°227, 1999, p. 311-324.
13 Sur le mode d’estivage voir Conesa (Marc), « Organisation et acteurs de l’estivage… », art
cit., à paraître ; sur les descentes tardives voir Rendu (Christine), La montagne d’Enveig,
op. cit. p. 93 sq.
208

MARC CONESA
troupeaux de porcins sont mentionnés sur des ressources collectives, en
Cerdagne, mais aussi dans les Pyrénées centrales14. Quasiment tous les
ménages possèdent un voire deux, jusqu’à huit cochons châtrés (2 166 porcins
pour 1 044 ménages déclarés).
Cette approche générale des types d’élevage retient pour seule ambition
de souligner les liens existant entre les différentes catégories animales,
leurs différentes fonctions et les espaces de dépaissance. Cet élevage se caractérise
ainsi par une certaine polyvalence et par une forte dépendance aux
ressources en herbe. Or, celles-ci sont inégalement réparties et accessibles
entre communautés avec montagne et communautés sans montagne.
Entre communautés avec montagne et communautés
sans montagne : des différences signifiantes
L’aspect le plus manifeste qui fait état de fortes différences entre les
deux types de communautés est celui de la composition du cheptel. Le tableau
suivant est un inventaire de ces différences, basé sur l’analyse des
1044 exploitations agricoles recensées en 1730.
Tableau 1 : La composition des cheptels dans les communautés de
Cerdagne française en 1730
Communautés avec/sans SANS AVEC SANS (%) AVEC (%)
Nombre de déclarants 282 762 27 73
Bœufs de labourage 206 390 3,6 1,4
Vaches 563 1912 9,9 7,0
Juments 254 736 4,5 2,7
Mulets et chevaux de charge 67 327 1,2 1,2
Bétail à laine 3932 20922 69,0 76,3
Chèvres 152 1480 2,7 5,4
Porcs 522 1644 9,2 6,0
Total bêtes 5696 27411 100,0 100,0
La représentativité de chaque ensemble est le premier point à aborder.
Les dix communautés qui déclarent n’avoir pas de montagne forment un peu
plus du quart des exploitations de l’ensemble de la Cerdagne, à peu près
autant en terme de population. La majorité des Cerdans peut donc se prévaloir
d’un accès privilégié aux estives. Cet accès détermine en grande partie,
et de manière visible, la structure du cheptel.
14 Francis Brumont en fait état dans cette deuxième région ; pour la Cerdagne : ADPO,
3E88/12.
209

COMMUNAUTÉS RURALES DE CERDAGNE FRANÇAISE...
En effet, le deuxième élément à relever est la plus forte proportion de
bêtes menues dans les communautés avec montagne. Sous ce terme se rangent
les ovins et les caprins. Dans les terroirs pourvus d’estives, 76 % des
têtes de bétail sont des ovins, auquel s’ajoute 5 % de chèvres ; dans les
communautés sans montagne, ces proportions sont respectivement de 69 %
et 3 %. Ainsi, pour ces animaux à pieds fourchus, l’écart est d’environ dix
points entre les deux types communautés. En revanche, les bêtes grosses,
mulets, chevaux et juments, bœufs et vaches, sont proportionnellement plus
représentées dans les communautés sans montagne, environ 19 % contre
12 % dans les autres.
Une première conclusion s’impose. La composition du cheptel diffère
fortement entre les deux types de communautés. Deux profils se distinguent :
l’un plus porté vers les estives et des pratiques extensives de l’espace, avec
un fort cheptel ovin, l’autre plus tourné vers les productions agricoles, avec
un nombre de bovinés plus important, autour d’un espace resserré. Ainsi,
pour être signifiantes, ces différences doivent être inscrites dans un rapport
aux espaces cultivés.
Structure agraire et composition des cheptels
Tableau 2 : Cheptel et structure agraire en Cerdagne française en 1730
210
Communautés avec/sans montagne SANS AVEC
Terres labourables(en hectare) 820,0 1946,7
Prés(en hectare) 199,1 504,9
Total Terres(en hectare) 1019,1 2451,5
Rapport bêtes/Hectare 5,6 11,2
Rapport grosses/Prés 5,5 6,7
Rapport Bœufs/Terre labourable 0,3 0,2
Rapport Ovins/ Terre labourable 4,8 10,7
À travers la lecture de ce tableau, une remarque liminaire est à formuler
au sujet de la structure agraire. Les proportions respectives des
champs cultivés et des prés sont sensiblement équivalentes dans les deux
types de communautés. 80 % de terres arables et 20 % de prés forment la
chair des terroirs. En 1730, ces différences ne sont donc pas significatives.
Toutefois, les écarts entre les deux types de communautés se creusent
de manière conséquente en inscrivant chaque catégorie animale dans ses
espaces de dépaissance comme dans ses fonctions spatiales. Par exemple, les
bœufs sont à étudier corrélativement aux champs qu’ils labourent, mais aussi
aux prés, qui permettent leur entretien et qu’ils partagent avec les autres
bêtes stabulantes.

MARC CONESA
D’une manière générale, il y a deux fois plus d’animaux par hectare
dans les communautés avec montagne que dans les communautés sans
montagne. L’écart le plus important concerne le nombre d’ovins, qui dépasse
les 100 % de différence. Sans estive, peu ou prou d’ovinés peuvent être
élevés. Certaines communautés n’ont pas un seul agneau à déclarer
(Caldègas et La Perche) tandis que la vallée d’Osséja dénombre, sur ses
montagnes, plus de 4 000 bêtes à pieds fourchus. C’est donc, autour des estives
et des ovins que les différences entre les deux formes de communautés
paraissent les plus importantes.
En revanche, le ratio aratoire est quasi identique dans les deux types
de terroirs (0,3 bœuf/hectare dans les communautés sans montagne contre
0,2 bœuf/hectare dans les communautés avec montagne) ; l’impératif de
culture s’imposant quel que soit l’accès aux estives.
Dernière remarque, le nombre total de bêtes grosses par hectare de
prés est plus important dans les communautés avec montagne (6,7) que dans
les autres (5,5), puisque les herbes sommitales permettent de soulager ces
espaces de fourrages et de dépaissance, au moins pendant une partie de l’été,
voire jusqu’à l’automne15.
En forme de conclusion intermédiaire, l’accès aux estives permet
d’entretenir bien plus d’animaux dans les communautés avec montagne.
Dans le cadre d’un élevage intégré à l’agriculture, du moins selon les sources
employées, les estives structurent en partie les conditions de production
agricole. Par ailleurs, les différences entre les deux cheptels ont une autre
conséquence : les prés et les prairies des communautés sans estive supportent
15 Deux précisions s’imposent sur les corrélations utilisées dans le cadre de cette étude
comparée. Cinq, six, voire dix bêtes à l’hectare ? Évidemment, il ne s’agit pas de nourrir
autant de bêtes grosses sur un si petit hectare de pré, qui serait, dès lors, bien insuffisant à les
entretenir. Il s’agit, de fait, d’un outil de mesure et de comparaison. Mais, derrière
l’inadéquation entre le nombre de bêtes à l’hectare et les possibilités de production réelle en
fourrage se trouvent des stratégies palliatives pour trouver de l’herbe. Elles invitent à un
double changement d’échelle. À grande échelle, quelques études de cas sont d’abord à
utiliser. Barthélemy Calvet est un pages de Rô, communauté sans montagne située au milieu
de la plaine cerdane. Il y possède un héritage de 9 hectares. Parallèlement, il détient aussi
dans le village voisin de Err, plus de 7 hectares de champs et de prés, qui lui ouvrent les
passages d’une montagne. Le sieur François Estève tient plus de 30 hectares à Hix, village
sans estive, et 3 hectares dans la communauté d’Enveig et de sa montagne. À travers ces deux
exemples, il apparaît clairement que des hommes bien possessionnés cherchent à se rendre
propriétaires de terres dans des communautés différentes, afin de rendre complémentaires les
apports des unes avec les ressources des autres. À petite échelle, la Cerdagne n’est pas un
isolat, et les animaux ne sont pas des biens meubles. La quête de l’herbe, ou l’ajustement des
appétits animaux aux ressources disponibles, ouvrent à d’autres horizons (pratique de
l’hivernage ou des foires, pour vendre une partie du cheptel avant la stabulation hivernale, par
exemple) qui ne sont pas du ressort de cette étude.
211

COMMUNAUTÉS RURALES DE CERDAGNE FRANÇAISE...
seuls l’entretien des bêtes grosses. Dès lors, dans ces terroirs, les espaces de
l’herbe deviennent la clef de voûte du système cultural, tandis que dans les
communautés avec montagne, les estives semblent être le point de regard et
d’articulation de l’agro-pastoralisme mais aussi des tensions spatiales.
Si les logiques de production agricole et la composition des cheptels
semblent, en partie, déterminées par les modalités d’accès aux herbes estivales,
la société ne saurait être en marge de ces différenciations. Il semble
donc nécessaire de changer de point de vue, et de ne plus s’intéresser aux
seuls rapports entre les animaux et les espaces de cultures, mais d’élargir
l’analyse à la structure sociale. Celle-ci se révèle à travers une étude de
l’avoir foncier. Le troisième objectif de la démarche comparative se définit,
ainsi, comme une tentative d’observer parallèlement l’armature sociale de
chaque type de communautés.
DES STRUCTURES SOCIALES DIFFÉRENCIÉES
Étudier des structures sociales à travers l’échelle de l’avoir foncier
impose dans un premier temps de formuler quelques remarques liminaires.
En effet, derrière la propriété du sol se tisse la trame des relations sociales,
c’est-à-dire la manière dont se positionnent les individus et les groupes sociaux
les uns par rapport aux autres. Au-delà, le groupe communautaire est
concerné dans son ensemble et dans son fonctionnement. En effet, là où un
grand propriétaire s’impose, les rapports sociaux et de domination ou de
subordination économiques ne sont pas les mêmes que dans des sociétés où
la répartition des biens est moins inégalitaire. Pour finir, le point central du
questionnement est de déterminer si l’accès aux « montagnes » structure les
hiérarchies sociales.
L’état de 1730 est un dénombrement des terres cultivées, des bêtes et
des hommes. Les deux premiers éléments forment un diptyque, puisque la
taille du cheptel possédé est proportionnel à l’étendue des terres exploitées.
En effet, les possibilités de prises et d’achats de bétail sont limitées par les
ressources en herbe dont dispose ou auquel leur propriétaire a accès. Même
dans les communautés avec montagne, ce lien entre l’exploitation du sol et
les troupeaux doit être souligné. En effet, les criées, règlements de police
rurale, déterminent le nombre de bêtes autorisées à pacager au prorata de
terres cultivées dans les propriétés16. La terre est ainsi le support de
l’élevage. Toutefois, le rapport diffère entre communautés avec montagne et
16 Michel Brunet est « l’inventeur » de cette source, voir, de cet auteur, Les pouvoirs au
village. Aspects de la vie quotidienne dans le Roussillon du XVIIIe siècle, Perpignan,
Trabucaire, 1998.
212

MARC CONESA
communautés sans montagne. Le tableau de la page suivante permet une
analyse comparée.
Pour cela, les propriétaires ont été divisés en quatre strates déterminées
par la taille des exploitations.
En premier lieu, les sans-terre sont constitués par ces ménages qui ne
possèdent pas une once de terrain qui leurs soient propres [0 hectare]. Ils
sont deux fois plus nombreux dans les communautés sans montagne que
dans les communautés avec montagne. Dans les premières, 44 %, des foyers
ne détiennent pas de terre ; dans les secondes cette part atteint 22 %. À cet
échelon social, la structure des deux types de communautés diffère, ainsi,
fortement. La forte proportion des sans-terre dans les villages sans estive
implique soit un salariat agricole important, soit un artisanat rural
conséquent. La première explication n’est possible que si des grandes
exploitations existent et peuvent les employer. La seconde solution ne peut
être retenue. En effet, les cinquante artisans déclarés (du tailleur d’habits au
maçon) se répartissent à peu près équitablement entre les deux types de
communautés17.
Par ailleurs, un certain nombre de ces dépossédés de la terre tiennent en leur
possession des animaux. Ainsi, cinq familles de pagès18 sont recensées avec
leurs bœufs de labour, sans qu’aucune superficie agricole ne soit déclarée.
Dans ce cas, il est possible que le titre social ait perduré bien plus que
l’assise foncière qui le justifiait. Deuxième cas de figure, parmi les 55
propriétaires de mulets, se trouvent évidemment des transporteurs (cinq),
mais surtout des brassiers (36). Les bras des hommes devaient se louer avec
le dos de leurs mulets. Ainsi, même les plus démunis ne le sont pas totalement.
Un animal, souvent un cochon, leur permet de survivre et d’échapper à
la misère.
Le deuxième échelon à passer au crible de l’analyse comparée est celui
des exploitations microfundiaires, comprises entre 0,5 et 2,5 hectares, qui
semblent le plus souvent insuffisantes à la subsistance d’une famille. Là
encore, ces foyers sont peuplés de petits artisans, de brassiers dépendants et
d’obligés des maîtres du sol. Toutefois, leur lopin de terre permet d’entretenir
quelques bêtes sur les terres communes, lorsqu’elles sont accessibles.
17 Trente artisans ont élu domicile dans des communautés avec montagne, mais avec une
forte dispersion entre différents villages, vingt se sont installés dans des communautés sans
montagne, avec deux petites concentrations (Saillagouse et Estavar). Ces deux derniers
villages semblent, ainsi, connaître une diversification sociale précoce. Mais, en 1730, ces
éléments ne sont pas assez marqués pour être considérés comme démonstratifs.
18 Les pagès sont des petits propriétaires vivant de leur bien. Ils constituent, du moins en
théorie, la colonne vertébrale des hiérarchies sociales dans la Catalogne moderne.
213

COMMUNAUTÉS RURALES DE CERDAGNE FRANÇAISE...
214

MARC CONESA
Si le nombre de sans-terre est deux fois plus important dans les
communautés privées d’accès aux estives, la proportion de ces très petites
propriétés se révèle, en revanche, près de trois fois plus importante dans les
communautés avec montagne. En effet, 16 % des exploitations des communautés
sans montagne s’étendent sur moins de 2,5 hectares contre 43 % dans
les villages pourvus d’estives. Deux explications sont à mobiliser. En premier
lieu, il semblerait que les plus petites propriétés puissent plus facilement
subsister dans les communautés avec montagne, en s’appuyant sur les
estives et les communs pour y entretenir un petit cheptel. En second lieu, ces
terroirs se caractérisent aussi par le mitage des terres communes sous la
forme de zones de cultures provisoires, y compris à des altitudes conséquentes19.
Sans former un front de défrichement20, les artigues21 sont des
espaces où, pour quelques années, de gros propriétaires comme des familles
modestes viennent arracher des récoltes sur les flancs des montagnes,
convertissant les espaces collectifs en propriété privée22, sans toujours les
déclarer23. Ces communautés de montagne apparaissent, ainsi, comme des
sociétés de petits, voire de très petits propriétaires, cramponnés aux estives
comme source essentielle de leur subsistance.
Troisième volet de cette approche comparée des deux types de
communautés, l’étude de la propriété moyenne (entre 2,5 et 10 hectares) sera
rapide. En effet, elle y est représentée sensiblement de la même façon
(environ 25 % des exploitations). Aussi, le seuil des 2,5 hectares semble
s’imposer comme un gage de stabilité et de pérennité des exploitations tout
en formant la colonne vertébrale des hiérarchies villageoises24.
En revanche, les écarts se creusent à nouveau au sommet de la hiérarchie
de l’avoir foncier. En effet, les plus grandes propriétés (plus de 10
hectares) constituent moins de 10 % des maisons dans les communautés avec
19 Rendu, Christine, La montagne d’Enveig. Une estive pyrénéenne sur la longue durée,
op. cit., p. 393 sq. (étude carpologique de M.-P. Ruas).
20 Les capbreus du XVIIIe siècle, sortes de terriers seigneuriaux, montrent l’éclatement et les
discontinuités spatiales des zones d’essarts et de défrichements.
21 Sur ce sujet, voir Higounet (Charles), « Les artigues du Midi de la France », Flaran, n°8,
1988, p. 11-45.
22 L’une des structures de conversion de ces terres publiques en biens privés est le cortal :
voire Bille (Elisabeth), Conesa (Marc), Viader (Roland), « L’appropriation des espaces
communautaires dans l’est des Pyrénées médiévales et modernes. Enquêtes sur les cortals »,
colloque de Clermont-Ferrand sur les biens collectifs, mars 2004, à paraître
23 Déclarer ce type de culture révèle, de fait, une volonté de les pérenniser en les faisant
reconnaître à l’autorité seigneuriale dans les capbreus.
24 Voir : Conesa (Marc), Territoires montagnards et systèmes familiaux, DEA, Montpellier
III, 2000, 390 p. , p. 124 sq.
215

COMMUNAUTÉS RURALES DE CERDAGNE FRANÇAISE...
montagne, contre plus de 15 % dans les autres. Dans le premier type de
terroir, elles concentrent 46 % des surfaces déclarées et plus 62 % dans le
second type. Autrement dit, les plus fortes et les plus criantes concentrations
foncières se révèlent dans les communautés sans montagne, ce qui explique,
aussi, les fortes concentrations de sans-terre. A contrario, la structure sociale
des communautés avec montagne apparaît comme plus équilibrée.
De la base au sommet des hiérarchies foncières, la structure des
communautés avec montagne et des communautés sans montagne diffère de
manière importante. Dans les premières, les estives semblent abriter des
dizaines de petits exploitants vivant de l’alliance du grain, arraché aux versants,
et du mouton, précieusement entretenu. Dans les secondes,
l’agriculture s’impose. Les grandes propriétés satellisent un prolétariat des
champs sous dépendance. Deux pôles semblent ainsi organiser différemment
cette société : les montagnes pour l’une, les prés pour l’autre.
LE PRÉ ET L’ESTIVE : VARIATIONS SPATIALES AUTOUR
D’UNE MÊME DYNAMIQUE SOCIALE ?
Le pouvoir est dans le pré25
En 1769, François De Travy, viguier de Cerdagne rédige un mémoire
réfutant l’idée d’autoriser l’enclosure des prés, qui mettrait fin à la vaine
pâture26, en affirmant, d’abord, « qu’il seroit impossible de les clore par le
manque de pierres qu’il y a ». L’homme est ainsi prêt à toutes les arguties
pour empêcher la concrétisation de la volonté royale. Il remarque aussi que
« Avant l’année 1700, ou environ, l’on avoit point clos aucune propriété
[…] mais du depuis (sic) les propriétaires de ces prairies en ont fait clore
beaucoup comme par exemple les communautés de Palau, Sallagouse,
Estavar et autres […] mais l’avantage de quelques particuliers deviendroient
très nuisible à tout le menu peuple ».
Trois remarques sont à énoncer. Le projet d’enclore les prés est postérieur
à la réalité décrite dans le texte. Quelques vérifications dans plusieurs
capbreus antérieurs à 1769 ont permis, sinon de prendre la mesure du phénomène,
du moins de l’attester à plusieurs reprises. Les grands propriétaires
25 Les réflexions qui suivent sont élaborées dans le cadre d’un PCR dirigée par Christine
Rendu sur la Cerdagne portant sur les estives et l’articulation de champs disciplinaires
différents.
26 ADPO, 1C1501, 1769. Ce document participe d’une abondante littérature sur le sujet.
Toutefois, il donne un point de vue opposé à la volonté d’enclore les prés, ce qui est plus rare.
Sur le sujet des enclosures voir Brunet (Michel), « Droit de parcours et enclosures dans le
Roussillon du XVIIIe siècle », Annales du Midi, t. 107, n°210, avril-juin 1995, p. 219-229.
216

MARC CONESA
font ériger des murailles à leurs prés27. Les deux types de communautés
semblent concernées, même si, en l’état de travaux déjà commencés, il est
difficile de quantifier le processus.
Enclore les prés revient à garder pour son propre usage le regain, ou
deuxième herbe, au lieu de la livrer à la pitance des bestiaux, introduits lors
de la vaine pâture, en échange de leur fumure. Ces fourrages, ainsi réservés
par le propriétaire des prés, servent à l’entretien de ses seules bêtes. Toutefois,
les petits exploitants sont privés d’une ressource en herbe jusqu’ici
considérée comme commune et essentielle, surtout dans les communautés
sans montagne. Le nombre important de sans-terre, à l’intérieur de ces dernières,
peut aussi s’expliquer par cette restriction, de facto, de certains usages
collectifs. Quel intérêt de tenir des terres si on ne peut plus entretenir les
bêtes de labour qui les travaillent ? En fermant les prés, les grandes propriétés
asphyxient les petits exploitants.
Les principaux bénéficiaires de cette pratique, qui contribue à une
forte segmentation des espaces, sont les grands propriétaires. Or, il est plus
facile d’enclore les prés dans les communautés sans montagne, où le cheptel
ovin est moins important. En effet, les résistances aux enclosures semblent,
schématiquement, proportionnées au nombre de moutons qui bénéficient de
la vaine pâture. De plus, dans ces communautés, la petite propriété semble
plus fragile et les terroirs paraissent ainsi plus propices aux remembrements
et aux concentrations foncières. Un indice est à analyser. Le nombre de propriétaires
forains28 dans les deux types de communautés permet de mesurer,
d’une part, leur attractivité et, d’autre part, leur degré de perméabilité.
Si, dans les communautés avec montagne, les forains tiennent moins
de 10 % des terres cultivées, ils s’établissent, dans les communautés sans
montagne, sur 22 % des superficies. Ces terroirs semblent, ainsi, plus friables
en permettant à des forains de s’y tailler des domaines de dimension
importante.
Ainsi, à Caldégas, en 1730, cinq forains concentrent les trois-quarts
des terres cultivées (93 sur 123 hectares). Les deux principaux propriétaires
sont un habitant de Llivia avec 19 hectares de champs et de prés et Don
27 ADPO, 3E56/421, fº5rº, Capbreu de Llo, 1754, la déclaration est celle du principal
propriétaire de la communauté : le sieur Girvès. « Item, un petit pred situé audit terroir de
contenance d’un quart de journal de terre ou environ appellé la Llongadera lequel étoit cydevant
de trois quarts et lorsque ledit Sieur reconnaissant changeat, le chemin qui va de sa
maison a l’Eglise dudit lieu en l’année 1712, englobé les restants deux-quarts dans ledit pred
del Solá cy-dessus en l’article précédent reconnu lorsqu’il entoura le susdit pred del Solá de
murailles […]».
28 C’est-à-dire non résidents de la communauté.
217

COMMUNAUTÉS RURALES DE CERDAGNE FRANÇAISE...
François Mir, qui fait exploiter 27 hectares de terres, tout en se faisant domicilier
dans un village voisin29.
218
Tableau 4 : La propriété foraine dans les communautés de Cerdagne
française en 1730.
communautés avec montagne communautés sans montagne
Nombre de
propriétaires
forains
Superficies
possédées
(en Ha)
Nombre de
propriétaires
forains
Superficies
possédées
(en Ha)
22 218,4 23 228,9
En % du total
des
propriétaires :
En % du total
des terres :
En % du total
des
propriétaires :
En % du total
des terres :
2,9 % 8,9 % 8,1 % 22,4 %
La fragilité des petites exploitations tient, peut-être, au recul des usages
communautaires qui leur permettaient de subsister. En tenant les prés et
les fourrages, les grandes maisons s’assurent le contrôle du terroir et de la
société. Les ressources en herbe sont, ainsi, au centre de ces dynamiques de
recomposition spatiales mais aussi sociales. Toutefois, croire que celles-ci
sont limitées aux villages sans estive ne saurait être accepté sans examen.
Le pouvoir est dans l’estive
En effet, dans les communautés avec montagne, le règne des grandes
maisons s’affirme, aussi, avec force. Là, les estives sont le point nodal du
système socio-spatial. Or, au cours du XVIIIe siècle, les criées en restreignent
progressivement l’accès aux plus petits exploitants, en aggravant la
règle du prorata ou en diminuant le temps de pâture30. De même, les
défrichements et les cultures provisoires et itinérantes sont de plus en plus
mal tolérées, alors que les grandes maisons cherchent à se rendre maîtresses
des versants31. Enfin, l’étude de Christine Rendu montre qu’au XIXe siècle,
29 Les nobles de Cerdagne présentent la particularité de changer de domiciliation selon le
type de redevance fiscale qui leur est demandée. Ainsi, comme la capitation n’est payée que
par les régnicoles, un nombre important de propriétaires déclarent habiter en Cerdagne
espagnole. Voir ; Salhins (Peter), Frontières et identités nationales. La France et l’Espagne
dans les Pyrénées depuis le XVIIe siècle, Paris, Belin, 1996, 415 p. , p. 146 sq.
30 Voir, notamment, les criées successives de Palau et de Dorres : ADPO, 3E56/421 ;
9Bp946.
31 Les mentions prohibitives dans les criées se multiplient en même temps que les procédures

MARC CONESA
les ressources de la montagne d’Enveig finissent par être totalement interdites
aux petits propriétaires32. Les modes de gestion des espaces collectifs
finissent par ressembler aux hiérarchies villageoises. Les estives sont ainsi
totalement intégrées dans un système de production agricole commandé par
la plaine cerdane et ses cultures. Progressivement, au XIXe, le nombre de
bovinés gagne, y compris littéralement, du terrain sur les ovins.
Si l’accès aux estives joue un rôle structurant, non seulement sur la
composition du cheptel, mais aussi sur la structure sociale, les ressources en
herbe s’impose plus largement comme une grille de lecture des sociétés pyrénéennes
et des différenciations spatiales. De manière différente donc, et
autour de ces deux pôles organisateurs que sont le pré et l’estive, une même
dynamique sociale semble à l’œuvre. Les grandes maisons affirment, d’un
même mouvement dans les deux types de communautés, leur emprise sur le
sol et la société. Autour de ces deux espaces, et au moyen du contrôle de
leurs ressources, peuvent être appréhendées les différences structurelles entre
les deux types de communautés, mais encore les dynamiques socio-spatiales
à l’œuvre au cours du XVIIIe siècle.
judiciaires. Voir, par exemple, un procès de 1723-1725, contre des défrichements réalisés par
« des pauvres honteux »conservé aux ADPO, 7J70.
32 Rendu (Christine), La montagne d’Enveig, p. 469 sq.
219

LA TRANSHUMANCIA DESDE EL SISTEMA
IBERICO AL PIRINEO OCCIDENTAL :
el pastoreo de ganado porcino entre la sierra de
Cameros (Soria-La Rioja) y el País Vasco a fines
de la Edad Media
INTRODUCCIÓN
Alfredo MORAZA BAREA*
La relación entre el cerdo y el ser humano es sumamente antigua y se
remonta a los primeros momentos de la domesticación. Ello aparece habitualmente
constatado en las numerosas excavaciones arqueológicas efectuadas en
aldeas neolíticas, tanto en Oriente Medio como en nuestras proximidades.
A este respecto en nuestro entorno más cercano, el País Vasco, los
estudios realizados sobre la fauna recogida en distintos yacimientos
arqueológicos han puesto de relieve la importante presencia del cerdo dentro
de los hábitos alimenticios de la población de la época. Un ejemplo de ello lo
podemos apreciar en las cuevas de Arenaza (Bizkaia) o Los Husos (Alava),
dentro de niveles neolíticos avanzados, y en las cuales el cerdo supone
porcentajes de un 18,20 y 6,50 %, respectivamente, de los restos
(MARIEZKURRENA 1990, 243). Las primeras referencias en el territorio de
la domesticación del cerdo, y en este caso concreto también del ganado vacuno
y oviacaprino, proceden del abrigo de Peña Larga (Gripán, Alava). Allí se
detecta su presencia en un nivel atribuible al Neolítico Antiguo impreso
cardial, datado en 5 830 ± 10 y 6 150 ± 230 BP (CASTAÑOS 1997).
Estas constantes se van manteniendo a lo largo de las épocas posteriores
hasta bien avanzado el período medieval. De esta forma el cerdo irá
consolidando su papel dentro del organigrama de las cabañas domésticas,
convirtiéndose en uno de los tres principales grupos sobre los que se
sustentará la base de subsistencia de la población. En un esquema compar-
* Sociedad de Ciencias Aranzadi, Alto de Zorroaga, 11. 20014 Donostia-San Sebastian ;
endata@euskalnet.net
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 221 - 238 221

LA TRANSHUMANCIA …
tido con ovicapridos y bovinos, variando sus respectivos porcentajes e
importancia relativa en función de las características y de los condicionantes
específicos de cada territorio, aunque por norma general el ganado porcino
casi siempre ocupará un tercer puesto en importancia.
222
Fot. Nº 1.- Vista general de Yanguas y el valle del Cidacos.
De todas formas la domesticación y consumo del cerdo ha venido
acompañada desde su origen de una cierta controversia, que lo ha llevado a
convertirse tanto en una importante reserva de carne como en la representación
de todos los males que acaecían al hombre. Este último aspecto se ha
intentado explicar desde muy diferentes perspectivas (era un animal capaz de
alimentarse de basuras, llegando incluso a comportamientos antropófagos ;
era portador de parásitos y otros agentes productores de enfermedades, etc.).
Un rechazo que dentro de la cultura semita y musulmana se terminó por
transformar en algo irracional, solamente explicable desde la imposición de
determinados dictámenes teológicos (GAZQUEZ 2000, 14-15). Curiosamente
durante el Siglo de Oro español este mismo animal pasará a convertirse
en un emblema distintivo del cristiano viejo, como un sinónimo de
hidalguía y linaje, de pureza de sangre (GAZQUEZ 2000, 43).
Durante la Edad Media la relación entre el bosque y el cerdo se irá
estrechando, hasta tal punto que en ocasiones llegará a cuantificarse la propia
capacidad del bosque en función del número de cabezas de estos animales que
pudiese alimentar. Es precisamente a partir de esta época cuando más
estrechamente se relaciona el cerdo con la producción exclusiva de carne,
frente a ovejas o vacas que tenían otros aprovechamientos complementarios

ALFREDO MORAZA BAREA
(lana o cuero, leche y también carne), convirtiéndose en una de las especies de
más alto interés comercial (GARCIA DE CORTAZAR 1985, 57-58).
DESARROLLO DE LOS ACONTECIMIENTOS
Los datos disponibles hasta el momento certifican que al menos durante
un período histórico concreto, una significativa cantidad de cerdos acudieron
desde las estribaciones del Sistema Ibérico hasta las lejanas montañas
guipuzcoanas con el fin de pastar. Protagonizando de esta manera un singular
ejemplo de trashumancia a larga distancia, que en cierto modo resulta un tanto
paradójica y novedosa respecto a las ideas dominantes hasta el momento. Los
datos que aquí se proporcionan son escasos, pequeñas pinceladas de un puzzle
mucho mayor que no ofrecen sino un poco de luz sobre una actividad mucho
más compleja y extensa en el tiempo, y que sin lugar a dudas deberá aportar en
un futuro no muy lejano nuevos y reveladores testimonios.
Centrándonos en el desarrollo de los acontecimientos, la noticia más
antigua disponible hasta el momento nos sitúa a finales del siglo XVI, en el
año 1593 más concretamente. En ese momento Juan Pérez (vº de Yanguas,
Soria) establecerá un convenio con Juan López de La Torre y Juan López de
Amezqueta, vecinos de la localidad guipuzcoana de Amezketa para poder
“enpastar çiento y çinco cabeças de ganado porçino chicos y grandes” en
los pastos que los dos últimos tenían arrendados. El contrato de pasto se
extendería desde el día de la firma, 14 de octubre, hasta el de Nuestra Señora
de la Concepción, el 9 de diciembre, es decir durante un par de meses. En
ese período los de Amezketa, asistidos por dos pastores o “goardas”
sorianos (Andrés Loyo y Martín la Mata), se encargarán de proporcionarles
“bien y cumplidamente pasto de castaña y bellota”. El convenio continúa
señalando que si “les pareçiere que no tienen abastadamente, puedan sacar
del monte que estubieren y llevarlos a donde les pareçiere sin nuestra
liçençia y consentimiento”1.
El 26 de noviembre de 1598 una nueva escritura apuntará como Pedro
Aranguren (vº de Ordizia) hará entrega a sendos vecinos de las localidades
riojanas de San Román (de Cameros) y Nalda de sus respectivos rebaños. Al
de San Román 164 puercos mayores y al de Nalda otros 392 (256 mayores y
136 menores), los cuales totalizaban 556 “caveças de puercos”. Ambos
rebaños habían sido entregados por el pastor Simón Rodríguez (vº de Nalda)
a Aranguren el pasado día 15 de octubre “para enpastar en los pastos de
Enirio”, situados en la Sierra de Aralar2. Con anterioridad a esa escritura el
1 Archivo General de Gipuzkoa (AGG). PT. Leg. 977, fol. 66-67.
2 AGG. PT. Leg. 2.865, fol. 65-66.
223

LA TRANSHUMANCIA …
mismo Aranguren se había concertado con Martín Ayestaran y Francisco
Ugarte (vº de Zaldibia), arrendadores de los mencionados pastos de Aralar,
para poder “traer y traiga al dicho monte a repastar todos los puercos que
pudiere... asi de la tierra como de Alava y Yanguas y otras parte... dando
pasto abundante y artura por tiempo de dos messes desde el dia que entraren
sin faltarles cossa alguna”. Debiendo abonarles por todo ello 4 reales
por cada cabeza de cuenta3.
Fot. Nº 2.- Portal del Río en Yanguas (Soria). En este punto se
solían concentrar los ganados de la comarca antes de partir a su
migración anual.
El año siguiente, en 1599, podemos encontrar el que quizás sea el
documento más representativo de todos los relacionados con esta presente
temática. En él aparece como protagonista el anteriormente señalado Pedro
3 AGG. PT. Leg. 2.855, fol. 107-108.
224

ALFREDO MORAZA BAREA
Aranguren, quien procederá a otorgar una carta de poder a favor de un
convecino suyo para reclamar a los representantes de diferentes localidades
una serie de cantidades que aún se le adeudaban por haber tenido “al pasto y
repasto” a una serie de rebaños de cerdos. Estos rebaños se “traxieron a
enpastar al termino de Ynirio”, donde estuvieron durante un período de mes
y medio aproximadamente. La subsiguiente lista de localidades deudoras con
el número de cabezas de cerdo que trajeron cada una es sumamente clara
para comprender la importancia de esta masa trashumante. Entre las
localidades riojanas se encuentran las de San Roman (de Cameros) con 200
puercos, la de Laguna (de Cameros) con 350, Cabeçon (Cabezón de Cameros)
con 100, Tabanera (Rabanera) con otros 70, Ayanil (Ajamil) con 78,
Ormillo (Hornillos de Cameros) con 110 y finalmente las de Nalda y Torre
(de Cameros) con otros 450. Entre las sorianas se encuentra únicamente la
villa de Yanguas con 140 puercos. Todas esas localidades suman un total de
1 498 cerdos, los cuales se habían desplazado hasta Gipuzkoa4.
La última referencia disponible hasta el momento data del año 1604 y
reitera las circunstancias ya observadas en los anteriores documentos. En
esta ocasión los protagonistas serán dos localidades sorianas, Villar de Maya
y Santa Cecilia, situadas muy cerca de Yanguas. Sus respectivos rebaños
serán conducidos por Diego Lozano, quien establecerá un acuerdo con el
ordiziarra Juan Ibáñez de Albisu para recibir todos “los lechones que viniesen...
a enpastar a los montes de Ataun” procedentes de ambas poblaciones.
El contrato se extenderá durante casi dos meses, desde el 7 de octubre, día de
la firma de la escritura, hasta el día de San Andrés (30 de noviembre).
Debiendo Lozano abonar por todos ellos 8 reales por cada cabeza de lechón
y 4 por los menores de seis meses o bargotes5.
A la hora de analizar los hechos es necesario tener en cuenta una serie
de aspectos relacionados directamente con estas migraciones pecuarias y que
se traslucen de los convenios rubricados entre las partes. Por un lado la
importante distancia existente entre el punto de origen de esos rebaños
(Norte de Soria y Sur de La Rioja) y los pastos a los que acuden (montes de
Amezketa, Ataun, Sierra de Aralar, en el SE de Gipuzkoa). Una distancia de
aproximadamente unos 200 km que debían de hacerse en unas condiciones
muy complicadas, o al menos diferentes a las disponibles, por ejemplo, para
las cañadas de ovejas. Una distancia que resulta mínima si la comparamos
con las realizadas por las ovejas en sus viajes hacia las tierras extremeñas o
manchegas, pero que por el contrario presenta una gran dificultad por la
complicada orografía del territorio que debía atravesarse. En nuestro caso no
4 AGG. PT. Leg. 2.860, fol. 1-2.
5 AGG. PT. Leg. 2.874, fol. 70.
225

LA TRANSHUMANCIA …
parece existir un vial diseñado para ello, al modo de las señaladas cañadas
ovejeras, aunque cabe la certera posibilidad que se sustenten sobre una red
de intercambio anterior, de mayor antigüedad. En períodos posteriores esta
misma ruta perdurará bajo otras circunstancias, permitiendo llevar hasta las
localidades guipuzcoanas productos como el vino, lana o cereales, de los
cuales eran claramente deficitarios, a cambio de productos manufacturados y
fundamentalmente de pescado, ésta era la llamada “Ruta del pescado y el
vino”6.
Hay que reseñar otro aspecto añadido, la evidente dificultad que
suponía la conducción de estos rebaños de cerdos a lo largo de unos terrenos
tan complicados y durante tan larga distancia. El cerdo es un animal muy
difícil a la hora de su cuidado y muy poco dócil, necesitando para realizar su
traslado de gran número de pastores o guardas. Concretamente, en un documento
del año 1602 se nos señala que para el traslado de una partida de cerdos
entre dos localidades guipuzcoanas (desde Oñati hasta Ikaztegieta)
deben emplearse al menos “quatro hombres por cada çien puercos”7. Ello
obliga al desplazamiento de destacadas partidas de cuidadores detrás de esos
animales, que si las sumamos a las que partían junto a las ovejas dejaban a
las localidades de origen prácticamente despobladas.
Una vez en territorio guipuzcoano las condiciones de pastoreo serán
ya en un estado semisalvaje, aunque siempre bajo la vigilancia de distintos
pastores. Los contratos establecidos entre los pastores locales y las diferentes
localidades que allí llevarán sus piaras de cerdos nos ofrecen datos curiosos
sobre este singular tipo de transhumancia8. Allí, durante su período de
estancia se alimentarán, tal y como recoge la documentación, de “pasto de
bellota y castaña y aya”, debiendo disfrutar de “la hartura neçessaria”.
Pudiendo sacarlos de esos parajes y llevarlos a otros con toda libertad en
caso que el pasto sería escaso. Concretamente, en el convenio establecido en
6 La conocida en época Moderna como la “Ruta del pescado y el vino” tenía su origen en la
zona de Logroño y tras atravesar los pasos montañosos de las Sierras de Cantabria y los
Montes de Vitoria se adentraba en la Llanada alavesa desde donde nuevamente ascendería
hasta las tierras guipuzcoanas. Otros ramales diferentes se encaminarán hacia otros puntos de
la zona.
7 AGG. PT. Leg. 980, fol. 94 (3 de octubre de 1602).
8 Es necesario señalar que los pastos guipuzcoanos, al menos aquellos situados en el extremo
Sudeste del territorio acogerán a lo largo de los meses otoñales e invernales una numerosa
serie de rebaños de cerdos de muy variada procedencia, aunque nunca tan lejanos como los
anteriormente descritos. Entre ellas se pueden mencionar localidades vizcaínas (Iurreta,
Durango, Zornotza), navarras (Etxarri Aranatz, Bakaikua, Eulate), alavesas (Zurbano,
Gamarra) y, como no, una larga serie de poblaciones guipuzcoanas (Eibar, Oñati, Bergara,
Usurbil, Hernani, Azkoitia, etc.). Desde las cuales traerán partidas que oscilarán entre el
medio centenar escaso hasta las más de 600 cabezas, según los casos.
226

ALFREDO MORAZA BAREA
Plano - Localización de las localidades de origen y destino, con el posible
trazado empleado.
227

LA TRANSHUMANCIA …
1604 con las localidades sorianas de Villar de Maya y Santa Cecilia, el
pastor encargado de su cuidado se comprometía a proporcionar a ese ganado
el pasto “abundantemente sin que les faltar ningun dia y si por falta de no
haverse pasto en los dichos montes viniesen algun daño pagaria todos los
daños que les rrecresçiesen a los dichos ganados”9.
A pesar de los cuidados que se pudieren establecer el ganado estaba
sujeto a una serie de imprevistos y peligros que podrían malograrlo, sobre
cuyo particular se prestaba también atención en esos contratos. Debido a las
particulares circunstancias de su modo de pastoreo, semisalvaje, estos
animales podrían extraviarse fortuitamente o ser robados. En otros casos
podrían fallecer por enfermedades naturales, por lo que el pastor tenía la
obligación de curarlos y ponerlos en sal con el fin de no perjudicar al dueño.
En otras ocasiones los daños podrían estar provocados por animales salvajes
(osos, lobos u otras fieras), quienes devoraran a algunos de ellos10. En todos
estos y otros casos los contratos fijaban quienes eran los responsables de lo
sucedido y a quién había de cargar el costo de las pérdidas ocasionadas.
CONTEXTO HISTÓRICO
Una vez visto de una manera muy somera el desarrollo de los acontecimientos
es necesario que nos acerquemos más específicamente al tema con
el fin de poder mejor interpretar el contexto histórico, espacial y económico
que rodean estas singulares migraciones pecuarias.
En un primer momento hemos de observar el punto de partida de estas
migraciones. En concreto, éste se sitúa, tal y como puede apreciarse en el
plano adjunto, en una serie de localidades ubicadas principalmente en la
parte alta-media de las cuencas de los ríos Leza y Cidacos, en la vertiente
septentrional del Sistema Ibérico. Una zona muy montañosa, aunque con
9 AGG. PT. Leg. 2.874, fol. 70.
10 En un contrato establecido en 1598 entre varias localidades alavesas para traer a pastar sus
cerdos en los bosques de una localidad guipuzcoana (Ikaztegieta) se apunta con claridad que
“y asi mesmo pusieron por condiçion que si alguno o algunos puercos se perdieren y
enagenaren o los llebare alguno urtados de manera que no se pueda haver rrastro dellos
...los pagaran lo que dixeren que mereçen dos personas entradas puestas por ambas partes”.
AGG. PT. Leg. 979, fol. 79.
En otro contrato similar establecido esta vez entre dos localidades guipuzcoanas (Itsaso y
Zaldibia) en el año 1601 se apunta claramente a quién le corresponde la responsabilidad en
caso de muerte de los animales : “si alguno moriere de enfermedad que no sea contagiosa lo
ayan de salar y benefiçiar a costa del dueño de la hazienda y si moriere de enfermedad
contagiosa o de lobos, osos dando bastante ynformaçion sean libres y no la dando paguen el
balor en la forma susodicha”.
AGG.PT. Leg. 2.845, fol. 21-22 (4 de noviembre de 1601).
228

ALFREDO MORAZA BAREA
alturas que apenas superan los 1 700 m, muy compartimentada en valles
(ríos Cidacos, Leza, Iregua), pero que tienen como nexo de unión diferentes
cadenas montañosas (Sierra de Camero Viejo, Sierra Cebollera, Montes
Claros, etc.). En la actualidad la zona se encuentra dividida administrativamente
entre La Rioja y Soria, aunque hasta un momento relativamente
reciente formaban parte de un único distrito administrativo, el de Soria, que
se extendía desde casi las proximidades de Logroño hasta el Duero.
Conformando todas estas poblaciones una unidad con unos rasgos muy diferenciados
frente a las comarcas del entorno, que aún se deja notar entre los
escasos habitantes de la zona. Una interrelación que aún se reforzará mas por
estar la mayor parte de esas localidades sometidas a un mismo estado
señorial cuyo origen se sitúa en la Baja Edad Media, el de los Condes de
Aguilar11, y asimismo por depender de una misma jurisdicción eclesiástica
(Obispado de Calahorra). De esta manera no debe resultar extraño que los
rebaños de todas esas localidades acudan de una manera conjunta hasta
Gipuzkoa.
La comarca, entendida como tal unidad, presenta unas condiciones
físicas muy singulares que acentúan aún mas sus diferencias con las comarcas
vecinas. La altura de sus montañas la convierte en un punto de encuentro
de los vientos húmedos del Cantábrico y de los continentales procedentes de
la Meseta castellana, generando un variado y contrastado medio físico en el
que destacan sus vastas extensiones de bosques. Es necesario señalar que la
mayor parte de las poblaciones se encuentran situadas entre los 850 y 1 200
m de altitud, lo cual nos pone en relación con un clima un tanto extremo : un
régimen importante de precipitaciones muy repartido a lo largo del año (unos
700 l) ; unas temperaturas medias bajas (8-9º C) ; amplios períodos de
constantes heladas (media de 125 días anuales). Ello permitió desarrollar una
extensa masa forestal con especies tanto de influencia cantábrica (haya)
como continental (encina, quejigo), todas ellas productoras de una serie de
frutos con los que alimentar al ganado (hayucos, bellotas). Lamentablemente
la acción humana ha alterado ese equilibrio natural provocando un fuerte
retroceso de la masa forestal con el fin de crear un creciente número de
espacios dedicados a pastos.
11 La comarca formó parte del antiguo Señorío de Cameros, transformado posteriormente en
Condado de Aguilar, el cual fue creado en el año 1366 por el rey castellano Enrique II para
premiar la lealtad de su súbdito Juan Ramírez de Arellano en el transcurso de las Guerras
Civiles. Una familia que mantendrá su impronta en la zona hasta bien avanzado el siglo
pasado (MORENO 1992).
229

LA TRANSHUMANCIA …
Fot. Nº 3.- Vista de la localidad de Villar de Maya (Soria). El
bosque ocupa la parte más alta de las montañas.
Una vez visto el entorno natural del que partirán esos rebaños de
cerdos es necesario acercarnos a la estructura económica de las referidas
poblaciones en esta época, puesto que la misma nos puede ofrecer claves
para poder interpretar más correctamente estas migraciones. Hoy en día
nadie duda de la ancestral dedicación ganadera de la comarca, básicamente
fundamentada en el pastoreo de ovejas. En realidad, los condicionantes
paisajísticos no dejan lugar a muchas otras alternativas, siendo muy escasos
los espacios que pueden dedicarse al cultivo de cereales ante la casi imposibilidad
física de su práctica (especialmente claro en el valle del Leza).
Pero nuestra duda surge a la hora de calibrar si realmente en el pasado
ese pastoreo de ovejas tuvo la importancia que posteriormente adquirió o si
bien durante los primeros siglos de la Edad Media esta importancia fue
mucho menor y el panorama se presentaba mucho más diversificado. A falta
de una confirmación documental, o en su caso arqueológica de los hechos,
230

ALFREDO MORAZA BAREA
todos los indicios parecen apuntar a que en esta específica comarca las
cabañas más importantes en este momento serán la bovina y la porcina,
ocupando un papel más residual equinos y ovinos, tal y como tímidamente
Asenjo parece ya intuir (ASENJO 2001, 72-73). En ese aspecto coincidirán
con otros parajes montañosos de similares características (montañas de altura
media-alta, con abundante grado de humedad), donde la masa forestal será
bastante frondosa y muy rica en frutos con un alto aprovechamiento para la
alimentación animal. Estas circunstancias pueden apreciarse, por ejemplo, en
comarcas como la zona asturiana, la cantábrica o la montaña burgalesa así
como en las montañas vascas, tal y como se está constatando a través de los
últimos estudios realizados al respecto (GOMEZ-PANTOJA, 2001 ;
ARAGON RUANO 2002). Ambas cabañas, la bovina y la porcina,
necesitaban para su mantenimiento de un medio con unas condiciones naturales
muy semejantes, caracterizado por un clima húmedo, por la presencia
de lugares boscosos y con sombra y con abundancia asimismo de agua. Su
dieta es también muy similar, aunque algo más variada y completa en el caso
de los bovinos (bellotas, hojas frescas, pastos de hierba), mientras que el
ganado porcino se alimenta fundamentalmente de bellotas de roble, encinas
o hayas así como de las raíces de los árboles12. El ganado ovino, por su
parte, se nutre básicamente de hierba, la cual no puede desarrollarse en
aquellos parajes ocupados por bosques muy densos y espesos.
De esta manera puede apreciarse la estrecha relación existente entre
esas predominantes cabañas (bovina y porcina) y el bosque, las cuales tienen
su principal fuente de subsistencia en el mismo y donde cualquier alteración
de ese equilibrio puede provocar cambios importantes. Y estos cambios
parecen que realmente se llegan a dar en esta zona del Norte de Soria y Sur
de La Rioja a lo largo de los siglos XV-XVI, estando ya consolidados a
principios de este último. En este momento se comienza a producir un desarrollo
inusitado de la ganadería ovina azuzado por agentes exteriores, y más
en concreto por la fuerte demanda de lana desde los mercados castellano e
internacional. Este desarrollo vendrá conducido por una institución que
dispondrá de una serie de importantes privilegios, el Honrado Concejo de La
Mesta, y apoyado decididamente desde los mismos entes y oligarquías
locales, que verán en estos cambios una muy interesante y pingüe fuente de
ingresos. El crecimiento será de tales proporciones que en pocos años la
misma ciudad de Soria se terminará por convertir en una de las principales
cabezas de la Mesta (ASENJO 2001, 104-105).
12 En el caso concreto de las bellotas existen ciertas diferencias entre las cabañas bovina y
porcina. Así mientras la segunda de ellas no tiene especial preferencia y consume todo tipo de
bellotas, el ganado bovino solamente se alimenta de bellotas de haya.
231

LA TRANSHUMANCIA …
Estas nuevas circunstancias conllevarán necesariamente una serie de
importantes cambios en las poblaciones de la zona. Este aspecto es especialmente
apreciable en nuestra específica comarca donde el paisaje experimentará
cambios decisivos, el impulso proporcionado a la cabaña ovina vino
necesariamente precedido de un acusado retroceso del bosque autóctono y su
conversión en amplias praderas de pasto con el fin de proporcionarle el
alimento necesario. Este proceso de paulatino retroceso del bosque y paralelo
aumento de la cabaña ovina se fue realizando de una manera bastante
rápida13. Y suponemos que este cambio fue también traumático, alterando
incluso las formas de vida de la población al obligar a pasar a una importante
proporción de ella amplias temporadas de tiempo fuera de sus poblaciones,
debiendo llevar los rebaños de ovejas a pastar en invierno hasta las lejanas
tierras de Extremadura, La Mancha o Andalucía. Esta nueva realidad supuso
un impacto tan fuerte en estas áreas que provocó el eclipsamiento de otras
realidades precedentes como las ya señaladas, convirtiendo una práctica
relativamente reciente en todo un mito historiográfico.
Las consecuencias de ese importante retroceso del bosque sobre el
paisaje son patentes aún hoy en día. Destacando especialmente la falta de
una cobertura vegetal arbórea, sustituida por amplias praderas de apariencia
un tanto esteparia. Los bosques autóctonos han quedado restringidos a las
partes más altas e inaccesibles de los valles, en alturas por encima de los
1 300 m, donde las condiciones naturales son mas desfavorables.
Este fuerte retroceso experimentado por el bosque repercutió directamente
sobre las fuentes de alimentación de aquellas que hasta el momento
eran las principales cabañas ganaderas de la zona, bovinos y porcinos. Pero
este cambio debió de afectar fundamentalmente a la segunda de estas especies,
aquella que tenía un régimen alimenticio mucho más restringido y
basado especialmente en el pasto de bellotas. De esta manera la que hasta el
momento podíamos considerar como importante cabaña porcina entrará en
un claro proceso de crisis de supervivencia. Todo ello a pesar de ser una
pieza clave de la economía del campesinado de la época. El cerdo era un
animal que desde el punto de vista productivo suponía muy poca inversión,
ofreciendo un elevado índice de aprovechamiento. Cada camada podía llegar
a tener de 7 a 14 lechones, los cuales en un plazo de escasamente seis meses
se convertían ya en adultos. Asimismo, proporcionaba una importante y
13 Una prueba clara de la rapidez de este proceso la proporcionan las cifras de cabezas de
ganado existentes. Así, por ejemplo, tan solo en la zona de Tierra de Yanguas (Soria), que
incluye diversas localidades, en 1450 se contabilizaban 39 000 ovejas. Diez años después ese
número se ha elevado ya hasta casi las 51 000 cabezas.
232

ALFREDO MORAZA BAREA
variada cantidad de recursos cárnicos y grasos, fundamentales en la dieta de
ese campesinado14.
De esta manera, y a pesar de los importantes rendimientos que les
estaba ofreciendo la comercialización de la lana no se llegó a prescindir de
una manera definitiva de aquellos que habían sido sus primitivos medios de
vida. Es, por tanto, de esta manera como es necesario entender las migraciones
antes relatadas. La transición entre la situación ganadera tradicional y el
casi predominio de la cabaña ovina debió darse de una manera acelerada, tal
y como hemos apreciado anteriormente, pero en ese intervalo de tiempo los
rebaños de cerdos que pastarán en la zona serán aún bastante importantes. La
población local ante la carencia de medios con los que garantizar mínimamente
la subsistencia de esas cabañas porcinas se verá en la obligación de
buscar alternativas viables. Es, pues, en este contexto de necesidad, de
buscar pastos de bellota alternativos, como plausiblemente deben contextualizarse
esas migraciones. hay que señalar que pequeñas piaras de cerdos
acompañaban también a los rebaños de ovejas que pasaban el invierno en el
Sur de la Península, aunque nunca en el que volumen de las que acudían al
País Vasco.
No hay que despreciar tampoco un factor climático a la hora de poder
explicar estas migraciones. Como se ha señalado anteriormente los otoños e
inviernos de esta comarca son especialmente duros, con abundantes heladas
y temperaturas muy bajas que alargan las nieves durante varios meses. De
ahí que no resultaría extraño pensar que las localidades propietarias de esas
cabañas porcinas busquen en su radio más cercano comarcas de características
similares donde poder ofrecer a ese ganado el alimento necesario, pasto
de bellota.
Ante la falta momentáneamente de estudios más profundos y específicos
sobre el tema hemos de suponer, tal y como hemos afirmado anteriormente,
que el comienzo de estas migraciones pecuarias irá directamente
ligado al crecimiento de la cabaña ovina. De esta manera las primeras experiencias
podrán comenzar a darse ya durante el siglo XV, alcanzando su
mayor expansión a lo largo de las centurias siguientes (siglo XVI-XVII).
14 La carne del cerdo no solía consumirse fresca por norma general, sino transformada en
numerosos productos de los cuales par su consumo directo sus propietarios se reservaban
solamente algunos productos (manteca, tocino o los menudillos), mientras el resto se
comercializaba obteniendo grandes rendimientos económicos (jamón, lomos, costillares).
Convirtiéndose el período de la matanza en todo un acontecimiento social que aún perdura en
numerosos poblaciones, y la cual solía llevarse a cabo en fechas señaladas (San Martín,
Navidad, Carnaval o Pascua).
233

LA TRANSHUMANCIA …
Fot. Nº 4.- Ajamil (La Rioja). Una localidad que aún conserva su
tradición ganadera.
En nuestro caso, el guipuzcoano, como ya hemos visto, las primeras
constataciones datan momentáneamente de finales del XVI, pero es muy
probable que el pastoreo de estos cerdos pueda retrotraerse aún varias décadas
más atrás ante las propias carencias documentales existentes. Cabe también
la posibilidad que la presencia de estos cerdos en los hayedos y robledales
guipuzcoanos no sea sino una de las distintas etapas de un periplo mucho
más complejo y que podría incluir otros parajes15. Un viaje que les llevará
inicialmente hasta Gipuzkoa, donde se abastecerán de bellotas durante
un par de meses aproximadamente, a lo largo de todo octubre, noviembre y
parte de diciembre, para posteriormente trasladarse hacia otros parajes cercanos
en busca de nuevos pastos de bellota hasta finalmente recalar nuevamente
en sus localidades de origen para su definitiva comercialización.
15 Recientemente hemos tenido noticia de la presencia de rebaños de cerdos procedentes de
esta comarca pastando en la Montaña alavesa, y más específicamente en la zona de Campezo.
Si bien no hemos podido momentáneamente contrastar estos datos y calibrar las
características y especifidades de estas migraciones.
234

CONCLUSIONES
ALFREDO MORAZA BAREA
Los acontecimientos descritos nos ponen en relación con un tipo de
trashumancia que resulta prácticamente desconocida para los investigadores
que tratan este tipo de temáticas. El impresionante desarrollo experimentado
por la trashumancia ovina llegará a eclipsar totalmente otro tipo de migraciones
pecuarias que antaño fueron muy habituales, ocultándolas y convirtiendo
en un mito historiográfico ancestral una práctica que puede considerarse
relativamente reciente16. Será precisamente la rápida expansión de esa
cabaña ovina, y de un modo paralelo el retroceso del bosque autóctono, lo
que provocará que parte de esos rebaños de puercos se vean en la obligación
de desplazarse durante las largas distancias para alimentarse.
Si en la actualidad nos acercamos a esa montañosa comarca situada
entre el Norte de Soria y el Sur de La Rioja podremos apreciar cómo muy
poco queda de esas antiguas grandes piaras de cerdos y otros animales que
pastarían en las cercanías de esos pueblos. El único recuerdo de ello es el
mantenimiento de una importante tradición chacinera, si bien establecida
sobre una cabaña muy reducida y estabulizada.
La migración protagonizada por esos importantes rebaños de cerdos
procedentes de las estribaciones del Sistema Ibérico hasta los pastos de
bellota y hayucos de Gipuzkoa supone la constatación de una práctica trashumante
de gran importancia. Una importancia fundamentada no solamente
en el número de cabezas desplazadas, casi 1 500 tan solo en el año 1599,
sino en la existencia de una red, de un flujo de comunicación entre ambas
zonas, la cual posteriormente perdurará bajo otras circunstancias económicas.
Los datos disponibles hasta el momento circunscriben el desarrollo de
los acontecimientos a un período histórico concreto, y tiene el déficit de estar
basados exclusivamente en fuentes guipuzcoanas, lo cual no nos permiten
hacernos más que un dibujo aproximado de las circunstancias de la época.
En la actualidad carecemos de datos certeros que nos permitan afirmar
cuál fue el origen de esas grandes migraciones porcinas. Momentáneamente
parece establecerse una relación muy directa entre el desorbitado crecimiento
de la cabaña ovina y de un modo paralelo el fuerte retroceso experimentado
por el bosque en torno a los siglos XV-XVI con la entrada en crisis de la
antaño importante cabaña porcina. Esta de una manera bastante acelerada se
queda sin una fuente de alimentación suficiente con la que garantizar su
16 En un trabajo recientemente publicado y referido precisamente al territorio guipuzcoano se
apunta directamente en esta misma dirección. Confirmando, en esta caso concreto, que la
trashumancia ovina tal y como actualmente la conocemos es un fenómeno relativamente
reciente, y que data aproximadamente de finales del siglo XVII y comienzos del XVIII
(ARAGON RUANO 2002, 281-283).
235

LA TRANSHUMANCIA …
propia subsistencia, debiendo presumiblemente buscar nuevos espacios
alternativos donde garantizarse ese suministro. Es en este contexto donde
entran en juego otros espacios montañosos cercanos con unas características
muy similares, caso concreto de los guipuzcoanos, a los cuales deben
trasladar durante períodos determinados de tiempo sus rebaños de puercos.
Fot. Nº 5.- Rebaño de cerdos comiendo bellotas en el bosque
(miniatura del Codex Granatensis, Universidad de Granada).
A través de esta comunicación no pretendemos sino hacer una
pequeña aportación al mundo de la ganadería, y de la trashumancia más en
concreto. Ofreciendo una serie de datos que consideramos novedosos y que
abren una serie de nuevas vías de expectativas de investigación con el fin de
mejor comprender este capital sector de la población. Los datos disponibles,
tal y como hemos anteriormente afirmado, son momentáneamente escasos y
muy seguramente nuevos estudios vendrán a completar estos huecos
poniendo a la ganadería porcina, y bovina, en su verdadero papel jugado en
tiempos pretéritos.
236

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LA TRANSHUMANCIA …
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238

REMARQUES SUR LES MODES DE
SPATIALISATION DES DROITS ET DES
PRATIQUES SUR LES VACANTS EN CERDAGNE
AUX XII e -XIV e SIÈCLES
Elisabeth BILLE*
“ Que les hommes de la ville de Puigcerdà et de la vallée du Carol
aient ensemble à perpétuité “ usum et ademprivium ” de mettre et de faire
paître leur bétail, de construire des abris et des cortals pour leur bétail en tout
lieu et dans tous les pâturages qui participent du col des Ortels c’est-à-dire
du chemin qui se trouve sous le lieu col des Ortels jusqu’au torrent anils et
de ce torrent jusqu’à l’Aravó et de l’Aravó jusqu’au lieu-dit Tarter et de ce
lieu au dessus sur la baga vers toute la montagne et les pâtures de Quer et de
Lagunela et de la serra de Quer jusqu’à l’Aravó… ”1 : voici, tels qu’ils
furent mis sur papier, les contours de l’espace sylvo-pastoral exploité en
commun par les Puigcerdanais et les Carolins dans la montagne du
Puymorens à l’aube du XIVe siècle. D’évidence, le trait paraît assuré, la
zone fermement circonscrite. Basculons à une échelle plus fine, pénétrons au
cœur de ces centaines d’hectares de forêts et de pâturages : chacun des jalons
enfermant la zone devient plus flou, éclate en une multitude de points, crêtes,
pics, arbres, buissons… Le territoire qui paraissait fermement délimité prend
alors une forme évanescente, les contours se font mouvants.
* Docteur en Histoire, Framespa - U. de Toulouse Le Mirail.
1 S. Galcerán Vigué, “ Els privilegis de la vila de Puigcerdà. El Llibre Verd i el seu trasllat
(1298-1318) ”, Urgellia 1, doc. n°23 : “ … quod homines ville Podiicerdani et vallis de
Cherol habeant comuniter in perpetuum usum et ademprivium inmitendi et tenendi ac
pascendi bestiaria sua et faciendi jagudas et cortalia ad bestiaria eorum in omnibus locis
sive paschuis qui sunt de collo de Ortels sicut est de via infra que vocatur dels Ortels usque
ad torrente danuyls et de ipso torrente usque ad flumen Aravonis et de flumine Aravonis
usque ad locum vocatum Tarter et de ipso loco vocato Tarter in super a parte baga per omnia
montanea et paschua et de Quer de Lagunela et de serra illius Quer que descendit usque ad
flumen Aravonis… ”
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 239 - 252 239

LES VACANTS EN CERDAGNE …
Il est une question majeure dans l’étude des modes d’appropriation et
d’exploitation des vacants, celle des spatialités propres à chaque société2. Si
l’on considère que les configurations spatiales sont tout à la fois productrices
de systèmes sociaux et le produit de ceux-ci, le champ d’investigation paraît
alors vaste, démesuré. Dans cette énorme bulle qui englobe tout l’étagement
altitudinal du massif, deux interrogations ont plus particulièrement attiré
notre attention. De quelle manière l’écrit enregistra-t-il les constructions
territoriales des XIIIe et XIVe siècles ? Comment les communautés mirentelles
en forme les modes d’accès aux forêts et aux terrains de pâtures ?
Nous nous proposons d’ouvrir le débat en nous appuyant principalement
sur deux types de chartes : les concessions seigneuriales faites aux
communautés de ce qu’il est convenu d’appeler “ droit d’usage ” et les sentences
d’arbitrages inter-communautaires. Tout d’abord, nous analyserons
les modes de définition scripturaires de l’espace puis les axes de confrontation
entre logiques du discours écrit et pratiques. Enfin, nous envisagerons
quelques aspects des modalités d’appropriation des terres ermes.
ESPACE DES TEXTES ET ESPACE VÉCU
De quelle manière les communautés rurales livrèrent-elles à
l’ordonnancement de l’écrit les lieux faisant l’objet d’appropriation, de revendication
ou de litige ? La question peut sembler banale sauf à considérer
l’ampleur des enjeux noués autour de la parole portée à l’écrit en ce Moyen
Âge finissant3. En conséquence, toute approche de la dimension spatiale des
sociétés de ce temps ne peut passer outre une analyse des procédés scripturaires
de définition et de délimitation des zones sylvo-pastorales. À compter
des ultimes décennies du XIIe siècle en effet, concessions seigneuriales,
arbitrages inter-communautaires, règlements de pacage ou de forestage se
conjuguent pour offrir, par accumulation, une palette de cas de figure susceptibles
d’alimenter le discours sur les manières de “ dire l’espace ”.
2 Cette question reste étonnament quasi-absente des travaux récents sur les montagnes alpines
(J.P. Boyer, Hommes et communautés du haut pays niçois. la Vésubie (XIIIe-XVe), Nice,
Centre d’Études Médiévales, 1990 ; H. Falque Vert, Les hommes et la montagne en Dauphiné
au XIIIe siècle, Grenoble, PUG, 1997 ; N. Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin
du Moyen Âge. Économie et société, Paris, L’Harmattan, 2001.
3 R. Viader, “Silences, murmures, clameurs : les communautés pyrénéennes au Moyen Âge”,
La ciutat i els poders. La ville et les pouvoirs, Actes du huitième centenaire de la charte de
Perpignan,(octobre 1997), Perpignan, 1999, pp. 230-246.
240

ELISABETH BILLE
“ L’espace des textes ”
Au regard de la documentation consultée, on ne peut que prendre acte
de la dissociation existant entre formes paysagères et espace défini par les
textes. Ce dernier est décrit au moyen d’un ensemble de champs et de signes
et, en ce sens, s’affirme comme le produit d’une conception momentanée et
particulière des rapports d’un groupe social à un morceau de terre. Dans les
chartes, l’espace est défini sur la base d’une combinaison de plusieurs
éléments participant de registres thématiques différenciés. La mise en série
d’une vingtaine de chartes a ainsi permis d’isoler huit marqueurs : le milieu
naturel (relief, formation végétale), le lieu-dit, le type de ressources (eau,
herbes, bois…), le type de bétail, l’unité-temps, les limites, les constructions
et enfin la notion d’ouverture et de fermeture. À partir de ces modules, notaires
et tabellions construisaient une série de combinaisons en réponse à des
situations diverses. En 1243 par exemple, le roi de Majorque confirma à ses
hommes qui habitaient Carol, Quers et Cortvassil l’utilisation de la forêt de
Campcardós4. Dans ce cas, la description se limitait à la mention d’une
masse forestière. En 1294, le puig de Richart, mis en défens par les habitants
de Pí5, se définissait par la combinatoire agencement orographique, limites6
et autorisation de pâture7. Autre exemple, la cuvette de Vallcivera ouverte
aux Andorrans était définie par un relief (montanea), des limites8, un type de
bétail (“ animalia vestra magna et parva ”), une ressource particulière
(l’herbe) et une autorisation de parcours9.
4 Valls i Taberner, Privilegis i ordinacions de la vall de Querol, Barcelone, 1920, doc. n°III.
5 J. Martí Sanjaume, Dietari de la fidelísima vila de Puigcerdà amb sa vegueria de Cerdanya
i sot vegueria de la vall de Ribes, Ripoll, 1926, Apendix documental, pp. 745-750.
6 J. Martí Sanjaume, Dietari de la fidelísima vila de Puigcerdà amb sa vegueria de Cerdanya
i sot vegueria de la vall de Ribes, Ripoll, 1926, Apendix documental pp745-750 : “ Scilicet
quantum includitur a parte orientis per viam qua itur recto modo de Pulcro Visu ad villare de
Nephol et de dicto Villari itur et ascenditur superius recto modo a so pla subtus paudium de
Richart et inde vadit et ascendit usque ad rupem crucem signatum et in quo facta cruce pro
termino que est iuxta matam nemoris vocatam de Ramestreny… ”.
7 J. Martí Sanjaume, Dietari de la fidelísima vila de Puigcerdà amb sa vegueria de Cerdanya
i sot vegueria de la vall de Ribes, Ripoll, 1926, Apendix documental pp. 745-750 :
“ …homines habitantes infra parrochiam Sancte Eulalie et eorum successores et quos ipse
voluerint habeant perpetuo ad eorum omnimodam voluntatem …nemus seu nemora aquas
pasturas et pasturalia… ”.
8 I.J. Baiges i M. Fages, Diplomatari de la vall d’Andorrra segle XIV, I (III), Andorre, M.I.
Govern d’Andorra, 1993, doc. n°50 : “ Affrontat autem dicta valle ex una parte in collo
stagni de Muntmelos, ex secunda parte in Aquas Iunctis, de IIIa in Planello de la Moxa et de
IIIIa parte in rivo dels Ruviols ”
9 “ quod possitis pascere animalia vestra…et iacere et manere de nocte et de die omnibus
241

LES VACANTS EN CERDAGNE …
En somme, cette entreprise de codification de l’espace rend compte
tout à la fois de la singularité géographique du lieu et des modalités particulières
d’accès à ses ressources, modalités diverses au gré des saisons ou du
jeu social. En bout de course, l’espace des textes s’identifie à la transcription
d’un rapport de pouvoir cristallisé en un moment donné.
L’espace vécu
Cependant, cette démarche toute théorique de production d’un champ
spatial ne pouvait se départir d’une volonté de coller au concret, aux paysages
balayés du regard. De fait, ces définitions, au degré de précision plus ou
moins avéré, d’un lieu ne sauraient s’entendre comme la marque d’une
connaissance approximative du terrain. S’il ne fallait donner qu’une preuve
de cette appréhension physique des finages, elle pourrait résider dans les
modalités utilisées pour trancher les litiges entre communautés. À ce propos,
l’enregistrement écrit de la querelle opposant les habitants de Puigcerdà aux
hommes de la vallée de Carol au sujet du port du Puymorens renferme un
témoignage, ô combien savoureux, d’arbitrage in situ10. En février 1297, les
motifs du contentieux furent portés devant le viguier de Cerdagne par les
arbitres de chacune des deux parties. Comme il était nécessaire d’examiner,
de visu, les lieux concernés et que ceux-ci étaient enneigés, il fut convenu de
repousser la visite au printemps. Quatre mois plus tard, juges et représentants
des communautés se réunirent donc à Porté puis, le lendemain, gagnèrent le
col du Puymorens pour statuer du bien-fondé des revendications. Un autre
exemple nous est fourni par une vista tenue en 1294 aux confins des
territoires andorrans et cerdans11. À cette date, les représentants des communautés
de Canilló (Andorre) et de Puigcerdà, assistés du juge et du viguier
royaux de Cerdagne, se réunirent au lieu-dit Aiga de la Casa pour statuer des
droits que chacune des parties détenait sur les pâturages de les Viletes et
d’Estanyol12.
Au tournant du XIVe siècle, ces procédures d’arbitrage s’appuyaient
d’évidence sur une connaissance sans faille du terrain, sur le concept d’un
espace reconnu, parcouru et intériorisé. En quelque manière, ces montées
dans les ports d’altitude témoignaient du maintien de procédures de paix
orales dont les textes peinent à restituer la teneur. En effet, l’on peut légiti-
horis ”.
10 S. Galceran Vigue, “ Els privilegis…, op. cit., doc. n°23.
11 À la suite des travaux menés sur l’Andorre par Roland Viader, nous identifierons la vista à
“ une assemblée générale caractérisée par son versant délibératoire ” (R. Viader, L’Andorre
du IXe au XIVe siècle. Montagne, féodalité et communautés, Toulouse, PUM, 2003, p. 234).
12 C. Baraut, Cartulari de la vall d’Andorra, T.2, doc. n°14.
242

ELISABETH BILLE
mement supposer que ces rencontres donnaient lieu à d’interminables palabres
voire à de sérieux accrochages… Même canalisés dans les cours de
justice seigneuriales13, ces arbitrages ne pouvaient se départir d’un rapport
concret, charnel, à l’espace.
Les procédés de délimitation
À ce stade du discours, il convient donc de s’interroger sur les éléments
utilisés comme confronts de ces zones sylvo-pastorales. L’espace
parcouru du regard est couché à l’écrit à l’aide de trois procédés de délimitation.
1) Même si la pratique semble moins répandue qu’au “ temps des
cartulaires ”, le recours aux confronts, généralement les quatre points cardinaux,
était utilisé. Ainsi en 1357, les pâturages sommitaux de Vallcivera,
dont l’évêque d’Urgell concédait l’accès aux habitants de la paroisse
d’Andorre, étaient circonscrits de la manière suivante : au nord les étangs de
Montmalús, au sud le pla de la Moxa, à l’ouest le torrent de Rubiols et à l’est
le lieu-dit Aquas Iunctis14. 2) Un second procédé consistait, lui, à délimiter
l’espace par ces deux extrémités. En 1316 par exemple, les brebis des
hommes d’Andorre-la-Vieille étaient interdites sur les pâturages s’étendant
de la serra de Cantabra jusqu’au lieu de Cetud de Troquels15. Dans ce cas,
l’étendue mise en défens s’apparentait à une vaste langue de terre dévalant
des crêtes et dont une partie des contours échappait à toute définition. 3)
Enfin, un troisième type de délimitation prenait la forme de parcours,
d’itinéraires au degré de complexité plus ou moins grand. Refermés sur euxmêmes
et jalonnés par une série de bornes ou de repères physiques supposés
connus de tous et qui constituaient autant de repères tangibles, ces circuits
retranscrivaient un cheminement, à la fois physique et symbolique, à travers
la montagne au rythme des pas des hommes et des troupeaux16.
En guise de transition, il nous semble opportun de revenir sur la manière
dont s’articulait le contenu de ces chartes. D’une part, le passage à
l’écrit immobilisait l’espace vécu, articulait paysages et pratiques au moyen
13 R. Viader, “ Silences, murmures, clameurs : les communautés pyrénéennes au Moyen
Âge ”, op. cit.
14 I.J. Baiges i M. Fages, Diplomatari de la vall d’Andorrra…, op. cit., doc. n°50
15 I.J. Baiges i M. Fages, Diplomatari de la vall d’Andorrra …, op. cit., doc. n°5.
16 E. Pelaquié, “ Les mutations de l’espace rural ”, Le paysage rural et ses acteurs,
Perpignan, PUP, 1998, pp. 95-98. La zone forestière mises en défens en 1294 par les hommes
de Pí était circonscrite par les repères suivants : “ Que pasturas seu pasturalias protenduntur
de summinate dicti podii ad alium rupem superiorem sibi contiguum et inde ascendit a so pla
ad alium rupem sibi contiguum usque ad alium rupem cruce signatum et in quo facta est crux
opter signum qui est iuxta torrentem de Resamir sicut mirant et dépendent dicte rupes versus
vallem de Pino ” (Martí Sanjaume, Dietatri…, op. cit., p. 747).
243

LES VACANTS EN CERDAGNE …
d’une combinaison de différents marqueurs. D’autre part, il le dynamisait
par l’insertion de clauses annexes qui en explicitaient les usages. En somme,
ces bois ou ces pâturages, dont les notaires cherchaient à inscrire les limites,
n’étaient rien moins d’autre que des espaces démultipliés et façonnés par un
discours.
UN ESPACE MODULABLE17
Au terme de ce premier niveau d’analyse, il appert clairement que
l’espace géographique et l’espace des textes ne sont en rien superposables ou
interchangeables. Ce dernier s’identifie en effet comme le point d’ancrage
d’une batterie de pratiques dont la déclinaison dans le temps, suivant le type
de ressources exploité ou les mouvements des hommes et des troupeaux,
entraîne toute une gamme de facettes territoriales pour un même lieu. Audelà
de la complexité, à vrai dire décourageante, des cas de figure, un
principe commun se laisse aisément deviner : le système reposait sur une
alternance d’ouvertures et de fermetures, permanentes ou temporaires, sur les
zones sylvo-pastorales.
Associer cycle calendaire des activités et espace : le
temps territorialisé18
Tout d’abord, l’espace apparaît modulable dans le temps. Un cycle
annuel d’activités en un même lieu entraînait des redéfinitions, parfois en
cascade, du statut des terres utilisées. À ce propos, les prés, sur lesquels
s’imbriquaient détention privée et ouverture communautaire, offrent un bon
exemple de cette territorialisation du temps.
Le premier exemple nous est fourni par un arbitrage daté de 1298
concernant le droit de pâture exercé par les habitants d’All dans les prés que
possédaient les hommes de Greixèr sur les bords du torrent de Riel19. Les
dispositions portées à l’écrit étaient les suivantes. Les hommes de Greixèr
pouvaient mettre en défens ces prés dans la période comprise entre les calendes
de mars et le quinzième jour après la Saint Michel de septembre. Le
restant de l’année, le bétail du village d’All était autorisé à paître en ces
lieux. En outre, les hommes de Greixèr s’engageaient à ne pas clôturer leurs
17 Les observations développées dans ce paragraphe sont largement tributaires de la réflexion
engagée par l’ensemble des acteurs du PCR piloté par C. Rendu et intitulé Estivage et
structuration sociale d’un espace montagnard : la Cerdagne (2002-2003).
18 Les remarques ci-après sont le résultat d’un travail sur les textes et de plusieurs
conversations orales tenues avec C. Rendu sur le thème plus large des vacants.
19 J. Martí Sanjaume, Dietari …, op. cit., pp. 693-697.
244

ELISABETH BILLE
prés afin d’empêcher les troupeaux d’All de les traverser. Enfin, les prés
constituant “ l’ancienne devèse ” (la “ devesia antiqua”) demeuraient fermés
à la communauté d’All. Cette mise en perspective des données textuelles
autorise deux remarques. D’une part, l’accès à l’herbe de ces pâtures était
régi sur la base d’une alternance d’ouverture et de fermeture sur des terres
détenues sur un mode individuel. D’autre part, il convient de noter que ce
découpage calendaire émanait, à n’en point douter, d’un souci de complémentarité
entre un habitat de plaine entouré de grasses pâtures (All) et un
habitat de moyen versant (Greixèr).
Le second exemple que nous souhaitons présenter concerne un pré
situé à Ur. En 1265, Ramon de Vinça ouvrit cet herbage à la communauté du
bourg de Puigcerdà tout en assortissant ce droit de plusieurs réserves20. La
complexité de ce cas de figure s’explique non seulement par le nombre des
parties concernées (Ramon de Vinçà, les communautés de Puigcerdà et d’Ur)
mais aussi par l’imbrication des ressources tirées annuellement de cette terre.
Les enseignements de cette charte peuvent s’ordonner en trois points. 1)
L’ouverture du pré s’effectuait sur la base d’un cycle calendaire. De la Saint
Jacques de juillet aux calendes de mars, les habitants de Puigcerdà pouvaient
mener paître leurs troupeaux à une époque de l’année où l’étroitesse du
finage du bourg rendait cruciale la question de la dépaissance hivernale du
bétail. En revanche, les bêtes d’Ur étaient autorisées à entrer dans ce pré de
la Toussaint aux calendes de mars. 2) Plus que la nature juridique du sol,
c’étaient donc les pratiques agro-pastorales qui dictaient le statut de la
parcelle et, sur ce point, le rapport de force entre communautés s’avérait
prééminent. À tout le moins, les dispositions adoptées permettaient aux
Puigcerdanais d’utiliser le regain et les herbes sèches d’hiver, de parquer là
le bétail destiné à la foire d’automne et les bêtes de travail. A contrario, les
hommes d’Ur ne disposaient que des pâtures hivernales. 3) Enfin, ces
ouvertures limitaient mais n’excluaient en rien les droits de Ramon de Vinça.
Ce dernier pouvait laisser paître là toute l’année une paire de bœufs et
ramasser, à la Saint Jacques, les herbes de la première fauchaison.
L’analyse de ces exemples appelle deux remarques. Tout d’abord, elle
met en lumière un cycle calendaire d’activités instrumentalisé par l’appareil
juridique. La juxtaposition et la superposition des pratiques culturales sur
une même terre sont couchées à l’écrit par une série de clauses annexes qui
en fixent les contours et en explicitent les usages. Par ailleurs, ces modalités
d’utilisation se singularisent par leur capacité à se dérober aux catégories
20 J. Martí Sanjaume, Dietari …, op. cit., pp. 542-543.
245

LES VACANTS EN CERDAGNE …
consacrées par l’historiographie moderne telles la vaine pâture ou le droit de
parcours21.
Un espace modulable suivant les activités ou les
ressources
La diversité des pratiques agro-pastorales et leur insertion dans des
cycles saisonniers entraînaient des partages territoriaux entre différents utilisateurs.
Quelques exemples, étalés sur moins d’un siècle, permettent de
spécifier les profils variés pris par cette spatialisation des activités.
Le premier cas de figure concerne le port de Podes, une cuvette intramontagnarde
unissant la haute vallée de Saltèguet à celle de Toses en
Berguedà22. En 1177, Bernard d’Alp réitéra en faveur de l’abbaye de Santes
Creus l’ouverture de ces pâturages tout en assortissant ce droit de deux interdictions
: seuls les ovins pourraient paître en ces lieux cependant que le
bois de Torchovil demeurerait fermé aux religieux. Le second exemple
choisi se rapporte à un relief résiduel situé dans la partie médiane de la vallée
de Pí, le puig Richard23. L’ordonnancement des ouvertures et des fermetures
entre les habitants de Pí et ceux du bourg voisin de Bellver présentait un
caractère dédoublé. La partie occidentale du puig, c’est-à-dire le versant
tombant sur la rivière de Pí, était réservée aux troupeaux de Pí alors que le
bétail de Bellver pouvait paître sur les sommets mais était tenu de regagner
le bourg par le chemin de Nèfol. En revanche, il semble que les deux
communautés aient eu un droit de boisage en commun sur toute l’étendue du
puig.
L’imbrication des prérogatives villageoises semble un cran plus
complexe dans le troisième exemple choisi, à savoir les berges du torrent de
Riel sur la soulane de Ger24. En effet, la règlementation portée à l’écrit présentait
des facettes différenciées suivant la nature des parcelles. Tout
d’abord, nous avons précédemment noté que les prés de Greixèr étaient ouverts
une partie de l’année aux habitants d’All. Par contre, les alleux, sans
doute faut-il entendre par ce terme les terres céréalières, relevaient d’un
mode d’appropriation privé tout comme les jardins. Ces derniers firent, en
outre, l’objet d’une attention toute particulière. L’accord prévoyait en effet
21 L. Assier Andrieu, “ La communauté villageoise. Objet historique / enjeu théorique ”,
Ethnologie Française, 1986, t.4, pp. 351-360. M. Brunet, Les pouvoirs au village. Aspects de
la vie quotidienne en Roussillon au XVIIIe siècle, Perpignan, El Trabucaire, 1998.
22 F. Udina i Martorell, El Llibre Blanch de Santas Creus (cartulario del siglo XII)
Barcelone, Consejo Superior de investigations científicas, 1947, doc. n°196.
23 Martí Sanjaume, Dietari…, op. cit., Apendix documental pp. 745-750.
24 Martí Sanjaume, Dietari…, op. cit., Apendix documental pp. 693-697.
246

ELISABETH BILLE
qu’étaient fermés aux villageois d’All les jardins dans lesquels étaient cultivés
des choux ou d’autres légumes destinés à l’alimentation familiale. Enfin,
il était interdit aux hommes d’All de scier les arbres appartenant aux hommes
de Greixèr.
Pour finir, montons d’un cran sur le versant pour nous transporter sur
la soulane de Carol. En 1373, un accord intervint entre la communauté valléenne
de Carol et les hommes d’Enveig et des hameaux voisins au sujet du
droit d’accès dont disposaient ces derniers sur le Solà de Querol25 . Premier
point : les habitants de la montagne d’Enveig détenaient sur le versant un
droit de boisage mais pouvaient prendre dans la forêt du bac de Font Viva
seulement des fûts nécessaires aux constructions domestiques. Second point :
il leur était interdit d’introduire sur l’étendue du versant aucun bétail, gros
ou menu.
Un espace modulable au gré des déplacements des
hommes et des troupeaux
Nous l’avons déjà amplement souligné : le caractère saisonnier et
éminemment fluide de l’utilisation des ressources sylvo-pastorales occasionnait
des modes de définition fort souples des territoires. Ainsi, et à
l’encontre de toute velléité de simplification abusive sur la base du doublet
territoire-limites, le procédé de délimitation d’un espace en fonction des pas
des hommes et des troupeaux témoigne-t-il du caractère polymorphe des
identités et des constructions territoriales. Dans le cadre qui nous occupe,
trois textes suffisent à découper les profils de ces manières de
territorialisation.
En 1087, le comte Guillem de Cerdagne et l’abbaye de Ripoll enregistrèrent
les dispositions suivantes26. D’une part, le comte reconnaissait aux
religieux le droit de mener paître leurs ovins dans les sept vallées de Nùria.
D’autre part, une clause annexe explicitait de la manière suivante le trajet
que devaient suivre les troupeaux de l’abbaye dans les vallées situées à l’est
et au nord-est de celles de Nùria : “ maneatis in collo de Muntarell intrante
marcio usque exitum mai et de istud terminum in antea maneatis in coma
Armada de III dies usque in octo et de III dies usque ad octo in valle de
25 Arxiu Históric comarcal de Puigcerdà, Liber Extraneorum 1373-1374 (B. Blanch), F°23sq.
le texte a fait l’objet d’un commentaire partiel dans : C. Rendu, La montagne d’Enveig. Une
estive pyrénéenne dans la longue durée, Perpignan, Ed. Trabucaire, 2003, p. 44.
26 B. Alart, Cartulaire Roussillonnnais, Perpignan, Imprimerie Latrobe, 1886, doc. n°LXV.
B. Alart recopia une charte du XVe siècle conservée dans les archives de Perpignan sous la
côte H272.
247

LES VACANTS EN CERDAGNE …
Mata et maneatis in Colomera II dies vel III dies et ad portum de Caioles III
septimas et portum de Perdinis usque manere posse. ”.
En 1183 intervint un accord entre les abbayes cisterciennes de Poblet
et de Santes Creus au sujet des conditions de passage des troupeaux dans
leurs zones de pâture respectives27. Les frères et leur bétail étaient autorisés
à traverser les pâturages de l’abbaye concurrente à condition de ne pas y
stationner plus d’un jour et une nuit. Dans ce cas, l’espace ouvert était fixé
en fonction du temps de déplacement des troupeaux. En d’autres termes, il
n’était en rien borné matériellement.
Une logique similaire sous-tendait la délimitation de l’espace sur lequel
s’appliquait le droit de pernoctar28. À ce propos, une charte de 1257
concernant la vallée du Carol dit assez bien les enjeux de cette pratique29.
Les hommes de la vallée ne pouvaient mener paître leur bétail au-delà d’un
périmètre correspondant à un aller et retour journalier depuis leurs cortals.
Le temps de marche du troupeau servait donc de mesure à la fixation d’une
zone de dépaissance sur la montagne. En outre, le cortal fixait l’espace en ce
sens qu’il servait de base matérielle au calcul des trajets et de référent juridique.
Pour clore ce paragraphe il est de bon ton de nous remémorer ces vaches
de Villallobent venant, au XVIIIe siècle, brouter l’herbe sur la montagne
de Saltèguet30. Non intégrées dans le troupeau commun du village voisin
de Queixans cette année-là en raison de la rareté de l’herbe, elles montèrent
tout de même en estive. En quelque manière, “ l’insoumission prévisible ”
des vaches de Villallobent rend compte de la complexité des processus de
fixation territoriale, de la difficile équation entre réglementation et intériorisation
des parcours.
Entre règlements écrits et force des usages, entre imbrications des
pratiques et logiques juridiques, l’espace des textes peine à restituer ce qui
faisait la matière et la complexité de l’espace des pratiques. À ce sujet, deux
points méritent d’être soulignés. En premier lieu, il convient de noter que
l’espace vécu présentait un caractère multipolaire et non homogène, éclaté et
non géo-unitaire. À cet égard, on ne peut se contenter de lire “ la montagne ”
comme une juxtaposition et une superposition de territoires dûment attri-
27 F. Udina i Martorell, El Llibre Blanch de Santes Creu…, op. cit., doc. n°255.
28 C. Rendu, La montagne d’Enveig…, op. cit . L’auteur définit le pernoctar comme “ la
faculté de passer la nuit en un lieu déterminé.
29 Valls i Taberner, Privilegis i ordinacions de la vall de Querol, op. cit., doc. IV.
30 C. Rendu, “ Fouiller des cabanes de bergers : pour quoi faire ? ”, Études rurales, janvierjuin
2000, p. 151.
248

ELISABETH BILLE
bués. C’est dans une trajectoire inverse, en partant de ce qui fait son cœur, de
la diversité des calendriers et des pratiques, que se dévoile le mieux la
souplesse des modes d’appropriation et d’exploitations de ces ressources. En
outre, ces espaces se définissent à toutes les échelles : une estive ou une
forêt, une groupe de prés ou un seul pré… C’est là une manière de rappeler
que ces délimitations n’étaient en aucun cas signes d’un espace fixe, immobile.
Par-delà des cycles calendaires d’activités – très souvent perçus comme
immuables dans le temps31 – ce sont bien des espaces à architecture souple
articulés par des pratiques sans cesse redéfinies que donnent à voir les textes.
Ainsi, la spatialisation des activités ne s’entend-elle guère que par les clauses
annexes qui en explicitent les contours.
AUTOUR DES MODES D’APPROPRIATION DES TERRES ERMES
En guise d’articulations avec les paragraphes précédents, un certain
nombre de rappels s’imposent. Au premier chef, il semble essentiel de noter
que les procédés de délimitation mis en œuvre dans les chartes étaient la
résultante d’un rapport de force ponctuel, entre pouvoirs englobants et
communautés, entre communautés voisines ou plus éloignées. Sur ce point,
deux faits au moins paraissent acquis. D’une part, les communautés se définissaient
et se redéfinissaient au gré des modes d’exploitation des vacants32.
D’autre part, la capacité d’auto-organisation des sociétés locales ne faisait
point de doute et ce par delà les politiques territoriales33. En second lieu, le
statut juridique des zones sylvo-pastorales n’est pas sans poser problème. À
suivre le fameux article 72 des Usatges de Barcelone34, statut collectif des
vacants et droit d’usage des communautés fondaient le socle des modes
d’appropriations des terres ermes. En revenant aux textes, et à eux seuls, il
convient d’ouvrir le débat autour de quelques pistes.
Une première piste de réflexion réside dans l’analyse de la mise en
forme juridique des droits des communautés aux XIIIe et XIVe siècles.
31 C. Rendu, “ Fouiller des cabanes de bergers …”, op. cit., p152.
32 R. Viader, L’Andorre…op. cit., pp. 356-361. J.J. Larrea, “ Notas sobre los orígenes del
poblamiento del valle de Salazar (Navarra) ”, Villages pyrénéens. Morphogenèse d’un habitat
de montagne, Toulouse, PUM, 2001.
33 À titre de synthèse commode : B. Cursente, “ Introduction au thème… jeu de regard sur
l’organisation de l’espace rural ”, L’espace rural au Moyen Âge. Portugal, Espagne, France
(XIIe-XIVe siècle). Mélanges en l’honneur de Robert Durand, Rennes, PUR, Collection
“ Histoire ”.
34 “ L. Assier Andrieu, Le peuple et la loi. Anthropologie historique des droits paysans en
Catalogne, Paris, Librairie générale de Droit et de jurisprudence, 1987.
249

LES VACANTS EN CERDAGNE …
D’une question vaste et complexe, qui mériterait assurément de plus amples
développements, extrayons quelques jalons.
La charpente sur laquelle repose le cœur de la transaction seigneur /
communauté s’isole assez facilement. Un seigneur concédait à une communauté
la capacité d’utiliser les ressources d’une forêt, d’une estive ou de
toute autre étendue inculte ou herbagée soit, pour reprendre les termes des
textes, l’usum, l’ademprivium voire le servicium35 . À ce stade du discours, il
convient de signaler dans quel contexte juridique s’effectua la rédaction de
ces chartes. Avec le renouveau du droit romain, perceptible dans le courant
du XIIe siècle, s’imposa chez les juristes des chancelleries et des officines
notariales la figure du double domaine : au seigneur le domaine éminent (le
sol), aux communautés le domaine utile (l’usage des ressources)36. Dans ces
circonstances, la lecture des conditions juridiques d’accès aux vacants se
trouva verrouillée par cette normalisation et ce d’une double façon. D’une
part, les communautés ne paraissent disposer de la maîtrise des zones sylvopastorales
qu’en vertu d’une concession seigneuriale, au terme d’une lutte
plus ou moins âpre37. D’autre part, le discours historique se trouve cadenassé
autour de l’idée que les communautés n’auraient qu’un droit d’usage, certes
immémorial, sur ces vacants.
Au demeurant, il apparaît assez nettement que l’objectif des chartes
était non point d’exprimer un droit général sur le sol mais de régler une situation
particulière. À ce sujet, le cas de la forêt de Campcardós peut aisément
servir de guide. En 1243, le roi de Majorque concéda aux habitants de
Carol, Cortvassil et Quers, trois hameaux de la partie médiane de la vallée du
Carol, le droit d’utiliser le bois, l’herbe, l’eau et la terre de cette forêt38. La
teneur de la transaction s’apparentait donc à la concession d’un droit d’usage
par le seigneur, en l’occurrence ici le souverain. Toutefois, admettre que
cette forêt était auparavant fermée à ces villageois tiendrait pour le moins de
l’inconséquence. Dès lors, quels pouvaient être les enjeux de la rédaction de
cette charte ? À n’en point douter, ils se logeaient dans les clauses annexes
accompagnant la cession. Tout d’abord ces trois hameaux s’engageaient à
verser 110 sous de Melgueil au souverain à titre d’abonnement annuel. En
35 Valls i Taberner, Privilegis i ordinacions de la vall de Querol, doc. V (1308) et doc. VI
(1313).
36 R. Viader, “ Remarques sur la tenure et le statut des tenanciers dans la Catalogne du XIe au
XIIIe siècle ”, Annales du Midi, 1995, p. 151.
37 R. Viader, L’Andorre…op. cit. M. Bourin, “ Les droits d’usage et la gestion de l’inculte en
France méridionale : un terrain de comparaison avant la Peste ”, L’espace rural au Moyen
Âge…, op. cit.
38 Valls i Taberner, Privilegis i ordinacions de la vall de Querol, doc. II.
250

ELISABETH BILLE
outre, le texte prévoyait que la tasque devrait être versée pour toute terre
mise en culture dans la forêt.
Au demeurant, cette première fêlure esquissée dans l’exclusive interprétation
des prérogatives des communautés sur les forêts, les eaux et les
pâtures en terme de partition des droits ne vaut pas pour elle-même. Elle
ouvre de nouvelles perspectives dans l’analyse des registres juridiques liés à
la spatialisation des droits et des pratiques. Nous l’avons déjà amplement
suggéré : il convient de ne point considérer les espaces sylvo-pastoraux
comme un bloc juridique monolithe. Les cortals, ces unités d’habitat
temporaire plantées sur la partie intermédiaire des versants, illustrent parfaitement
l’entrecroisement des champs juridiques sur un même espace.
Donnés, vendus, échangés, ils relevaient de la propriété privée. Dans les
règlements communautaires ils légitimaient l’accès à l’espace commun. En
bout de course, le discours rebondit sur la définition, ô combien délicate, des
“ droits des communautés ”. Couchés sur papier, ils se présentent clairement
sous la forme d’une déclinaison de capacités d’utilisation ou d’interdits face
à un droit général d’emprise qui peine à être explicité. Un exemple daté de
l’extrême fin du XIIIe siècle et consignant les accords passés entre les
communautés de Puigcerdà et de la vallée du Carol au sujet du port du
Puymorens, peut suffire à en convaincre39. Les deux parties exerçaient en
commun droit de pâture et droit de construire des cortals et des iagudas pour
leur bétail. Toutefois, deux clauses réservaient aux Carolins une forme
d’exclusivité sur cet espace. D’une part, ils disposaient de la soulane du col
du Puymorens à titre de devèse. D’autre part, ils se réservaient l’exclusif
usage de l’herbe durant quinze jours après la fauchaison, le bétail de
Puigcerdà étant interdit de sortir des iagudas et de traverser les pâturages.
Au demeurant, les quelques fils tirés intiment à la prudence à l’heure
d’analyser les modes d’expression juridiques noués autour des vacants. La
souplesse des dispositions énoncées dans les chartes invite en effet à mesurer,
au cas par cas, les écarts perceptibles entre les paroles du droit et les
rapports sociaux et spatiaux dont elles cherchent à rendre compte. En outre,
il importe de souligner que ces chartes ne livrent en aucun cas un discours
constitué sur le statut juridique de l’inculte mais enregistrent une batterie
d’ouvertures ou de fermetures, individuelles ou collectives.
À titre de conclusion, deux remarques s’imposent. Tout d’abord, il
importe d’insister sur les mécanismes articulant le discours sur la spatialisation
des droits et des pratiques des communautés. Le cœur des réglementations,
contenu dans les clauses annexes, se décline en une gamme de capa-
39 S. Galceran Vigue, “ Els privilegis de la vila de Puigcerdà. El Llibre Verd i el seu trasllat ”,
Urgellia 1, doc. n°23.
251

LES VACANTS EN CERDAGNE …
cités d’utilisation participant d’un droit général qui reste dans l’opacité la
plus totale. Ainsi, et à un second niveau de lecture, les ouvertures et les fermetures
dessinent-t-elles, en contrepoint, les contours des usages de la ou
des communauté(s) voisines. En conséquence, il importe de dire, et de
redire, que l’espace des textes n’est en aucun cas la transcription fidèle de
l’espace des pratiques40 mais le reflet de jeux de pouvoir à différentes
échelles. En ce sens, il n’est pas de neutralité avouée. Chaque charte s’inscrit
en effet dans un champ de stratégies individuelles ou collectives. Baliser
l’espace en le couchant par écrit revenait donc à en spécifier les contours
pour mieux en contrôler l’accès.
40 Les travaux menés par P. Chastang, dans une approche différente de la nôtre, sur les
cartulaires languedociens, ont également mis en évidence ce point. P. Chastang, Lire, écrire,
transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en bas Languedoc (XIe-XIIIe siècles),
Paris, Éditions du CTHS, 2001.
252

LES FORÊTS ET LEURS USAGES

LA FORÊT AU MOYEN ÂGE : ENJEUX, GESTION
ET MUTATION D’UN ESPACE MENACÉ.
Les forêts nord-catalanes du XII e au XIV e siècle.
Véronique IZARD*
Considérée comme unité du paysage agraire aux côtés de l’ager et du
saltus, la silva est un espace constant des études d’histoire rurale au Moyen
Âge. Les grandes phases de défrichement, la réduction des espaces boisés, la
mise en valeur et la fluctuation des terroirs ont bien été identifiés par les
médiévistes, cependant la forêt a fréquemment été représentée comme un
espace « figé ». Elle a essentiellement été considérée comme une entité économique
et juridique, une propriété foncière grevée de droits d’usage, un
espace de conflits que l’on essarte ou que l’on défriche pour étendre les terres
de culture ou les zones de pacage. Éloignés des problématiques biogéographiques
et paléo-environnementales, les historiens ont occulté les informations
écologiques des sources et n’ont jamais abordé ces milieux comme
des formations végétales dont la nature et la situation ont déterminé les formes
d’utilisation et par conséquent les modes d’évolution. En 1975, dans
l’introduction à l’ « Histoire de la France rurale », George Bertrand, géographe,
déplore l’absence de « dimension écologique » donnée à l’histoire des
paysages ruraux1. À la fois réalité biologique et produit social, l’espace
agraire et la silva, qui le compose, loin d’être momifiés, sont en constante
évolution.
La richesse des sources qui caractérise les pays catalans a permis aux
médiévistes de réaliser de remarquables études ; on leur doit des concepts
importants, comme celui de « montagne refuge », monde « plein », surpeuplé
dès la fin du haut Moyen Âge2. Cette densité précoce de population implique
nécessairement des conséquences notables sur l’environnement. Les travaux
* GEODE, Université de Toulouse-Le Mirail.
1 C. et G. Bertrand, « Pour une histoire écologique de la France rurale », G. Duby et A.
Wallon, sous la direction de, Histoire de la France Rurale, t. 1, La formation des campagnes
françaises des origines à 1340, Paris, Le Seuil, 1975, 34-116.
2 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du Xe à la fin du XIe siècle : croissance et mutation
d’une société, t. 1 et 2, Toulouse, Publications de l’Université de Toulouse-Le Mirail, 1975.
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 255 - 287 255

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
de Pierre Bonnassie pour les Xe-XIe siècles, ou de Pierre Vilar pour la
période XVIe-XVIIIe siècles3, suggéraient bien des pistes de recherche, mais
elles n’ont pas été suivies d’effets et les informations écologiques n’ont
toujours pas retenu l’attention.
Si les historiens, en marge des préoccupations environnementales, ont
ignoré ou n’ont pas exploité les données bio-géographiques des textes, les
géographes quant à eux, non spécialistes des écrits anciens et confortés par la
thèse de l’indigence des sources forestières médiévales, ne se sont pas
immiscé dans un domaine qu’il faut reconnaître hasardeux et incertain. Les
archives antérieures au XVIIe siècle sont avares d’informations écologiques ;
les historiens eux-mêmes s’accordent à reconnaître la faiblesse des écrits.
Les informations sont disparates, peu éloquentes et difficiles à interpréter. La
recherche passe nécessairement par le dépouillement d’une masse de
documents aussi nombreux que divers. Responsable de la méconnaissance
des milieux forestiers au Moyen Âge, ce postulat, qu’il faut en partie
admettre, mérite cependant d’être quelque peu révisé4. Le nouveau regard
porté aux sources écrites, la relecture des textes révèlent le fondement de
l’approche historique pour toute étude des relations entre communautés et
milieux.
Il faut attendre les années 1990 pour que l’intérêt accordé aux rapports
multiformes qui s’établissent entre les sociétés féodales, l’habitat, les terroirs
et les systèmes de culture mis en place, tisse progressivement la trame des
premiers travaux transdisciplinaires sur les processus d’anthropisation des
milieux. Dans le cadre de problématiques spécifiques, M. Arnoux pour
l’espace normand, ou A. Durand pour le Bas-Languedoc5, se sont intéressés
aux espaces forestiers et aux relations qu’entretiennent les communautés
usagères – domestiques ou industrielles – avec leur milieu. Les résultats
acquis bouleversent la position de principe selon laquelle l’histoire de
l’environnement pour les périodes anciennes est piégée par les sources
écrites. L’approche à la fois historique et naturaliste des forêts, démarche à
3 P. Bonnassie, La Catalogne du milieu du Xe…, op. cit. ; P. Vilar, La Catalogne dans
l’Espagne moderne, Paris, SEVPEN, 1962.
4 V. Izard, Les montagnes du fer. Éco-histoire de la métallurgie et des forêts dans les
Pyrénées méditerranéennes (de l’Antiquité à nos jours), Thèse, Université de Toulouse II,
Toulouse, 1999, t. 1, 48-54 ; à paraître sous le titre : La forêt, le fer et les hommes. 2000 ans
d’histoire de l’environnement dans les Pyrénées méditerranéennes, Perpignan, éd.
Trabucaire.
5 M. Arnoux, « Forges et forêts au Moyen Âge : l’exemple normand », D. Woronoff (dir.),
Forges et Forêts, Recherches sur la consommation proto-industrielle de bois, E.H.E.S.S.,
Paris, 1990, 213-218 ; A. Durand, Les paysages médiévaux du Languedoc (Xe-XIIe siècle),
Presses Universitaire du Mirail, coll. Tempus, Toulouse, 2003, 491.
256

VÉRONIQUE IZARD
l’interface des sciences de la nature et des sciences de l’homme, permet
d’aborder correctement les problèmes posés par les relations complexes qui
unissent les sociétés médiévales et leur environnement.
Une démarche globale intégrant à la fois l’histoire, la bioarchéologie,
la biogéographie et l’écologie, soutenue par les acquis palynologiques, est à
l’origine des résultats qui vont suivre. Confrontées, comparées, croisées aux
« archives naturelles »6, les archives écrites se nourrissent, s’enrichissent et
s’affichent comme sources fondamentales pour toute étude palé-environnementale.
Les facteurs et les principaux acteurs de la construction des paysages,
la mise en place des terroirs, les dynamiques forestières éphémères ou
durables induites, émergent ainsi de l’analyse croisée des données.
L’histoire des forêts dans les Pyrénées méditerranéennes à la fin du
Moyen Âge (Xe-XVe siècles) s’inscrit dans le cadre d’une problématique de
recherche plus générale, centrée sur l’histoire de l’environnement, sur la
longue durée historique7. Durant la période médiévale, caractérisée par de
profonds changements socio-économiques, la forêt est une ressource indispensable
à la vie des communautés. La représentation de cet espace, sa dimension
sociale et ses fonctions conditionnent ses évolutions. Nous verrons
que la perception des milieux forestiers se modifie progressivement, alors
que les enjeux qui se multiplient autour, exigent la mise en place précoce
d’une réglementation forestière et d’une organisation des prélèvements. Les
premiers signes de gestion de l’espace sont tangibles à travers notamment le
développement de la métallurgie, proto-industrie qui, dans les Pyrénées de
l’est, est largement responsable d’une codification des usages et d’un cantonnement
des pratiques. La gestion des forêts s’organise autour d’un souci
de mise en valeur des ressources boisées et d’une nécessité de répondre à la
croissance des besoins. Rapidement pourtant, cette politique ne suffit pas à
maintenir l’équilibre entre ressources, besoins communautaires et besoins
industriels. La croissance des exploitations, les coupes abusives et frauduleuses
engendrent la réduction conséquente des surfaces boisées. La diminution
progressive des ressources s’accompagne d’une multiplication de
conflits et impose la mise en place d’une politique conservatoire avec
l’établissement de mise en défens et un durcissement des règles
d’exploitations.
6 Il s’agit des résultats fournis par les études naturalistes telles que la palynologie, centrée sur
l’analyse des assemblages polliniques et l’archéo-botanique qui s’intéresse aux bois
carbonisés découverts dans différents contextes (sites d’habitat, charbonnières…).
7 V. Izard, Les montagnes du fer…, op. cit.
257

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
DIMENSION SOCIALE ET FONCTION DES ESPACES
FORESTIERS AU MOYEN ÂGE
En Catalogne, les phases de croissance démographique qui marquent
la fin des temps carolingiens et les XIIe-XIIIe siècles, impliquent une accélération
des défrichements et une augmentation des besoins qui affectent directement
le devenir des forêts. Dans la vie des communautés du Moyen
Âge, la silva joue un rôle fondamental. Inutile de s’attarder sur la place
qu’occupent ces espaces, Georges Duby8 et bien d’autres ont souligné
l’importance de ces ressources pour les sociétés médiévales. Rappeler simplement
la nécessité vitale des forêts permet de mieux comprendre, de mieux
apprécier les enjeux qui naissent autour des milieux boisés, et le contexte
dans lequel se met progressivement en place la politique forestière.
Source de revenus pour les uns, moyens de subsistance pour les autres,
la forêt répond à de multiples usages. Outre la récolte de bois de feu
destiné aux besoins domestiques et au chauffage, les paysans récoltent des
feuilles et de l’herbe pour l’alimentation et le paillage des troupeaux, des
racines, des plantes aux multiples vertus et des fruits, compléments indispensables
à leur alimentation. Les peuplements de châtaigniers et de noyers
sont d’ailleurs au sein des chartes de ventes et de donations, fréquemment
individualisés parmi les espaces boisés que l’on cède ou que l’on vend. La
glandée représente peut-être la forêt usagère la plus lucrative, habituellement
réservée au pacage des porcs. Des écorces de chêne et des bois de résineux
on extrait le tanin, la poix et le goudron. Au-delà de la cueillette, on chasse
en forêt toute sorte de gibier, sangliers, cervidés, lapins, perdrix et autres
oiseaux.
Mais la forêt est aussi un espace de transition qui offre aux troupeaux
des abris lors des intempéries et surtout de vastes zones de pacage. C’est elle
qui fournit les terres que l’on essarte ou que l’on défriche. Elle procure le
bois d’œuvre, le menu bois et le charbon destiné aux nombreuses activités
artisanales et proto-industrielles. La sidérurgie et les activités qui en dépendent
sont d’ailleurs de gros consommateurs de bois. Outre les besoins en
combustible pour les forges de réduction, les petits ateliers de transformation
qui se multiplient et se spécialisent à cette époque au même titre que
l’exploitation minière, augmentent plus encore les besoins. La forêt, de plus
en plus convoitée, va voir son équilibre peu à peu menacé.
Ressource indispensable, le bois est considéré comme une matière indéfiniment
renouvelable et la silva apparaît de fait comme un espace inépui-
8 G. Duby, L’économie rurale et la vie des campagnes dans l’occident médiéval, Paris, 1977,
283.
258

VÉRONIQUE IZARD
sable. Si cette considération de l’espace forestier a eu sens au cours du
Moyen Âge médian, il semble qu’elle ne trouve plus le même fondement au
lendemain de l’an mil. Dans le contexte de croissance économique et démographique,
la diminution des surfaces boisées et les intérêts croissants envers
ces ressources, alertent les autorités en place. Contrôler l’exploitation,
cantonner et encadrer les pratiques, devient une préoccupation fondamentale
qui, loin de s’inscrire dans une simple logique de situation, apparaît comme
le fruit d’une longue maturation.
DES PREMIERS SIGNES DE GESTION AU CANTONNEMENT
DES PRATIQUES
Caractérisées par une anthropisation précoce et forte, les Pyrénées de
l’est ont connu une activité sidérurgique ancienne et importante. Cette protoindustrie
s’inscrit depuis l’Antiquité comme un des facteurs primordiaux
dans le fonctionnement du système agro-sylvo-pastoral qui a façonné les
paysages depuis le Néolithique9. Apprécier le poids des activités liées à la
sidérurgie permet de comprendre et d’interpréter les premiers signes de gestion
des espaces forestiers. C’est en effet à travers les sources écrites liées au
développement de la métallurgie du fer qu’une première organisation des
prélèvements est perceptible.
Alors qu’il est pratiqué depuis plus d’un millénaire, le charbonnage
des forêts à des fins « industrielles » n’est pas évoqué avant le milieu du XIIe
siècle. Étant considéré comme une activité traditionnelle, on peut penser
qu’il ne suscite aucun recours à l’écrit. Or, c’est au cours de la phase
d’expansion socio-économique, période où se multiplient les usages et où se
diversifient les pratiques, que l’industrie charbonnière émerge des documents.
Les premières mentions sont peu explicites mais laissent néanmoins
percevoir une certaine organisation des exploitations forestières pour la
métallurgie, dictée par les autorités laïques ou ecclésiastiques. Si parfois les
hommes des communautés conservent des droits illimités sur certaines forêts,
l’exploitation des bois pour les forges apparaît cantonnée, alors que
l’emploi du charbon, au sein de quelques établissements, fait l’objet de restrictions
évidentes.
En 1183, Alphonse Ier, roi d’Aragon, cède au monastère de Saint-
Pierre de Camprodon les forges de Py et leurs dépendances, en l’occurrence
les bois situés sur le dit territoire. L’acte de concession précise les limites de
l’espace concédé et détermine les droits d’usage sur les forêts. Il est clairement
stipulé qu’aucun bois ne pourra être vendu et qu’aucune autre forge ne
9 V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit.
259

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
pourra être édifiée sans le consentement de l’abbé de Camprodon. Seules les
forges déjà existantes et les hommes des communautés bénéficiant d’anciens
droits d’usage conservent leurs privilèges10. L’exclusion des autres,
l’interdiction de toute exploitation commerciale et de toute concurrence
industrielle met en évidence la priorité accordée à « l’industrie charbonnière
» et ce même si les habitants des lieux restent autorisés à puiser leurs
ressources au sein de l’espace défini. Ces mesures révèlent non seulement
l’intérêt porté aux ateliers métallurgiques en place, mais le souci d’écarter
tout préjudice à leur activité. De telles dispositions s’imposent face à
l’inquiétude de manquer de combustible, situation qui nuirait nécessairement
à l’activité des manticas11 existantes et affecterait directement les revenus de
l’abbaye.
La mise en réserve prouve par ailleurs qu’un espace forestier, strictement
délimité, est en partie affecté à l’affouage de ces ateliers. Édicté dans
tous les actes de concession des moulines hydrauliques du XIVe siècle, ce
fait apparaît, à la fin du XIIe siècle, comme une mesure nouvelle. Les petits
ateliers du Haut Moyen Âge semblent en effet s’approvisionner au gré des
ressources offertes par les forêts sans répondre visiblement à une quelconque
organisation. Pour preuve, la multitude de vestiges de forges recensés dans
des secteurs tout à fait surprenants – voire hostiles à toute activité humaine –
et dépourvus de filons métallifères12. Visiblement, les dispositions édictées
autour des manticas de Py sont l’expression d’un changement des modes
d’approvisionnement des ateliers proto-industriels, à savoir une aire
délimitée et réservée, témoin des premiers signes de gestion des forêts au
service des forges.
Un autre document, daté de 1168, prouve le cantonnement des exploitations
à des fins métallurgiques et met en exergue l’utilisation spécifique
des charbons de bois au sein de l’atelier sidérurgique. La convention
signée entre l’abbé d’Arles et Bertrand de Buada détermine les droits et fixe
les redevances perçues par ce dernier sur le fief de Coustouges. Il est reconnu
qu’il recevra du manse de Boscherons, dépendant du fief, « autant de
charbons qui seront nécessaires à la fabrication des outils de fer, excepté
ceux des tailleurs de pierre ». Une telle restriction laisse imaginer que le
10 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 138.
11 Manticas est le nom utilisé dans le document du XIIe siècle pour désigner les ateliers
sidérurgiques implantés sur le territoire de Py ; ateliers dont on a encore beaucoup de mal à
apprécier la fonction – forge de réduction du minerai et/ou forge de transformation du fer – et
pour lesquels on ne dispose d’aucune description technique.
12 Pour ne citer qu’un exemple, des ferriers de « forges itinérantes » se retrouvent à plus de
1900 mètres d’altitude dans la haute vallée de Mantet ; cf. V. Izard, Les montagnes du fer…
op. cit., 143-164.
260

VÉRONIQUE IZARD
charbon de bois est déjà considéré comme une matière qu’il importe
d’économiser et de réserver à des besoins spécifiques, en l’occurrence à la
confection d’outils indispensables aux travaux du manse de Buada13.
Contrairement à l’outillage agraire, les instruments des carriers, des
mineurs ou des sculpteurs subissent une usure importante et rapide. Ces
activités artisanales, en pleine expansion durant cette période du Moyen
Âge, exigent un renouvellement fréquent, ou tout au moins un entretien régulier
des ustensiles. La fabrication ou la réparation de tels outils à la forge
se solderait donc par une consommation plus grande en charbon, impliquant
un prélèvement charbonnier plus important. Or, parmi le nombreux mas qui
composent le fief de Coustouges, seul celui de Boscherons est tenu
d’approvisionner la fabrega en combustible. Un surprelèvement charbonnier
entraînerait donc une dégradation plus précoce de la forêt, préjudiciable à
terme au fonctionnement de la forge.
On voit clairement que dans la gestion de l’espace qui se met progressivement
en place, le charbon de bois est considéré comme un produit de la
forêt et comme une matière relativement précieuse au point de voir son utilisation
réglementée. Autre fait acquis : les forêts dépendantes du manse de
Boscherons ont bien une vocation spécifique, essentiellement « industrielle
».
Le même document nous apprend par ailleurs qu’à côté des forêts réservées
aux charbonniers, le bois de Roirus, qui n’est autre qu’une glandée,
est mis en réserve pour le pacage des troupeaux. L’abbé d’Arles exige que
cette forêt soit « bien gardée afin que les porcs du monastère et ceux du
manse de Buada puissent y paître ». La protection de la chênaie passe sans
aucun doute par l’exclusion de certaines pratiques et requiert visiblement la
nomination de gardes.
Ces exemples traduisent une nouvelle attitude à l’égard des forêts. Les
mises en réserve et les restrictions édictées sont définies à partir de la
fonction socio-économique affectée à chaque espace forestier. Se dessine
ainsi peu à peu une mosaïque de sylvo-faciès répondant à des besoins
communautaires spécifiques.
La précocité de l’élaboration d’une règlementation trouve son fondement
au moment où la croissance économique et démographique orchestre
des pressions plus grandes sur les forêts14. Il ne s’agit pas à ce moment là de
13 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 79.
14 Dans les massifs voisins ariégeois, l’émergence d’une réglementation des usages sur les
bois n’est en effet tangible qu’à la fin du XIIIe siècle ; C. Verna, Le temps des moulines. Le
fer et son exploitation du Comté de Foix à la Vicomté de Béarn (fin du XIIe siècle-fin du XVe
siècle), Thèse, Université de Paris I, 1994, p. 137 et suiv.
261

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
mesures conservatoires, ou de protection à proprement parler des milieux
boisés, mais plus justement d’une rationalisation des exploitations. La nature
et la situation géographique des peuplements forestiers conditionnent dès le
XIIe siècle les modes et les formes de prélèvements. Si on a bien ici les
premiers témoignages écrits des prémices d’une sylviculture des espaces
boisés, au cours des siècles suivants, et notamment au XIVe siècle, le cantonnement
des droits d’usage, la gestion et la conservation des forêts ne font
plus aucun doute. Les prélèvements sont strictement organisés et gérés dans
un but de mise en valeur des ressources. Aux préoccupations de valorisation,
succède rapidement le souci de préservation des milieux forestiers progressivement
réduits, dégradés, voire parfois ruinés.
D’UNE CIRCONSCRIPTION DES PRATIQUES À UNE RÉELLE
POLITIQUE DE GESTION ET DE VALORISATION DES MILIEUX
Au début du XIVe siècle, les pressions continues sur les forêts n’ont
pas rompu l’équilibre entre ressources et besoins. Les sources écrites prouvent
que les espaces boisés constituent encore d’importants massifs. Les plus
vastes peuplements forestiers semblent cependant se cantonner principalement
au cœur des vallées profondes, dans des secteurs éloignés des villages,
dans des zones assez hostiles, élevées ou difficilement accessibles aux
hommes et aux troupeaux.
Une des préoccupations fondamentales du roi et des clercs, propriétaires
fonciers, va être de rentabiliser ces espaces et de s’assurer des revenus
sur toutes matières prélevées. Les différents usages sont alors énumérés dans
les chartes de manière beaucoup plus précise qu’ils ne l’étaient auparavant.
Chaque forêt, en fonction de sa localisation et de sa composition floristique,
est soumise à l’exercice de pratiques bien définies, répondant à des besoins
communautaires ou industriels spécifiques. À côté des bois exploités par les
communautés usagères, les milieux forestiers se partagent entre : « forêts
industrielles », « forêts pâturées » et « mises en réserves royales »15.
- Les « forêts industrielles »
Dans certaines vallées montagnardes, il n’y a d’autre moyen de tirer
profit des ressources forestières que de les soumettre à une exploitation industrielle.
Les versants escarpés et les torrents d’altitude interdisent la production
de bois marchand dont l’évacuation au moyen de bœufs ou par flottage
aurait permis l’approvisionnement des marchés urbains de la plaine.
L’absence de voie de vidange et l’éloignement des zones d’habitat ne desti-
15 Cf. graphique : Modélisation de la gestion des espaces forestiers.
262

VÉRONIQUE IZARD
nent pas ces lieux aux prélèvements domestiques. Seuls les troupeaux transhumants
utilisent ces espaces comme zones de parcours et de pacage, mais
les bénéfices retirés sont bien moindres au regard de ceux qu’ils peuvent
procurer. La forge et la scierie apparaissent alors comme un moyen de valorisation
des forêts. Sous l’autorité du souverain ou des clercs, de puissants
aristocrates se voient accorder le droit d’élever molines et molis serradors et
d’exploiter les bois domaniaux ou possédés en indivis16. La répartition géographique
des forges et scieries au XIVe siècle met clairement en évidence
ce rapport entre forêts enclavées ou difficilement accessibles et implantation
des usines17.
L’établissement des forges et moulins à scier est contrôlé, et les prélèvements
sont strictement encadrés. On retrouve, comme dans les documents
du XIIe siècle, ce souci d’éviter la concurrence entre les ateliers ;
concurrence responsable d’un surprélèvement forestier qui à terme conduit à
une sous ou non production des forges. On interdit donc l’implantation de
moulines dans les limites du territoire concédé à un – voire deux – établissements
de même type. Dans l’acte de concession des deux moulines de
Saint-Guillem de Combret, l’édification de tout nouvel atelier sidérurgique
est prohibée18.
Si le procureur ne permet aucune édification de forge, il va cependant
autoriser qu’une scierie s’élève à proximité. Conscient des différentes exigences
en matière forestière entre une forge, grosse consommatrice de charbon
de bois, et une scierie, exigeante pour la qualité du bois d’œuvre, le
souverain va scrupuleusement organiser les prélèvements entre les différents
ateliers afin de tirer profit de tous les bois exploités. C’est ainsi que l’on voit
fréquemment s’élever sur les torrents des vallées forestières, une forge et une
scierie à proximité19.
16 Sur l’aristocratie minière et métallurgique se reporter à : V. Izard, « La ‘Révolution
industrielle’ du XIVe siècle. Pouvoirs, enjeux, gestion et conflits autour d’un patrimoine
minier, sidérurgique et forestier convoité (Pyrénées catalanes, France) », DOMITIA, n° 2,
CRISM, Université de Perpignan, 2002, 43-62.
17 Cf. infra., carte des « Molines et molis serradors au XIVe siècle ». La carte fait état des
connaissances actuelles. Le prolongement de la recherche révèlera très certainement
l’existence d’ateliers pour l’heure non identifiés.
18 « … lo dit P. de Bardoyl atorgua al dit R. Rog que en lo dit bosch lo dit senyor rey o altre
per el no pusquen donar licencia ad altre de fer fer molina sino tant solament aquestes dos
molines atorgades al dit R. Rog… », transcription in : V. Izard, Les montagnes du fer …
op. cit., tome II, 119-120.
19 C’est le cas dans les vallées de Prats de Mollo, à la Coma de Lancer et dans le bois de
Saint Guillem de Combret ; ou bien en Conflent, sur les territoires de Formiguères,
Villefranche, dans les vallées de la Carança, Conat ou encore Valmanya.
263

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
L’association forge/scierie est dictée par un réel souci de rationalisation
des exploitations. Pour ces forêts, répondant à la fois à la production de
bois d’œuvre et à la fabrication de combustible, les droits d’usage sont précisément
définis. Au sein des forêts qui leur sont allouées, les maîtres de
forges ne disposent pas de l’intégralité des bois. L’exploitation est réglementée
en fonction de la situation et de la nature des peuplements. Dans
l’acte de concession de la forge de Lancer (vallée de Prats-de-Mollo), il est
stipulé que les charbonniers affectés à l’établissement peuvent couper et
charbonner « … ad us de la molina dels aybres dels boschs que son en les
dites comes – la coma d’apelada Ylalongua e la coma apelada Lancer –
exceptatz avetz vertz e bes vertz et adero e freixa dels quals no deguen penre
ni taylar … »20. Il est précisé que seuls les sapins indispensables à la
construction de la forge, des bâtiments annexes et des maisons d’habitation
pourront être exploités21.
La mise en défens de certaines essences, disposition que l’on retrouve
dans plusieurs actes de concession de molina de fer, répond à une seule préoccupation
: réserver le sapin et autre bois de charpente aux besoins des
scieries qui s’élèvent à proximité. Dans l’acte autorisant l’édification de la
molina de Formiguères en Capcir, les bois exclus du charbonnage ne sont
pas nominativement désignés, mais il est écrit que tout ceux qui sont bo
(bons) pour le moli serrador, pour faire des poutres et des poutrelles, ne
devront pas être réduits en charbon. Il est énoncé par ailleurs que le rebut de
la scierie, c’est-à-dire branches et simalada, sera destiné à la forge et assurera
un complément de charbon afin que cette dernière ne chôme par défaillance
de combustible22.
Au sein de ces forêts identifiées comme « forêts industrielles », tout
est mis en œuvre pour pallier à une mauvaise gestion des bois, assurer une
rentabilité maximum ou encore limiter les coûts de transport et de production.
Afin d’éviter de grever les usines de frais conséquents liés à l’approvisionnement
en combustible ou en bois, le roi laisse aux concessionnaires le
choix du lieu de l’implantation de l’atelier. Il est généralement convenu que
la forge – ou la scierie – sera édifiée dans telle vallée ou au sein de tel espace
forestier, mais à l’endroit qui paraîtra le plus propice. Les contrats mention
20 Les charbonniers peuvent couper et charbonner les bois dans les combes (vallées)
d’Ylalonga et de Lancer, à l’exception des sapins verts, des bouleaux verts, des adero et des
frênes ; transcription in : V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome II, 117.
21 « … salvant que pusquen penre dels avets ad ops de cobrir les cases que faran per la dita
molina e ad us daquela e no altrament … » ; ibid.
22 Ibid., tome II, 122-123.
264

VÉRONIQUE IZARD
265

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
nent également que les – ou le – concessionnaires sont autorisés à déplacer
l’atelier en fonction des disponibilités des ressources forestières, et ce sans
paiement d’une quelconque redevance. Lorsque la mutation de l’établissement
n’est pas prévue dans le contrat, il est parfois convenu que lorsque
la forêt affectée à la forge sera ruinée, les fermiers pourront s’approvisionner
dans d’autres bois, mêmes privés. Dans ces conditions, la redevance
imposée sur le moulin restera due au souverain mais les acaptadors
(concessionnaires) ne seront plus tenus de régler la taxe en fer habituellement
exigée23.
Le souci de gestion se manifeste par ailleurs à travers la limitation du
nombre de feux ou de scies. Le roi autorise l’établissement d’une forge en
prenant soin de préciser le nombre de foyers dont elle sera équipée. Les deux
moulines de Saint-Guillem de Combret seront chacune d’un foch, alors que
la molina de Formiguères pourra être d’un foch o de dos, a volentat des
futurs copropriétaires. Les fermiers de la scierie de Formiguera, pourront
quant à eux l’équiper d’una serra o … dos24. Imposer le nombre de forges au
sein d’un espace forestier à exploiter et de foyers pour chaque établissement,
tout comme le nombre de scieries et de scies qui les équipent montre, qu’audelà
d’un contrôle de la production, les autorités ont une certaine appréciation
des potentialités des forêts. Le chômage d’un atelier occasionné
par le défaut de charbon ou de bois serait certes dommageable pour les pétitionnaires,
mais il se solderait nécessairement par l’interruption du paiement
des redevances dues au royaume.
Ces exemples illustrent clairement tout l’intérêt et la stratégie de la
politique d’autorisation des établissements industriels au XIVe siècle. Une
réelle gestion des ressources forestières et les prémices d’une sylviculture se
mettent en place au sein des espaces réservés à la production des forges et à
la fourniture de bois d’œuvre.
- Les « forêts communautaires »
À côté des forêts exploitées à des fins « industrielles », certains boisements
répondent principalement aux besoins communautaires. Les prélèvements
à des fins domestiques semblent s’exercer sur les espaces les moins
éloignés des zones habitées. Les forêts sont soumises à une exploitation
sylvo-pastorale traditionnelle et les hommes y puisent les bois et toutes autres
ressources indispensables à la vie quotidienne.
23 ibid.
24 ibid., 122-127.
266

VÉRONIQUE IZARD
Si partout ils peuvent sans aucune restriction user des bois morts et
gisant à terre25, d’un espace à l’autre les concessions ne sont pas de même
nature et les pratiques ne sont pas toujours accordées avec les mêmes libertés.
Pour ne citer que quelques exemples parmi les nombreuses chartes qui
légifèrent l’exploitation des forêts usagères au début du XIVe siècle, on note,
dans l’édit royal prononcé en 1306 en faveur des habitants de Jujols, qu’ils
sont autorisés « à faire paître librement les troupeaux, à prendre du bois, de
la tesa26 et faucher l’herbe dans la forêt voisine de Conat »27. Dans une
ordonnance prononcée deux ans plus tard en faveur des hommes des
communautés de Quers, Querol et Cortvassil en Cerdagne, il est précisé que
les hommes sont redevables de trois deniers pour chaque charge d’herbe
fauchée dans le bois de Campcardos28. Le potentiel fourrager de chacune des
vallées peut expliquer les différences imposées dans l’exercice des droits
d’usage et le paiement ou non de redevances. Située bien plus haut en
altitude et soumise à des conditions climatiques plus rigoureuses, la vallée de
Quérol, dont l’activité pastorale semble importante, bénéficie de bien
moindres ressources herbagères sous forêt (durant les périodes hivernales ou
lors des saisons intermédiaires, périodes de transhumances printanières et
automnales), que les vallées moins élevées, plus forestières et soumises à des
conditions bioclimatiques plus favorables. Tout comme la rareté d’un
produit peut justifier sa cherté, la faiblesse momentanée des ressources herbeuses
dans les forêts d’altitude en augmente d’autant plus la valeur.
Mais la fonction socio-économique à laquelle répond chacun des espaces
boisés a peut-être plus encore une part de responsabilité dans les dispositions
fixées. Nous verrons en effet que le souverain tire des revenus
réguliers du pacage des troupeaux dans certaines forêts du royaume.
Au-delà d’une gestion particulière édictée en fonction des espaces
forestiers, de leurs potentialités et des activités communautaires exercées, les
chartes mettent en évidence une règlementation des pratiques liées à la
production d’objets artisanaux et au commerce des menus produits issus des
forêts. Les paysans montagnards trouvent dans de nombreux petits métiers du
25 « … atorgaren que pusquen penre tot aybre que troben abatut en lo dit bosch per fer so
ques volran a lur us daquels.. », Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 94, 1311.
26 Tesa : Teia ; il s’agit de la partie interne des bois de pin, riche en résine et utilisée
notamment pour l’éclairage domestique.
27 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 21, 1306.
28 « … Item que cascun dels ditz homens qui penra e trascha herba del dit bosch et termes
del dit bosch pach e aga a paguar per cascuna somada quen trayran e penran III diners
parcascuna somada » ; transcription V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome II, 134-
135.
267

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
bois un complément de ressource souvent indispensable. La vente de tout objet
ou matière extraite des forêts n’est cependant pas libre. Le souverain autorise
un petit marché du bois mais il le soumet au paiement de redevances.
Les hommes de Querol, Quers et Cortvassill verseront pour chaque
charge de bois exploitée dans la forêt de Campcardos et destinée à la fabrication
de cabirons (chevrons), monals (poutres), cayratz (arbalétriers) ou
pertxes (perches) qu’ils vendront, deux deniers ; la confection de selcles
(cercles) leur coûtera VI sols par charge29. Alors que plusieurs communautés
ont des droits d’usages sur cette forêt, ces villageois bénéficient de privilèges
plus larges. Il est en effet convenu que toute autre personne de la vallée de
Carol que aga us en lo dit bosch o termes del dit bosch devra régler pour
alguna causa de les causes damont dites per vendre… doblen forestage30.
N’y a-t-il pas derrière cette surimposition une stratégie visant à gérer et limiter
les prélèvements en forêts ? Sans pour autant interdire les pratiques, le
doublement de la redevance se traduit en quelque sorte par la restriction des
droits et l’exclusion des autres.
Le règlement d’exploitation de la forêt de Las Ayades – territoire de
Prats-de-Mollo – daté de 1311 est particulièrement intéressant. Il nous apprend
que le montant du cens à payer est fixé non seulement en fonction des
objets fabriqués, mais des essences à partir desquelles ils sont confectionnés.
Tout homme qui fera des cercles avec du fag (hêtre) devra payer deux sols
par charge. Si les cercles sont fabriqués en avela (noisetier), il paiera trois
sols, alors que la redevance s’élèvera à cinq sols si ils sont confectionnés en
bes (bouleau) ou en freixa (frêne)31. Il en est de même pour la fabrication des
comportes, des fourches, pour les écuelles et autres objets marchands.
Le montant des franchises à payer permet d’apprécier la valeur accordée
à chaque essence forestière. Betula (bouleau) et fraxinus (frêne) sont
certes moins nobles que le sapin ou le chêne, mais leurs propriétés physiques
les destinent à de multiples usages qui en augmentent d’autant plus leur
valeur. Si chacun d’eux est très prisé pour la petite menuiserie, le charronnage
et la vannerie, le frêne est par ailleurs exploité en tant que complément
pour l’alimentation des bestiaux et le bouleau est considéré comme un excellent
combustible, utilisé notamment par les verriers et les boulangers. Au
29 Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 94, 1308, transcription V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit.
30 ibidem.
31 « … tot hom qui fassa … cercles en lo bosch de les Alades si son cercles de fag degen
pagar per cascuna somada ıı sols. E tot hom qui fassa cercles de avela et de adero pach per
cascuna somada ııı sols. E tot hom qui fassa cercles de bes, de freixa en lo dit bosch pach per
cascuna somada v sols ». Ibid. p. 137-138.
268

VÉRONIQUE IZARD
sein des « forêts industrielles », ces essences sont d’ailleurs fréquemment
exclues du charbonnage.
Si toute fabrication d’objet est soigneusement circonscrite, les modes
d’exploitation sont tout aussi précisément encadrés. Le montant de la redevance
est calculé en fonction du moyen de transport utilisé et de la charge
emportée. Il fluctue selon que les poutres, poutrelles ou timons fabriqués en
forêts sont évacués à dos d’homme (trascha a coyl) ou bien tirés par une
paire de bœufs (qui tir un parel de bous)32.
La réglementation édictée, le montant des redevances fixées ou encore
l’interdiction prononcée à l’égard de la fabrication d’ancres, laissent
présager que la forêt de Las Ayades est en partie mise en défens pour la production
de bois destinée à la marine. Située en amont du hameau de la Preste
en haut Vallespir, au cœur d’une vallée profonde, exposée au nord, elle se
trouve dans l’aire écologique de la hêtraie-sapinière. Dans la partie haute,
entre 1 400 et 1 650 mètres d’altitude, le sapin devait constituer une part importante
du peuplement. Au sein de l’ensemble de cette forêt où usages domestiques
et prélèvements artisanaux sont en concurrence, les avetz (sapins)
sont visiblement mis en défens. Le texte n’est pas très explicite à cet égard,
néanmoins, il est clairement précisé que nuil hom estranyn ni privat (nul
homme étranger ni particulier de la communauté) ne devra faire aucune
ancre avec du sapin et ne devra ny cascar negun havet per escaunes ni
enderrocar33. Cette disposition devra être annoncée publiquement et tout
contrevenant sera passible de soixante sols d’amende.
La preuve de l’affectation d’une partie des bois de sapin aux demandes
croissantes de la flotte militaire ou marchande nous est révélée par
l’inventaire sommaire de l’acte, inscrit en début du registre de la Procuration.
L’ordonnance est prononcée pour légiférer la production de cercles et
l’exploitation de la fusta de vexels e botam de la vall de Prats. L’inventaire
précise que personne n’a l’autorisation de couper les bois que sien bons a
entenes de lenys, barques e galeres, c’est-à-dire bons pour la fabrication des
mâts de petites embarcations ou de bateaux utilisés pour la navigation en
32 Au sein de cet espace les bois sont exploités pour répondre à la fabrication de planches
(fusta), de mortiers (mortes), de billots (taladores), de timons (aladrigues) et de seps pour les
charrues (dentals) ; les petits artisans confectionnent également des fourches (forches), des
pelles (pales), des bâtons pour mener les troupeaux (agulades), des cuvettes (conches), des
récipients (grasals), des comportes (semals), des muids (canades), des écuelles (scudeles) et
des gobelets (anabs). Des mats (entenes) et des ancres (anscla) pour les navires en sont
également extraits. Ibid.
33 Nul homme ne devra cogner ni abattre aucun sapin pour faire des douves.
269

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
haute mer34. Dans le cadre des règles établies, un forestier est chargé de
prélever les redevances et de veiller au respect de l’ordonnance.
L’affectation d’une partie des bois aux besoins de la marine est très
certainement à l’origine d’une telle rigueur du règlement et de la circonscription
des pratiques au sein de cette forêt. Réserver ainsi une partie des
ressources à des usages spécifiques impose nécessairement la promulgation
de mises en défens, la délimitation de réserves royales.
- « Mises en défens et réserves royales »
La mise en défens d’une forêt, d’une partie des peuplements qui la
composent ou d’une essence forestière est prononcée pour répondre à
l’exercice de pratiques traditionnelles ou à la production de bois marchand
(bois de charpente ou bois de marine).
Le 26 avril 1312, l’ordonnance promulguée à l’égard des hommes de
l’université de Py les autorise à couper chaque année quinze avetz (sapins)
dans le bois de Garravela. Ils peuvent eux mêmes choisir les arbres à abattre,
mais une fois ceux-ci désignés ad vyl (à vue, à l’œil), ils devront prendre
soin de n’endommager aucun autre arbre35. Même si l’acte reste muet sur les
motifs de mise en défens de la forêt, les restrictions prononcées prouvent que
les droits d’usage ne sont pas libres et que l’exploitation d’une partie des
bois, notamment du sapin, est contrôlée. Considéré comme essence noble, il
est partiellement réservé à la production de bois d’œuvre pour les
communautés ; mais sa mise en défens peut également être dictée par les
besoins liés à l’architecture militaire du royaume (fortification, réparation
des places fortes) et aux besoins de la marine.
Le sapin, exclu du charbonnage dans plusieurs « forêts industrielles »
pour répondre aux besoins des scieries édifiées tout proche, est, au sein de
certains espaces, réservé aux besoins croissants de la flotte militaire ou marchande.
Si une partie des bois de la hêtraie-sapinière de Las Ayades est bien
affectée à la construction de navires, l’ordonnance prononcée la même année
(1311) à l’égard des habitants d’Urbanya, de Nohèdes et de Montella est à
cet égard sans équivoque. Il est stipulé qu’aucun arbre bon pour la marine,
pour faire des bateaux et des mâts ou tout autre « arbre de mer » de la forêt
34 Les lenys et barques sont de petites embarcations (d’une contenance de 15 à 30 tonneaux
pour les barques et de 35 à 80 pour les lenys) utilisées pour la pêche et le trafic des
marchandises effectué par cabotage. Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 94.
35 « …atorgaren e deren licencia a la Universitat de homens de Pin en Conflent que pusquen
penre et fer talar cascun ayn XV aybres davet en lo bosch de Garravela et daquels fer
escaunes a lur us… Empero manaren los ditz procuradors quels ditz homens et balles agen a
penre los ditz aybres ad uyl senes que non pusquen oscar altres aybres sino aquels que
elegiran ad uyl… ». Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 94, 1312.
270

VÉRONIQUE IZARD
de Coma-Preona ne devra être coupé parmi les vingt quatre arbres affectés
aux habitants des communautés. P. Record, forestier, est chargé de contrôler
les arbres qui seront abattus36. Dans un contexte d’expansion commerciale et
de conquêtes en Méditerranée, le souverain réserve une partie des ressources
forestières à la fabrication de navires de guerre et à la flotte marchande.
C’est par flottage que les trains de bois sont parfois conduits jusqu’à
Collioure où sont construits des barques et autre sortes de navires37.
Au delà de mises en réserve édictées pour répondre aux besoins spécifiques
des communautés et aux exigences maritimes et militaires, le roi interdit
l’accès de certaines forêts qu’il réserve semble-t-il à l’exercice de la
chasse. Il s’octroie l’exclusivité sur ces espaces. Aucune pratique de quelle
nature qu’elle soit n’y est autorisée sans son consentement. Par ordonnance
du 18 novembre 1311, il interdit formellement à tout homme et femme (nuyl
hom ni femna), de chasser dans le bois de Millas, d’y couper du bois vert
d’extraire des bois secs. Aucune bête, grossa ou menuda, ne doit y entrer
pour paître. Tout contrevenant sera passible d’une amende proportionnelle
au délit commis ; si celui-ci intervient de nuit la peine pourra être multipliée
par trois38. Si l’ordonnance reste peu loquace sur le motif réel de mise en
défens, la criée prononcée un demi siècle plus tard, au sujet du bois royal
situé derrière le château de Perpignan, confirme bien que ces espaces, où
tous usages et pratiques sont strictement prohibés, sont bien réservés à
l’exercice de la chasse et aux bénéfices que le souverain peut en retirer. Personne
n’est autorisé à entrer dans le dit bois royal, d’y chasser avec des cans,
balesta ne ab negun altre artifici, de cassar de nits ni de dies, sous peine
d’amende et de confiscation des armes utilisées. Le 18 février 1444, les
mêmes interdits seront réitérés et le pacage en forêt y est toujours prohibé39.
- Les « forêts pâturées »
Les ordonnances antérieures au XIVe siècle évoquent rarement la dépaissance
des troupeaux en forêts, on voit bien cependant, à travers les interdits
prononcés dès 1306-1310 à l’égard des forêts usagères ou des bois de
réserve, que le pacage sous forêt ou l’émondage pour l’alimentation des
36 « … no degen pen(re) negun aybre que sia bo ad aybres de nau ni ad entenes ni ad altres
aybres de mar e quels dits aybres aga a veser en P. Recort foraster ans quels talen… », cf.
transcription V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome II, 139 ; Arch. dép. Pyr-Or., 1 B
94.
37 V. Izard, « Minerais, charbons de bois et fers dans les Pyrénées de l’est : trafic licite et
contrebande aux XIVe-XVIe siècles », Circulació de mercaderies i xarxes comercials als
Pirineus, segles XIII-XIX, Col.loqui d’Andorra, octobre 2003, Andorre, à paraître.
38 V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome II, 140 ; Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 94.
39 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 153, 1390 ; 1 B 267.
271

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
troupeaux sont des pratiques communes, indispensables même durant certaines
périodes de l’année. Libres au sein de nombreux espaces communautaires,
elles sont dans certaines vallées cantonnées, soumises au paiement
d’une redevance, voire prohibées. Le souverain ou les clercs afferment et
prélèvent des droits de pâture sur divers espaces boisés. La localisation géographique
et la composition floristique de ces milieux conditionnent les modes
et les formes d’exploitations et les pratiques pastorales. Dès le XIIe siècle
au moins, la glandée est fréquemment réservée au pacage des porcs40.
Mais au sein de forêts mixtes, le chêne est exploité pour de multiples usages.
Dans les forêts de Las Ayades et de Saint-Guillem de Combret, les hommes
de Prats peuvent couper des branches de royre (chêne) pour leurs troupeaux,
mais il leur est défendu d’abattre aucun chêne à ces fins41.
Si les troupeaux des habitants de Jujols peuvent paître en toute liberté
dans la forêt de Conat42, ceux de Clayra sont soumis au paiement d’une redevance
pour pacager dans la forêt royale de leur territoire. À partir des
sources dépouillées, il est difficile d’apprécier le montant de l’afferme. Dans
les registres de la procuration figurent les propositions de mise en fermage.
Les actes stipulent que la redevance devra être payée comme à l’accoutumée
tous les quatre mois, mais le solde à payer n’est jamais mentionné. C’est
peut être devant notaire que les contrats entre le fermier et le procureur du
roi se signent, et que se fixe définitivement le montant à régler. Comme pour
certaines zones de pacage hors forêt, il semble en fait que le tarif de
l’afferme varie en fonction du type et du nombre de bête qui devra pâturer43.
S’il s’agit de bovins, équidés, ovins ou caprins, les quantités d’herbe broutées
comme les dommages occasionnés varient, et la redevance fluctue. Dans
les forêts où l’accès aux troupeaux est prohibé, la proportionnalité de
l’amende est d’ailleurs fonction de la nature du bétail qui pacage illégalement
(bestia grossa o menuda). Ces dispositions révèlent, comme pour les
forêts à vocation industrielle, que dès le XIVe au moins, les potentialités en
terme de pâturage d’un espace, forestier ou non, sont appréciées au même
titre que les ressources indispensables à chaque type de bétail.
À travers la criée relative au pacage dans le bosch de Clayra, prononcée
en 1330, une disposition particulièrement intéressante est soulignée.
L’acte propose la mise en fermage de la pastura del bosch mais il en interdit
l’accès aux caprins. Une telle restriction à l’égard des chèvres prouve que la
40 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 79.
41 V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome II, 137-138.
42 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 21.
43 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 24, 1330 ; V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome II, 143-
145.
272

VÉRONIQUE IZARD
guerre contre les caprins, si farouchement menée par les forestiers du XVIIIe
siècle, préoccupe déjà les autorités du Moyen Âge. Aucun bouc (ne bocs) ni
chèvre (ne cabres) ne devra pacager dans le dit bois44. Cette mesure met la
forêt à l’abri des préjudices qu’ils occasionnent ; en écorçant les arbres ils les
rendent vulnérables, en broutant les jeunes plants, ils réduisent la croissance
ou paralysent toute régénération forestière. Les chèvres sont alors écartées,
soit par des interdictions de pâture, soit par la limitation du nombre de
bêtes45.
La réglementation des pratiques pastorales affecte principalement les
espaces où la diversité des usages est en concurrence. Épargné dans un premier
temps, le pacage dans les forêts d’altitude va progressivement être encadré.
Les conflits qui vont naître entre les communautés d’habitants et les
maîtres de forges, accusés de ruiner les forêts, vont conduire à une circonscription
et un cantonnement plus précis de la dépaissance en haute montagne.
Avec le développement de la mouline hydraulique, pastoralisme et industrie
charbonnière se retrouvent en concurrence sur les mêmes espaces.
Soumis à une exploitation sidérurgique croissante, les peuplements forestiers
subalpins, jusqu’alors sous exploités, sont progressivement menacés. Le pin
et le sapin, essences colonisatrices de ces milieux, n’ont pas la faculté de
repousser de souche comme le hêtre ou le chêne. Grignotées par le bas sous
la cognée meurtrière du charbonnier, pinèdes et sapinières46 se réduisent peu
à peu.
La mouline, au demeurant source de revenus pour certains paysans
locaux et leurs familles47, génère rapidement un climat de tension. Dès 1330,
la communauté de Prats-de-Mollo s’élève contre les propriétaires de forges
accusés de ruiner les forêts, de priver les troupeaux de pâturages non négligeables
et d’abris lors des intempéries. Contestations et oppositions conduisent
le souverain à réglementer de manière plus formelle les usages au sein
des forêts d’altitude. À l’instance des consuls du lieu, le procureur mande le
44 « Tot hom que vula comprar la pastura del bosch quel senyor Rey ha a Cayra aura
assegurar al senyor Rey la preu que y prometra e assegurar aquel de ıııı en ıııı meses…
Empero retenem de la dita venda quel comprador no y met(r)a… ne bocs ne cabres… ».
Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 24, 1330.
45 Ibid.
46 Le sapin était fréquemment exclu du charbonnage et réservé à la production de bois
d’œuvre. L’analyse anthracologique menée sur plusieurs sites de charbonnage d’altitude
révèle néanmoins que cette essence était, de manière licite ou illicite, charbonnée. Si au sein
de certains espaces il ne faisait pas l’objet de protections particulières, ailleurs les
charbonniers n’hésitaient pas à le réduire en charbon malgré les restrictions édictées.
47 V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome I, 240 et suiv.
273

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
À la fin du Moyen Âge, l’espace forestier peut être schématiquement
représenté en fonction de l’organisation des prélèvements et du cantonnement
des pratiques.
274

VÉRONIQUE IZARD
baille de Prats, accompagné de plusieurs notables et des forestiers de la
vallée, de désigner des garlandes ou matas qui seront exclusivement réservées
au refuge des troupeaux. Ni bûcherons, ni charbonniers ne devront y
couper du bois ou faire du charbon sous peine de soixante livres d’amende.
Ces espaces, suffisamment importants pour servir d’abri, seront scrupuleusement
délimités et bornés par des croix. Des mises en défens sont ainsi
établies dans les forêts de Saint-Guillem de Combret, Serramigana, La
Conqua, Lancer et Las Ayades, vallées où plusieurs moulines et molis serradors
puisaient bois et combustible48.
Ce qui est intéressant à travers les dispositions prises autour du bois de
Clayra ou des forêts de Prats-de-Mollo, c’est qu’on a là le témoignage de
premières attitudes conservatoires à l’égard des espaces forestiers. Jusqu’à
présent l’exploitation des bois répondait à une organisation complexe, à une
rationalisation des prélèvements par le biais d’un cantonnement des pratiques,
d’une codification des usages et d’une délimitation de bois de réserve.
À partir du milieu de la première moitié du XIVe siècle, la politique forestière
ne se limite plus à une politique de gestion des espaces et de mise en
valeur des ressources, mais il s’agit réellement d’une politique de conservation
des milieux forestiers.
L’imprécision des règlements d’exploitation, les accords tacites et la
souplesse de certaines pratiques ne pouvaient prévenir l’épuisement des
espaces boisés surexploités. Toujours plus convoitée et disputée, la forêt
devient un lieu de transgression, un terrain où chacun tente de déjouer les
règles et user des bois selon ses besoins et convenances49. Malversations,
dissidences, usurpations, devenus monnaie courante malgré la vigilance des
gardes forestiers, vont imposer un changement d’attitude. La crise qui menace
contraint les autorités à interdire certaines pratiques, à réduire et circonscrire
plus encore les droits d’usage. La promulgation de mesures protectionnistes
et un renforcement de la police des bois s’imposent.
MISE EN PLACE D’UNE POLITIQUE CONSERVATOIRE ET
RENFORCEMENT DE LA POLICE DES BOIS
Tangibles à travers les actes de concessions de la fin des années vingt,
les nouvelles dispositions sont fermement énoncées dans l’ordenacio de
1345, édictée per utilitat de la cosa publica e per conservatio dels comtatz
de Rosseylo e Cerdanya50. Prononcées dans un contexte où ressources et
48 ibid., p. 476 et suiv.
49 ibid., 472 et suiv.
50 Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 97.
275

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
besoins sont en déséquilibre, dans une phase d’amorce de crise forestière, les
premières mesures conservatoires ont pour objectif de sauvegarder les
espaces forestiers et d’assurer leur régénération.
Dans la politique forestière qui se met en place, Pierre III, nouveau
souverain des comtés de Roussillon et de Cerdagne, durcit plus encore les
initiatives engagées par son prédécesseur. Outre la promulgation de mesures
restrictives, il semble vouloir harmoniser les règles d’exploitation et faire
appliquer les réformes à l’ensemble des forêts dépendant du domaine ou
possédées en indivis.
Les changements qui interviennent sont sévères à l’égard de certaines
pratiques. Au sein des forêts communautaires, les droits d’usage vont se
cantonner à des espaces beaucoup plus restreints, dont les limites sont précisément
définies. Dans les bois de Cesimayn et de Coma Prehona (vallée de
Conat), molts consumatz et gastatz et en partida crematz51, il est désormais
interdit de couper et de prélever tout bois vert et sec. Comme pour
l’ensemble des forêts de la vallée, le charbonnage y est strictement prohibé52.
Prononcées en 1339, ces interdictions visent à assurer la régénération
des espaces ruinés et sont en ce sens témoins de préoccupations tout à fait
nouvelles. Les interdictions de coupe, de charbonnage ou bien les restrictions
édictées jusqu’alors n’avaient pour but que de répartir les ressources,
de les adapter en fonction des besoins. Il s’agit désormais d’interdire certaines
pratiques pour assurer le rétablissement des forêts, per… utilitat a
conservare et restaurament (dels) ditz boschs53. La charte de 1345 va officialiser
et généraliser ces mesures conservatoires à l’ensemble des forêts dégradées,
ruinées, « à tout espace que les procureurs jugeront utile de rendre
défendables »54.
Hormis les prohibitions privant momentanément les communautés de
l’exercice des pratiques au sein des forêts royales à protéger, les droits aux
bois, que l’on maintient dans certaines forêts usagères, sont beaucoup plus
limités. Aucun sapin, pin, hêtre, buis ou frêne verts ne peut être coupé ou
abîmé, que ce soit pour faire des fustas destinées à la vente, des billes de bois,
51 Les bois de Cesimayn et de Coma Prehona, situés dans la vallée de Conat, sont fort
réduits, dégradés et en partie brûlés (charbonnés).
52 Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 95 ; transcription in V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit.,
tome II, 146-147.
53 « … pour l’utilité qu’il y a de conserver et de restaurer les dits bois » ; ibid.
54 « … Item ordona lo dit senyor Rey quels seus procuradors de Rosseylo et de Cerdanya en
los lochs que adells apparra puxen fer deffendre de non metre negun bestiar ni taylar rama ni
arbres dins cert temps per tayl que boschs novels se puxen fer axi com son en moltz de lochs
comensatz … » ; ibid., p. 148-149.
276

VÉRONIQUE IZARD
du charbon, des cendres ou autre. Le marché des bois paysans, petite industrie
essentielle de l’économie montagnarde, est ainsi supprimé. Pour leurs usages,
les hommes prendront uniquement les bois qui leur seront nécessaires. Ils ne le
feront qu’après décision et en présence du baille et du forestier du lieu qui aura
préalablement choisi et martelé les arbres à abattre55.
Le pacage des troupeaux et les autres pratiques liées à l’élevage
n’échappent pas au durcissement de la politique. Une nouvelle réglementation
concernant l’émondage et une circonscription du pastoralisme vont être
instaurées. Si l’élagage pour l’alimentation des bêtes est maintenu, il se réduit
aux simples branches les plus basses ; « toutes celles situées au dessus
du milieu de l’arbre ne devront en aucun cas être coupées ». Par ailleurs,
aucun espace forestier ne devra servir de pâture avant la transhumance vers
les estives d’altitude. Du premier mai à la fin du mois de juin, il est désormais
interdit à tout bétail d’entrer et de pacager en forêt56.
Au sein des forêts montagnardes et subalpines, les défens instaurés
précédemment pour le pacage et l’abri des troupeaux n’ont guère permis le
maintien des boisements pourtant protégés des exploitations « industrielles ».
Les défens bornés au cœur des forêt affectées aux moulines et moulins à
scier ne pouvaient que contrarier maîtres de forges et propriétaires des molis
serradors. Notables pour la plupart, ces hommes usent alors de leur pouvoir
pour obtenir des autorisations de coupes exceptionnelles. Quelques mois à
peine après la délimitation des bois de réserve dans la vallée de Prats-de-
Mollo, les tenanciers de la mouline de Lancer sont autorisés à charbonner
dans un partie de la mata (réserve) du bois du dit lieu, en amont de l’artigua
d’en Tayarts. Cette dérogation s’explique par le simple fait que Berengarius
Sabaterii et Raymundus Vernada, forgerons de l’usine, sont également
gardes forestiers de Prats et ont participé à ce titre au bornage des garlandes.
En 1332, c’est Ramon Roig de la masó, ancien baille du lieu et propriétaire
des moulines de Saint-Guilhem, qui obtient le droit de charbonner dans la
réserve de Combret du Basch de la Pineda fins à la Roca Cugutera57.
Plus soucieux de privilégier leurs intérêts au détriment des besoins
communautaires et peu scrupuleux du respect des réserves établies, les in-
55 « …en negun bosch de Conflent, de Capcir, de Cerdanya, de Barida, de Valespir, de la
vayl de Pratz et de Ribes, … negun hom guos taylar ne enderrochar negun arbre vert de avet
ni de pin ni de faig ni boxs ni frexe per fer fusta a vendre ni per ruylada, carbon ni cenra ni
altres coses …. Vol empero lo dit senyor Rey que aquells lochs e persones qui en los dits
boschs han hus e adhempriu loy haien per la manera de sots scrita. So es que de voluntat e
present lo foraster, el balle del loch puxen penre per lur us aquels arbres e lenyes que li
assignaran e non pus sotz la dita pena (sexanta sols) » ; ibid.
56 ibid.
57. Arch. dép. Pyr.-Or., 124 AC 75.
277

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
dustriels qui n’obtiennent aucune faveur n’hésitent pas à enfreindre les
conventions signées. Sous leur autorité bûcherons et charbonniers exploitent
de manière illicite les bois défendus. En 1339, l’université de Prats dénonce
les pratiques des ouvriers du moulin à scier de la Conqua. Les bûcherons ne
respectent pas les mises en réserve, coupent les bois et ruinent les garlandes
établies depuis longtemps, au préjudice de l’activité pastorale58.
Alors qu’ils font les frais de sévères restrictions de droits d’usages et
qu’ils souffrent du manque de bois croissant, les pasteurs ne peuvent accepter
les délits commis et les avantages accordés aux plus riches. Le 11 juin
1339, les hommes de Prats manifestent de nouvelles oppositions. Ils contestent
l’autorisation exceptionnelle accordée à Bernard Petri, propriétaire de la
scierie de Lancer, autorisation lui permettant de couper cent arbres dans la
réserve du lieu59. Les sollicitations villageoises n’ont guère de poids et la
requête est bien vaine face à la volonté du royaume de privilégier la production
de bois marchands au détriment des recettes de l’élevage moins lucratives.
L’ordonnance de 1345, particulièrement dure à l’égard des droits communautaires,
est effectivement relativement souple et favorable au marché
des bois d’œuvre. Partout où les forêts sont le moins menacées, notamment
dans la vallée de Querença, les fusters de Perpignan et autres menuisiers
peuvent exploiter les bois à leur convenance pour faire des poutres (biga) et
des chevrons (cayrats)60.
Les dispositions de cette politique prouvent que le souverain est bien
plus préoccupé par les menaces qui pèsent sur les intérêts directs de la couronne
que par le manque de bois dont peuvent souffrir les communautés.
Alors que les places fortes sont à aménager ou à restaurer, alors que la flotte
militaire ou marchande se développe et nécessite d’importantes quantités de
bois d’œuvre, le souverain ne peut paralyser l’activité des fusters par des
mesures restrictives. Il privilégie alors l’accès aux milieux forestiers en réservant
certains espaces au marché des bois à bâtir, au détriment de toute
autre pratique.
Vécus comme profondément injustes, de tels privilèges et leurs corollaires,
à savoir des restrictions pour les plus pauvres, ont sans nul doute
nourri un climat de conflit et encouragé transgressions et usurpations.
Au-delà de la fourniture de bois pour les marchés urbains,
l’architecture militaire ou la marine, l’exploitation charbonnière est au regard
des populations montagnardes, l’autre source de tous les maux. Liée à la
58 C.M. 107, t. IV, 69, 1339.
59 Arch. dép. Pyr.-Or., 124 AC 75, 1339 ; ibid.
60 Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 97, 1345.
278

VÉRONIQUE IZARD
croissance de la sidérurgie, elle est responsable, il est vrai, d’une importante
dégradation des boisements montagnards et d’une réduction progressive des
forêts subalpines. En ce sens, elle va être soumise à des règles draconiennes.
Une partie du charbon confectionné dans les forêts affectées aux
moulines assure les besoins en combustible des villes et des campagnes. Les
maîtres de forges usaient jusqu’alors gracieusement de ce droit (sens tot
forestage), source semble-t-il de substantiels bénéfices. Dès 1326, la fabrication
du charbon domestique est soumise au paiement d’une franchise. Elle
se cantonne désormais à un espace restreint et ne devra concerner que les
bois morts. Les concessionnaires de la mouline de Saladeo paieront pour
chaque somada de tres sachs de carbo fabriqué dans le bois du Basch de
Molo et nulle part ailleurs, cinq deniers de Barcelone. Pour éviter les fraudes
et un trafic illicite, seuls les traginers (muletiers) acheminant le minerai à la
forge seront autorisés à transporter le charbon61.
Le charbonnage pour l’affouage des forges est également réduit à
l’usage des bois secs et gisant à terre. L’ordonnance de 1345 précise
qu’aucun arbre vert ne pourra être coupé. Au regard des quantités de
combustibles indispensables aux moulines, cette disposition semble en soi
peu concevable et reste pour l’heure difficile à interpréter. Outre les restrictions
sur les bois à charbonner, le travail des carbonners doit se plier à des
règles strictes et le choix des emplacements où ils peuvent dresser leurs
meules obéit à de nouvelles exigences. Le contrat réglementant
l’approvisionnement de la mouline de la Concha, impose aux ouvriers employés
par G. Pals de fabriquer le charbon à plus de cinquante cannes de
Montpellier des arbres vivants (soit près de 100 mètres)62. Prononcée en
1339, cette disposition n’a pour autre objectif que de prévenir tout incendie
de forêt provoqué par l’inflammation d’une meule charbonnière dont la
combustion à l’étouffée n’aurait pas été maîtrisée. Fort préjudiciables aux
forêts, ces catastrophes devaient être assez fréquentes pour que le souverain
ordonne, six ans plus tard, l’interdiction formelle de charbonner en meule.
Tout homme qui a le droit de fabriquer du charbon devra le faire en sitges
cubertes (fosses couvertes) et non en faregans (fourneaux, meule). Ils de-
61 Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 94.
62 « … Item que negun carboner no gos fer carbo ops de la molina sino de les lenyens seches
tansolament e que del loch on lo dit carbo faran aia e deia aver L canes de lonch de
montpeslier tro al pus prop arbre viu a tot lo menys et asso sots la pena damont dita (C
libres)… ». Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 95 ; transcription in V. Izard, Les montagnes du fer …
op. cit., tome II, 127-128.
279

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
vront par ailleurs installer leurs fosses dans les endroits les moins dommageables,
préalablement choisis par les procureurs ou les lieutenants63.
Les dispositions de l’ordonnance de 1345, particulièrement draconiennes
à l’égard de certains droits d’usage, laissent présager l’urgence de
protéger les espaces boisés et la prise de conscience de la dilapidation d’une
ressource irremplaçable. Mais protéger et conserver les forêts, lutter contre
les coupes abusives et les prélèvements illicites exige le renforcement de la
police des bois. Les nouveaux interdits et les restrictions prononcées ne modifient
guère la responsabilité des gardes forestiers. La multiplication de
mises en défens et l’interdiction de pratiques exigent toutefois la nomination
de forasters supplémentaires. Le souverain, ne pouvant assumer seul la
charge financière de ces hommes, ordonne aux propriétaires fonciers et aux
maîtres de forges d’entretenir à leurs frais un ou plusieurs forestiers bo et lial
(bon et loyal) pour surveiller les espaces qui leur sont alloués ou les forêts
possédées en indivis. Si il n’hésite pas à révoquer les gardes qui font preuve
de négligence dans l’exercice de leurs fonctions, il encourage par ailleurs la
dénonciation des délits ou usurpations de droits en octroyant aux délateurs
un tiers de l’amende infligée aux contrevenants64.
Au lendemain du rattachement du royaume de Majorque à la couronne
d’Aragon, en l’an 1344, si Pierre III reconnaît la gravité de la situation
forestière des comtés nouvellement annexés, il ne semble pas réellement
apprécier la réalité des besoins communautaires et le caractère peu concevable
de certains points de sa politique. En soit, une grande partie des restrictions
imposées semblent difficilement applicables et respectables par
l’ensemble des communautés. Quoi qu’il en soit, l’application des règles
édictées ou les répercussions au niveau écologique de cette politique restent
méconnues. Trois ans après la promulgation de l’ordonnance, l’épidémie de
peste, les conflits et les guerres qui se multiplient plongent les Comtés nord
catalans dans une des périodes les plus sombres de leur histoire. Une véritable
mutation dans la gestion des forêts s’impose de fait.
63 « …que aquells qui han us de carbonar … loy haien en les le(n)yes seques e jaens en terra
tansolament e quel carbon aien affer en sitges cubertes e no faregans e en loch en menys de
dampnages sia dels ditz boschs segons quel ditz procuradors adordonaran ho lurs
lochstenents sotz la dita pena… ». Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 97.
64 Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 121 ; V. Izard, Les montagnes du fer… op. cit., 478-479.
280

VÉRONIQUE IZARD
LES ANNÉES DE MALHEUR ET LE BOULEVERSEMENT DES
PRATIQUES
Les temps de crise et de désolation qui marquent la seconde moitié du
XIVe siècle contrastent vivement avec la phase d’expansion et de développement
précédente. La gravité de l’épidémie de peste de 1348, alourdie par
ses récurrences enregistrées au cours des périodes suivantes, provoque une
réelle crise démographique et réduit pour longtemps tout espoir de repeuplement.
Les effets extrêmement graves de la maladie, accentués par les
méfaits et vicissitudes de la guerre, se répercutent sur la géographie villageoise.
Plusieurs lieux ne renaîtront pas après la peste et l’exode rural aggrave
le problème de dépopulation des secteurs montagnards. La crise démographique
se traduit nécessairement par une diminution considérable des
pressions sur l’ensemble des forêts. Toute l’économie paysanne et protoindustrielle
du pays se trouve bouleversée. Les répercussions sur l’activité
sidérurgique, grosse consommatrice de bois, sont immédiates. L’expansion
de la sidérurgie, suscitée par le développement de la mouline hydraulique, a
brusquement été interrompue. De nombreuses forges confinées dans des
secteurs rudes et hostiles sont abandonnées65. L’inactivité des ateliers se
traduit par l’interruption de l’exploitation charbonnière. La récession importante
des prélèvements est favorable à la fermeture des milieux et à la
reconquête forestière. Les sources écrites sont éloquentes à ce sujet, et les
résultats des études palynologiques montrent une recrudescence importante
des marqueurs d’enfrichement conjointement à une augmentation des pollens
forestiers.
La peste eut non seulement pour effet d’interrompre le processus de
surexploitation et de dégradation, mais de réduire considérablement les besoins
en bois. Qu’ils soient communautaires, artisanaux ou industriels, les
prélèvements sont dans de nombreux secteurs réduits à néant. La dépopulation
provoque un recul important des activités agricoles et pastorales. Autour
des villages, les nombreuses terres de culture abandonnées s’enfrichent et se
reforestent. Le diagramme palynologique des Cortalets met en évidence une
diminution des pollens de céréales (Secale) et des plantes cultivées (Vitis,
Olea), traduisant un recul des pratiques culturales. En altitude, la baisse de
fréquentation des pâturages s’accompagne d’une réduction des pelouses,
colonisées alors par les landes à Éricacées, myrtilles et rhododendrons, et
d’une fermeture progressive des espaces reconquis par la pinède.
L’augmentation des fréquences polliniques de Pinus s’accompagne d’une
baisse conséquente des Poacées, Cypéracées et Cichorioidées aux environs
65 ibidem, p. 258 et suiv.
281

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
du site. La forêt montagnarde jadis dégradée, éradiquée dans bien des
secteurs ou convertie en taillis, entame une phase de reconquête. Les bois
s’étendent sur les friches, les taillis et futaies vieillissent et plusieurs
essences retrouvent des conditions favorables à leur développement. Fagus
qui avait souffert des exploitations précédentes réapparaît, alors que les
occurences de Quercus et d’Abies se stabilisent, reflétant une moindre utilisation
des forêts. La croissance des valeurs des pionniers de la reconquête,
Corylus, Alnus et Betula, marque également une baisse généralisée de
l’influence humaine et une fermeture des milieux66.
Si la rétraction des terroirs au profit de la forêt reste difficile à représenter
en terme d’espace, elle est toutefois significative de la déprise affectant
l’ensemble du territoire. La souplesse des droits aux bois, en totale opposition
avec le durcissement de la politique forestière et la multiplication
des interdictions et défens promulgués à la fin de la seconde moitié du XIVe
siècle, est à son tour révélatrice d’une reforestation massive des milieux. Le
relâchement des modes et des formes de prélèvements prouve l’importance
du phénomène de reconquête. Il semble cependant que certains secteurs ont
plus sévèrement que d’autres été affectés par la peste. C’est d’ailleurs dans
ces lieux et dans les zones frontalières, désertées sous la pression des tensions
guerrières, que les privilèges et les franchises de droits d’usages sont
les plus souvent accordés avec beaucoup de largesse.
La concession pour édifier une mouline sur le territoire de Prats-de-
Mollo, édictée en 1366 en faveur de Guillaume Roger Suau banquier de
Perpignan, lui octroie toute liberté d’usage sur les forêts. Non seulement les
bois d’œuvre et les bois à charbonner ne sont plus désignés ou protégés,
mais l’exploitation forestière n’est plus cantonnée à un espace scrupuleusement
délimité. Qui plus est, il bénéficie de ce privilège franc de tous droits,
sur l’ensemble du territoire de Prats. À peine trente ans plus tôt, la communauté
des lieux s’opposait vivement aux droits forestiers des moulines implantées
en haut Vallespir, accusées de ruiner les bois et de porter préjudice
aux habitants et à leurs troupeaux. Le transport et la fabrication de charbon
de bois pour les besoins domestiques, qui avaient suscité des mesures plus
draconiennes à la veille de la catastrophe, sont alors librement concédés.
Tout homme approvisionnant la mouline peut à son retour acheminer char-
66 L’étude palynologique du site des Cortalets a été réalisée par D. Galop ; cf. Diagramme
palynologique du Canigou (2150m), idid. p. 430. Les données pollénanalytiques acquises en
Cerdagne font elles aussi clairement apparaître cette phase de recul des activités
anthropiques, favorable à la reconquête forestière ; cf. GALOP D., La forêt, l’homme et le
troupeau dans les Pyrénées, 6000 ans d’histoire de l’environnement entre Garonne et
Méditerranée, Université de Toulouse II, GEODE, Laboratoire d’Ecologie Terrestre et
FRAMESPA éd., 1998.
282

VÉRONIQUE IZARD
bons et bois, sans aucun droit de forestage67. Assurer la gratuité des usages
est un moyen pour relancer l’économie et repeupler, par l’intermédiaire des
forges mobilisant un personnel important, des secteurs totalement désertés,
reboisés et devenus le repère des bêtes sauvages.
Au même titre que le ralentissement de l’industrie, la diminution des
activités agro-pastorales, traduites par la baisse des pollens anthropiques,
préoccupe sérieusement le royaume. Si les forêts ont reconquis les secteurs
élevés, désertés par les troupeaux et ne répondant plus aux besoins métallurgiques,
à plus basse altitude, par mitage des zones enfrichées, les bois et
bosquets se sont étendus jusqu’aux portes de certains villages. Redresser
l’économie montagnarde doit nécessairement passer par le défrichement des
terres abandonnées, leur mise en culture et le rétablissement des pâturages
convertis en landes et colonisés par la forêt subalpine. Dans sa politique
démographique, le souverain va offrir tous les moyens aux montagnards
pour éviter qu’ils n’empruntent les chemins de l’exil et s’assurer d’un
renouveau économique. La remise en valeur des terres en exploitant, ou, plus
justement, en détruisant friches et forêts qui ont envahi les zones dépeuplées,
devient une priorité. Par décret du 20 novembre 1380, il accorde le droit, par
l’intermédiaire du gouverneur des Comtés de Roussillon et de Cerdagne,
d’abattre les bois devenus quasi impénétrables pour les troupeaux et de
déboiser autour des bourgs et des villages où les bêtes féroces détruisent les
cultures68. S’ensuit une série d’ordonnances octroyant aux hommes des
pratiques qui à terme seront fort préjudiciables aux nouveaux espaces
forestiers. Le 28 septembre 1392, les habitants d’Esposoyla menacés et
agressés par moltes salvatgines axi de porcs, senglars com d’osses, sont
autorisés à mettre le feu et détruire les forêts de la châtellenie de Puyvalador.
Ils pourront incendier les bois chaque fois qu’ils le voudront, sans encourir
aucune peine et sans solliciter l’accord des forestiers ou de toute autre
personne. Une seule restriction leur est imposée : ils ne pourront étendre ce
droit à la forêt de la Mata appartenant au roi69. Les hommes de Riuffret70 et
67 Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 257.
68 « Pedro IV de Aragón, en vista de que por la despoblación causada por la peste negra los
montes y bosques de Rosellón, que antes de la misma alimentaban abundantes ganados de los
labradores, están convertidos en selva casi impenetrables para el ganado y en las que se
crían alimañas que devoran los sembrados, autoriza al gobernador de Rosellón y Cerdaña y
a Pedro de Vilanova para conceder licencias de tala de árboles ». LOPEZ DE MENESES
A., Documentos acerca de la pesta negra en los dominios de la Corona de Aragon, Escuela
de Estudios Medievales, Zaragoza, 1956, p. 142.
69 « … donassen licencia que ells e cascun dells sens incoriment de alcuna pena o bant
pusquessen metra foch en los boschs de la castellanya de Pugbeledors e en derrochar
exceptat empero en la mata del senyor Rey tantes vegades com volran no sperada ne
demanada licencia de alcun forester ne altre persona… ». Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 153,
283

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
Sent-Pere de Enforcats (Saint-Pierre dels Forcats), d’Aygua Thebesa
(Ayguatébia) et de Pratis de Balagario (Prats Balaguer) bénéficient du
même privilège. Il peuvent à leur gré mettre le feu dans tous les prés, les
devèses et les forêts dépendant de leurs territoires, excepté en la Mata del
Rey et la devesia vocata la Coma. Le souverain confirme par ailleurs une
concession des droits de pacage, boisage et arrosage. Ils pourront alors irriguer
les prés et les devèses, couper et charbonner librement les bois verts ou
secs, pour les besoins de bois d’œuvre et de combustible71.
CONSÉQUENCES DES POLITIQUES FORESTIÈRES SUR
L’ÉVOLUTION DES MILIEUX
La reconquête forestière et l’enfrichement des espaces qui marquent la
période de crise politique et démographique inverse quelque peu les dynamiques
amorcées au cours de la phase précédente et modifie pour quelque
temps la physionomie des paysages ruraux. Quoi qu’il en soit, la gestion des
ressources, l’organisation des pratiques, la vocation des espaces forestiers
qui se structurent dès les lendemains de l’an mil, n’ont pas été sans conséquence
sur l’évolution des milieux boisés. Des premiers aménagements,
manifestes au XIIe siècle, à la gestion rigoureuse du XIVe siècle, les forêts
évoluent en fonction des pressions et des usages auxquels elles répondent.
La dynamique de la couverture forestière prend ainsi des aspects différents
selon les vallées.
L’interprétation fragile des informations écrites en matière forestière,
l’absence de données chiffrées et de descriptions écologiques ne facilitent
pas l’appréciation des transformations induites. Cependant, il semble bien
qu’à la veille de la catastrophe démographique de 1348 l’équilibre entre
ressources et besoins soit menacé. La politique mise en œuvre dès 1326 traduit
nettement l’amorce d’une crise forestière généralisée. Les oppositions
contre les établissements « industriels » devenus indésirables, l’interdiction
de nombreuses pratiques et les mises en défens liées aux surprélèvements
domestiques et artisanaux sont le reflet d’un système fonctionnant au delà de
ses possibilités.
1392.
70 Il existe plusieurs lieux dits Riufred en Cerdagne-Capcir mais il s’agit ici du hameau qui
s’est constitué autour d’un des moulins à farine situé sur la commune de Saint-Pierre dels
Forcats. Sant Pere de Riufred se trouvait non loin de là, sur l’actuel territoire de Matemale.
71 « … in quibus quidem pratis devesiis et nemoribus … possitis mitere seu miti facere …
semel et pluries pro ardendis arboribus et aliis broces et locis erboses … ac effugandis
animalibus feriis silvestribus atque brutis… ». Arch. dép. Pyr.-Or., 1 B 149, 1392.
284

VÉRONIQUE IZARD
Le déséquilibre survenu au terme de plusieurs siècles de pressions accrues
affecte l’ensemble de l’espace montagnard. Le cantonnement des pratiques
et la spécialisation des bois, dictés par une rationalisation des exploitations,
n’ont pas été sans risques. Dans bien des secteurs, l’équilibre écologique
a été mis en péril. Dans les vallées fortement marquées par l’industrie,
les prélèvements sont responsables d’une dégradation importante des espaces
boisés d’altitude. Les forêts au service des forges et des scieries ont
considérablement diminué. L’intensification de l’industrie charbonnière a
conduit à l’éradication de boisements subalpins et à la dégradation de la forêt
montagnarde.
Longtemps accusée d’être responsable de la diminution, voire de la
disparition du sapin, la sidérurgie ne paraît pourtant pas être aussi coupable
qu’on a pu le prétendre. Protégée par des interdictions de coupe et exclue de
l’affouage des forges, cette essence était, on l’a vu, strictement réservée à
l’usage des scieries et à la production de bois de marine. C’est bien plus
souvent victimes de la hache des bûcherons que de la cognée des charbonniers
que les sapinières ont progressivement diminué.
La hêtraie semble avoir été, durant cette longue période de croissance
du Moyen Âge tout au moins, la principale victime des exploitations. Les
sources écrites révèlent la faiblesse de sa valeur marchande. Le hêtre n’est
pas utilisé comme bois d’œuvre et de tous les ustensiles fabriqués par les
artisans, ceux confectionnés en fag sont soumis à des franchises tout à fait
modiques. Sa qualité d’excellent combustible et sa faculté de repousser de
souche le prédisposaient à l’alimentation des forges, au chauffage des fours
domestiques et artisanaux. Répondant à un prélèvement charbonnier toujours
plus important, les hêtraies ont progressivement été éclaircies et converties
en taillis. Avec ou sans autorisation, les paysans en manque de terre
profitaient des déboisements sidérurgiques pour mettre en culture les espaces
ouverts.
À plus basse altitude, Fagus est grignoté par les défrichements culturaux
et les coupes de bois domestiques. Par endroits, il a fait les frais des
mesures de protections instaurées à l’égard du chêne. Les données anthracologiques
(Saint-Laurent de Cerdans) ont mis en évidence son éradication
et sa substitution par la chênaie, forêt usagère beaucoup plus prisée, et préservée
pour la glandée72.
Le diagramme palynologique des Cortalets illustre clairement la surexploitation
de la hêtraie. Alors que Quercus et Abies se maintiennent dans
des proportions assez stables, Fagus diminue considérablement au point de
ne plus être représenté aux environs du site vers le XIIe siècle (a.e.).
72 V. Izard, Les montagnes du fer… op. cit., 29-34.
285

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
L’absence d’indice pollinique n’est pas le reflet de sa disparition. Elle traduit
semble-t-il son éradication au niveau des zones basses mises en culture, et sa
réduction en taillis dans les secteurs plus élevés. La hêtraie surexploitée se
présente sous forme d’un taillis soumis à des coupes régulières empêchant
toute fructification des arbres non matures et donc toute pollinisation.
La destruction des peuplements subalpins a été accentuée par le développement
de l’élevage. Dans les secteurs les plus élevés, l’extension des
pâturages est responsable de l’abaissement de la limite supérieure de la forêt.
Au milieu du XIVe siècle, il faut imaginer les zones d’altitude largement
déboisées. Les pinèdes, grignotées par le haut par les pasteurs et leurs troupeaux,
exploitées plus bas pour les besoins charbonniers et la fourniture de
bois marchands, ont considérablement diminué. Dans quelques vallées du
haut Vallespir, ces boisements réduits, ouverts, cantonnés dans des secteurs
difficiles d’accès, ne suffisent plus aux yeux des communautés au pacage et
au refuge des troupeaux.
Le terme de cette dynamique survient au milieu du XIVe siècle. On
assiste alors à une double rupture résultant de faits totalement indépendants,
mais responsables d’un changement radical. Une rupture d’ordre écologique
tout d’abord. Les transformations socio-économico-culturelles qui ont marqué
les temps carolingiens et les lendemains de l’an mil ont abouti à la mise
en place des systèmes agro-sylvo-pastoraux. L’intensification des défrichements
et des prélèvements forestiers qui s’ensuivent provoque un déséquilibre
entre nature et société. Dans de nombreux secteurs, les forêts défrichées
et surexploitées ne répondent plus aux besoins d’une population plus importante.
La phase de mutation médiévale a conduit à un système à bout de
souffle dont le terme paraissait imminent après plus de cinq siècles de pression.
La phase de repli brutale provoquée par la peste apporte une solution à
l’amorce de crise. Mais les événements dramatiques de la fin du XIVe siècle
sont un bien triste remède aux problèmes croissants du manque de bois. La
rupture démographique bouleverse profondément les systèmes d’exploitations.
L’épidémie et la guerre qui font rage sur le pays vont être responsables
d’une dépopulation considérable se soldant nécessairement par une
diminution momentanée des pressions sur un milieu saturé, un espace boisé
restreint et dégradé.
EN GUISE DE CONCLUSION
La démarche croisée entre sciences de la nature et sciences de
l’homme a permis de mettre en évidence la précocité d’une sylviculture des
espaces forestiers dans les Pyrénées méditerranéennes. Tangibles notamment
à travers le développement de la métallurgie, les premiers signes de gestion
des milieux boisés aboutissent à la mise en place d’une réglementation
286

VÉRONIQUE IZARD
forestière. Dès les lendemains de l’an mil, le développement de l’industrie
sidérurgique, l’intensification des prélèvements communautaires liée à la
croissance démographique suivie de la « révolution technique » apportée par
la mouline hydraulique, vont imposer une véritable organisation des
prélèvements et une circonscription des pratiques. L’exploitation des forêts
industrielles, forêts communautaires, réserves royales et forêts pâturées,
espaces répondant à des besoins spécifiques, est gérée et contrôlée dans un
souci de tirer profit de toutes les ressources offertes par les bois.
Dès les premières décennies du XIVe siècle, la multiplication d’enjeux
autour de ces milieux va orchestrer des différents et de violentes oppositions
face à la multitude d’intérêts divergents. Le cantonnement des pratiques ne
suffit pas à maintenir l’équilibre entre ressources et besoins. Les
prélèvements forestiers à des fins industrielles, artisanales et communautaires,
toujours plus conséquents, augmentent la concurrence sur ces
espaces et aboutissent aux premières manifestations d’une crise forestière
(opposition contre les forges, généralisation des réglementations, usurpations,
mises en défens…). La diminution conséquente des ressources va
jouer un rôle fondamental dans le durcissement de la politique forestière et
les restrictions d’anciens droits d’usages, promulgués en 1345.
Le terme de cette dynamique intervient au lendemain de la crise démographique
du milieu du XIVe siècle qui allège brutalement la pression sur
la forêt. La sous population chronique dans laquelle sont plongés les Comtés
nord catalans offre un moment de répit aux forêts. Au-delà du ralentissement
de l’industrie, les effets dramatiques de la crise se manifestent par le déclin
de l’élevage et de l’agriculture. Les documents historiques font état d’un
enfrichement des terroirs et d’un reboisement spectaculaire. Les résultats
palynologiques, en parfaite cohérence avec les écrits, s’accordent à faire de
cette période de la fin du Moyen Âge une phase de déprise. Fermeture des
milieux et diminution des pressions sont tels que les droits au bois sont au
lendemain des « années de malheurs » d’une extrême souplesse. À la restriction
sévère des pratiques, au cantonnement des droits d’usages, aux mises
en défens et interdictions de coupe, succède une généralisation des exploitations
à l’ensemble des espaces boisés.
Durant plus de trois siècles d’histoire, les mesures édictées autour des
milieux forestiers et l’organisation des pratiques conditionnent, de manière
notable, les dynamiques paysagères. Le système agro-sylvo-pastoral qui se
met en place aux alentours de l’an mil fixe la première trame du paysage.
Les politiques forestières, qui se développent plus de trois siècles avant la
promulgation du code forestier de De Froidour, amorcent quant à elles des
mutations et des changements écologiques durables, dont les paysages sont
aujourd’hui encore empreints.
287

LA GESTION DE LA FORÊT DANS LA PROVINCE
DU ROUSSILLON AU XVIII e SIÈCLE
Michel BRUNET*
Dans la zone de montagne de la province (Albères, Haut-Vallespir, Haut-Conflent, Cerdagne
et Capcir) la forêt représente avec l’élevage la ressource principale. Le qualificatif de
sylvo-pastoral est d’autant plus pertinent que forêts et pacages sont étroitement
imbriqués, les jasses ou clairières pastorales jouant souvent un rôle essentiel et les
fronts forestiers se déplaçant en fonction des essartages, des surexploitations ou des
déprises souvent liées aux fluctuations démographiques. Il est impossible de dresser une
cartographie de la forêt dans un pays qui, ne payant pas la taille, ne possède pas de
compoix et où les terriers seigneuriaux sont trop anciens pour être fiables à l’époque
moderne. Le problème de l’encadrement juridique et administratif de la gestion
forestière : propriété, usages et police des bois est lui aussi d’une grande complexité.
I. PROPRIÉTÉ ET DROITS D’USAGE
On peut distinguer quatre types d’appropriation :
1. La propriété forestière privée est exceptionnelle sauf en Haut-Vallespir
(surtout dans la région de Saint-Laurent de Cerdans).
2. La propriété domaniale est mal délimitée en dehors du Capcir (Forêt de
La Matte et Pasquiers Royaux). Bernard Darles, greffier du Consistoire
du Domaine1 affirme que le domaine royal est laissé à l’abandon, pillé
sans vergogne par les seigneurs ; les terriers royaux n’ont pas été révisés
depuis le XIVe siècle. Il propose une réfection généralisée où les seigneurs
devraient produire leur titre. On lui oppose le principe méridional
: « Nul seigneur sans titre ». La règle est l’allodialité des terres, le
seigneur-roi devra éventuellement prouver ses droits contraires. La réfection
générale ne fut jamais menée à bien.
3. Les propriétés seigneuriales sont dominantes en Conflent (sous la forme
surtout des biens de mainmorte).
4. Les propriétés communales, très importantes en Cerdagne et Capcir.
Pour donner un ordre d’importance, la situation n’ayant pas fondamen-
* U. Toulouse le Mirail.
1 ADPO 1C 252.
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 289 - 296 289

LA GESTION DE LA FORÊT DANS LA PROVINCE DU ROUSSILLON AU XVIII e S.
talement changé depuis deux siècles, les terres collectives couvrent en
Capcir, de nos jours, 77 % de la surface avec 11 968 hectares de
communaux et 7 614 de domaniaux.
Ces problèmes de répartition ne jouent, à l’époque étudiée, qu’un rôle
relativement mineur dans la mesure où la propriété éminente se heurte presque
partout à la propriété utile des communautés usagères. Toutes les forêts
sont grevées de droits d’usage au bois de feu et au bois d’œuvre. Ces usages
sont considérés comme de droit commun en vertu de la loi Stratae qui affirme
notamment que les forêts appartiennent aux puissants « à l’usage de
leur peuple ». L’intendance de la province essaya tardivement de contourner
ce principe de « l’empriu » en rejetant la charge de la preuve sur ceux qui
prétendaient avoir droit aux usages2. Dans le projet de règlement du 30 janvier
1780, on lit dans l’article 4 : » Ordonne pareillement que dans le même
délai de trois mois tous ceux qui prétendent des droits d’usage quelconques
dans les bois seront tenus de représenter leurs titres par devant la Chambre
des Domaines du Roi pour, sur le vue d’iceux, être prononcé ce qu’il appartiendra,
passé lequel délai il demeureront déchus desdits droits. » Pour
beaucoup de communautés l’application de ce règlement eût signifié la fin
des usages au bois puisque leur seul titre était précisément la loi Stratae tirée
des Usages de Barcelone.
Le premier président du Conseil Souverain3 apporta une réponse indignée
et véhémente à cette mesure qu’il qualifie de « despotisme contraire à
la constitution de la monarchie sous laquelle la France a été réglée depuis
treize siècles ». Il précise : » Le droit d’usage sur les bois est dépendant de la
loi de Catalogne nommée Usage Stratae qui a servi de mode et de règle dans
les jugements domaniaux comme dans tous les autres tribunaux dont les
appels ont été jugés par le Conseil Souverain du Roussillon . » On peut noter
au passage que ce texte, comme beaucoup d’autres, dément la légende noire
colportée par des ignorants à propos du Conseil Souverain. Certes la
jurisprudence de cette haute juridiction est complexe et parfois contradictoire
mais très souvent, bien loin de se comporter comme l’instrument féroce du
centralisme étatique français, le Conseil se fit l’ardent défenseur des « libertés
locales » et du particularisme catalan. À vrai dire, son existence même
était liée à un certain autonomisme juridique de la province ; Napoléon en fit
la preuve a contrario en transportant la Cour d’Appel à Montpellier.
2 ADPO 1C 1252 et 1C 1500.
3 ADPO 2B 53.
290

II. USAGES ET ABUS
MICHEL BRUNET
Si les offensives lancées contre le principe de la loi Stratae ont rapidement
tourné court, en revanche la mesure et l’exercice des droits d’usage
ont engendré d’importants contentieux. Si les bois étaient à l’usage des peuples,
la propriété éminente des seigneurs ou du roi se bornait à un droit de
police. Les juristes, dont l’activité principale consiste à contourner ou à détourner
les textes normatifs, introduisirent une faute de traduction dans le
texte des « Usatges » et prétendirent que les bois appartenaient aux puissants
« sauf l’usage de leurs peuples ». Cette distorsion avait pour but de permettre
aux propriétaires d’exploiter leurs forêts une fois que les besoins des
communautés usagères avaient été satisfaits.
À partir de là, il fallait calculer l’ampleur de ces besoins. Si la mesure
objective de l’herbe ou de l’eau nécessaires était impossible, on pouvait
raisonnablement réglementer l’usage au bois avec une certaine précision,
notamment pour le bois d’œuvre en fonction des constructions ou des réparations
indispensables. Les « criées » comportent habituellement des articles
exigeant par exemple une autorisation préalable des consuls ou du bayle
pour se procurer des planches ou des poutres. Les criées d’Osséja de 1758
précisent que, pour le bois d’œuvre, il faudra « faire ostentation aux
consuls », alors que l’accès aux broussailles et au bois mort est libre.
Le problème du partage entre besoins domestiques et exploitation seigneuriale
se complique du fait de la nécessité de gérer la forêt sur le moyen
ou sur le long terme ; la question apparaît clairement pour la forêt de Mosset
en 17424. Le seigneur ayant demandé l’autorisation d’implanter une
deuxième forge, une enquête est lancée sur les capacités de la forêt. Un témoin
déclare : » Il y a assez de bois sur le terroir pour le chauffage des habitants,
la bâtisse et les charbons nécessaires au travail de deux forges mais
les bois seraient épuisés au bout de dix ou douze ans… ». Le fait que la
dame d’Aguilar et son fils « ont fait commerce du bois, ils ont vendu et fait
couper de gros arbres du Bosch Nègre pour faire des poutres » aggrave les
risques futurs de pénurie.
Les arbitrages sont d’autant plus difficiles à rendre que les intérêts, les
appétits, les spéculations, les nécessités s’entrecroisent. Les usagers sont
parfois aussi des forgerons, des bûcherons ou des muletiers qui vivent du
travail de la forge. Nous avons essayé de démêler ce jeu complexe pour ce
qui regarde la commune de Prats-de-Mollo dans un article paru dans les
Études Roussillonnaises de 1999 auquel nous ne pouvons que renvoyer dans
le cadre de cette communication.
4 ADPO 100 EDT 20.
291

LA GESTION DE LA FORÊT DANS LA PROVINCE DU ROUSSILLON AU XVIII e S.
La solution de ces problèmes est induite par des rapports de force
beaucoup plus que par des rapports de droit. La plupart des montagnards
pillent allègrement les forêts du roi ou des seigneurs pour leurs besoins ou
pour leur industrie. Ils le font avec la meilleure conscience du monde, persuadés
qu’ils sont d’être souverains sur leur terroir et les archives fournissent
nombre de déclarations flamboyantes en ce sens. Dans les Albères, en 1776,
le brassier Pierre Campoussy fabrique en série des timons de charrette et des
brancards et il déclare aux bayles qui tentent de saisir ces bois de délit qu’il a
« autant de droit sur la montagne de Sorède que le seigneur du lieu ». Quant
au premier consul de Ralleu, il insulte et menace le garde-bois qui demandait
main-forte en déclarant superbement « que le peuple était maître de disposer
comme bon luy paraissait de sa forêt et que personne n’y avait rien à
voir… »5.
La forêt de La Matte, en Capcir, est l’objet particulier des convoitises
des communautés mitoyennes. On pourrait écrire une thèse entière sur les
délits forestiers commis dans cette zone et sur les tentatives infructueuses de
répression. Les villages de La Llagonne, de Matemale et des Angles font un
commerce très actif de planches et de poutres qui s’exportent jusqu’en
Espagne et ils font scier leurs grumes dans des moulins de Formiguères dont
personne n’est jamais arrivé à contrôler l’activité. Les gens de Puyvalador se
sont spécialisés dans la fabrication des charrettes et l’on trouve dans toute la
province d’industrieux habitants des Garrotxes qui conduisent leurs ânes ou
leurs mulets chargés de sabots. Pourtant la principale activité liée au bois
réside sûrement dans la fabrication du charbon : les maîtres de forge du
Conflent ou du Haut-Vallespir ne sont pas trop regardants en ce qui concerne
l’origine de ces charbons qui leur sont indispensables et les paysans des
Albères alimentent le marché perpignanais pour les besoins domestiques.
Innombrables à vrai dire sont les utilisations de cette source d’énergie et de
cette matière première, des scions vendus pour faire des paniers ou des claies
aux piquets de châtaigniers que l’on commence à utiliser pour la vigne.
III. IMPUISSANCE DE LA RÉPRESSION
Un État divisé contre lui-même
Il n’a jamais été créé d’administration spécialisée pour les eaux et forêts
en Roussillon : ni maîtrise ni table de marbre, et la grande ordonnance
de Colbert n’y a jamais vraiment été appliquée. La police des bois était plus
ou moins partagée de façon conflictuelle entre le Conseil Souverain et
5 ADPO 1C 1240.
292

MICHEL BRUNET
l’administration de l’intendant et de ses viguiers mais seul le viguier Comte
qui supervisait le Conflent et le Capcir opéra quelques incursions d’ailleurs
fort critiquées. La justice était attribuée à une Chambre du Domaine présidée
par un magistrat du Conseil Souverain selon un tour de rôle annuel et qui,
pour ne fâcher personne, ne faisait rien ou pas grand chose.
« Pour remédier au désordre qui règne dans l’administration des bois
de la province du Roussillon »6, le roi attribua en 1759 l’exclusivité de la
police à l’intendant et créa une nouvelle Chambre du Domaine dotée de magistrats
permanents et spécialisés. Le Conseil Souverain prit très mal ce
partage des compétences et s’employa avec beaucoup d’efficacité à paralyser
la répression. À cette fin, l’obstacle procédural le plus efficace consista à
exiger, conformément à la loi française, que les gardes-bois délivrent un
procès-verbal écrit aux délinquants. Il était très difficile de recruter des gardes
exerçant honnêtement « un métier mal regardé » mais exiger en outre
qu’ils fussent lettrés, c’était demander l’impossible. L’inertie habituelle
combinée avec ces embûches contribua à enliser la répression. Le viguier de
Prades signale dans une lettre du 29 mars 1783 que, depuis le 2 mai 1782, le
greffier de sa viguerie a reçu 29 rapports, qu’il a fait assigner exactement les
délinquants et les séquestres en direction du procureur de la Chambre du
Domaine qui n’a pas bougé. « C’est sans doute l’impunité qui enhardit les
malfaiteurs. »
Des complicités généralisées
Les agents de l’État ne peuvent absolument pas compter sur une quelconque
collaboration des autorités locales, qu’ils soient représentants seigneuriaux
comme les bayles ou magistrats municipaux comme les consuls
ou les clavaires. Il ne s’agit pas seulement d’omerta mais très souvent de
complicité active, les notables étant généralement les principaux bénéficiaires
des trafics clandestins liés au bois. Même les curés se mêlent à l’occasion
de la partie. À Molitg, le curé est accusé d’acheter à bas prix de grandes
quantités de bois de délit, probablement pour le revendre. En 1766, à
Caudiès, lorsqu’un garde forestier prête main-forte à un huissier « le curé
serait sorti à la fenêtre de sa cure à deux différentes reprises et aurait crié
publiquement et à haute voix et en présence de nombre de personnes audit
garde qu’il était un bêlitre, un coquin, un voleur… qu’il voulait le faire casser
de sa charge de garde ». Lorsque dans les années 1750, le viguier Comte
lance une grande offensive pour le contrôle des forêts du Capcir, ce sont
quatre curés du plateau qui s’adressent directement au roi pour le contrer.
6 ADPO 2B 83.
293

LA GESTION DE LA FORÊT DANS LA PROVINCE DU ROUSSILLON AU XVIII e S.
Des délinquants misérables contre lesquels on n’a pas
de prise parce qu’ils sont insolvables
Même lorsque les faits délictueux sont clairement établis,
l’administration renonce souvent à poursuivre des bûcherons clandestins qui
ne possèdent que leurs bras. Le 8 juin 1759, le brassier du Conflent Michel
Brunet est condamné à une très lourde amende de 50 livres mais il en est
totalement déchargé dès le 17 septembre. Il faut prendre garde cependant au
fait que si les exécutants sont souvent des pauvres, les commanditaires sont
parfois des notables. Dans un procès de la commune de Vernet contre le
sieur Cazes qu’elle accuse de se faire livrer en fraude du bois de la Ville par
des brassiers, la nuit, après leur travail, on peut lire « On ne manquerait pas
de se servir de gens insolvables et sans aveu pour ces sortes de délits et par là
les bois seraient impunément dévastés ». Les consuls de l’époque invoquent
la misère comme cause unique de la délinquance comme les sociologues
d’aujourd’hui. Dans une supplique de 17547, les responsables de la
commune des Angles affirment que les dégradations faites dans les forêts
depuis 1752 « n’ont été faites que par des misérables et même des coquins
… ; ces gens aussi dépourvus de tout et pour ainsi dire sans aveu sentant
qu’ils n’ont rien à perdre se mettent peu en peine d’obéir et ne sont nullement
délicats à enfreindre les ordonnances ; car pour ce qui est des vrais
habitants du lieu des Angles et tout ce qu’il y a d’honnêtes gens, les suppliants
osent vous assurer, Monseigneur, qu’il n’en est aucun qui n’ait respecté
et ponctuellement observé l’ordonnance de Monsieur Bertin. » Les
misérables ont bon dos. Nous savons pertinemment que les notables villageois
sont les principaux promoteurs et bénéficiaires du trafic clandestin du
bois.
IV. L’HORIZON DE LA VIOLENCE
Le recours à la violence contre les agents de l’autorité, gendarmes,
agents de la Ferme Générale ou gardes forestiers est assez habituel et
l’impuissance de la répression s’explique aussi par un rapport de force défavorable
dans un pays où tout le monde est armé et n’hésite guère à se servir
de ses armes. Lorsque le viguier Compte se fait accompagner dans ses tournées
en Capcir par un secrétaire, trois marteleurs et deux gendarmes et qu’il
fait payer 27 livres par jour comme frais de déplacement aux communautés
locales, il se justifie en ces termes : » Serait-il prudent au sieur Compte
d’aller dépourvu et sans escorte dans des bois, dans des forêts pour faire des
opérations que des habitants du Capcir ne voyent qu’avec rage et ne souf-
7 ADPO 1C 1906.
294

MICHEL BRUNET
frent que par pure force ? Peut-on se fier à des gens assez malins, assez portés
à secouer le joug que les Capcinois ? Serait-il sage de se confier à leur
bonne foy dans un pays et dans des lieux si propres à faire un mauvais
coup ?… La plupart des habitants sont des paysans grossiers naturellement
factieux qui se livrent souvent au torrent de leur penchant ou de leur intérêt
personnel. »8 Le sieur Compte n’était probablement pas lui-même un modèle
de rigueur et d’honnêteté mais, dans le cas d’espèce, son sentiment du danger
était tout à fait réaliste. Pour ne citer qu’un exemple, lorsqu’un garde est
grièvement blessé en 1780 par un individu qui est détenu à Olette, ce prisonnier
est libéré par des gens masqués dans la nuit alors que la maréchaussée
montait pour le transférer à Perpignan. Il est évident que si les gardes
échappent en général à la vindicte de la population, c’est parce qu’ils se font
les complices actifs ou passifs de la fraude. Tout zèle de leur part comporte
un risque mortel.
CONCLUSION
On peut, en conclusion, se poser un certain nombre de questions.
1. Pourquoi, malgré tout, l’appareil répressif continue à fonctionner
cahin, caha ? Les gardes sont achetés, menacés ou agressés, les rapports
remis aux greffes des vigueries sont oubliés, les jugements de la Cour du
Domaine sont cassés par le Conseil Souverain qui s’emploie à tout paralyser,
les amendes ne sont presque jamais payées et les pires violences restent
impunies dans la mesure où les criminels s’échappent aisément vers
l’Espagne. Pourtant la machine répressive et judiciaire continue à tourner, à
vide le plus souvent, mais elle tourne comme un manège déserté. On peut
sans doute invoquer la formidable capacité d’inertie et d’hypocrisie de toute
machine administrative, invariant sociologique dont on pourrait trouver des
exemples de nos jours. Plus profondément nous pensons que cette permanence
paradoxale s’explique par les heurts d’intérêt des populations locales :
les gendarmes sont en partie paralysés par les contradictions et les faiblesses
de l’appareil étatique mais les voleurs sont en compétition les uns avec les
autres et ne présentent donc pas un front uni. L’un des sports forestiers les
plus appréciés est d’aller piller les forêts du voisin. Chaque transgresseur
souhaite donc que la règle soit appliquée aux autres. On peut lire une application
de ce principe dans les criées d’Odeillo qui sont renouvelées à la demande
des habitants : « Ces criées n’ont point été renouvelées de depuis
(1737) ce qui enhardit les habitants des lieux voisins à y contrevenir journellement
au préjudice de la communauté suppliante ». La communauté
8 ADPO 1C 1238.
295

LA GESTION DE LA FORÊT DANS LA PROVINCE DU ROUSSILLON AU XVIII e S.
d’Odeillo réclame l’application de l’Ordonnance de 1669 (œuvre de Colbert)
qui n’a été enregistrée par le Conseil Souverain qu’en 1759 à la suite d’un
« oubli » quasi séculaire et précise que les criées renouvelées devront être
publiées à Via et à Bolquère afin que nul n’en ignore. Ce rappel à la règle
joue donc le rôle d’une vague menace, d’une épée de Damoclès susceptible
d’intimider les plus craintifs.
2. La médiocrité de la répression a-t-elle entraîné ou favorisé un recul
de la forêt ? Nous ne pouvons pas formuler de réponse précise à cette question
pourtant fondamentale. On peut citer des cris d’alarme allant dans ce
sens dans le Haut-Vallespir ou dans la commune de Mosset par exemple
mais ces données sont ponctuelles, difficilement vérifiables. Il est probable
que l’augmentation de la pression démographique et les appétits des maîtres
de forge ont poussé, ici ou là, à dépasser les possibilités de régénération de la
forêt.
3. Les bouleversements institutionnels opérés par la Révolution et les
régimes subséquents ont-ils amélioré la gestion forestière et clarifié les pratiques
des communautés usagères ? Bien que le chantier soit vaste et inégalement
exploré, on peut répondre clairement par la négative. La plupart des
forêts seigneuriales sont devenues domaniales et l’action des nouvelles administrations
des eaux et forêts a été toute entière orientée dans le but de
chasser les paysans des forêts de l’État. Récusant la légitimité du vieil usage
Stratae, les administrateurs et les magistrats ont exigé que les communes
produisent des titres particuliers qu’elles n’avaient jamais eus ou dont elles
ne pouvaient fournir la preuve. À l’issue de véritables marathons judiciaires
menés avec acharnement, toutes les communes ont perdu leurs droits à
l’exception de La Llagonne, de Sauto et d’Aiguatebia. Du coup, les violences
forestières ont été exacerbées et ont pris l’allure de véritables insurrections
dont le point d’orgue sera la période 1848-1852. Le Second Empire
ramènera progressivement le calme par un mélange habile de concessions et
de répression, aidé en cela par un début d’exode rural qui rendra la question
moins brûlante.
296

POLÍTICOS-EMPRESARIOS LIBERALES Y
COMPAÑÍAS EN LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE
DEL IRATI (NAVARRA) A MEDIADOS
DEL SIGLO XIX*
Angel GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI **
El bosque del Irati está situado en el Pirineo navarro oriental. Aunque
también se denomina con este nombre a montes del valle de la Aézcoa
(Navarra) y de los “países” de Ciza y Sola (Francia), aquí nos referimos a su
parte más importante, que con una superficie de 6 520 ha es propiedad de la
Junta General del Valle de Salazar (Navarra), que comprende 15 villas. Este
bosque es conocido por la abundancia y extraordinaria calidad de sus hayas,
abetos, pinos y árboles de otras especies, cuya explotación viene de antiguo.
La delimitación de la parte de bosque que correspondía a cada uno de
los valles y “países” citados generó problemas ya en la Baja Edad Media y
continuaron después de la separación de la Baja Navarra, hoy francesa, de la
Alta Navarra o española. Los incidentes se hicieron más frecuentes en el
siglo XVIII, cuando tanto Francia como España trataron de impulsar sus
construcciones navales con la madera de estos montes1 y continuaron en los
años siguientes hasta que se llegó al Tratado de Límites de 1856 que fijó el
trazado de la frontera internacional2. De todos modos, por encima de estas
* Este trabajo ha sido elaborado en el marco general del proyecto de investigación « El
Sexenio Democrático en Navarra : análisis prosopográfico de los liberales », subvencionado
por el Gobierno de Navarra (2002-2004).
** Universidad Pública de Navarra – Pamplona.
1 Lo que dio lugar a varios proyectos para hacer posible el transporte de la madera por
carreteras y por tramos de algunos ríos (IDOATE, F., Rincones de la historia de Navarra,
Pamplona, Institución Príncipe de Viana, 1979, t. III, pp. 615-617).
2 Por Madoz sabemos que en la guerra de la Convención la casa fuerte construida unos años
antes para defender las instalaciones de la marina real resistió el ataque de los republicanos
franceses, pero que durante la guerra de la Independencia se destruyeron los edificios, sierras
de agua, exclusas, etc. (MADOZ, P. , Diccionario Geográfico, Histórico, Estadístico.
Navarra, Ed. facsímil, Valladolid, 1986, pp. 149-151 ; en estas páginas también se dan otras
noticias sobre los litigios mantenidos por el valle de Salazar con el Gobierno para mantener
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 297 - 325 297

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
disputas, el crecimiento del sector forestal en las últimas décadas del XVIII
vino a impulsar la economía de los valles pirenaicos orientales navarros que
establecieron una serie de vínculos comerciales con comarcas limítrofes y
también con puntos situados fuera de Navarra3.
En este trabajo se da cuenta de la formación sucesiva de varias
compañías conocidas comúnmente como “del Irati”, aunque se refundaron
con varios nombres (además de la primera, propiamente denominada “del
Irati”, “Inda”, “Carriquiri” y “Moso y Bezunartea”), para la explotación
maderera del bosque del Irati desde los años finales de la primera guerra
carlista, cuando el valle de Salazar decidió arrendarlo por las difíciles
circunstancias que atravesaba a causa del conflicto. Fundamentalmente se
informa de la condiciones bajo las que se hacían las contratas y se analiza la
peculiar composición de estas sociedades. Muchos de sus accionistas pertenecían
a la clase política del momento : un ministro de Espartero alavés,
varios diputados forales y a Cortes navarros, sus parientes y allegados, y
algún ciudadano francés. Aquéllos de los que conocemos su trayectoria
estuvieron notoriamente vinculados al liberalismo (unos moderados y otros
progresistas) y, a la par, fueron hombres de negocios representativos de la
“propiedad perfecta capitalista”. Por tanto, actuaron primando sus intereses
por encima de cualesquiera otros y fundamentalmente por los criterios de
máxima rentabilidad y de acumulación de capital, es decir, desde los principios
propios del liberalismo económico y de la economía de mercado. Para
ello se valieron de sus contactos e influencias y, en sus inicios como empresarios
forestales, se vieron favorecidos por la mencionada difícil situación
del valle de Salazar al final de la primera guerra carlista, lo que les permitió
llevar a cabo una “desamortización silenciosa” de su patrimonio.
De todos modos, las dificultades para extraer la madera del Irati, la
escasa demanda y problemas de tipo legal, que se expondrán más adelante,
hicieron que, al menos en los primeros años, no obtuvieran beneficios. De
ahí, los continuos cambios en el accionariado de dichas compañías, aunque
algunos de los primeros y más importantes de sus promotores permanecieron
en todas ellas.
Así pues, además de dar noticias sobre estas explotaciones forestales
escasamente conocidas, se ofrecen otras que ilustran los intereses, las pautas
de comportamiento fuera del ámbito estrictamente político y las relaciones
de un grupo de políticos liberales navarros desde los años finales de la
primera guerra carlista hasta la Restauración alfonsina. Los historiadores han
su propiedad sobre el bosque, etc.).
3 PAN-MONTOJO, J., Carlistas y liberales en Navarra (1833-1839), Pamplona, Gobierno de
Navarra, 1990, p. 63.
298

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
prestado gran atención al proceso de transformación institucional de
Navarra, que pasó de reino a provincia foral en 1841, pero hasta la aparición,
en 1997, del libro de Carmen Erro Gasca Promoción empresarial y cambio
económico en Navarra, 1830-1913 apenas han mostrado interés por las élites
de esa etapa, si se exceptúa a los estudiosos de la desamortización y a los
autores de trabajos de tipo prosopográfico. La nueva luz que se arroja sobre
la trayectoria de algunos de ellos permite aumentar el conocimiento acerca
de un grupo de individuos de la clase política navarra anticarlista,
representativo de sus sectores más emprendedores, que estaban volcados en
no pocos negocios y cuyo radio de actuación traspasaba los límites de su
provincia4.
Las fuentes utilizadas han sido las provenientes del Archivo de Protocolos
Notariales de Navarra y una parte de la documentación original de la
compañía más duradera, “Moso y Bezunartea” (sustancialmente correspondencia
y dos copiadores de cartas que van del 11 de septiembre de 1845 al
25 de julio de 1850 y del 7 de abril de 1871 al 22 de agosto de 18795), que
permiten una primera aproximación a la cuestión adaptada a las dimensiones
propias de una comunicación par un congreso.
Muy probablemente durante la primera guerra carlista la explotación
de los montes navarros se redujo, pero desde luego no se suspendió, aunque
hay constancia de que alguna sociedad maderera desapareció6. Además, si
bien el proceso de las ventas de comunales es menos conocido que en las
zonas central (Media) y meridional (Ribera) de Navarra, también en la parte
septentrional (la Montaña) precisamente los gastos generados por la
contienda hicieron que ya durante su transcurso algunas localidades se
vieran obligadas a vender parte de su arbolado para hacerles frente. Así, el 8
de junio de 1836 Cilveti y Erro, localidades del valle de este último nombre,
4 Muchos de ellos formaron parte de la Sociedad Económica de Amigos del País de
Pamplona (ERRO GASCA, M. C., Promoción empresarial y cambio económico en Navarra,
1830-1913, Pamplona, Cámara Navarra de Comercio e Industria, 1997, pp. 187, 198 y 199).
En el artículo 1º de sus estatutos se decía que era “una reunión de Amigos del país dedicados
por puro patriotismo a fomentar el bien público y la riqueza de la Provincia” (Estatutos de la
sociedad económica de Pamplona, Año de 1842, Imprenta de T. Ochoa).
5 Todas las noticias de este trabajo de las que no se indique otra fuente proceden de esta
documentación.
6 Tenemos constancia de que algunas localidades de la Barranca vendieron arbolado en 1834
y 1835 (GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI, Á., Demografía y sociedad de la Barranca de
Navarra, 1760-1860, Pamplona, Gobierno de Navarra, 1985, pp. 399 y 401, nota 911). Una
de las compañías que desapareció fue la formada por los hermanos Eugenio, Martín y Fermín
Barace y otros, que se disolvió a finales de 1835 (Archivo de Protocolos Notariales de
Navarra, en adelante APN, Mariano Ros, Roncal, 1837-1838, leg. 141, incluida sin número
en este legajo).
299

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
vendieron hayas para hacer carbón a dos vecinos de Alduides (Baja Navarra,
Francia), que les habían adelantado 29 onzas de oro y 2 duros para comprar
suministros para el ejército liberal7. A su vez, en el valle de Roncal también
seguían explotando el arbolado y se conservan contratos para el transporte de
maderos de esos años8.
En cuanto al bosque del Irati, que es el que nos interesa, se sabe que,
también durante la guerra, el valle de Salazar dedicaba una pequeña cantidad
de sus hayas a fabricar carbón y remos, pero, quizá a causa del conflicto, el
resto del bosque, como se dice en 1839, permanecía improductivo y los
árboles de esa especie y los abetos “se pudrían de vejez sin dar el menor
producto”9. A ello debió contribuir el que varias de las ventas de arbolado
acordadas por el valle en los años finales de la primera guerra carlista no se
pudieran llevar a cabo.
En efecto, sabemos que así sucedió con algunas de las que se mencionan
a continuación. El 18 de marzo de 1836 el valle vendió hayas a Juan
Salle, comerciante de San Juan de Pie de Puerto (Francia), y ese mismo año
100 000 cargas de carbón para la ferrería de Larráun, que se harían en los 14
siguientes10. El 16 de noviembre de 1837 autorizó a Fernando Bezunartea,
alcalde de Ochagavía, Pedro Francisco Goyena, representante de Esparza de
Salazar, y Juan José Iribarren, alcalde de Güesa, para que vendiesen o
arrendasen por algún tiempo dos porciones del monte Irati a “algunos franceses”
que se habían interesado en hacer carbón, remos, etc.11. La decisión
estaba motivada por “los extraordinarios gastos que ocasionaba la guerra y
no teniendo otro modo de sacar recursos por hallarse los pueblos exhaustos
por las extraordinarias exacciones que han sufrido”12. También el mismo día
7 APN, Burguete, Juan Felipe Legarra, leg. 97, 1836, 22.
8 Ibidem, Roncal, Mariano Ros, leg. 140, 1835, 18. En esta escritura, del 2 de abril de 1835,
se estipulan las condiciones en las que tres vecinos de Roncal llevarían 173 maderos de Isaba
(valle del Roncal) a Zaragoza.
9 Ibidem, leg. 142, 12 de agosto de 1839, s/n. Numerosas noticias sobre el transporte de
maderas por los ríos Aragón, Esca, Salazar e Irati desde el siglo XVI al XX en LABEAGA
MENDIOLA, J.C., Almadías en Navarra. Merindad de Sangüesa, Pamplona, Gobierno de
Navarra, 1992.
10 Se alude a ellas en dos escrituras, una del 2 de enero de 1838 y otra del 12 de agosto de
1839, de las que se hablará más adelante.
11 No parece que se trate de la Junta de Montes del valle, pues no hay ninguna referencia al
respecto y solo eran tres individuos (aquéllas se componían del alcalde más cuatro vecinos).
La formación de tales juntas se reguló en la Ley 26 de las Cortes de Navarra de 1828 y 1829
(IRIARTE GOÑI, I., Bienes comunales y capitalismo agrario en Navarra, 1855-1935,
Madrid, MAPA, 1997, pp. 263 y 264).
12 APN, Roncal, Mariano Ros, leg. 141, 1837, 36.
300

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
para poder pagar una cantidad de dinero en metálico exigida por el “comandante
general de los valles pronunciados de la Montaña”13, el de Salazar
autorizó al citado Bezunartea para que tomase dinero a préstamo a cuenta de
las ventas de hayas del Irati que pudiera hacer14.
Como resultado de la negociación que llevó a cabo Bezunartea, se
llegó a un acuerdo con el mencionado Juan Salle, en cuya casa (como veremos)
parece que aquél residió al menos intermitentemente desde 1838 hasta
el final de la guerra, y el 2 de enero de 1838 se formalizó una contrata por la
que el valle le vendió 8 000 hayas para remos a dos pesetas cada una bajo las
condiciones siguientes :
1ª Salle podría elegir las hayas en todo el bosque del Irati, excepto las
que estaban marcadas por contratas anteriores ; 2ª El valle podría vender
todas las que aquél no señalara con su distintivo (una “S”) ; 3ª Salle podría
trabajar todas las hayas que había comprado el 18 de marzo de 1836 después
de que expirase el plazo del contrato firmado entonces ; 4ª Salle tendría entre
16 y 20 años para llevar a cabo la contrata, pero, si en ese tiempo se
prohibiese la exportación de remos a Francia, el valle debería devolverle las
cantidades que hubiese percibido de más después de pagar las hayas cortadas
antes de producirse esa circunstancia a razón de dos pesetas por cada pie ; 5ª
(se refiere a la forma de pago de Salle) ; 6ª y 7ª Como el valle, mediante una
agencia (la de un tal Sarchi), estaba negociando otra contrata para hacer
carbón con una compañía francesa de la que también formaba parte Salle,
contemplaba las condiciones en que se refundirían las condiciones de ambas
ventas15.
El acuerdo pone de manifiesto el protagonismo y la influencia del
escribano y propietario Fernando Bezunartea Arbe (Ochagavía, 1800-Aoiz,
1883), de ideología liberal, que fue elegido diputado foral de Navarra por el
distrito de Aoiz en 1843 (dos veces), 1847,1850 y 1854 y además candidato
a diputado a Cortes el primero de estos años16. Al igual que otros socios, y
que muchos de los relacionados con estas sociedades madereras, fue
13 Los testimonios sobre la impronta liberal, o al menos no carlista, de los valles pirenaicos
navarros de Aézcoa, Roncal y Salazar vienen desde la guerra de los Siete Años. Entre otros,
pueden verse al respecto los de MADOZ, P. , Diccionario, p. 343, MINA APAT, M. C.,
Fueros y revolución liberal en Navarra, Madrid, Alianza Universidad, 1981, pp. 124 y 125, y
PAN-MONTOJO, J., Carlistas y liberales en Navarra, pp. 57-62.
14 APN, Roncal, Mariano Ros, leg. 141, 1837, 37.
15 Ibidem, Burguete, Miguel Echeverría, leg. 144, 1838, 1.
16 Su trayectoria puede verse en GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI, Á., Diccionario
Biográfico de los Diputados Forales de Navarra (1841-1931), Pamplona, Gobierno de
Navarra, 1996, pp. 91-94.
301

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
comprador de bienes desamortizados17 y accionista de varias empresas
mineras, además de uno de los impulsores más importantes de las compañías
tratadas aquí.
Sus actuaciones tuvieron lugar cuando la situación del valle era muy
apurada a causa de la guerra como la de toda Navarra. Así, el 19 de mayo de
1838, a fin de atender también a los gastos extraordinarios provocados por el
conflicto, las autoridades del valle encargaron a su alcalde mayor, Juan José
Bezunartea, para que, en unión de los citados Fernando Bezunartea, Pedro
Francisco Goyena, y Juan José Iribarren y otros vecinos del valle, vendieran
o arrendaran hayas y abetos del bosque del Irati, “en general o por trozos”,
excepto uno que se reservaban, en los términos y condiciones que estimasen
oportunos18. A la misma finalidad respondió seguramente la venta de 2 000
hayas hecha por el valle el 29 de junio siguiente a los señores Becqué19 y,
como se dirá en la página 271, a un tal Sirodot.
Tal como ocurrió con las de 1836, que tuvieron que renegociarse, el 2
de enero de 1838, estas contratas también se reajustaron en una escritura de
12 de agosto de 1839, lo que indica que las cortas de arbolado que contemplaban
no se hicieron en el tiempo estipulado y que por tanto ni el valle ni
los empresarios pudieron beneficiarse de ellas.
Parece lógico pensar que tales aplazamientos estuvieron relacionados
con las noticias de que en julio y agosto de 1838 los trabajos forestales en el
Irati se paralizaron porque la administración francesa de bosques impidió
cortar hayas en el término de Michondo e, incluso, llevó a los operarios
dedicados a estas tareas al tribunal correccional de Saint-Palais, que les
impuso una multa y las costas del juicio. Los operarios litigaron ante la Real
Corte de Pau alegando que dicho término era territorio español como parte
del bosque del Irati perteneciente al valle de Salazar, que el 12 de agosto de
1839 nombró a Fernando Bezunartea, para que le representara en la apelación
contra dicha administración francesa, pidiese el sobreseimiento de las
diligencias judiciales hasta que los gobiernos de España y Francia
17 Lo fueron también Juan Pedro Aguirre, Pedro y Nazario Carriquiri, Pedro Marcos Pérez,
Benito y Juan Pablo Ribed, los escribanos de Pamplona Gregorio Abínzano y Javier María de
Goñi citados más adelante en quienes confiaron para hacer las escrituras de sus sociedades, y
Miguel Euleche y Mariano Barrón, que trabajaron para la empresa en Pamplona y Tudela,
respectivamente (DONÉZAR DÍEZ DE ULZURRUN, J.M., Navarra y la desamortización de
Mendizábal, 1836-1851, Pamplona, Gobierno de Navarra, 1991, pp. 317-327).
18 APN, Roncal, Mariano Ros, leg. 141, 1838, 43.
19 Así se recoge en la citada escritura del 12 de agosto de 1839.
302

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
estableciesen los limites y que se le reconociese como propietario de
Michondo20.
A pesar de que este tipo de dificultades junto a las circunstancias
bélicas impedían la normal explotación del bosque, sabemos que otros se
dedicaron a ello. Por ejemplo, a finales de 1838 o principios de 1839 un
vecino de Valcarlos, José Bernard, y otro de Escároz (Salazar), Francisco
Luis Roda, que tenían negocios juntos21, establecieron en el bosque una
sierra molinar para fabricar tablas y el 27 de febrero de 1839 formalizaron la
escritura de creación de una compañía al efecto22.
“LA COMPAÑÍA DEL IRATI”
En este contexto, desde finales de 1837, al menos, como se deduce de
la citada contrata del 2 de enero de 1838 del valle de Salazar con Salle, a
través de este último y de Fernando Bezunartea, un grupo de hombres de
negocios, algunos de los cuales ocupaban diversos cargos políticos, venían
trabajando en la constitución de una compañía para explotar el bosque del
Irati a gran escala. Su objetivo se veía facilitado porque en los meses finales
de la guerra los vecinos de los pueblos salacencos, afectados por los cuantiosos
gastos derivados del conflicto, se encontraban “empobrecidos y arruinados
por haber perdido la mayor parte de sus ganados, único medio de vivir
de la Montaña”23. Esta circunstancia debió sobreponerse a cualquiera otra
por lo que cabe pensar que, aunque fueron los más adinerados los que
gestionaron la venta, los sectores menos favorecidos apoyaron o, al menos,
no se opusieron a la iniciativa.
La gestación de dicha compañía la conocemos en parte gracias a la
conservación parcial de la correspondencia cruzada entre dos de sus
promotores. Se trata de Juan Miguel Inda y Fernando Bezunartea ; se
conservan las cartas de aquél, que era vicecónsul en Oloron, a este último,
mientras residió, como se ha dicho, en San Juan de Pie de Puerto, en casa de
Juan Salle, seguramente, a causa de la guerra.
20 APN, Roncal, Mariano Ros, leg. 142, 1839, 58.
21 Por una escritura del 12 de enero de 1837 comprobamos que se intercambiaban géneros de
botiga y por otra del 2 de octubre de 1841 que Roda y su mujer, Lina Iribas, se obligaron a
pagar a Bernard su deuda por géneros coloniales que le habían adquirido desde 1838) (APN,
Burguete, Miguel Echeverría, leg. 144, 1837, 55 ; y Aoiz, Fernando Bezunartea, 1841, leg.
274,133).
22 APN, Burguete, Miguel Echeverría, leg. 144, 1839, 19.
23 Así lo manifestaron en la escritura del 12 de agosto de 1839 en la que se formalizó la
contrata.
303

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
El 7 de julio de 1838 Inda respondió a cuatro cartas de junio y a otra
del 5 de julio, de Bezunartea, diciéndole que ese mismo día escribía a un tal
M. Marliani24 que, a falta de su decisión y para que otros no se adelantaran,
estaba dispuesto a tratar con el valle de Salazar, siguiendo las gestiones de
Bezunartea, máxime considerando que con la entrega de 6 a 8 000 francos se
aseguraban la propiedad. La carta termina “con finos afectos al Comandante
general bay laister (expresión en vasco que significa muy pronto) de Navarra
Aguirre” y con la posdata siguiente : “Por descontado estoy esperando
órdenes del amigo Aguirre para hacer los uniformes”, lo que implica que
también participaban en el negocio de los suministros al bando liberal.
Inda se refería, seguramente al hombre de negocios Juan Pedro
Aguirre Doray (Valcarlos, 1798 - San Juan de Pie de Puerto, Baja Navarra,
Francia, 1875), entonces comandante general de los “nacionales” (miembros
de la Milicia Nacional) de Valcarlos, quien como Bezunartea apoyó el
movimiento insurreccional de septiembre de 1840 a favor de Espartero. Fue
elegido diputado foral en 1836, 1840 (en dos ocasiones) y 1852 y también lo
fue a Cortes en 184325. Al igual que en la documentación utilizada, la misiva
pone de manifiesto las estrechas relaciones de este grupo de liberales con
otros residentes en Bayona, Pamplona y otras localidades navarras y en
Madrid, San Sebastián y otras ciudades. Buen ejemplo de ello son las dos
cartas siguientes.
En una del 8 de septiembre, Inda habla de que un tal Jules Gindre26
estaba estudiando el proyecto, que consideraba “muy realizable”, y le ruega
a Bezunartea que vaya con Aguirre a verle para hablar del asunto27. En la
posdata le comunica que otro amigo común, D. Bornás, estaba con su mujer
en Oloron, añadiendo, “si supiera nuestro proyecto como le ayudaría a vd.
para el mejor resultado… o han de caher los cien mil guretaco (en vasco para
nosotros), o que vaya al diablo todo. Constancia”. Casi con total seguridad
Inda se refería al salacenco Domingo Bornás (Ochagavía, 1794), realista en
el Trienio, pero liberal en la primera guerra carlista, diputado provincial en
1836 y padre del también diputado provincial Eugenio Bornás Mancho
24 No podemos pasar de la mera conjetura, dado que en ese tiempo hubo varios Marliani
conocidos por su trayectoria pública, sobre si pudiera tratarse del senador por las islas
Baleares en 1842 Manuel Marliani, autor del libro Influencia (de la) del sistema prohibitivo
en la agricultura, industria, comercio y rentas públicas, Madrid, 1842, en 8º, XLVI+392 pgs.
25 Su trayectoria puede verse en GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI, Á., Diccionario Biográfico,
pp. 77-80.
26 Quizás el mismo Jules Gindre (1806-1890) autor de una Mémoire geologique sur les
environs de Bayonne (París, 1840).
27 Le dice también que hablarían de “Zabalza, el comandante”, cuya personalidad nos es
desconocida.
304

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
(Ochagavía, 1823 - Lumbier, 1898)28, quien obviamente podía abrirles
muchas puertas a nuestros “políticos-empresarios”.
La amplitud de las relaciones y contactos de Inda y sus amigos se
pone de manifiesto en su misiva del 8 de diciembre siguiente en la que alude
a que sus socios Agustín Fernández de Gamboa, Fermín Lasala y R. M.
Goizueta estaban tratando de varios aspectos del negocio. La relevancia de
alguno de estos es sobradamente conocida. El progresista alavés Fernández
de Gamboa (Nanclares de Gamboa, Álava, 1789 - Madrid, 1850), cuñado de
Juan Álvarez Mendizábal, fue cónsul general en Bayona desde finales de
1836 y protector de la Milicia Nacional de Valcarlos y “de los valles
sublevados”, así como candidato a Cortes por Navarra en 1839. En octubre
de 1840 fue nombrado ministro de Hacienda. Este prócer alavés fue acusado
de haberse enriquecido en su puesto de cónsul en Bayona, pero no se pudieron
demostrar los cargos. Una tía suya, María Carmen Fernández de
Arroyabe, contrajo matrimonió con Francisco Brunet y fueron padres de
María Carmen Brunet Fernández de Arroyabe, casada con José Churruca
Ecenarro (Motrico, 1790 - Zaragoza, 1849), diputado a Cortes en 1843 y
1844 y senador vitalicio desde 1846, con el que Gamboa mantuvo relaciones
políticas y económicas29.
Fermín Lasala Urbieta (San Sebastián, 1798 - Madrid, 1853) trabajó
en el comercio de los Collado de San Sebastián y casó con Rita Collado,
hermana de José Manuel Collado, que fue diputado a Cortes. Fue alcalde de
San Sebastián (1842), presidente de la Diputación de Guipúzcoa (1844),
consiliario del consejo de Gobierno del Banco Español de San Fernando y
diputado a Cortes por el distrito de San Sebastián en 1846, 1850, 1851 y
1853. Además de con los Collado, tenía negocios con los Luzuriaga, Brunet,
Calbetón y con una serie de firmas extranjeras30. De R.M. Goizueta no disponemos
de noticias fidedignas, pero quizás se trate de Ramón Goizueta,
28 GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI, Á., Diccionario Biográfico, pp. 99-102.
29 Diccionario Biográfico de los Parlamentarios de Vasconia (1808-1876), Joseba
Agirreazkuenaga Zigorraga et alii, Vitoria, Parlamento Vasco, 1993, pp. 145, 281-288, 402-
406, 475. Las acusaciones de que Gamboa se enriquecía ilícitamente desde su puesto de
cónsul en Bayona proceden de Avinareta, que llegó a escribir : “Collado es cuñado de Lasala,
comerciante que le despacha todos los negocios a Gamboa, es el verdadero cónsul, porque
Gamboa no pasa de un estólido. Collado, Lasala, Gamboa, Mendizábal, etc. Forman la
compañía mercantil que sostienen con todo su poder e influencia a Gamboa” [SIMÓN y
PALMER, Mª C., “El espionaje liberal en la última etapa de la primera guerra carlista :
nuevas cartas de Avinareta y de F. De Gamboa”, en Cuadernos de Historia, 4 (1973),
pp. 292-294 y 337].
30 Ibidem, pp. 147, 255, 273, 395, 527-534.
305

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
político progresista, miembro de la Comisión Económica de Guipúzcoa en
1841 y diputado a Cortes en 1841 y 184331.
A finales de ese año de 1838 los interesados en la empresa estaban ya
de acuerdo en la forma de iniciarla, pues el 15 de diciembre Inda dijo a
Bezunartea que empezase a negociar la compra del bosque comenzando por
las hayas y, siguiendo las indicaciones de aquél, dejando para más tarde los
abetos. Las observaciones sobre estos últimos y otras que hacía a continuación
ponen de manifiesto que confiaba en la rentabilidad del negocio para la
compañía así como el papel central de Bezunartea en lograr que el valle
aprobase la contrata. Aludía a que debía haber :
“una escritura reservada sobre los segundos árboles (pinoabetos) que deben ser para
nosotros irremisiblemente tan luego como las circunstancias políticas lo permitan y la
aurora de la paz amanezca en nuestro patrio suelo. Dichos pinoabetos como se conseguirán
quizás (?) a menos todavía del precio de tres francos por pieza, tengo mi plan
formado de reservárnoslos para vd. y yo. Vd. sin desembolsar nada disfrutará lo mismo
que yo haciendo mi anticipo. Cuento con la sagacidad y celo de vd. para ello.
Mucho me gusta su desprendimiento y desinterés hasta consumado el contrato y obtenidos
los permisos para la libre explotación del bosque, en cuyo tiempo y no antes se
pensará pues en remunerarle por la compañía de Lasala, Gamboa, Goizueta e Inda,
rasgo que haré presente a dichos señores en mi próximo viaje a Bayona y al regreso
trasmitiré a vd. una nota de las bases del contrato y nombre a quien debe hacer la
escritura”32.
El 24 de diciembre Inda, que confirma a Bezunartea su cese del cargo
de vicecónsul a iniciativa de “los retrógados”, le dice que estaba de acuerdo
con su propuesta de comprar todo el monte hayal por 8 o 9 000 francos
anuales, pero ahora le insiste en que era preciso adquirir no sólo árboles de
esa especie, sino también todos los abetos, a razón de 12 reales cada uno,
para evitar que nadie les hiciese sombra. Se refería a que ya ocurría así con
un empresario que había establecido una sierra molinar, según le había dicho
Bezunartea, quien también creía fácil hacer que aquél abandonase el
bosque33. Asimismo, Inda hacía hincapié en que, para asegurar el logro de
sus objetivos, las bases del contrato debían ser “sencillas, claras y bien
explicadas”. En lo que atañía al valle, proponía las siguientes :
31 Ibidem, pp. 254.
32 También le adjuntaba una copia del Boletín de Zaragoza con una noticia sobre Maroto con
el comentario siguiente : “si es cierto, mucho hemos ganado”, lo que es una muestra más de
su interés por la marcha de la guerra y de su esperanza de que con la llegada de la paz se
abriría una etapa favorable para los negocios que tenía entre manos.
33 Probablemente se trataba de los citados José Bernard y Francisco Luis Roda (ver supra ‘La
compañia del Irati’). El 2 de octubre de 1841 ambos acordaron en abonarse recíprocamente el
interés del 5% por lo que cada uno de ellos había adelantado o adelantase en sus anticipos
para dicha empresa (APN, Aoiz, Fernando Bezunartea, leg. 274, 134).
306

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
1a. Por una determinada cantidad anual y por cien años vendería hayas
y abetos al precio acordado para cada árbol y tantos como conviniese cortar
a la compañía.
2a. Sólo se reservaría la facultad de cortar los árboles necesarios para
reparar las casas de sus vecinos o el carbón para el consumo de sus hogares.
3a. Se obligaría a sacar todos los permisos para la libre explotación de
hayas y abetos y su exportación a Francia o a donde conviniera a la compañía.
Inda añadía su deseo de que el contrato se hiciera a favor de Juan Salle
y que éste figurase como único contratista. De este modo, los restantes
socios quedarían al abrigo de las vicisitudes de la guerra civil y, más tarde,
aquél les traspasaría el negocio ante un notario francés. También reiteraba la
necesidad de adquirir la “finca”, por lo que pedía a Bezunartea que se ocupara
de ello sin pérdida de tiempo y le anunciaba que cuando el asunto estuviera
avanzado se reuniría con él en San Juan de Pie de Puerto para ponerse
de acuerdo en todo.
Sin embargo, la compra se demoró casi ocho meses. El 4 de marzo de
1839 Inda dijo a Bezunartea que, desde su última carta del 5 de enero anterior,
estaba a la espera de noticias sobre la marcha del asunto34. Después,
Inda fue de viaje a Zaragoza y hasta el 29 de abril no pudo contestar a
Bezunartea indicándole que sus cartas se las había enviado a Fernández de
Gamboa a Bayona, donde, como se ha dicho, ejercía entonces de cónsul, y
que esperaba su respuesta para entrevistarse con él en San Juan de Pie de
Puerto o mejor en Olorón.
Finalmente la reunión tuvo lugar en esta última localidad y en ella los
socios debieron de mostrarse de acuerdo con las condiciones del valle, pues
inmediatamente Inda escribió a Fernández de Gamboa para decirle que
mandase a Michel Fort (hombre de negocios de Valcarlos) o al propio
Bezunartea 32 000 reales de vellón para hacer frente a los primeros gastos y,
por si Gamboa no lo había hecho, el 16 de mayo autorizó a este último a
girarle a su cargo 8 000 francos35.
A pesar de lo dicho, surgieron algunas dificultades antes de llegar a un
acuerdo definitivo cuando el valle reformó algunos artículos de la contrata
que se estaba preparando. Fernández de Gamboa y Lasala consideraron estos
34 En esta carta Inda considera a Bezunartea “muy instruido de todo cuanto pasa con Maroto
y herederos de los difuntos…”, y se queja amistosamente de que, como Aguirre, no le tenga
al corriente de los sucesos políticos y bélicos.
35 Como en otras suyas al final de esta carta hace algunas observaciones políticas de
muestran su filiación liberal : “En París hay jarana larga parece, va saliendo mi profecía
verdadera ; hoy todo anuncia un porvenir dichoso para nuestra sagrada causa de la Libertad”.
307

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
cambios inadmisibles y por ello renunciaron a tomar parte en la empresa. El
11 de junio Inda comunicó estas novedades a Bezunartea, pero haciéndole
saber que él, aunque sorprendido también por tales variaciones, no desistía
de seguir adelante con el negocio, si bien lo haría en las condiciones que se
recogen en varios artículos :
Los relativos al valle eran los siguientes :
1º Vende a la sociedad un determinado número de hayas (por tiempo
de 80 años) por una determinada cantidad anual.
2º Vende a la sociedad todos los abetos que ésta quisiera a razón de 4
pesos cada uno y los cobraría en el acto en que aquélla procedería a su corta.
3º Cede a favor de la sociedad las ventas parciales de hayas, carbón y
abetos hechos anteriormente y que estuviesen pendientes.
4º Se reserva únicamente la facultad para hacer el carbón y cortar
pinos tan solo para su uso o consumo.
5º Se obliga a obtener del Gobierno el permiso para explotar dichos
árboles para carbón o para construcción sea para España como para Francia,
y a anular la contrata si no lo conseguía.
Por su parte, los compradores se obligarían a
6º Hacer los cortes según las reglas que se seguían para asegurar la
reproducción de hayas y abetos jóvenes.
7º Hacer a sus expensa los caminos necesarios para la explotación, así
como las instalaciones para las sierras de agua, etc.
8º Pasado el plazo de ochenta años, ceder al valle los caminos, barracas,
edificios y sierras.
Inda pedía a Bezunartea que reflexionara sobre las pretensiones del
valle, pues le parecía impropio que se reservara ventas parciales de arbolado
y añadía que la construcción de un camino (sin él – decía – el bosque “es
tesoro muerto”), que quedaría de su propiedad, le daría un valor incalculable
al bosque, máxime si conservaba, como se deducía de los artículos reformados
(los que debieron disgustar a Fernández de Gamboa y Lasala), casi la
totalidad de los abetos.
Bezunartea tuvo éxito en sus nuevas negociaciones y convenció a sus
paisanos salacencos, pues dos meses más tarde, el 12 de agosto, se redactó la
escritura de la contrata con el valle. Éste, considerando la importancia de
tener una renta segura y la posibilidad de que los vecinos tuviesen trabajo,
acordó las condiciones para la explotación del bosque con dicho Juan Salle,
representante de unos “capitalistas acaudalados”, que, por tanto, podrían
hacer las grandes inversiones requeridas para hacer caminos, preparar el río
308

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
para el transporte de los maderos, etc. Estos capitalistas eran, además de Juan
Miguel Inda, Pedro Marcos Pérez36, de Uztárroz, Pedro Juan Barace, de
Isaba, y Fernando Bezunartea, de Ochagavía. Por las razones ya mencionadas
no figuran en la escritura. Por ello, el 8 de octubre de 1840 “a fin de
evitar disputas y que para en todo tiempo constase que dicha contrata se
había pactado y aceptado por encargo y en nombre de la sociedad” Salle
declaró que había actuado en su nombre y cedió y traspasó todos los derechos
que había adquirido sobre el bosque del Irati el 12 de agosto de 1839 a
favor de aquélla37 .
En las cláusulas del acuerdo del 12 de agosto se contempla vender
hayas a la compañía representada por Salle para hacer carbón en su ferrería
en Lecumberri (Baja Navarra, Francia) y tablas y maderos para su venta
sobre todo en España durante 80 años (del 1 de enero de 1840 al mismo día
de 1920) con la condición de que no habría de pasar de 60 000 cargas anuales
ni bajar de las 20 000 a razón de 16 maravedís cada una. Desde luego
estas cantidades no eran excesivas en sí mismas, pero obviamente hubieran
supuesto una sobreexplotación si se hubieran prolongado durante 80 años,
puesto que para fabricar una carga de carbón eran necesarias cinco de haya.
De cualquier modo, sorprende que en el meticuloso articulado del
acuerdo (19 cláusulas) no se hiciera ninguna alusión a los posibles cambios
que introducirían la evolución tecnológica y el desarrollo económico, etc.
Por el contrario se contempla que si en 1920 el valle decidiera renovar la
contrata sería preferida la compañía de Salle en igualdad de condiciones, y
también que, en caso de que se tuviera que suspender la extracción de carbón
o de los abetos por guerra entre Francia y España, el contrato se prolongaría
por el periodo de la suspensión.
En otra cláusula se recogía que era atribución exclusiva del valle el
señalar los puntos concretos en que se debería hacer carbón y el marcar las
hayas que deberían quedar en pie para asegurar su repoblación.
También se autorizaba a los “empresarios” a dedicar algunas hayas y
abetos para hacer tablas, maderos, aros, duelas y remos. Además, se acordaba
la venta de, al menos, 400 abetos anuales por 30 años, desde el 1 de
enero de 1840, a razón de 10 reales fuertes por cada pie.
36 Casi seguramente se trata de Pedro Marcos Pérez Garde, comprador de bienes
desamortizados y mayor contribuyente de Ustárroz (Roncal), padre del diputado foral liberal
Ángel Pérez Marco (1828-1917) y bisabuelo del también diputado foral franquista Amadeo
Marco Ilincheta (1900-1981) (GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI, Á., Diccionario Biográfico,
pp. 140 y 141).
37 APN, Burguete, Manuel Massó, leg. 101,1840, 219.
309

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
El valle se comprometía a conseguir “la debida aprobación superior de
la presente contrata y el permiso del gobierno de S.M. para la libre
extracción del carbón contratado” durante los 80 años previstos y la exportación
de aros, duelas, remos, tablas y maderos de abeto a Francia durante
los 30 indicados. A su vez, la empresa quedaba obligada a emplear preferentemente
a los salacencos y a utilizar sus caballerías para el transporte de
la madera.
En cuanto a los pagos al valle, antes del 1 de noviembre del mismo
año, 1839, la compañía le entregaría en concepto de adelanto para asegurar
el pago anual del carbón, etc. 1 000 pesos duros, y otros 5 000 más si consiguiera
los permisos mencionados. Ambas cantidades quedarían en manos del
valle hasta los últimos 20 años en que comenzaría a devolverlos a razón de
3 000 reales fuertes. La compañía abonaría cada mes de diciembre al
depositario del valle la cantidad anual estipulada “en moneda española con
exclusión de todo género de papel creado o por crear”.
Si los contratistas dejaban de hacer las 20 000 cargas de carbón o de
cortar los 400 abetos anuales tendrían que abonar lo mismo que si las hubieran
hecho o cortado, aunque podrían hacerlo el año siguiente con los que
hubiesen pagado. Por otra parte, si la compañía no satisfacía la cantidad
anual correspondiente, no se le permitiría hacer carbón, etc, el año o años
siguientes hasta que redimiese su deuda. Si los operarios quemaban alguna
parte del bosque, los empresarios responderían de todos los perjuicios y
daños.
En otra cláusula se contemplaba nuevas condiciones para cortar las
hayas vendidas en enero y junio de 1838 a Salle (8 000) y a los señores
Becqué (2 000) (ver supra). Como el primero tenía entregadas cerca de
8 000 pesetas, al vencimiento de los plazos estipulados en las escrituras,
debería depositar 7 000. Asimismo, como en 1836 el valle había vendido a
Salle 100 000 cargas de carbón para la mencionada ferrería de Larráun, se
reserva la facultad de vender otras tantas para aquélla, pero “sin que por
ninguna causa” durante 80 años pueda vender más leña del Irati para carbón
a no ser para el consumo de sus habitantes.
Si la compañía quebrara o cambiase de actividad y durante cuatro años
no pagase lo convenido el valle dispondría libremente del bosque ; y, en el
caso de volver a trabajar, debería pagar el importe de las 20 000 cargas y, si
se anulase la contrata, se quedaría con los 6 000 duros adelantados.
310

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
Por último, los operarios extranjeros no podrían trabajar los domingos
y fiestas de guardar “sujetándose en este punto a lo que están obligados los
españoles”38.
Una vez aprobada la contrata la compañía empezó las gestiones para
iniciar la explotación. A finales de agosto Inda convocó a Salle, Bezunartea
y a otros (cita a un desconocido “Sanchogarde y compañeros”) a una reunión
en su casa, el 8 de septiembre, para tratar del asunto y en concreto del corte
de abetos y de las tareas que preveía llevar a cabo en otoño. Por ello el 27 de
agosto pidió a los dos primeros citados que mandasen un almadiero
competente a reconocer el río Irati y señalar las obras necesarias que habría
que emprender para aprovechar la baja de aguas.
Por su parte, el 24 de octubre siguiente el valle de Salazar nombró
como comisionado a Fernando Bezunartea, que se hallaba ya en Ochagavía,
para que gestionase la aprobación de la contrata, ante la Diputación de
Navarra, y los permisos para la extracción del carbón, ante el Gobierno39.
Así pues, aunque formalmente era el valle el que se encargaba de lograr tales
permisos, en realidad era la compañía la que, cuidando sus inversiones, se
encargaba de esta tarea a través de su intermediario Bezunartea, que logró
que la Diputación aceptase la contrata inmediatamente, en la sesión del 28 de
octubre.
Resulta difícil averiguar en qué medida este último defendía en mayor
o menor medida los intereses de una u otra parte, pero no hay duda de que
gozaba de gran autoridad en el valle. De hecho, el 10 de octubre, éste le
había confiado una entrega de raciones que se le había pedido y la liquidación
de los suministros de la guerra40.
En sus gestiones ante el Gobierno, Bezunartea se vio favorecido por
las influencias de Inda. En efecto, en una carta fechada el 23 de noviembre
en Oloron éste decía al salacenco que necesitaba unos 20 días para adelantar
de nuevo al valle 4 000 francos y que, aunque estaba seguro de que la junta
de aquél haría todo lo posible para conseguir del Gobierno la autorización, le
recordaba que él había ofrecido su “pequeño influjo en la Corte” por lo que
le pedía que antes de viajar a Madrid se pasara por su casa para entregarle
cartas de recomendación y le anunciaba, además, que tenía que decirle “otras
cosas muy importantes”, que no detalla. A continuación, insistía, ahora en
francés, en la necesidad de que le visitara para ponerse de acuerdo en
comenzar la explotación, lo más tarde, el siguiente mes de marzo. Terminaba
38 Ibidem, Roncal, Mariano Ros, leg. 142,1839, s/n.
39 Ibidem, 52.
40 Ibidem, Burguete, Miguel Echeverria, leg. 144, 1839, 59.
311

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
en lengua vasca con “Adio jauna” (adios señor), lo que apunta a su
condición trilingüe (castellano, francés y vascuence) y adjuntaba copias de
las reales órdenes sobre bosques que un primo suyo (un tal Larráin) le había
enviado desde Madrid para que Bezunartea las estudiase.
El 12 de diciembre en una nueva carta, tras una serie de cuestiones
relativas a la entrega de cantidades para diversos gastos (menciona una carta
de Mexico), Inda reiteró a Bezunartea la urgencia de que viniera con los
demás consocios, Pérez, Barace y Salle, a su casa para tratar de la manera de
iniciar la explotación el próximo mes de enero, pues era imposible que les
explicara por escrito sus ideas al respecto.
A pesar de estos esfuerzos la compañía “del Irati”, representada por
Salle, parece que no llegó a obtener el permiso para exportar carbón (ver la
nota 57) y además se consideró incapaz de poner en marcha la contrata por
lo que decidió ampliar su accionariado al tiempo que cambió de nombre.
“D. JUAN MIGUEL DE INDA Y COMPAÑÍA”
En efecto, considerando las grandes proporciones de la empresa y, por
tanto, de los capitales necesarios para ponerla en marcha, sus socios decidieron
dar entrada en la compañía a otros nuevos. Se trata del ya citado Juan Pedro
Aguirre, de Valcarlos, y Juan de Dios Moso, de Pamplona, que actuó en propio
nombre y en el de su cuñado Nazario Carriquiri y la firma “Viuda de Ribed e
hijo mayor”, y de Pedro José Marco, de Isaba. La significación de alguno de
los nuevos socios es sobradamente conocida, por lo que no nos extenderemos
sobre ello41. Carriquiri (Pamplona, 1805 - Madrid, 1884), comprador de bienes
desamortizados, empresario ferroviario, minero, etc. banquero de Isabel II, fue
miliciano nacional, diputado provincial suplente por Navarra en 1836 y elegido
diputado a Cortes por la misma provincia por el partido moderado, en diez
ocasiones. Su mujer, Saturnina Moso, era hermana de Juan de Dios Moso
(Tafalla, 1798 - Olite, 1865), hombre de negocios, apoderado de Carriquiri y
como él moderado (fracasó en las elecciones provinciales y generales de 1843
y fue teniente de alcalde de Pamplona en 1844-1845), cuyo hijo, Juan Moso
Irure (Pamplona, 1843-1907), fue designado diputado foral de Navarra en
marzo de 187542. Por su parte, los Ribed eran una familia de empresarios y
comerciantes en la que hubo diputados a Cortes : Juan Pedro Ribed, en 1840, y
41 Además de las obras que se citan en las notas siguientes, sobre Carriquiri, Moso y Ribed
puede verse ERRO GASCA, C., Promoción empresarial y cambio económico en Navarra,
passim.
42 GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI, Á., Diccionario Biográfico, pp. 444, 446, 537, 544,
578, y LAYANA ILUNDÁIN, C., .”Biografías de los parlamentarios por Navarra (1869-
1889)”, Huarte de San Juan. Geografía e Historia, 3-4 (1996-1997), pp. 311-315
312

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
Pedro Ribed Alzugaray, en 1876, sobrino, este último, del senador Gregorio
Alzugaray Ascovereza y del diputado a Cortes Antero Echarri Ciga43.
Los socios de la nueva compañía se reunieron en el bosque del Irati el
6 de noviembre de 1840, es decir, pocas semanas después del levantamiento
de septiembre a favor de Espartero, que, como se ha dicho, fue secundado
por Bezunartea y Aguirre. Dicho día formaron una nueva compañía o
sociedad en comandita, en los términos expresados en la escritura del 12 de
agosto anterior y con el nombre de “D. Juan Miguel de Inda y Compañía”,
pero bajo una serie de condiciones entre las que destacan las siguientes :
El capital sería de 32 000 pesos duros distribuidos en 16 acciones de
2 000 repartidas de la siguiente forma : Pedro Juan Barace y Pedro José
Marco (de Isaba, valle de Roncal), Pedro Marcos Pérez (de Uztárroz, valle
de Roncal), Juan Miguel Inda, Nazario Carriquiri y Juan de Dios Moso, a
cada dos acciones, y Juan Pedro Aguirre, Fernando Bezunartea,” Viuda de
Ribed e hijo mayor” y Juan Salle a una cada uno.
El consejo de administración quedó formado por tres accionistas (fueron
designados Inda, Salle y Barace) y el director, cargo que recayó durante
los dos primeros años en Juan de Dios Moso.
Las acciones podrían ser vendidas o negociadas libremente por sus
propietarios, pero en los tres primeros años el director y la sociedad no
reconocerían en los actos y deliberaciones más votos que los de los accionistas
registrados en el libro de actas.
El 30 de junio de 1842 se redistribuirían los beneficios en el pago de
intereses y se formaría el fondo de reserva.
En consideración a la novedad de la empresa para alguno de los socios
“y para poder fijar la dirección con los conocimientos de experiencia”, la
escritura podría ser renovada o retocada en los tres años siguientes, o antes si
lo pedía un accionista.
Las juntas ordinarias serían dos : una, el 30 de junio, que tendría lugar
en el bosque del Irati y otra, en diciembre, en San Juan de Pie de Puerto ; las
extraordinarias se celebrarían donde dispusiera el consejo de administración44.
La siguiente noticia disponible sobre la nueva compañía es del 9 de
abril de 1841 cuando el valle, para cumplir su compromiso del 12 de agosto
de 1839, nombró a Santiago Salanueva, residente en Madrid, para que en su
43 LAYANA ILUNDÁIN, C., ”Biografías de los parlamentarios por Navarra (1869-1889)”,
pp. 376-378.
44 APN, Burguete, Manuel Massó, leg. 101, 1840, 237.
313

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
nombre obtuviera del Gobierno los permiso para exportar a Francia45. A
pesar de que sus socios, al menos la mayoría, eran liberales y algunos de
ellos progresistas46, no parece que la compañía, como ocurrió con la del
“Irati”, lograra la autorización. En cualquier caso, surgieron dificultades para
poner en marcha la empresa, lo que no debió de ser ajeno a que el 23 de
junio de 1841 Juan Miguel Inda vendiera sus dos acciones a Juan de Dios
Moso por 2 000 duros cada una47. Sea como fuere, la sociedad se reorganizó
de nuevo y adoptó también otro nombre.
“D. NAZARIO CARRIQUIRI Y COMPAÑÍA”
Acogiéndose a la posibilidad contemplada en la escritura del 6 de
noviembre de 1840, el 28 de julio de 1841 los socios de la compañía hicieron
una escritura adicional a la de su constitución del año anterior. Se reunieron
en la casa del Irati todos ellos, excepto Nazario Carriquiri y el representante
de “Viuda de Ribed e hijo mayor”, y considerando que no habían tenido en
cuenta algunos extremos cuando formaron la sociedad y que habían variado
las circunstancias por la venta de sus acciones efectuada por Juan Miguel
Inda el 23 de junio de 1841 y “por otros sucesos notables que han acaecido y
constan a todos los señores otorgantes” (desconocemos a qué se refieren
exactamente), tomaron los siguientes acuerdos :
1º. La compañía pasa a denominarse “D. Nazario Carriquiri y compañía”
(aunque sus propios socios la siguieron llamando “del Irati”) y Juan
Pedro Aguirre reemplaza a Inda en su consejo de administración.
2º. Una de las acciones adquiridas por Moso a Inda se adjudicaba a
Agustín Fernández de Gamboa (aceptada en su nombre por Aguirre) y la otra
a Carriquiri, que pasaba a tener tres.
3º. Como Pedro Juan Barace no podía pagar el capital de las suyas
cede una a la compañía, a cuyo director se encarga de su venta, y, considerando
los servicios que había prestado por su conocimiento en materia
forestal, se decide que no entregue el capital de la acción que le queda y
pague mientras no lo haga un interés del 6 % anual.
4º. Teniendo en cuenta que en algunas localidades de las que podía
salir la madera había interesados en tomar parte en la empresa y convenía
45 Ibidem, Aoiz, Fernando Bezunartea, leg. 274, 1841, 23.
46 Las relaciones entre los socios moderados y los progresistas fue muy estrecha. Por
ejemplo, ya en 1836 Juan Pedro Aguirre confió a Juan de Dios Moso la resolución de un
asunto sobre la deuda que había contraído su padre con un comerciante de Pamplona (APN,
Burguete, Miguel Echeverría, leg. 144,1836, 36).
47 APN, Burguete,Manuel Massó, leg. 102, 1841,172.
314

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
tener corresponsales en ellas y que no se quería aumentar el número de
acciones, “convencidos del grande interés que en este caso anuncia el porvenir”,
Pedro Marcos Pérez48 y Pedro José Marco autorizan al director,
Moso, a que venda una o dos de las suyas.
5º. Tras los cambios anteriores la sociedad quedaba constituida como
sigue : Carriquiri, tres acciones, Moso, Marcos Pérez y Marco a dos cada
uno, y Fernández de Gamboa, “Viuda de Ribed e hijo mayor”, Aguirre,
Salles, Barace y Bezunartea a una cada uno, quedando otra por adjudicar49.
Los dos días siguientes a la firma de la escritura de constitución la
sociedad tomó las primeras medidas para que comenzara la explotación del
bosque. El 29 de julio su consejo de administración, compuesto por Moso,
Aguirre, Salle y Barace, llegó a un acuerdo con Miguel Lugea e Isidro
Eguinoa50, vecinos de Orbaiceta, y el francés Pedro Espilondo para llevar en
almadías todo el maderamen de tablas, tablones, maderos y carbón. En el
convenio se hacía constar con todo detalle la cantidad y dimensiones de la
madera, etc. que se comprometían a transportar desde la esclusa donde
estaba la sierra y los diferentes precios según fuera a Aoiz, Lumbier,
Caparroso y Marcilla, Tudela (todos en Navarra) o a Zaragoza. Asimismo se
especificaba que correspondía a la compañía poner la jarcia, ataderos, remos,
cajones para el carbón, así como arreglar y mantener por su cuenta los pasos
difíciles y las puertas de las esclusas del río para facilitar la navegación,
etc.51. El día siguiente, el 30, Moso, Aguirre, Barace, Marcos, Marco, Salles
y Bezunartea dieron su poder al primero para que buscase la cantidad de
120 000 reales de vellón a nombre de la sociedad para atender a los primeros
gastos52.
Dado que entonces era ministro de Espartero, la incorporación de
Fernández de Gamboa suponía un gran activo para la sociedad, que ahora
veía un futuro risueño para sus intereses. Sin embargo, sus prometedores
planes se vieron cortados al no conseguir del gobierno el permiso para la
exportación.
48 El hecho de que el 17 de abril de 1841 éste diera su poder a un procurador de Tudela para
que le representara en el Juzgado de 1ª Instancia de esa ciudad en cuantos pleitos y recursos
le atañesen apunta a que quizás tenía algunas dificultades económicas (APN, Roncal,
Mariano Ros, 1841, leg. 143, 74).
49 APN, Burguete, Manuel Massó, leg. 102, 1841,195.
50 Seguramente Isidro Eguinoa (Orbaiceta, 1809), que durante la guerra carlista había sido
capitán en la compañía de nacionales movilizados “de los valles pronunciados de la Montaña”
(ver nota 13) y había combatido a los carlistas de la facción de Balmaseda en 1840.
51 APN, Burguete, Manuel Massó, leg. 102, 1841,197.
52 Ibidem, 198.
315

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
Desconocemos las razones de esta negativa, pero presumiblemente
tuvieron algo que ver con la situación particular de Fernández de Gamboa,
aunque éste, si bien dejó de ser ministro en marzo, continuó como interino
hasta el nombramiento de su sucesor el 21 de mayo y el 15 de septiembre fue
nombrado Director General de Aduanas, Aranceles y Resguardos.
Por otro lado, la participación de algunos socios en la conspiración de
septiembre-octubre contra Espatero también debió retrasar el proyecto de
explotación forestal. En efecto, Nazario Carriquiri, su padre, Pedro
Carriquiri (nacido en Idaux, Francia), Juan de Dios Moso y Juan Pablo
Ribed desempeñaron un papel crucial en Navarra en la intentona. El primero,
que perteneció a la Junta Central que la había preparado, se refugio en
Francia y el resto, al igual que Miguel Euleche y su hijo Eusebio, relacionados
con ellos y con la compañía, fueron desterrados de Pamplona53.
En este nuevo contexto, el 27 de noviembre de 1841 el ayuntamiento del
valle decidió modificar el contrato en el sentido de que se restringiera solo a la
explotación del arbolado para España y nombró a una comisión (formada por
los alcaldes de Ochagavía, Escároz, y Oronz, un representante del primer
pueblo citado y a otro del de Jaurrieta) para que en su nombre formalizasen el
nuevo acuerdo con Moso, director de la compañía del Irati. El convenio sería
por 25 años, en cada uno de los cuales la sociedad cortaría de 800 a 2 000
abetos, de 1 000 a 3 000 hayas y de 400 a 800 árboles (no indica la especie)
para “vergas” a los precios estipulados el 12 de agosto de 1839 y en otra
escritura del 9 de diciembre de 1840, que no hemos podido ver, pero en la que
se daban más detalles de una venta de este último tipo de arbolado a Juan de
Dios Moso. Asimismo se encargarían de convenir qué hacer con el depósito de
los 6 000 duros entregados por la compañía al valle54.
Tras las negociaciones oportunas el valle y Moso, el 22 de diciembre
de 1841 (lo que muestra la brevedad de su destierro), acordaron que la
contrata sería por 30 años, en cada uno de los cuales la empresa cortaría de
500 a 2 000 abetos, de 500 a 2 000 hayas y de 500 a 2 000 “vergas”. La
segunda cláusula era muy interesante, pues contemplaba que, si la compañía
encontrara mena y quisiera establecer una ferrería en el bosque de Irati,
podría disponer de la leña necesaria para hacer hasta 40 000 cargas de 8,5
arrobas a 16 maravedís navarros cada una ; asimismo se le autorizaba a
llevar troncos por el río para hacer carbón o para venderlos en especie, cuyo
precio se calcularía teniendo en cuenta que, como se ha dicho, para elaborar
una arroba de carbón se necesitaban cinco de leña, tal como se había esti-
53 CAMPO, L. del, Pamplona durante la regencia de Espartero (Septiembre 1840-Junio
1843), Pamplona, 1985, pp. 29-44.
54 APN, Burguete, Manuel Massó, leg. 102, 1841, 271.
316

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
pulado también en la referida escritura del 9 de diciembre de 184055.
Asimismo se acuerda que los señores Salle, Becque y Sirodot, puedan
disponer de lo que tenían comprado antes del 12 de agosto de 1839, y que
los 6 000 duros depositados en el valle por la compañía se descontarán del
importe de las cortas anuales, 300 duros en cada uno de los primeros 15 años
y 100 en cada uno de los otros 1556.
El mismo 22 de diciembre, el ayuntamiento pidió a la Diputación de
Navarra que aprobase el nuevo convenio, lo que aquélla no hizo hasta el 12
de julio de 184257. Además, la compañía tuvo un contratiempo cuando a
finales de año el ministerio de Gobernación abrió un expediente sobre la
legalidad de tal autorización. La reacción de la Diputación hizo que la intervención
del Gobierno se paralizará, pero, como se verá, unos años más tarde
se reprodujo y dio lugar a un contencioso mucho más grave y prolongado58.
Por lo demás, aunque no sabemos exactamente cuándo, Juan Pedro Aguirre,
el socio que tenía a cargo la explotación de hayas para remos, logró que el
Gobierno español le concediera autorización para transportarlos a San
Sebastián por la carretera de Bayona.
55 Unos años más tarde algunos de sus socios, acogiéndose quizás a esta escritura, formaron
la “Sociedad Minera La Esperanza”, que construyó la fábrica de fundición de mineral en el
término de Changoa Bajo (valle de Erro). Su apoderado era Juan Pedro Aguirre, que con
poder del 22 de julio de 1847, firmado en San Sebastián ante el escribano José Elías Legarda,
el 2 de agosto de 1847 acordó con el valle de Erro la compra de 20 000 cargas de carbón de
cuatro sacos cada uno (ola zaquia en lengua vasca) de diez arrobas navarras a razón de dos
reales de vellón y cuarto cada una. La Diputación aprobó la venta y los peritos de ambas
partes señalaron los términos en que se tenían que hacer los cortes de árboles, pero el acuerdo
de este señalamiento no se hizo hasta el 18 de julio de 1848, lo que pone de relieve el retraso
(APN. Burguete, Manuel Massó, leg. 108, 1847, 194 ; leg. 109, 1848, 145 ; leg. 111, 1850,
222 ; leg. 112, 1851, 8). Juan Pedro Aguirre adquirió numerosas minas en los valles de
Aézcoa y Erro y en Valcarlos (APN. Burguete, Manuel Massó, leg. 112, 1851, 37, 66, 67, 93,
116). Fernando Bezunartea fue socio de la Sociedad Minera “La Pamplonesa”, cuyo
presidente era el conocido político liberal progresista y empresario minero Pedro Esteban
Górriz. Asimismo Aguirre, Bezunartea, Ribed, Ilarregui y Moso eran accionistas de la
sociedad minera “La Victoria”, situada en Almodóvar del Campo (Ciudad Real).
56 APN, Roncal, Mariano Ros, leg. 143,1841, 25.
57 AGN, Actas de la Diputación, libro 47, 12 de julio de 1842, fol. 40. Aquí se alude a que el
Gobierno no había aprobado el anterior convenio de 1839 por 80 años. Ese mismo mes de
julio un vecino de Lesaca (Navarra) y otro de San Miguel (Francia) tenían abierto un
expediente en la Subdelegación de Rentas de Navarra por habérseles aprendido una partida de
remos del bosque Irati (APN, Aoiz, Fernando Bezunartea, leg. 274, 1842, 80), lo que indica
que había otros, quizás los mencionados Bernard y Roda (ver las notas 21 y 33) explotando el
Irati.
58 MARTÍNEZ BELOQUI, M. S., Navarra, el Estado y la Ley de Modificación de Fueros de
1841, Pamplona, Gobierno de Navarra, 1999, p. 296.
317

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
En los primeros años la compañía no ganó nada y gastó 1 400 000
reales en las cantidades adelantadas al valle y en las esclusas y obras del
río59 . Por otro lado, en 1845 Pedro Marcos Pérez, Pedro José Marco y Juan
Barace, “por haber ascendido los gastos de la empresa a mucha mayor cantidad
de la fijada” en la escritura del 6 de noviembre de 184060, se separaron
de la sociedad perdiendo 148 000 de los 160 000 reales que habían aportado.
No obstante, otras noticias de los años siguientes (provenientes de la correspondencia
entre algunos de los socios) apuntan a que aun así las perspectivas
parecían halagüeñas61.
En efecto, el 15 de agosto de 1845 Fernández de Gamboa escribió al
director de la compañía, Félix Indart, que por las noticias que tenía de Juan
Pedro Aguirre lograrían vender carbón para las fábricas de Mendiri y Banca
y Larraún (calculaba que a esta última por valor de 40 o 50 000 reales
anuales) y que también les consumiría una gran cantidad de leña la que se
estaba construyendo en Oroz-Betelu. Si a ello se añadía una contrata con un
tal Pedro Tardán, de Bayona, y el producto de la madera que podrían vender
en Pamplona y San Sebastián y otras ciudades, decía el exministro alavés,
“conseguiríamos ver desempeñada pronto la compañía y que nos de además
una buena retribución por nuestros desembolsos”.
El 19 de abril de 1847 Indart escribió a su cliente Cayetano Collado,
regidor y síndico de San Sebastián y miembro de la poderosa familia de los
Collado, que “son tan extraordinarios los pedidos que tenemos que hasta del
río nos han llevado algunas maderas sin dejarnos tiempo para medirlas y
marcarlas”. El 16 del mes siguiente el mismo Indart escribió a Fernández de
Gamboa que “la empresa va tomando bastante extensión y si continua en la
proporción de este último trimestre, espero que no pasarán muchos años sin
que se recupere el capital de los cincuenta y dos mil duros gastados hasta el
año pasado”. El 7 de junio de 1848 Fernández de Gamboa respondía a Indart
59 Por Labeaga sabemos de los problemas que en las campañas de 1842-1843 y 1855-1856
tuvieron las almadías de la compañía para pasar por el tramo del Irati en Sangüesa cuyo
ayuntamiento se resistía a facilitarlo (LABEAGA MENDIOLA, J.C., Almadías, pp. 167 y
168). El verano de 1845 una fuerza armada de San Juan de Pie de Puerto incendió una casa,
cortó un puente en el río Urbelcha, uno de los dos que forman el Irati, e hizo otros destrozos
en las propiedades del valle de Salazar, pero no tenemos noticia de que estos incidentes y
otros sobre pastos del año siguiente (MADOZ, P. , Diccionario, p. 150), influyeran en la
extracción de madera.
60 APN, Pamplona, Gregorio Abinzano, leg. 1932, 1848, 76.
61 Seguramente el transporte por barco fracasó, a pesar del éxito de los primeros intentos de
1842, cuando la empresa construyó uno que navegó por el Irati “con poca dificultad y con
algún cargamento” (MADOZ, Diccionario, p. 26). De todos modos, promovieron la
construcción de nuevas carreteras para mejorar el transporte (ERRO GASCA, M.C.,
Promoción empresarial, pp. 23y 26).
318

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
mostrando su satisfacción “sobre el favorabe aspecto que presenta la empresa”
que permitiría recuperar dicha cantidad. Unos días más tarde, el 22 de
junio le decía que la seguridad que le inspiraba le había decidido a continuar
en la compañía y por tanto a completar su acción que de 40 000 reales, según
escritura, había subido a 120,000, y que esperaba de su celo, laboriosidad y
honradez haría que bajo su dirección “desarrolle nuestra empresa en
términos que los socios podamos ser reembolsados de nuestro capital en el
menor tiempo posible”62.
Sin embargo, otras noticias eran menos lisonjeras. La junta general de
socios celebrada el 10 de julio decidió vender los almacenes de Tudela,
Zaragoza y Tortosa y poco después Fernández de Gamboa criticó la gestión
de Indart y sus esperanzas de obtener beneficios resultaron fallidas. El 1 de
agosto, se quejó de que al enviarle el acta de la sesión celebrada por la junta
de la compañía el 10 de julio y el inventario, no le había remitido el balance ;
asimismo mostró su descontento por el desorden existente en la empresa en
lo relativo a la salida y entrada de maderas y porque, después de varios años,
no se tuviera anotados los asientos. Por ello, añadía, no se podía conocer la
verdadera situación de la sociedad, y le instó a que en adelante hubiera
“cuentas claras y llevadas diariamente según lo exige toda sociedad bien
organizada y administrada”.
Todavía el 20 de octubre de 1847 Indart comunicaba a Fernández de
Gamboa que ya se había pagado una deuda de la compañía de 4 000 pesos y
que “hasta ahora no se presenta con malos indicios el segundo año de las
rentas”. No obstante, las noticias del año siguiente fueron menos favorables.
Así se desprende de que los socios acordaran que tres de ellos, en calidad de
inspectores, revisaran las cuentas y se ocuparan “en la regularización de la
Empresa” y de que encargaran a un abogado “de nota” la redacción una
nueva escritura de la sociedad. Ya el 9 de marzo de 1848 Fernández de
Gamboa aprobó las cuentas que le habían presentado por la confianza que le
merecían Indart y los tres socios inspectores, pero le hizo saber que “en su
humilde opinión” (si bien aludía a su pertenencia a juntas de gobierno de
varias sociedades anónimas) aquéllas estaban mal explicadas, pues no les
acompañaban el inventario y el balance general con el activo y pasivo y las
62 La siguiente noticia muestra las perspectivas de expansión que se abrieron entonces. En
septiembre de 1847, un representante de la firma Braña, Abella y Cía., dedicada a la
construcción naval en La Coruña, le pidió a Moso que le enviara alguna madera a
Fuenterrabia y que le informase sobre su empresa para estudiar la posibilidad de hacerle
compras mayores.
319

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
operaciones que mostrarán la verdadera situación de la compañía, de la que
decía que tenía que cumplir la ley de sociedades anónimas de ese año63.
Poco después, los socios, que ya en su junta general del 10 de julio de
1847 habían decidido dividir el capital social por acciones de 10 000 reales
vellón, a la vista de estos cambios y de los habidos en el accionariado, el 12
de abril de 1848 aprobaron una serie de cláusulas, que, de hecho, suponían la
creación de una nueva sociedad, y entre las que cabe destacar la distribución
del capital de 1 240 000 reales de vellón de la siguiente manera : Nazario
Carriquiri, 360 000 ; Juan de Dios Moso, 240 000 ; Agustín Fernández de
Gamboa, Simona Espoz y Mina (tía de Juan de Dios Moso), “Viuda de
Ribed e Hijos” (sale ahora así y no “hijo mayor”), Juan Pedro Aguirre y Juan
Salle a 120 000 cada uno, y Fernando Bezunartea 40 000. Asimismo la
Comisión Directiva quedaba compuesta por Juan de Dios Moso, “Viuda de
Ribed e Hijos” y Fernando Bezunartea64.
“MOSO, BEZUNARTEA Y COMPAÑÍA” (1848)
A pesar de haber dado su conformidad a los cambios introducidos el
12 de abril, Fernández de Gamboa decidió dejar la empresa, aunque perdiendo
48 000 de los 120 000 reales de su acción, puesto que “la situación de
la Compañía disuelta no ofrece ni con mucho para los socios la ventaja de
poder percibir las cantidades que han desembolsado por sus acciones”65.
En consecuencia el 31 de agosto de 1848 los restantes socios acordaron
modificar y añadir algunas cláusulas a la escritura del 12 de abril anterior.
La sociedad pasó a llamarse “Moso, Bezunartea y compañía” y se
nombró director a Fernando Bezunartea66.
63 La compañía del Irati era dueña también de algunas viñas y todavía en julio de 1848
compró alguna más (APN, Aoiz, José Egurbide, leg. 253, 1-VII-1848).
64 APN, Pamplona, Gregorio Abínzano, leg. 1932, 1848, 76.
65 Las noticias de las pérdidas por la poca salida de la madera son bastante frecuentes en la
documentación de la compañía. El 31 de julio de 1845 Pascual Y. de Minondo comunicó a
Juan de Dios Moso desde Barcelona que no podía vender ocho mástiles suyos, pues no
servían para este cometido y tampoco para obras de carpintería, por lo que sólo quedaba
despacharlos como leña. Para justificar el déficit de la empresa ante Fernández de Gamboa, el
9 de noviembre de 1848 se le dio cuenta de “las grandes pérdidas”, por no haber podido
vender gran número de mástiles transportados hasta Tortosa y Barcelona, y de que “todas las
maderas que se bajaron de Irati en los tres primeros años con operarios a jornal costaron el
doble de lo que produjeron en renta, que son los únicos motivos de las pérdidas que ha
experimentado la Empresa”.
66 APN, Pamplona, Javier María Goñi, leg. 1715, 1848, 15.
320

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
En los años siguiente la compañía tuvo a favor una situación política
más estable que en los de su primera época67 y buscó expansionarse por la
Ribera de Navarra para lo que comisionó al político liberal Domingo Luis
Jáuregui (1779-1855), jefe político (1836-1837) y diputado foral (1843-
1847)68. De cualquier modo, carecía de capital para el normal desarrollo de
sus actividades por lo que tuvo que tomar dinero en préstamo. Así, en octubre
de 1850 uno de sus socios, Juan de Dios Moso les prestó 160 000 reales
de vellón al 6 % durante cuatro años ; el 23 de enero siguiente un vecino de
Urroz, José Ramón Iturria, otros 20 000 al mismo interés y a devolver en un
año y el 26 de junio siguiente Antonio Larrondo, de Pamplona, otros 32 000,
también al 6 % por dos años69.
Las dificultades de la nueva sociedad se ponen también de relieve si se
tiene en cuenta que en 1849 la abandonaron Juan Salle70 y Nazario
Carriquiri, perdiendo 59 200 reales vellón de los 120 000, el primero, y
240 000, el segundo, que había invertido 360 000 y sólo cobró 180 000 en
varios plazos71. Ese mismo año de 1849 ingresó Pablo Ilarregui pagando
40 000 reales72, pero la dejó en 1851, perdiendo la mitad de su desembolso.
En definitiva, “la empresa prometía tan poco en 1852, que todos los demás
socios se hubieran retirado también si hubiesen encontrado quien les ofreciera
una parte de sus desembolsos”.
Esta valoración proviene de una hoja impresa de la compañía, fechada
en Madrid el 20 de noviembre de 1862, que continúa como sigue :
67 El impacto de la denominada segunda guerra carlista fue muchísimo menor que el de la
primera. A principios de noviembre de 1848 algunos hombres armados entraron en el bosque
del Irati, pero sólo estuvieron dos días y los temores expresados el 17 de enero de 1849 por
Félix Indart de que si la “nueva probatina” carlista se prolongaba podía afectar al negocio se
desvaneciesen pronto, lo mismo que en 1860. El 19 de abril de este año, desde San Sebastián,
también Indart escribió a Aguirre : “¡De buena nos hemos escapado con la última infame
intentona de Montemolín!”.
68 GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI, Á., Diccionario Biográfico, pp. 560-563.
69 APN, Pamplona, Gregorio Abínzano, leg. 1833, 1849, 285 ; leg. 1934, 1850, 16 y leg.
1935, 1851, 83.
70 Ya en septiembre de 1848 vendió una por 60 000 reales vellón a Juan Pedro Aguirre con la
condición verbal de que si en un año Salle hallaba quien le pagase más por ella Aguirre debía
dárselo u retrovendérsela. Salle encontró quien le diera más y el 22 de febrero de 1849
Aguirre optó por esta última opción. Ese mismo día Salle llegó a un arreglo con la compañía
y la abandonó (APN. Burguete, Manuel Massó, leg. 109, 1848, 150, y leg. 110, 1849, 22 y
36).
71 APN, Pamplona, Gregorio Abínzano, leg. 1833, 1849, 279.
72 Ibidem, leg. 1833, 1849, 14.
321

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
“Las insignificantes cortas de árboles en los doce primeros años, que no pasaron de
7 801 habetes mayores, 4 365 menores y 5 608 hayas, según está acreditado en el
expediente, a pesar de que la sociedad tenía facultad de cortar tres y cuatro veces más
son buena prueba de lo que prometía la empresa. En aquella época, se edificaba muy
poco, y la madera de Irati desconocida, y nunca empleada en construcciones urbanas,
se hallaba despreciada en el país y la que se remitió a diferentes puertos de mar con
destino a la marina, tampoco encontró acojida, y la sociedad perdió su importe.”
Madoz confirma la escasez de ventas en los primeros años, pues
señala que en ninguno de los primeros años los árboles cortados pasaron de
1 000 hayas y 600 abetos y alude a las dificultades para la extracción (cortaduras,
peñascales, precipicios, que hacían peligrosa la marcha de las almadías)
y a la poca demanda de madera en las localidades cercanas. No obstante,
también sostiene que en los dos últimos años habían aumentado mucho
los pedidos para la construcción “y parece que se vislumbra la aurora de
mayor actividad y vida de que ha carecido hasta ahora la Navarra”73. La
propia compañía, aunque seguía lamentándose de los malos resultados,
admitía esta reanimación en citada hoja impresa, ya que las cortas de arboles
fueron muy superiores a las de los años anteriores :
En los últimos ocho años (a partir de 1854) tampoco ha correspondido la venta a los
sacrificios hechos y lo prueban también las escasas cortas de árboles ; pues no pasan
de 11 643 habetes mayores ; 1 733 menores ; 28 042 hayas y 81 782 cargas de
carbón, los que se han extraído del monte en ese periodo de ocho años74.
Una de las causas que impidió una explotación normal fueron los
problemas legales que surgieron a partir de 1859. A instancias de un ingeniero
de montes del Estado en Navarra, un Real Decreto del 28 de mayo de
ese año dispuso nombrar un guarda mayor y dos peritos agrónomos y mandó
a la Diputación que consignara en su presupuesto una partida para dotar
dichos empleos. Aquélla se opuso fundándose en la ley de Modificación de
Fueros de 1841, que disponía que los montes seguirían rigiéndose por las
ordenanzas popias, pero una Real Orden del 12 de marzo de 1860 hizo
extensiva a Navarra las Ordenanzas generales de montes de 1833.
En este contexto se produjo una denuncia en la que se acusaba a la
Sociedad “Moso y Bezunartea y compañía” “de haber talado (sic) el bosque
de Irati”. En julio de 1860 el Gobernador comunicó al Gobierno que el
contrato se había hecho sin la subasta que requería el arrendamiento de los
bienes propios y comunes de los pueblos y el 23 de septiembre del año
73 MADOZ, P. , Diccionario, p. 151.
74 La Enciclopedia General Ilustrada del País Vasco (vol. XX, p. 179) señala que en 1979 la
Junta General del Valle de Salazar anunció una subasta de 8 832 hayas y 2 881 abetos y que
en el valle de la Aézcoa se habían cortado 24 262 árboles entre 1972 y 1975 ; y añadía : “si
agregáramos los datos de las zonas benabarras y zuberotarras tendríamos una idea de la
magnitud del saqueo que sufre la primera masa forestal de Euskalerria”.
322

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
siguiente una Real Orden lo anuló por ser contrario a la legislación general
de 1833 y a la legislación especial de Navarra (la ley 25 de las Cortes de
Navarra de 1828 y 1829) y por ser lesivo para los intereses públicos. No
obstante, la Sociedad reclamó ante el Consejo de Estado y expuso al
Gobierno que las Ordenanzas de 1833 no se podían aplicar al contrato de
1841, que al hacerlo no se había faltada a ninguna norma de la legislación de
Navarra y que la Sociedad no sólo no había sido perjudicial a los intereses
públicos, sino que había creado riqueza para el valle y revalorizado el
bosque de Irati.
Por su parte, el valle de Salazar pidió a la Diputación que interviniera
ante el Gobierno en el mismo sentido. Como se trataba del régimen económico
de los montes de los pueblos, la Corporación provincial accedió a ello
y envió a los miembros del Consejo de Estado un largo escrito impreso
(Madrid, Imp. De M. Minuesa) alegando que las Ordenanzas de 1833 “nunca
se haya imaginado siquiera que pudiesen tener aplicación en Navarra”, y tras
un recorrido histórico sobre sus instituciones privativas (se refiere a la
creación de la monarquía el 716, la unión con Castilla en 1512, a las leyes
propias sobre montes) pidió que “la justicia, la legalidad y hasta la política
exigen que no se haga novedad alguna en el régimen de los montes de
propiedad de los pueblos de Navarra”.
Como consecuencia de estas reclamaciones, el 2 de diciembre de 1861
se suspendió la Real Orden del 23 de septiembre anterior, al estimarse el
argumento de la Diputación de que era preciso esperar al informe del
Consejo de Estado sobre si dichas Ordenanzas estaban o no en vigor en
Navarra. Ahora bien, la suspensión no autorizaba la vigencia del contrato,
sino que tenía por objeto que los interesados pudieran seguir la vía contenciosa
si se creían perjudicados.
El 24 de marzo de 1862 la Sociedad recurrió al Consejo de Estado por
dicha vía para que el Ministerio de Fomento manifestase que no había tenido
ni tenía competencia para intervenir en los asuntos económico-administrativos
de los municipios de Navarra, y por tanto se revocara la Real
Orden del 23 de septiembre de 1861, declarase válido el contrato y se
reservase a la Sociedad todos sus derechos a la indemnización de los perjuicios
y gastos causados y que le ocasionare su interrupción.
El 30 de abril de 1862 apareció en la Gaceta una Real Orden que
reconocía a la Diputación la vigencia de la legislación foral, pero “sólo” en
cuanto a la administración de los montes públicos de Navarra, pues desde la
Ley de 1841 las atribuciones sobre esta materia recaían en las Cortes y el
Gobierno75. Entonces la Sociedad reiteró de nuevo su petición, acompa-
75 Tras la resolución favorable, el 16 de junio de 1862 Moso escribió una carta a Bezunartea
323

LA EXPLOTACIÓN DEL BOSQUE DEL IRATI …
ñando su escrito de una certificación de la Diputación con los argumentos
que ya conocemos. Más tarde la Sociedad imprimió la citada hoja del 20 de
noviembre de 1862, explicando estos antecedentes a los componentes del
Consejo. Después, con fecha 1 de abril de 1863 imprimió otra, también en
Madrid, exponiendo las vicisitudes de la Sociedad y del expediente con la
Real Orden del 30 de abril para reclamar que el contrato subsistiese. dejando
sin efecto la R. O. Del 30 de abril de 1862. Tras recordar los argumentos
utilizados, muy similares a los de la Diputación, aludía a los numerosos
gastos realizados por las obras necesarias dadas las dificultades para extraer
los maderos de aquel bosque por su innacesibilidad y lejanía, a los malos
resultados que habían hecho que siete de los once socios se retiraran con
pérdidas entre el 25, 30, 35, 50 e incluso el 85 % de sus capitales invertidos,
y seguía :
Por los esfuerzos de la Sociedad se empezó a conocer la madera de Irati, y aplicarla a
las construcciones civiles y otros usos, a que nunca se la destinó. Sin embargo, la
Compañía exponente ha sido tan moderada en el uso de su derecho, que pudiendo
haber extraído del bosque en los 2º años que han transcurrido 120 000 árboles de las
diversas clases contratadas, y teniendo facultad para elaborar en el mismo periodo
800.00 cargas de carbón, según la escritura no extrajo más que 57 200 árboles, ni hizo
más que 81 782 cargas de carbón. Resulta plenamente de documentos auténticos
presentados en el expediente.
Así responde a la calumniosa imputación que se le ha hecho de haber talado el bosque
de Irati ; imputación que, si no por el espíritu que la ha dicho y la ofensa que
envuelve, excitaría la risa, porque este bosque… tiene una extensión de 4 626
hectáreas, y distribuidos entre ellas los 57 209 árboles extraídos en los 20 años y las
81 782 cargas de carbón elaboradas, resulta que cada año se cortado menos de medio
árbol, y se ha hecho una carga de carbón aproximadamente por hectárea.
El 30 de marzo de 1863 una Real Orden dispuso que el gobernador
cancelase la suspensión sobre el corte de árboles y finalmente el 26 de mayo
de 1863 se dictó la sentencia declarando que en Navarra no tenían aplicación
las Ordenanzas de Montes del Estado y que todo lo relativo a la
administración y aprovechamiento de los suyos era facultad de la Diputación,
a quien correspondía por tanto entender, si fuera el caso, en el contrato
que muestra cómo los socios tenían intereses en la construcción del ferrocarril de Alduides.
Después de referirse a la resolución diciendo que esperaba “que acabe de confundir a nuestros
enemigos”, se lamenta de que “no hay entre la Diputación y Salamanca aquella entente
cordial que tan necesaria es para conseguir lo de Alduides, y temo que por fin se malogre este
proyecto con gravísimos perjuicios del país, porque si se hace el Ferro Carril por otra parte no
será sin subvención como estaba asegurado el de Alduides”. Este proyecto de ferrocarril es
objeto de una tesis doctoral que lleva a cabo Iñaki Suso Espadas y que será defendida en el
Departamento de Geografía e Historia de la Universidad Pública de Navarra en el presente
curso académico.
324

ANGEL GARCÍA-SANZ MARCOTEGUI
de la Sociedad para la explotación del bosque del Irati y que dejaba sin
efecto la Real Orden de 23 de septiembre de 186176.
A partir de entonces se reiniciaron las actividades en el bosque donde
trabajaron varias decenas operarios, tanto remeros, dueleros, areros, etc. De
hecho, al menos desde octubre de 1863, Julián Bezunartea, dio cuenta a su
hermano Fernando de sus trabajos.
El trazado de la línea ferroviaria de Castejón a Alsasua en 1865 favoreció
que la compañía estuviera cada vez más presente en Guipúzcoa y otras
provincias. Sin embargo, la inestable situación política que siguió al estallido
revolucionario de 1868 impidió el normal desarrollo de sus actividades.
Todavía en las campañas de 1870, 1871 se cortaron 1 889 hayas y en 1872
1 117, pues aunque el contrato de 30 años había terminado el 22 de diciembre
de 1871 parece que se prorrogó, pero, después, con el inicio de la tercera
guerra carlista, que obligó a Bezunartea y a otros a estar refugiados en
Pamplona durante cuatro años, la empresa se paralizó77. Esto debió de influir
en que cuando el 22 de diciembre de 1873 expiró el plazo de los 25 años de
la contrata, los socios decidieron declarar la compañía en liquidación en una
escritura que extendieron el 30 de diciembre siguiente. La guerra retrasó esta
tarea y el 3 de diciembre de 1877 calcularon que la liquidación acabaría para
mediados del año siguiente. En una carta de ese día a un cliente de
Barcelona, con el que habían dejado de tener relación desde hacía cinco años
a causa de la guerra, le decían “tenemos el disgusto de anunciarle a vd. que
saldremos perdiendo cuando menos la mitad de nuestro capital puesto para la
empresa”. El año siguiente fracasó una propuesta para alquilar las
instalaciones y la última noticia es del 22 de agosto de 1879 en que
comunicaron que estaban concluyendo la liquidación.
76 OROZ Y ZABALETA, Legislación administrativa de Navarra, Pamplona, 1923, t. II,
pp. 672-679 y MARTÍNEZ BELOQUI, M. S., Navarra, el Estado, pp. 293-314.
77 A instancias del que se encargaba de las cortas (quizás un subarrendador), en 1874 la
compañía logró del valle una prórroga para cortar más de 200 hayas, pero aquél no pudo
llevarla a cabo.
325

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES
CATALANES : UNE GUERRE D’EXTERMINATION
PLURI-SÉCULAIRE
Emmanuel GARNIER*
« Le loup peut-il vivre dans le Parc National du Mercantour » ? Telle
était la question posée récemment par un journaliste connu qui s’interrogeait,
comme beaucoup de nos concitoyens, sur le problème épineux de la
réintroduction ou de la réapparition des grands prédateurs dans les
montagnes françaises. Un siècle seulement plus tôt, la question aurait
certainement paru totalement incongrue au montagnard catalan tant l’idée
d’une possible cohabitation entre la bête sauvage et l’homme était
inimaginable. Perçu comme un redoutable concurrent, le fauve ne pouvait
plus avoir sa place dans une montagne désormais humanisée.
Inscrit dans le cadre des Pyrénées catalanes françaises, ce travail prend
plus particulièrement en compte la Cerdagne, le Vallespir, le Conflent, le
Capcir et de manière plus surprenante peut-être, les Fenouillèdes où eurent
lieu les dernières grandes battues à l’ours et au loup à la veille de la
Révolution. Disparates et lacunaires, les sources imposent une étude sur un
temps long compris entre les XIVe et XIXe siècles. Hôtes familiers des
Pyrénées depuis les temps préhistoriques, les grands prédateurs que sont
l’ours, le loup et le lynx connaissent une disparition prématurée à l’Est tandis
que s’y maintiennent paradoxalement de fortes traditions culturelles dont
la fête de l’ours en Vallespir est emblématique. Ces observations ne peuvent
qu’interroger l’historien de l’environnement qui constate par ailleurs que ces
animaux subsistèrent dans le reste de la chaîne pyrénéenne jusqu’aux années
1900 et même au-delà dans le cas de l’ours. Ce sont donc les causes et les
modalités de leurs disparitions qui retiendront l’attention ainsi que leurs
implications sociales.
* Centre de Recherche d’Histoire Quantitative, CNRS UMR 6583, Université de Caen, F-14
032 CAEN cedex ; Courriel : emmanuel.garnier4@wanadoo.fr
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 327 - 343 327

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES...
UNE TRAQUE DIFFICILE
Les sources : un corpus élargi
Le recours à une documentation extrêmement vaste s’impose en raison
du caractère marginal des informations en rapport avec l’ancienne faune.
L’absence de série phare oblige à ratisser large en sollicitant l’ensemble du
corpus archivistique (figure 1). C’est à ce prix seulement que l’on peut
espérer glaner des données encore que très fragmentaires et chronologiquement
discontinues. Décidément, l’animal vend chèrement sa peau à
l’historien…
Premier gisement d’importance, les papiers produits par les pouvoirs
centraux. Pour la période antérieure au rattachement à la France, le fonds de
la chambre des domaines est incontournable mais représente malheureusement
une masse d’archives colossale à dépouiller, sans certitude d’y trouver
des traces animales. Il a donc fallu se limiter à des sondages ponctuels car le
classement thématique de la série s’avère souvent arbitraire et aucune
rubrique n’intéresse directement la faune. À défaut de disposer de notices
intitulées « faune » ou « ours » par exemple, il est plus commode d’utiliser
l’entrée « chasse ». Néanmoins, les difficultés paléographiques et linguistiques
ne manquent pas dans la mesure où le chercheur est confronté à des
pièces rédigées à l’époque aragonaise, dont certaines, comme les ordonnan-
328

EMMANUEL GARNIER
ces de Pierre III de 1345 ou l’édit de 1392 font explicitement références aux
salvatgines1.
Pour l’époque postérieure à 1659, les archives de l’Intendance se révèlent
plutôt décevantes et posent un problème de taille : celui de l’exception
roussillonnaise. En effet, l’ordonnance des Eaux et Forêts de 1669, et par
conséquent les dispositions sur la chasse, a été reçue tardivement et avec
réticence dans la province. Il a fallu attendre l’année 1723, soit plus de 50
ans après le rattachement au royaume de France pour qu’elle soit enregistrée
par le Conseil souverain de Perpignan. En dépit d’une tentative pour la faire
appliquer en 1759, le texte demeurera lettre morte. Ainsi, le sort en était jeté,
l’administration forestière n’aurait pas droit de cité en Roussillon, à l’instar
d’autres provinces « particularistes » comme l’Alsace et la Lorraine. Le
dossier sylvicole fut donc confié à une chambre particulière du Domaine
dirigée par des magistrats permanents qui dessinèrent clairement les
frontières de compétences juridiques. Aux intendants et à leurs viguiers
revenait la police des bois tandis que la chambre conservait la haute main sur
le contentieux. Dans la pratique, le système ainsi élaboré débouchait sur une
paralysie complète en raison de l’hostilité du Conseil souverain de
Perpignan, jaloux des prérogatives de l’intendant. En matière cynégétique,
l’effacement du pouvoir central explique la pauvreté des sources. On est
décidément loin de la richesse des archives ibériques, notamment des fameux
papelets de fieras étudiés par Juan Pablo Torrente pour les Asturies au
XVIIIe siècle2. Ici, l’aspect administratif de la chasse aux bêtes sauvages est
celui qui a laissé le plus de traces dans les sources et ainsi, pour chaque
animal abattu était produit un « billet » ouvrant droit au versement d’une
prime.
Faute de trouver son bonheur côté catalan, il faut se tourner vers
l’Intendance du Languedoc dont dépendaient les Fenouillèdes pour disposer
de séries fiables et bien documentées. Y figure la riche correspondance entretenue
par le représentant du roi avec les services techniques de la louveterie,
responsable de la chasse aux grands prédateurs, à l’occasion de la recrudescence
d’attaques de loups et d’ours lancées depuis les forêts royales de
Boucheville et d’Ayguesbonnes contre les communautés de Rabouillet, Vira
et Fenouillet en 17853. Enfin, pour la période contemporaine, la série M de
la préfecture des Pyrénées-Orientales comporte des dossiers ayant trait à la
destruction des « nuisibles » parmi lesquels figurent, aux côtés des loups et
1 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 B 153.
2 J.B. TORRENTE, « La Chasse aux grands carnivores dans les Asturies au XVIIIe siècle »,
HSR, n° 8, 1997, p. 163-186.
3 Arch. dép. Hérault, C 1910.
329

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES...
des ours, les Grands Tétras et les Isards ! Grâce à eux, nous entrons dans
l’ère de la statistique sous la forme de tableaux précis récapitulant le nombre
d’animaux détruits, fort utiles pour mesurer les effets de la chasse encouragée
par les pouvoirs publics.
Second gisement d’informations, celui des communautés laïques et
ecclésiastiques qui, pour la période d’Ancien Régime, pallie souvent les
lacunes documentaires de l’administration. Rédigées sous l’égide des seigneurs
locaux, les « criées » villageoises s’intéressent non seulement aux
pratiques agraires mais également aux usages cynégétiques sous la forme de
textes stéréotypés qui ont néanmoins le mérite d’énumérer les animaux
chassés par les paysans. « Filon » amplement utilisé par Jean-Claude
Bouchet dans sa thèse consacrée à la chasse dans les Pyrénées centrales et
occidentales, les registres comptables des communautés consignent les primes
versées pour l’ « élimination des animaux malfaisants » aux chasseurs
du village4. À la différence du Béarn et de l’Andorre, peu de documents de
ce type ont été conservés et c’est à peine si l’on retrouve quelques fragments
de comptabilité communale pour Prats-de-Mollo au début du XVIIe siècle.
Ces comptes consulaires recensent à plusieurs reprises des Llops et même
des Llops servera éliminés sur le territoire de la localité5. Les archives
communales recèlent aussi un bel exemple de procès-verbal de destruction
de loup par un chasseur patenté du village en 1835. Dernière source laïque à
ne pas négliger, les enquêtes de l’époque révolutionnaire (série L) qui autorisent
une approche de l’état de l’armement détenu par les montagnards
catalans.
À peine effleurés, les fonds des grandes abbayes de Saint-Martin-du-
Canigou et de Saint-Michel-de-Cuxa contiennent, outre des doubles de
criées, de nombreux règlements de chasse auxquels s’ajoutent les livres de
comptes où il est fait mention des redevances en nature, notamment de la
pierna, la « cuisse » de chaque grosse bête tuée sur les terres abbatiales, ainsi
que les dépenses de bouche, souvent composées de venaisons6.
Plus surprenants peut-être, les actes notariés apportent un éclairage
complémentaire en donnant une épaisseur plus sociale. Instrument de crédit
agricole, le bail à gazaille est une formule attractive par laquelle le preneur
trouve, sans bourse délier, un fonds de bétail, à charge pour lui de veiller à sa
conservation et à son entretien. Au terme du contrat, il devait en rendre
compte au bailleur en partageant avec lui le croît. Quant au second contrac-
4 J.C. BOUCHET, Histoire de la chasse dans les Pyrénées françaises (XVIe-XXe siècles),
Pau, Marrimpouey, 1990, 251p.
5 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 7 J 46.
6 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, H 159.
330

EMMANUEL GARNIER
tant, l’objectif visait au placement d’une épargne à moindre frais, nonobstant
les risques – plus particulièrement les grands fauves –, qui rapportait bien
davantage que la rente classique tirée du sol. Aussi ces actes évoquent-ils
fréquemment le danger représenté par les loups et les ours. Avec les inventaires
après décès, c’est le quotidien cynégétique qui apparaît à travers
l’énumération des biens du défunt qui omet rarement de citer les pièges, les
armes à feu ou encore les peaux des fauves.
Très ouvert, le corpus documentaire ne saurait être complet s’il ne faisait
référence à l’œuvre des naturalistes, principalement celle du docteur
Louis Companyo, auteur de la fameuse « Histoire naturelle des Pyrénées-
Orientales »7, publiée en 1863 sous la forme de trois volumes. Le dernier est
fondamental puisqu’entièrement consacré à la faune régionale. Le témoignage
de ce grand érudit et naturaliste de renom qui deviendra le conservateur
du Muséum d’Histoire Naturelle de Perpignan demeure aujourd’hui
encore une référence scientifique. Il propose un bilan faunistique exhaustif
au début du XIXe siècle fort utile pour interpréter les sources lacunaires de
l’époque moderne. Homme de terrain accompli, l’auteur fonde son travail
sur des observations réalisées in situ dans les grandes forêts domaniales et
des témoignages recueillis auprès d’usagers de la montagne, des bergers
surtout. Plus novatrice encore est sa démarche en matière d’ethno-écologie
qui le pousse à s’intéresser aux techniques de chasse, à la préparation culinaire
du gibier ainsi qu’aux croyances qui lui sont associées.
La méthode : une démarche d’ouverture scientifique
Souvent vilipendée par des universitaires qui y voient une science très
approximative d’érudits locaux, la toponymie faunique a pourtant un rôle
important à jouer dans le cadre de l’étude de l’ancienne faune. Elle s’avère
être un précieux auxiliaire pour situer telle ou telle espèce ou pour identifier
les animaux, jadis hôtes familiers des montagnes catalanes. Pour être
utilisable, elle nécessite l’élaboration d’une méthode qui repose
préalablement sur un travail ingrat de simple recensement des noms de lieux
faisant allusion à des animaux sauvages à partir des cartes IGN au 25 000e
croisées avec les plans cadastraux des années 1820. L’objectif se limite à
révéler la diversité et la géographie des espèces sauvages d’autrefois en
fonction du relief et des types d’écosystèmes.
Quels animaux apparaissent via la toponymie ? En première position
arrive l’ours, l’os qui avec près de 25 % des toponymes prouve que les
paysages catalans ont su en conserver de nombreuses traces. Grâce à ces
7 L. COMPANYO, Histoire naturelle des Pyrénées-Orientales, Perpignan, J.B. Alzine, 1863,
t. 3, 942p.
331

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES...
noms, l’historien peut suivre le plantigrade et même définir en partie son
écologie. Certains désignent ainsi ses axes privilégiés de circulation comme
les pas, les couma, tous résultent des observations des montagnards qui
constataient que les ursidés empruntaient souvent les mêmes couloirs ou
cols. Outre l’errance sur un territoire, les toponymes signalent aussi
l’appropriation d’un gîte et définissent un biotope bien précis. Aux serrat de
l’os et à ses escala répondent les solana où il appréciait profiter du soleil ou
encore les clots, les cavités converties en tanières. Second acteur de taille
dans le paysage animalier, le Llop ou loup, avec plus de 20 % des toponymes
est un familier des muntanyas. À la différence de l’ours, toujours désigné au
singulier, on parle dans la moitié des cas de llops, allusion claire aux meutes
lupines et à l’instinct grégaire de ces bêtes. Les références à son milieu de
vie décrivent un paysage constitué de sommets (Puigs), de passages
privilégiés (Pas) et de lieux de sédentarisation temporaires (Pla). Terme
polysémique par excellence, le microtoponyme catalan Gallinas (20,6 %),
systématiquement associé aux sites d’altitude en Puig et Pic, caractériserait
de manière indistincte les galliformes peuplant la montagne. En y ajoutant
ceux en Cabres (chèvres), les lieux en rapport avec l’isard représentent environ
17 % des noms recensés et tous sans exception font référence à des
sommités accidentées (Roc et Puig). Avec 10 % du total, l’aigle apparaît
comme un hôte habituel de la montagne où il s’installe sur des Rocs inexpugnables.
Présente également en altitude, la « perdrix » (6,9 %), probablement
la perdrix grise des Pyrénées citée par les « criées » villageoises, vit à une
altitude élevée.
Recoupées avec les altitudes, les informations toponymiques révèlent
à la fois le milieu naturel et l’étagement de la faune ancienne (figure 2).
Bien qu’asylvatique, l’étage alpin accueille surtout les gallinacés et plus
marginalement l’ours et l’isard. Au vu de sa richesse toponymique, le niveau
subalpin fait figure de territoire de prédilection avec les tétraonidés implantés
dans les peuplements clairiérés de pins à crochets et les ours qui y trouvent
concurremment des espaces boisés et rocheux où créer une tanière. Bien
présent aussi, l’aigle se concentre sur les sites escarpés. Plus opportuniste et
nettement moins montagnard, le loup erre sur un vaste territoire de chasse
dont les limites extrêmes se situent entre l’étage collinéen – le plus
fréquenté – et le niveau subalpin inférieur. Même si elle fait l’impasse sur
certains animaux comme le lynx, dont la présence est pourtant attestée par
les archives, la toponymie livre un instantané de l’étagement de la faune
d’autrefois qui recoupe assez bien la répartition proposée par les spécialistes
actuels.
Figure 2 : Étagement de la faune d’après la toponymie
332

EMMANUEL GARNIER
Pour être véritablement pertinente et novatrice, la méthode de
l’historien doit intégrer les problématiques environnementales contemporaines.
Deux motifs justifient ce choix. Le premier propose tout simplement
d’employer le vocabulaire propre aux écologues et aux forestiers afin que la
connaissance historique soit prise en compte par les gestionnaires. Le second
vise à rendre plus dynamique une réflexion à l’aune des questions soulevées
par les naturalistes pour qui l’épaisseur du temps est une nécessité s’ils
veulent comprendre la régression des espèces sauvages. Ainsi, en croisant les
sources mais aussi les « cultures scientifiques », l’historien peut espérer
réaliser une approche plus systémique de la question. En conséquence de
quoi l’animal observé n’est plus étudié pour lui-même mais comme une
partie d’un tout qu’est l’écosystème.
333

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES...
Encadrée sur le plan conceptuel, la démarche débouche sur une notion
de plus en plus préconisée par les organismes de gestion des espaces naturels,
celle d’habitat, un cadre écologique au sein duquel vit une espèce, une
population ou un groupe d’individus. Même si la démonstration demeure
partielle, en raison du caractère lacunaire des sources, la reconstitution des
habitats anciens peut permettre de mieux comprendre pourquoi une espèce a
pu subsister ou au contraire disparaître. Dernier intérêt de la méthode enfin,
celui qui consiste à voir dans tel ou tel animal un bioindicateur pour
apprécier la qualité de l’environnement des siècles antérieurs. Il ne fait plus
aucun doute que les modifications et les fluctuations de la flore ont eu une
incidence directe sur le comportement de la faune au cours des âges.
Incapables de s’adapter aux modifications de plus en plus souvent d’origine
anthropique, certaines espèces ont émigré, disparu ou reculé. L’animal peut
aussi, et ce n’est pas le moindre intérêt, être un marqueur des grands
épisodes climatiques et démographiques des cinq derniers siècles.
LES GRANDS PRÉDATEURS : UNE GUERRE TOTALE
Vivant sur un même territoire, la cohabitation entre les fauves et les
pasteurs apparaît rapidement impossible si bien que leur histoire commune
ne tarde pas à se décliner sur le mode conflictuel. La colonisation, suivie de
la mise en place d’un système agro-pastoral, porte en elle les germes d’une
lutte inexpiable. De facto, sous les effets d’une pression démographique
toujours plus marquée, l’homme allait inexorablement grignoter l’espace
vital des grands prédateurs, de plus en plus perçus comme de dangereux
rivaux dans le cadre de la conquête des estives.
Le colon, le feu et le fauve (XIVe-XVIe siècles)
Dans son ordonnance donnée en 1345 pour la Cerdagne, le Conflent et
le Vallespir, le roi d’Aragon compare les espaces forestiers composés de
forêts de sapins impénétrables à « un réceptacle qui accueille une grande
quantité de bestes féroces »8. Ainsi, dès cette époque sont étroitement liées
aux yeux des autorités la flore et la faune, au point qu’à un certain type de
végétation, en l’occurrence ici la sapinière à caractère primaire, correspondent
certaines espèces animales dont les grands carnassiers sont les figures
emblématiques. Désireuses d’humaniser, ou plutôt de coloniser ces espaces
vierges, les monarques aragonais optent pour une solution ô combien radicale
: la destruction pure et simple du milieu jugé hostile à l’homme pour le
remplacer par un nouveau paysage ouvert à la colonisation. Aussi la même
8 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 C 1249.
334

EMMANUEL GARNIER
ordonnance prévoit de concéder aux colons des portions entières de forêt à
condition qu’ils les brûlent ! Quarante sept ans plus tard, le mot d’ordre
royal n’a pas changé comme le confirme un édit qui autorise les habitants
d’Esposoyla (Espousouilles), attaqués per moltes salvatgines, axi de porcs
senglars com d’osses, à incendier les bois de la châtellenie de Puyvalador, à
l’exception de la forêt royale de la Mata9. La faveur royale est de taille mais
il en va de l’avenir de la colonisation dans la région que les premiers
habitants menacent d’abandonner si les autorités ne réagissent pas. Désormais,
les hommes de la communauté ont la « liberté » de détruire la forêt
sans même en référer aux forestiers royaux, privilège exorbitant qui ne
s’explique guère que par la volonté étatique de fixer à tout prix une population
pionnière dans une marche montagnarde stratégique où les monarques
disposent d’ailleurs d’une résidence d’été à Formiguères.
Le recours au feu pour déloger les bêtes fauves n’a rien d’original, il
se retrouve en d’autres lieux pour des périodes postérieures. Les habitants de
Prats-de-Mollo y font appel en 1406 pour repousser des ours devenus trop
pressants avec le troupeau communal. En Andorre, l’alliance du feu et de
l’homme contre l’animal se perpétue même jusqu’au XVIIe siècle dans la
vallée de la Gran Valira. Comme sur le versant roussillonnais, les populations
n’hésitent pas à incendier de vastes massifs pour lutter contre les loups
et les ours, une pratique aux conséquences écologiques désastreuses.
Cinquante-sept ours furent éliminés de la sorte entre 1600 et 1700 dans les
seules communautés d’Andorra-la-Vieille et de la Massana. Outre l’avantage
de disperser les fauves et d’en éliminer beaucoup, la technique du feu
favorise le passage de la vieille forêt « primaire » à une forêt secondaire
pauvre en sapins, plus facile à convertir en terres arables ou en pâturages.
Sans doute ces espaces dégradés sont-ils à l’origine des devesas de l’époque
moderne.
L’apogée du pastoralisme et l’éradication des
« nuisibles » (XVIIe-XVIIIe siècles)
Partageant un territoire identique avec des hommes toujours plus
nombreux qui, à compter des années 1600, font un choix économique décisif
en développant un élevage extensif dans les zones d’estives, les grands prédateurs
adoptent de nouveaux comportements alimentaires qui ne tardent pas
à porter directement atteinte au cheptel villageois.
Faut-il le rappeler ? Le régime alimentaire de l’ours en milieu naturel
préservé de l’influence anthropique paraît très éclectique puisqu’il se
compose indifféremment de fourmis, d’insectes de toutes sortes et de mi-
9 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 B 153.
335

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES...
cromammifères10. Certes plus carnassier, celui du loup n’en est pas moins
tourné vers les petites proies ou de plus grosses choisies cependant pour leur
faiblesse. La rupture intervient avec l’avènement des sociétés pastorales qui
provoquent indirectement une évolution de ses habitudes : les troupeaux
concentrés aux beaux jours sur les muntanyas deviennent un garde-manger
bien tentant. Faut-il s’étonner que les agressions répétées des loups et des
ours contre le bétail deviennent la hantise des bergers et des propriétaires, ce
dont les contrats agraires ne manquent pas de faire écho ? Déjà au XVIe
siècle, les baux à gazaille de Saint-Laurent-de-Cerdans en Vallespir prennent
en compte le risque « naturel » représenté par les meutes lupines11. Une
clause particulière (a cas lo llop sen menjana algunas o alguns de dits porchs
y cabres vaca arrisch y perill) prévoit ainsi que les pertes seraient automatiquement
partagées par les deux contractants. Le Libre de parceria de la
communauté des prêtres de Vinça, en Conflent est encore plus riche
d’informations sur le sujet et autorise même une approche quantitative des
prélèvements opérés par les prédateurs12. Rédigé en catalan dans la seconde
moitié du XVIIIe siècle, ce livre de compte consacré à la gestion des troupeaux
pâturant sur le territoire de Marcevol déclare à plusieurs reprises que
lo llup se a manjat un primal ou qu’una obella (es) morta del llop.
Les principales victimes sont les ovins dont les effectifs croissent
considérablement au cours de la période moderne pour atteindre dans les
années 1770 plus de 57 000 têtes sur les pasquiers royaux, soit 93 % du
troupeau total13. Même s’il s’agit plutôt d’une transhumance de passage qui
conduit les troupeaux de Catalogne espagnole vers les pacages languedociens,
la présence estivale d’un bétail pléthorique ne peut qu’aiguiser les
appétits des grands fauves qui ne répugnent pas à s’offrir un petit extra en
dévorant les ânes et les mulets qui accompagnent les pasteurs. Les spécialistes
s’accordent à dire que les ours apprécient particulièrement ce type
d’animaux dont ils font une consommation immodérée si l’occasion leur en
est donnée. Encore pendant la période révolutionnaire, nombreux sont les
voituriers du Capcir réquisitionnés pour transporter le ravitaillement des
troupes qui sollicitent des autorités républicaines un dédommagement pour
leurs animaux de bât victimes de la dent des fauves14.
10 G et M.F. BERLIC, « En 1985, l’ours dans les Pyrénées-Orientales », Naturalia
Ruscinnensia, n° 1, 1987, p. 9-70.
11 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 3 E 20/26.
12 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 123 J 16/475.
13 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1 C 1101.
14 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, L 636.
336

EMMANUEL GARNIER
Paradoxalement, la dernière grande offensive des bêtes noires en
Roussillon épargne la haute montagne pour se dérouler dans le massif plus
modeste des Fenouillèdes. Rattachée administrativement au Languedoc sous
l’Ancien Régime, la région était mieux contrôlée par les autorités royales, ce
qui explique l’existence d’une riche documentation produite par l’Intendance,
les communautés rurales et la louveterie15.
L’affaire débute, et ce n’est pas un hasard, au mois de juillet 1785,
lorsque les troupeaux installés sur les sommets enclavés en forêt sont les plus
vulnérables. Les plaintes émanant des villages de Rabouillet, Vira et
Fenouillet, toutes riveraines des grandes forêts royales de Boucheville,
d’Ayguebonnes et des Fanges, parlent des « ravages » causés par les ours et
les loups qui « ont fait périr nombre de bestiaux des différentes communautés
». À Rabouillet, un ours a même tué à lui seul cinq bœufs ! La recrudescence
et la violence des attaques paraissent anormales aux habitants et aux
représentants du roi qui insistent sur le régime alimentaire nouveau des ursidés
devenus de plus en plus carnivores. Les loups ne sont pas en reste, eux
qui enlèvent en plein jour les brebis malgré la présence des bergers et qui
multiplient les agressions nocturnes en dépit des feux allumés par leurs gardiens.
Moyen de défense ancestral contre les fauves dans la chaîne pyrénéenne,
les feux étaient entretenus toute la nuit autour des orris afin
d’éloigner les prédateurs qui rôdaient comme des voleurs. Dans ce cas précis,
la mesure se révéla insuffisante puisque des loups allèrent jusqu’à prélever
leur pitance directement dans les « bercails », les étables proches des
bergeries où les moutons étaient censés trouver un abri sûr pour la nuit. Détail
d’importance qui explique peut-être l’hécatombe ovine, les pasteurs ne
semblent pas avoir été accompagnés de chiens de protection.
Dans ces conditions, les méfaits des bêtes sauvages remettent directement
en cause l’économie locale fondée sur l’agro-pastoralisme. Le fait est
que les assauts des salvatgines se produisent au printemps et en été, au moment
où les troupeaux quittent les villages pour gagner les estives excentrées.
Aussi, les pertes sont-elles d’autant plus dramatiques qu’elles interviennent
à une période au cours de laquelle leurs animaux domestiques doivent
impérativement se nourrir dans les « pacages des montagnes ».
L’urgence de la situation n’échappe d’ailleurs pas aux hommes du roi qui
décident d’une intervention énergique en faisant appel aux officiers de la
louveterie qui prendront l’affaire en main en organisant des battues massives.
15 Arch. dép. Hérault, C 1910. C. FRUHAUF, « La chasse aux loups et aux ours dans les
Fenouillèdes 1785-1786 », Acta biol. Mont., n° 4, 1984, p. 427-436.
337

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES...
LES MOYENS DE LA LUTTE
Il est classique d’imputer la responsabilité de l’élimination des espèces
ursines et lupines aux seules pratiques cynégétiques dont les modalités ont
profondément évolué aux cours des Temps modernes, ne serait-ce qu’avec
l’introduction de l’arme à feu. Néanmoins, la chasse, coupable idéale, estelle
l’unique cause de leur disparition dans une montagne pyrénéenne
devenue un enjeu socio-économique majeur ?
Les armes d’un crime écologique
Les arrêtés préfectoraux du début du XIXe siècle énumèrent assez
systématiquement les moyens employés pour éliminer ce que les contemporains
appellent alors les « nuisibles ». Y figurent en bonne place les pièges,
outils traditionnels du chasseur cités dans les inventaires après décès du
Vallespir. Il s’agit généralement d’engins munis de mâchoires métalliques
redoutables et efficaces, utilisés encore de nos jours. Entre 1835 et 1852, une
dizaine de loups sont piégés de la sorte par des hommes de Prats-de-Mollo
qui se sont fait une spécialité de cette chasse lucrative puisqu’elle ouvre droit
au paiement de primes. Qu’ils soient tous analphabètes ne les empêche pas
d’être de bons connaisseurs du terrain et des habitudes de leur gibier, ce qui
leur permet de disposer leurs pièges dans les couloirs de passage dont la
toponymie a conservé la mémoire.
Les « fosses » ou « trappes » sont régulièrement mentionnées. Creusées
dans les sites fréquentés par les plantigrades et les loups, elles peuvent
faire plusieurs mètres de profondeur et sont recouvertes d’une claie sur laquelle
un appât est déposé. Usitée dans toutes les montagnes françaises, la
technique perdurera encore en Roussillon vers 1900 pour lutter contre la race
lupine16.
À l’époque moderne, les moyens de lutte évoluent sensiblement avec
l’apparition puis la généralisation des armes à feu dans la montagne. Les
états de l’armement possédé par les villageois établis vers 1790 dans le cadre
de la création du corps de chasseurs-éclaireurs pyrénéens confirment
l’existence de ce qu’Alain Ayats appelle « un peuple en armes »17. Le nombre
d’armes en circulation au sein des communautés montagnardes ne peut
qu’impressionner même s’il n’étonne pas totalement le spécialiste de ces
sociétés. En 1792, à Prats-de-Mollo, chaque propriétaire en possède une, très
16 E. GARNIER, « La peau de l’ours. Cinq siècles de chasse ursine dans les montagnes
françaises », Actes du colloque international « Forêt et Chasse » (ENS Ulm, 9-12 septembre
2003), à paraître chez l’Harmattan.
17 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, L 706 et L 745.
338

EMMANUEL GARNIER
majoritairement des fusils de chasse auxquels s’ajoutent des escopettes et des
« pistolets de poche ».
Plus intrigants sont les arrêtés qui mentionnent, sans plus de précisions,
les « batteries d’armes à feu », un terme qui désigne probablement un
système comparable au « trébuc » utilisé en vallée d’Aspe. Arme de tir équipée
de plusieurs canons parallèles de gros calibre et chargés à mitraille, la
mise à feu s’opère par l’intermédiaire d’un percuteur relié à un fil tendu sur
la piste empruntée par l’animal. En fait de fauve, il n’était pas rare que de
jeunes enfants ou des adultes ignorants de son installation fassent les frais de
la machine infernale.
Classique mais nécessitant une participation collective de la communauté,
ce que les abbés de Saint-Michel-de-Cuxa désignent comme la
« grande chasse », la battue, n’est organisée qu’en cas de grave menace pour
l’ensemble du village, comme ce fut le cas dans les Fenouillèdes en 1785.
Une opération d’envergure y fut conduite, prise en main par les lieutenants
de la louveterie appelés à la rescousse par l’intendant. Après une phase préliminaire
de reconnaissance en forêt où les attaques s’étaient produites, les
battues débutèrent à la mi-août en forêt de Boucheville. La traque consistait
à suivre les traces (fientes, empreintes) laissées par les assaillants jusqu’à ce
qu’ils soient débusqués et tués.
Efficace, la battue le fut probablement puisque le tableau de chasse
s’élevait à quinze bêtes fauves éliminées dont six ours après seulement une
semaine de chasse. Pour autant, l’effort consenti s’avéra insuffisant en raison
de la mauvaise volonté des paysans, peu motivés à l’idée de voir s’éterniser
le « safari ». Les battues exigeaient en effet la disponibilité de villages
entiers et chacune mobilisait entre 170 et 250 chasseurs, ou plutôt rabatteurs,
durant plusieurs jours, à une période où les travaux des champs réclamaient
tous les bras disponibles.
Extermination véritable ou dégradation des
écosystèmes montagnards ?
Le chasseur est-il donc le seul à avoir eu la peau de l’ours et du loup ?
Une réponse affirmative semble être de rigueur tant les motivations et les
moyens cynégétiques mis en œuvre, relayés par la législation royale, n’ont
jamais fait défaut depuis la fin du Moyen Âge au moins. Tous témoignent
d’une volonté collective clairement affichée d’éradiquer définitivement les
nuisibles de la montagne. Pour autant, se limiter à cette seule origine revient
à circonscrire le phénomène aux seules sociétés pastorales qui, par
l’intermédiaire de leurs chasseurs, auraient prononcé la sentence. C’est oublier
un peu rapidement que d’autres acteurs interviennent à compter du
XVIe siècle dont les objectifs économiques ne sont pas moins importants.
339

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES...
Tenter de mesurer statistiquement l’évolution des effectifs de grands
prédateurs exterminés sur cinq siècles relève d’un pari impossible à tenir
pour des raisons archivistiques évidentes. On ne peut guère tenter
l’expérience que pour le XIXe siècle qui dispose d’enquêtes exhaustives
autorisant une approche quantitative. Tout au plus pouvons-nous esquisser
des tendances à partir d’un corpus documentaire accusant une étroite parenté
avec le puzzle.
Au vu des sources consultées, quelques grandes phases peuvent être
dégagées au sein de cette histoire de la faune catalane. Une première période,
médiévale, au cours de laquelle les grands carnivores pullulent au point qu’il
faille recourir à des méthodes d’éradication aussi radicales que les incendies
de forêt pour les faire reculer. Associé à un processus de colonisation de
grande ampleur, ce mouvement engendre de profondes modifications des
écosystèmes montagnards dont la déforestation est le signe le plus tangible
comme en témoignent les pâturages d’Enveig étudiés sur le temps long par
Christine Rendu, Bernard Davasse et Didier Galop18. Les Temps modernes
se caractérisent par une raréfaction précoce, en comparaison du reste des
Pyrénées, des ours et des lynx, peut-être même des loups. Si les risques
d’attaques lupines contre le cheptel sont pris en compte dans les baux du
XVIe siècle, tel n’est déjà plus le cas ou presque pour les ursidés et les félins.
Les registres de comptes consulaires de Prats-de-Mollo n’offrent guère que
deux exemples de primes versées à des chasseurs pour la première moitié du
XVIIe siècle pour un total de deux loups, huit louveteaux et un lynx occis19.
Puis, plus rien dans les sources roussillonnaises du siècle suivant qu’elles
émanent de l’Intendance ou des vigueries. Or, on peut supposer qu’une
menace réelle, et l’exemple des Fenouillèdes le prouve, aurait suscité une
mobilisation des autorités.
Comment expliquer ce rapide déclin qui ne peut se justifier exclusivement
par une chasse intensive qui, soit dit en passant, fut aussi poussée
sinon plus, en Ariège ou en Béarn où pourtant les ours se maintinrent ? La
solution ne serait-elle pas à rechercher plutôt du côté des habitats naturels ?
De facto, à la veille de la Révolution, les grands prédateurs ont vu leurs territoires
se réduire comme peau de chagrin sous les coups répétés des pasteurs
mais plus encore des charbonniers et des forestiers. Véronique Izard a bien
montré le maintien d’importants massifs boisés dans les secteurs les plus
enclavés jusqu’au début du XIVe siècle20. C’est alors que se produit une
18 C. RENDU, La Montagne d’Enveig. Une estive pyrénéenne dans la longue durée,
Perpignan, Trabucaire, 2003, 606p.
19 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 7 J 46.
20 V. IZARD, « La Révolution industrielle du XIVe siècle. Pouvoirs, enjeux, gestion et
340

EMMANUEL GARNIER
« révolution industrielle » à l’origine de la disparition des derniers bastions
de la forêt montagnarde. La voracité des « moulines à fer » est devenue
légendaire et elles ont laissé de multiples traces de leurs méfaits dans le
paysage toponymique dont les fauldes, les places à charbon, sont de bons
indicateurs aujourd’hui encore. Il n’est pas une forêt du Canigou qui ne soit
parsemée de ces plates-formes relictuelles, témoins funèbres des sapinières
originelles dont la disparition céda le pas à des peuplements juvéniles
exploités en taillis ainsi qu’à des pinèdes monospécifiques. Que la visite des
pâturages royaux de 1760 révèle que seulement six pasquiers sur quatorze
sont encore boisés n’étonnera donc pas. Les plans de l’époque sont encore
plus précis quand ils figurent un paysage de pré-bois dominé par des pins à
crochets.
Dans ce contexte écologique quelque peu apocalyptique, la présence
de meutes et de groupes d’ursidés dans la montagne des Fenouillèdes, à
priori moins inexpugnable, surprend. Le bilan des battues de 1785 démontre
même que nous sommes en présence de populations équilibrées sur le plan
démographique et sanitaire avec six ours adultes (mâles et femelles) d’un
poids moyen de 200 kilos sans compter les huit loups et louveteaux qui y
laissent leurs vies. La réponse est probablement à rechercher du côté écologique.
Les forêts des Fanges, de Boucheville et d’Ayguebonnes forment
toujours à cette époque des massifs ligneux homogènes et étendus. Ici domine
la forêt montagnarde prospère que les procès-verbaux de visite des
officiers des Eaux et Forêts décrivent comme étant « bien plantée de sapins
et de hêtres »21. Produit d’une gestion durable fondée sur une sylviculture
adaptée au milieu naturel, le jardinage officialisé par les règlements locaux
s’inscrit en rupture avec les préceptes sylvicoles édictés par l’ordonnance de
1669 qui préconise la généralisation du taillis sous futaie, si désastreux pour
les sapinières du royaume22. Preuve supplémentaire de la biodiversité de ces
massifs, la nature des prélèvements ligneux effectués par la Royale qui
exploitait jusqu’à 600 sapins de grandes tailles pour la mâture en 1770. À
n’en pas douter, les sapinières jardinées ou les vieilles futaies préservées des
convoitises industrielles ou agricoles parce qu’inaccessibles, constituaient un
biotope favorable pour l’ours. Composés de peuplements mixtes et irréguliers
de résineux et de feuillus, ces espaces lui procuraient une nourriture
végétale et animale diversifiée, sans compter les particularités écologiques
conflits autour d’un patrimoine minier, sidérurgique et forestier convoité », Domitia, n° 2,
2002, p. 43-62.
21 C. FRUHAUF, Forêt et société. De la forêt paysanne à la forêt capitaliste en pays de Sault
sous l’Ancien Régime (vers 1670-1791), Paris, CNRS, 1980, p. 29.
22 E. GARNIER, Terre de conquêtes. La forêt vosgienne sous l’Ancien Régime, Paris,
Fayard, 2004, 620 p.
341

SALVATGINES ET SOCIÉTÉS MONTAGNARDES...
propices comme les enrochements et les arbres chablis, autant d’atouts
naturels facilitant la confection de tanières23.
Beaucoup plus fiables, les données quantitatives ainsi que les observations
des naturalistes du XIXe siècle renforcent ce point de vue. Bien que
marquées par des ruptures chronologiques, les courbes établies à partir des
animaux « nuisibles » tués entre 1838 et 1860 n’en illustrent pas moins ce
lent déclin des fauves (figure 3). L’ours n’y fait qu’une apparition furtive et
Figure 3 : Animaux nuisibles capturés ou tués (1838-1860)
encore, il ne s’agit que d’un spécimen ! Quant aux loups, leur extermination
demeure d’actualité avec des effectifs qui atteignent un apogée en 1840 (80
individus) pour amorcer une décrue inexorable dont les étiages se situent
autour des années 1860 (six animaux). Ce modeste tableau cynégétique nous
éloigne donc franchement des moyennes affichées dans les provinces de
l’Est (Franche-Comté et Lorraine) où ce sont plus de 300 loups qui sont
massacrés annuellement entre 1780 et 185024.
23 E. GARNIER, « Bioindicateurs et évolution des écosystèmes forestiers (XVIe-XIXe
siècles) », Cahier d’Études « Forêt et faune », GHFF-CNRS, n° 12, 2002, p. 25-32.
24 C. DUGAS de la BOISSONY, « Une nécessité de la sécurité des campagnes. La
destruction des loups en Franche-Comté », Histoire Economie et Société, n° 1, 1991, p. 113-
126.
342

EMMANUEL GARNIER
Réalisées dans les années 1820, les observations du naturaliste Louis
Companyo confortent partiellement l’approche statistique. Si le loup demeure,
à ses yeux, commun dans le département, ce n’est plus le cas du
« loup-cervier », le lynx, devenu très rare alors qu’il constate son importance
numérique dans les montagnes espagnoles et portugaises. Il déclare en avoir
vu deux, tués dans la forêt de Formiguères et dans le massif de Salvanère en
1821. Quant à l’ours, le savant roussillonnais lie sa quasi-disparition à la
« dévastation » des forêts et se borne à signaler sa présence dans la forêt
domaniale des Fanges où vivaient encore en 1825 une femelle et ses petits.
Pour le reste, il n’indique guère que des passages épisodiques d’individus
dans le massif du Canigou en période estivale et en profite pour évoquer le
récit de bergers de la Jasse du Cadi à propos d’un taureau blessé par un ours.
L’ultime « grande affaire d’ours » se produit en 1908 et, aussi anecdotique
qu’elle puisse paraître, elle est emblématique du recul de l’animal
dans la région. En 1908, des habitants de la localité de Saint-Estève, située
dans la plaine, relèvent avec stupéfaction des empreintes d’ours le long de la
rivière. Désemparé, le maire se tourne vers le préfet auquel il explique que
ses administrés, « tous chasseurs de cailles et de lapins », ne se sentent pas
de taille à se lancer dans une chasse aussi périlleuse. Après enquête de
gendarmerie, on découvrira que le « dangereux prédateur » n’était autre
qu’un individu craintif échappé d’une ménagerie de bohémiens25.
Démarche incontestablement pionnière, l’approche historique de la
grande faune considérée comme un bioindicateur de l’état des écosystèmes
apporte un éclairage neuf sur le processus d’anthropisation des milieux
montagnards. À travers ces « victimes » de la colonisation, c’est toute
l’histoire de la conquête pyrénéenne qui se lit en filigrane en montrant que
les mutations socio-économiques ont eu un impact direct sur les prédateurs,
condamnés à disparaître parce que jugés rivaux de l’homme.
Qu’en sera-t-il pour l’avenir à l’heure où s’oppose un modèle urbain,
favorable à leur sauvegarde ou à leur réintroduction, à un modèle rural sur la
défensive, arc-bouté sur un pastoralisme en sursis ? Décidément, le slogan
affiché par le parc animalier des Angles qui propose de « skier parmi les
loups » paraît toujours bien hypothétique.
25 Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 7 M 64.
343

PROTO-INDUSTRIES
MONTAGNARDES :
LE FER, L’ARGENT ET LE VERRE

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE
NAVARRA : LA MINA DE PLATA DE URROBI
(S. XIV)
1. INTRODUCCIÓN
Íñigo MUGUETA*
Las informaciones recogidas hasta el momento por los historiadores
navarros a propósito de las actividades mineras y metalúrgicas en la Edad
Media son muy reducidas. Se ciñen a noticias dispersas obtenidas de una
lectura asistemática de los libros de cuentas de la administración real. La
titularidad regia de algunas minas y ferrerías permite observar hoy los rendimientos
producidos por algunas de estas explotaciones medievales. No
obstante, en muchos casos la explotación de pequeñas minas corrió a cargo
de señores locales, que traspasaban y comerciaban la posesión de las mismas.
Minas de plata, de cobre, de hierro, de yeso, canteras de piedra caliza,
salinas... van apareciendo de un modo irregular a lo largo de la documentación
del siglo XIV. Su explotación no parece realizarse de una manera
continua sino esporádicamente. Tan sólo en la Navarra atlántica parece que
existió una actividad minera y metalúrgica permanente, ligada a la abundante
presencia de mineral de hierro.
Al hilo de un interesante documento redactado en 1340, se ha
realizado últimamente un trabajo sobre la acuñación monetaria entre 1328 y
1349 en Navarra1. Este documento o informe2 sobre acuñación monetaria y
* Universidad Pública de Navarra.
1 I. MUGUETA, “Política monetaria en Navarra bajo el reinado de los primeros Evreux
(1328-1349)”, En la España Medieval, 27, 2004, p. 77-104. Antes se ocupó de este mismo
documento B. LEROY, “Théorie monétaire et extractione minière en Navarre vers 1340”,
Revue Numismatique, 14, 1972, pp. 105-123.
2 En realidad, como se ha intentado demostrar en el trabajo anteriormente citado, se trata en
realidad de tres informes diferentes, dirigidos al rey Felipe III y pertenecientes a un cruce de
preguntas y respuestas entre la administración real y el experto minero florentino Paulo
Girardi.
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 347 - 371 347

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
explotación minera entregado al rey Felipe III de Navarra, junto a un
exhaustivo examen de las cuentas reales en estos años, permite sacar ciertas
conclusiones sobre la explotación de la mina navarra de plata de Urrobi. Los
contratos realizados entre el rey y el maestro minero o las técnicas de
extracción del mineral serán algunos de los intereses de este trabajo, en un
marco de preocupación política por la escasez monetaria existente en el
reino, y por las dificultades encontradas por los monarcas para efectuar
nuevas acuñaciones.
2. LA EXPLOTACIÓN MINERA EN LA DOCUMENTACIÓN : LAS
MINAS DE PLATA
Los filones de cobre y plata en el Pirineo navarro han sido siempre
limitados. Su explotación era puntual, en tanto en cuanto se realizaba un
nuevo hallazgo. Con la salvedad del mineral de hierro en la Navarra
atlántica, la excepcionalidad de los filones de metal impuso su aparición
también excepcional en la documentación. Por ello, su reflejo contable hay
que buscarlo en los libros “extra merindades” gestionados directamente por
el tesorero. Es en ellos donde se anotaba la mayor parte de los ingresos y
gastos “extraordinarios”, que escapaban a la gestión de los oficiales
territoriales (merinos y bailes).
El rastro documental dejado por los maestros mineros que operaron en
Navarra fue importante cuantitativamente hablando. Los asientos en los
citados libros de cuentas eran habituales cuando se explotaba una mina, así
como los albaranes de los maestros mineros, o las órdenes de pago dictadas a
favor de ellos mismos. Por lo demás, la “Sección de Comptos” del Archivo
General de Navarra cuenta con algún rastro de documentación “no
contable”, referida a la minería de la plata : son sobre todo contratos de
explotación de las minas, así como contados traspasos de propiedad. Destaca
finalmente una pieza que se utilizará en adelante : el informe de 1340 de
Paolo Girardi, maestro minero florentino, sobre la explotación de las minas
del reino de Navarra.
Al margen de estas informaciones, no se ha podido rastrear otro tipo
de documentación sobre la minería cuproargentífera. Lo cierto es que
Navarra no fue una región rica en estos minerales. Para su explotación
siempre fue necesaria la presencia de maestros mineros foráneos, sin
posibilidad de que se creara una industria minera permanente o, al menos
duradera. Su reflejo en la documentación fue, por lo tanto, esporádico.
348

3. LA APARICIÓN DE LAS MINAS DE URROBI EN LA
DOCUMENTACIÓN
ÍÑIGO MUGUETA
Los años que precedieron a la puesta en marcha de la explotación
minera de Urrobi estuvieron marcados por una escasez monetaria
generalizada en todo el reino de Navarra, dada la ausencia de acuñaciones
propias al menos desde comienzos del siglo XIV. Entre 1328 y 1340 se han
constatado dos intentos de proceder a la acuñación de una “buena moneda”,
que no obstante no salieron adelante. Además, el reino comenzaba a verse
afectado por la crisis de mediados del siglo XIV, haciéndose patentes poco a
poco algunos claros síntomas de agotamiento demográfico y económico que
afectarían a los tradicionales rentistas, y en especial al rey3. En 1340 los
reyes de Navarra, Felipe III y Juana II, residentes entonces en sus posesiones
francesas de Evreux, decidieron enviar a tres altos funcionarios o
reformadores (Jean de Fresnoy, Guillaume de Fourqueux, y Guillaume le
Soterel) con la misión de atajar las fraudes monetarias, y de mejorar la
gestión del patrimonio regio, especialmente en el aprovechamiento de los
recursos naturales4. También con estas dos misiones concretas, los reyes se
pusieron en contacto con el minero florentino Paolo Girardi, que llegó al
reino para realizar dos informes ; uno sobre las posibilidades de explotación
que ofrecían las minas de plata de Navarra y otro sobre la conveniencia de
una acuñación monetaria y el modo de realizarla.
Paulo Girardi
La llegada al reino de Paulo o Paolo Girardi, de Florencia, maestro de
las minas de Navarra, podría situarse a comienzos de 1338 puesto que en las
cuentas de 1340 se le abonaron gastos y gajes por su “compto” desde febrero
de aquel año5. Parece que Paulo Girardi cobraba un salario anual de 200
libras por sus trabajos al frente de las minas navarras.
No se han encontrado datos sobre las actividades de este personaje
fuera de Navarra, aunque por el interesante texto que redactó se pueden
3 L.J. FORTÚN, “Espacio rural y estructuras señoriales en Navarra (1250-1350)”, en Europa
en los Umbrales de la crisis. XXI Semana de Estudios Medievales. Estella, Pamplona, 1995,
p. 129-169.
4 Estas cuestiones se comentan con detalle en I. MUGUETA, “Política monetaria...”.
5 Bajo el epígrafe “Expensa ratione minerie de Hurroui” se detallan los gastos realizados por
Paulo Girardi con fecha de inicio de 21 de abril de 1328 ; igualmente, bajo el título “Pro
uadiis magistri Pauli Girardi de Florencia, magistri mineriarum Nauarre et aliorum
custodum dicte minerie”, se anotan los gajes abonados a este personaje desde el 25 de febrero
de 1338 [Archivo General de Navarra, Sección de Comptos, Registro. 43, fols. 356r-357v ; en
adelante se citará AGN, Comptos, Reg. 43, fols. 356r-357v].
349

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
extraer varias conclusiones. Paulo Girardi no era un maestro minero, sino un
teórico o erudito que manejaba sin problemas varios idiomas y que además
era un experto en teoría monetaria. Él mismo declaraba que “no trabajaba
con las manos”, por lo que aconsejaba al rey que con el dinero que le pagaba
(esas 200 libras anuales), podría contratar a 4 maestros mineros cuyo trabajo
sería efectivo y no teórico.
En 1343 Girardi cobró su salario hasta el 24 de septiembre, fecha en la
que abandonó secretamente el reino y fue sustituido por Marco de la Fe,
sargento de armas del Papa, llegado ese mismo año para supervisar la
extracción de cobre6. Aunque Paulo Girardi cobró parcialmente su salario de
ese año, y no parece que se tomaran medidas penales contra él, sí fue
acusado de fraude en la gestión de las minas. Sea como fuere, en 1345
Marco de la Fe recorría las minas del reino para comprobar su estado y calidad
como “comisario sobre el hecho de las minas y las monedas”. Seguramente
la fuga de Girardi estuvo motivada por el paulatino descenso de los
rendimientos de las minas de Urrobi, que en 1343 ya sólo aportaron 5 marcos
de plata a las arcas reales en concepto del “sexto” del rey. Por lo demás,
los restantes 37 marcos de plata y los 18 quintales de cobre que ingresaron
en la tesorería ese mismo año, fueron comprados a Girardi de sus cinco
sextas partes del mineral, por 194 libras, 3 sueldos, y 8 dineros7.
El “informe Girardi” : acuñación monetaria y minería
El denominado “informe Girardi”8 se ha dividido aquí en tres partes
diferenciadas, de las cuales importan en este trabajo, sobre todo las dos
últimas.
6 AGN, Comptos, Reg. 48, fols. 159v ; y 174r.
7 AGN, Comptos, Caj. 8, nº 21, fol. 21r.
8 El documento se custodia en la Sección de Comptos del Archivo General de Navarra, con la
signatura Caj. 24, nº38, I. En 1972 se ocupó de su estudio y transcripción B. LEROY,
“Théorie monetaire...”. Más tarde se hizo eco del hallazgo de este documento P. SPUFFORD,
en Money and its use in medieval Europe, Cambridge, 1988, p. 305-306 [Traducido al
español, Dinero y Moneda en la Europa Medieval, Barcelona, Ed. Crítica, 1991, p. 392-393] ;
y también en “Monetary practice and monetary theory in Europe (12th-15ht Centuries)”,
Moneda y monedas en la Europa medieval. Siglos XII-XV - XXVI Semana de Estudios
Medievales. Estella, Pamplona, 2000, pp. 53-86. En Navarra también han señalado la
importancia de este documento J. CARRASCO, “Moneda metálica y moneda crediticia en el
Reino de Navarra (siglos XII- XV)”, en Moneda y Monedas en la Europa Medieval. XVI
Semana de Estudios Medievales. Estella, Pamplona, 2000, p. 399-455, y CARRASCO
PÉREZ, J., “Acuñaciones y circulación monetaria en el Reino de Navarra : estancamiento y
crisis”, La moneda en Navarra, Pamplona, 2001, pp. 135-156 ; y M. IBÁÑEZ ARTICA,
“Circulación de moneda foránea, falsificaciones y exportación fraudulenta”, La moneda en
Navarra, Pamplona, 2001, p. 241. Dado su interés el documento formó parte de la exposición
350

ÍÑIGO MUGUETA
a) En primer lugar se situaba el conocido informe monetario del que
dieron noticia B. Leroy o P. Spufford, y en segundo lugar (folios sexto y
quinto, en este orden) dos documentos diferenciados tocantes a la explotación
minera. Se trata en su conjunto de un informe escrito por Paulo Girardi,
bajo el título genérico de “ordenanzas”, fechado el 30 de abril de 1340, y
dirigido a los reformadores del reino.
b) En la parte referida a la explotación minera el contenido refiere
ciertos consejos para una explotación provechosa de las minas navarras. El
folio sexto del documento llevó a equívoco a B. Leroy, ya que la maltrecha
parte superior del papel descubre de modo aislado el nombre de Soterel, a
quien atribuyó la autoría9. No obstante, observando con atención y a través
de una lámpara de cuarzo, en el enunciado de este sexto folio puede leerse el
nombre de Paule Girardi de Florence ; este mismo enunciado termina con
un Soterel, que no es sino el apellido del tercero (en orden de prelación), de
los reformadores del reino a quienes en conjunto iba dirigido el texto10. Muy
interesantes son las anotaciones realizadas al dorso de este folio ; se trata de
varias preguntas, anotadas con aparente descuido, que los reformadores del
reino plantearon a Paulo Girardi. La respuesta, punto por punto, a estas
dudas, se encuentra en el folio quinto, de posterior redacción. Este folio
viene encabezado por el siguiente título : “Cest escript a baillié Paule
Girardi”. A continuación el maestro florentino, dirigiéndose a los reformadores
del reino, responde a las preguntas por ellos formuladas ; a saber, qué
tipo de explotación o régimen de arrendamiento era el llamado “a ganes”,
qué gastos conllevaría la explotación de las minas, cuántos obreros y qué
salarios serían necesarios, y cómo se dividirían el rey y el arrendatario los
gastos de explotación. Por tanto esta pieza, cosida a modo de informe, pudo
haberse realizado en dos veces ; entre medio, los reformadores habrían solicitado
algunas precisiones, con las que el maestro florentino completó su
trabajo “a folio seguido”. Sea como fuere, ambos folios se cosieron y formaron
un texto conjunto.
Monedas Medievales de Navarra, celebrada en Estella [E. RAMÍREZ VAQUERO, Monedas
Medievales de Navarra (Catálogo de la exposición preparada para la XXVI Semana de
Estudios Medievales de Estella), Pamplona, 1999]. Últimamente ha sido revisado y reeditado
por parte de I. MUGUETA, “Política monetaria...”.
9 B. LEROY, “Théorie monétaire...”. Atribuía así el texto al reformador y posterior tesorero
Guillaume le Soterel, de manera errónea. Ver a este respecto I. MUGUETA, “Política
monetaria...” .
10 Obsérvese que hasta el año 1341 Guillaume le Soterel no pasó a hacerse cargo de la
tesorería del reino [J. ZABALO, La administración del reino de Navarra en el siglo XIV,
Pamplona, 1972, p. 143].
351

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
c) Numerado y transcrito en los apéndices de este trabajo en último
lugar, el folio primero en la ordenación del Archivo General de Navarra debe
considerarse separado del resto y lleva por título : Las minas de Navarra que
han sido descubiertas hasta hoy, que es sábado 13 de mayo del año 1340,
son estas. Escrito sobre papel de diferente tamaño, debió de ser redactado
con posterioridad a los demás. Informaba de la existencia de dos minas de
plata y cobre en el valle de Arce, las de Urrobi e Imízcoz, y otras cuatro
entre Betelu y Areso. Resulta clara la separación de este documento, tanto en
la temática (se trata de una simple enumeración de las minas navarras), como
en el formato. Además, no hay huellas en el documento de que hubiese sido
cosido a los demás. Aunque nadie se responsabiliza de él, no cabe duda de
su atribución al maestro de las minas del rey, Paulo Girardi.
Una vez entregado este informe a los reformadores del reino, Girardi fue
llamado a comparecer ante el gobernador, los alcaldes de la Cort, y el tesorero.
Más tarde, el gobernador envió a Juan de Leoz, y a Pedro Miguel de Sangüesa,
alcalde de la Cort, en compañía de dos expertos plateros, para comprobar la
calidad de las minas y su posible rendimiento11. Se deduce de ello que los
mandatarios del reino no confiaron en Girardi, sino que quisieron comprobar,
primero en una entrevista personal, y más tarde por medio de una visita al
lugar de Urrobi de sus propios agentes, la veracidad de su informe12.
La minería en el informe Girardi
En este trabajo no se estudiará el conocido informe que Girardi dedicó
a la acuñación monetaria. El interés principal reside en el informe sobre
minería, en el que Girardi comentaba las posibilidades de explotación de las
minas navarras, e incluso tomaba partido por unos métodos concretos de
arrendamiento. Formalmente el informe de las minas se dividía en dos
partes : la primera fue titulada como “ordenanza de Paolo Girardi”, e iba
dirigida a los reformadores del reino ; la segunda respondía a un cuestionario
planteado por los reformadores y redactado en el folio verso tras la lectura de
la primera parte, ordenanza o primer informe minero.
11 Mª. D. BARRAGÁN, Archivo General de Navarra (1322-1349). I. Documentación real,
San Sebastián, 1997, nº 135 [AGN, Papeles Sueltos, Leg. 2, capt. 5].
12 Con todo, el control por parte de la corona no fue tan férreo como en otros ámbitos. En
Inglaterra, en las minas de Calstock y Bere Alston, en Cornualles y Devon, el rey nombraba a
un supervisor contable de la explotación minera, a quien rendían cuentas los encargados de la
misma [P. J. MAYER, “Calstock and the Bere Alston Silver lead Mines in the first quarter of
the 14 th century”, Cornish Archaeology, nº 29, 1990, pp. 79-95 ; P. F. CLAUGHTON, “The
medieval silver lead mines”, Bulletin of the Peak District Mines Historical Society, Volume
12, nº 2, 1993, p. 28-30].
352

ÍÑIGO MUGUETA
Este primer informe u “ordenanza” comenzaba con la aseveración de
que en el reino de Navarra había muchas minas sin trabajar, y que para no
correr el riesgo de perderlas, el rey debía proceder a su explotación
inmediata. Según Girardi, eso favorecería una posible acuñación monetaria,
y podría redundar en que la moneda del rey de Navarra fuese de mejor
calidad que la de otros señores. Para la explotación de la mina, proponía dos
sistemas de producción : por un lado la explotación directa, en la que el rey
correría con todos los gastos y percibiría todos los beneficios, y por otro lado
un régimen de arrendamiento que él llama “a ganes”. Girardi apostaba por
este último modo de explotación, y comenzaba a exponer en qué consistía el
término “a ganes”.
Girardi argumentaba en primera persona (“si usted me da a mí la mina
a ganes...”), en lo que parece un claro mensaje implícito, de que deseaba
obtener el arrendamiento de la mina de Urrobi. Seguidamente relataba los
peligros de este tipo de arrendamiento, puesto que tras una concesión de
tiempo ilimitado por parte del rey, la mina podia pasar a ser propiedad del
arrendatario, que podría traspasarla a quien quisiera sin que el rey pudiera
recuperarla. También debía saber el rey que era necesario conceder un
privilegio para “mantener las costumbres de los mineros”, y que por lo tanto
el minero o arrendatario podía hacerse fuerte legalmente y perjudicar sus
intereses. Por eso nunca debería arrendar una mina sin que ésta estuviese
abierta y se pudiese estimar su riqueza. Además, comentaba el caso de Roger
de Comminges, vizconde de Couserans, que veinticinco años antes explotaba
las enormes minas de Castel Minier13, que habían llegado a producir 30 000
libras anuales y empleado hasta 1 000 personas – siempre según Girardi –.
El vizconde de Couserans, visto el gran beneficio obtenido en estas minas,
habría intentado contravenir el contrato de arrendamiento, provocando las
quejas de los mineros ante el rey de Francia y la intervención de éste para
arrebatarle la mina. Por tanto Girardi exhortaba al rey de Navarra a que
explotase con celeridad la mina de Urrobi, antes de la llegada del verano. Si
los mineros que necesitaba el rey llegaban a Navarra antes de junio, podrían
trabajar hasta el invierno, y entonces, cuando el clima no permitiese vivir en
la montaña, se realizarían los procesos de transformación del mineral
extraído en plata.
Finalmente, simulando o mostrando cierta honestidad, Girardi
aseguraba al rey que podría prescindir de él, pues él no trabajaba con las
manos, y por el sueldo que ganaba (200 libras anuales), el rey podría
13 Algunos datos sobre esta mina y su confrontación con el informe Girardi, pueden
encontrarse en M.C. BAILLY-MAÎTRE, ‘L’argent. Du minerai au pouvoir de la France
médiévale”, Paris, 2002, p. 32-33.
353

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
contratar a cuatro maestros mineros que trabajarían a pleno rendimiento. Por
supuesto, este comentario no motivó la retirada de dicho sueldo Girardi, que
lo percibió hasta su salida del reino.
Todas estas cuestiones fueron leídas y examinadas por los
reformadores del reino. Al parecer, no les había quedado totalmente claro, a
qué se refería el maestro de las minas cuando hablaba de explotación “a
ganes”. Por eso inquirieron de nuevo sobre este extremo y sobre otras
cuestiones, tales como, qué gastos ocasionaría para el rey la explotación de
las minas, cuántos obreros serían necesarios y qué salarios percibirían, y
cómo se dividirían el rey y el arrendatario los gastos de explotación.
La respuesta a este cuestionario compone la segunda parte de este
“informe minero”, que comienza con la recomendación de leer el “libro de
las costumbres del minero” para documentarse sobre la materia, ya que las
costumbres de los mineros debían de ser “muchas y diversas” en los distintos
países. Punto por punto, Girardi fue respondiendo a esas preguntas,
comenzando por las aclaraciones sobre el término “a ganes”. Este término
parece que era muy genérico, y que englobaba situaciones y arrendamientos
de diverso tipo, entre los que Girardi comentaba algunas variaciones. Según
el maestro florentino había países donde tras hallar una mina no se necesitaba
el consentimiento del señor, y sólo era necesario pagarle un derecho por
realizar una actividad en su territorio que rondaba la novena o la décima
parte del mineral. En otros países se podía “comprar” la mina y luego el
señor sólo recibiría una diecisieteava parte del mineral.
En cuanto al terreno cedido en los contratos, en algunos casos se
arrendaba toda la comarca que rodeaba la mina, en otros casos sólo el terreno
circundante en un radio determinado (entre sesenta canes, unos 150 metros,
que podía verse reducido hasta un radio de 3 metros). En el terreno objeto de
la concesión, nadie más podía excavar. Estos terrenos se concedían por un
tiempo limitado, o hasta que se agotase el yacimiento. En caso de arrendamiento
“a ganes”, el rey tendría que suministrar al arrendatario la madera
necesaria para la empresa, debería evitar que otras personas interfirieran en
el terreno y conceder todas las franquicias al minero para que éste pudiese
entrar y salir con mineral precioso del reino sin pagar ningún tipo de peaje14.
En respuesta a la última de las preguntas de los reformadores, Girardi
proponía una explotación de la mina de Urrobi con la participación de unas
treinta y siete personas, entre maestros de diversos gremios, braceros y
mujeres ayudantes, detallando los salarios de cada uno de ellos. Pero de estas
14 Ordinariamente, en esta época, estaba prohibido por las leyes navarras sacar del reino
metal precioso, amonedado o no.
354

ÍÑIGO MUGUETA
cuestiones, relacionadas con los trabajos de extracción y transformación del
mineral, se hablará más adelante.
4. LA EXPLOTACIÓN DE LAS MINAS DE URROBI
Legislación navarra sobre minas
J. Zabalo, en su trabajo sobre La administración del reino de Navarra
en el siglo XIV, avanzaba varios datos que pueden resultar de interés para la
comprensión del fenómeno de la minería, no sólo desde un punto de vista
industrial, sino desde otro más bien político.
Explica, así, que en Navarra se dieron dos sistemas de explotación15 :
• La explotación real : El rey sería el empresario. Pagaba un salario a los
técnicos y obreros de la mina y se quedaba con todos los beneficios.
Añade que este es el sistema que parece seguirse en 1340 en las minas de
Urrobi.
• La explotación privada : El rey percibiría un porcentaje determinado de
los beneficios obtenidos por el empresario particular, el cual explotaba
los yacimientos por concesión y en las condiciones contratadas con el
soberano.
Seguramente la explotación de Urrobi indujo a error a J. Zabalo, de
modo que cabría matizar su interesante clasificación. Parece que la situación
a que se refiere como “explotación real”, se ha deducido del informe de
Paulo Girardi. En él, Girardi señalaba dos métodos de explotación minera,
uno directo por parte del rey, y otro basado en el arrendamiento de las minas.
El primero correspondería a esa “explotación real” en la que el rey asumía
todos los gastos y percibía todos los beneficios de la mina. No obstante, no
existen ejemplos de esta supuesta “explotación real” ; en casi todos los casos
– algunos citados por el propio Zabalo –, se produce siempre un
arrendamiento que consiste en la entrega de una quinta o sexta parte del
mineral extraído. Sin descartar este tipo de “explotación real”, hay que
señalar que los datos a que se refiere Zabalo proceden de esta situación
teórica, expuesta al rey por Paolo Girardi, maestro de las minas del rey, pero
que seguramente no se llegó a poner en marcha en las minas de Urrobi. En el
otoño e invierno de 1340 el rey debió de correr con algunos de los gastos
para la adecuación del complejo minero16, quizás en espera de que Girardi –
15 J. ZABALO, La administración..., p. 167.
16 AGN, Comptos, Reg. 43, fols. 356-357. Es probable que, como ocurrirá en adelante con la
propia mina de Urrobi, el contrato de arrendamiento obligase al rey a realizar obras de
mantenimiento y mejora del complejo minero.
355

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
que ya había firmado el contrato de arrendamiento –, comenzase a trabajar
la mina con su equipo de mineros procedentes de Montpellier17, o quizás
debido a que el contrato de arrendamiento estipulaba también la inversión
económica de la corona en esta empresa. La llegada de los reformadores al
reino en 1340 llevó el “buen gobierno” a las minas de Urrobi a través de un
contrato de arrendamiento entre el rey y su experto minero florentino. El
propio Girardi – quizás buscando su propio interés –, abogaba por un régimen
de arrendamiento que en su informe llamaba “a ganes”, y que más tarde
le permitiría obtener importantes beneficios. Por tanto, se puede afirmar que
el modo de explotación habitual de las minas de Navarra era el arrendamiento
concesionario por parte del rey, estipulado por contrato.
J. Zabalo también se hacía eco de la presencia de un capítulo sobre la
explotación minera en el Fuero Antiguo de Navarra18 y afirmaba que aunque
los yacimientos de mineral eran una regalía19, si se encontraban dentro de la
tierra de un infanzón o noble, pertenecían a dicho infanzón. La doctrina
generalizada en otros textos intercalados en las redacciones protosistemáticas
del Fuero Antiguo de Navarra, confirman ese carácter regaliano :
De mineria et thesoro fayllado cuio deue ser
Toda minera que sea trobada en su tierra si quiere de fierro o de coalquiere de los
metales, o quoalquiere otra minera o tresoro alguno que fayllen, deue ser del rey, et
ningunno no deue cauar nin buscar tresoro si con mandamiento o con conseyllo del
rey no es, et que lo faga de acuerdo con el rey o con su mandamiento20.
En la versión del códice C1 del Fuero General, compilado tras el
Amejoramiento de Felipe III en 1330 también se ha encontrado un capítulo
sobre la explotación de las minas en el Fuero General de Navarra21. Esta
17 Ver nota 33.
18 Así puede verse en las redacciones protosistemáticas publicadas por J. UTRILLA, El
Fuero General de Navarra. Estudio y edición de las redacciones protosistemáticas, vol. I,
p. 189 ; y vol. II, p. 308 [Repetido el mismo texto en ambas redacciones : “De fierro e de
minera ; Todo infançon puede traer fierro e aduzir dont quiere que lo pueda auer, e non deue
ser embarguado en ningun logar. E si en su heredat puede sacar fierro, non deue al rey
calonia, nin lo deue embargar por fuero, e puede fazer toda minera en su heredat”].
19 También lo afirma de ese modo J.I. ALBERDI AGUIRREBEÑA, “Aproximación al
estudio de las ferrerías navarras en la Edad Media”, Tercer Congreso General de Historia de
Navarra. Pamplona, Pamplona, 1998 (Publicado en CDRom).
20 J. Mª Lacarra y Juan Utrilla, “Fueros sueltos en los manuscritos del Fuero General de
Navarra”, Príncipe de Viana, 1984, p. 608.
21 Cómo puede el hidalgo tener mina en su heredad : Todo infanzón puede llevar hierro a su
heredad y tomarlo de dónde quiera que pueda estar, y no deberá ser molestado por ello en
ningún lugar. Y si en su heredad pudiera extraer hierro, no debe pagar multa alguna ni lo debe
impedir el rey, por fuero. Y puede hacer mina en su heredad [J. UTRILLA UTRILLA, El
Fuero General de Navarra, T. I, Pamplona, 2003, p. 94 ; también en la edición clásica
356

ÍÑIGO MUGUETA
versión más tardía del texto legal vuelve a apuntar la posibilidad para los
infanzones o hidalgos de explotar minas con independencia en sus propias
tierras y sin intromisión real. El carácter de regalía sólo aparece en el capítulo
citado del Fuero Antiguo, mientras que las demás redacciones del Fuero
se centran en establecer la facultad de los infanzones de explotar las minas
halladas en sus propias tierras. En consecuencia, se puede deducir que la
legislación navarra estipulaba la excepción de los infanzones sobre ese derecho
real, seguramente como consecuencia de una dura pugna legal – muy
dilatada en el tiempo y evidenciada también en otros capítulos del mismo
Fuero –, entre la nobleza y la corona. Girardi parece abogar por una explotación
regaliana de las minas, aunque esto puede parecer obvio, dado que su
informe se dirige al rey.
En medio de toda esta confusión de principios legales y opiniones,
cabe resaltar que la praxis era igualmente compleja : En 1340 las minas
situadas en las tierras del escudero Miguel Ibáñez, en Areso, parecían pertenecer
al rey, si bien no se explotaron por no estimarse rentables. Años más
tarde, como se verá, también existen noticias a propósito de la titularidad
privada de algunas minas, como en Leiza o Areso22.
Contratos y rendimientos
En octubre de 1340 el maestro florentino firmó un contrato de
arrendamiento en la Cort de justicia, en presencia del gobernador, el
tesorero, los tres alcaldes de la Cort y el procurador, en virtud del cual el rey
percibiría una sexta parte del mineral (plata y cobre) producido en las minas
de Urrobi23. Además, el rey podría comprar al maestro Girardi el resto de la
P. ILARRREGUI y S. LAPUERTA, Fuero General de Navarra, Pamplona, 1964, p. 22 ;
F.G., Libr. 1, Tit. 5, Cap. 4].
22 AGN, Comptos, Caj. 96, nº 34 ; y Caj. 126, nº 37.
23 Mª. D. BARRAGÁN, Archivo General de Navarra (1322-1349)..., nº 135 [AGN, Papeles
Sueltos, Leg. 2, capt. 5] y AGN, Comptos, Reg. 46, fol. 146v. En el informe que Girardi
dirigía a los reformadores del reino (nº 2 en los apéndices), señalaba cómo “en algunos
países” el rey tiene derecho a percibir siempre una cuarta parte del mineral extraído, y
contribuye a sufragar los gastos de explotación en esa misma medida. El beneficio del rey en
este tipo de explotaciones rondaba entre un cuarto y un sexto de la producción total anual. A
comienzos del siglo XV el rey de Navarra entregó a Enrique Petrelanch de Alemania, maestro
minero, todos los filones de metal que encontrase en el reino a cambio de un quinto del metal
o azur [F. IDOATE, “Un formulario de la cancillería navarra del siglo XV”, Príncipe de
Viana, 63/223, 1956, p. 461 ; AGN, Papeles Sueltos, leg. 178, carp. 3, fol. 80v]. En la mina
de Brandes en Oisans (Francia), a lo largo del tiempo el porcentaje de beneficio del rey osciló
entre un quinto y un décimo [M.C. BAILLY-MAÎTRE y J. BRUNO, “La mine de plomb
argentifère de Brandes en Oisans (Isère) XIIIe-XIVe siècles”, en P. BENOIT et Ph.
BRAUNSTEIN (Dirs.), Mines, carrières et métalurgie dans la France médiévale (Actes du
Colloque de Paris. Juin 1980), Paris, 1983, p. 289-304].
357

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
producción de mineral, al precio que estuviera en ese momento en el
mercado24. Girardi se vería beneficiado por la franquicia de poder vender el
mineral dentro o fuera del reino sin pagar arancel alguno, y además seguiría
cobrando sus gajes anuales de 200 libras mientras el rendimiento de la mina
fuese satisfactorio25. Eso sí, desde ese momento y a cambio de estas
condiciones, parece que el rey dejaría de correr con los gastos ocasionados
en los trabajos de extracción del mineral.
Girardi comentaba, en octubre de 1340, que las labores de extracción
del mineral no podrían comenzar hasta el mes de marzo26, dado que los únicos
trabajadores capaces llevarlas a cabo se encontraban en Montpellier. Por
parte de los reformadores se envió al lugar de Urrobi a Juan de Leoz, Pedro
Miguel de Sangüesa, miembros de la Cort de justicia, y a varios argenteros
que confirmaran la calidad de la mina y el provecho previsible27.
En 1343 Girardi cobró su salario hasta el 24 de septiembre de 1343,
fecha en la que abandonó el reino y fue sustituido por el ya citado Marco de
la Fe, llegado para supervisar la extracción de cobre28. Como ya se ha apuntado,
la fuga de Girardi pudo estar motivada por el paulatino descenso de los
rendimientos de las minas de Urrobi, que en 1343 ya sólo aportaron 5 marcos
de plata a las arcas reales.
La producción de plata de las minas de Urrobi, mezclada con cobre, se
ha estimado en unos 2 565 marcos, y 18 onzas, entre 1340 y 134329. Al
24 Se registraron compras de cobre y plata que procedían de las minas de Urrobi en los años
1341, 1342 y 1343. [AGN, Comptos, Reg. 44, fol. 151r ; Reg. 46, fol. 146v ; Reg. 48, fol.
174r.]. El precio del quintal de cobre era de 60 sueldos de sanchetes, y el del marco de plata
70 sueldos, en 1342.
25 Paolo Girardi cobró puntualmente su salario de 200 libras hasta el año 1342 [AGN,
Comptos, Reg. 43, fol. 324v (1340) ; Reg. 44. fol. 151r. (1341) ; y Reg. 46, fol. 175v (1342)].
26 Eso sí, en las cuentas del tesorero de 1340 se recoge el principal ingreso de plata, aunque
ello no asegura que en 1340 se obtuviese metal alguno. La redacción del compto final del
tesorero se habría realizado en el curso de 1341, por lo que bien se pudo añadir el ingreso en
plata (fuera de la contabilidad en dinero) al final de las cuentas de ingresos.
27 Mª. D. BARRAGÁN, Archivo General de Navarra (1322-1349)..., nº 135 [AGN, Papeles
Sueltos, Leg. 2, capt. 5].
28 AGN, Comptos, Reg. 48, fols. 159v ; y 174r.
29 Estas cantidades se han obtenido de la adición de los ingresos de plata y cobre registrados
esos años en la tesorería [AGN, Comptos, Reg. 43, fol. 324v (1340) ; Reg. 44, fol. 152v
(1341) ; Reg. 45, fol. 146 y Caj. 8, nº 21, fol. 5r. (1343)].
Equivalencia : 1 marco de plata = 248 gr. (actuales) ; 1 quintal = 44,64 kg. (actuales) ; 1 libra
= 0,372 kg. (actuales) [Ver Á.J. MARTÍN DUQUE (Dir.), Gran Atlas de Navarra. II.
Historia, Pamplona, 1989, p. 26]. Lo que supone que ese total de 2 565 marcos de plata
equivalía a unos 636,12 kgr. Los 24 quintales y 148 libras de cobre recogidos entre 1341 y
1342 sumaban 1 126,5 kg.
358

ÍÑIGO MUGUETA
menos estas son las cantidades que entraron en la tesorería como sexto del
rey y por la compra del mineral restante. El año más productivo fue 1340,
cuando se entregaron 2 470 marcos y 6 onzas de plata y cobre conjuntamente30.
Además, en los años 1341 y 1342 se computó separadamente el
ingreso de cobre, que sumó 24 quintales y 148 libras. Puesto que el marco de
plata se pagaba a 70 sueldos sanchetes o torneses31, el montante total del
ingreso (en el improbable caso de que los 2 565 marcos fuesen de plata),
rondaría las 8 645 libras de sanchetes o torneses, una cantidad nada
despreciable. Ahora bien, los gastos ocasionados por esta explotación fueron
innumerables y no resulta aventurado ofrecer la cifra de 3 000 libras de
gastos directos o indirectos, relacionados con la gestión de las minas. Con
todo, el margen de beneficio es difícil de intuir, puesto que no se conoce con
exactitud la proporción entre plata y cobre de los ingresos del primer año. En
1341 dicha relación era muy favorable al cobre (87 a 1 en peso32), pero es de
suponer que en 1340, el primer año de trabajos en la mina, la extracción de
plata habría sido mayor. En caso de situarse el porcentaje en cifras parecidas
a las de 1341, el beneficio para el rey de Navarra habría sido muy reducido.
Comparando estos datos con los de otras minas de plata europeas, la
producción de Urrobi parece notable aunque está lejos de las cifras más
altas ; hacia mediados del siglo XV la mina alpina de Pampailly llegó a
aportar 856 marcos de plata por año, la de Hurtières (Savoya) 48 marcos de
plata, y una mina pequeña como la de Bastie, 1 marco y 4 onzas tan sólo. En
cuanto a las de cobre, la de Falkenstein (Austria) llegaban a producir 850
toneladas de mineral por año, aunque otras, como las de Chessy, a penas
llegaban a los 10 quintales o las de Saint Pierre la Palud unos 100
quintales33. Como se puede comprobar, los 2 470 marcos anuales en la mina
de Urrobi suponen una cantidad demasiado elevada para tratarse de
solamente de plata. Aunque relación cobre-plata, con ser alta en 1341, pudo
30 En 1352 Carlos II acuñó una moneda de 2 dineros y 6 granos de ley, de 0,108695 y de 20
sueldos de talla, utilizando para ello 1 505 marcos de plata. Se desconoce la proporción de
plata y cobre que había en el mineral que se entregó en la tesorería, pero no parece en todo
caso, que el rey hubiese conseguido suficiente mineral de plata para acuñar una moneda como
la que se propuso en 1330.
31 En 1341 en las minas de Hurtières en Savoya, la plata se pagaba a 72 sueldos fuertes el
marco, un precio muy similar al registrado en Navarra [P. BENOIT y Ph. BRAUNSTEIN,
“Les comptes miniers d’Hurtières en Savoie (1338-1350)”, en P. BENOIT y Ph.
BRAUNSTEIN, (Dirs.), Mines, carrières et métallurgie dans la France médiévale (Actes du
Colloque de Paris. Juin 1980), Paris, 1983, p. 189].
32 En las minas de cobre de Hurtiers, en Savoya, la relación cobre-plata ascendía hasta 6 000
y 5 500 a 1, lo que en valor suponía una relación de 15 a 1 [P. BENOIT y Ph.
BRAUNSTEIN, “Les comptes miniers...”, p. 186].
33 Datos obtenidos de P. BENOIT y Ph. BRAUNSTEIN, “Les comptes miniers...”, p. 188.
359

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
serlo aun más en los primeros momentos de la extracción, el rendimiento
final no debió de ser demasiado provechoso para el rey, dada la fuerte
inversión realizada. Finalmente, cabe añadir a la vista de todos estos datos,
que la de Urrobi fue una explotación de tamaño medio y de corta duración.
Quizás los expertos que valoraron la importancia de la mina se equivocaron
en un principio, y plantearon una explotación demasiado costosa para la
riqueza del yacimiento.
Entre 1340 a 1343 estuvo en vigor el contrato entre el rey y Girardi.
Éste pudo quedarse quizás, con cantidades que superaban los acordados 5/6
del mineral, o quizás sobrevaloró la veta y no pudo responder a las
expectativas depositadas en él. En todo caso, en 1343 desapareció de
Navarra furtivamente. Es evidente que el filón originario de Urrobi se fue
agotando y que en años sucesivos se tuvo que explotar casi exclusivamente
el mineral de cobre. Girardi pudo haber errado en sus cálculos, otorgando a
la mina mayor riqueza de la que tenía, o acaso engañó al rey. En cualquier
caso planteó una explotación desproporcionada para un yacimiento pequeño,
buscó su propio interés, y abandonó la mina cuando dejó de serle rentable34.
Hasta el momento, no se han encontrado ventas ni posibles
transferencias de mineral desde 1340. Lo único seguro es que los 2 470
primeros marcos de plata y cobre obtenidos, obraban en poder del poderoso
oficial real y cambiador pamplonés Juan de Rosas, a quien se le enviaba el
mineral desde la mina de Urrobi35. La única pista sobre el paradero de esas
cantidades de metal viene dada por la intención anunciada por los
reformadores de enviar la “materia” obtenida de Urrobi al rey, a París. Se
han rastreado las cuentas de esos años para intentar encontrar gastos del
posible traslado de plata a París, pero sólo se ha encontrado una pequeña
partida por el envío a Montpellier de dos mulos que, cargados de mineral,
tuvieron que ser sustituidos en Saint Palais por encontrarse muy debilitados a
causa de la pesada carga36. No obstante, no es posible saber si estos dos
mulos portearon todo el mineral procedente de Urrobi, ni cabe suponer con
seguridad que la plata de Urrobi fuera enviada a París, aunque con los datos
34 Este lógico modo de proceder utilizó la familia Friscobaldi en las minas inglesas de Bere
Alston y Calstock, cuando abandonaron su arrendamiento por falta de rentabilidad [P. J.
MAYER, “Calstock and the...”, p. 79-81. En todo caso estas minas inglesas dieron lugar a
una explotación estable durante algunos años (hasta 700 trabajadores entre las cuatro minas
de Cornualles), con un cuadro de organización asentado, supervisión regia, y una
productividad sostenida gracias a la riqueza de los filones. Una situación bien distinta de que
se vivía en Navarra.
35 AGN, Comptos, Reg. 43, fol. 324v.
36 Esta carga era custodiada por dos hombres de armas [AGN, Comptos, Caj. 8, nº 21, fol.
11r-12r].
360

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obtenidos resulta la hipótesis más probable. Lo que sí parece más claro es
que ese beneficio económico no se destinó a la acuñación de nueva moneda,
dada la escasez de plata obtenida y la resistencia de las Cortes navarras. El
rey quizás prefirió invertir el mineral en sus propios gastos cortesanos.
Marco geográfico
Las minas de Imízcoz e Urrobi se encuentran junto al curso del río
Urrobi, cerca de las pequeñas poblaciones de Imízcoz y Lusarreta,
respectivamente. El río Urrobi recorre de norte a sur, durante unos veinte
kilómetros, el angosto valle de Arce, situado entre la sierra de Labia, que lo
separa por el oeste del valle de Erro, y los picos orientales del macizo
primario de Arce o de Oroz-Betelu, interfluvio entre el Urrobi y el río Irati.
Se trata de unos terrenos margocalcáreos alternados con depósitos sedimentarios
de tipo flysch, e importantes barras calizas que el curso del río corta
perpendicularmente. Los afloramientos de mineral de cobre en este valle son
relativamente frecuentes. Paulo Girardi señalaba la existencia allí de dos
minas de plata y de cobre ; una, la de Imízcoz, próxima al lugar del mismo
nombre, y otra, la de Urrobi, a un cuarto de legua de la anterior (unos 1 400
m). La presencia de explotaciones de cobre en el lugar se documenta hasta
mediados del siglo XIX, cuando fueron abandonadas definitivamente37.
En efecto, aun hoy se pueden encontrar restos de ambas minas
siguiendo las indicaciones de Paulo Girardi. La mina de Imízcoz, unos 300
m. bajo la aldea que le da el nombre, se sitúa a unos 700 metros de altitud, en
un promontorio escarpado que cae casi verticalmente sobre el río. Cuenta
con dos galerías al aire libre – hoy cubiertas de matorral y espinos –, y una
ermita-habitación adyacente, que debió de hacer las veces de vivienda para
los trabajadores en época moderna. En los alrededores pueden encontrarse
abundantes restos, verdes o azulados, de mineral de cobre, dentro de grandes
bloques de cuarzo. Esta de Imízcoz debía de ser la explotación que citaba
Madoz a mediados del siglo XIX.
La mina de Urrobi debía de encontrarse en la ladera opuesta, cruzando
el río – que allí muestra un curso marcadamente descendente –, cercana en
dirección noreste a la aldea de Lusarreta a una altitud cercana a los 800
metros. Su localización plantea un pequeño problema, pues no se encontraría
37 P. MADOZ, Diccionario Geográfico Estadístico Histórico de España y sus posesiones de
Ultramar, Madrid, 1845-1850, Navarra, (Reimp. 1986, Gobierno de Navarra, p. 147).
Constata la presencia en Imízcoz de una mina de cobre en la que se trabajaba en 1846 y parte
del año 1847. Al parecer, después de esta fecha quedó abandonada y se utilizó como simple
cantera de piedra, aprovechando las galerías excavadas.
361

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
a un cuarto de legua38 (unos 1 400 m.) de la mina de Imízcoz – como
señalaba Paolo Girardi –, sino a una distancia de unos dos kilómetros y
medio. No obstante, los vecinos de la zona no conocen afloramientos de
cobre ni restos de actividad minera dentro de ese hipotético radio de 1 400
m, lo que induce a pensar que ésta bien podría ser la mina de Urrobi.
Aparentemente no hay rastro de los datos que se han obtenido documentalmente,
y que señalan – como se verá más adelante –, la existencia una
mina con dos bocas, dos o más galerías (quizás), y un importante complejo
38 Una legua equivale a 5 495 metros [Gran Atlas de Navarra, II, Historia, Pamplona,
p. 268]. No obstante, esta equivalencia parece oscilar según las regiones o fuentes de
información utilizadas, entre los 4 y 5,5 kilómetros.
362

ÍÑIGO MUGUETA
minero alrededor. En la actualidad sólo son visibles pequeños afloramientos
dispersos de mineral, un gran foso cónico39 excavado junto a la pared rocosa
y diversos caos de piedras que antaño debieron de constituir alguna
construcción en piedra. Lo abrupto de la zona y las dificultades de acceso
pudieron motivar un abandono muy anterior, y contribuyen a hacer menos
visibles los restos en la actualidad. Una excavación arqueológica haría
posible un conocimiento más detallado, ya que aquí en ocasiones, nos
veremos obligados a trabajar en el plano de la hipótesis.
Las técnicas de explotación
Historiografía
La metalurgia del hierro ha sido abundantemente estudiada por los
medievalistas, etnógrafos y arqueólogos40. Su repercusión en las sociedades
europeas ha sido económicamente importante hasta la actualidad, aunque los
medios técnicos para su explotación han ido cambiando. Es precisamente esa
larga duración de los procesos de extracción y elaboración del hierro la que
39 Agujeros cónicos similares se han encontrado en las minas de Brandes en Oisans. Alguno
de ellos fue excavado sin que se encontrara ninguna certeza sobre su utilización. Al parecer,
la tradición suponía que se trataba de galerías subterráneas derrumbadas. M.C. BAILLY-
MAITRE y J. BRUNO se inclinan más por la posibilidad de que se trate de pozos o galerías
inclinadas de acceso a la mina, con una misión de soporte de la estructura del yacimiento
[“La mine de plomb...”, p. 291-292]. Esta explicación podría resultar plausible para el caso de
Urrobi a falta de más datos, ya que el hoyo cónico, de unos cuatro metros de diámetro se sitúa
justo frente a la pared rocosa donde se encontraría la veta.
40 En la zona vasco-navarra destacan los estudios de J. CARO BAROJA [Los vascos,
Madrid, 2000, p. 183-194], y de L.M. DÍEZ DE SALAZAR [Ferrerías en Guipúzcoa (siglos
XIV-XVI), 2 vols., San Sebastián, 1983]. Sobre la farga catalana hay abundante bibliografía, y
no es necesario recordarla aquí aunque se pueden destacar los trabajos de M. SANCHO I
PLANAS, que aquí se han utilizado con preferencia [“Aportaciones de la arqueología para el
estudio de la producción de hierro en la Cataluña medieval : Estado de la investigación y
nuevas perspectivas”, en Primeras jornadas sobre minería y Tecnología en la Edad Media
Peninsular, León, 1995, p. 436-452 ; y “Production de fer au Moyen Âge : les forges au sud
des Pyrénées catalanes, IXe-XIIIe siècle”, en Arts du feu et productions artisanales. Xe
rencontres internationales d’Archéologie et d’Historie d’Antibes, Antibes, 2000, p. 73-86 ;
entre otros]. También el Simposio internacional sobre la farga catalana : La farga catalana en
el marc de l’arqueologia siderúrgica. Simposi internacional sobre la Farga Catalana, 1995.
Para el resto de la península merece la pena destacar las Primeras jornadas sobre minería y
Tecnología en la Edad Media Peninsular, León, 1995. También se ha utilizado el trabajo de
V. IZARD, “La révolution industrielle du XIVe siècle. Pouvoirs, enjeux, gestion et conflits
autour d’un patrimoine minier, sidérurgique et forestier convoité (Pyrénées catalanes,
France)”, Domitia. Revue du Centre de Recherches Historiques sur les Sociétés
Méditerranéennes, Universidad de Perpignan, 2, 2002, p. 43-62. En los últimos años se ha
publicado un interesante estudio monográfico sobre el mineral de plata M. C. BAILLY-
MAÍTRE, L’argent…, Op. Cit.
363

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
ha incentivado su estudio, a diferencia de la metalurgia de la plata y el cobre.
Afortunadamente, en los últimos años han proliferado los estudios que
abordan las técnicas de extracción de estos minerales41. Quizás también por
su larga duración, han sido tradicionalmente más explícitas las investigaciones
llevadas a cabo en la América Latina, donde hasta hace poco tiempo
se trabajaba en la extracción de plata42. Ante las dificultades que se
encuentran a la hora de interpretar los documentos medievales, tanto los
estudios sobre la tecnología de las diversas minas y explotaciones
metalúrgicas europeas como los de las explotaciones argentíferas americanas
pueden aportar algo de luz sobre los trabajos realizados en 1340 en las minas
de Urrobi e Imízcoz. Desgraciadamente, la documentación contable y el
informe de Girardi sólo aportan noticias fragmentarias sobre las obras
realizadas en el entorno de la mina y sobre los procesos de extracción, sin
tratar otros detalles importantes, tales como la composición de los minerales
extraídos, o los métodos químicos realizados para la separación de la plata.
Las técnicas de explotación en la mina de Urrobi
Los datos conocidos dan idea de la construcción de un complejo
minero de considerables dimensiones en las proximidades del yacimiento :
varias casas, cobertizos, un palacio para residencia de los maestros mineros,
un horno, diversas canalizaciones, carboneras, y un molino en el curso del
río, conformarían el conjunto. Se trató sin duda de importante trabajo y de la
movilización de diversos e importantes recursos naturales, en especial
madera y piedra procedentes de entorno cercano. Girardi planteó al rey una
explotación en la que participarían hasta treinta y siete personas, entre
maestros de gremios diversos, braceros, y mujeres43.
41 Algunos trabajos que se han podido rastrear nos remiten a la minería de Inglaterra, Francia
y Centroeuropa, aunque con la limitación de nuestro desconocimiento del alemán [I.
BLANCHARD, Minig, metalurgy and minting in the Middle Ages, 2 vols., Stutgart, 2001 ;
P. J. MAYER, “Calstock and the...”, pp. 79-95 ; P. F. CLAUGHTON, “The medieval silverlead...”,
p. 28-30 ; P. BENOIT et Ph. BRAUNSTEIN (Dirs.), Mines, carrières et
métallurgie…Op. Cit. ; al parecer en la Universidad de Exeter se están realizando algunos
trabajos interesantes que, en primera instancia se encontraron en su versión electrónica,
publicada en la red [http ://www.ex.ac.uk/~pfclaugh/mhinf/medieval.htm (2002)]. También se
localizan algunos trabajos de interés en la Revue d’Histoire des Mines et de la Métallurgie.
Pero sobre todo, es imprescindible el trabajo de M.C. BAILLY-MAÎTRE, L’argent..., Op.
Cit. en especial p. 119-144.
42 E. TRABULSE, Historia de la Ciencia en Mexico, México, 1983 ; E. TRABULSE,
Ciencia y tecnología en el Nuevo Mundo, México, 1994.
43 Las personas y actividades propuestas por Girardi para trabajar en la mina de Urrobi eran
los siguientes : cuatro obreros mineros para trabajar dentro de la mina ; cuatro hombres para
servirles ; cuatro hombres para sacar fuera de la mina el mineral y la tierra extraída ; dos
hombres para vaciar los cestos en los que se saca la tierra y el mineral ; un ferrero y un
364

ÍÑIGO MUGUETA
La explotación de la plata viene favorecida por el hecho de que su
punto de fusión se alcanza a los 960º C, frente a los 1 530º C a los que funde
el hierro. Por tanto, los hornos en los que se trabaja la plata no siempre
necesitan de la tecnología que cabría encontrar en las ferrerías vascas o
catalanas. El método tradicional de extracción de plata en Europa se puede
llamar de “molienda y fundición”. En la mina de Urrobi, este proceso se
concretaría del siguiente modo :
Al parecer la mina de Urrobi contaría con dos bocas44 y, por lo tanto,
al menos con dos galerías donde trabajaban los maestros mineros y sus
ayudantes. Algunos peones a su servicio sacarían el metal de la mina para
que éste fuera despojado de la tierra que lo acompañaba y de otros materiales
anejos por golpeo45. No es posible conocer con certeza la composición de
este material inicial. En principio los terrenos colindantes están compuestos
de roca caliza, y el mineral aparece asociado en ocasiones a grandes bloques
de esta roca. Además, las vetas de plata suelen estar asociadas a otros
minerales (plomo, cobre o zinc), o a compuestos de azufre46. En el caso de
las minas de Urrobi se sabe que se obtenía, además de plata, cobre y azurita
(un carbonato de cobre hidratado)47. La presencia de los anteriores
fusteur, para quemar y separar el mineral ; tres días por semana de animales para llevar el
mineral al molino ; dos hombres para desmenuzar el mineral antes de ser enviado al molino ;
un hombre para moler el mineral y tener bien aparejado el molino ; tres mujeres para lavar el
mineral ; cinco mujeres para servir a las dos anteriores y para servir el lugar ; cuatro maestros
para afinar la plata y el cobre ; dos leñadores ; y dos bestias para desplazar los troncos que
corten los leñadores [I.MUGUETA, “Política monetaria...” ; y B. LEROY, “Théorie
monétaire...”, p. 115-116. AGN, Comptos, Caj. 24, nº38, I, fol. 5r]. En las minas inglesas de
plata se creaban oficios similares a estos señalados, con salarios comparables, aunque en
ocasiones se trataban de explotaciones de mucho mayor calado (hasta 700 trabajadores en
1307) [Ver P. CLAUGTHON, “The medieval silver-lead...”, p. 28 y P. J. MAYER, “Calstock
and the...”, p. 81].
44 En 1362 el maestro minero Brace de Florencia solicitó al rey que mandase abrir una de las
dos bocas de la mina para que él pudiera comenzar a explotarla. Mencionaba el hecho de que
existían 2 bocas en la mina y solicitaba que nadie pudiese otra mientras él estuviese
explotándola [AGN, Comptos, Caj. 16, nº 15, 11, y Caj. 16, nº 15, 6]. Alguna de ellas puede
corresponder al foso cónico de cuatro metros de diámetro anteriomente citado (nota 44), o
quizás se encontrase en el frontal de roca de la mina, donde se puede observar una
discontinuidad artificial en el actual afloramiento de roca. No obstante no se pueden aventurar
conjeturas más avanzadas sin una exploración arqueológica.
45 En la figura 1 puede verse la naturaleza de la materia extraída de la mina, que necesitaría
sin duda de un golpeo previo para separar el metal de la piedra.
46 Normalmente Sulfuro de zinc o blenda, sulfuro de plomo o galena, y sulfuro de hierro o
pirita.
47 Se quiere entender como azurita, lo que recibe en la documentación el nombre de
“adzurum” [AGN, Comptos, Reg. 44, fol. 153] o “azurio” [AGN, Comptos, Caj. 8, nº 8, fol.
5r. ; Reg. 45, fol. 140r y 146v]. La azurita es un mineral de color azul y textura cristalina o
365

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
compuestos sulfurosos en las minas de Urrobi también es evidente puesto
que ellos son los que producen, de modo natural, la aparición de la azurita.
Esta roca compleja, era desmenuzada – como se ha dicho –, antes de
ser llevada al molino y más tarde quemada48. El molino se encontraría en el
río, a más de un kilómetro de la mina, en el prado de Urrobi, y se haría
necesaria la participación de animales para trasladar el mineral. Sobre el
molino tampoco hay noticias precisas49. Las obras más costosas se realizaron
en torno a él, para canalizar en su dirección las aguas del río y de algún
torrente próximo50. Debía de ser un molino que articulaba un mazo sobre un
yunque con el fin de “moler” el mineral. No sería muy distinto del mazo o
martinete de una ferrería clásica, pues su función era la simple molienda51.
De aquí se obtendría un material desmenuzado, pero no puro. Para la
obtención de la plata sería necesario su afinación o separación de las
fibrosa que se encuentra asociada normalmente con otros componentes cupríferos, nace por
reacción entre los sulfatos originados por meteorización de sulfuros cupríferos, y se
transforma en malaquita por absorción de agua, lo que la hace más infrecuente en la
naturaleza. En 1342 Pedro de Eugui, pintor de Pamplona, se encargaba de trabajar el “azuro”,
que se utilizaba en la pintura por su color azul (al absorber el agua, los azules de los pintores,
hechos con azurita se transformaban en malaquita, de color verde).
48 Tras la molineda, a veces incluso junto a la mina, el mineral sufría un proceso de lavado y
“asado” o “calcinación”, para separar los materiales más volátiles (por ejemplo de azufre,
arsénico o antimonio) [M.C. BAILLY-MAÎTRE, L’argent..., p. 126-133 ; y M.C. BAILLY-
MAITRE y J. BRUNO, “La mine de plomb”..., p. 294]. Igualmente sucedía en Navarra en
1398, en ciertos ensayos realizados en las minas de cobre de Vera y Lesaca [AGN, Comptos,
Caj. 74, 18, fol. 2r].
49 Pueden hacerse algunas conjeturas sobre este edificio. Justo bajo el lugar de Saragüeta, se
sitúa un antiguo molino harinero que hoy ya no conserva su función. Junto a él hay aun un
azud que lo alimentaba aprovechando el desnivel que tiene el río en ese tramo. No sería
extraño que la actual ubicación esconda el molino medieval. En esta zona se encuentran los
últimos prados del valle (¿el prado de Urrobi?), ya que río arriba el hayedo cubre el paisaje
hasta su mismo cauce.
50 En 1340, para su puesta en marcha, se hicieron las obras más amplias [AGN, Comptos,
Reg. 43, fol. 356], y en].
51 Pueden verse ejemplos y esquemas muy gráficos en J. CARO BAROJA, Los vascos,
p. 190, y L.M. DÍEZ DE SALAZAR, Ferrerías..., p. 91. Para la construcción de este molino
se llevaron a cabo importantes obras hidráulicas (acequias o canales), destinadas a que el
agua del río y de algún manantial cercano incidiera en él de manera directa [AGN, Comptos,
Reg. 43, fols. 356-357]. En 1343 se llevaron a cabo algunas mejoras en la presa y las
canalizaciones : AGN, Comptos, Reg. 48, fol. 164v]. Antes también se había adquirido una “
rueda de molino” y tres muelas. No es posible conocer si estas tres muelas son piezas del
engranaje del molino o si se trata de muelas para un molino harinero. En ese caso, éste sería
un molino con una doble función. Parece compartir esta utilización doble también el molino
de la ferrería de Erauspide, en Areso (1397) [AGN, Papeles Sueltos, 2ª Serie, Leg. 5, nº 28].
Quizás también el molino pudiese articular fuelles mecánicos en un hipotético horno de
fundición.
366

ÍÑIGO MUGUETA
impurezas que no habían podido ser retiradas por simple percusión, ya fuera
ésta manual o mecánica.
Fig. 1. Mineral de cobre de las
minas de Imízcoz
Tanto en el pasado como en la actualidad los procesos de separación
de la plata de sus impurezas, han sido y son diferentes según la composición
de la veta. Antes de abordar el trabajo en una mina, los mineros realizaban
ensayos para determinar si podían o no trabajar con el mineral resultante de
la extracción. Al margen de procesos avanzados de amalgamación de la
plata, con introducción del azogue o mercurio (ya en el siglo XVIII), los
métodos habituales se basaban en la solubilidad de la plata en plomo (óxido
de plomo). El método de fundición utilizado en las minas de Urrobi pudo
haber sido éste, quizás por medio de la disolución de la plata en plomo
fundido para separarla de las impurezas a temperatura de 900ºC ; luego se
recuperaría la plata a través de una oxidación progresiva del plomo por
simple contacto con el aire52. Así puede deducirse de la compra de
cantidades importantes de plomo para “fundir el mineral”53.
52 Resumido en dos pasos, el proceso químico sería el siguiente : 1er paso : fusión del
mineral en plomo, en un medio rico en carbono (el carbono lo aporta el carbón vegetal). El
mineral que contiene la plata se tritura y se mezcla con el carbón vegetal. El carbón tiene 2
funciones : mantener la alta temperatura que permita la fusión (ya que es un combustible) ; y
su reducción, evitando la presencia de óxidos dentro del mineral (ya que es un reductor) que
interfieran luego oxidando el plomo fundido que se añadirá. Se añade entonces el plomo
fundido y se calienta en el horno, y el plomo va descendiendo por densidad y extrayendo los
metales nobles del mineral, como en este caso la plata. El plomo con la plata se separa luego,
una vez frío, del resto del mineral por medios mecánicos y pasa a la segunda etapa. 2º paso :
Copelación : Se trata de la operación que permite separar mediante oxidación, los
componentes químicos de una mezcla líquida. El plomo con la plata se calienta, esta vez sin
presencia de carbón, ya que se pretende que haya oxidación. El plomo se oxida con el
oxígeno atmosférico a temperaturas altas, formando PbO, es decir, óxido de plomo (llamado
también litargirio), que a esa temperatura es líquido, mientras que la plata es sólida. Las
impurezas o bien se volatilizan, o se absorben en el caso de ser líquidos ; el recipiente o
367

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
Este método de fundición requería – al parecer – grandes cantidades
de carbón mineral, pues éste se utilizaría como combustible y como reductor,
para evitar la oxidación del plomo añadido en el proceso de fundición de la
plata. Girardi hacía referencia al carbón vegetal, y también lo hacen las
citadas cuentas de las obras mineras54. Es un comentario clásico – pero
siempre oportuno – sobre las explotaciones metalúrgicas, que éstas siempre
se situaban en lugares que contasen con recursos minerales, madereros e
hidraúlicos ; en este caso también se reunían – como ya se ha visto –, estos
Vista frontal de la mina de
Urrobi
“copela”, de hecho, es de un material poroso que permite la absorción del líquido. Así se
separa el plomo fácilmente de la plata sólida, que queda en el recipiente, puesto que se
alcanzan temperaturas suficientes para fundir el plomo y el litargirio, pero insuficientes para
fundir la plata. [El resumen de este proceso se ha extraído de Therasia VON TUX, Smelting
Silver, en http ://www.goldandsilvermines.com/abtsilver.htm (2002) ; Ver también I.
BLANCHARD, Mining, metalurgy..., p. 594-598 ; perfectamente recogido este doble
proceso, que sigue al lavado y quemado del mineral, se encuentra también en M.C. BAILLY-
MAÎTRE, L’argent..., p. 133-134].
53 AGN, Comptos, Reg. 43, fol. 356v.
54 Idem, fol. 357.
368

ÍÑIGO MUGUETA
tres requisitos : el carbón debía de producirse en el entorno de la mina, con
madera de los alrededores55.
En las cuentas de los trabajos de Urrobi se menciona la construcción
de dos hornos. Del primero no se tienen más detalles, y el segundo era un
horno de cal (furnum calcis), destinado seguramente a aportar la cal
necesaria para todas las edificaciones allí realizadas. Sobre el primer horno,
destinado quizás a la fundición de la plata, se pueden hacer algunas
conjeturas. La temperatura de fusión de la plata, ya se ha dicho, se sitúa en
los 960º C, por lo que no era necesaria la misma tecnología que en el caso
del hierro. De hecho, la plata podía trabajarse incluso en una fragua
ordinaria, alimentada por carbón vegetal. No hay datos que indiquen la
presencia de energía hidráulica (fuelles mecánicos) en la alimentación de
este horno, aunque esto no asegura que no se utilizaran. De hecho, en 1362
(sólo 22 años después) sí se contaba con un molino aparejado con fuelles en
la explotación de estas mismas minas56.
CONCLUSIONES
Debido a la mala situación económica de un reino de Navarra situado
en los “umbrales de la crisis” y con graves problemas de circulación
monetaria debido a la escasez de numerario, los reyes de Navarra decidieron
enviar desde Francia a tres altos funcionarios encargados de mejorar la
gestión del patrimonio y a impulsar una nueva política monetaria. Para ello
contaron también con un teórico florentino, Paolo Girardi, que tras su
llegada al reino envió dos informes al monarca : uno sobre la conveniencia y
el modo de acuñar moneda y otro sobre la explotación de las minas de plata
de Navarra.
55 Girardi incluía entre los trabajadores de la mina a un par de leñadores encargados de cortar
“in situ”, la leña necesaria para el desarrollo de las actividades mineras y metalúrgicas [Ver
nota 41]. En 1362 aún se explotaban estas minas y el rey Carlos II ordenó a los concejos de
las villas y lugares de los valles de Arce, Erro y Aézcoa, que acarreasen carbón y madera a la
mina de Urrobi según lo ordenase el maestro de las minas Brace de Florencia [AGN,
Comptos, Caj. 15, nº 87, 1]. El valle de Arce contaría con abundante vegetación arbórea,
compuesta sobre todo por robledal, pino royo, algunos carrascales mediterráneos en zonas
favorables para ello, y hayedos aislados en zonas umbrías.
56 En esta fecha el maestro de las minas, Brace de Florencia, solicitó al rey que mandase abrir
la boca de la mina, aparejar el molino y los fuelles, hacer llegar el agua al molino y
acondicionar los edificios del complejo minero [AGN, Comptos, Caj. 16, nº 15, 6 y Caj. 16,
nº 15, 11]. Algunas de estas infraestructuras pudieron perdurar desde 1340, pues sólo habían
transcurrido 22 años desde su construcción. Acaso ese mismo “moulin et les soufflets”,
aunque no es posible saberlo con certeza.
369

EXPLOTACIÓN MINERA EN EL REINO DE NAVARRA …
En este último informe, Paolo Girardi se centraba en la posible
explotación de la mina de Urrobi, una de las siete minas que hasta entonces
“habían sido descubiertas” en el reino de Navarra. Antes de hacerse cargo de
los trabajos de explotación, planteaba un importante complejo minero en el
que participarían más de una treintena de trabajadores, con diversas
edificaciones en el entorno y un molino en el río. Además, en su informe
realizaba una serie de consideraciones expresadas a modo de consejos, por
medio de las cuales exhortaba al rey a arrendar las minas navarras bajo
riesgo de perderlas. Aconsejaba que los trabajos comenzasen pronto, en
junio de 1340 a más tardar, y se proponía a sí mismo implícitamente, como
posible arrendatario de la mina. Todo el documento induce a pensar que
Girardi trataba de ganarse la confianza del rey para conseguir el
arrendamiento de unas minas que él consideraba rentables.
Parece que la posesión del subsuelo, de las minas o de los “tesoros”,
era en Navarra una regalía a la que sólo se ponía la limitación – por fuero –,
de la posesión nobiliaria de minas que se encontrasen en las tierras de un
noble. Así, el rey otorgó a Girardi el arrendamiento de las minas a cambio de
una sexta parte del mineral y de la posibilidad de comprar el resto del
mineral al precio del mercado. Además Girardi obtenía gratuitamente el
aprovechamiento de los recursos naturales del entorno, un salario de 200
libras tornesas o sanchetes anuales, y conseguía que el rey se hiciese cargo
de la mayor parte de las obras estructurales necesarias para el comienzo de
los trabajos mineros (acondicionamiento del molino y construcción de los
edificios anejos a la mina). El primero de los años que estuvo abierta la
mina, el rey obtuvo un rendimiento que cuantitativamente parece importante,
pero que quizás lo sea menos, según fuese la relación cobre-plata en el
mineral extraído y comprado a Girardi. En los años sucesivos los
rendimientos descendieron mucho, de modo que la mina dejó de ser rentable.
Girardi se fugó del reino, quizás porque había sobrestimado el valor del filón
de Urrobi, o porque se aprovechó del mismo fraudulentamente. Lo cierto es
que la mina de Urrobi no fue rentable para el rey de Navarra, y que la plata
obtenida no permitió la acuñación de una nueva moneda. Al parecer esa
plata fue enviada a Francia, donde los reyes – es de suponer –, la habrían
utilizado con objetivo ornamental.
Se ha estudiado también el modo de explotación de la mina de Urrobi.
Algunas informaciones halladas en las cuentas reales, así como el informe de
Paolo Girardi, permiten suponer que el trabajo allí realizado se basó en el
sistema de “molienda y fundición”. Varias labores encadenadas conducirían
a la producción de la plata, comenzando por la extracción, el lavado y el
“quemado” del mineral, para finalizar con un doble tratado de reducción y
copelación mecánicas. Para estos dos últimos debió de utilizarse un horno
alimentado por fuelles hidraúlicos – al menos desde 1362, que estaría
situado junto al río. La fase de reducción necesitaba de la intervención del
370

ÍÑIGO MUGUETA
carbón vegetal, y la fase de copelación de la intervención del plomo,
componentes ambos que se recogían en las cuentas de la explotación de
Urrobi.
La mina de Urrobi supuso un pequeño fiasco para las expectativas de
los monarcas. El filón de plata se agotó pronto, dejando paso al yacimiento
principal, de cobre. Los rendimientos del primero de los años de explotación
inducen a pensar que se trató de un complejo minero de tamaño medio, en
cualquier caso lejos de las grandes minas de plata de los Alpes o de
Alemania.
371

APPROPRIATION ET EXPLOITATION DU MILIEU
FORESTIER DANS LA MONTAGNE DE L’ALBERA :
Le cas de la verrerie du mas d’en Bonet du Vilar de
1538 à 1666
INTRODUCTION
Martine CAMIADE* et Denis FONTAINE*
Cet article est le point de départ d’une étude sur l’artisanat du verre et
des verriers de l’Albera1 du XIVe au XVIIe siècle. Peu d’investigations ont
été effectuées sur le thème du verre dans l’Albera, à l’exception de celles
d’Alart en 1873, traitant de “l’ancienne industrie de la verrerie en
Roussillon ”2. Notre recherche est basée sur le dépouillement de plus de 400
registres3, du XVe au XIXe siècle, essentiellement des actes notariés. Ils ont
livré des textes d’un intérêt considérable, allant de simples mentions à des
textes fondamentaux. De même, sur le terrain, des kilomètres ont été arpentés
afin de repérer les fours à verre pour les cartographier avec exactitude.
Les uns sont envahis par des ronces et d’autres sont enterrés sous des couches
de terre et de feuilles. Il n’y a que celui de Laroque, situé dans la montagne
au lieu dit Forn del vidre ou la Baillanouse4, à 450 m d’altitude, près
d’un puits à glace5, qui donne un aperçu de ce qu’il en reste. Christian Donès
* ICRESS - U. de Perpinyà.
1 C’est délibérément que nous utilisons ce terme, car il représente, plus que son pluriel, la
globalité du massif, son unité géographique et historique.
2 Alart, Julien Bernard, “ L’ancienne industrie de la verrerie en Roussillon ”, Bulletin de la
Société Agricole Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales, volume 20, 1873, p. 307-
322.
3 Nous tenons à remercier vivement M. Guy Barnade pour sa précieuse aide et son extrême
générosité. Car chaque fois qu’il a trouvé des documents sur les thèmes que nous étudions, il
n’a jamais manqué de nous en faire part.
4 Ce toponyme apparaît pour la première fois dans le plan cadastral napoléonien de 1813,
A.D.P. O., 2 J 127/93.
5 Qui a été débroussaillé par l’équipe du Patrimoine de la Roca sur les conseils de Christian
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 373 - 422 373

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
et Jordi Mach ont prospecté les fours dits du mas del Pou6 situé dans le
terme du Vilar7 et celui de la montagne de Laroque8.
Four à verre de la Baillanouse situé à Laroque
Notre travail s’inscrit dans le cadre de l’étude de l’appropriation et de
l’exploitation des ressources du massif de l’Albera, de son milieu forestier.
L’étude prend en compte la formation des réseaux de stratégies, d’alliances
et de pouvoir, au sein d’un certain type d’habitat que sont les mas9.
Notre intention est de rassembler le plus d’informations possible sur
les personnes, les familles travaillant et vivant du milieu forestier, leurs lieux
de vie et de reconstituer les étapes de leur itinéraire et les mailles de leurs
réseaux de relations. En un sens, les interrogations qui fondent cet article
sont animées par la recherche sur la délimitation et la construction des
identités d’une certaine notabilité rurale devenant en partie urbaine.
L’objectif est de comprendre comment le sentiment d’appartenance à un
groupe donné interfère avec sa structuration hiérarchique interne et entre en
résonance avec les sphères contiguës de la société, à partir d’un espace et de
terroirs très localisés.
L’analyse des réseaux constitués nous conduit à approfondir la réflexion
sur les modes particuliers d’intervention de la parenté dans le social,
Donès.
6 En fait, ils ne font pas partie de la propriété du mas del Pou. L’un est situé près du Correch
de la font de Sant Cristau et l’autre au lieu dit el Reposador.
7 Actuellement sur la commune de Villelongue-dels-Monts.
8 Cette prospection a été effectuée par Christian Donès, découvreur de nombreux sites dans
l’Albera et Jordi Mach, étudiant, dans le cadre de la préparation de sa maîtrise d’archéologie
médiévale, Université de Provence. Leur rapport a été soumis au Service Régional de
l’Archéologie du Languedoc-Roussillon en octobre 2002.
9 De l’ensemble de cette étude sur les verriers et l’artisanat du verre est prévue l’édition d’un
livre pour l’année 2004.
374

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
l’économique et le pouvoir local. Nous montrerons comment la parenté peut
être une des lignes de force des relations sociales et économiques.
Il nous a semblé pertinent de nous interroger sur un type de société où
la solidarité suit les lignes de force de la parenté, quelles que soient la position
géographique des individus et leur mobilité, car cela a des conséquences
en matière de sociabilité villageoise et de critères d’appartenance à la
communauté.
Pour mieux cerner et retracer les composantes d’une liaison entre milieu
forestier, pagesos et verriers, nous avons choisi l’exemple du mas d’en
Bonet. Situé au Vilar, près du Prieuré de Santa Maria, Miquel Bonet y
construit en 1538-1539, une verrerie. Le mas, ses représentants, ses descendants
et ses réseaux d’alliances serviront de fil conducteur. Un point de vue
qui déborde sur les relations sociales et sur le contrôle économique par
l’appropriation et l’exploitation de l’espace forestier, par le biais du pouvoir
local, décisionnel.
LE TERRITOIRE DE LA COMMUNAUTÉ : L’ALBERA
Le massif de l’Albera forme l’extrémité Est des Pyrénées, limité d’un
côté par la mer Méditerranée et de l’autre par le col du Perthus. Il se présente
comme un massif aux formes arrondies d’une trentaine de kilomètres de
long, qui culmine à 1256 m au pic Neulós. Son versant nord, très abrupt,
plonge sur le piémont en quelques kilomètres, tandis que son versant sud
descend plus progressivement en formant une large zone vallonnée.
Si, par certains côtés, cette montagne peut apparaître comme une barrière,
et en cela a joué au cours de l’histoire un rôle de limite entre les provinces
romaines de Narbonnaise et de Tarraconaise, puis entre les comtés de
Roussillon et d’Empordà et entre les royaumes de Majorque et de Catalogne-
Aragon, ses vallées transversales et ses cols ont formé l’axe majeur de
communication entre le nord et le sud. C’est sur les plaines du piémont et les
contreforts montagneux, jusqu’à 500 m d’altitude environ, que se sont
implantés les habitats : villages, hameaux ou mas.
La période qui nous intéresse est marquée par des bouleversements
sociaux. Il faut composer avec le pouvoir royal et avec les communautés
villageoises. Les XVIe, XVIIe, et XVIIe siècles voient le renforcement progressif
du pouvoir royal et du centralisme et cela dans toute l’Europe. Les
375

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Mas et fours à verre dans les seigneuries de Laroque, le Vilar et Montesquieu
paysans s’émancipent ; en 1486, la Sentence de Guadalupe abolit les mauvais
usages. L’ancien lien de remença laisse place au bail emphytéotique,
qui s’affirme comme le véritable fondement de la structure agraire catalane,
au nord comme au sud de l’Albera. Le seigneur10 conserve le domaine direct
de la terre et le paysan rentre en possession du domaine utile avec toute liberté
de céder ou d’aliéner les biens. Les seigneurs de l’Albera ont fait établir
des terriers ou capbreus, qui font du censitaire non seulement le tenancier
mais l’homme du seigneur. Le cens est dû par tènement comprenant en
général la maison et les terres qui en dépendent.
Par contre, les juridictions féodales chargées d’arbitrer les litiges restent
en vigueur. Les chartes accordées aux communautés garantissent aux
habitants un certain nombre de droits. La boulangerie, la taverne, la boucherie
sont gérées par la communauté. Les conseils des universités administrent
les biens de la communauté. Ils sont représentés par les prohoms et hereus
10 Zinck, Anne, Clochers et troupeaux les communautés rurales des Landes et du Sud-Ouest
avant la Révolution. Presses universitaires, Bordeaux, 1997, p. 133. : « On appelle seigneurie
le territoire sur lequel s’étend la propriété éminente ou/et la juridiction d’un propriétaire, le
seigneur. Des droits portent, soit sur la terre dont une forme de propriété lui appartient, soit
sur les hommes qui sont justiciables de lui, soit simultanément, sur l’une et les autres. »
376

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
des maisons et des mas11, qui élisent les cònsols et nomment éventuellement
des síndics. Le batlle est encore désigné par le seigneur, alors que les cònsols
sont élus par le système d’insaculation mis en place à la fin du XVe et qui se
développe au XVIe siècle. Du milieu du XVIe à la fin du XVIIe siècle, la
faible reprise qui paraissait se dessiner est anéantie par la reprise des hostilités
entre la France et l’Espagne. Le nord de l’Albera n’est épargné ni par
les violences, ni par les épidémies de peste qui se succèdent : 1563, 1589-
1592, 1629-1631, 1650-1652, ni par les famines. Cependant, au-delà de ces
multiples fluctuations, la population de l’Albera progresse de 237 à 563 feux
entre 1553 et 171612.
LE MAS D’EN BONET DU VILAR
Sa situation
Les différents documents concernant le mas fournissent quelques
éléments de description. Le mas de Miquel Bonet était constitué de deux
bâtiments adjacents : le corps d’habitation principal (caput dicti mansi)13 et
le casal où était construit la verrerie. La parcelle était entourée d’un enclos
en pierres sèches. Selon l’acte d’établissement de 1539, la maison d’habitation
avait appartenu à l’origine à Julià Pagès. Le casal était autrefois une
maison de Joan Boscha. L’enclos avait été la propriété de Joana Asam,
épouse de Pere Asam, du Vilar. Miquel Bonet avait fait construire dans cet
enclos, avant son établissement, c’est-à-dire, entre janvier 1538 et mars
1539, un logis (coquinam) et une étable (stabulum). L’acte de vente de la
propriété, en 1570, mentionne la maison de la verrerie, qui est adossée à
l’enclos du mas et jouxte le chemin conduisant au mas d’en Cossana14. Il
cite également des bergeries.
11 Llorenç Ferrer i Alòs dans son récent ouvrage, Masies de Catalunya, Fundació Caixa de
Manresa, Editorial Angle, 2003, p. 10, définit comme suit le mas : « le mas caractéristique est
une exploitation formée de terres cultivées de céréales, de vignes le cas échéant, des oliviers,
des jardins et des bois, de quelques hectares de surface. »
12 Lacombe, J.P. , Tocabens, J., L’Albera, 2000 anys d’història i més, 2000 ans d’histoire et
plus, Sources, 2000, p. 275.
13 À l’instar de Lluís To Figueras, nous soulignons la difficulté à interpréter les termes latins
et catalans utilisés pour désigner le mas. To Figueras, Lluís, Família i hereu a la Catalunya
Nord-Oriental (segles X-XII), Publicacions de l’Abadia de Montserrat, Barcelona, 1997,
p. 194-198.
14 Ce patronyme apparaît aussi sous différentes graphies : Coussane, Cussana.
377

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Ruines du mas d’en Bonet au Vilar.
Enclos du mas d’en Bonet jouxtant le chemin du Vilar au mas Cossana
Le capbreu du prévôt du Vilar, de 1614, indique que la maison ou
masada (domum sive massada) était voisine d’un jardin au lieu dit Trila,
dépendant de l’exploitation. Nous retrouvons dans l’acte de 1539 le même
toponyme pour un champ jouxtant “ l’ancien mas ” Julià Pagès. Enfin, il est
à noter que les terres du mas étaient dispersées sur les territoires du Vilar,
Villelongue-dels-Monts et Montesquieu, comme d’ailleurs la plupart des
possessions du prévôt.
378

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
Contrairement à d’autres mas du Vilar, comme les mas d’en Cossana et
d’en Ribes, celui de Miquel Bonet a été abandonné dans la première moitié du
XVIIe s. Le plan cadastral napoléonien et les cartes topographiques contemporaines
n’en conservent aucune trace toponymique. Seules les archives du XVIe
et du début du XVIIe s. fournissent des éléments de repérage permettant de
proposer une localisation. Le capbreu du prévôt dressé en 1614 pour des
possessions au Vilar, Villelongue-dels-Monts et Montesquieu, précise que ce
mas était séparé de la chapelle du Vilar par un chemin et attenant à une voie
conduisant de la même chapelle au mas d’en Cussana15. Il était donc situé au
sud-ouest du prieuré, à peu de distance de l’église. Il était probablement
construit sur une des terrasses aménagées au bas du versant nord longé à
l’ouest par la rivière du Vilar16. C’est en effet sur une de ces terrasses que les
archéologues Christian Donès et de Jordi Mach17 ont trouvé une concentration
15 Archives Communales [= A.C.] de Céret, II 9, capbreu du prévôt du Vilar pour des
possessions au Vilar, à Villelongue-dels-Monts et à Montesquieu, f°23-24 : quandam domum
sive massada scit. intus locum de Vilario confront. cum tenencia quiusdam orti meis que es de
dita borda nuncupatur Trila contiguo cum dicta domus et cum tenencia eclessie eiusdem loci
via in medio et cum via qua itur de dicta domus ad domus de Cussana et cum alia tenencia
cuiusdam orti dicte pebordie et cum aliis, rédigé au Vilar le 13 juin 1614.
16 Actuelle rivière de Villelongue.
17 Donès Christian, Mach Jordi, Rapport de prospections terrestres, Service Régional de
379

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
de matériels provenant d’un atelier de verrerie, et des restes de murs. La
verrerie n’a pas encore été localisée avec précision. Elle pourrait correspondre
à cette élévation mentionnée dans le rapport et que nous avons pu nous-même
constater sur le terrain. La parcelle de la verrerie a d’ailleurs servi à la
construction d’un puits à glace par Nicolau Dotres, qui l’acquiert en 163718.
Sur cette parcelle, longue d’une centaine de mètres, se trouvent les restes d’une
bâtisse, qui à l’origine comprenait plusieurs niveaux. Du fait de sa surface, il
s’agit des ruines d’un mas, assurément celui de Miquel Bonet. Les murs
subsistants témoignent d’aménagements successifs. Nous avons élaboré son
relevé ci-dessous.
Son origine
Le 16 novembre 1452, Joan Girau, du lieu du Vilar, procureur
d’Antoni Girau, son frère, et de Bartomeua, sa sœur, épouse d’Olivier
Bosom, de Perpignan, vend à Esteve Pagès, du lieu de Villelongue-dels-
Monts, et aux siens, la baillie du Vilar avec tous ses droits et revenus19. Nous
retrouvons une famille Pagès, tenancière d’un mas au Vilar, dans le premier
tiers du XVIe siècle. Le notaire Francesc Puignau mentionne en effet dans
une de ses rubriques, une pièce de procédure datée de 1538, opposant le
prévôt du Vilar aux héritiers de Joan Pagès et de sa fille, Joana Cabota,
habitants du Vilar20. L’objet du contentieux est la reconnaissance d’un mas
l’Archéologie du Languedoc Roussillon, octobre 2002, p. 54-58.
18 Fontaine, Denis, « Antoni et Nicolau Dotres, entrepreneurs de la glace à Villelongue-dels-
Monts (1623-1673) », La glace et ses usages, Troisième journée du CRHiSM 1997, pôle
universitaire européen, P. U.P. , 1999, p. 30-31.
19 Archives départementales des Pyrénées-Orientales [= A.D.P. O.], 3 E 1/1114, Miquel
Tolosa, notaire public de Sorède et de la Roca, notule, Pro Stephano Pages : quandam
baiulam meam predicti loci de Vilari et termini cum omnibus juribus et redditibus ac
censibus et proveritibus.
20 A.D.P. O., 3 E 3/708, Frances Puignau, notaire à Perpignan, Llibre en lo qual estan
descrits tots los processos que tenia m° Joan Antoni Vilella notari m° Branchat Salvetat
notari y m° Pera Miquell Llutir notari tots de la present vila de Perpinya fet per mi Frances
Puignau notari de dita vila de Perpinya vuy a 22 de dezembre any 1602, f°46 v°-47. Ce
registre contient aussi des analyses d’actes de procédures passés devant Miquel Llombart,
Andreu de Casseres, Antoni Fita, Pere Fita, et d’autres non précisés. Les analyses numérotées
de 1 à 416 ont été tirées des archives de Joan Antoni Vilella ; ce procès relatif au Vilar se
trouvait donc dans les plechs (liasses) ou les registres de ce notaire. L’original de ce procès
n’a pas été retrouvé dans les cotes correspondant à l’année 1538. Voici l’analyse qu’en donne
Frances Puignau : [en marge] 1538. Lo Paborda del Vilar contra los hereters de Joan Pages y
Joana Cabota filla de dit Pages tots del dit lloc del Vilar demana que regonegan la heretat y
mas de dit Joan Pages que es en lo dit terme y part en lo terme de Vilallonga del Mont y al
terme de Montesquieu que son tretze pessas y juntament la ballia de dit lloch del Vilar e
[hu ?] en lo proces la regoneixensa que feu de dit mas y terras y ballia del Vilar pres per m°
380

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
détenu par le dit Joan Pagès, au Vilar, auquel est attachée la baillie du Vilar.
Ce domaine inclut 13 parcelles réparties également sur les territoires de
Villelongue-dels-Monts et de Montesquieu21. D’après ce même document,
une reconnaissance est déjà réalisée en 1498 par Marturià Pagès, batlle du
Vilar, devant le notaire de Palau-del-Vidre, Joan Pujol. Il est fort probable
que le dit Marturià Pagès soit un descendant d’Esteve Pagès et qu’il ait hérité
du titre de batlle attaché au mas. L’existence de Marturià Pagès est par
ailleurs attestée par un testament de 1501, dans lequel il est cité comme
témoin22. Vu d’une part le nombre réduit de familles habitant le lieu du
Vilar, et d’autre part, le fait que le mas de Joan Pagès ait lui aussi des
propriétés sur les trois territoires de la baronnie de Montesquieu, nous
supposons que ce mas correspondait à celui de Julià Pagès, d’autant que ce
dernier personnage vécu à peu près à la même époque que Marturià Pagès :
mentions de 1499-1532, pour le premier, et de 1498-1501, pour le second.
Mais il est surprenant de trouver le prénom Joan au lieu de Julià. Un “ Joan
Pagès ” du Vilar n’a pas encore été retrouvé dans d’autres documents de la
première moitié du XVIe siècle, alors que Julià Pagès est cité à plusieurs
reprises. Francesc Puignau s’est-il trompé en extrapolant “ Joan ” (écrit en
abrégé dans le texte consulté par Puignau ?) au lieu de “ Julià ” ? Cela paraît
bien étonnant de sa part, lui qui était très précis dans ses analyses de documents.
Quels sont les liens de parenté entre ce Joan Pagès et Julià Pagès ? Se
pourrait-il que Joan Benet Arnau fasse un procès à des héritiers d’un Joan
Pagès, de Laroque, ayant des biens au Vilar – puisque que nous savons
qu’une famille portant le même patronyme était établie à Laroque depuis au
moins le XVe siècle – et qui serait un parent des Pagès du Vilar, afin qu’ils
reconnaissent le prévôt comme leur seigneur ? Le type d’acte utilisé en
1539 : establiment au lieu de laudimium (confirmation), tendrait à le démontrer23.
Il reste qu’aucun Joan Pagès ayant vécu à Laroque avant 1538 n’a
encore été retrouvé dans les textes. Nous savons, en outre, que le mas d’en
Julià Pagès a lui aussi fait l’objet d’un contentieux devant la cour du batlle
du Vilar, en 1538, à l’initiative du prévôt24. S’agit-il de celle citée par
Joan Pujol notari de Palau a 19 de novembra any 1498 laqual regoneixensa feu Marturia
Pages balle del Villar---[n°] 235.
21 Voir le tableau joint en annexe.
22 A.D.P. O., 3 E 40/70, Joan Vidal, notaire de Céret, notule, 1470-1504, f° 265 v°, testament
de Joan Geli, de Montesquieu : Marturiano Pages de Vilario, 9 octobre 1501.
23 Remarque d’Aymat Catafau.
24 A.D.P. O., 3 E 2/853, Joan Antoni Vilella, notaire de Perpignan, protocole, 1538, Joan
Benet Arnau, chanoine d’Elne et prévôt du Vilar, nomme comme son procureur Bernat Pagès,
mercader de Perpignan, ad comissandum et comissari petendum totam illam mansatam sive
bordam cum suis terris et possessionibus scitam in terminis dicti loci de Vilari que fuit Juliani
381

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Francesc Puignau ? Ce contentieux est aussi à mettre en relation avec le fait
qu’en 1532, date de prise de possession de la prévôté par Joan Benet Arnau,
Julià Pagès n’est déjà plus batlle du Vilar. Il a été remplacé par Sebastià
Juliana25. Cela est-il révélateur d’un désaccord entre Julià Pagès et son seigneur,
ou de difficultés rencontrées par ce tenancier ? D’après l’acte
d’établissement de 1539, c’est suite à un procès et à une sentence rendue par
Jordi Campredon, professeur en droit de Perpignan et juge ordinaire de la
cour du batlle du Vilar, reçue par Joan Antoni Vilella, notaire de Perpignan
et secrétaire de la dite cour, que le prévôt du Vilar a récupéré les domaines
direct et utile. Le mas était alors depuis longtemps inhabité et en grande
partie ruiné, et les terres étaient restées en friche. Enfin, signalons que le
capbreu de 1614 ne fait aucunement mention d’une famille Pagès qui aurait
pu hériter du mas dudit Joan Pagès26.
Les protagonistes visibles
Joan Benet Arnau, prévôt du Vilar, clerc originaire de Barcelone et
chanoine de l’Ordre de Saint-Augustin, prend possession de la prévôté du
Vilar en 1532, alors que celle-ci était tenue sous séquestre par les chanoines
de l’église Saint-Jean de Perpignan27. Il devient même prévôt “ perpétuel ”.
À la même époque, Joan Benet Arnau appartient également au chapitre de la
cathédrale d’Elne, et à ce titre, il participe aux réunions canoniales28. Il renonce
à la prévôté en 156529. C’est à lui que l’on doit l’établissement d’une
verrerie au Vilar. Entre 1532 et 1538, il fait appel au verrier de Palau-del-
Vidre, Miquel Bonet, pour restaurer le mas d’en Julià Pagès et y construire
une verrerie. Ce choix est logique, puisque le prévôt ayant aussi des revenus
à Palau-del-Vidre, connaissait les verriers établis dans cette localité. Le
Pages quondam dicti loci de Vilari ach etiam cum terris dicte borde, pour un contentieux
passé probablement devant la cour du baillage du Vilar : in dicte curie dicti loci de Vilario,
12 mars 1538..
25 A.D.P. O., 3 E 1/2387, Joan Antoni Vilella, notule, 1532, 27 juillet 1532.
26 A.C. Céret, II 9.
27 A.D.P. O., 3 E 1/2387, en vertu de lettres patentes papales envoyées de Rome. Description
du rituel de prise de possession de l’église avec mention des fonts baptismaux. Sebastia
Juliana, du Vilar, est destitué de sa fonction de batlle, puis renommé officier principal : sui
principalis prepositi du baillage, et Joan Pastor est désigné comme son remplaçant ou
assesseur : eius locum tenentem. Par cet acte, le procureur du prévôt du Vilar reconnaît
également les revenus que la prévôté perçoit à Palau-del-Vidre, Tatzo-d’Amont et Orle, 27
juillet 1532.
28 A.D.P. O., 3 E 1/2367, Anthoni Carreres, notaire d’Elne, notule, 1503-1534, f°61 v°. Joan
Benet Arnau est mentionné comme participant à une assemblée capitulaire le 1er février 1534.
29 A.D.P. O., 3 E 1/2343, Joan Frigola, notaire de Perpignan, notule, 1565, f°49.
382

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
premier contrat passé entre les deux hommes, à ce sujet, n’a pas été retrouvé.
Le 6 janvier 1538, il donne licence à Miquel Bonet, de couper du bois au
Vilar : scindendi arbores in dictis terminis, afin de restaurer le mas : pro
reparacione cuiusdam domus que fuit den Pages quondam dicti loci, dans
lequel Miquel Bonet poursuit la construction d’un four à verre : in qua
edifficatur[us ?] estis de voluntate mea juxta contractum inter me et vos
fiendum furnum vitri30. Joan Benet Arnau a probablement suivi l’exemple du
seigneur de Laroque qui faisait exploiter, avant 1520, une verrerie à
Laroque, comme l’atteste la présence de verriers en ce lieu, en 1517 et
152031. En 1539, il concède en nouvelle accapte, ou emphytéose perpétuelle,
au même Miquel Bonet et à ses héritiers, le mas de Julià Pagès avec toutes
ses terres.
Miquel Bonet, maître-verrier de Palau-del-Vidre et pagès est issu
d’une lignée de verriers établis dans ce village au moins dès la première
moitié du XVe siècle32. Nous ne connaissons pas le nom de ses parents.
Nous savons, cependant que son frère se prénommait Pere, et qu’il était aussi
verrier de Palau. Nous avons un Pere Bonet, cité en 1520, dit “ verrier de
Laroque ”33. Miquel a une position relativement importante dans la communauté,
car en 1518, il occupe la fonction de batlle du lieu voisin de
Cabanes, où il possède des propriétés34. La même année, il épouse
Margarida, fille de Pere Mir, pagès d’Argelès35. Il eut avec elle une fille,
Joana, qui épousa, avant 1537, Bernat Pagès, un mercader de Perpignan. En
1545, il habite à Perpignan où il s’unit avec Joana, la veuve d’Antoni Robert,
de Collioure36. Son implantation dans l’Albera est bien antérieure à la
30 A.D.P. O., 3 E 1/3964, Joan Bolet, notaire d’Elne, 3e manuel, 1538-1539.
31 A.D.P. O., 3 E 1/5085, Joan Ullastre, notaire de Perpignan et de Collioure, notules et
plechs, 1515-1521, dans la plus grosse notule, f°133, testament de Saurina, épouse de
Guillem Coma, de la Roca. Parmi les témoins de cet acte passé à la Roca : Pere Xatart,
vitrierio, 18 août 1517. Idem, f°54 v°, Apocha p. Sabastiano Geli de Montesquivo, François
Manaut, fils de Manaut de Bordill, de Montesquieu, reconnaît avoir reçu de Sebastià Geli, du
même lieu, 20 ducats d’or, monnaie courante. Les témoins de l’acte : Pere Bonet et Joan
Sobrepere, verriers de la Roca : vitrieriis ambobus dicti loci de Ruppe, également rédigé à la
Roca, le 14 mars 1520.
32 Alart, Julien Bernard : art. cit., p. 313, mention, en 1448, d’un Jean Bonet, verrier de
Palau-del-Vidre.
33 A.D.P. O., 3 E 1/5085, f°128, testament de Catherina, épouse de Pere Bonet, de Palau-del-
Vidre. Son cunyat : Miquel Bonet, 20 septembre 1518.
34 Idem, f°96, inventarium, 27 novembre 1518.
35 Idem, Cartes nultiales entre Miquel Bonet, verrier de Palau-del-Vidre, et Margarida, fille
du défunt Pere Mir, d’Argelès, le 12 novembre 1518. Ils se marient per copulam carnalem.
36 A.D.P. O., 3 E 1/3299, Pere Fabre, notaire à Perpignan, plech, 1545, 12 décembre 1545.
383

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
concession de 1539. Dès 152337, Miquel Bonet est en effet propriétaire
d’une oliveraie à Laroque. En 1526, il y achète une maison. À cette
occasion, il est nommé “ verrier de Laroque ”38. Déjà, dans un acte de 1519,
la mention del loch de Palau, était barrée. Travaillait-il alors en dehors de
Palau-del-Vidre ? Peut-être à Laroque, comme son frère, à la même époque.
En juillet 1534, alors qu’il habite Laroque, il obtient de Gaspar de
Givaya, procureur général du vicomte de Canet et d’Evol, Galceran de
Castro, seigneur de Laroque, pour quatre ans, l’affermage de la verrerie,
furnum vitri, sise au dit lieu, ainsi que les pâturages et les bois de la montagne
de ce terroir : pasquerium et ligna montem termini dicti loci, à commencer
le jour de la fête de saint Pierre et de saint Félix. Miquel Bonet devra
donner annuellement 40 livres en deux versements. Bernat Pagès, mercader
et gendre de Miquel est témoin de l’acte. Par ce contrat, il devient “ homme
de Laroque ” en prêtant serment et hommage au procureur : facit dictum
Michaelem Bonet hominem de la Rocha, afin qu’il puisse jouir de tous les
privilèges dont jouissent ses habitants : gaudere omnibus privilegys quibus
homo de la Rocha gaudere potest39. Son établissement au Vilar intervient
donc juste après la fin de son contrat avec le seigneur de Laroque. Ce changement
avait été préparé avec la licence accordée par le prévôt du Vilar,
autorisant Miquel Bonet à réparer le mas d’en Julià Pagès et à y construire
une verrerie. L’acte de concession ne fait qu’entériner cet état de fait. Elle
exige de Miquel Bonet trois choses : réparer le mas, fabriquer du verre et
exploiter les terres de la propriété. Cette verrerie fonctionne déjà au mois
d’août 1539, car des verriers, dont Miquel Bonet, sont mentionnés dans un
testament d’un habitant de Laroque, passé au Vilar. Les autres verriers cités
– Pere Botat40, Joan Sesus41, Pere Vaquer et Guillem Vardier – sont dits
“ verriers du Vilar ”42. Un an plus tard, en avril 1540, Miquel Bonet passe un
37 A.D.P. O., 3 E 1/1210, Antoni Carreres, notule, 1502-1525, f°46, Vendicio, Pere Bonifaci,
de la Roca, vend à Miquel Bonet, verrier de Palau-del-Vidre, une pièce de terre avec des
oliviers, située à la Roca, au lieu-dit Lo Perrallo, le 8 avril 1523.
38 A.D.P. O., 3 E 3/697, Puignau, f°64, l’obra de l’église de la Roca, comme héritière des
biens de Joan Savi, prêtre de cette église, vend à Miquel Bonet, vedrier de la Rocha, une
maison à la Roca, le 25 août 1526.
39 A.D.P. O., 3 E 2/278, Joan Antoni Vilella, manuel, 1534, 9 juillet 1534.
40 Que l’on trouve aussi sous le nom de Pere Devancens als Botat dans d’autres actes.
41 Que l’on trouve aussi sous le nom de Joan Sajus dans d’autres actes.
42 A.D.P. O., 3 E 1/2808, Marti Prats, notaire d’Elne, notule, 1539, f°48, testament de
François Posse, pagès de la Roca. Il lègue 200 florins à Miquel Bonet, verrier du Vilar, pour
fonder un anniversaire. Témoins de l’acte : Anthonius Gornes Jordanus Juliana agricolae
Joannes Bonet Joannes Sesus Petrus Botat Petrus Vaquer vitrierii [barré dans le texte]
Guillemus Vardier vitriarii omnes dicti loci de Vilar, pris au Vilar par Annet Laninia, prêtre
384

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
accord, concòrdia, avec le verrier exploitant du four de Laroque 43. Ce
maître verrier, Hieronim Bonet, natif de Palau-del-Vidre, est certainement
apparenté à Miquel Bonet même si nous n’avons découvert aucun document
le confirmant. Cet accord est extrêmement intéressant car il nous apprend
que le four à verre de Laroque est affermé à Hieronim Bonet pour deux ans.
L’entente avec Miquel Bonet impose l’arrêt de la production du four de
Laroque et de no obrara ni fara obrar ni en lo forn de Requesens ni en qualsevol
altre part… Il est prévu qu’ensuite Miquel cède son four du Vilar et
ses propriétés attenantes à Hieronim, pendant deux années, afin de obrar y
fer fahena… et se puga aprofitar de les proprietats que pertanyen y son de
las pertinencies de dit forn44. Il y a tout lieu de penser que les deux verriers
s’entendent sur l’exploitation afin d’éviter la concurrence entre les trois sites
de production que sont le Vilar, Requesens45 et Laroque, situés dans un
rayon d’environ sept kilomètres.
Dans l’état actuel de nos recherches, nous savons peu de chose sur les
activités de Miquel Bonet après 1540. Il meurt en 1550. Le mas et la verrerie
du Vilar sont restés dans sa famille, puisque sa seconde épouse, Joana,
l’afferme, en 1554, à un verrier de Villelongue-dels-Monts, Galderic
Sobrepere46. Par la suite, une fille de Miquel Bonet, prénommée Joana, née
du premier lit, intente un procès à sa belle-mère, avant 1560, devant la Real
Audiència de Barcelone, au sujet de l’héritage paternel. À l’issue de ce procès,
le mas et la verrerie du Vilar entrent dans le giron de la famille Pagès de
Perpignan par les enfants de Joana Bonet, épouse de Bernat Pagès, mercader
de Perpignan47. En 1570, Joan Pagès, fils des dits Bernat et Joana Pagès,
vend l’ensemble de la propriété à Galderic Sobrepere, le verrier de
Villelongue-dels-Monts déjà cité. Il restera dans cette famille pendant trois
générations. En 1637, près d’un siècle après sa construction, la verrerie et le
mas attenant sont vendus par Tomàs Sobrepere, petit-fils de Galderic, à
du Vilar, le 25 août 1539.
43 A.D.P. O., 3 E 1/2594, Joan Port, notaire de Perpignan, plech, 1540, Concòrdia entre
Miquell Bonet y Hieronim Bonet de Palau sobre lo forn del vidre. Document retranscrit en
annexe.
44 Voir document en annexe
45 Depuis le Moyen Âge, un chemin mène de la Roca à Requesens, qui est situé sur le versant
sud du massif de l’Albera. Des tronçons empierrés subsistent encore aujourd’hui. Nous
savons par ailleurs que des liens très étroits unissaient Requesens à la Roca, à Sorède et à la
Baronnie de Montesquieu dès le XIVe s. concernant les pâturages, cf. A.D.P. O., 1 Bp 659.
46 La forme choisie correspond à la plus usitée. Ce patronyme s’écrit également Sobre pera,
Sobrepera, Sobrepe.
47 Arxiu Corona d’Aragó, Real audiència, « conclusiones civiles », n°64, conclusions civiles
de 1559-1560, f°96 v°, 28 janvier 1560.
385

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Nicolau Dotres, pagès de Villelongue-dels-Monts, lui-même petit-fils d’un
verrier du même lieu.
Les Sobrepere :
Un membre de cette famille, Joan Sobrepere, est cité dans des documents
de la seconde moitié du XVe s.48 C’est un boucher d’Elne, bien implanté
dans cette localité puisqu’il participe au conseil de la communauté et
possède des propriétés dans cette ville et les villages voisins49. Bartomeu
Sobrepere, également d’Elne, mentionné en 1506, doit appartenir à la même
famille50. En 1515, un autre Bartomeu Sobrepere habite à Saint-Cyprien51.
Un autre Joan Sobrepere, exerçant aussi le métier de boucher est signalé à
Argelès en 150052. Les Sobrepere étaient donc implantés dans des localités
de la basse vallée du Tech. Le premier à avoir pratiqué l’art de la verrerie est
un autre Joan Sobrepere, dont le lien de parenté avec les précédents n’a pas
encore été établi. Il est témoin, en 1519, du testament de Jaume Xetart53, de
Palau-del-Vidre54. Il devait aussi travailler à Laroque puisqu’il est dit verrier
48 A.D.P. O., 3 E 1/3012, Pau Sales, notaire d’Elne, manuel, 1457, Johannes Sobrepe,
boucher d’Elne, vend à Pere Cortada, pareur de la même ville, une pièce de terre située sur la
route qui va d’Elne à Palau-del-Vidre, 21 mars 1457. A.D.P. O., 3 E 1/1206, Antoni Carreres,
notaire d’Elne, notule, 1488-1511, f°28 v°, Instrumentum vendicionis, Johan Sobrepere,
carnisserius d’Elne, vend à Johan Serra, laboureur habitant à Sorède, une pièce de terre
plantée en vigne qu’il possède à Sorède, 29 juin 1490.
49 A.D.P. O., 3 E 1/1208, Antoni Carreres, notule, 1492-1512, f°6, Instrumentum sindicatus
ad prestandum homagia fidelitat. Domino Regi, conseil des habitants de la ville d’Elne. Parmi
ses membres : Johannes Sobrepere, 13 septembre 1493.
50 A.D.P. O., 3 E 1/2275, Masdemont, notaire de Perpignan, cartas de nubcias de Pere
Saguer, pareur de Perpignan, et de Margarida, fille de Bartholomei Sobrepera habitatoris
civitatis Elne, 14 mai 1506.
51 A.D.P. O., 3 E 1/2364, Antoni Carreres, notule, 1487-1522, f°107, testament d’Anthoni
Rocha, prêtre de la ville de Marsilacho, diocèse de Rutensis, desservant l’église de Saint-
Cyprien. Parmi les témoins : Bartomeu Sobrepere, du lieu de Saint-Cyprien, 3 août 1515.
52 A.D.P. O., 3 E 1/5084, f°3 r°, testament de Fortanet Dartet, de Pardines, diocèse de
Lescar : item debet michi Joannes Sobra pera carnisserius loci de Argillerius decem et nonem
solidos es resca cuiusdam sortis de cabriis per me sibi venditorem et craditorem, rédigé à
Palau-del-Vidre le 15 janvier 1500.
53 Cité aussi Xatard.
54 A.D.P. O., 3 E 1/5085, dans la plus grosse notule, f°88, les témoins de l’acte : Joan
Valenti, batlle de Palau-del-Vidre, qui est aussi son exécuteur testamentaire, Pere Bonet,
verrier, Joan Sobra pera, verrier, Bernat Monrog, Pere Darnac “ mineur ”, Domengo de
Bohas, Anthoni Sarn, et Joan Sura, substitut du notaire, rédigé à Palau-del-Vidre le 19
septembre 1519.
386

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
387

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
de Laroque en 152055.
Un autre membre de cette famille, Miquel Sobrepere, également verrier,
habite le mas Carbo, à Villelongue-dels-Monts, qu’il a acheté en 1524 à
Espinosa, un habitant de Laroque 56. Il a probablement travaillé à la verrerie
de Laroque, puisque celle du Vilar n’est, semble-t-il, pas encore construite.
Parmi ses enfants survivants, nous sont connus Hieronim et Galderich.
Hieronim est établi à Villelongue-dels-Monts. Il épouse une certaine Anna
Nicolaua, avec laquelle il a Pere57. Hieronim est cité parmi les membres du
conseil de l’université de Villelongue, réunie en 155458. Son fils Pere deviendra
pagès de Villelongue59. L’autre fils de Miquel Sobrepere, Galderich,
suit les traces de son père puisqu’il devient lui aussi verrier. C’est
probablement pour cette raison qu’il vient s’établir à Laroque aux environs
de 1560. Ce changement de résidence coïncide en effet avec la période
d’abandon de la verrerie du Vilar suite au litige opposant Joana Bonet à sa
belle-fille, Joana Pagès. L’intégration de Galderich à la communauté de
Laroque est confirmée en 1568, car il est cité lors d’un conseil de
l’université60. Par la suite, les documents qui le désignent comme verrier de
55 Idem, dans une notule de 1517-1521, f°54 v°, Apocha p. Sabastiano Geli de Montesquivo,
François Manaut, fils de Manaut de Bordill, de Montesquieu, reconnaît avoir reçu de Sabastia
Geli, du même lieu, 20 ducats d’or, monnaie courante. Les témoins de l’acte : Pere Bonet et
Joan Sobrepera, verriers de la Roca : vitrieriis ambobus dicti loci de Ruppe, rédigé à la Roca
le 14 mars 1520.
56 A.D.P. O., 3 E 1/5320, Rafael Gener, notaire de Collioure, plech, 1522-1524.
57 A.C. de Céret, II 9, f° 13 v°-14, 10 juin 1614.
58 A.D.P. O., 1 E 613, conseil des universités de Montesquieu, Villelongue-dels-Monts, Saint
Jean et Saint Martin de l’Albera. Liste des membres de l’université de Villelongue-dels-
Monts : Jo Goge (consul), Petrus (Bernardus) Tohir, Petrus Marti, Jo Talleda, Hyeronimus
Sobrepera, Jordanus Julia, Joannes Godall, Antonius Spinosa, Joannes Amiell, Joannes
Cornach, Joannes Spinosa, Jo Geli als Pau, Petrus Boix, Franciscus Joli, Galdericus
Berengarius Dotre, Joannes Sauri, Michael Puigsech, Simo Steve, le 13 mars 1554, dans
l’église Saint-Saturnin de Montesquieu.
59 A.C. de Céret, II 9, f°13 v°-14.
60 A.D.P. O., 3 E 1/2466, Miquel Joli, notaire de Perpignan, notule et plechs, 1568, f°115,
conseil de l’université de la Roca pour désigner comme procureur et syndic Pere Vila,
mercader de Perpignan, pour récupérer de l’argent auprès des députés généraux du Principat
de Catalogne. Liste des membres : Nos Joannes Pages et Bartholomeus Manyeres, consules
anno presenti universitat. loci de Ruppe Elnensis diocesis, Garaldus Ramonell, Joannes
Maseguer, Joannes Puiol, Laurencius Reig, Nicholaus Laboria, Bartholomeus Julia,
Bernardus Bellsach, Galdericus Sobrepera, Franciscus Ramonet, Mesianus Alsina, Miquel
Trilles, Petrus Bartre, Petrus Rodoli, Stephanus Joher, Mauricius Tholuges, Joannes
Campfranch, Petrus Reador, Joannes Volo, Onoffrius Marot, Michael Trilles, Joannes
Avivent, Jacobus Besa, Joannes [Meynan ?], Guillermus Sentie, Joannes Bristos, Petrus
Barta, Bernardus Bosigues, Antonius Gana, Jacobus Vivent et Jacobus Bedos, omnes
388

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
Villelongue-dels-Monts, semblent vouloir surtout indiquer son lieu
d’origine. En effet, certains précisent qu’il réside en même temps à la
verrerie de Laroque61. Dans son second testament, de 1575, il désire être
inhumé dans le cimetière de l’église de Laroque où sont enterrés les siens62.
Parmi ses descendants, on retrouve cette relation entre les deux terroirs : des
enfants sont établis à Laroque, alors que d’autres vivent à Villelongue-dels-
Monts. Il est remarquable de noter que ses trois fils sont tous devenus
verriers. Antoni Hieronim, désigné comme hereu dans le testament de 1575,
est mentionné la même année verrier de Laroque alors que son père a depuis
cinq ans acheté la verrerie du Vilar. « Verrier de la Roca » évoque plutôt son
lieu d’origine63. Puis, deux ans plus tard, alors que son père est décédé, il est
cité comme habitant de Villelongue-dels-Monts, où il a hérité des biens
paternels64. Par ailleurs, il faisait office de substitut d’un notaire de
Perpignan ; il savait donc lire et écrire. Parmi ces biens se trouvent le mas
d’en Carbo, dépendant de l’abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines et le mas
d’en Bonet, au Vilar, acquis par son père en 1570, et dans lequel était
construit un four à verre. Les deux enfants d’Antoni Hieronim Sobrepere ont
épousé des fils ou petite-fille de verriers : Thomas, l’hereu, avec Clara
Dotres, et Angela, avec Jaume Campfranch, pagès, fils de Joan, verrier de
Laroque. Esperansa épouse le 14 décembre 1573, Pere Tallada, qui devient
aussi verrier. De Pere Tallada (1573-1614), nous savons qu’il est originaire
d’une famille de Villelongue-dels-Monts. En 1594, en association avec Pere
Deviu, verrier de Perpignan, il achète un four à verre à Gaspar Sobrepere,
son beau-frère, verrier de Laroque. En 1600, Pere reconnaît devoir à Gaspar
Sobrepere, 32 livres de Perpignan, en complément des 35 livres déjà versées,
correspondant à sa part des 70 livres qu’il devait régler avec Pere Deviu pour
l’achat du four à verre. Pour payer cette somme, Pere Tallada vend au dit
Gaspar Sobrepere un “ censal mort ” qu’il oblige sur ses biens65. Il reconnaît
singulares incole et habitatores dicti loci de Ruppe, convocati et congregati intus domus
consulatus dicti loci, 1er novembre 1568.
61 A.D.P. O., 3 E 1/2711, Antoni Joli, notaire de Perpignan, plech, 1572-1573, contrat de
mariage entre Pere Tallada, de Villelongue-dels-Monts, et Speransa, fille de maître Galderic
Sobrepera, verrier de Villelongue-dels-Monts, vuy dia present abitant en lo forn del vidre del
lloch de la Rocha, 14 décembre 1573.
62 A.D.P. O., 3 E 1/2714, date abîmée. Acte retranscrit en annexe.
63 A.D.P. O., 3 E 1/2715, f°1, 5 juillet 1575.
64 A.D.P. O., 3 E 2/808, Joan Port, notaire de Perpignan, manuel, 1577, f°440 v°-441,
Anthoni Sobrepere, verrier habitant à Villelongue-dels-Monts et héritier de Galderic
Sobrepere, son père, reconnait devoir 38 livres à Jaume Ponsramon, de Saint-Féliu-d’Avall,
24 décembre 1577.
65 A.D.P. O., 3 E 3/71
389

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
tenir une maison à Villelongue-dels-Monts, qui appartenait à Jaume
Bruguera, son beau-frère, de Montesquieu66.
Un autre fils de Galderic du même prénom que son père, quitte le
Roussillon pour la région de Poblet, où il travaille dans des verreries et fonde
une nouvelle lignée67. Nous ne savons pas à partir de quand eu lieu ce
départ. Le troisième fils, Gaspar, était verrier de Laroque, et semble avoir
hérité de la partie du patrimoine familial présent à Laroque. Un capbreu de
la fin du XVIIe s. mentionne un mas au lieu-dit l’Orlina, c’est-à-dire, entre
Laroque et Sorède68. Il possédait aussi une maison dans le village de
Laroque, al carrer devall69, un quartier où nous avons pu constater la
présence d’autres verriers.
Les Sobrepere s’établissent dans les deux territoires voisins de
Laroque et de Villelongue-dels-Monts, dans lesquels ils exploitent leurs
terres en tant que pagesos et les verreries. Ils tissent des liens solides entre
les deux communautés pour mieux conforter leur pouvoir local. Ils sont un
bel exemple d’intégration dans le tissu social et économique d’un espace
couvrant les terres dépendantes des mas et d’appropriation et d’exploitation
du milieu forestier sur quatre générations. Ils ont su allier, par des stratégies
matrimoniales, leurs fils ou filles à des pagesos-verriers ou verriers pour en
assurer la continuité.
Les Dotres
De même que les Tallada, les Dotres70, de Villelongue-dels-Monts,
sont implantés dans cette communauté depuis la première moitié du XVIe s.
Ce patronyme est néanmoins déjà présent au XVe s. sur le territoire voisin de
Saint-Martin de l’Albera71. Berenguer Dotres, pagès de Villelongue-dels-
Monts apparaît dans les sources dès 151772. Au moins quatre enfants sont
nés de son mariage avec Elisabet, fille de Pere Bonet, du même lieu73 :
66 A.C. de Céret, II 9.
67 Nous remercions les descendants actuels de ce verrier pour ces informations.
68 A.D.P. O., 8 J 31.
69 A.D.P. O., 8 J 27, levoir des censaux de la Roca, 1622, f°11.
70 Nous choisissons la graphie fixée au début du XVIIe s. Ce patronyme s’écrit aussi : Dotre,
Dotra et de Utra.
71 A.D.P. O., 3 E 40/981, Pere et Miquel Tholosa, notaires de la Roca d’Albera et de Saint-
André, manuels et notules, 1409-1445, f°162, le 5 avril 1432 : Guillem Jonquers als Dotre, de
la paroisse Saint-Martin de l’Albera.
72 A.D.P. O., 3 E 1/5085, dans une notule de 1517-1521, f°39, Stabliment fa per lo paborde
del Vilar, 25 juin 1517.
73 Elisabet Bonet est citée dans le capbreu du prévôt du Vilar de 1614, Archives de Céret, II
390

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
Galderic Berenguer, aîné et hereu, est membre en 1554 du conseil de
l’université74 ; Sebastià, verrier de son état (1561-1588) ; Joan, pagès et
époux de Violant, sœur de Pere Tallada, et Miquel, dont nous ne connaissons
pas le parcours75. Concernant la génération suivante, nous ne savons pas ce
qu’il est advenu du patrimoine de l’héritier, car les textes consultés ne
mentionnent pas d’autres branches que celles de Sebastià et de Joan. Les
biens sont-ils passés à un autre patronyme de Villelongue, par le biais d’une
pubilla76, ou ont-ils été récupérés par les branches cadettes ? Toujours est-il
qu’à la fin du XVIe s., ne subsiste que celle issue de Sebastià, son frère Joan
n’ayant pas eu d’enfant survivant77. Parmi les descendants de Sebastià
Dotres aucun ne semble avoir été verrier ou épouse de verrier, ce qui tendrait
à démontrer que cette famille était avant tout une lignée de pagesos,
contrairement à celle des Sobrepere. Parmi les six enfants survivants de
Sebastià Dotres, le seul garçon, Pere-Antoni, appelé communément Antoni,
reprend la tête de l’exploitation familiale en tant qu’hereu. À la suite de trois
mariages, notamment avec des veuves de Villelongue-dels-Monts, il
constitue un important patrimoine foncier, fort de plusieurs mas. Ces alliances
matrimoniales sont révélatrices d’une stratégie favorisée par le droit
catalan, permettant en une seule génération d’accéder au pouvoir social,
économique et politique. Parmi ses biens figurent également plusieurs puits à
neige et à glace sur les territoires du Vilar et de Saint Martin de Montbram. Il
a en effet compris l’intérêt d’investir dans ce type d’exploitation, en plein
essor au début du XVIIe s. En raison de sa fortune et probablement aussi de
sa forte personnalité, Antoni Dotres devient un notable de Villelongue-dels-
Monts : en tant que batlle, il veille sur les intérêts du seigneur78 ; il participe
aussi à la fondation de la confrérie du Rosaire dans l’église paroissiale. Il
9, f°39 v°. Dans l’état actuel de nos recherches, nous n’avons pas trouvé de liens de parenté
avec les Bonet, verriers de Palau-del-Vidre.
74 A.D.P. O., 1 E 613, conseil des Universités de Montesquieu, Villelongue-dels-Monts,
Saint Jean et Saint-Martin de l’Albera, dans l’église Saint-Saturnin de Montesquieu, 13 mars
1554.
75 A.D.P. O., 3 E 1/2797, Jaume Gelcen, notaire de Perpignan, notule, 1554, contrat de
mariage entre Galderic Dotre et Baldiria Sobrepere, 29 juillet 1554.
76 C’est-à-dire l’héritière.
77 Joan Dotres est décédé entre 1596 et 1598. Il a légué ses biens à Pere Anthoni Dotres, fils
de Sebastià, A.D.P. O., 3 E 1/6319 et 6323, Onofre Sabater, notaire de Perpignan, plechs de
1596 et 1598, testaments de Joan Dotres et de son épouse, 1er novembre 1596 et 20 décembre
1598.
78 Il devient également fermier de biens de son seigneur, comme en 1617, pour la “ Grange
d’Oms ”, A.D.P. O., 3 E 1/6361, Onofre Sabater, manuel, 1616-1617, f°37 v°-39, 30 janvier
1617.
391

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
392

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
bénéficie de privilèges par son titre de familier du Saint-Office de
l’Inquisition : le droit de porter des armes et l’exemption du logement des
gens de guerre. Dans son dernier testament daté de 1632, il désigne comme
son héritier, non pas son fils aîné, Antoni, né du premier lit, mais son second
fils, Nicolau, fruit de son union avec Geronima Francisca Clos, veuve
d’Antoni Puigsech, pagès de Villelongue-dels-Monts. Son unique fille,
Clara, épouse Tomàs Sobrepere, qui est désigné dans le même document
comme exécuteur testamentaire79, comme son père, Antoni, dans le
précédent testament rédigé en 1606 par Antoni Dotres. Nous pouvons donc
constater les liens très étroits entre les Dotres et les Sobrepere, confortés par
les alliances matrimoniales sur trois générations successives.
Nicolau Dotres, né après 160680, assure la continuité de l’œuvre engagée
par son père : il gère les propriétés de Villelongue-dels-Monts, exploite
les glacières, reprend les fonctions de batlle, entretenant toujours des liens
étroits avec le baron de Montesquieu81. Il est aussi comme son père familier
de l’Inquisition. Dès 1634, il s’associe avec des maîtres verriers de Laroque
pour exploiter pendant quatre ans un four au Vilar : Baldiri Roure, Bartomeu
Colomer et Joan Pere Sabater82. Il est spécifié dans le texte qu’il n’est pas
verrier, mais administrateur. La production du four est vendue en partie dans
une boutique à Villelongue-dels-Monts. Cependant, pour une raison
inconnue, deux verriers abandonnent cette entreprise en 1636. Seul
Bartomeu Colomer, originaire de Mataró, poursuit l’exploitation83. L’année
suivante, Nicolau Dotres rachète à son beau-frère Tomàs Sobrepere le mas
d’en Bonet avec sa verrerie, pour le prix de 260 livres de Perpignan et un
79 Pour la plupart des références documentaires nous renvoyons à l’article de Fontaine Denis,
art. cit., p. 19-40. Depuis cette publication ont été trouvés les actes suivants : A.D.P. O., 3 E
1/2725, Antoni Joli, plech, 1587-1588, contrat de mariage entre Antoni Puigsech, de
Villelongue-dels-Monts, et Francescha Clos, 15 juillet 1587 ; 3 E 1/6321, Onofre Sabater,
plech, 1596-1597, testament d’Antoni Dotres senior, 10 mai 1596 ; 3 E 1/3247, Montserrat
Alarigues, notaire de Perpignan, plech, 1598-1630, testament d’Antoni Dotres senior, 16
février 1606 ; idem, contrat de mariage entre Antoni Dotres senior et Francisca Puigsech,
veuve d’Antoni Puigsech, 16 février 1606 ; 3 E 1/4051, Hieronim Arles y Carrera, notaire de
Perpignan, plech, 1626, contrat de mariage entre Antoni Dotres senior et Magdalena
Hieronima Roure, fille de Jaume Roure, de Millas, 15 septembre 1626 ; 3 E 1/5842, Blasi
Canta, notaire de Perpignan, plech, 1639, testament d’Antoni Dotres junior, 9 avril 1639.
80 Le contrat de mariage entre Antoni Dotres et Geronima Francisca Puigsech date de 1606,
et Nicolau n’est pas cité dans le testament rédigé par son père le même jour, à moins que ce
soit lui le prenyat attendu par Geronima Francisca.
81 Il devient lui aussi fermier de la “ Grange d’Oms ”, A.D.P. O., 3 E 1/6986, Blasi Canta,
manuel, 1635, f°353, 16 septembre 1635.
82 Document retranscrit en annexe.
83 Document retranscrit en annexe.
393

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
approvisionnement gratuit en glace ou en neige toute sa vie durant84.
S’agissait-il d’une preuve d’un engagement plus important dans l’artisanat
du verre ? Cela n’est pas du tout sûr. Des documents plus tardifs montrent en
effet qu’après cette date Nicolau Dotres fait construire un puits à glace sur la
parcelle de la verrerie. L’aurait-il sciemment acquise au détriment de cette
dernière ? L’acte de reconnaissance par le prévôt du Vilar de la vente faite
par Nicolau Dotres à Josep Perarnau, seigneur de Laroque, en 1664, des
glacières et de leurs dépendances, précise que le mas et la verrerie sont en
ruine, même si une reprise de l’exploitation est envisagée85. Il est vrai que la
situation politique dans les Comtés de Roussillon et de Cerdagne, après
1635, n’est pas propice au commerce. Suite au conflit opposant les
couronnes de France et d’Espagne, Nicolau Dotres a embrassé une carrière
militaire du côté français86. C’est une des raisons de son anoblissement en
164387. Considéré par le pouvoir central comme un homme de confiance, il
est nommé gouverneur du château de Puigcerdà avant 1646, ayant juridiction
sur la vallée de Carol88. À la même époque, et au moins jusqu’en 1648, il
occupe également la fonction de viguier de Roussillon et Vallespir89. Puis,
84 A.D.P. O., 3 E 2/1612, Miquel Roig, notaire d’Elne, manuel, f°151-154.
85 A.D.P. O., 8 J 35, actes divers sur la seigneurie de la Roca, 1618-1755, lluisme firmat per
lo procurador del senyor paborda de Nostra Senyora del Vilar, 25 février 1666 : de domo
diruta et furno vitrei etiam diruto cum quibusdam proprietatibus et puteis per posar neu y
glas in terminis et parrochia Beate Marie del Vilar sitis. Le prévôt perçoit comme cens à
Noël : deux poules et 12 sous de Perpignan, pour la maison et le four, et deux autres poules et
4 sous de Perpignan, pour les glacières. Dans le cas que lo dit forn treballe, le prévôt recevra
également 10 livres de Perpignan, réglées en deux versements égaux à Pâques et à la
Toussaints. Et dans le cas où en los dits pous se pose neu o glas, lui seront livrées deux
charges de neige ou de glace à la fête de Saint-Pierre et Saint-Féliu. Le procureur reconnaît
avoir reçu de don Josep Perarnau, pour directo dominio laudimio et foriscapio, 4 doubles d’or
et 5 réaux d’argent.
86 A.D.P. O., 2 B 1676, procès criminel opposant le Procureur général du roi à Cristòfol
Armengau, burgès de Vinça, 1675, témoignage de Nicoalau Dotres : … jo testimoni saber per
ser estat soldat y official y estar jo encaa lo die de avuy subjecte abe que reformat al que sa
magt me manara y ordenara, 10 avril 1675. Il est alors âgé d’environ 66 ans.
87 A.D.P. O., 1 B 394, f°45-46, 3 octobre 1643.
88 Arxiu de la Corona d’Aragó, registre 115, Yntruso diversorum Ludovici Regis Galliae,
1644-1647, f°216 : Nicolau Dotres alcayt dels castells de Puigcerda exercera la juridictio en
la vall de Carol, 20 avril 1646, cité par Albert Salsas, A.D.P. O., 123 J, fonds Mathias
Delcor.
89 A.D.P. O., 3 E 2/1447, Joan Albafulla, notaire de Perpignan, manuel, 1639-1646, f°223 v°,
20 mars 1646 ; 9 Bp 150, procès de Miquel Hieronim Esprer, burgès matriculat de Perpignan
contre Francesc Geli, pagès de Millas, 26 février 1648. Sur cette fonction et celle de batlle,
voir Víctor Ferro, El dret públic català. Les institucions a Catalunya fins el Decret de Nova
Planta, Editorial Eumo, Vic, 1987, p. 120-125. On notera que la fonction de viguier a existé
394

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
en 1653, il est dit “ receveur des biens confisqués dans le comté de
Roussillon ”90. Ses mariages et ceux de ses enfants reflètent aussi ses ambitions.
En 1634, il épouse un bon parti en la personne d’Anna Mallol, fille de
Joan et Guyomar Mallol, une des plus riches familles de pagesos de Sant-
Quirc de Colera91. Anna Dotres i Mallol meurt à Perpignan en septembre
1653, mais elle sera inhumée dans l’église de Villelongue-dels-Monts92.
L’année suivante, Nicolau Dotres se remarie avec Maria Sunyer i Roig,
veuve d’Honorat Sunyer, notaire de Perpignan93. L’union ainsi créée sera
confortée huit ans plus tard par le mariage entre les enfants des deux époux :
Teresa Dotres et Honorat Sunyer, clerc de notaire94. Le choix d’une alliance
avec une famille de Perpignan est révélateur des intérêts financiers en jeu :
Nicolau Dotres avait ainsi tout intérêt à s’investir dans la vie perpignanaise,
qui était le centre économique et politique des Comtés. Parmi les trois
enfants nés de son premier mariage, Carles, l’hereu, suit une carrière militaire.
Il est incorporé au régiment Royal Roussillon, semblant ainsi perpétuer
la charge obtenue par son père95. Sa sœur Maria épouse en 1647 Antoni
Bordas, de Vinça. Cela explique pourquoi quinze ans plus tard Ramon
Bordas, docteur en droits de Perpignan et fils d’Antoni Bordas, s’associe
avec Nicolau Dotres, qui est en fait son grand-père maternel, pour exploiter
les puits à neige de Saint Martí de Montbram96. Quant à Josep, il s’unit en
1671 avec la veuve Maria Reig i Bianya, appartenant à une vieille famille de
Laroque 97. Nous ne connaissons pas le destin des autres enfants, Mariangela
en Andorre jusqu’en 1993 et que la justice est administrée par le tribunal de Batlles qui
exerce la juridiction civile et pénale en première instance après l’approbation de la « Loi
Qualifiée » de la Justice, fruit de la Constitution, en septembre 1993.
90 A.D.P. O., 3 E 1/6829, Thomas Ferriol, notaire de Perpignan, manuel, 1653, f°203 v°, 18
mai 1653.
91 Arxiu historic de Gerona, Pe 603, f°71 v°-75 v°, 3 mai 1634.
92 A.D.P. O., 178 EDt 1, registre paroissial de Villelongue-dels-Monts, sépulture le 21
septembre 1653, et f°37, ordonnance de visite pastorale : Item manam al magnifich Nicolau
Dotres que dins lo termini de un mes fassa enrrajolar y adobar la sepultura ques feta al
paviment de dita iglesia al cadver de la senyora Anna Dotres quondam sa muller, 1659.
93 A.D.P. O., 7 J 8, dossier Dotres, 30 avril 1654.
94 A.D.P. O., 178 EDt 1, 16 décembre 1660.
95 A.D.P. O., 3 E 1/6872, Josep Jofre, notaire de Perpignan, minutes, 1735.
96 Idem, 30 janvier 1647 et A.D.P. O., 3 E 4/25, Josep Vilaroja, notaire de Perpignan, plech,
1662, Pactes fets y fermats entre los magnifichs Nicholau Dotres burges y Ramon Bordas
doctor en drets de Perpinya sobre de ampuar un pou de neu que dit Dotres te en la montanya
de la vall, 3 mars 1662. Cet acte est d’ailleurs rédigé à Villelongue-dels-Monts.
97 Idem, 11 décembre 1671.
395

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
et Tomasa, nés de son second mariage. Nicolau Dotres meurt en 1683, après
avoir perdu une grande partie de sa fortune98.
LA FORCE DU TERROIR : LES RÉSEAUX ET STRATÉGIES
D’ALLIANCES
Il nous importe de dégager de cette étude, qui est un exemple, le rôle à
la fois social, économique et de pouvoir de nos acteurs dans la communauté.
Celle-ci se définit comme un groupe de maisons et de mas faisant partie d’un
même territoire. Une seule personne est habilitée à participer aux activités
communautaires. Attentive aux maisons qui la composent, la communauté
est indifférente aux individus qui la représentent, tout en étant favorable à
l’aînesse qui assure la stabilité des maisons. Elle admet la fille comme
héritière mais exclut sa représentativité dans les assemblées. Les maisons qui
constituent la communauté disposent des droits civiques et du droit de
participer aux assemblées par l’intermédiaire de leurs représentants. L’image
que la communauté veut donner d’elle même et sa façon de concevoir
l’espace et le groupe social se retrouvent dans la gestion de ses biens. Les
représentants des verreries de l’Albera font souvent partie de maisons ou de
mas et forment un groupe solidaire. Ils sont pour la plupart pagesos et les
seigneurs leur établissent des mas avec faculté de construire une verrerie ; ils
deviennent ainsi vidriers, comme c’est le cas pour Miquel Bonet au Vilar. Ils
ont pour intérêt commun la gestion, sur un territoire, d’un espace qu’ils
s’approprient, qu’ils exploitent et qu’ils essaient de conserver, comprenant
les terres dépendantes du mas, la verrerie et les bois. Dans les documents, ils
sont indifféremment nommés pagès ou mestre vidrier.
On est membre de la communauté si on s’insère d’abord dans le cadre
plus restreint de la famille. Le réseau des alliances matrimoniales décidées
par les parents, conforte le groupe ainsi créé. La famille tend à unir les fils
ou les filles avec des verriers et des pagesos ; pour fortifier les liens, des
doubles mariages sont arrangés. La famille Sobrepere en est un des exemples.
De même, l’articulation entre communauté villageoise et groupe familial,
conduit à les considérer comme une structure englobante à une structure
englobée. Car le groupe familial s’organise autour d’une dynamique de production
et de reproduction qui constitue sa fonctionnalité. L’organisation
familiale dévoile sa rationalité dans sa relation à la communauté entière :
l’on intègre et l’on forme des verriers. C’est le cas de Pere Tallada de
Laroque, marié à la fille du mestre Galderic Sobrepere, qui devient verrier.
98 Fontaine, Denis, art. cit., p. 38-39.
396

Fragment de verre découvert au Vilar
MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
Les fondements de la prospérité du groupe sont conditionnés par
l’exercice de sa force productive afin de la contrôler et de la garder le plus
longtemps possible, et cela, après que l’appareil productif soit mis en place
par le système d’alliances et de stratégies. Rien n’est laissé au hasard. Le
cercle se déploie de la famille au groupe qui se forme, à son réseau de
solidarité et de sociabilité qui passe par le quartier, la fabrique et le conseil
de l’université. La transmission des charges au niveau des communautés, au
sein des conseils est directe. Pour le cas des Sobrepere, les deux fils de
Miquel sont membres des universités de Villelongue-dels-Monts et de
Laroque. La reconstitution des généalogies et la mise en valeur des charges
font apparaître des liens entre la filiation, l’alliance, la désignation,
l’élection. Les stratégies d’alliances matrimoniales constituent les moyens
d’accéder au pouvoir, de le renforcer et de conforter l’assise du groupe au
sein de la communauté. Ce système d’alliances, à la fois complexe et
organisé, se retrouve dans la plupart des communautés pyrénéennes99.
99 Pour l’Andorre, Camiade Boyer, Martina, La casa en la comunitat andorrana del s. XVII
al s. XIX, solidaritats i estratègies d’aliances i de poder,Editorial Andorra, 2001, p. 118-124.
Pour la Cerdagne, Balent, André, la Cerdagne du XVIIe au XIXe siècle, la famille Vigo, casa,
frontières, pouvoirs, Trabucaire, 2003. Pour la Gascogne, Zinck, Anne, L’héritier de la
maison, géographie coutumière du Sud-Ouest de la France sous l’Ancien Régime, Ed. de
l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris, 1993. Nous trouvons ce même système
en Corse, « L’île-familles, familles et parentés dans la société corse moderne et
397

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Certes, le pouvoir politique n’est pas en lui-même un patrimoine. La
succession au sein du patrimoine permet d’accéder au pouvoir politique
local. En effet, c’est le capital foncier qui est la condition indispensable à la
désignation des charges soit par élection, soit par nomination. Il est
l’instrument de maintien au pouvoir. Les síndics, les cònsols, les batlles sont
tous des propriétaires dont le degré de fortune est variable et les plus
importants censitaires ou contribuables. Ils sont en priorité sur le devant de
la scène. Ainsi, le conseil des universités est le représentant des notables
dans lequel se trouvent en premier lieu les propriétaires, les notaires, les
médecins et les négociants. De surcroît, ils peuvent renforcer leur assise au
sein de la communauté par l’exercice de la prêtrise d’un de leurs très proches
parents, souvent un des frères. La transmission du pouvoir s’effectue dans la
lignée et glisse subrepticement vers le réseau formé au gré des alliances. Le
village, constitué des maisons et des mas, forme une unité des plus
cohérentes tant du point de vue politique ou social que spatial. La répartition
des terres, tallats100, bois et pâturages, et l’organisation du terroir sont
extrêmement liées. Le travail productif s’y déploie tout au long de l’année.
Ainsi, des passerelles visibles entre les verriers de Laroque et du Vilar
existent au XVIe et XVIIe . siècle. Une alternance dans l’exploitation des
verreries est mise en place : en 1540, Miquel Bonet passe un contrat avec
Hieronim Bonet, verrier pagès de la verrerie du seigneur de Laroque, afin de
prévoir l’arrêt de cette verrerie au profit de celle du Vilar, qu’il vient de
construire, en 1538-1539101. Cette alternance s’effectuait-elle aussi pour
d’autres verreries de l’Albera ? Il semble que non. Plusieurs fours
fonctionnent en effet en même temps : celui de la Jonquera, celui de
Montesquieu et celui de Laroque.
L’APPROPRIATION DU MILIEU FORESTIER
Plusieurs contrats d’afferme de verrerie font référence au bois. Cette
ressource, qui est alors le seul combustible utilisé pour faire fonctionner les
fours à verre, devait être exploitée de façon cohérente. Un contrat de 1638
concernant le four de la Baillanouse à Laroque précise que les verriers devaient
ramasser du bois mort et du bois vert, et tailler les arbres de façon à ce
contemporaine (XVIIIe-XXe siècles) », Centre d’Etudes Corses/A.D.E.C.E.M., numéros 42-
44, 22e année-1994.
100 A.D.P. O., 8 J 105 : « Les taillats sont des morceaux de terre inculte aux baixans de la
montagne que quelque habitant de la Roca arrache et travaille pour y semer du seigle
moyennant que celui ci en paye le colloqui au seigneur et à l’université de la Roca par
indivis. ».
101 Pour plus de détails, se référer à la note 43 et au document en annexe.
398

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
qu’ils rejettent de souche102. Un autre contrat de 1630 relatif au même atelier
exige des verriers qu’ils n’exploitent le bois que d’un côté du vallon, de
façon à préserver les réserves forestières103. Les contrats de 1672 et 1673,
envisageaient aussi la possibilité de couper du bois vert dans toute la
montagne, mais dans le cas uniquement où tout le bois mort avait déjà été
utilisé dempto de roure, faja, y alzina. On peut supposer que les verriers se
servaient aussi de broussailles en quantité pour démarrer les feux et pour
obtenir certains types de cuisson104.
Le milieu forestier est source de richesse : richesse du bois, de la
pierre de taille, des minéraux, de l’herbe qui nourrit les troupeaux Il représente
un complément économique essentiel qui repose sur une utilisation
optimale de ses ressources. Nous comprenons alors que la forêt, jouant un
rôle économique des plus utiles, ait toujours été l’enjeu de conflits tant entre
villageois et seigneurs qu’entre villages voisins. Autour de cet intérêt
commun se sont formées de solides communautés d’habitants, représentées
par des cònsols et des síndics, tout en étant sous la dépendance du ou des
seigneurs locaux105. Dès lors, ce sont autour des droits d’usage que se fixent
les différends inhérents à l’exploitation des ressources naturelles toujours
sous contrôle seigneurial.
Les droits d’usage, quand ils ne sont pas attestés par des titres, sont
définis au nord comme au sud de l’Albera par la loi Stratae (article 72 des
Usatges de Barcelone de 1068) qui précise que les routes, et les chemins
publics, les eaux courantes et les fontaines vives, les prés et les pâturages,
les bois, les terres incultes et les roches qui se trouvent en ce pays sont aux
puissances non pour qu’elles les aient en alleu ni pour qu’elles les tiennent
102 A.D.P. O., 3 E 1/4377, Andreu Bosch, notaire de Perpignan, manuel, 1638, f°21 r° : sera
licit y permes a dits arrendadors de poder pendrer llenyes mortes com vives per obs de dit
forn ab tal que los abres vius que tallaran nols puga tallar a la soca baix sino scoronar los
afi pugan rebrutar, 15 janvier 1638.
103 A.D.P. O., 3 E 1/6911, même notaire, manuel, f°282 r° : dit senyor Perarnau dona y
concedeix licencia y facultat a dits conductors de poder tallar llenya de dit terme [la Roca]
per obs dedit furn del correch deves Vilallonga del Mont tant solament sino es en cas de
algun impediment com es neu pluja o altre que en tal cas y no altrament los sera licit tallarla
de altra part dedit terme, 11 novembre 1630.
104 Amouric, Henri, Foy, Danièle, Vallaury, Lucy, « Etude des artisanats de la céramique et
du verre : méthodes illustrées. L’exemple provençal du Moyen-Age à l’Epoque Moderne »,
Actes del 3er. curs d’arqueologia d’Andorra,, Govern d’Andorra, Andorra, 133-211.
105 Un terroir n’équivaut pas toujours à une seule seigneurie. D’après les sources consultées,
dans le cas du Vilar, suivant les tenures, les tenanciers reconnaissent comme leurs seigneurs,
le prévôt du Vilar et le baron de Montesquieu. Pour Villelongue-dels-Monts faisant partie de
la baronnie de Montesquieu, on trouve également comme seigneurs, le chapitre d’Elne, l’abbé
de Saint Genis des Fontaines et le prévôt du Vilar.
399

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
en leur domaine mais pour que de tout temps ils soient à l’usage de leurs
peuples sans qu’il y ait de titre et sans redevance connue106. C’est donc sur
l’article 72 de cette loi Stratae que la plupart des communautés ont fondé
leurs droits d’usage. Par exemple, Felip de Galceran de Castro, le 25 juillet
1553, seigneur de Sorède, concède à la communauté des habitants des erms,
pastures, aglans i passatges et les afferment pour six ans. Il octroie à la
communauté le domaine utile, se gardant la propriété éminente. Le même
seigneur, la même année, concède aux habitants de Laroque le droit de faire
du bois dans la montagne pendant sept ans avec pacte de rembourser un censal
de 800 livres en capital107. En 1624, l’on invoque les privilegis, bons
usos, ÿ consuetuds accordés à l’université et aux cònsols de Laroque par ses
seigneurs de llenÿar, fustajar, en dita montanÿa per son propi us ni altrament
per ferne ganancia… mais la coupe reste très réglementée afin de
protéger le forêt, et c’est un devoir de bon pare de familias ÿ bon boscasser
de tallar los arbres sis pals de montpeller en amunt deixant al tronch dos o
tres espiralls perque lo arbre no muyra ÿ aixi ho dira qualsevol home de
rossello que sie entes ÿ sapia de la manera que talla ÿ fusteja en los boscos
… Le travail est précisé, car segons lo comu parlar de rossello que vuÿ en
die es ÿ sempre es estat lo tallar los arbres en algun bosch o montanya de sis
pals de montpeller en amunt de terra se diu llenyar y fustejar ÿ per lo tallar
los arbres a ram de terra se diu derrocar ÿ acabar ÿ destruhir lo bosch ÿ
aixo ho dira qualsevol home entes que sapia que es fustejar y llenyar ÿ que
cosa es derrocar L’obligation devient flagrante, car en respectant ces
normes, la forêt, espace nourricier, qui ravitaille hommes et bêtes, survivra.
… los arbres que tallan ÿ derrocan a ran de terra en lo bosch ÿ montanya de
la Roca ÿ altres boscos del present Comptat de rossello no tornan brotar no
renaixer fins que restan inutils pera sempre ÿ de ningun profit, empero los
arbres que es tallan en dit bosc ÿ montanya de la Roca ÿ altres boscos del
rossello a sis palms de montpeller de terra en amunt ÿ si deixant dos o tres
espiralls segons lo us de bon pare de familia y bon boscasser viuen y posan
brancas ÿ son de profit ÿ conservan lo bosch ÿ contïnuaren donar lo fruit
que antes acostumaven donar ÿ aqueixa ÿ aixi ho dira qualsevol boscasser
fustejador ÿ bon pare de familia108.
106 Traduction de Louis Assier-Andrieu, Le peuple et la loi, anthropologie historique des
droits paysans en Catalogne française, L.G.D.J., 1987, p. 25.
LXII D’estrades e de vies públiches :
Estrades e vies públiches, e ayges corens, e fons vives, prats, pasturres, selves, gariges, e
roches fundades en esta terra, són de la Postat ; no que ayen per alou ni en domenge, mas
que tots temps sia adempriu a tot lo poble d’els, senes tot contrast e senes servici sabut.
107 A.D.P. O., 8 J 105.
108 A.D.P. O.., 8 J 35.
400

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
Il est clair que le couple formé par l’homme et la forêt a subsisté
longtemps dans l’équilibre fragile d’une économie de subsistance. Énorme
garde-manger, la forêt tient lieu d’un intarissable réservoir de bois. Elle apparaît
comme un milieu de vie à part entière, difficile à apprivoiser, inhospitalier.
L’homme en profite et se l’approprie mais limitant son action afin
de ne pas la détruire car elle conditionne sa survie.
Cependant, après l’annexion du Roussillon par la France, les
conflits109 abondent comme en témoignent les Arrêts du Conseil Souverain
du Roussillon110. En 1698, un différent éclate entre le seigneur Francesc de
Foix et de Bearn et la communauté de Sorède. La raison invoquée est que le
seigneur aurait affermé en 1695 les glands et faines de la montagne de
Sorède au préjudice de l’empriu adjugé par le même seigneur en 1692 à la
communauté d’habitants.
Cette permanence des droits d’usages par la coutume nous est révélée
dans le mémoire du prieur du Vilar, Pierre Barraca111, du 11 messidor de
l’an 1 de la République. Les habitants de Montesquieu, Villelongue-dels-
Monts, Saint Martin et Saint Jean de l’Albera, peuvent, d’une part, faire
paître leur bétail sur la montagne du Vilar de soleil à soleil sans pouvoir y
pernotar en même temps sur les terres cultivées ou couvertes de fruits appartenant
à l’exposant sous peines portées par les lois outre les dommages.
D’autre part, il est défendu à tous les étrangers même aux habitants de
Villelongue, Montesquieu, et Albera de défricher ou artigar aucun terrain
sur la dite montagne, d’y faire du bois en aucune manière et d’introduire
leurs bestiaux quels quils soient dans les parties ou il existe des chênes,
chênes verts ou hêtres pendant le temps de la glandée cest à dire depuis le
10 vendimiaire jusqu’au 13 pluviose de chaque année sous les peines portées
par les lois.
De même, d’après le rapport d’expertise effectué par Roger, arpenteur,
au Vilar, et commencé le 29 mai 1762112, il apparaît que les habitants ont le
droit de défricher et de cultiver jusqu’à une altitude élevée, comme au lieu
dit Les bigas d’en ferran qui sont aux environs de 750 m113 : De plus, j’ai
109 Brunet, Michel, Contrebandiers mutins fiers-à-bras, les stratégies de la violence en pays
catalan au XVIIIe siècle, Trabucaire, 2001, p. 89-115.
110 C’est par l’ordonnance des Eaux et Forêts de 1669 que l’administration royale cherche à
mettre les forêts sous le contrôle de l’État. Le Conseil souverain veut en assurer la gestion, la
police et le contentieux et c’est par son Consistoire du Domaine, qui devient Chambre du
Domaine en 1759, qu’il en possède la compétence.
111 A.D.P. O., 1 J 585, 11 messidor de l’an 1 de la République.
112 A.D.P. O., 2 B 436.
113 A.D.P. O., 8 J 35.
401

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
observé qu’il y a un espace de terrain de 4 ayminates au dit endroit appellé
Baixans à l’endroit appelé las carboneras attenant à la collada del pou qui
a été défriché et semé il y a 2 ans, c’est cet endroit précisément avec les
terres de la métairie de Vaills (il s’agit du mas del Pou) de Montesquieu qui
empêche les bestiaux des habitants de Montesquieu d’entrer dans la partie
de montagne del Vilar appelé baixans par lequel cet endroit se trouve fermé
lorsqu’il est semé. Il se dégage donc que certains mas et en l’occurrence le
mas del Pou sis à une altitude relativement élevée pour l’Albera, 555 m.,
jouent un rôle stratégique indéniable, servant de limite à la zone de pâturages
et contrôlant son accès.
L’arpenteur analyse ensuite la qualité des pacages : ils sont plus riches
dans les ravins que sur les crêtes, qui sont plus sèches et plus rocheuses.
Finalement, nous apprenons qu’il a fallu dix journées à l’expert pour faire ce
rapport comprenant l’arpentage du terrain et la rédaction. Sans aucun doute,
il se dégage de ce texte un certain nombre d’usages dont certains particuliers,
faisant partie de la communauté villageoise, jouissaient dans cet espace
seigneurial : le droit de couper du bois, le droit de défricher et cultiver sur les
terres dites baixans114, le droit de pacager sur les comuns115. Mais certaines
règles ont été établies interdisant de pénétrer dans les baixans lorsque ces
terres sont semées. Quant aux verreries, elles sont localisées avec précision
dans ce document : En premier lieu, j’ai observé qu’à la partie de la dite
montagne del Vilar qui est depuis la vidriera et montant le correch d’en
Rinyau jusqu’à la jasse de devallar la pedra et de là descendant vers la jasse
del Peré et de là vers le roc de las carboneres en suivant les terres de la
métairie de Vaills jusqu’à la vidriera (Il semble que ce soit la verrerie située
en amont du mas, près du correch de la Font de Sant Cristau et prospectée
par Christian Donès et Jordi Mach) il y a environ de 10 à 11 ayminates de
terrain qui ont été défrichées ou réduites à culture et semées l’année
dernière et que dans toute cette partie il y a environ 50 chênes et que le côté
du couchant de ce même terrain appelé la roureda de las bigas d’en ferran
qui est depuis la jasse del Peré jusqu’à las colladetes ce terrain n’ a pas été
défriché peut contenir environ 8 ayminates dans lequel il y a 60 chênes ou
faigs.
De plus du côté de l’orient du correch d’en rinyau et par dessus la vidriera
il y a un petit espace de terrain d’environ demi ayminate qui a été
défriché et semé l’année dernière. Dans la partie los baixans, au dessus de
la balma d’en Doutres, terrain de 3 ayminates défriché et semé depuis 2 ans,
114 Les baixans sont les terres situées à la limite de la forêt et utilisées par la communauté.
115 Les comuns sont les zones sur lesquelles la communauté a le droit de faire pacager son
bétail. Ils sont situés au dessus des forêts.
402

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
16 chênes. Je dis que la partie de la montagne du Vilar appelé Baixans doit
se prendre depuis la ligne tirée par les surposés du Boulou… cette ligne
commence à las Colladetes qui fait la séparation du terroir de Montesquieu
d’avec celui du Vilar, qui se trouvent au couchant du terroir del Vilar et tire
Four à verre du "correch de la font de Sant Cristau" situé au dessus du mas
del Pou, Villelongue-dels-Monts
vers l’orient à la Roca de las carboneres et de là droit à la vidriera (il semble
s’agir de la verrerie située au lieu dit Reposador que nous connaissons
sur le terrain et découverte par Christian Donès. Ce serait donc le premier
document qui la mentionne), et de là al pla del siné et de là droit au pilar del
Fornés et de là droit à la Roca del dech et de là droit aux fonts dels fangassos,
et de là droit al roc forcat et de là droit à la jasse de les cabres116,
cette jasse fait la séparation du terroir du Vilar avec la Rocha de l’Alsine du
côté de l’orient, en prenant toute l’étendue de cette ligne, en descendant vers
le septentrion jusqu’aux terres labourables des métairies de Sr Ribes, de
Pierre Reste, de Cossana et du Sr Vaills, je dis que la circonférence du
terroir des dits baixans ne fait tout au plus que la 8ième partie de la dite
montagne du Vilar et qu’à l’œil il n’y a guère quarante ayminates…, je dis
que le dit exposé dans son article est véritable et que les habitants de
116 Toponyme conservé sur la carte IGN.1996, 1/25 000.
403

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Montesquieu, et ceux de Villelongue pour aller au bois de la montagne du
Vilar ne peuvent passer plus commmodément qu’en passant ou en partant
par la dite partie de montagne du Vilar appelée els Baixans, c’est à dire
avec des montures pour aller chercher du bois.
Des études montrent que les enjeux du milieu forestier sont capitaux
pour l’exploitation de ces ressources nécessaires à la fabrication du verre. La
présence de verreries dans cette partie de la montagne nous amène à une
question fondamentale concernant leur typologie ; s’agissait-il uniquement
de fours de fusion dans lequel étaient fondues les matières premières : le
quartz dont les gisements affleurent à cet endroit, la soude et la chaux, soit
au plus près des ressources en bois, ou bien de fours plus complexes permettant
également l’affinage et le recuit. L’exemple des verreries de Laroque
– celle du village et celle de la montagne – désignées par l’expression forn
de vidre tant dalt com baix117 – tendrait à confirmer une complémentarité
des ateliers : la pâte de verre produite au site de la Baillanouse serait ensuite
travaillée au four du village. Dans le cas du Vilar, les documents sont encore
moins précis, puisqu’il est toujours question “ du ” forn de vidre. Donc,
seules des fouilles archéologiques pourront le déterminer. Des recherches
menées sur d’autres régions montrent que des conflits surgissent de façon
récurrente entre communauté et verriers118. En ce qui concerne l’Albera,
aucune trace de ce type de conflits n’a été encore trouvée. La spécificité des
verriers de l’Albera, intégrés dans la communauté d’habitants, étant à la fois
pagesos et mestres vidriers, a peut-être évité des litiges concernant
l’exploitation de la forêt. Les Bonet, les Sobrepere et les Dotres en sont un
bon exemple. Aucun conflit n’apparaît entre les verriers et les seigneurs,
propriétaires éminents des verreries et des bois, qu’ils ont concédés, à
l’exemple du mas de Miquel Bonet, maître-verrier. Pour Laroque, Hieronim
Perarnau, afferme le verrerie et se obliga en donar llenÿa ÿ la que se haurie
menester per dit forn dels boscos de dita montanÿa119 avec l’assentiment des
consuls et des habitants du lieu. Pour quelles raisons des conflits pourraientils
éclater, puisque ces familles font partie de la communauté ou s’allient par
stratégies matrimoniales avec des familles du même lieu comme nous avons
pu le constater précédemment.
117 A.D.P. O., 8 J 34.
118 Garnier, Emmanuel, Un massif forestier et son histoire : la forêt de Saint-Antoine,
permanences, mutations et enjeux, les dossiers forestiers, n°3, O.N.F., novembre 1998, p. 37-
50.
119 A.D.P. O., 8 J 35, d’après un document du XVIIIe siècle.
404

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
DE L’ARTISANAT DU VERRE À L’ARTISANAT DE LA GLACE
Le site du Vilar n’est pas le seul exemple dans l’Albera d’une
coexistence entre ces deux types d’installations artisanales que sont les verreries
et les glacières. Nous les retrouvons également associées au lieu-dit la
Baillanouse, à Laroque, et à Requesens, dépendant du territoire de La
Jonquera. Comment expliquer cette association dans un même espace ? Il
faut tout d’abord remarquer que ces établissements se font à l’échelle d’une
vallée ou d’une partie de vallée, et à proximité d’un habitat plus ancien. Pour
le Vilar, nous avons vu que la verrerie de Miquel Bonet se trouvait sur le
territoire du mas d’en Julià Pagès, près du prieuré, de même qu’un des puits
à glace. Pour les fours à verre de la montagne, des habitats proches n’ont pas
été encore clairement identifiés. Quant aux trois glacières, elles se trouvent
près et sous le mas del Pou appelé autrefois Puigmaniel. Concernant le
territoire de Laroque, la verrerie et le puits à glace ont été construits audessus
de la rivière, non loin du mas d’en Moreu. Le site de Requesens, situé
dans la haute vallée de l’Anyet, est encore plus remarquable, puisqu’il
comprend un habitat dispersé, un ensemble castral et plusieurs constructions
artisanales : un four à chaux, une tuilerie et un puits à glace. La verrerie dont
les actes notariés font mention, n’a pas encore été retrouvée sur le terrain.
L’implantation de ces artisanats peut s’expliquer par la présence sur
place de matières premières nécessaires à leur fonctionnement : l’eau, le bois
et le quartz. L’existence d’une source ou le voisinage d’un ruisseau
représente bien sûr la condition préalable à toute installation humaine, que ce
soit pour les usages domestiques, pour abreuver le bétail ou arroser les
jardins. Dans une verrerie, l’eau est utilisée principalement pour refroidir les
cannes des verriers et confectionner des creusets en argile. Elle est encore
plus nécessaire au fonctionnement des glacières puisque celles-ci sont approvisionnées
avec la glace obtenue à partir de l’eau mise à geler dans des
bassins. L’abondance de bois est la condition essentielle à l’établissement
des verreries en milieu forestier, car ces fours exigent une énorme quantité
de combustible. Le bois est utilisé comme matériau pour la construction des
glacières et de leurs ateliers : charpentes soutenant les toits de tuiles, portes
servant à interdire l’accès et à isoler les édifices. Des rondins sont aussi disposés
au fonds des puits pour éviter le contact entre la glace et l’eau de
fonte, un petit canal étant aménagé à la base pour permettre l’écoulement. Le
quartz est un ingrédient commun pour la fabrication de la pâte de verre, en
raison de sa forte teneur en silice. La prospection sur les sites considérés a
confirmé sa présence sous forme de filons de valeurs inégales. La pierre
extraite des meilleurs gisements a été certainement transportée à dos de
mulets vers les fours de fusion. Rappelons que ces verreries se trouvent dans
un rayon de sept kilomètres.
405

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Enfin, il faut tenir compte de la facilité d’accès : les chemins reliant
les sites de production aux axes de communication principaux doivent être
bien entretenus, autant pour porter les pièces de verre en toute sécurité que
pour acheminer le plus vite possible la glace vers les lieux de consommation.
De ce point de vue, les voies d’origine médiévale qui empruntent ces vallées
sont toujours construites avec soin et facilitent le transport à dos de mulets.
Ruines du mas del Pou situé sur la commune de Villelongue-dels-Monts
Tout cela permet de mieux comprendre pourquoi des verreries et des
glacières ont été bâties à proximité les unes des autres. Il reste cependant à
démontrer si elles ont aussi coexisté dans le temps. Le cas du Vilar est un
bon exemple. Nous avons pu établir que ces deux types d’exploitation ont
fonctionné simultanément pendant une vingtaine d’années. Les trois glacières
recensées au mas del Pou et ses environs ont été construites à l’initiative
d’Antoni Dotres entre 1623 et 1627, suite à des concessions de Francesc
Bas, prévot du Vilar, et d’Antoni de Santmanat, seigneur de Montesquieu et
de Villelongue120. La plus ancienne, appelée lo pou vell en 1627 a été recouverte
par une maison121. Ces glacières présentent la particularité de combiner
120 A.D.P. O., 3E2/1705, f°214 v°-216 r°, 2 octobre 1622 ; H 28, 2 mai 1623 ; 3E2/1602,
Miquel Roig, notaire d’Elne, manuel, f°30-32, 4 mai 1627.
121 Le texte précise en effet : in quo quidem puteo est edifficata quedam domus. Ce cas n’est
pas isolé. Un des puits à glace du mas Blanc, sur le territoire de la Roca, a été englobé lors de
l’extension du mas. À Taxo-d’Amont, une redoute a été bâtie sur la glacière. À Saint-Féliu-
406

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
deux types d’approvisionnement : la glace, par un système de bassins, et la
neige, grâce à un espace réservé à l’accumulation naturelle122. L’exploitation
d’une verrerie est attestée par la mention en 1626 de Pere Pau Sala, verrier
du Vilar, mais nous ne savons pas s’il s’agissait du four du mas d’en Bonet
ou de ceux de la montagne123. Il est certain néanmoins qu’à cette époque les
membres de la famille Sobrepere établis à Villelongue-dels-Monts ne sont
plus des verriers. Antoni avait même envisagé en 1617 de céder la verrerie à
son frère Galderic, si Tomàs n’en garantissait plus l’exploitation124. Mais il
n’en fut rien. Il est encore question du forn del vidre del Vilar jusqu’en 1637,
date de sa vente à Nicolau Dotres. Celui-ci fait construire à proximité un
puits à glace, jugeant probablement ce type d’exploitation plus rentable. Dès
lors, quelques actes plus tardifs faisant référence à la verrerie précisent que
celle-ci est abandonnée : quo quidem puteus antiquus erat forn de vidra125,
et. un casal en dit terme y devant la iglesia del Vilar constutia [?] de
pertinencias de dita heretat, ques diu esser estat en temps passat un forn de
vidre126.
Nous voyons bien avec l’exemple du Vilar comment s’est opéré le
passage entre les deux types d’exploitations : Antoni Dotres, fils de Sebastià,
verrier de Villelongue-dels-Monts, a introduit un nouvel artisanat, qui
coexiste avec celui du verre puis finit par le remplacer. Le mas d’en Bonet et
son four sont rachetés par Nicolau Dotres, héritier d’Antoni, qui réutilise les
terrains proches du mas del Pour construire une autre glacière et aménager
des bassins. Ce changement se retrouve également dans la toponymie,
puisque le mas Puigmaniel, cité dans les documents du XVe à la fin du
d’Avall, c’est un moulin qui recouvre le puits.
122 Cet exemple montre que la dichotomie pou de glas / pou de neu est parfois arbitraire.
Dans la pratique, les populations agissaient avec un certain opportunisme de façon à tirer le
plus partie des ressources qu’offrait le milieu naturel.
123 A.D.P. O., 1 B 443, f°28 r°, témoignage de Guillem Lacasin, fermier de la leude royale de
Perpignan, Guillem Mallabou, verrier de la même ville, et Pere Pau Sala, verrier habitant au
lieu du Vilar, 26 janvier 1626.
124 A.D.P. O., 3 E 1/6357, Onofre Sabater, plech, 1615-1616, testament d’Anthoni
Sobrepere, pagès de Villelongue-dels-Monts. Il lègue le four du Vilar à son frère, Galderic,
s’il n y a pas de verriers parmi ses propres enfants. Tomàs est désigné comme l’hereu, 9 avril
1616. Antoni Sobrepere décède avant la rédaction du contrat de mariage de sa fille, Angela,
effectuée le 7 janvier 1617, A.D.P. O., 3 E 3/660.
125 A.D.P. O., 3 E 1/3461, Antoni Colom y Companyo, notaire de Perpignan, manuel, 1664,
f°136 v°.
126 A.D.P. O., 3 E 1/6009, Miquel Rovira, notaire de Perpignan, plech, Relatio de experts
sobre la estimacio de tres pous de gel situats en lo terme de Vilallonga del mont feta a
instancia del illustre Francisco Cahors y dels germans Dotres, 11 janvier 1686.
407

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
XVIIe siècle, est rebaptisé ensuite L’ou Pou (“ le puits ”)127 puis Mas del
pou128.
CONCLUSION
Nous avons été sensibles aux liens existant entre pagesos et verriers,
démontrant l’importance de l’intégration des mas et la cohérence de ses
membres afin de s’insérer dans la communauté d’habitants.
L’analyse des réseaux constitués nous conduit à penser qu’ils
s’insèrent sur les modes particuliers d’intervention de la parenté dans le
social, l’économique et le pouvoir local.
La parenté est une des lignes de force des relations sociales et économiques
pour les verriers implantés et qui sont intégrés dans la communauté
d’habitants. Ils achètent des terres, tissent des réseaux à la fois sociaux par le
jeu des alliances matrimoniales, économiques par des échanges, ventes et
achats de terres et de mas, politiques par la désignation de leurs représentants
aux fonctions de batlles, de consuls, de síndics. Ils s’allient entre eux pour
exploiter les ressources et conforter leurs positions au sein de la
communauté. Les ainés-héritiers font partie du conseil des universités de
Laroque et de Villelongue-dels-Monts. L’implantation des mas quant à
l’exploitation de verreries apparaît fondamentale.
Le réseau de voisinage représente l’élément de permanence face aux
modifications qui peuvent affecter la composition de la maison ou du remplacement
d’une famille par une autre, ainsi que l’appartenance à un quartier.
Il existe tout un réseau de solidarités.
Les stratégies d’alliances matrimoniales jouent un rôle essentiel afin
d’assurer le maintien et la consolidation non seulement du pouvoir local
mais aussi l’appropriation et l’exploitation de la forêt dans les deux communautés
voisines de Laroque et de Villelongue-dels-Monts. Nous avons
constaté la cohérence du système permettant de s’adapter rapidement à un
autre type d’exploitation comme celui de la glace dans un même espace.
127 A.D.P. O., 1 Bp 756, rapport d’expertise sur des déboisements dans la montagne du Vilar,
2 juin 1761. Aimablement communiqué par Guy Barnades. Le propriétaire du mas est alors
François Vaills, pagès de Montesquieu, procureur du prieur du Vilar.
128 A.D.P. O., 2 J 127/ 227.
408

DOCUMENTS ANNEXES
MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
Tableau annexe 1 : patrimoine foncier
Terres dépendantes du mas d’en Julià Pagès,
d’après la concession de 1539
Lieux-dits Cultures Terroirs Confronts
Al Quintà Oliviers Le Vilar Le Quinta, une voie
Las Clausas n.p.
Palaig n.p.
Camp d’en
Prim
Villelonguedels-MontsVillelonguedels-Monts
Vigne Montesquieu
La voie qui va d’Elne au
Boulou
La voie qui va de
Villelongue-dels-Monts au
Boulou
n.p.
A Quergros
alias
Bois Le Vilar La voie déjà citée au Quinta
Font d’en
Maura
Bois Le Vilar La rivière [du Vilar]
La Famada
del Sual
Noisetiers Le Vilar
La Trilla Champ Le Vilar
Une voie, l’ancienne maison
du mas d’en Julia Pagès
409

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Terres dépendantes du mas d’en Miquel Bonet, d’après le capbreu de
1614
Lieux-dits Cultures Terroirs Confronts
Contigu au mas d’en Bonet,
tenure de l’église du Vilar
trilla Jardin Le Vilar
avec chemin au milieu,
chemin allant du mas d’en
Bonet au mas d’en Cossana,
jardin du prévôt, et autres
N.p.
410
Champ avec
une aire
contiguë,
oliviers,
cerisiers,
châtaigniers
Le Vilar
D’en Payret Jardin Le Vilar
N.p. Jardin Le Vilar
N.p. N.p. Le Vilar
La Vinya de
m° Pagès
La Creu del
Vilar
Petits
champs, de 3
ayminates
N.p., de 4
ayminates
Le Vilar
Le Vilar
La rivière du Vilar, le chemin
qui va de l’église du Vilar à
Vilapeix, et de 2 côtés avec
un bois d’Antoni Sobrepere
Inclus dans le champ
précédent
Un jardin d’Antoni Cussana
appelé Lo Ort den Primes
[Prunes ?], la rivière du
Vilar, le chemin qui va à
Vilapeix
La croix d’en Joanet, la jasse
de Laroque dite La Gassa del
Gavatx, le rocher a la vista de
Vilapexa, tenure d’Antoni
Cossana, et autres
Tenure d’Antoni Cossana,
tenure d’Antoni Cossana, et
autres
La fontaine de Puig Rodó,
tenure d’Antic Ribes qui fut
de Boscha, le chemin qui va
du Vilar à Laroque (au sud),
tenure de Jorda et le chemin
qui va du Vilar à Villelongue
(à l’ouest), tenure du même
Jorda, tenure d’Antic Ribes,
et autres

Tableau annexe 2 : Phases d’activité et d’abandon de la verrerie
Chronologie Tenanciers Verriers exploitants Périodes d’abandon
1539-1544 Miquel Bonet, maître-verrier de Miquel Bonet (1539-1542)
Palau-del-Vidre Pere Devancens alias Botat (1539)
Pere Vaquer (1539)
Joan Sajus (1539)
Joan Bonet (1539)
Guillem Vardier (1539)
Hieronim Bonet (1542-1544)
1550-1560 Joana Bonet, veuve de Miquel Bonet Galderic Sobrepere, habitant de Villelongue- 1550-1554 ?
dels-Monts(1554-1555)
Peut-être Joan Sajus (à Villelongue en 1558),
Pere Devancens alias Botat (fermier des droits
du prévôt en 1561-1563) et Sebastia
Berenguer(à Villelongue en 1558)
1556-1560 ?
Après 1560 Joana Pagès, fille de Miquel Bonet Non connus 1560-1570 ?
Avant 1570 Bernat Pagès, mercader de Perpignan, veuf de Joana Pagès Non connus 1570
1570-1575 Galderic Sobrepere, verrier de Laroque Galderic Sobrepere ?
Pere Tallada, gendre de Galderic Sobrepere ?
Non connue
1577-1616 Antoni Sobrepere, verrier et pagès de Villelongue-dels-Monts,
fils de Galderic Sobrepere
Antoni Sobrepere Non connue
Après 1616- Tomàs Sobrepere, pagès de Pere Pau Sala (1626) Non connue
1637 Villelongue-dels-Monts, Bartomeu Colomer (1634-1637)
fils d’Antoni Sobrepere Joan Pere Sabater (1634-1636)
Baldiri Roure (1634-1636)
1637-1664 Nicolau Dotres, pagès de Villelongue-dels-Monts, puis
Bourgeois honoré de Perpignan
Bartomeu Colomer (1637-1638) Probablement après 1638
1664-après 1666 Don Josep Perarnau, seigneur de Laroque 1664-1666

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
TRANSCRIPTIONS DE DOCUMENTS
6 janvier 1538
Autorisation du prévôt du Vilar accordée à Miquel Bonet pour
couper du bois afin de restaurer le mas d’en Julià Pagès et de
poursuivre la construction d’une verrerie.
A.D.P.O., 3 E 1/3964, Joan Bolet, notaire d’Elne, 3e manuel, 1538-
1539.
Ego Joannes Benedictus Arnaldus canonicus ecclesie Elne et perpetuus
administrator prepositure ecclesie de Vilari et pretext dicte mee prepositure dominus
directus loci predicti et terminorum de Vilari gratis dono licencia vobis Michaeli
Bonet loci de Palacio videlicet presenti scindendi arbores in dictis terminis pro
reparacione cuiusdam domus que fuit den Pages quondam dicti loci in qua
edifficatur[us ?] estis de voluntate mea juxta contractum inter me et vos fiendum
furnum vitri sub pacto et condicione [q ?] dens ac dare et solvere teneam[?]
lluminarie beate Marie dicte ecclesie unum siri cere ponderis unius libre et [?] dictus
Bonet presens et acceptans convenit et pro[?]it scindere arbores [pro ?] reparacione
tanmen edifficacione dicte domus vitri et solvere dictum siri cere dicti ponderis et [?]
etc Jurament etc.Testes Salvius Garau Joannes Gueyrart bracerius omnes Elne et ego
dictus Joannes Bolet notarius.
_____________________________________________________________
12 mars 1539
Joan Benet Arnau, chanoine de la cathédrale d’Elne et
commendataire perpétuel de la prévôté du Vilar, établit à Miquel Bonet,
verrier de Palau-del-Vidre, un mas dit den Julià Pages, au Vilar, ayant
appartenu avant à Joan Boscha. Ce mas comprend une maison, en
grande partie en ruine, des bergeries, et un casal dans lequel est un four
à verre.
A.D.P.O., 3E1/2395, Joan Antoni Vilella, notaire de Perpignan,
notule, 1539, f°142-144 v°, Stabilimentum, rédigé à Perpignan.
In Christi nomine noverint universi quod ego Joannes Benedictus Arnau
prebiter [sic] in decretis baccallarius canonicus claustralis ecclesie cathedralis
Elnensis ac perpetuus comendatarius prepositure ecclesie beate Marie loci de Vilario
Elnensis diocesis [amin]advertens et considerans mansum vulgo nuncupatum den
Julia Pages scittum et constructum in dicto loco del Vilar unacum illius domibus
casalibus et cortalibus patuis, ortis olivetis, vineis, campis, pratis, nemoribus et aliis
proprietatibus, possessionibus et prediis rusticis et urbanis ac cultis et incultis scittis
partim in dicto loco et terminis de Vilari ac partim in terminis loci de Montesquivo ac
partim in terminis loci de Villalonga de Monte eiusdem Elnensis diocesis qui et que
pro eadem prepositura dicte ecclesie beate Marie Vilari jure directi domini tenentur
et antiquittus fuerunt predicti Juliani pages quondam bajuli eiusdem loci de Vilari
cum sentencia disfinitiva per magnifficum Georgium Campredon jurium proffesorem
oppidi Perpiniani judicem ordinarium curie venerabilis bajuli eiusdem loci de Vilario
legittimo preheunto [?] et exordito processu latta et promulgata ac in rem judicatam
412

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
transfacta, de qua sentencia receptum et testisficatum extitit publicum instrumentum
apud Joannem Anthonium Vilella notarium publicum et dicte curie scribam
infrascriptum, die undecima mensis septembris novissime exacti et dimissi ob
canonum et censuum ac terre meritorum et foriscapiorum non solucionem et
cessacionem ac aliis per viam comissi eidem prepositure ac michi illius nomine
applicatum et adjudicatum illiusque dominium utile cum directo consolidatum fuisse
et per consequens tam in utili quam directo dominio eidem prepositure pertinere et
spectare ac impresentiarum pro me eiusdem prepositure nomine teneri et possideri
quia dictus mansus et illius domus et hedifficia, pro maiori parte dirruta et demolita
ac deserta et inhabitabilia, a, longo diu tempore fuere et extitere dicteque terre
possessiones et proprietates ac predia eiusdem mansi sunt et existunt pro maiori
parte herema et inculta et ex illis dicta prepositura paucillulum ac fere nullum a pluri
tempore citra assequitur nec assequi potest comodum cumque vos Michael Bonet,
vitrierius loci de Palacio eiusdem Elnensis diocesis de mei expressa licencia et
voluntate sub spe et confidentia infrascripti per me, dicte prepositure nomine, vobis et
vestris faciendi et firmandi stabilimenti et novi accapiti, noviter et a paucis citra
diebus in domibus eiusdem mansi construi et operari ac hedifficari feceritis furnum
vitreum in quo indies [?] vitrum operatur et construitur et easdem domos ac patua et
cortalia dicti mansi reparari et rehedifficari feceritis vestris propriis sumptibus et
expensis pro tanto prospecto et precipe considerato quod ob constructuram et
hedifficacionem prehabiti furni vitrei et vitra operacionem facturam et exercicium ac
culturam terrarum et possessionum eiusdem mansi predictus locus de Vilari in sat
grandi personarum et vassallorum numero populabitur ad augebitur et lucri fiet et
ipsa prepositura indies grandem comodum et utilitatem assequetur et reportatit
habebit ac maiorem assequi et habere pro futuro speratur et alius utilitate et comodo
et factura ac augmento eiusdem prepositure circa hec totaliter pensatis previsis et
prospectis, gratis et ex certa sciencia eiusdem prepositure nomine et ex parte per me
et meas in dicta prepositura posteros et successores quospiam stabilio ac dono et
concedo ac trado sive quasi trado ad novum accapitum sive in emphiteosim
perpetuum vobis, dicto Michaeli Bonet, vitrierio ibidem [f°143 v] presenti et vestris
ac quibus perpetuo volveritis vobis tamen consimilibus ach personis a jure prohibits
penittus exceptis et exclusis et clericis ac religionum domibus sanctisque militibus et
eorum uxoribus omninio refectis et expulsis predictum mansum vulgo dictum lo mas
den Julia Pages et illius predia rustica et urbana ac alia que sequntur Primo,
videlicet, quandam domum que est caput dicti mansi et fuit antiquittus dicti Juliani
Pages quondam nec non casale in quo est hedifficatus et constructus dictus furnus
vitreus eidem domui dicti mansi contiguum quod antiquittus solebat esse domus et fuit
antiquittus Joannis Boscha quondam dicti loci de Vilari et postea fuit dicti quondam
Juliani Pages ; nec non etiam quendam patuum eisdem domo et casali quod est
furnus vitreus parimodo contiguum in quo vos, dictus Michael Bonet construxistis et
operastis hodiernaque tempestate facitis et tenetis coquinam ac stabulum, et fuit
dictus patuus antiquittus domine Joanne quondam uxoris Petri Asam quondam
pretacti loci de Vilari et dictis domus, casale, furni et patuus sunt scittis et constructi
in dicto loco de Vilario ac affrontant ad invicem ex una parte cum tenencia [vide].
Item quandam peciam terre vulgo dictam las clausas scittam in dictis terminis
predicti loci de Villalonga de Monte, continente inse [vide] terre vel circa,
confrontatam cum via publica qua ittur de civitate Elne ad locum de Volono eiusdem
Elnensis diocesis et cum tenencia filiorum et heredum den Malla quondam dicti loci
de Montesquivo. Item, aliam peciam terre scittam in predictis terminis dicti loci de
Villalonga de Monte loco dicto a Palaig, continente inse [vide] terre vel circa,
conffrontatam cum tenencia [vide].
413

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
414
Item, aliam peciam terre scittam in predictis terminis dicti loci de
Montesquivo, que antiquittus erat campus et vulgo denominatam lo Camp den Prim,
et hodierna tempestate est vinea plantata, continentem inse [vide] terre vel circa
conffrontatam cum via publica qua ittur de dicto loco de Villalonga de Monte ad
dictum locum de Volono et cum [vide].
Item, aliam peciam terre, cum aliquibus olivariis in ea plantatis et radicatis,
scittam in terminis predictis dicti loci de Vilario, loco vocato al Quinta, continentem
inse [vide] terre vel circa, confrontatum cum tenencia del Quinta et cum via publica
et cum tenencia [vide].
Item, quoddam nemus in proxime dictis terminis et loco scittum continentem
inse [vide] vel circa conffrontatam cum dicta via publica et cum [vide].
Item aliam peciam terre aboschatam in terminis predictis dicti loci de Vilario
scittum loco dicto a Quergros alias Font den Maura continentem inse [vide] terre vel
circa [f°144 r] conffrontatam cum ripparia [vide].
Item, aliam peciam terre aboschatam de avellaners, in dictis terminis de
Vilari scittam loco vocato la Famada del Sual continentem inse [vide] terre vel circa
conffrontatam [vide].
Item, quendam campum scittum in dictis terminis predicti loci de Vilari, loco
dicto la Trilla continentem inse [vide] terre vel circa, coffrontatum cum via publica et
cum domo antiqua eiusdem mansi. Item, etiam, stabilio ac dono et concedo ad novum
accapitum sive in emphiteosim perpetuam vobis, predicto Michaeli Bonet, et dictis
vestris heredibus et successoribus supra tactis, omnia ligna arborum infructifferorum
ac agrestium et nemorum predictorum terminorum predicti loci de Vilario eidem
prepositure pertinencia et spectancia et illorum usum et comodum pro usu, servicio et
exercicio dicti furni vitrei ac vestri et vestrorum heredum et successorum predictorum
ac familie vestri et illorum in dicto manso et illius terris et prediis ac in eodem furno
vitreo degencium et laborancium absque tamen prejudicio et derogacione aliqua juris
alterius cuiuslibet alieni. Et in continenti constituo me ac dictam preposituram
predicta omnia et singula que vobis superius stabilio et ad novum accapitum dono et
concedo vestro vestrorum que nomine possidere seu quasi donech inde vos dictus
Michael Bonet plenam et corporalem eritis possessionem de eisdem omnibus et
singulis per me vobis superius stabilitis et ad accapitum concessis, quam possitis
accipere vestra propria auctoritate quando vobis placuerit me dicte prepositure
nomine omnique persona et curia irre quisitis et penes vos et vestros ac quos
volueritis libere et licite rettinere ad omnes vestras vestrorumque voluntates inde
libere et licite perpetuo faciendas. Hec itaque predicte prepositure nomine facio et
facere intendo totum integriter et generaliter cum omnibus opperibus et hedifficiis
ingressibus vit et egressibus, juribus, terminis integritatibus et pertinenciis predictis
domui et cortalis et patui ac terrarum et possessionum et unius cumque eorum de
universis et cum omnibus inse habentibus et habere debentibus ac sicut melius,
plenius et utilius dici, scribi, legi et intelligi potest et poterit ad vestri, dicti Michaelis
Bonet, et vestrorum comodum et utilitatem ac sanium, sancerum et favorabilem
intellectum, sub tamen pactis dettencionibus et condicionibus huiusmodi, videlicet,
quod rettineo et ex-presse reservo et salvo eidem prepositure ac michi et meis in ipsa
prepositura successoribus atque posteris illius nomine plenum et liberum
ademprivuum et usum dictorum lignorum pro servicio et usu meis ac domus et
famillie mee et jamdictorum successorum meorum in eadem prepositura ach cuius vis
presbiteris deservientis dictam preposituram in divinis. Item eciam quod vos et vestri
predictis domum, casale, furni vitrei, patuum ac terras et possessiones supras habitis
tenentes et possidentes, detis, faciatis et solvatis ac prestens dareque, facere, solvere
et prestare teneamini et obnoxius ac ob...sitis et sint annis singulis perpetuo eidem

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
prepositure ac michi et meis in prepositura eodem sucessoribus atque posteris
canones sive census ac terremerita et [f°144 v] jura que sequntur. Primo enim pro
dicto casali furni vitrei detis et solvatis ac faciatis et prestetis c dare, facere, solvere
et prestare teneamini eidem prepositure ac michi et meis in vestra prepositura
successoribus antedictis annis singulis perpetuo festo Natalis Domini tres gallinas
domesticas bonas et sufficientes de canone sive censu ; et pro dicta domo principali
eiusdem mansi detis, faciatis et solvatis dareque, facere et solvere teneamini michi et
meis in predicta prepositura successoribus omnis singulis perpetuo predicto festo
Natalis Domini duodecim denarios monete currentis de canone sive censu. Item etiam
pro dictis duobus prediis sive campis scittis in dictis terminis dicti loci de Villalonga
de Monte et pro dicta pecia terre vinea plantata scitta in terminis predictis dicti loci
de Montesquivo detis, faciatis, prestetis et solvatis ac dare, facere, solvere et prestare
teneamini et obnoii sitis vos et vestri predicte prepositure et michi et meis in eadem
prepositura successoribus, anno quolibet perpetuo, tascham et braciatichum de
omnibus ex-pletis et fructibus in eisdem tribus terre peciis proxime expressis ac
earum unaquaque ex-cressentibus et germinantibus. Item eciam pro dicta pecia terre
olivariis plantata et pro dictis nemore et dictis terre peciis aboschatis ac pre dicto
campo vulgo dicto la Trilla scittis in dictis terminis dicti loci de Vilario, detis et
solvatis ac faciatis et prestetis dareque facere, solvere ac prestare teneamini et obnoii
sitis michi et meis in eadem prepositura successoribus atque posteris anno quolibet
perpetuo, scilicet de omnibus granis et expletis in eisdem terre peciis ach earum
altera ex-cressentibus octavam mensuram videlicet de octo mensuris unam loco et
vice decime primicie et tasche integriter et complete ac absque detractione et
deductione aliqua de grapes ni polatge nec aliorum avariorum, et eciam de omnibus
olivis in dictis olivariis annuatim perceptis et collectis videlicet de terdecim mensuris
et media olivarum duas mensuras et mediam olivarum et quartam partem racemorum
allatam et asportatam intus cubam sive tinam dicte prepositure loco et vice dicte
decime premicie et tasque et pro dicto labore asportandi et vehendi dictam quartam
partem recemorum teneor ego, dictus prepositus, et promitto dare nomine dicte
prepositure vobis, dicto Michaeli Bonet, et dictis vestris heredibus et successoribus
unum mitonum panidis. Item eciam pro dictis manso, casali, patuo et terris ac
possessionibus antedictis, dabitis, facietis, solvetis et prestabitis dareque, facere
solvere et prestare teneamini vos et vestri heredes et sucessores in premissis annis
singulis perpetuo eidem prepositure ac michi, illius nomine, et meis in eadem
successoribus etque posteris antedictis, canones sive census infrascriptos et que
sequntur scilicet sex solidos, festo predicto Natalis Domini et duas mensuras ordei
boni et receptibilis festo sanctorum Petri et Felicis, duas jouas, duas trituraciones
sive batudes, duas tiradas, unam potadam sive podada, et unum catum suis sive de
porch si occideritis et si non occideritis quatuor solidos solvendes et pretandes dicto
festo Natalis Domini et ulterius pro dictis lignis per me, predicte prepositure nomine,
vobis, predicto Michaeli Bonet supra concessis et stabilitis ac illorum [?]detis,
faciatis et solvatis ac prestetis et dare, facere, solvere ac prestare teneamini dicte
prepositure et michi ac meis in illa successoribus atque posteris annis singulis
perpetuo decem libras [f°145] supratactee monete de canone sive censu in duabus
equalibus solucionibus, videlicet : medietatem festo Resurectionis Domini Nostri Jesu
Christi et alteram medietatem festo Omnium Sanctorum tantum quantum vos, dictus
Michael Bonet, et vestri in premissis successores tenebitis et possidebitis dictum
furnum vitreum et ipsius furni exercicium facietis et extra cebitis et non aliter amplius
neque ultra et denuo vos, dictus Michael Bonet, et vestri in premissis heredes et
successores reservetis ac reservare teneamini eidem prepositure ac michi et meis ipsa
prepositura successoribus atque posteris directum dominium laudimium et
foriscapium tociens quociens dictus mansus, casale, furni vitrei, patuus, terre,
415

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
416
proprietates et predia ac ligna supra designata terminata mencionata et expressa seu
quod ? se ? de vendantur seu impignorentur aut alias quovismodo alienentur in totum
vel in partem et sub huius modi, pactis, condicionibus et rettencione eidem
prepositure beate Marie de Vilari ac michi ut illius comendataris perpetuo antedicto
et meis in ipsa successoribus atque posteris [s]uper salvis et illesis ac intactis
remanentibus conveni [?] ac expresse promitto et paciscor vobis, dicto Michaeli
Bonet, quod ego et mei in predicta prepositura successores faciam et facient vobis et
vestris predictoris mansum, casale, furni vitrei, patuum, terras, possessiones,
proprietates et predia ac ligna supra designatis terminata, mentionata, confrontata et
expressa quod, quas et que vobis supra stabilio et ad novum accapitum donemus et
concedimus ac et ? unum quodque semper bona habere, tenere et in sana pace
possidere ab omni contradicente persona perpetuo. Et tenebor eciam ac tenebuntur
eciam vobis et vestris in predictis successoribus semper sine fraude de firma et legali
ac omnis dotali et particulari eviccione et llegitima deffencione premissorum ac
eciam de omnibus dampnis, gravaminibus, sumptibus et interesse, si que vel quos vos
vel vestros in causa dicte evictionis seu aliis pro predictis pati sive sustinere
contigerit quoquomodo. Pro quaquidem evictione ac dampnis, gravaminibus,
sumptibus et interesse predictis ac pro omnibus aliis et singulis supradictis
attendendis, tenendis, servandis et complendis ac firmis habendis perpetuo, ut dicta
sunt, superius et expressa, obligo et expresse hypotecho ach astringo vobis, eidem
Michaeli Bonet, et vestris omnia et singula bona, reddittus emolumenta et jura
universa jam dicta prepositure beate Marie de Vilari quecunque sint et ubique
presencia et futura. Et confiteor ac in veritate recognosco vobis eidem Michaeli
Bonet quod dedistis et solvistis et tradidistis michi et ego a vobis habui et recepi pro
intrata huiusmodi accapiti sive stabilimenti unum edum sive cabut bonum pinguem et
receptibilem de quo a vobis per pactatum me teneo et contentum ; renuncians
exceptioni illius per me a vobis non habisti et non recepti et doli omnique alii
exceptioni. Et si predicta omnia et singula que vobis superius stabilio et ad accapitum
concedo et dono plus valent nunch seu inposterum plus valuerint canonibus sive
censibus ac terremeritis et juribus ac directo dominio, laudimio et foriscapio,
predictus totum illud plus valens seu valiturum eiusdem prepositura nomine gratis
inter vivos vobis et vestris dono, cedo et imperpetuum diffinio. Et ego, dictus Michael
Bonet, ibidem presens ac dictum mansum, casale, furni vitrei, patuum [f°145 v],
terras, possessiones, proprietates et ac ligna omnia que alia et singula superius
designata et confrontata a vobis, dicto domino Joanne Benedicto Arnau, preposito
anteffacto ad accapitum sive in emphiteosim perpetuam, sub pactis, condicionibus et
rettencionibus superius expressis et contentis, recipiens et acceptans ea omnia laudo
neo ominuque convenio paciscor et promitto eidem prepositure ac vobis, eidem
domino preposito Vestris in eadem prepositura successoribus illius nomine, quod ego
et mei predictis mansum, casale, furni vitrei , patuum, terras, possessiones,
proprietates et predia superius designatis terminata, mentionata et conffrontatis
tenentes et possidentes dabimus solvemus et faciemus ac prestabimus eidem
prepositure ac vobis, dicto domino preposito, illius nomine, et vestris in eadem
successoribus atque posteris quo damus ad imperpetuum terminis et solucionibus
predictis dictos et superius primo expressos ac mencionatos canones sive census et
unum quemque illorum nec non tam diu quoam diu ego et mei inpredictis successores
exercicium dicti furni vitrei tenuermus et exercieremus eciam dabimus et totaliter nec
ultra, faciemus et solvemus ac eidem prepositure et vobis prelibato domino preposito
et vestris in preffata prepositura successoribus atque posteris annis singulis perpetuo
predictas decem libras ultimo de canone sive censu terminis et solucionibus predictis
racione et re ? dictorum lignorum et ademprius accidentii et usus lignorum
eorumdem per me ? ut superius exprimetur et deducitur dandas, solvendas et

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
prestandas prout superius est mencionatum et expressum et ulterius reservabimus
eidem prepositure et vobis prerepetito domino preposito et vestris in ipsa
successoribus antedictis illius nomine directum dominum, laudimium et foriscapium
tociens quociens predicta omnia et singula de super expressa et repetita per vos michi
stabilita et nomine eiusdem prepositure ad novum accapitum concessa vendantur vel
impignorentur seu aliis quovismodo alienentur in toto vel in parte. Pro quibus
omnibus et singulis synadictis sicut premittitur solvendis et dandis faciendis et
prestandis attendendisque, tenendis, servandis et complendis ach firmis habendis et
eciam reservandis perpetuo ut dicta sunt superius et expressa, obligo et expresse
hypotecho ac astringo eidem prepositure et vobis dicto domino preposito ill [barré
dans le texte] et vestris in illa successoribus atque posteris illius nomine predictis
mansum, casale, furni vitrei, patuum, vinea, terras, possessiones, proprietates ac
predia desup designata et confrontata cum omnibus melioramentis et augmentis que
ego jam for ac acetere ego et mei qualicumque in eisdem fecerimus et pro dictis
censibus sive canonibus ac singulis eorumdem non solutis ac solui cessatis et fallitis
residua omnia alia et singula bona et jura mea mobilia et inmobilia privilegiata et
non privilegiata quecumque sint et ubique presencia et futura et ut promissa omnia et
singula majori gaudeant firmitate nos ambe partes superdicte inc [?] et utraque
nostrum non vi nich doloset sponte juraque in animas vestras pro dominum md de ?
et eius sancte Quatuor Evangelia morbus ? nostris et utrius nostrum corporal. tacta
cuius jurandi religione et vertute permittinus pacisamur et conve nunch una ps
nostrum alteri ab ? vicissun quod nech fecimus nech amoba faciemus cuius preceptu
pro dicta omnia vel eorum aliqua minorem obtineant resoris firmitate. Que fuerunt
data et laudata Perpiniani die duodecimo mensis marcii anno a Natavitate Domini
millesimo quingentesimo tricesimo nono, presentibus pro testibus venerabile domino
Joanne Petro Tamarro, presbitero, canonico ecclesie collegiate divi Joannis eiusdem
oppidi Perpiniani, magniffico Joanne Jou, domicello, domino castri de Villaclara
predicte Elnensis diocesis et me Joanne Anthonio Vilella, notario publico predicti
oppidi Perpiniani infrascripto, qui hec recepi requisitus.
_____________________________________________________________
5 avril 1540
Entente entre Miquel et Hieronim Bonet, verriers de Palau-del-
Vidre, sur l’exploitation des fours à verre de Laroque, Requesens et du
Vilar.
A.D.P.O., 3 E 1/2594, Joan Port, notaire de Perpignan, plech, 1540,
Concordia entre Miquel Bonet y Hieronim Bonet de Palau sobre lo forn del
vidre.
Entre senyer en Miquel Bonet del loc de Palau-del-Vidre de una part y senyor
en Hieronim Bonet del mateix loch de la part altre son de acort e fan e ferman los
pactes seguents. Primerament que per quant lo dit Hieronim mestre Bonet te errendat
del senyor vezcomte de Canet ho de son procurador lo forn del vidre de la Rocha per
temps de dos anys que comensara a correr a Sanct Joan de juny primer vinent en
avans comptadors per preu de XXXX L per [?] es com y per quant dit Miquel Bonet te
un altre forn al terme del Vilar per ço es convengut e concordat que lo dit Jeronim
mestre Bonet per lo dit temps de dos anys lapara lo dit fo deixara de fer y obrar cosa
ninguna en lo dit forn de la Rocha ni durant dit temps aquell no logara ni deixara a
altre persona ni donara favor ni consell ni ajuda a qualsevol altre persona de fer ni
obrar cosa ninguna en lo dit forn ni obrara ni fara obrar ni en lo forn de Requesens
ni en qualsevol altre part cosa ninguna em [?] durant lo dit temps ni dara favor sino
417

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
que lo dit forn de la Rocha stara vacua y sens fer fahena ni cosa ninguna durant lo
dit temps y lo dit Jeronim pagara lo preu de dit arrendament de sos bens e per lo
semblant lo dit Miquell promet et conve que fins los dit dos anys ell deixara de obrar
y fer fahena per temps de altres dos anys apres seguents lo dit forn seu del Vilar y
durant dit temps stara per ell vacuo y sens fer fahena y aquell deixara al dit Hieronim
Bonet lo dit forn del Vilar per que en aquell puga y en les proprietats de aquell e li
sie licit si volra obrar y fer fahena durant lo dit temps de dos anys, y puga fer fahena
alli sot be li vindra y servintse de dit forn del Vilar hage de pagar lo cens ho censall
que dit forn e altres proprietats fan al directe senyor tant solament e que durant dit
temps de dits dos anys se puga aprofitar de les proprietats que pertanyen y son de las
pertinencies de dit forn y que durant dit temps dit Miquel Bonet no obrara ni fara
fahena en qual ningun altre forn, las quals coses prometen ni dara favor consell ni
ajuda a altres. Item es convengut que lo dit Hieronim Bonet deixara com de present
deix al dit Miquel Bonet tot lo vidre entir y trencat y les mascolanyes y salicorn que
ell dit Hieronim Bonet te que [?] preu [?] de dos centes setante ha ccclxxvi grosses de
vidreentir y a raho de xv [sous ou deniers ?] la grossa e mes dos quintars e xxxx
ampolles e mige a° xxxx [sous ou deniers ?] lo quintar e xxv quintars e mig de
mascolanyes salicorn a° xv i [deniers] vi [sous] per quintar e mes vi quintars e una
roba de salicorn a° xvi [deniers] vi [sous] per quintar los quals preus de les quals
coses dit Miquell Bonet pagara ço es del vidre que vendra la mitat del que procehira
de dit vidre tant del seu com del dit Hieronim Bonet fins la quantitat de dites coses sie
pagada e fins los dits dos anys lo dit Hieronim Bonet pendra e rebra de dit ? Miquel
lo sus dit vidre salicorn e mascolanyes que li restaran en lo mateix preu e aquell
pagara en les mateixes pagues e les dites coses las dalt dits prometen tenir e fermar e
complir sots de e no contra venir hi sots pena de cent ducats dor donadora per les
nou pts a la pt obedient e los presents pactes e concordia fermants e la restant de
sena [?] pt a la cort hont seria denunciada [?] al fort de la qual se sotmeten alur
propi for renunciant e axi ho jure [etc..].
Die quinto aprilis M°D° xxxx° dicti Michael Bonet et Hieronim Bonet
laudarunt et [?] dictam concordiam ich et non contravenire ich [?] sub dicta pena
centum ducats [etc..].
Suivent de deux quittances du 12 décembre 1542, une du 25 août
1552, par la veuve de Miquel Bonet, et une du 31 août 1553.
_____________________________________________________________
1er avril 1554
Joanna, veuve de Miquel Bonet, [verrier] de Palau-del-Vidre,
afferme pour un an à Galderic Sobrepere, habitant à Villelongue-dels-
Monts, huna casa o forn de vidre qui es al Vilar ab totas sas pertinencias
soes camps guariguas orts fruytes, qui appartenait à son mari, pour le
prix de 20 livres du Roussillon. Galderic Sobrepere doit réparer
(adobar) le four.
A.D.P.O., 3 E 1/3317, Pere, notaire de Perpignan, plech, 1554, rédigé
à Palau-del-Vidre.
418
En lo loch de Palau al primer de abrill,
Yo Joanna muller relicta del senyor en Miquel Bonet quondam del loch de
Palau thenint y poseint los bens del sus dit son marit per son dot y ? aquel ab benefici
de inventari, de grat y de certa siencia fas [ou fos] arendament de huna casa o forn

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
de vidre qui es al Vilar ab totas las pertinencias soes camps guariguas orts fruytes tot
lo que lo dit Miquel Bonet quondam thenia y poseya en lo dit terma del Vilar ? senyor
en Gualderich Sobrepera abitant en lo loch de Vila longua del Mont per pru de XX
liures moneda corent en Rocello per un any y va dit arendament que lo dit Sobrepera
comensara lo dit arendament lo Sant Joan de juny ? prop vinent y finira lo sant Joan
de juny de l’any 1555 y va de aquest modo seguent soes que lo dit Gualderich Sobre
pera puscha sembrar y conrear las ditas terras y guariguas y orts lo que ahel ben vist
li sera y dit preu o la mitat de la pagua que son x L ha de adobar la casa o forn soes
en comensar la en ? ? o per tot lo mes de agost ? prop vinent y aso ha de fer adobar
lo dit Sobre pera en rebetament (?) de las sus ditas x L y las altras X L acompliment
de pagua ha de donar y paguar a la sus dita Joanna Boneta viuda lo ? ? ? prop
vinent, y per mayor seguretat lo dit Gualderich Sobre pera ne obligua sos bens
presents y es devenidors ha hont ? ni ahont ? apena de ters y salaris de not. y
procuradors y misatges y portes etc.. renunciant son propi for sometent se ea aquella
cort ? ha hont ne volia avers recors tant ea la cort secular com ecclesiastiqua he a
priso jura ho servia he lo ha he jura etc.. y axi mateix la sus dita Joanna Boneta
viuda li fa valer y tenitans en ? poseit lo dit arendament per tot lo temps de sus
nominat no per judicant lo dret ? si ni auran sots obliguacio de sos bens he axi ho
jura e loha etc. testes Pera de la Ferrera y Arnau Picola tots del loch de Palau y yo
Miquel Palomer sustituit he jurat del me Pera Fabre notari etc.
_____________________________________________________________
1575
Testament de Galderic Sobrepere, verrier de Laroque.
A.D.P.O., 3 E 1/2714, Antoni Joli, notaire de Perpignan, plech, 1575.
[manque le début]. Mil sinch cens satanta [manque].
Per quant ninguna persone en carn possada no pot fugir a la mort corporal ni
ten poch esquepar al gudisci de nostre [seyor ?] deu.
Per so yo galderich sobrepere vidrier del loch de la Rocha de tingut de
algune in firmitat de le qual tem morir desigant fugir a les penes ynfernalls inar a le
glorie de peredis sie[illisible] per so ebtut mon bon cor y enteniment y plene integre
me morie y lo quelles fas y orden quest meu y ultim testament loqual dis poch de mos
bens les cos ses de bax escrites.
rensiant tust y quals evol testements o codesills per mi son fets sins lo die pnt.
Primerement of ferech le anima mie alltiscim cridor qui aquelle de non res a
criada.
Itm [sic] lex le sepul ture delmeu cos faedore al samenteri soterar de sant
felliu del loch de la rocha al loch unt lus meus scoter a coneguda demos menimesus.
Item lex en lo die de le sepulture novene y cap de any sis capellans misa
cantans los quals vul pregen a Deu per le mie anima en mises o set sams o altres
oresions vul los sie donat lo sallari a costomat.
Item lex meni mesus y de aquest meu testement ab xequturs seyer en gillemet
stremer de la rocha mon coyat y mon germa Gironi So brepere del loch de Villelonge
del Mont els qualls do plen poder de ab xequtar y dis tribuir demos bens fins atant les
coses qui sien conpilides y [illisible] els qualls dex per lurs trebals per quisqu dells
sich sous.
Item mes vul y man sien sogides les noumisces abu fertes y comenar [manque]
a conegude de mos menimesus.
419

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Item en remi cciu de mos pecats y per lanime mie [eselvalr ?] dus trentenaris
de mises de sant emedur las qualls vul sien sellebrats [hu ?] a lesglessi de sant esteve
deville longa del mont per mo. pere rebtat de le dite sglesie y laltre per m° jauma
camp franch beneficiat deles glesie desant felliu del loch dele Rocha vul sie salebrat
en dite esglesie ells qualls vul lus sie donat lo sallari acostomat.
Item lex anentoni fil meu y de me mollr netoral joana q°.
Item mes dex als bescins ordenaris discorents en le dite sglesie desant felliu
un sou per quis qu y el besci de les ani mes tres sous.
Item lex anan na fille mie molar de jauma bruscio y de memoller netoral
juana q° sich sos y eso per part heretatge y per qual sevol drets en mos bens porie a
consaguir.
Y enes peransa moller netoral den pere tellede devillelonge del mont vidrier y
fille mie y de me moller quondam Johana sich sous y eso per per part heretatge y per
los drets porie a consegir en mos bens.
Yene merquese fille mie y de le dite q° me moller vint y quatre liures mo nede
de perpinya y un ves tit soes fiscet y gunelle de qual sevol drap septu que no sie drap
fi laqual dites vint y quatre liures y dit vestit vul lisie donat per edot quant ce
cassaran laqual vul li pa[ga ?] mon ereter de mos bens.
Yengreida fille mie y dele dite me moler q° vint y quatre liures y un vestit soes
feset y gunille de hun drap [?] septu queno sie trop fi item mes ul [sic] y man que al
dite Craide sien donades quin se liures in monede de perpinya les qualls tinc jo
resebudes de mon coyat engilemet les quals [elli da ?] en son testement [in fe fur dem
re m ?]
[manque] liures y dites robe y les dites quinse liures vul li sie donat quant se
casaran en dot.
Item lex enen calderich fil meu y de le dite memoller q° vint y quatre liures
monede de perpinya y eso per art leritage de mos bens les quals vul lisien donades
quant se casara y que mon ereter lo tinge calsat y vestit be i degudement qun forme le
posobitat de le casa.
Itm [sic] mes dex anen gespar fil meu y dele dite me moller q° altres vint y
quatre liures monede de perpinya les qualls ul [sic] li sien donades quant se casara
per mon ereter y que mon ereter lo tinge a fer le despesse y calsat y vestit con for me
le po siblitat dele casa fins atant li casat.
Item fas y constituesch ereter meu univer sal anentoni fil meu y dele dite me
moller q° de tuts mos bens imobbles iunt [?] qusien nis tro beran y que de aquexus
puge fer ason pler y vendre y donar a qui beli aperira a tutes ses vulluntats sen
darningun con fe.
De quals vul testimo a mestre pere vedrier y bernat bianya yuan talle ferre y
juan dele farga y pere talle fere y bernat regi y frenses terades.
_____________________________________________________________
23 novembre 1634
Contrat commercial entre Nicolau Dotres, pagès et batlle de
Villelongue-dels-Monts, pour l’afferme de la verrerie du Vilar, avec
Baldiri Roure, Bartomeu Colomer et Joan Pere Sabater, verriers.
A.D.P.O., 3 E 1/5837, Blasi Canta, notaire de Perpignan, plech, 1634,
Acta de companya entre lo honorable Nicolau Dotres, balla de Vilallonga,
420

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
Baldiri Roure, Barthomeu Colomer y Joan Pere Sabater, del arrendament
del forn del vidre.
Die 23 mensis novembris anno Domini 1634, in loco de Vilallonga de Monte.
Lo honorable Nicolau Dotres, pages y balla dell loch de Vilallonga del Mont,
de una part, y Baldiri Roure, Barthomeu Colomer y Joan Pere Sabater, tots vidriers,
de part altre, de son grat y serta sientia, convenan y prometan fer companya tot lo
temps y espai de quatre anys, comensant a correr de la festa de Nadal proxim vinent
en avant, en fer treballar lo forn del vidre del Vilar, ab los pactes, tractes y
condicions baix scrits, prometent que tindran tot lo baix tractat per fet y agradable,
sots la pena y jurament devall escrits.
Primo es tractat y concordat entre ditas parts, que tot lo que sera nacessari
per fer treballar dit forn tots junts compraran y ho pagaran, y mes lo profit eo
perdua, sini aura, pagaran tots igualment.
Item es pactat y concordat que tot lo vidre ques fara en dit forn se portara en
lo lloch de Vilallonga, a una botiga ho casa alli hont ben vist sia a tots, y de aqui lo
anira venent, y dit Dotres conve y promet donar compta y raho de dit vidre, sempre
ques vendra, o altrament, y tot lo ques vendra al forn, dits vidriers convenen y
prometen donarne bo y lleal compta.
Itam es pactat y concordat entre ditas parts que tot lo temps y espay dels dits
quatre anys, de dita companya, tots junts convenen y prometen en donarse compta los
uns als altres cada diumenge, y qui sera deutor que pach lo que sera debedor a dita
companya.
Item es pactat y concordat entre ditas parts que lo vidrier que vagara o
faltara per sa culpa un jornal o molts lo dia de treball, que aquell dia pagara a la
dita companya tres reals per quiscun dia dia que vagara per dita sa culpa, y en aso
no si compren malatia, que en tal cas vol dita companya que sia exemp de pagar dits
tres reals.
Item es pactat, convingut y concordat, entre ditas parts, que lo dit honorable
Dotres donara per considerasio que ell no es vidrier, ni tampoch per son compta
[hia ?] de aver vidrier, donara a la dita companya quatre carregas de blat quiscun
any, dorant lo temps de dita companya, lo qual blat se gastara en dit forn y no
altrament, pagador dit blat la primera apoga ara de present en entrant de treballar
en dit forn.
Le même jour : Ditas parts, so es dit honorable Nicolau Dotres, de una part,
y dits Baldiri Roure, Barthomeu Colomer y Joan Pere Sabater, vidriers predits, de
part altra, gratis etc. [llo.. ?] approban y retifican tot lo contengut en los sobre dits
capitols, y aquells prometan fer valer y tenir, y en res no contredir, sots la pena de
vint y sinch ducats aplicadors, la mitat a la cort ahont sera avisada la pena, y l’altra
mitat a la dita companya, per las quals cosas tots junts ne obligan sos bens, y ab
jurant de quibus etc.
Testes me Ant. Nuell, fuster dell loch de Vilallonga del Mont, Ant. Costasa,
pages dell loch de Albera et Galdericus Motinyo per Canta, notarius.
_____________________________________________________________
421

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
25 août 1636
Concorde entre Nicolau Dotres, pagès et batlle de Villelongue-dels-
Monts, et les verriers exploitant la verrerie du Vilar .
A.D.P.O., 1 E 613, famille d’Oms (Montesquieu), 1382-1674, Acte de
concordia entre Nicolau Dotres y Bartomeu Colomer sobre lo forn del vidre
[autre analyse figurant aussi au dos de l’acte : Acta del forn del vidre entre
Nicolau Dotras y Barthomeu Colomer].
422
Die 25 augusti 1636, in loco del Vilar, loco vocato lo forn del vidre Elnensis
diocesis.
Per quant lo honorabe Nicolau Dotres, pages y balla del lloch de Vilallonga
del Mont, Barthomeu Colomer, Baldiri Roure y Joan Pere Sabater, tots vidriers,
tenian companya feta del forn del vidre que es situat en lo Vilar, conforme consta ab
acte en poder del notari devall escrit, y com tots junts unanimes y conforme an
concordat en rompre y desfer dita companya. Perso y altrament los dits Baldiri Roure
y Joan Pere Sabater, de son grat y certa siensia, renunsian tota part, drets y accions
del dit forn als dits honorable Dotras y Barthomeu Colomer, ab totas sos farramentas
y mobles e instruments del forn, y lo dit forn, y tot lo que es dintra dit forn ab los
pactas, tractas y condicions seguents, y los dits honorable Dotras y Barthomeu
Colomer, presents, acceptan dita renunciacio de dit forn, ab tot lo demes com dalt
esta ab los pactas, tractas y condicions seguents,y dits honorable Dotras y Barthomeu
Colomer comanan y prometan tenir y servir entre ells los pactas seguents.
Primo que compraran per dit forn tot lo que sera necessari mitjerament, y lo
profit y util que exira de dit forn se partiran igualment, so es ab dos iguals partides, y
la una part sera del dit honorable Dotres, y l’altra part igual del dit Barthomeu
Colomer, prometent com al altre darse bo y lleal compta, y ab jurament de quibus etc
prometent totas las pars tenir y servir dits pactas y tractas dalt dites, sots obligasio de
sos bens, y ab jurament de quibus etc.
Testes Gastonus Riu, brasserius loci de Vilallonga de Monte, Michael Dotras,
agricola loci de Rupe et Galdericus Matinyo, substitutus qui vice per Canta, notarius.

LA MINE DE FER DE PUYMORENS (CERDAGNE) :
Conflits de propriété et d’usage
(XVII e -XX e siècles)
André BALENT*
Le gîte minier1 du Puymorens [Pimorent] a la particularité d’avoir été
exploité pendant plusieurs siècles, et ce en dépit des caractéristiques de son
implantation, l’altitude (entre 2080 et 2200 m) et la pente2. Il est situé dans
l’actuelle commune de Porté-Puymorens3, en Cerdagne.
QUEROL [CAROL], UNE COMMUNAUTÉ VALLÉENNE DE
CERDAGNE
Jusqu’en 1838, le mener de Pimorent relevait de la commune de la
Vallée de Carol [Querol], qui, en 1790, prit le relais d’une vieille communauté
valléenne. La Vallée de Carol était une des plus vastes communes des
Pyrénées-Orientales4.
* CRHiSM - U. de Perpignan.
1 Lieux-dits cadastraux de “ lou Mané ” ( lo mener) et “ Manés ” ( Meners) de la commune de
Porté-Puymorens. Voir aussi la Canal dels meners de la carte I.G.N. au 25000 e , TOP 25,
2249 OT.
2 H. BERLAND, “ Les mines et les carrières des Pyrénées-Orientales ”, in Actes du congrès
de Perpignan, de la Fédération pyrénéenne d’économie montagnarde, Toulouse, 1938,
pp. 252-274 [mine du Puymorens, p. 265].
3 Ce ne fut que par le décret du 15 juin 1954 que la commune de Porté prit le nom de “ Porté-
Puymorens ”.
4 Avec 127,24 km² de superficie, la Vallée de Carol, groupant 10 villages ou hameaux, était,
avant sa scission, la seconde commune des Pyrénées-Orientales, juste après une autre grande
commune montagnarde, Prats-de-Mollo, s’étendant sur tout le bassin supérieur du Tech :
avant la scission (1862) de la commune du Tech – 25, 18 km² – Prats-de-Mollo avait une
superficie de 145,09 km².
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 423 - 451 423

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
424
Localisation de la mine de Puymorens
La division de la Vallée de Carol, en deux (1836-1838)5, puis en trois
(1860)6 communes disloqua définitivement cette vaste entité pluriséculaire.
Toutefois, comme nous le verrons, le sort de la mine de Puymorens concerna
les trois communes issues de la Vallée de Carol, même si Porté et Porta
furent davantage concernées que Latour-de-Carol. En effet, le gîte implanté
dans des terrains communaux de la Vallée de Carol, traditionnellement
utilisés comme pacages, demeure dans un premier temps dans l’indivision
entre les deux communes issues de la première scission, Latour-de-Carol et
Porta-Porté. Mais de fréquents incidents et affrontements imposèrent une
division des territoires pastoraux de la haute vallée de l’Ariège7. Ce territoire
5 La partition (entre Latour-de-Carol et Porté-Porta) devint effective en 1838, après une
longue négociation (André BALENT, “ Les empreintes de Sant Quintí, limites paroissiales au
Moyen Âge et conflits territoriaux lors de la partition de la Vallée de Carol en 1836-1838 ”,
communication au colloque en l’honneur de Jean Abelanet (Université de Perpignan, mai
2001, sous presse).
6 Scission entre Porté et Porta.
7 Jacques CHURET, La Tour, héritière de Quérol (1838-1971), Imprimerie Louis Sensevy,
Perpignan, 1972, pp. 16-28. Le décret de partage des vacants communaux fut pris en 1849 et
entra en application après l’été 1851. Le bornage n’intervint que le 16 septembre 1909

ANDRÉ BALENT
était partagé depuis le Moyen Âge entre la Vallée de Carol et les paroisses
d’Encamp et de Canillo, dans les Vallées d’Andorre et échappait donc à la
communauté fuxéenne de Merens qui ne renonça pas jusqu’aux procès du
XVIIIe siècle à s’en assurer la maîtrise. Carol eut donc la possession de la
baga de la haute vallée de l’Ariège, alors que les Andorrans conservèrent la
solana. À noter qu’à la fin du XIIIe siècle, Puigcerdà conservait des intérêts
pastoraux dans le territoire de Querol, au point qu’en 1297 il fallut conclure
un accord8. Aucun de ces textes ne fait allusion à une éventuelle exploitation
du mener.
(Ibidem, p. 93).
8 Voir les textes (1294, 1297) publiés en 1926 (Mossèn MARTÍ SANJAUME, Dietari de
Puigcerdà amb sa vegueria de Cerdanya i sots-vegueria de Vall de Ribes, II, Impremta
mariana, Lleida, 1928, pp. 652-654 et pp. 662-669, 21 mai 1297, sentència arbitral entre
Puigcedà et la vallée de Querol, sur l’utilisation des pasquers de Querol, repris in Josep Maria
GUILERA, Unitat històrica del Pirineu, Editorial Aedos, Barcelona, 1964, pp. 84-91, textes
de 1294 et 1295).
425

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
Après 1860, Porta et Porté conservèrent en indivision leurs territoires
sis dans la baga de l’Ariège. La mine se trouva dans des terrains indivis,
juste à la limite des propriétés de Latour-de-Carol : le transport des minerais
extraits de la mine vers l’aval concerna donc aussi cette commune. Cette
indivision fut remise en question par Porté. Le 29 juin 1892, la commune de
Porté assigna celle de Porta devant le tribunal de Prades : l’audition pour
procéder au partage des vacants indivis était prévue pour le 13 décembre.
Mais ce jugement, signifié le 7 février 1893, resta lettre morte. Le 19 avril
1916, une délibération du conseil municipal de Porta, nous apprend que le
partage fut à nouveau exigé par une délibération du conseil municipal de
Porté daté du 19 mars 1916. La commune de Porta entendait poursuivre
l’exécution du jugement du tribunal de Prades du 21 décembre 1891 mais
demandait au préfet de refuser momentanément la requête de Porté et
d’attendre la fin de la guerre pour procéder au partage en suspens. Leur division
fut à nouveau évoquée par les élus de Porta le 26 février 1920, mais ce
ne fut qu’en 1931 que l’on procéda, non sans difficultés, au bornage (Henri
Lledos étant le géomètre choisi par la commune de Porté) définitif des
communaux indivis9.
La partie de la baga où est situé le mener se situe entre le riu de
l’Estoredor et le rec de Baladrar qui, tous deux sont des affluents de
l’Ariège. L’exploitation est implantée sur le versant septentrional du bien
nommé pic de la Mina (2683 m).
L’UTILISATION DU FER DE PUYMORENS
Il est évident que le produit de la mine fut convoité par les maîtres de
forges actifs dans plusieurs régions parfois très éloignées de la Cerdagne.
Avant 1660, il était à peu près exclu que les forges du Comté de Foix pussent
avoir accès à ce minerai convoité. Il n’en fut plus de même après
l’intégration du “ Pays adjacent de Cerdagne ” dans la nouvelle province
française de Roussillon. N’oublions pas que le mener, bien que cerdan, se
situe sur le versant atlantique, c’est-à-dire fuxéen, des Pyrénées et était donc
bien plus proche des centres de la métallurgie ariégeoise. Pourtant, le seul
fait d’être situé, administrativement, en Cerdagne (communes de Querol ou
de Porté, comté de Cerdagne, province de Roussillon et département des
Pyrénées-Orientales), d’avoir été concédé pendant trois siècles à des Catalans,
restés dans la mouvance espagnole ou exploité par les habitants de la
vallée de Carol tournés vers le versant sud des Pyrénées permet de
comprendre pourquoi le fer du Puymorens était transformé, non seulement
9 A. C., Porta, registre des délibérations du conseil municipal de Porta.
426

ANDRÉ BALENT
en Cerdagne, mais aussi en Andorre, dans le Berguedà10 et dans le Ripollès.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Barutell et les Sans, nobles métallurgistes,
avaient, nous le verrons, leurs intérêts sur le versant sud, ce qui explique que
ce côté des Pyrénées ait été le lieu de destination prioritaire du minerai.
Nous verrons, au fil des péripéties qui émaillèrent divers conflits
d’usage entre les parties en présence, quels furent les lieux où fut transformé
le minerai de Puymorens. Nous signalerons simplement que, dans le dernier
quart du XIXe siècle et de 1918 à 1960 l’exploitant étant la S.M.A., fermier
amodiataire ou concessionnaire ou les sociétés qui lui succédèrent de 1930 à
1961, le minerai fut d’abord destiné aux hauts fourneaux de Tarascon puis de
Decazeville.
DOMAINE ROYAL
Les mines faisaient partie du “ Reial patrimoni ”, puis (après 1659)
du domaine royal. Le roi pouvait toujours les concéder. En contrepartie, le
fisc percevait des droits. Ces droits s’élevaient au XVIIIe siècle à 1/16e du
fer extrait11. La perception des droits fut soumise à adjudication pour une
durée de six ans, à compter de 1775. Quatre adjudicataires se succédèrent
entre 1775 et 1789. Seul le premier, François Paris, était de Perpignan. Les
deux autres, Thomas Olibe, pagès à Riutés et Antoine Gavanyach de Porté,
étaient des Querolans12.
DE LA CONCESSION ROYALE DU XVII e SIÈCLE À LA
CONCESSION À UNE SOCIÉTÉ CAPITALISTE
Les mines, ainsi que, de façon générale, le sous-sol faisaient partie du
domaine royal, le Reial patrimoni, des comtes-rois de Catalogne et
d’Aragon. Un particulier pouvait obtenir une concession afin d’exploiter un
gîte minier. Mais comment interpréter une concession située par ailleurs
dans des terrains communaux, des pacages d’altitude, appartenant à une
communauté valléenne comme Querol ? Cette ambiguïté sera à la source de
conflits d’usage.
10 Au début du XVIIIe siècle, le fer de Puymorens alimentait la forge de Bagà (Berguedà) qui
produisait “ un acer de la millor qualitat ”. Les Querolans qui livraient leur fer ramenaient
du sel, de Cardona vraisemblablement (Pere MOLERA i SOLÀ, Consol BARRUECO i
JAOUL, Llibre de la farga, Rafael Dalmau editor, Barcelone, 1983, p. 53).
11 Guy RIBES, La mine de fer du Puymorens, A.D.A.P. E.A.I., Toulouse, 1988, p. 2.
12 RIBES, op. cit., p. 3 et pp. 26-27.
427

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
Dans ce paragraphe nous n’examinerons que les concessionnaires, en
laissant provisoirement de côté les usufruitiers, les fermiers et les amodiataires.
Pere Costa, de Puigcerdà
Les habitants de Pal (commune d’Ordino, en Andorre) avaient obtenu,
le 28 novembre 1623, le droit d’exploiter les mines de fer de la montagne de
Pimorent, dans la vallée de Querol. Mais elles furent en définitive concédées
à Pere Costa, de Puigcerdà, le 3 septembre 162413 qui entreprit des travaux
sur des affleurements à faible profondeur14. Cette concession s’effectue à un
moment où la métallurgie “ à la catalane ” connaissait une expansion
notable dans la partie orientale des Pyrénées, de chaque côté de la frontière
qui délimitait les deux monarchies, française et hispanique15. Le Puymorens
était situé à proximité de celle-ci et sa mine pouvait faire l’objet des
convoitises les plus diverses. Il n’est donc pas étonnant que le pouvoir royal
se soit empressé, à une époque où les tensions politiques et militaires étaient
susceptibles de ressurgir à tout instant, de concéder ce site, difficile d’accès,
à un citoyen de Puigcerdà, capitale du comté de Cerdagne dont relevait la
communauté valléenne de Querol. Nous ignorons qui était ce Pere Costa.
Sans doute un de ces entrepreneurs de l’artisanat, si nombreux dans la
Catalogne pyrénéenne d’alors. Ce qui ne fait aucun doute, c’est que sa
petite-fille, qui hérita de ses biens, avait épousé Josep de Barutell, issu d’un
lignage nobiliaire catalan et pyrénéen.
Les Barutell
Les Barutell, seigneur d’Oix, Talaixà et Bestrecà, dans la haute
Garrotxa, aux confins du Vallespir, et Puig Barutell dans l’Ampourdan
étaient eux aussi intéressés par la métallurgie. Ainsi, le 21 novembre 1588,
don Antich de Barutell, donzell, affermait une forge au Tech (localité alors
située dans le territoire de Prats-de-Mollo)16. Le 10 février 1606, Antich de
13 BERLAND, op. cit., p. 265 ; repris par Guy RIBES, Faits et images du temps passé, La
mine de fer du Puymorens, A.D.A.P. E.A.I, Toulouse, 1988, p. 2.
14 BERLAND, op. cit., p. 265.
15 Pour les Pyrénées-Orientales, on lira avec profit Véronique IZARD, “ La « révolution
industrielle » du XIVe siècle. Pouvoir, enjeux, gestion et conflits autour d’un patrimoine
minier, sidérurgique et forestier convoité (Pyrénées catalanes, France) ”, Domitia, 2,
Perpignan, 2002, pp. 43-62.
16 A.D.P. O., 3 E 20/19, B. Anglada, P. Llavanera, A. Juanyas, notaires d’Arles, manuel,
1588-1589, f° 33 rto, 21 novembre 1588.
428

La mine de Puymorens (photographie, A. Balent, 1982)
ANDRÉ BALENT
Barutell et Christophe de Barutell obtinrent une licence pour prospecter les
montagnes de Prats-de-Mollo et de N-D du Coral afin d’y trouver, entre autres,
de l’or, de l’argent, du plomb, du cuivre, de l’étain17. Ce fut Josep de
Barutell y de Cabrera, baron d’Oix, qui épousa Contesina Costa y Cadell18,
fille de l’acquéreur de la concession de la mine du Puymorens. À partir de ce
moment, la concession demeura en possession des Barutell. Joan de Barutell
y Costa épousa en 1696 Maria Magdalena Esprer y de Copons19. Ces
quelques remarques permettent de rendre compte des politiques d’alliances
matrimoniales des cases Costa et Barutell. À noter que la famille fut
impliquée dans la guerre entre les deux monarchies, française et hispanique
(1635-1659), ce qui explique qu’elle fixa sa résidence à Perpignan. Un de
ses membres éminents, Llorenç de Barutell i Puigmarí, chanoine de la Seu
17 A.D.P. O., 1 B 438, Manuale Curie, XXXV, 1602-1606, f° 263 rto, 10 février 1606.
18 Les époux eurent un fils, Joan, et une fille, Maria Theresa, baptisée à Puigcerdà le 28 août
1657 et qui épousa (1690) Francesch de Pastors, cavaller, seigneur d’Enveitg (Philippe
LAZERME, Noblesa catalana. Cavallers y burgesos honrats de Rossello y Cerdanya, volume
III, Imprimerie centrale de l’Ouest, La Roche-sur-Yon, 1977, p. 34). Toutefois, ils résidaient
plutôt à Perpignan, ayant des intérêts multiples dans la plaine du Roussillon A.D.P. O.,
archives diverses.
19 LAZERME, op. cit., T. II, 1976, p. 97 et T. III, 1977, p. 49 et p. 67.
429

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
d’Urgell fut un ami de Pau Clarís et, en sa compagnie, se dressa contre
l’évêque Pau Duran20. Partisan inconditionnel de l’intervention française en
Catalogne, Llorenç de Barutell fut l’émissaire de la Généralité à Paris en
1640. Après la chute de Barcelone (1652), il s’installa en Roussillon et participa
à l’administration de la zone de la Catalogne restée sous administration
française, jusqu’à la signature du traité des Pyrénées21. Chancelier de
Catalogne, il testa à Perpignan le 24 octobre 1658 et institua héritier son
neveu Hug de Barutell, décédé en 1664 et enterré dans le cloître-cimetière de
Saint-Jean22. Josep de Barutell était l’époux de Contesina Costa, de
Puigcerdà.
Mais les Fuxéens, après l’annexion du “ pays adjacent de Cerdagne ”,
pensèrent qu’ils pourraient s’emparer d’un gisement convoité. Ainsi, en
1664, Jean Balesta, “ marchand & notte [notaire] royal de la ville d’ax, en
foix, garde & conseruateur de toutes sortes de mines quy sont & se trouventdans
les comtés et pays de foix, cerdaigne et andorre ” adressait une
supplique à “ Monsieur le commissaire général et souverain du Domaine du
Roy de Roussillon, Conflent et Sardaigne ”. Il s’élevait contre le fait que les
Querolans, avec, à leur tête leurs syndics et consuls, continuassent d’ “ inféoder
” les mines de fer “ quy sont & se trouveront au della de
Torrentpregon et la latte Jusques au Pat (sic) de la case ”23. Ces derniers
étaient apparemment sûrs de leur bon droit, tout comme le sieur Balesta qui
se prévalait de lettres patentes signées par le roi Louis XIV et la reine régente
(15 décembre 1650) et enregistrées par la Cour du patrimoine royal de
Cerdagne le 10 août 165124. Il s’agissait, pour le roi, de dédommager Jean
Balesta : les armées royales, de passage à l’Hospitalet dans leur route vers la
Catalogne (1644), avaient détruit une “ moline ferral ” lui appartenant.
Francesc de Sagarra, dans la lettre qu’il adressa25 au “ commissaire général
et souverain du domaine du roy de Roussillon, Conflent et Sardaigne ”
donna raison à Jean Balesta et fit notifier sa décision au syndic de Querol par
le Rd. Miquel Font, “ rector de St Canti y sant Marsal ”. Cela signifiait en
clair que les époux Barutell étaient dépossédés de leur concession. Pourtant
20 Favorable au pouvoir royal, alors que les deux chanoines étaient favorables aux institutions
catalanes.
21 Eva SERRA, “ Barutell i Puigmarí ”, Gran enciclopèdia catalana, 3, Edicions 62,
Barcelona, 1971, p. 281.
22 A.D.P. O., 1 E 82, famille Barutell.
23 A.D.P. O., 1 Bp 739.
24 Ibidem, enregistré par Me “ Benedictus Cases ”, notaire public de Puigcerdà, dans le
registre du Real patrimoni du comté de Cerdagne (10 août 1651).
25 Ibidem, Perpignan, 26 juillet 1664.
430

ANDRÉ BALENT
le lignage des seigneurs d’Oix avait donné des gages à la monarchie
française et nombre de ses représentants, qui, nous l’avons vu, résidaient
pour l’heure à Perpignan, ne pouvaient accepter d’être dessaisis de gaieté de
cœur d’une partie de leurs biens, au profit d’un rival, fuxéen, de surcroît.
Quoiqu’il en fût, Jean Balesta ne conserva point la concession qu’il convoitait.
Elle fut saisie à une date qui nous échappe. Huit ans plus tard, Francesc
[Francisco] de Sagarra dut reconsidérer leur cas.
En 1672, en effet, les époux Barutell s’élevaient contre l’ “ empara
real de la mena de ferro que dits conjuges de Barutell tenen en la vall de
Querol, Paÿs adjacent de Cerdanya ”26. Ils eurent gain de cause. Une sentence
du Conseil souverain du Roussillon (5 mai 1673) reconnut leurs
droits27. Plutôt que “ propriétaires ”, comme on peut le lire parfois sur certains
documents, ils demeurèrent cependant ce qu’il convient de qualifier de
“ concessionnaires ” de la “ mine ” du Puymorens28. Celle-ci était davantage
une exploitation à ciel ouvert. Un technicien du XXe siècle, G. Berland,
estimait, en 193829, que l’on n’effectua sur le site que des travaux “ sur les
affleurements ou à faible profondeur ”. Pour l’heure, la situation était ambiguë.
On verra que plus tard, au XIXe siècle, cet aspect des choses acquerra
toute son importance lorsque la législation française (loi de 1810) concernant
les mines et les carrières aura clairement établi la distinction entre les “ soussol
” et la surface et permettra de bien séparer la “ minière ”, exploitation de
surface, en carrière, de la “ mine ”, exploitation de sous-sol.
26 A.D.P. O., 3 E 1/5997, correspondance entre Francesc (ou, plutôt, Francisco) de Sagarra et
Miquel Rovira, notaire à Perpignan, 22 juillet 1672.
27 RIBES, op. cit., p. 2 et 25.
28 A.D.P. O., 1 Bp 661 : à noter que Ramon de Rocabruna, donzell de Perpignan a fait
effectuer des “ criées ” (cridas) (29 janvier 1679 et 10 fevrier 1680) afin de construire une
forge au lieu-dit de la Llata, “ al cap de la vall de Carol, a la solana de Andorra ”. Le second
document mentionne deux publications de l’avis. L’une fut faite “ en la plassa del lloch de
Carol ” ; furent témoins : Francesch Marti, Francesch Roser, pagesos du lieu et Francisco
Raurez, “escrivent ” de la viguerie du “ pays adjacent de Cerdagne ” et rédacteur du
document. Les témoins de la seconde, qui fut faite à la Solana de Andorra, “ fargayres ”
fuxéens ou Cerdans, habitants Enveitg (Bernat Vidal, “ treballador ”) et Puigcerdà ( Josep
Palau)…, suggèrent qu’ils étaient les premiers intéressés par l’exploitation ce cette forge dont
on peut penser qu’elle n’a fonctionné que de façon épisodique et pendant de brèves périodes.
La localisation de ce projet significatif montre que la construction était envisagée à proximité
était du Mener de Pimorent, sur les bords de l’Ariège car le document de 1679, signé par
Francisco de Sagarra, président du Conseil souverain de la province de Roussillon, parle de
“l’aigua de la Ribera dita de la Solana de Andorra ” (= Ariège, à cet endroit limite entre
Andorre et la vallée de Querol, cf. supra).
29 BERLAND, op. cit., p. 265.
431

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
En 1706, Joan de Barutell qui résidait à Puigcerdà et qui possédait non
seulement la mine de Puymorens mais, également, une forge dans la vallée
de Carol (en fait à peu de distance du gîte, cf. la note 28), figurait sur une
liste de personnes susceptibles de voir leurs biens confisqués du fait de son
engagement en faveur de l’archiduc Charles d’Autriche, pendant la Guerre
de Succession d’Espagne30.
Des Barutell aux Sans
Le lignage des Barutell s’éteignit avec Maria Ana de Barutell, fille de
Bonaventura de Barutell i Esprer, dernier baron d’Oix, Bestrecà i Puig
Barutell. Celle-ci épousa (25 octobre 1747) Ramon de Sans i de Sala, baptisé
le 24 juin 1730 à Arenys de Mar et décédé dans cette localité le 16 décembre
1791. Leur fils Bonaventura de Sans i de Barutell hérita les biens paternels et
maternels, parmi eux, la “ concession ” (que l’on confond volontiers avec
“ propriété ”) du Puymorens. Il mourut le 5 octobre 180631. Ce fut donc de
manière très naturelle que l’on passa des Barutell aux Sans qui demeuraient à
Barcelone plutôt qu’à Arenys où ils avaient une résidence.
Les marquis de Sans, avant 1789, “ imposaient ”, d’après Bonaventure
Vigo Grau, maire de Carol, la consommation du minerai de fer de
Puymorens aux forges de Bagà, d’Andorre et, même de Campdebano
(Campdevànol), dans le Ripollès, bien que cette dernière ait “ plus à portée
un autre minerai ”. Pour utiliser le fer du Puymorens, la forge de
Campdevànol payait aux marquis de Sans “ une rente de 700 # cat[alanes]
qu’elle paye aux dits Sans ”32. Mais les bouleversements provoqués par la
Révolution, firent tomber en désuétude la concession qui appartenait aux
Sans. La commune de Carol exploita le gisement pour son propre compte.
Mais tout ceci demeurait ambigu, surtout depuis le vote de la loi de 1810 qui
définissait les modalités d’exploitation et d’extraction des minerais. Le 23
juin 1834, Jean Gomma33, juge paix et maître de forges, et le marquis
d’Orgeix, maître de forges également, demandaient officiellement la concession
de la mine de Puymorens et faisaient afficher cette demande dans les
divers lieux publics de la vallée de Carol34. Ils s’engageaient, à l’exception
30 RIBES, op. cit., p. 2.
31 LAZERME, op. cit., T. III,1977, p. 235.
32 A.D.P. O., 8 S 8, lettre de Bonaventure Vigo Grau, maire de Carol, au sous-préfet de
Prades, 2 avril 1825 (réponse à des questions du sous-préfet).
33 Sans doute descendant lointain du Joan Gommar dont nous parlerons dans le § suivant.
34 A.D.P. O., 8 S 76, Avis au public, pétition adressée au préfet des Pyrénées-Orientales par
Gomma et le marquis d’Orgeix (Ax, 23 juin 1834), accompagnée d’une analyse de E. Véne,
ingénieur des mines (Carcassonne, 3 septembre 1834), approuvée par Thibaut, ingénieur,
432

ANDRÉ BALENT
des mineurs, de n’embaucher que du personnel local et d’utiliser les bois des
forêts locales. Estimant l’étendue de la concession “à 60 kilomètres carrés”
(?) correspondant à un vaste territoire pastoral, et des propriétés communales,
ils ne risquaient guère de s’attirer les faveurs des Carolans. En tout cas,
l’ambition des deux Ariégeois ne put se concrétiser. Le 8 février 1836, le
préfet des P.-O. signalait à son collègue de l’Ariège que les plans de la
concession n’avaient pas encore été produits. Le marquis de Sans, de
Barcelone, “ qui se prétend propriétaire de la mine de Puymorens ” a manifesté
son opposition au projet des Ariégeois35. Le sous-préfet de Prades, dans
un rapport envoyé au préfet des P.-O. (Prades, 16 avril 1840) constatait que
l’acte intervenu entre les habitants de Carol (10 mai 1722) et M. de Barutell
semblait bien établir les droits du marquis de Sans, successeur des Barutell.
Tel n’était pas l’avis du préfet des P.-O. qui assimilait l’acte de 1722 à “ un
simple compromis entre un seigneur (…) et des communes qui, pour éviter
des difficultés avec leur seigneur consentent à lui reconnaître ce privilège en
échange de la permission qu’il leur accorde moyennant certaines
redevances ”36. Toutefois, le préfet faisait une erreur d’analyse. Il ignorait
(ou oubliait) que, sous l’Ancien régime, le roi était, à l’exception de 4 ans
(1725-1729)37, le seigneur juridictionnel de la vallée de Carol et que les
Barutell-Sans ne jouaient nullement ce rôle38. Pour les communes de Latourde-Carol
et de Porta-Porté qui reconnaissaient l’existence de l’accord du 10
mai 1722, il l’interprétait de façon restrictive, car pour elles, tous les
citoyens des deux communes avaient le droit d’extraire le minerai et de le
commercialiser. Elles ne pouvaient donc voir que d’un mauvais œil le retour
du marquis de Sans, en qualité de concessionnaire selon la nouvelle définition
de la loi de 181039. Au bout du compte, le préfet estimait que
“ l’opposition des communes de Porta et de Latour-de-Carol étaient sans
fondement ” et qu’il y avait donc lieu d’attribuer la concession au marquis
de Sans40. L’affiche du texte de l’ordonnance royale (Saint-Cloud, 22 sep-
faisant fonction d’ingénieur en chef (Alais, 6 septembre 1834) et le préfet des P. -O.
(Perpignan, 25 septembre 1834), Perpignan, imprimerie de Mlle Tastu.
35 A.D.P. O., 8 S 76, document cité et lettre du préfet des P. -O. au conseiller d’État,
directeur des Ponts et Chaussées et Mines.
36 A.D.P. O., 8 S 76, document cité, Prades, 16 avril 1840.
37 Le roi avait vendu la seigneurie au chevalier Louis d’Olive et la récupéra à sa mort.
38 A.D.P. O., 8 S 76, lettre du préfet au ministère des Travaux Publics, direction des Mines,
Perpignan, 1er août 1842.
39 A.D.P. O, 8 S 76, délibérations des communes de Latour-de-Carol (13 février 1843) et de
Porta (12 février 1841, 14 avril 1842).
40 A.D.P. O., 8 S 76. On apprend que le “ préposé ” local du marquis de Sans était Pierre
Cassi.
433

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
tembre 1843) attribuant la concession au marquis de Sans, parut enfin. Son
article premier rappelait que la concession avait été accordée le 3 septembre
1624 au “ sieur Pierre Costa ” et confirmée le 5 mai 1673 en faveur des
“ sieur et dame Barutell ”41.
Une concession attribuée dans le cadre de l’ancienne législation catalane
était donc confirmée, dans la nouveau cadre législatif issu de la Révolution
française (lois du 28 juillet 1791 et du 21 avril 1810).
Des marquis de Sans aux sociétés capitalistes
LA S.M.A. (1918-1931)
Les Sans (marquis au XIXe siècle) demeurèrent concessionnaires
jusqu’en janvier 191842. En effet, après les conflits que nous relaterons, la
marquise de Sans vendit la concession à la Société Métallurgique de l’Ariège
(S.M.A.) avec laquelle elle avait eu des contentieux qui compromirent un
moment le fonctionnement de l’exploitation. En octobre 1917, la S.M.A. fit
part à l’administration de son intention d’acquérir la concession détenue par
la famille de Sans. À cet effet, le préfet des Pyrénées-Orientales,
communiqua à l’Ingénieur en chef des mines l’intention de vente manifestée
par les “ héritiers de M. Joseph de Sans, propriétaire de cette mine ”43. La
S.M.A. acquit donc la concession de la mine le 30 décembre 1917 (acte reçu
par M e Barrère, notaire à Prades). Il ne restait plus donc qu’à attendre
l’autorisation de mutation de propriété, en application de l’article 138 de la
loi du 13 juillet 1913, avec un rapport favorable du sous-ingénieur des mines
de Prades et les pièces nécessaire jointes au dossier44. Le 2 février 1918, le
préfet des P.-O. communiquait son avis favorable au ministre de l’Armement
et des Fabrications de guerre45. Le 10 mai 1918, enfin, le décret autorisant la
mutation était signé par la président de la République, Raymond Poincaré et
41 Ibidem.
42 Ils avaient d’autres attaches en Cerdagne [française]. Nous apprenons, au détour d’une
phrase, que le marquis de Sans possédait, en 1897, la vaste ferme de Concellabre, sur le
territoire de Sainte-Léocadie (A.D.P. O., 8 S 76, lettre du commissaire spécial de Bourg-
Madame au préfet des Pyrénées-Orientales, Bourg-Madame, 5 octobre 1897).
43 Remarquons que le préfet dit “ propriétaire ” au lieu de “ concessionnaire ”.
44 Copie des statuts de la S.M.A., copie du seing privé du 30 août 1917, expédition certifiée
conforme de l’acte de vente du 30 décembre 1917.
45 Pendant la durée du conflit, la direction des mines fut rattachée à ce ministère et non à
celui des Travaux Publics.
434

ANDRÉ BALENT
Loucheur, ministre de l’armement46. Près de trois siècles de concession minière
aux Barutell-Sans prenait fin.
La S.M.A. était, en 1918, une société au capital de 7 millions de
francs. Elle avait son siège social à Paris, 5 rue Blanche. Elle possédait les
Houillères Saint-Joseph à Decazeville (Aveyron), les hauts-fourneaux de
Tarascon (Ariège), l’usine électro-métallurgique de Saint-Antoine (Ariège),
les fonderies, forges, aciéries et laminoirs de Pamiers (Ariège)47. Comme on
le voit, cette société déjà ancienne avait entrepris un début de concentration
verticale et de diversification technologique.
La C.F.D. (1931-1937) et les Sociétés de Roquelaure et de
Fumel (Forges et Aciéries de Pont à Mousson)
Le 24 mars 1930, le préfet des P.-O. accusait réception de la demande
de mutation de la concession de la mine de Puymorens formulée par Claude
Muguet, directeur de S.A. de Commentry-Fourchambault et Decazeville
(C.F.D.), dont le siège social était 84 rue de Lille à Paris et demandait son
avis au directeur des mines d’Alès. En fait la S.M.A. venait d’être absorbée.
Le 15 juillet 1930, le préfet donnait son autorisation. Parmi les pièces jointes,
il y avait un acte d’ “ apport-fusion ” et un exemplaire des statuts daté du
17 décembre 1929, un extrait des registres de délibération des statuts du 11
mars 1930 et les rapports des ingénieurs des mines des 14 juin et 10 juillet
1930. Le 13 février 1931, le décret signé par président de la République,
Gaston Doumergue, et par le ministre des Travaux Publics, Maurice Deligne
accordait la concession de Puymorens à la C.F.D.48. La procédure de fusion
fut terminée lorsque, le 15 juillet 1931, le préfet des P.-O. eut informé le ministre
des Travaux Publics qu’il y avait lieu d’autoriser la concession de la
mine de Puymorens à la C.F.D.49. En 1937, la crise puis la dépression provoquèrent
le démembrement de la C.F.D. Le dossier de la concession de
Puymorens à la société de Roquelaure fut envoyé le 24 juillet 1937 par le
préfet des P.-O. à l’Ingénieur en chef des mines d’Alès. Le 12 octobre 1937,
le préfet transmit son avis favorable au sous-secrétaire d’État aux Travaux
Publics. L’avis du Conseil d’État, à propos des statuts, fut demandé. Ces
46 A.D.P. O., 8 S 76, mine de Puymorens, documents cités.
47 D’après un papier en-tête utilisé pour les correspondances de la société. (A.D.P. O., 8 S 76,
ici accusé de réception du décret autorisant la mutation de la concession, Paris 3 juin 1918).
48 A.D.P. O., 8 S 76, documents cités. La concession comprenait en outre celle de la mine de
fer de Lercoul dans l’Ariège (de la S.M.A. et auparavant d’Albert Burtin), des mines de
manganèse de Saint-Andrieu et la Pouzanque (Aude). La société C.F.D. était autorisée à
réunir ces concessions à celles des mines de fer de l’Aveyron qu’elle possédait déjà : Aubin,
le Kaymard, Muret, Solsac et Monbalazac.
49 A.D.P. O., 8 S 76.
435

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
derniers furent mis en conformité par une assemblée générale extraordinaire
de S.A. minière et métallurgique de Roquelaure réunie le 28 février 1938. Le
23 mars 1938, la président de la République, Albert Lebrun et le ministre des
Travaux Publics, Jules Moch, signaient le décret de concession. Un décret du
27 juin 1941 permit la mutation de la concession au profit de la société
Minière et métallurgique de Fumel, présente dans cette ville et à Montluçon,
qui absorbait la société de Roquelaure. En fait, la Société de Fumel était une
filiale des Forges et Aciéries de Pont-à-Mousson50.
Celle-ci abandonna l’exploitation, à, peu près au même moment où, à
l’exception de Batère, fermaient la plupart des mines de fer des Pyrénées-
Orientales.
L’exploitation du Puymorens cessa le 31 octobre 1960, et de façon
définitive, le 1er mai 196651. Le 27 décembre 1966, le conseil municipal de
Porté décide donc de résilier le bail de la mine à partir du premier mai
196752.
LES AMBITIONS DES COMMUNAUTÉS VILLAGEOISES
La haute vallée de l’Ariège, un enjeu territorial au
XVIIIe siècle, Carolans, Andorrans et Fuxéens de
Mérens
La seule communauté valléenne de Querol (Carol) fut longtemps seule
concernée. Sa division en plusieurs communes au XIXe siècle, compliqua les
choses mais ne modifia pas fondamentalement les données du problème.
Rappelons que le gîte est implanté sur le territoire pastoral carolan. Au
XVIIIe siècle, la communauté fuxéenne de Mérens, appuyée par les États du
Pays de Foix, fit valoir ses droits sur la haute vallée de l’Ariège partagée
entre les Carolans et les Andorrans. Elle convoitait à la fois le territoires
pastoraux et le gîte minier de Puymorens. Mérens ne fut pas récompensé de
son acharnement procédurier et fut débouté. En 1735, les droits des
Andorrans et des Carolans fut reconnu53.
50 Michel CHEVALIER, La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises, Milan/ Résonances,
Toulouse, 1984, p. 889.
51 A.C. Porté-Puymorens, registre des délibérations du conseil municipal.
52 RIBES, op. cit., p. 17.
53 Alice MARCET JUNCOSA, “ Des vaches et des hommes : questions et contestations sur
les pâturages d’Andorre ”, Frontières, revue du centre de recherches sur les problèmes de la
frontière, Université de Perpignan, 1991, pp. 11-27 [pp. 22-23]. Mérens intentera, en vain, un
troisième procès en 1769.
436

ANDRÉ BALENT
La guerre de 1659-1635, le mener de Pimorent, objet de
convoitises et de conflits, éclipse et retour des Barutell.
La communauté de Querol essaye de s’affirmer.
Les habitants de la vallée de Carol ont eux aussi convoité le produit du
mener et ont tout fait pour se l’approprier aux meilleures conditions. Tout
était question de circonstances, d’opportunité et de rapports de forces.
Ainsi, il apparaît que, profitant des confusions provoquées par la
guerre franco-espagnole de 1635-1659, les Carolans firent fi des droits des
concessionnaires, les Barutell. Ces derniers, ayant pris le parti de la France et
se trouvant en Roussillon à partir de 1652, alors que, pendant deux ans, les
troupes espagnoles occupaient la Cerdagne, les Carolans prirent l’habitude
d’exploiter le gisement pour leur propre compte. Ce qui explique la colère de
Jean Balesta, le marchand et métallurgiste d’Ax, qui les accusait de vouloir
l’empêcher de jouir du bénéfice de sa concession54. La sentence rendue par
Sagarra en juillet 1664 avait de quoi préoccuper les Carolans. Ils se réunirent
le 20 juillet 1664 “ en la casa consular de la Universitat de la Vall de Carol,
terra de Cerdanya Bisbat de Urgell ” en présence du “ batlle real ”, Jaume
Garreta, et des consols pour parler précisément de la “mena ” située sur leur
territoire et à laquelle ils semblaient tenir tant55. Peu de temps après, la
décision favorable à Jean Balesta tombait comme un couperet56. Mais la
situation semble s’être bientôt retournée en leur faveur car, le 8 juillet 1666,
Jaume Garreta, “ consol primer de la vall de Querol ” et Francesc Naudó
“ de la Tor consol en segon grau ” décident pour subvenir aux “ necessitats
urgens de la comuna de dita vall de querol ” de vendre 36 “ quintars de
ferro per lo preu de setze franchs ÿ mig la carga de tres quintars ”.
L’acquéreur n’était autre que le sieur Joan Gommar, marchand d’Ax. Mais
celui-ci devait les récupérer, à raison de “ divuit quintars ”, à la “ farga de
mosur de bellfort ” et à la “ farga de merenchs ”57. Ce document d’origine
notariale montre bien que les Carolans, après l’annexion à la France et avant
le jugement favorable au époux Barutell, avaient tenté, pas toujours de façon
judicieuse, de traiter avec les Fuxéens. Ils continueront de le faire. Au début
du XVIIIe siècle, les forges de Mérens utilisaient toujours du fer du
54 A.D.P. O., 1 Bp 739.
55 A.D.P. O., 1 Bp 713.
56 A.D.P. O., 1 Bp 739.
57 A.D.P. O., 3 E 56/407, versement de M e Robert Ponsaillé. Les consuls garantissaient le
paiement du fer à la communauté sur leurs biens Comme cela n’était pas encore effectif
enjuillet 1669, le juge ordinaire du “ pays adjacent de Cerdanya ” ordonna l’exécution de la
saisie des biens des deux magistrats municipaux.
437

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
Puymorens, mais, comme l’écrit Michel Chevalier, elles disparurent très tôt,
“ sans doute faute de bois ”58. À quelles conditions ce fer était–il livré aux
forges ?
L’accord de 1722, un compromis entre la communauté
et le concessionnaire. Les appétits fuxéens
Si la communauté, et chacun de ses membres59, pouvait vendre du minerai,
c’est qu’elle avait passé des accords, sans doute périodiquement renouvelés,
avec le concessionnaire. L’un d’entre eux date du 10 mai 172260.
Si les Carolans reconnaissaient la “ propriété ” de Barutell sur la mine, ils
pouvaient extraire le minerai et le commercialiser, moyennant la livraison de
trois “ charges ” (une charge = 120 kg) de minerai “ pour chaque voiture ” à
ses forges de Bellver et de la Llosa61.
Un document de 1731 montre que la communauté de Carol veillait
jalousement sur “ son ” mener. Le syndic de la vallée, en fonction en 1731,
Sauveur Tasquer, demanda à François Gaillard, notaire royal de Saillagouse,
de venir constater les agissements d’un Fuxéen (d’Ax), Joseph Astrié, fermier
d’une forge. L’intendant du Roussillon, sans doute contacté par les
responsables municipaux de Carol, lui avait ordonné d’indiquer quelle
quantité de fer et combien de voitures chargées de minerai il avait expédié de
la mine vers sa forge. Toute cette procédure avait été effectuée ente le 18
juin et le 4 juillet. Le 14 juillet, le notaire, accompagné par le syndic, se
rendit sur les lieux et, à défaut de pouvoir interroger Astrié, absent, posa des
questions à l’un de ses employés en train d’extraire du minerai, Jean Serrena,
“ du lieu de Las Cabanas [Les Cabannes] en la (sic) comté de Foix ”. Deux
autres travailleurs étaient présents sur les lieux : il s’agissait de Cosme
Bertrand, de Bellver et Joseph Ros, de “ Cuburriu en Espagne ” [Coborriu
58 CHEVALIER, op. cit., p. 583.
59 On a ainsi la mention d’une sentence du 7 décembre 1691 prononcée contre François
Garreta, de Latour-de-Carol, à la requête de Damien Barra, marchand “ de la bile de
puigcerdà ”. Le sieur Garreta aurait promis de payer à Damien Barra 47 quintaux de fer et ne
se serait pas acquitté de sa dette. Des marchands de Puigcerdà vendaient donc du fer à des
Carolans. Quels étaient les mécanismes de ces circuits commerciaux ?
60 Guy Ribes commet une erreur lorsqu’il écrit (op. cit., pp. 2-3) que la date de cet accord est
le 10 mai 1733. Il s’agit en fait du 10 mai 1722. Cet accord sera un document capital qui
servira l’argumentation des marquis de Sans pour récupérer leur concession en 1843 (cf. le
précédent §)
61 RIBES, op. cit., p. 2-3. Et, surtout, A.D.P. O., 8 S 76, nombreuses mentions dans des
documents entre 1840 et 1843, cf. notamment le texte envoyé par le préfet des Pyrénées-
Orientales à la direction des mines du Ministère des Travaux Publics, 1er août 1842.
438

La mine de Puymorens (photographie, A. Balent, 1982)
ANDRÉ BALENT
de la Llosa, hameau de la vallée de la Llosa, où une forge était active] tous
deux originaires de Cerdagne espagnole, dans des lieux d’activité
métallurgique utilisant en particulier le fer du Puymorens. En fait, présents
depuis le 25 mai, Astrié et ses compagnons, avait fait transporter 450 charges
de minerai jusqu’au jour du constat notarial. Les Carolans voulaient sans
doute récupérer la valeur du minerai indûment extrait par Joseph Astrié. Le
constat montre en outre qu’il y existait un groupe “ transfrontalier ” de
mineurs et d’employés de forge, actifs sur les deux versants de Pyrénées
dont les membres pouvaient travailler saisonnièrement de concert bien qu’ils
soient issus de deux régions relevant de deux souverainetés différentes62
Avant la Révolution, les Carolans manifestaient leur vif désir de pouvoir
continuer d’exporter leur fer vers l’Espagne. Ce désir fut réaffirmé dans
l’article 15 du Cahier particulier des plaintes, doléances et remontrances de
diverses communautés des trois vigueries de Roussillon, Conflent et
62 A.D.P. O., 3 E 88/49, minute de M e François Gaillard, notaire à Saillagouse, utilisée en
réemploi dans le capbreu reçu par le même notaire concernant le bénéfice fondé par Jean
Coll, pagès de Ro, dans l’église de Saillagouse : procès verbal fait à la réquisition du syndic
de la vallée de Carol contre Josep Astrié, de la ville d’Ax, 14 juillet 1731.
439

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
Cerdaigne63 : l’administration prétextait en effet que le fer était une marchandise
“ stratégique ”.
La Révolution et ses conséquences : la commune de
Carol et les Carolans profitent de l’effacement des
marquis de Sans
Après la Révolution les marquis de Sans furent provisoirement évincés
et plus tard, leur maire prétendra de façon (volontairement ?) erronée,
comme beaucoup d’autres, que les Carolans avaient dû leur acquitter une
“ redevance féodale ”64. Les Carolans prirent l’habitude d’exploiter pour
leur propre compte le fer de la mine qu’ils considéraient désormais comme
étant entièrement leur. Généralement, des citoyens, parmi les plus pauvres,
exploitaient individuellement le minerai à ciel ouvert pendant l’été et ils le
livraient à leurs clients pendant l’hiver. C’est pour cette raison que le préfet
des Pyrénées-Orientales pouvait comparer le mode d’exploitation en vigueur
entre 1789 et 1843 à celui qui avait cours sur le site ariégeois de Rancié65.
“ Depuis un temps immémorial, pouvait écrire au sous-préfet de Prades,
Bonaventure Vigo Grau, maire de Carol, le 2 avril 1825, ce minerai [de
Puymorens] a sa libre exportation. La commune permet aux pauvres habitants
de l’extraire librement. C’est ce qu’ils font quand la montagne est
praticable et pendant l’hiver ils le transportent au village espagnol le plus
proche66 d’où il va aux forges de Baga & (?) d’Andorre67. Il est connu et
63 Étienne FRÉNAY (éd.), Cahiers de doléances de la province de Roussillon (1789),
direction du service des Archives départementales, Perpignan, 1979, p. 388.
64 A.D.P. O., 8 S 8, lettre de Bonaventure Vigo Grau, maire de Carol, 2 avril 1825.
65 A.D.P. O., 8 S 76, lettre du préfet des P. -O., 1 août 1842. Et mémoire d’Étienne Rabat,
maire de Carol, adressé au préfet des P. -O., 13 août 1814, cité in Jacques CHURET, Quérol
ou la vallée du courage, Imprimerie Sensevy, Perpignan, 1971, p. 123 : “ il existe un minier
de fer situé entre l’Orry de la Vignole et le Baladra d’où les Carolans tirent la moitié de leur
vie, ils arrachent et coupent la pierre, la transportent chez eux pendant l’été et l’exploitent
dans les forges d’Espagne pendant l’hiver. Notre gouvernement en a toujours permis la
circulation sans aucun frais ”.
66 Saneja, d’après le Directeur des Douanes des Pyrénées-Orientales, lettre au préfet des
Pyrénées-Orientales, Perpignan, 21 mars 1826 (A.D.P. O., 8 S 8)
67 C’était toujours le cas en 1835, ainsi qu’a pu le constater l’Écossais James Erskine Murray
(James ERSKINE MURRAY, Un été dans les Pyrénées, Loubatières, Portet-sur-Garonne,
1998, édition française d’un ouvrage publié en anglais en 1837, traduction et préface de Jean-
Pierre DENAUX, p. 100). Il s’agit de la forge propriété de la commune d’Andorre, située
dans la vallée du Riu Madriu. Cf. également : Olivier CODINA VIALETTE, “ La producció
de ferro a la vall d’Andorra ”, pp. 27-32, carte p. 31 : “ Mapa de la situació de les fargues
andorranes i de l’abastament en mineral de les fàbriques ”, in Olivier CODINA VIALETTE,
Josep Maria BOSCH CASADEVALL (éd.), La farga Rossell. El zenit de l’obtenció del ferro
440

ANDRÉ BALENT
avéré qu’on a essayé inutillement (sic) de l’utiliser aux forges voisines du
département de l’Ariège ; on n’en obtient du fer qu’à celle d’Espagne où il
est transporté ” (…) ”68. À ce propos, le directeur des Douanes des
Pyrénées-Orientales, mit en cause Bonaventure Vigo Grau qui violait
l’interdiction d’exporter du minerai à l’étranger. Le premier magistrat de la
commune “ avait pris sur lui d’autoriser [l’] exportation ” alors qu’il avait
donné l’ordre “ au contrôleur de brigade de Carol de s’opposer à
l’exportation ”69. Les événements politiques pouvaient compromettre
l’exploitation artisanale des citoyens de Carol. Ainsi, en 1837, le maire de
Carol (il s’agit d’Étienne Garreta) signalait au préfet, qu’à la suite du déclenchement
de la Première Guerre carliste, “ les travaux d’exploitation
avaient été presque nuls ”70, mais nous avons signalé plus haut le témoignage
de Murray qui avait vu la forge du riu Madriu, en Andorre, fonctionner
en 1835 avec du minerai de Puymorens. Des documents de l’Arxiu nacional
d’Andorra (A.N.A.) des années 1843 et 1845 montrent que la “ minière
” de Carol (Puymorens) intéressait au plus haut point les Andorrans,
notamment, cette fois-ci, pour alimenter la forge d’Encamp, “ dans le but
d’obtenir une qualité de fer supérieure aux meilleures qualités de France ”.
L’autorisation sollicitée portait sur 200 000 kg. en franchise. Le préfet des
P.-O., dans une lettre à son collègue de l’Ariège (2 mai 1843), expliquait
qu’il avait été saisi par le maire de Porta et le syndic des Vallées d’Andorre
et que l’Administration des Douanes n’avait autorisé d’exportation que pour
1823-1825 et que celle-ci avait été abrogée le 29 décembre 1826. Si “ la
question s’est reproduite depuis, elle a été examinée d’une manière
approfondie ”71. En fait, la demande des exploitants de la forge d’Encamp
pel sistema directe 1842-1876, Monografies del patrimoni natural d’Andorra, Andorra la
Vella, 2001.
68 A.D.P. O., 8 S 8.
69 A.D.P. O., 8 S 8, rapport du directeur des Douanes des P. -O., 21 mars 1826.
70 A.D.P. O., 8 S 76, lettre du préfet au directeur des Ponts et Chaussées et Mines du
ministère des Travaux publics, Perpignan, 22 mai 1837. Cf. aussi Esteve LÓPEZ
MONTANYA, Joan PERUGA GUERRERO, Carme TUDEL FILLAT, L’Andorra del segle
XIX (De la Nova Reforma a la Revolució del 1881), Conselleria d’Educació i Cultura,
Andorre, 1988, pp. 121-122 : la forge d’Andorre fut exploitée de 1819 à 1836 par Anton
Duran qui prit la succession de son père. L’exploitation des quatre derniers exercices aurait
été rendue difficile par l’épuisement des ressources forestières de la vallée du Madriu qui
fournissait la matière première du charbon. Cf. également une autre mention de l’utilisation
du fer de Puymorens par la Farga vella d’Andorra (riu Madriu) in MOLERA i SOLÀ,
BARRECO i JAOUL, op. cit., p. 55.
71 A.N.A., 6 R/1Z 49-4, pétition destinée au ministre des Travaux Publics envoyée par J.
Costes, juge de paix aux Cabannes (Ariège) au préfet des Pyrénées-Orientales, 23 avril 1843 ;
6 R/1Z 49-2, lettre du préfet des P. -O. au préfet de l’Ariège, 2 mai 1843. Nous remercions
441

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
fut formulée peu de temps avant que la concession ne fût restituée au
marquis de Sans. La communauté de Carol, à la seule exception de Jean
Garreta (cf. ci-dessous), n’était plus concernée par la minière de Puymorens.
Débats autour d’une nouvelle concession (1837-1843),
le retour des marquis de Sans
Des capitalistes comme Gomma et le comte d’Orgeix argumentaient
pour que cessât l’exploitation artisanale par les habitants de la Vallée : “ Ils
morcellent le gîte et en compromettent l’aménagement ”. Ils demandaient au
directeur des Ponts et Chaussées et des Mines du ministère (qui transmettait
au préfet des Pyrénées-Orientales) “ de prendre conformément à la loi du 21
avril 1810, les mesures nécessaires pour la répression de ces contraventions
”72.
Un habitant de la commune de Porta, résidant73 en fait à Porté, Jean
Garreta, prétendit pouvoir devenir concessionnaire au prétexte qu’il avait
exploité la mine depuis au moins 1815 et qu’il était, en 1842 le seul exploitant
du gîte. Il faisait valoir les frais qu’il avait engagés pour ces travaux afin
d’obtenir la concession. Les conseils municipaux de Latour-de-Carol et de
Porta répliquèrent en expliquant qu’il n’avait pas plus de droits à exploiter la
mine que les autres habitants des deux communes. Le préfet des P.-O. rejeta
sa requête, en argumentant que, depuis les lois de 1791 et 1810, “ le droit de
concession appartient au gouvernement (…) la mine de Puymorens est
entièrement disponible, c’est au gouvernement qu’il appartient de la
concéder, de statuer entre les différents concurrens (sic) qui se présentent
”74. On sait que la candidature Jean Garreta fut écartée et que finalement
celle de l’ancien concessionnaire, le marquis de Sans, fut préférée. Une
délibération du conseil de préfecture (Perpignan, 24 août 1846), examina la
pétition de Jean Garreta. Une indemnité de 289, 47 F (pour les travaux
exécutés en 1815, 1816 et 1817) et 1137, 84 F (pour les travaux de 1840 et
1841) lui fut accordée75.
Martina Camiade de nous avoir facilité l’accès à ces documents et de nous en avoir
communiqué des copies.
72 A.D.P. O., 8 S 76, réclamation du marquis d’Orgeix et de Gomma à propos de la
concession de Puymorens.
73 RIBES, op. cit., p. 3.
74 A.D.P. O., 8 S 76, rapport du préfet des Pyrénées-Orientales, 1 août 1842.
75 A.D.P. O., 8 S 76, délibération du conseil de préfecture, Perpignan, 24 août 1846.
442

ANDRÉ BALENT
CONCESSIONNAIRE, FERMIER, AMODIATAIRE, COMMUNES,
DE DIFFICILES RELATIONS (1869-1918)
La mutation technologique de la métallurgie
pyrénéenne, entrée en scène de la S.M.A.
Comment la mine fut-elle exploitée de 1846 à 1869 ? Les sources que
nous avons consultées ne nous permettent pas de répondre précisément à
cette question. Guy Ribes suggère une exploitation dans le seul but de fournir
du minerai aux dernières forges catalanes actives, celles de la Catalogne
espagnole, du Berguedà (Bagà), de l’Andorre (Encamp76, les Escaldes), du
Ripollès (Rives : Ribes (?) de Freser)77, d’Ariège78. Le fait est que nous
assistons, dans ces années au commencement du déclin puis à l’abandon de
la technologie de la “ forge catalane ”. La révolution industrielle, le capitalisme
moderne, le progrès technique favorisèrent les hauts fourneaux, par
ailleurs plus compétitifs. Dans les Pyrénées, ils sonnèrent le glas d’une méthode
de production, qui, en dépit de ses mérites, était tombée en obsolescence.
Les Barutell-Sans avaient été liés à la métallurgie des forges “ à la
catalane ”. Comment se reconvertirent-ils ? Nous ne disposons malheureusement
pas d’une monographie familiale les concernant. Le fait est que la
mutation de la métallurgie pyrénéenne était consommée. La S.M.A que nous
avons déjà évoquée était le produit de cette mutation. Michel Chevalier nous
dit qu’elle fut créée à la fin du Second Empire, en 1866, à Pamiers. Elle mit
en route un haut fourneau à Tarascon, dès 1867. Ensuite elle connut, “ de
1870 à 1884, une ascension remarquable ”79. Nous avons remarqué plus
haut que la S.M.A. avait su combiner l’activité extractive, pourvoyeuse de
76 Pour cette forge, exploitée par les familles Picart (d’Encamp) et Areny (d’Ordino) puis, à
partir de 1845, par une société où l’on retrouve Josep Picart d’Encamp (LÓPEZ
MONTANYA, PERGA GUERRERO, TUDEL FILLAT, 1988, p. 122) nous avons vu que,
peu de temps avant le retour de la concession de la minière à la famille Sans, les exploitants
avaient sollicité par l’intermédiaire du juge de paix des Cabannes (Ariège), sans doute
mandataire des Andorrans, l’importation de minerai de fer de Puymorens. Cette exportation
fut autorisée par décision du ministre des finances moyennant 10 centimes de droits pour 100
kg. exportés (A.N.A., 6 R /1Z 49-6, lettre du préfet de l’Ariège au préfet des Pyrénées-
Orientales, 1er mai 1845 et 6R/ 1Z-5, lettres (21 mai 1845) du préfet de l’Ariège au Syndic
général d’Andorre, à Costes, Juge de paix au Cabannes, au préfet des Pyrénées-Orientales :
merci à Mme Martina Camiade de nous avoir facilité l’accès à ces documents).
77 Dans la période qui nous intéresse ici, le marquis de Sans possédait-il ou avait-il des
intérêts dans certaines des forges du versant sud des Pyrénées que nous venons de nommer ?
78 RIBES, op. cit., p. 3.
79 CHEVALIER, op. cit., p. 921.
443

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
matière première, la production d’énergie et de produits semi-finis ou finis80.
Les intérêts du concessionnaire, le marquis de Sans, finirent par rejoindre
ceux de l’entreprenante S.M.A.
L’accord entre la S.M.A. et les marquis de Sans (1869)
En 1869, la S.M.A. et le marquis Joseph de Sans y Moreau conclurent
un accord. Le marquis amodia sa concession pour une durée de 30 ans à la
société81. Une redevance de 0,40 F par t de minerai extrait était due au bailleur.
Dans le cas où le total n’atteindrait pas 500 F, la S.M.A., société fermière
“ devrait parfaire la somme ”82. La S.M.A. ayant toute latitude pour
exploiter le gisement, fit donc de grands investissements. Les plus spectaculaires
furent la construction de plans inclinés ferroviaires, destinés à
acheminer les wagonnets chargés de minerai jusqu’à la route nationale n° 20,
le long de laquelle on établit, en accotement, un chemin de fer à voie
étroite83. Leur réalisation concerna les communes car, les plans inclinés, en
particulier, furent établis sur les pacages communaux. En 1877, les habitants
de Latour-de-Carol, commune la plus concernée par les plans inclinés,
s’étaient opposés à leur construction car ils nourrissaient des craintes pour la
tranquillité des estives de leurs troupeaux.. L’ingénieur des mines de
Carcassonne réfuta84 les arguments développés dans la délibération du
conseil municipal de Latour-de-Carol, en date du 13 février 1877. Pourtant
Latour-de-Carol avait de quoi se plaindre. La S.M.A. avait, dès 1875, commencé
ses travaux sans son autorisation, provoquant la colère des conseillers
municipaux réunis le 1er août 187585. L’ingénieur des mines de Carcassonne
80 Le papier en-tête de la S.M.A., utilisé [1880] pour la correspondance, donne un résumé de
ses productions. La S.M.A. a obtenu une médaille d’argent en 1867 et une médaille d’or en
1868 à des expositions universelles. Elle produisait des fontes, des moulages, des fers fins,
des aciers de toutes sortes, des ressorts de voiture et de wagon, des essieux pour l’artillerie et
les chemins de fer, des fils de fer fins, des chevillettes (A.D.P. O., 8 S 76, lettre de M. de
Vieuville, directeur du service des mines de la S.M.A. au préfet des Pyrénées-Orientales,
Toulouse, 27 mai 1880).
81 Actes sous seing privé du 24 mai 1869 et du 20 décembre 1869 (mentionnés in A.D.P. O.,
8 S 76, requête. de Dolorès Vinero y Sistera, veuve de Josep de Sans y Moreau, de Barcelone,
auprès du conseil de préfecture des P. O, rédigée par M e Rodolphe Bonet, avocat à
Perpignan, 14 février 1902).
82 A.D.P. O., Ibidem.
83 Guy Ribes (RIBES, op. cit.) donne une description détaillée de tous ces aménagements
qu’il serait hors de propos d’entreprendre ici. Par ailleurs, la liasse 8 S 76 des archives
départementales des P. -O. contient quantité de documents les concernant.
84 A.D.P. O., 8 S 76, document cité.
85 A.C. Latour-de-Carol, registre des délibérations du conseil municipal et Jacques CHURET,
op. cit., 1972, p 56.
444

ANDRÉ BALENT
était d’autant plus disposé à soutenir le point de vue de la S.M.A. exprimé
par son directeur de mines, M. de Vieuville, qu’il évoquait l’autorisation
donnée à la société le 16 juillet 1870 par l’ancien maire de la commune,
Laurent Vigo86. Un arrêté préfectoral du 19 mai autorisait la S.M.A. à
occuper une surface supérieure aux 10 640 m² accordés par l’arrêté du 4 août
1870, pris après l’autorisation donnée par le maire, Laurent Vigo87. La
commune porta le problème devant la justice. En 1878, le tribunal de Prades
condamna la S.M.A. à une amende de 279 F et à verser une indemnité de
150 F par an à la commune88 qui, contrairement à ce qu’écrit Jacques
Churet, fit appel. Le tribunal de Montpellier rendit, le 5 décembre 1878, un
jugement plus favorable89.
Un conflit tripartite (S.M.A., marquise de Sans,
communes carolanes), de nouveaux enjeux (1876-
1899)
Un autre conflit va opposer la société fermière aux communes de
Porté et de Porta sur le territoire indivis desquelles était implantée, rappelons-le,
la mine concédée au marquis de Sans et exploitée dorénavant par la
S.M.A. Un rapport de l’ingénieur des mines de Carcassonne, en date du 5
avril 1885 fait état d’une nouvelle demande formulée par l’insatiable S.M.A.
Ce rapport évoque une “ pétition ” de l’incontournable M. de Vieuville qui
sollicitait 11 ha de vacants indivis supplémentaires qui viendraient se rajouter
aux 12 ha déjà concédés par les deux communes : une convention
spéciale du 21 février 1876, approuvée le 31 mai suivant par le préfet des
Pyrénées-Orientales, avait été conclue, concernant les 12 premiers ha. La
S.M.A., moyennant une redevance de 50 F par ha et par an, louait cette portion
des terrains communaux indivis, pour établir, à côté de la mine déjà en
exploitation, une “ minière ”, c’est à dire une carrière de minerai.
L’ingénieur de Carcassonne proposait d’aligner les indemnités que la S.M.A.
aurait à verser aux deux communes sur celles qu’elle versait déjà à Latourde-Carol,
après la décision de la Cour d’Appel de Montpellier en décembre
187890. Il faut souligner le fait que, dans ce rapport, on faisait allusion aux
86 A.D.P. O., 8 S 76, rapport, Carcassonne, 5 mai 1877.
87 A.D.P. O., 8 S 76, arrêté préfectoral autorisant l’utilisation d’une partie de terrains
appartenant à la commune de Latour-de-Carol, à la S.M.A., Perpignan, 19 mai 1877.
88 CHURET, op. cit., 1972, p. 66.
89 A.D.P. O., 8 S 76, rapport de l’ingénieur des mines de Carcassonne (Braconnier) sur une
demande d’occupation par la S.M.A, de terrains appartenant à Porté et à Porta, Carcassonne,
5 avril 1885.
90 Ibidem.
445

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
“ difficultés que traverse actuellement l’industrie en France ”91 : claire
allusion à la “ Grande dépression ” qui provoqua ses effets néfastes et, aussi,
à la crise particulière de la S.M.A. (qui a failli aboutir à sa disparition en
1884) évoquée par Michel Chevalier92. Mais les communes invoquèrent
l’obligation de déplacer le chemin muletier de Porté à Soldeu (Andorre).
Elles voulaient que ce fût la S.M.A. qui prît en charge la dépense93.
L’ingénieur en chef des mines Meurgey, en résidence à Toulouse et
supérieur hiérarchique de l’ingénieur de Carcassonne, Braconnier, se déplaça
au Puymorens. Le 12 juin 1886, il fit très mauvais et il y avait beaucoup de
neige, car, le 10 de ce mois, il était tombé 90 cm de neige94. Certes, M.
Meurgey put s’entretenir avec les représentants de l’exploitation et ceux des
conseils municipaux de Porté et de Porta, mais il dut revenir le 5 juillet pour
se rendre sur les lieux et rédiger son rapport à l’intention du préfet des
Pyrénées-Orientales et réclamé par ailleurs par le ministre des Travaux
Publics. Un projet de “ traité ” (avec la S.M.A.) fut soumis aux deux
communes le 5 mai 188795, mais il fallut encore le modifier pour qu’enfin
les conseils municipaux l’adoptassent (Porté le 2 juillet 1888 et Porta le 6
juillet)96. Cet épisode, comme le précédent, avec Latour-de-Carol, montre
toute l’opiniâtreté de communes décidées à défendre leurs intérêts et qui ne
se laissent impressionner ni par la puissance d’une société capitaliste, ni par
la complexité d’une administration bureaucratique et omniprésente.
Toutefois, les communes de Porté et de Porta tenaient absolument à ce
que la mine eût un fonctionnement satisfaisant, car elles fournissaient du
travail à nombre d’habitants97.
91 Ibidem.
92 CHEVALIER, op. cit., p. 921.
93 Voir les divers documents produits par les administrations (préfet des P. -O., sous-préfet de
Prades, délibération des conseils municipaux des communes, de l’ingénieur des mines) et M.
de Vieuville de la S.M.A. (A.D.P. O., 8 S 76).
94 A.D.P. O., 8 S 76, rapport de l’ingénieur en chef des mines au préfet des Pyrénées-
Orientales, Toulouse, 18 juin 1886.
95 A.D.P. O., 8 S 76, projet de “ traité ” entre la S.M.A. représentée par M. de Vieuville et les
communes de Porté et de Porta, représentées par leurs maires, Gilles Josep Ribo (Porté) et
Étienne Ribo (Porta). Le texte réglait entre autres choses, le règlement, en litige, du règlement
de montants de loyers des années précédentes, le prix de la location des terrains et le
déplacement du chemin de Porté en Andorre aux frais de la S.M.A.
96 A.D.P. O., 8 S 76, délibérations des conseils municipaux de Porté et de Porta.
97 Ainsi, lorsque la S.M.A. éprouva quelques difficultés (1885), notamment dans ses relations
avec les communes de la vallée de Carol, des ouvriers de Porta et Porté, au nombre de 65,
signèrent un texte où ils insistaient pour qu’un accord fût trouvé entre la société et les
communes, afin que les travaux miniers, indispensable gagne-pain, ne fussent en aucun cas
446

ANDRÉ BALENT
Après le règlement intervenu en 1888, tout alla pour le mieux pendant
quelques années. On travaillait de la fin du mois de juin ou au début du mois
de juillet jusque vers la fin de septembre. En 1895, on s’inquiéta des conséquences
d’un accident, mortel, du travail98et des possibles répercussions de
la grève des usines métallurgiques de Pamiers, qui, heureusement pour les
autorités, avait éclaté lorsque les ouvriers, “ pour la plupart des communes
de Porta et de Porté (Cerdagne) ont gagné leurs communes respectives et
vaquent maintenant aux travaux des champs ”99.
Une nouvelle période d’incertitude (1899-1914),
l’exacerbation du contentieux tripartite
En 1897 (on approchait alors de l’échéance du bail consenti par les
concessionnaires à la S.M.A.), Bonaventure Cot, maire de Bourg-Madame,
mandataire du marquis de Sans, informait le commissaire spécial de cette
localité des intentions du marquis de Sans. La S.M.A. serait en voie de “ liquidation
” et le concessionnaire serait en relations avec “ la Compagnie
française Schneider du Creusot ” ce qui immanquablement devrait ouvrir
“ une ère nouvelle de prospérité pour les habitants de la vallée de
Carol ”100. En tout cas, et c’est ce que confirmaient divers rapports de polices
ou de fonctionnaires du service des Mines, la S.M.A. ne pouvait se permettre
une nouvelle amodiation, du fait que “ le gîte exploitable à ciel ouvert
”, objet, par ailleurs, d’une tractation particulière avec les communes, et
d’un meilleur rendement financier, était épuisé101. Pourtant le minerai de
qualité supérieure du Puymorens était indispensable à la S.M.A qui, depuis
qu’elle n’exploitait plus le Puymorens, était obligée, comme en 1900, de
faire venir 30000 t de fer des autres mines des Pyrénées-Orientales pour
alimenter ses installations de Tarascon102. Mais le concessionnaire faisait
suspendus (A.D.P. O., 8 S 76, pétition des ouvriers de Porta et de Porté, 29 septembre 1885).
Il faut bien voir que cette démarche a été entreprise afin de faire pression sur les pouvoirs
publics pour qu’ils débloquent la situation.
98 A.D.P. O., 8 S 76, télégramme du commissaire spécial de Bourg-Madame au préfet des
Pyrénées-Orientales, 5 juillet 1895.
99 A.D.P. O, 9 S 76, rapport du commissaire spécial de Bourg-Madame au préfet des
Pyrénées-Orientales, 27 septembre 1895. L’Indépendant avait mis en relation la fermeture de
l’exploitation saisonnière de la mine de Puymorens avec, précisément, la grève de Pamiers.
100 A.D.P. O., 8 S 76, rapport du commissaire spécial de Bourg-Madame, 27 février 1897.
On trouve une argumentation semblable dans un autre rapport du même fonctionnaire de
police, en date du 28 septembre 1898.
101 A.D.P. O., 8 S 76, rapport de l’ingénieur des mines concernant le Puymorens, Toulouse,
12 août 1901.
102Ibidem.
447

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
monter les enchères à un niveau insoutenable pour la S.M.A. D’ailleurs, la
marquise de Sans, usufruitière des biens de son mari, après le décès de celuici,
assigna la S.M.A., dès juillet 1900, devant le tribunal de Prades. Elle
exigeait le paiement de plusieurs annuités de redevances échues dont le calcul
devrait s’effectuer sur la base des quantités de minerai extrait. La
S.M.A., pour sa part, affirma, pour sa défense, qu’elle avait abandonné en
1876 l’exploitation de la mine proprement dite, en galeries souterraines, pour
extraire désormais le minerai de “ minières ”, c’est à dire d’exploitations à
ciel ouvert, implantées sur les terrains indivis loués aux communes de Porté
et de Porta. Le 14 février 1901, le tribunal lui donna raison, c’est pourquoi la
marquise de Sans prit la décision de saisir le conseil de préfecture de
Perpignan, afin de délimiter la mine issue de la concession de 1843 et de la
distinguer de la minière, appartenant aux communes et seule exploitée
depuis 1876 par la S.M.A103. La requête fut adressée au conseil de préfecture
le 14 février 1902. Les ayant droits, héritiers de feu le marquis, firent de
même le 24 avril 1902104.
La suspension des travaux miniers était également préjudiciable aux
communes de Porta et de Porté : perte de revenus alimentant les budgets
communaux, chômage estival d’habitants des deux communes. Ce dernier
aspect attira l’attention des conseils municipaux qui en délibérèrent dans le
même sens, réclamant la reprise des travaux indispensable à une main
d’œuvre issue, en grande partie, de ces deux communes105.
Commença alors une longue période pendant laquelle les choses traînèrent
en longueur. Rapports de toutes sortes, interventions multiples, rien
n’y fit. On ne cessa de rappeler l’urgence qu’il y avait à délimiter les périmètres
respectifs de la mine et de la minière. Le ministère des Travaux
Publics demanda à Mme de Sans de bien vouloir procéder à la délimitation
indispensable au déblocage de la situation106. En 1910 et en 1912, la marquise
de Sans, par l’intermédiaire de son mandataire, le maire de Bourg-
Madame, prétendit vouloir régler l’affaire en voulant, contre la S.M.A., dé-
103 Un rapport du sous-ingénieur des mines de Prades, en date du 4 mai 1909, affirme que les
travaux souterrains de la S.M.A. ont été arrêtés vers 1884 (A .D.P. O., 8 S 76).
104 A.D.P. O., 8 S 76, requêtes adressées au conseil de préfecture des Pyrénées-Orientales, 1)
de Mme Dolorès Vinero y Sistera, veuve de Josep Sans y Moreau, 14 février 1902, 2) des
ayants-droits des héritiers de Josep de Sans.
105 A.C. Porta et A.C. Porté, délibération des conseils municipaux, Porté (12 août 1902) et
Porta (16 août 1902).
106 A.D.P. O., 8 S 76, note du ministre des Travaux Publics des Postes et des Télégraphes au
préfet des Pyrénées-Orientales, 29 octobre 1909, lui demandant de transmettre une requête
destinée à Mme de Sans pour procéder à la délimitation des mines et des minières “ sises à
l’intérieur du périmètre concédé ”.
448

ANDRÉ BALENT
limiter la mine et la distinguer de la minière, affirmant même (coup de
bluff ?) le 2 novembre 1912, vouloir reprendre l’exploitation107. Mais elle ne
fit rien de sérieux pour fournir les pièces indispensables réclamées par
l’administration pour engager la délimitation108. Les travaux en cours de la
construction du chemin de fer transpyrénéen (le percement du tunnel ferroviaire
a commencé) modifie les données du problème. L’ouverture de la
ligne ne pourra que bénéficier à l’exploitation du gîte du Puymorens. De leur
côté, à la fin de 1912, les communes de Porté et de Porta demandent
l’amodiation des minières afin d’en tirer à nouveau un revenu (l’accord de
location des minières par la S.M.A. aux communes avait expiré en 1906).
Tout sembla alors bouger à nouveau. Edmond Bartissol, le grand entrepreneur
audois et roussillonnais d’envergure internationale109, concessionnaire
des travaux de percement du tunnel, fit savoir qu’il acceptait d’amodier les
minières situées sur les vacants communaux du Puymorens. Laurent
Clastres, agissant pour Edmond Bartissol, accepterait, d’après l’ingénieur
des mines Laville, de louer les minières pour 29 ans, moyennant 2500 F
(1250 F pour chaque commune), mais c’était sans compter sur les concessionnaires
qui, cherchant un acquéreur, s’efforçaient d’empêcher une exploitation
à ciel ouvert110. En 1913, tout semblait prêt afin de régler définitivement
le problème. L’administration avait accéléré la procédure. Toutefois,
rien ne se passa. On peut penser que le début de la Première Guerre mondiale
suspendit les procédures en cours.
Le règlement (1918) et les nouveaux accords (1919-
1967)
Le dénouement intervint, nous le savons, en 1917-1918. Finalement,
nous l’avons déjà dit au début de cette communication, ce fut la S.M.A. qui
107 Ce qu’elle avait fait en 1908, reprenant une galerie exploitée antérieurement de la S.M.A.,
ce qui avait amené les communes à envoyer leurs gardes-champêtres verbaliser contre ses
ouvriers qui furent accusés de travailler à ciel ouvert. Considérant que ses droits de
concessionnaire étaient bafoué, elle s’était proposée de traduire les communes devant les
tribunaux. Mais le sous-ingénieur des mines de Prades, faisait remarquer que les travaux
engagés par les ouvriers de la marquise de Sans l’avaient été sur des terrains appartenant aux
deux communes (A.D.P. O., 8S 76, rapport du sous-ingénieur des mines de Prades, Prades, 26
janvier 1909).
108 A.D.P. O., 8 S 76, documents concernant la mine 1909-1912, dont diverses lettres de
Bonaventure Cot, maire de Bourg-Madame et mandataire de la marquise de Sans (plus
particulièrement celle du 2 novembre 1902).
109 Cf. Jean-Louis ESCUDIER, Edmond Bartissol 1841-1916. Du canal de Suez à la
bouteille d’apéritif, C.N.R.S. Éditions, Paris, 2000.
110 A.D.P. O., 8 S 76, lettre de Laville, ingénieur des mines de Toulouse au préfet des
Pyrénées-Orientales, Toulouse, 30 novembre 1912.
449

LA MINE DE FER DE PUYMORENS …
acquit la concession. La boucle était bouclée, la société fermière avait obtenu
ce qu’elle voulait. De guerre lasse, la famille de Sans, n’ayant pu trouver un
autre acquéreur, lâcha le morceau. Les communes, ayant retrouvé leurs
revenus et leurs emplois étaient satisfaites. La guerre retarda les travaux du
transpyrénéen qui ne fut ouvert au trafic que beaucoup plus tard, en 1929,
quelques mois avant que la grande dépression ne fît sentir ses effets. La
S.M.A. et les sociétés qui prirent sa succession modernisèrent l’exploitation
qui put profiter de la proximité relative de la gare de chemin de fer de
l’Hospitalet111. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’exploitation connut
une embellie, dans les circonstances difficiles que l’on devine… La mine,
proche de la frontière andorrane devint un lieu d’observation, de refuge. Elle
prit sa part à la “ guerre secrète des Pyrénées ”. Mais ceci est un tout autre
thème…
CONCLUSION
Ce récit aura mis à jour une triple relation, parfois conflictuelle entre
divers partenaires :
• - les communautés villageoises, triplement intéressées par l’extraction du
minerai de fer : parce que le gîte est implanté sur des pacages
communaux leur appartenant, parce qu’elles peuvent tirer divers profits
de son exploitation (revenus pour ceux de leurs citoyens qui
l’exploiteraient directement, revenus salariés pour des habitants des
communes, travaillant pour le compte d’un entrepreneur, loyers et redevances
versées par les locataires qui alimentent les budgets communaux).
Celle de Carol sut mettre à profit les difficultés du concessionnaire.
Elle sut conclure un pacte avantageux, lorsque, en 1722, lorsque,
après la guerre des Pyrénées (1720-1721) on pouvait prévoir une longue
période de paix et de stabilité sur la frontière.
• - Les concessionnaires [un seul concessionnaire, les Costa-Barutell-Sans
pendant près de trois siècles (1623-1918) ! et ce en dépit d’éclipses –
1650-1673 ; 1790-1842 – provoquées par les guerres ou les bouleversements
politiques], intéressés par les profits qu’ils peuvent retirer, en
exploitant directement leur concession ou en l’amodiant.
• - Les amodiataires ou locataires, pour les profits, également.
On se rend compte aussi qu’interférèrent les rapports conflictuels
qu’entretenaient les diverses communautés villageoises. Les lourds conten-
111 Pour la description des nouveaux aménagements, cf. RIBES, op. cit. On installa un cable
transporteur. L’exploitation fut aménagée pour continuer en hiver, en dépit des rigueurs du
climat.
450

ANDRÉ BALENT
tieux entre la communauté cerdane de Carol et les communautés fuxéennes
n’ont pas été sans conséquences sur le destin d’un gîte d’autant plus convoité
qu’il se situait sur des confins eux-mêmes longtemps contestés.
Les rapports entre ces partenaires, qui furent deux ou trois, ont varié
en fonction des époques, des événements qui pouvaient contribuer à éliminer
l’un d’entre eux ou le contraindre à s’effacer momentanément, modifiant les
règles d’un jeu que l’on croyait établies une bonne fois pour toutes. De
nouvelles habitudes sont vite prises et plongent dans l’oubli les anciennes.
Un des aspects les plus intéressants fut la modalité de la mutation de
l’ancienne métallurgie vers la nouvelle, fruit de la révolution industrielle. Au
XIXe siècle, les événements s’accélèrent, et les conflits entre ces divers
protagonistes prennent une tonalité nouvelle. Il faut dire qu’un quatrième
acteur, jusqu’alors présent en pointillés, le plus souvent éloigné des préoccupations
des acteurs locaux et des conflits qui les opposaient, s’affirme
comme étant désormais, l’arbitre incontournable qui fixe des règles de plus
en plus précises et, en dernier ressort, influence de façon décisive les choix
finaux. Cet acteur c’est l’État, de plus en plus présent, après 1820, avec ses
préfets, ses magistrats et, surtout, ses corps de fonctionnaires spécialisés,
comme les ingénieurs des mines qui, depuis Carcassonne, Toulouse ou Alès
(à partir des années 1920), dictent les prises de décision en fonction
d’analyses techniciennes présentant les garanties et les apparences de
l’objectivité, car fondées, en dernière analyse, sur un savoir “ scientifique ”
et donc incontestable. Préfets et sous-préfets s’effacent devant ces ingénieurs,
“ technocrates ” avant la lettre.
La singulière aventure de cette mine d’altitude, se déployant pendant
plus de trois siècles, aura permis de mettre en évidence ces luttes pour la
maîtrise et l’appropriation d’une ressource naturelle que certains ont voulu
privatiser pour la mettre au service d’un petit nombre et que d’autres, plus
proches des modes d’appropriation communautaire, fréquents dans les sociétés
traditionnelles pyrénéennes, se sont efforcés de préserver lorsque les
circonstances historiques le permirent et qu’ils défendirent jusqu’à une époque
récente.
451

LES MOTS DE LA MONTAGNE :
VERS UN LEXIQUE, LE MODÈLE DE
LA NAVARRA

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES.
NAVARRA, S. XI-XV
Eloísa RAMÍREZ VAQUERO*
Colaboradores : Marcelino Beroiz Lazcano, Iñigo Mugueta Moreno,
Ignacio Torrano Alonso. Grupo de Trabajo de la Red Temática
RESOPYR
Una de las reuniones iniciales del grupo RESOPYR tuvo lugar en
Pamplona en noviembre de 2001 ; se presentaron entonces diversos trabajos
relacionados con la explotación de los recursos naturales y con la fuentes
disponibles para las dos vertientes del Pirineo oriental y occidental. Una de las
conclusiones esenciales de aquella jornada fue la necesidad, y la consiguiente
propuesta, de la confección de un “Léxico Pirenaico” de los recursos naturales
que recogiera y definiera los vocablos debidamente documentados para las
épocas medieval y moderna. Se había constatado una gran riqueza léxica en lo
relativo a la explotación del medio natural, en distintas épocas, regiones y hasta
localizaciones geográficas puntuales – en altura, en fondos de valles, etc. –
y, naturalmente, en las distintas lenguas que afloran en la documentación
medieval y moderna del arco pirenaico y sus valles adyacentes, es decir, en
latín, romance navarro-aragonés, catalán, romances languedocianos y
gascones ; incluso en algunas ocasiones más puntuales la lengua vasca o
euskera. También se percibía, a lo largo de la cordillera, la existencia de una
reseñable cantidad de variables para designar los mismos usos, fenómenos y
sistemas de trabajo. Era evidente, por tanto, el interés y la necesidad de un
barrido de la documentación que rescatase la terminología utilizada desde un
cuestionario común y un criterio riguroso que permitiera recoger asimismo los
contextos precisos de cada vocablo, sus significados, etc.
El grupo de Navarra propuso elaborar una ficha de trabajo común para
todos, donde se recogieran los elementos principales de ese cotejo
documental a lo largo de una secuencia cronológica. En nuestro caso, y por
el tipo de fuentes disponibles, cabía agrupar, por un lado, la documentación
* U. Pública de Navarra - Pamplona
Congrès International RESOPYR (PUP, 2005) pages 455 - 543 455

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
correspondiente a los siglos XI y XII, de procedencia casi exclusivamente
eclesiástica, y proceder a un barrido exhaustivo de las colecciones diplomáticas.
Por otro lado, para los siglos XIII, XIV y XV, en que se contaba además
con importantes series de documentación relativa a la explotación del
dominio regio (en particular en los Registros de Comptos), cabía un sistema
de catas cada 25/30 años, por ejemplo. Se consideró que no era conveniente
abandonar para este último período la documentación eclesiástica, o la
municipal (esta última no es abundante), y en estos caso podría intentarse un
ajuste al sistema de catas anterior. Recogidos los vocablos con su contexto
original en cada sector pirenaico, el resultado podía ser una gran base de
datos que permitiera elaborar un “léxico pirenaico” de gran interés.
Fruto de aquella propuesta inicial y de sucesivos contactos por correo
electrónico, en particular a través del coordinador general, prof. Aymat
Catafau, el grupo de Pamplona presentó en la reunión de Lérida, en marzo
siguiente, una posible ficha de trabajo con los siguientes campos, destinados
a ser articulados en una Base de Datos : (Nombre del concepto, Fecha, Referencia
documental, Contexto literal, Lugar y circunscripción administrativa
actual, Explicación o interpretación que se hace del nombre, Otros nombres
afines, Categoría del nombre, Observaciones o notas.) Resultado de aquellas
jornadas y del trabajo de todos, la ficha de trabajo fue definitivamente
confeccionada con los oportunos matices ; la versión en File Maker 5.0 fue
desarrollada por el profesor Roland Viader, del grupo de Toulouse y nos fue
remitida a todos los grupos en junio de 2002. El grupo de Pamplona había
iniciado la tarea de expurgo documental, con una pequeña base de datos que
comprendía los mismos campos decididos en Lérida, que luego se volcaron
en la BD definitiva ; se trataba de adelantar tiempo, por un lado, y de aprovechar
la disponibilidad del becario pagado por el programa de Becas para
Estudios de Doctorado de la Univesidad Pública de Navarra.
Las dificultades para llevar a término un trabajo tan ambicioso como el
proyectado inicialmente para todo el arco pirenaico y la percepción de que
requería incorporar colegas del campo de la Filología, con los que no
contábamos en el proyecto global de RESOPYR, hizo que el proyecto del
léxico se llevara a cabo, finalmente, de manera más reducida y más realista,
casi a modo de “laboratorio de pruebas”, centrándose en un espacio más
concreto – el de la Navarra medieval –, y dejando la totalidad del arco pirenaico
para un segundo proyecto. Se limitaron asimismo las fuentes, dejando de
momento la documentación municipal y espaciando la documentación regia,
aunque de ella se aprovechó casi toda la publicada, relativa a los primeros
registros de cuentas del reino. El vaciado de la documentación navarra entre
los siglos XI y XV, que dio como resultado unas 350 entradas, fue realizado
por mí misma con la colaboración del resto del grupo de investigadores del
grupo de la Universidad Pública de Navarra : Iñigo Mugueta Moreno,
Marcelino Beroiz Lazcano, doctorandos en la fase final de sus tesis doctorales,
456

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
e Ignacio Torrano Alonso, becario de Cursos de Doctorado de la Universidad
Pública de Navarra. Ese fichero ha sido la base ensencial sobre la que se ha
desarrollado el presente trabajo, donde el material obtenido se ha organizado
por campos semánticos y donde se ha podido identificar la práctica totalidad de
los significados. La elaboración posterior de los materiales, su reajuste como
léxico alfabetizado, definiendo los campos semánticos y reuniendo la
información filológica, fue tarea mía, bajo la orientación filológica de la Dra.
María Vaquero Rodríguez, especialista en Dialectología.
Fuentes y bibliografía : (entre paréntesis, la forma de citarla abreviadamente)
1. Fuentes :
1. 1 Fuentes originales
Archivo General de Navarra (Consultado en particular a través de su nuevo sistema de acceso
a la documentación digitalizada y catalogada en soporte electrónico)
Sección de Comptos. Documentos (AGNC)
Sección de Comptos. Registros (AGNCR)
Sección de Comptos. Papeles Sueltos (AGNCPS)
1. 2 Fuentes publicadas
Acta Vectigaliae Regni Navarrae. Documentos Financieros para el estudio de la Hacienda
Real de Navarra, dir. J. Carrasco, con diversos colaboradores. Tomos I-VIII, Pamplona,
1999-2002. (AV.tomo/doc. [núm. asiento]).
Barragán Domeño, D., Archivo General de Navarra (1322-1349). I. Documentación real, San
Sebastián, 1997 (BARRAGÁN, AGN)
Centro de Estudios Históricos, Fuero de Tudela. Transcripción con arreglo al MS. 11-2-6-
406, de la Academia de la Historia de Madrid, en “Revista Jurídica de Navarra”, 4,
1987, p. 21-73. (FT. Red. Arc.)
Martín Duque, Á., Documentación Medieval de Leire (siglos IX a XII), Pamplona, 1983 (DML)
- Fuero General de Navarra. Una redacción arcaica, “Anuario de Historia del Derecho
Español, 1986, p. 781-861 [FGN.Arc.]
Ostolaza Elizondo, I., Colección diplomática de Santa María de Roncesvalles (1127-1300),
Pamplona, 1978 (CDR)
Utrilla Utrilla, J. F., El Fuero General de Navarra. Estudio y edición de las redacciones
protosistemáticas (Serie A y B), Pamplona, 1987, Vol. I y II. (FG, I y FG,II)
2. Obras de consulta
Alegría Suescun, D., Aprovechamientos hidráulicos urbanos en Navarra (siglos XII-XIV),
Tesis de Doctorado inédita (en prep. para publ.), Universidad de Navarra, Pamplona,
2003 [DAS]
Alvar, M., El becerro de Valbanera y el dialecto riojano del siglo XI, “Archivo de Filología
Aragonesa” (AFA), IV-V, 1952, p. 153-185. [AL.Valb]
- Vocabulario ansotano, “Archivo de Filología Aragonesa”, 22-23, 1978, p. 21-48 [AN]
- Atlas Lingüístico de Aragón, Navarra La Rioja, Institución Fernando el Católico,
Zarragoza, 1979 (Col. A. Llorente, J. Buesa, E. Alvar) [ALANR]
457

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
- Voces prerromanas en la toponima pirenaica (arte, gaparra, karri, muga), “Homenaje a
don Julio de Urquijo”, San Sebastián, 1980 [AL.Pir]
Arrechea Silvestre, H., El fuero de Tudela. Estudio y edición crítica, Pamplona, 1994 (tesis
doctoral inédita).
Diccionario ilustrado Vox Latino-español, español-latino, Barcelona, 1942 [DL]
Diccionario enciclopédico de veterinaria, G. West, Graos Ed., Barcelona, 1985 [DEV]
Diccionario español de textos médicos antiguos, dir. T. Herrera, Arco Libros, Madrid, 1996
[DTM]
Diccionario Etimológico español e hispánico, V. García de Diego, Espasa-Caple, Madrid,
1985 [DEEH].
Diccionario de la Lengua Española, Real Academia de la Lengua, XXII ed., Madrid, 2001, y
ed. de 1970 [DRAE, 70 y DRAE,01].
Diccionario Histórico de la Lengua Española, dir. R. Lapesa, Real Academia Española, 1972
(letra A). La letra B en la pág. WEB de la RAE. [DHRA].
Diccionario Medieval Español, dir. M. Alonso, Salmanca, 1986 [DME].
Dictionnaire du Moyen Français, A. J. Greimas, T. M. Keane, Larousse, 1992. [DMF]
Dictionnaire Historique de la langue française, dir. A. Rey, Le Robert, París, 1993 [DHLF]
Diccionario de voces aragonesas, Zaragoza, 1908 [DVA]
Du Cange, Glosarium Mediae et Infimae Latinitatis, vol. I-VIII, París, 1840-1850.
Fort Cañellas, M. R., Léxico romance en documentos medievales aragoneses (siglos XI y XII),
Zaragoza, 1994 [LAr]
Gran Enciclopedia de Navarra, Pamplona, 1990 (Secc. Historia Antigua y Medieval, dir. Á.
Martín Duque).
Herreros Lopetegui, S., Las tierras navarras de Ultrapuertos. S. XII-XVI, Pamplona, 1998.
[SHL]
Hiztegia. Euskara/gaztelania, castellano/vasco, Elhuyar, Usurbil, 2000 (H).
Iribarren, J. Mª., Vocabulario navarro, Pamplona, 1997 [VN]
Líbano Zumalacárregui, Á., El romance navarro en los manuscritos del Fuero Antiguo del
Fuero General de Navarra, Pamplona, 1977 [LIB.FG]
- Galicismos, occitanismos y catalanismos en el léxico del Fuero General de Navarra,
“Homenaje a don José Ma. Lacarra”, II, Zaragoza, 1977, p. 187-202.
- Consideraciones lingüísticas sobre algunos tributos medievales navarro-aragoneses y
riojanos, “Príncipe de Viana”, 40, 1979, p. 65-80. [LibTM].
Martín Duque, Á., Imagen originaria de los “Fueros”, en Signos de identidad para Navarra,
Pamplona, 1996, I, p. 405-408
Mugueta Moreno, I., Explotación minera en el reino de Navarra : la mina de plata de Urrobi
(s. XIV) (en este mismo volumen).
Nortes Valls, O., Consideraciones en torno a la redacción de documentos latinos en Aragón
durante la Alta Edad Media, “AFA”, 24-25, 1979, p. 287-315 [VALLS]
Nuevo Diccionario etimológico latín-español y de las voces derivadas, dir. S. Segura
Munguía, Bilbao, 2001 [NDL]
Rohlfs, G., Diccionario dialectal del Pirineo aragonés, Zaragoza, 1985 [DDPA]
Zabalo Zabalegui, J., La administración del reino de Navarra en el siglo XIV, Pamplona,
1973. [ADNA]
458

CONSIDERACIONES GENERALES
ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
Ordenadas las voces por campos semánticos, según se observa en el índice,
las referencias se ordenan luego cronológicamente, descartando las repeticiones
excesivas que no aportaban contenidos, pero reflejando siempre la más
antigua y la más reciente de las encontradas dentro del período medieval.
Figuran en cursiva las voces latinas, francesas y occitanas cuyos contextos
están en esas lenguas, dejando las redondas para el resto (romances hispanos y
voces de procedencia vasca, porque su contexto está siempre en latín o en
romance). Se ha decidido así porque los términos franceses, occitanos y latinos
están, salvo pocas excepciones, en contextos de su propia lengua, ya que éstas
se documentan ampliamente en la Navarra medieval ; en cambio, los vocablos
en euskera o derivados del mismo se encuentran en contextos escritos en latín
o romance, indistintamente. En referencias procedentes de las tierras de
Ultrapuertos pueden darse contextos en posibles lenguas occitanas. Como es
lógico, las entradas de los vocablos recogen sus variantes gráficas, en singular
(más el plural, si lo modifica) ; para el latín se ha añadido entre paréntesis el
enunciado habitual en nominativo-genitivo ; los verbos están en infinitivo (con
sus variantes gráficas). El análisis de las voces se hace siempre en la entrada
del romance navarro, y a ella remiten las versiones en otras lenguas, salvo que
sólo exista la latina, francesa o la occitana.
En cada contexto se ha anotado su fecha (año, mes, día) seguido del lugar
al que se refiere la cita, identificando, al menos, la merindad navarra en que
se ubica, excepto cuando son capitales de merindad, en que no se ha
considerado preciso por resultar evidente. Es preciso hacer aquí, por otra parte,
unas breves consideraciones respecto a la datación de algunos documentos más
complejos, como es el caso de las compilaciones forales (Tudela y Fuero
General en sus diferentes versiones). Se han tenido en cuenta al respecto, aquí,
las atinadas observaciones de D. Ángel Martín Duque relativas, en primer
lugar, a que en este tipo de textos de elaboración paulatina y compilación
jurídica, la génesis del contenido – o de algunos contenidos – puede deberse a
una fecha muy anterior a la del manuscrito concreto con el que contamos, que
además recoge preceptos sucesivamente incorporados al elenco en una
secuencia cuyo punto final podemos conocer con mayor precisión. Pero esta
circunstancia dificulta considerablemente el trabajo con los textos forales ; el
contenido de los preceptos, y la posibilidad de fechar algunos de ellos de
manera específica, permite sin duda afinar la cronología de esos contenidos,
pero todavía no de manera definitiva. Por otro lado, en un elenco léxico como
el que aquí se presenta, la fecha de la puesta por escrito es quizá la más
relevante (y la más segura de momento), y por esa razón es a ella a la que se
refieren las dataciones que se han elegido para los textos forales. En el caso de
Tudela, la fijada por H. Arrechea Silvestre para la versión extensa del mismo
(1247-1271) y en el del Fuero General : la de c.1270 para la redacción arcaica,
459

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
según las estimaciones del propio Á. Martín Duque, su editor, y otra más genérica,
“el siglo XIV” para las redacciones protosistemáticas, estudiadas por J.
Utrilla Utrilla. En este último caso, queda encuadrada la fecha más probable de
los distintos manuscritos, según su editor, e igualmente es la opinión de los
últimos estudios de Á. Martín Duque, aunque proponga variantes en cuanto al
orden de antigüedad de los textos, dentro de la misma centuria.
ÍNDICE
1. Ganadería
1. 1 Conjunto (p. 463)
animalia (animal, -is)
bestia
bestia(s), (bestia, -ae) vid. bestia
boyeral
busto(1)
cabannam, cabannis, vid. cabayna
cabayna, cabaynna
fiera
ganado, ganat, guanado
gregibus (grex, -is), vid. grey
grey
pecudum
1.2 Ganadería. animales
1.2.1 De granja o pastoreo (p. 468)
baqua(s), vaca, vacca, vaqua(s)
borra
buey, bui, buy, buyu
cabra(s)
carnero
gegoa(s)
molton
mul(s), mula
nouieyllo
oueia, oueyla, oueylla
oues, (ovis, -is), vid. oueia
por(s), porcelez, porc(x), puerco
potro
toro
vezero(s), vezerro
1.2.2 Del medio natural (p. 472)
açtor, aztor(es)
falcon
guauillan(es), guauyllan
lobo
460
palomba(s), palonba, palonpa
uenado
1.3 Ganadería. Productos derivados del
ganado (p. 474)
cuero
tocin
1.4 Enfermedades del ganado (p. 475)
felera
guerra agoça
garraca, vid. guerra agoça
malantia, malautia
nacencia, nacença
plaga
polmonera
raça
2. Espacios
2.1. Terrenos (p. 478)
bardena
forest
forest, vid. forest
cola (collis, -is)
garenarum, garene (garena, -ae)
laguna
mont
mons, monte, montem, montibus, montum
(mons, -ontis), vid. mont
montayna(s)
nemore, nemoris (nemoralis, -e)
oterum
padul, padule, palud, paludes, paludem,
paludibus (palus, -ludis)
pardinam
paschuis, pascuis, passibiles, vid. pastura (1)
pastura (1), paçtura, paztura
pelagis (pelagus, -i)
pascuero(s)

pesqueras
prado
prati, pratis pratos, pratum, (pratum, -i)
vid. prado
puerto
porto, portu, puerto (portus, -us) vid. puerto
roças
silua (silva, -ae)
soto
virgulto (virgultum, -i)
viridarium (virid[i]arium, -ii)
yermo
2.2 Terrenos
limitados o reservados (p. 491)
bubalares
bustales, bustalibus, bustalizam, bustalizan,
vid. bustaliça
bustaliça, bustaliza, bustalliza
busto (2)
coto
cubilar (1), cubilare, cubilarem, cubilares,
cubilaribus, (cubile, -is)
cuylar, cuyllar (occitano, vid. cubilar (1))
defessa, dessa
estiuam (estiua)
uedado, vedado
vetatum, vid. uedado
2.3 Lugares propios
de los animales (p. 497)
abeuradero, abeurador(es)
corral
establia
pesebre(s), pesebro(s)
2.4. Linderos (p. 499)
fazero(s)
moion
muga
2.5 Productos derivados
del espacio (p. 500)
agoa(s)
acquis, aque, aquis (aqua, -ae) vid. agoa(s)
caça
errba(s), yerba(s)
falguera, felguera
glandes (glans, glandis)
pasto, pasturas (2), paztura, pazto
pastus, (pastus, -i) vid. pasto
tallacon(es), tallazon
2.6 Comunicaciones y transporte (p. 503)
ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
almadia
alcal, arcal, arqual(es)
3. Materias primas
3.1 Madera (p. 505)
auete(s)
arbol, arbor
arboribus, (arbor, -oris) vid. arbol
arto(s)
ayllaga(s)
frezno(s)
fusta
ligna, (lignum, -i) vid. leynna
leña, leyna, leynna
madera(s)
mayrame(s)
pino(s)
robre(s)
sarça(s)
tamariç escuero
tron du bois
3.2 Minerales (p. 511)
adzurio, azurio, vid. azur
azur
argent (fr.)
argentum (argentum, -i), vid. argent
azero
carbon
cobre
cuivre, (fr.) vid. cobre
cuprum (cuprum, -i) vid. cobre
fierro, hierro
lapides (lapis, -idis)
losa
mina, minera(s) (1)
mine (fr.) vid. mina, minera(s) (1)
peyra, piedra
plomo
4. Tributos
4.1 Sobre ganado (p. 516)
quarto
quinta, quinte(s)
yurdea, yurdearum
4.2 Sobre colectas (p. 517)
eruage, erbatgo, herbage, herbago(s)
herbagium, herbatico, (herbaticum) vid. eruage
geduago, geduadgo
lagunaje
pazto, pastura(s) (3)
461

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
pasturagiis, vid. pastura(s) (3)
tribudo
tributo (tributum, -i) vid. tribudo
5. Ámbito agropecuario
5.1 Oficios (p. 520)
cabrarizo
costiero
custos (custos, -odis) vid. costiero
ganadero(s)
maoral, mayoral (de la cabayna)
monter(s) (Occitano)
pastor
pexcador(es)
porquero
tributador(es)
vaquero
5.2 Actividades (p. 523)
abeurer, abuerer
beuer
cortar (leña)
cubilar (2), cubillar
embiar (puercos a mont)
erbaiar
fazer (leña)
fazer (pesquera)
fazer (prado)
geduagar, cuilyr el geduadgo
hascar
mugar
nutrienda (nutrio)
pacer, paizer, pasçer, pascer, paser, pazer
pascere, vid. pacer
parar (engeynos)
passar trasfumo
pescar
quintar
recebir las baquas
taiar, tallar, tayllar
5.3 Ingenios (p. 530)
caynnar de pescar
mollino pora serrar, de sierra
ret palombera, de palombas
laço(s)
palonbar
6. Minería
6.1 Oficios (p. 532)
affinador
462
argentero
braçero
carbonero(s)
ferreur (Fr.) vid. ferron
ferron
fusteur (Fr.)
picadors (de peyra)
preciadores (de peyra)
minaquero
seynnor (de la ferreria)
tenedor (de la ferreria)
6.2 Actividades (p. 535)
abrir forado
afinar, affinar (mina)
atizar el fuego
batir la mina
carrear mina
cerner la mina (menuzada)
fazer l’ensay de las minas
fazer carbon
fazer hierro
fundir la mina
fuster la mine
quemar la mina
martelar (en la peyrera)
meuler la mine (Fr)
rancar (losa, o de la mina)
sacar piedra
6.3 Materiales (p. 538)
cendrada(s)
cenissa(s)
muestra(s)
6.4 Taller (p. 539)
ferreriarum, vid. ferreria
ferreria
peyrera, pedrera
mina, minera (2), miniere
mineriis, vid. mina
saxum
6.5 Objetos (p. 542)
barquin(es)
criuieillo(s)
crisol(es)
forno de la fundicion
pison
uerga de fierro
mordaça

1. Ganadería
1.1. Conjunto
ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
animalia (animal, -is)
(sust.) Lat. a n i m a l , -l i s , ‘ser viviente, animal’, trad. “animal”
1242,10,20 [Gascuña (Francia)]
...quod habeant totum herbagium nostrum, in omnibus pasturis nostris que habemus
in episcopatibus predictis (Bayona y Dax), ultra aquam que vocatur l’Ador, ad
animalia sua pascenda et nutrienda, usque ad decem annos completos... ita quod
nullus balliuorum nostrorum, vel aliorum fidelium nostrorum, aliquid capiat a
predicto priore et fratribus pro pastura predicta, set omnia animalia que in ea
habuerint libera habeant et quieta. (CDR, 113)
bestia
(sust.) Del lat. b e s t i a, - a e, ‘animal cuadrúpedo’, ‘animal
doméstico de carga ; por ej. el caballo, la mula, etc.’ (DRAE,01)
1266 [Maya (Baztán, valle)]
Per vna bestia logada per levar l’arnes dels moros a Maya, 2 soltz, 8 diners (AV.2
[1259]).
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Enpeynamiento de bestia. Si uno a otro enpeynare bestia, et si fiçiere de mas de
quanto conuenient ouo al enpeynamiento et aqueylla bestia recebiere muert o otro
daynno... [FGN.Red. Arc.97]
bestia(s), (bestia, -ae) vid. bestia
1090,03,05 [Huarte-Pamplona]
...Et sicut constitutum ab antiquis est, hoc monasterium de Varte habet
consuetudinem incidendi ligna in montibus de Begeriz et de Beola, cotidie duas
bestias honeratas, sicut palatium de rege... (DML, 130)
boyeral
(sust.) Relativo a los “bueyes”. Se recoje “boyaral”, como ‘ganado
vacuno’ (ALV). La palabra general es “boyal”, ‘dehesas o prados comunales
donde el vecindario de un pueblo suelta o apacienta sus ganados, aunque
estos no sean vacunos’ (DRAE, 01). En ámbito aragonés se documenta
“boalar” como adj., ‘dehesa boyal’ o de bueyes [LibTM]. Aquí puede
entenderse como “el conjunto de bueyes”, equivalente al rebaño, razón por la
cual se ha incorporado a este punto 1.1.
1288,06,19 [Roncesvalles (Erro, valle)]
...que aqueill lugar (especifica)..como son de la horden, si que fique de la horden, de
guisas que nos los de la horden podamos çerrar, romper e sembrar por todos
tiempos, sin embargo ninguno de los del burgo, saluo desde el dia de San Martin ata
el primer dia de abril, que finque pastura por ambas las partidas, guardandose del
sembrado e del boyeral si hubiera alli la horden, enta. (CDR, 305)
463

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
...ni podamos pazer los del burgo en aqueyll logar con niingun ganado, salbo de la
Sant Martin asta el primer dia de abrill, que podamos pazer los del burgo con
nuestro ganado por siempre e aquell tiempo goardandoos los del burgo de los
sembrados e de lo boyeral o boyerales que biere la orden. E la orden sea tenida de
dar dos bonas entradas e esidas cada anno en el sobredicho tiempo... (CDR, 305)
busto(1)
(sust.) Vid. asimismo en 2.2. Aquí se refiere a ‘ganado’ o ‘conjunto de
animales’, “ganados” (DRAE,01)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Calonia de bustos. Nuyll home qui crebanta cabayna de bacas o de oueyllas o de
puercos o de gegoas brauas, es la calonia... [FGN.Red. Arc.77]
s. XIV [Fuero General]
Las uillas fazeras que an los terminos conoscidos pueden pacer de part de los
restoiares ata las eras de sol a sol, non faziendo dayno en los fruytos, ni en prado de
cauayllos ni de buyes. Si por uentura algunos ganados aienos passaren por termino
d’alguna uilla, o busto por termino d’algun ifançon, deuen-lis dar logar o alberguen
una noche o 1, si non pueden ir d’ayllo de buena guisa, et nos sean tenido de dar
ninguna cosa a los de la uilla, ni ad aqueyll ifançon. Et denlis logar o puedan beuer
aqueyllos ganados. (FG, I.533)
cabannam, cabannis, vid. cabayna
1313-1314 [Mixa y Ostabares, Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De cabannis uacarum. De cabbana domni de Acromonte, 28 solidos, 4 denarios
(AGNC.39, nº 71, 1)
1339 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Cabanam regis de Orareguia, Bernardus Vasconis tenet loco uadiorum mace de
dono regis ad uitam. (AGNC.8, nº 6, fol. 40r.)
cabayna, cabaynna
(sust.) Del lat. c a p a n n a, ‘choza’, de c a p e r e, ‘caber’.
‘Construcción rústica pequeña y tosca, de materiales pobres, generalmente
palos entretejidos con cañas, y cubierta de ramas, destinada a refugio o
vivienda de pastores, pescadores y gentes humilde’. ‘Conjunto de ganados
de una hacienda, región, país, etc.’ (DRAE,01). El uso aquí recogido
corresponde más bien a la segunda acepción y puede referirse a vacas o a
ovejas, particularmente.
1176,10 [Roncesvalles (Erro, valle)]
...d’este dia adelant ningun omme non sea de intrar o de crebantar por fuerça, o de
mal trayer las uuestras casas ni las uuestras cabaynas, ni las uestras cosas... ni los
uuestros ommes, ni el ganado, ni otra cosa ninguna que uos se raçone o uuestra
sea... (CDR, 10)
1280 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Compotus de Garcia d’Orondiriz, vaquero de la cabaynna donna Johana, recepit
denarios (AV. 3, [s/ref, sigue a la 1741])
464

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Calonia de bustos. Nuyll home qui crebanta cabayna de bacas o de oueyllas o de
puercos o de gegoas brauas, es la calonia... [FGN.Red. Arc.77]
s. XIV [Fuero General]
- De qui roba cabayna. Si la cabayna de uaccas o de oueylas fuere, o de
quoalquiere ganado, enos dias de uerano o de yuierno, si la cabayna uiniere algun
ombre e quiere robar del ganado de la cabayna, e si’l demandare el dueyno de la
cabayna la roberia al robador e si’l negare (la roberia, el robador), ata la ualia de 1
buy prouelo con prueuas. De 1 buy adelant, proue con testimonias d’aqueylla uilla
dont la nafega solia inbiar a la cabayna.. (FG, I.150)
- Nuyll ome qui crebanta cabayna de uacas o de oueias o de puercos o de iegoas
brauas, es la calonia 60 sueldos, emendando lo que aura preso. (FG, I.349)
1305 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
- Item, pro los petaços de cueros de 6 cabeças de vaccas e de vezerros que comieron
los lobos de la cabaynna del rey, fueron vendidos los petaços, 3 sueldos. (AV.6/66
[129])
- De vaccas vendidas de la cabynna del rey pro quatuor nouieyllos vendidos en 20
sueldo, fit 4 libras. (AV.6/66 [127])
1362 [Md. de La Ribera]
...a los mayorales o seynnores de las cabaynnas de oueyias et carneros de la
merindat de la Ribera, Salus. Como sea nuestra entencion de fazer vna cabaynna de
obeyias et carneros para nos... (AGNC.15, nº 91, 20)
1367 [Md. de La Ribera]
Compto de los herbagos de las Bardenas fecho sobre jura por Blasco Portanoua,
vezino de Ysaua, et Petri Blasquiz d’Uztarroz, ordenados por dar compto por todas
las cabaynnas de val de Roncal, assi de vacas como de oueillas... (AGNC., Caj. 19,
nº 46)
fiera
(sust.) Del lat. f e r a, - a e, ‘carnívoro (mamífero unguiculado)’
(DRAE,01), aquí se utiliza de manera genérica para referirse al ganado o los
animales de pastoreo en general.
S. XIV [Fuero General]
A porquero o cabrarizo o ha pastor si’l tueylle en el mont puerco, cabra o oueia o
otra fiera ninguna, si podere mostrar alguna seynal el pastor o el porquero o el
cabrarizo del ganado que perdio, con su iura que fiera’l toylio, pierdasle al seynor.
(FG, I.289)
ganado, ganat, guanado
(sust.) Conjunto de bestias que se apacientan y andan juntas
(DRAE,01).
~ granado, adj. del part. de “granar », ‘notable y señalado, principal,
ilustre y escogido’, hace referencia al ganado mayor, ‘el que se compone de
cabezas o reses mayores, como bueyes, mulas, yeguas, etc.’ (DRAE,01). En
una ocasión se hace referencia a “ganado grande” frente a “menudo”,
asimilado, el primero, por tanto a “granado” (1397)
465

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
~ menudo, adj., del lat. m i n u t u s, ‘pequeño, chico o delgado’, hace
referencia al ganado menor, ‘el que se compone de cabezas o reses menores,
como ovejas, cabras, etc.’ ; también, ‘conjunto de las crías del ganado’
(DRAE,01).
~ axericados/exericados, “exarico”/”axarico” (del ar. as-sariq)
‘aparcero morisco’ (DRAE,70) ; documentado con esta acepción en Aragón
al menos desde el siglo XI, se refiere a un siervo o persona dependiente,
propiedad de un señor cristiano ; Du Cange lo considera vocablo hispánico
(LAr). Aunque la acepción no tiene relación con el ganado, cabe interpretar
que se refieren aquí, por el contexto, a ganados que son propiedad particular,
de “señores”.
1176,10 [Roncesvalles (Erro, valle)]
...e si el ganado se uoluiere con otro ganado ajeno, e por esto no lo quieran rendar,
mando que en la uuestra sola fe, o de uno de uuestros freyres senes otra iura ninguna
e sen otros testigos uos riendan todo lo que dixierdes que es uuestro... (Y si se llega
a juicio, entonces,)... que el uuestro pleyto ho el uuestro iuycio en todo el mio regno
sea determinado en la sola fe del mayoral de la cabayna, ho un freyre quoalquiere de
la uuestra orden... (CDR, 10)
1266 [Soule (Francia)]
Dels la terra de Sola, per la redencion del ganat que lis fu pris... (AV. 2, n.1363)
s. XIV [Fuero General]
De ganado enfermo. Si ganados enfermaren, ad aqueyl qui los uezinos accusaren
que so ganado es enfermo deuen li dar paçtura apartada o pueda pascer so ganado...
Despues que los uezinos li dieren pastura al ganado enfermo, por dreyto hy deue
tener su ganado, et si d’ayli sacare su ganado e se boluiere con l’otro ganado sano
et moriesse o enfermase el ganado sano, el dueynno del ganado enfermo es tenido
de emendar el dayno. (FG,I.147)
- …Si algunos ganados de los ombres del rey passaren por termino d’alguna uilla o
d’algun ifançon, den-lis logar o albergue et abeuren sus ganados, et si por termino
d’alguna uilla o de rey passan algunos ganados, den-lis logar o alberguen et
abeuren, et si dar no lis quieren, pueden prender logar o alberguen et abueren sin
dayno de los uezinos en los fruyto et en los prados de los cauayllos et de buyes, et
en los otros uedados que tienen uedados los uezinos entre sí. (FG, I.533(2)
1304 [Cisa. Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Por espensa del merino quoado lo citaron los de Cisa por dos vezes, quoando por
mandamiento del gouernador lis peyndro lures ganados en las bustalizas del rey en
el puerto en tres plazos, que fue a Olit a la cort con espensa de los testigos que leuo
por prouar su entencion, 4 libras, 10 sueldos. (AV.5/56 [225])
1330 [Cintruénigo. Md. Tudela]
Ibi, del quarto de los guanados que pacen en los vedados del conceyllo, tribudado a
4 aynnos, por el postremero aynno, a la part del rey, 5 sueldos. (AGNCR. 26, fol.
1v. Versión en latín en fol. 244v. : “ganatorum”.
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil (Md. Estella)]
Et defende el coto segun fuero de la tierra et coto sea del conceillo d’Açança, et
puedan pacer toda la dicha sierra que es clamada Saruyll con ganados granados et
466

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
menudos, et sacar piedra et losa, et tayllar leyna menuda, non tayllando arbol
ninguno, que nos daran trezientas libras de sanchetes por tal que nos les fagamos
donazion perpetua pora eyllos et lures succesores de todas las cosas sobredichas...
Et queremos et nos plaze que por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las
yerbas en la dicha sierra, et beuer las agoas con lures ganados menudos et
granados, et sacar piedra, et rancar losa, et tayllar leyna menuda non tayllando
arbol ninguno.” (AGNC.7, nº 16. Publ. BARRAGÁN, AGN, n. 69.)
1392 [Tudela. (Md. La Ribera)]
...dato a tributo a Naçan del Gabay, judio de Tudela, todos los paztos et herbagos de
los sotos... con sus entradas et saillidas con sus abeuradores et con sus drechos et
pertenençias de los dichos paztos et herbagos de los dichos sotos, que son nuestros,
para cinco aynnos cumplidos començando primero dia de jenero anno LXXXVIII
en adelant por prescio de dozientos florines d’oro por todo el tiempo de los dichos
cinquo aynnos, en tal manera que el dicho Naçan ouiesse, vsasse et espleytasse
todos los dichos paztos et herbagos de los dichos sotos et se aprouechasse
d’aqueillos con sus ganados menudos et granados o como eill querra... (AGNC.67,
nº 25, 9)
1396, 05.10 [Areso (Md. Montañas)]
Et porque ha plantado el dicho maçanedo et ha fecho fazer las dichas casas, edifiçios
et molino et paçer las yerbas en el dicho termino llos buyes que tiran las carretas et
carrean mina et otras cosas a la dicha ferreria necessarias, et los puercos et ganado
menudos et grandes que eill traye para prouision de las gentes de la dicha ferreria...
(AGN, PS,2ser, Leg. 5, n. 28).
1432 [Tafalla (Md. Olite)]
...dizen que non se fallara en memoria de gentes que los del dicho conceio ni los
otros que suelen traer ganados axericados en los terminos de la dicha villa deuiesen
nin pagassen cosa alguna ni otro drecho alguno por la dicha causa. Et que en tiempo
alguno nunca lis fue fecha demanda por esta causa ata agora. Et que si a esto eran
constreynidos aquellos qui trayrian los dichos ganados exericados non venian a
erbaiar a sus terminos... (AGNC.132, nº 5)
gregibus (grex, -is), vid. grey
1330 [Sancho Abarca. (Md. Tudela)]
De 18 arietibus et 18 ouibus annalibus ? ? receptis de 18 gregibus pecudum
pascenccium in dicto nemore, uenditis per dictum castellanum, deductis 18 solidis
pro decima parte contingente dictum custodem, in parte regis, 8 libras, 2 solidos.
(AGNCR. 26, fol. 246r.)
grey
(sust.) Del lat. g r e x, g r e g i s, ‘rebaño’. ‘Rebaño de ganado menor’.
‘Ganado mayor’
- gregibus pecudum, ‘grey de ganado menor’ (vid. El uso de
“pecudum” en solitario, más abajo)
s. XIV [Fuero General]
Si entridieren greyes de oueias, o 1 o dos greyes, o mas, depues que entridiere
setiembre seyendo la tierra muiada de pluuia en los barueytos que son pora senbrar,
si entridieren con uiento de sierço corriendo, el seynor de la grey o d’estas oueias
467

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
deue acuytrar 1 uez estos barueytos por ont passan estas oueias. Et si con buytorno
entridieren, deuen acuytar 2 uezes estos barueytos, por quoal logar passan las oueias
el seynnor d’aquest ganado... (FG, I.386)
pecudum
(sust.) Lat., p e c u s, p e c o r i s, ‘ganado menor’, ‘rebaño de ovejas,
cabras, etc. Cría’ (DL). En este caso se refiere a ovejas (oues). Vid.
“gregibus pecudum”, más arriba.
1330 [Corella. (Md. Ribera)]
Ibi, de herbatico pecudum extraneorum, nichil, quia non defferunt oues propter
incurssus malignorum. (AGNCR. 26, fol. 244v.)
468
1.2. Ganadería. animales
1.2.1. De granja o pastoreo
baqua(s), vaca, vacca, vaqua(s)
(sust.) Del Lat. v a c c a, - a e, “vaca” (DRAE,01)
1266 [Itsatsou. Ultrapuertos (Baja Navarra)]
A 2 muylleres de Ytssassu, per hemenda de vaquas et oueyllas, que lis preso el
seynnor de Garro...(AV. 2, [1257)
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Item por vna vaca que fue furtada de la cabayna del rey e fue redemida, 10 sueldos.
(AV.5/51 [154])
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Por 25 vezeros de las vaquas que la tierra de Soula deuia al rey, vendidos a dineros,
qualibet pro 7 sueldos, 8 libras, 15 sueldos et esto es porque las vaquas deuian dar
preynadas et non las dieron al tiempo, por esto lis fiziemos paguar los vezer[os].
(AV.5/51 [85])
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra) y Soule (Francia)]
Item por expens de Johan Issarn que fue en Soula por recebir las baquas e prender
la iura del blat segont que’l gouernador mando, 15 sueldos. (AV.5/51 [163])
1305 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De vaccas vendidas de la cabynna del rey pro quatuor nouieyllos vendidos en 20
sueldo, fit 4 libras. (AV.6/66 [127])
borra
(sust.) Del Lat. b u r r a, - a e, ‘cordera de un año’, también ‘parte más
grosera o corta de la lana’, ‘pelo de cabra de que se rellenan las pelotas,
cojines y otras cosas’ y, en séptima acepción, ‘tributo sobre el ganado, que
consiste en pagar, de cierto número de cabezas, una’ (DRAE,01).También,
“las borras”, ‘lo que queda después del cardado de la lana, lino o cáñamo’
(AC). Aquí cabe considerar que se refiere a la primera acepción, procedente
del bajo latín (NDL).

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1368 [Md. de La Ribera]
Libro del geduago : Oueyllas. Iten en la cabayna de Sancho Sanchiz d’Isaua 1
oueyla et borra. (AGNC.24, nº 11, f. 21 r)
buey, bui, buy, buyu
(sust.) Del Lat. b o s, b o v i s, “buey”, ‘macho vacuno castrado’
(DRAE,01).
1238,01,17 [Andía, sierra (Md. Montañas)]
...fidança de coto al fuero de tierra, de V buies de Andia, pora obos del hospital de
Ronçesuals. (CDR, 97)
1259,07,30 [Erro, valle (Md. Sangüesa)]
...e metieron fiadores de cada (son tres partes) doçientos buyes de coto, que se
terrian en lo que estos cinco alcaldes aprendarian e iudgarian, los meyos pora el rey
e los otros meyos pora la partida que se corria en el iudicio que darian... (CDR, 170)
1266 [Osés. Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Ibi, de bueys rasclar et de sarrclaneras, 6 soltz, e diners. (AV. 2 [1185])
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Todo home qui a buey crebanta cuerno por rayç deue VI arrouos de trigo et VI de
ordio ; et si non fuere salido por rayç, deue III arrouos de trigo et III de ordio
[FGN.Arc.238]
s. XIV [Fuero General]
- Del fuero de los puertos.(3) …Si buyu cayere (en las trampas de caza, del verano,
que no puede haberlas) e morire, aqueyl qui el engeyno paro otorgando lo peyte el
buy ; e si negare et da fiador de niego e fuere prouado por batayla o por testimonias,
peyte 1000 sueldos... (que se reparten entre los afectados y el rey) (FG,I.148 (3))
cabra(s)
(sust.) Del Lat. c a p r a, - a e, “cabra” (DRAE, 01)
1259,07,30 [Erro, valle]
Otrosi Urdinçaqui Hualdea de la una part del reyo e de la otra a Sant Saluador, saluo
la casa del hermitano... (de forma vitalicia, pero luego)… que se desfagan todas las
casas del hermitano, [maguera que desfagan luego] las casas de las cabras que son
feitas sobre las casas del hermitano. (CDR, 170)
carnero
(sust.) Del Lat. a g n u s c a r n a r i u s, [cordero] de carne. “carnero”
(DRAE, 01)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Si alguno furta de las oueyllas el carnero que traye al pescueço la campaneta por
amor que furte de las oueyllas... [FG.Red. Arc.164]
1280 [San Vicente de la Sonsierra (Rioja), desde Roncal (Md.
Montañas)]
Por despens de dos pastores que guardaron los carneros que venieron de Ronqual,
por 5 meses, 50 s. (AV. 3 [991])
469

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
caual, cauayllo
(sust.) Del Lat. c a b a l l u s, - i, “caballo” (DRAE, 01)
1266
Per 1 caual conprat de Gil d’Estela, oer aver per al rey, 43 lib. (AV.2 [2606])
1297 [San Juan de Pie de Puerto. Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Item ouo por eyl mismo, per retorii de dos cauayllos, 34 libras, 15 sueldos.
(AV.5/40 [51])
gegoa(s)
(sust.) “yeguas”, del Lat. e q u a, - a e, ‘hembra del caballo’
(DRAE,01) ; en este caso son “bravas”, es decir, ‘feroces’, o más bien,
tratándose de equinos, sin domesticar o domar.
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Calonia de bustos. Nuyll home qui crebanta cabayna de bacas o de oueyllas o de
puercos o de gegoas brauas, es la calonia... [FGN.Red. Arc.77]
De pasçer ganados... Enpero oueylllas, puercos, gegoas brauas, non passen por ont
las miesses son et, si passaren, non tornen por aqueylla carrera [FGN.Red. Arc.88]
molton
(sust.) Del fr. mouton, trad. “carnero, borrego (animal), cordero
(comida)”. Aquí se refiere a corderos, como se distingue sobre todo en el
primer caso.
1266 [Ultrapuertos (Baja Navarra), a Lourdes (Francia)]
Per 10 vaquas et per 60 moltons compratz, et enviarlos a Lorda...(AV.2 [1379])
1266 [Olite]
...vendimus 19 moltons, dont an contat los diners en lur recepta. (AV.3 [3880])
mul(s), mula
(sust.) Del lat. m u l u s, - i, “mulo” (DRAE,01)
1266
- Per 2 muls compratz per l’almosner, que dona lo rey a Richart de Montfort, 23
libras. (AV.2 [2607])
- Pero 1 mula conprada...(AV.2 [2608])
nouieyllo
(adj.) “novillo”, del lat. n o v e ll u s, - u m, ‘nuevo, joven’ y además,
como sust., ‘res vacuna macho, de dos o tres años, en especial cuando no
está domada’ (DRAE, 01). Se documentan ambas definiciones.
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Ningun homme qui en bustaliza de montayna cortare arbor conoçuda de bustaliça. I
buey nouieyllo deue por calonia... [FGN.Arc.35]
1305 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
- De vaccas vendidas de la cabynna del rey pro quatuor nouieyllos vendidos en 20
sueldo, fit 4 libras. (AV.6/66 [127])
470

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
oueia, oueyla, oueylla
(sust.) Del lat. o v i c u l a, ‘oveja’, (DRAE, 01)
1266 [Itsatsou. Ultrapuertos (Baja Navarra)]
A 2 muylleres de Ytssassu, per hemenda de vaquas et oueyllas, que lis preso el
seynnor de Garro...(AV.2 [1257])
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Calonia de bustos. Nuyll home qui crebanta cabayna de bacas o de oueyllas o de
puercos o de gegoas brauas, es la calonia... [FGN.Red. Arc.77]
s. XIV [Fuero General]
A porquero o cabrarizo o ha pastor si’l tueylle en el mont puerco, cabra o oueia o
otra fiera ninguna, si podere mostrar alguna seynal el pastor o el porquero o el
cabrarizo del ganado que perdio, con su iura que fiera’l toylio, pierdasle al seynor...
(FG, I.289)
1367 [Md de la Ribera]
Compto de los herbagos de las Bardenas fecho sobre jura por Blasco Portanoua,
vezino de Ysaua, et Petri Blasquiz d’Uztarroz, ordenados por dar compto por todas
las cabaynnas de val de Roncal assi de vacas como de oueillas... (AGNC. 19, nº 46)
1368 [Md. de La Ribera]
Libro del geduago : Oueyllas. Iten en la cabayna de Sancho Sanchiz d’Isaua 1
oueyla et borra. (AGNC.24, nº 11, f. 21 r)
oues, (ovis, -is), vid. oueia
1330 [Corella. (Md. Ribera)]
Ibi, de herbatico pecudum extraneorum, nichil, quia non defferunt oues propter
incurssus malignorum. (AGNCR. 26, fol. 245r.)
por(s), porcelez, porc(x), puerco
(sust.) Del lat. p o r c u s, - i, ‘cerdos’ (DRAE,01). La grafía de
“porcelez” puede referirse, quizá, a pequeños cerdos, o “puerquitos”.
1259 [Montañas Md.]
Item recepit pors, de don Martín Ortiz, por quintes, 29 pors (AV.1 [462 y 463]).
Item, de eodem (Garcia Lopiz), 1 truie et 5 porcelez (AV.1 [465])
Summa de son despens de pors, 22 pors, 1 toucin (AV.1 [473])
1266 [Ossés, Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Ibi, de porcx, 10 soltz. (AV.2 [1218])
1266 [Md. Montañas]
...et quant fu quintar los porcx entea con don Semen Semeniz de Mutiloa (AV.2
[3403])
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Calonia de bustos. Nuyll home qui crebanta cabayna de bacas o de oueyllas o de
puercos o de gegoas brauas, es la calonia... [FGN.Red. Arc.77]
1280 [Olite]
Item, por hun puerco conprado, 20 s. (AV.3 [1363])
471

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
s. XIV [Fuero General]
- Quinta de puercos. Todo fidalgo qui eredero es en las montaynas o quinta corre
por auolorio, quantos puercos que aya puede engrossar, et 60 puercos sobre los
suyos ; et si fuere heredero por compra, e complimiento de uezindat ouiere como
fuero es, otrosi sobre los suyos 60 puercos deue engrossar. (FG, I.340)
Los maorales de los puercos. Merino o bayles quando uan a quintar a las montaynas
o los puercos son, si fuere hy el seynnor de los puercos, deue fer dreyto eyll mesmo
que no ha en sus puercos sobre los 60 de nuyll home, dont el rey deue auer quinta...
(FG, I.343)
potro
(sust.) De or. inc., ‘potro’ (DRAE, 01)
1280 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
...Estas son las vaquas que restan sobre Galindo, vaquero del rey : 78 vaquas, 15
buyes et un potro... (AV. 3, [1.758])
toro
(sust.) del lat. t a u r u s, “toro”, (DRAE, 01)
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Por vn toro vendido de la cabayna del rey, 33 sueldos. (AV.5/51 [84])
vezero(s), vezerro
(sust.) “becerros”, (DRAE,01)
1280 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Item, otro vecerro, de su muert (AV.3 [1744])
Restan 16 vezerros, en que son las 9 vaquas et los 7 buyes (AV.3 [1754])
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Por 25 vezeros de las vaquas que la tierra de Soula deuia al rey, vendidos a dineros,
qualibet pro 7 sueldos, 8 libras, 15 sueldos et esto es porque las vaquas deuian dar
preynadas et non las dieron al tiempo, por esto lis fiziemos paguar los vezer[os].
(AV.5/51 [85])
1305 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Item, pro los petaços de cueros de 6 cabeças de vaccas e de vezerros que comieron
los lobos de la cabaynna del rey fueron vendidos los petaços, 3 sueldos. (AV.6/66
[129])
472
1.2.2. Del medio natural
açtor, aztor(es)
(sust.) Del lat. a c c e p t o r, - o r i s, por a c c i p t e r : “azor”
(DRAE,01). Aquí se distinguen los “mudados”, que en las aves significa
‘desprenderse de las plumas’ (DRAE,01), de los “sosos”, que, por
contraposición pueden referirse a los que aún no se han desprendido de las
mismas y, por tanto, se consideran menos vistosos, con la acepción de
“soso” como ‘que carece de gracia y viveza’ (DRAE,01). Se hace asimismo
alusión a los aparejos de que se dotan para ejercitar la caza : cascabeles y,
seguramente, caperuza (“cerraylla”).

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1259 [general]
Per 2 aztores mudados et 1 soso, donados al duc de Lohreyna et a mi, Girart de
Fontenay, 16 libras (AV.1 [58])
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Furtar açtor. Todo home qui furta açtor desatando de percha o sacando de casa,
deue por calonia C soltz, et si fuere mudado, por cada muda centen soltz.
[FGN.Arc.221]
1280 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Per despens de Sancho Velaz, que catava los aztores, en 90 días, 45 s. Carne para
10 aztores, en 90 dias...por cascavelles et cerrayllas pora los aztores... (AV.3 [1474
y 1476])
falcon
(sust.) Del b. lat. f a l c o, - o n i s, “halcón” (DRAE, 01).
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Furtar açtor. Todo home qui furta açtor... El falcon, L soltz, et si mudado fuere, por
cada muda C soltz de calonia. [FGN.Arc.221]
guauillan(es), guauyllan
(sust.) Quizá del got. gabila, -ans, “gavilán” (DRAE,01)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Todo home qui furta guauyllan, deue por calonia XX soltz et por cada muda LX
soltz. [FGN.Arc.221]
1280 [Maya.(Baztán, valle)],
Per compra de los guauillanes et de levarlos de Maya ata Sant Johan, los quales
guauillanes levo Domingo, caver salvage ¿ ? en França, 38 s. (AV.3 [1432])
lobo
(sust.) Del lat. l u p u s, - i, “lobo” (DRAE, 01)
1305 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
- Item, pro los petaços de cueros de 6 cabeças de vaccas e de vezerros que comieron
los lobos de la cabaynna del rey, fueron vendidos los petaços, 3 sueldos. (AV.6/66
[129])
palomba(s), palonba, palonpa
(sust.) Del lat. vulg. p a l u m b a, “paloma” ; aunque se puede definir
como ‘ave domesticada’ (DRAE,01), en este caso se trata de aves que se
cazan de diversas maneras (vid. red, lazo y palomera, en 5.3.), con lo cual
puede referirse a las silvestres, las torcaces o alguna de las otras variedades
existentes en la naturaleza cuya captura es apreciada. Se alude a palomas
“mansas”, “con cascabel”, que lógicamente tienen dueño (“conocida”) y por
tanto están domesticadas.
~ bragada, adj., que se refiere a ‘animales que tienen la bragadura de
diferente color que el resto del cuerpo’ (DRAE,01) Más bien se refiere a
473

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
mamíferos, pero cabe igualmente referirlo a la zona entre las patas de las
aves.
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Ret de palombas. Todo homne qui para ret palombera deue peyta LX soltz de
calonia ; et si palompas ouiere presas, por cada palonpa V soltz de calonia ; et si
ouiere alguna palonpa mansa bragada qui prende LX soltz de calonia ; palonba
que traya cascauel, LX soltz de calonia. Si esta palonba conoçuda es de infançon,
la calonia es de infançon. Enpero, es a saber, que si infançon o uillano fuere qui para
atal ret et fuere trobado, la meatat de la calonia deue ser del prendedor et la otra
meatat del rey [FGN.Arc.217].
Otrosi, todo home qui para laços por prender palonbas, por calonia deue peytar V
soltz et por cada palonba V soltz... [FGN.Arc.272].
uenado
(sust.) Del lat. v e n a t u s, “ciervo”. También, ant. ‘res de caza
mayor, particularmente oso, jabalí o ciervo’ (DRAE,01). Aquí puede
referirse a la primera acepción.
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Si home parare geyno ninguno por prender uenados et cayere hi otro ganado
ninguno, auqueyll qui el geyno paro non deue peytar ; et en dias de uerano...
[FG.Red. Arc.123]
s. XIV [Fuero General]
Del fuero de los puertos (2).de la Sant Martin entroa’l março por prender de los
uenados, si ombre parare engeyno en el puerto e cayere nuyl ganado e moriere,
aqueyl qui paro el engeyno non deue peytar. Mas en dias de uerano, de março entroa
la Sant Martin, si cayere et moriere, peyte el dayno con sua calonia, e sea la calonia
5 sueldos. [FG,I.148(2)]
474
1.3. Ganadería. Productos derivados del ganado
cuero
(sust.) del lat. c o r i u m, - i, ‘pellejo que cubre la carne de los
animales’ (DRAE, 01).
1280 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De hun cuero de vaqua vendido... (AV.3 [1744])
1305 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Item, pro los petaços de cueros de 6 cabeças de vaccas e de vezerros que comieron
los lobos de la cabaynna del rey ; fueron vendidos los petaços, 3 sueldos. (AV.6/66
[129])
tocin
(sust.) Del lat. t u c c e t u m, con la term. de cecina : “tocino”,
‘Panículo adiposo, muy desarrollado, de ciertos mamíferos, especialmente
del cerdo’, ‘lardo del tocino’ (DRAE,01). Por la descripción de “colgarlo”
etc., aquí documentada, debe hacer referencia a que se pone a secar, quizá
por tratarse en realidad de “jamón”.

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1266 [Md. Sangüesa]
Per don Creste, 1 tocin (AV.2 [3326])
1266 [Olite]
Cordas per colgar los tocins, et de colgarlos, 15 diners (AV.2 [1046])
1.4. Enfermedades del ganado
felera
(sust.) De “fel” (en cat. gall. port. rib.), ‘hiel’, asimismo ‘bilis,
amargor’, de donde se documenta “felera” (salam. ant.) como ‘granillo’ o
incluso “jelera” como ‘infección en el hídago’ [DEEH]. Para “fel”, y “felera”
también se recogen referencias medievales de ‘daño’, además de ‘hiel’
[DME]. Como se puede observar, no se recoge en el Fuero General, en el
capítulo paralelo del de Tudela, e igualmente ocurre con “raça”.
1247-1271 [Fuero deTudela]
De enfermedades de ganados. Si ganado de alguno enfermare de raça o de felera ho
de otra malantia que se suele pasar a otros, deueli dar pastor apartado... Este pastor
sia dada apartado segunt que fuere el termino. Et si el ganado enfermo se boluiere
con ganado sano de otro sennor e enfermare, podra demandar su sennor el danno de
su ganado al sennor del ganado enfermo. (FT, Red. Arc., n. 170)
guerra agoça
(sust.) Identificación dudosa. “Agosa” se documenta en el s. XV
castellano como ‘acuosa’, del lat. a q u o s u s. En medicina se conoce el
témino “agosydat”, “acuosidad” como ‘sangre mala’ o incluso ‘ponzoña’
[DTM]. El mismo sust. se documenta como ‘humor orgánico acuoso’ y
‘agua o líquido retenido en la inflamación’ [DHRA]. Respecto a “guerra”
cabe considerar su interpretación, documentada en la EM, de ‘mal, daño’
[DME]. La enfermedad sería, por tanto, algún tipo de forúnculo, quizá, o
inflamación supurante. La versión del Fuero General, que debe identificarse
con la de Tudela por el lugar en el asiento y el tiempo de la cuarentena, es
muy distinta (“garraca”, vid. más abajo) ; podría tratarse de una contracción
de la precedente, teniendo en cuenta además que quizá no se distingua la
cedilla y se deba leer “garraça”, si bien la cuestión requeriría mayores
análisis.
1119-1238 [Fuero de Tudela]
De enfermedades de ganados. Si ganado de alguno enfermare de ... E si dirie que a
guerra agoça, tengalo como dito es vna mengua e vna crecient... Este pastor sia
dada apartado segunt que fuere el termino. Et si el ganado enfermo se boluiere con
ganado sano de otro sennor e enfermare, podra demandar su sennor el danno de su
ganado al sennor del ganado enfermo. (FT, Red. Arc., n. 170)
475

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
garraca, vid. guerra agoça
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Si ganados enfermaren [ad aqueyllos qui los] ueçinos acusaren que su ganado es
enfermo, deuen-li dar pastura a espart o poeda pascer su ganado… Si disieren los
ueçinos que la malautia de la garraca ha su guanado, tiengualo en aquel logar que
los ueçinos li auran dado en I mengoa et en I cresçient, asi que no se uuelua con otro
guanado... [FGN.Red. Arc.120]
malantia, malautia
(sust.) “malatia”, de “malato”, que significa ‘gafo, leproso, ant.
enfermedad en general’ (DRAE,70), documentado entre los siglos XIII-XV
con esos significados (DME).
1247-1271 [Fuero deTudela]
...Si ganado de alguno enfermare de raça o de felera ho de otra malantia que se
suele pasar a otros, deueli dar pastor apartado... (FT, Red. Arc., n. 170)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Si ganados enfermaren...Si disieren los ueçinos que la malautia de la polmonera
ha... E si disieren los ueçinos que la malautia de la nacença ha... [FGN.Red.
Arc.120]
nacencia, nacença
(sust.) Del lat. n a s c e n c i a, ‘algo que ha nacido o surgido’,
documentado (s. XIII-XV) como ‘nacimiento’, pero además (s. XIV-XV)
como ‘bulto o tumor que sin causa manifiesta nace en cualquier parte del
cuerpo’[DME]. En el Fuero General la cuarentena es más prolongada, a
menos que en el de Tudela falte o no se lea una “x”.
1247-1271 [Fuero deTudela]
De enfermedades de ganados. Si ganado de alguno enfermare de... E si ouiere
nacencia tengale ata X dias. Este pastor sia dada apartado segunt que fuere el
termino. Et si el ganado enfermo se boluiere con ganado sano de otro sennor e
enfermare, podra demandar su sennor el danno de su ganado al sennor del ganado
enfermo. (FT, Red. Arc., n. 170)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
...E si disieren los ueçinos que la malautia de la nacença ha, tenga en aqueylla
pastura que los ueçinos li auran dado entroa cabo de XX dias, asi que non uuelua
con otro ganado... [FGN.Red. Arc.120]
plagada
(adj.) De manera general, ‘plaga’ es ‘azote, calamidad’, pero se
documenta su identificación médica con ‘llaga’ [DTM] ; ‘plagado’ es, así,
‘herido o castigado’ (DRAE 01). En el caso aquí recogido se trata de algo
que sufre al animal bajo la cola o en el cuello, donde se produce la rozadura
de los arneses (“atarri”, del eusk. “ataharre” o ‘retranca’, ‘correa que, sujeta
por sus extremos a la enjalma, pasa por debajo del rabo en las caballerías’ ;
asimismo “atarrios”, ‘ataduras’ [VN]). Como en los otros casos, hasta que el
476

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
animal no esté curado (“ata que goreçca”, ser “goarido”, ‘curar, medicinar’
DRAE,01) no puede pacer con el resto.
s. XIV [Fuero General]
Maguera bestia que sea plagada de atarri soç la coa, o que sea plagada en el
pescueço, non deue pacer ata que goreçca, et quando fuere goarida, depues paçca.
(FG, I.353 (4)
polmonera
(sust.) “polmon” se documenta en textos medievales (ast. cast.) como
‘órgano respiratorio del pecho’ (“pulmón”), y de ahí “pumonia” como
‘pulmonía’ [DEEH]. “Polmonera” puede ser, así, alguna enfermedad
pulmonar ; cabe observar que la separación de la res en este caso es la más
prolongada de todas.
1247-1271 [Fuero deTudela]
De enfermedades de ganados. Si ganado de alguno enfermare de raça o de felera ho
de otra malantia que se suele pasar a otros, deueli dar pastor apartado. E si dixere
que a polmonera, tenganlo sus sennores apart, que non se plegere a los otros, por
tres menguas e tres crecientes... Este pastor sia dada apartado segunt que fuere el
termino... (FT, Red. Arc., n. 170)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Si ganados enfermaren [ad aqueyllos qui los] ueçinos acusaren que su ganado es
enfermo, deuen-li dar pastura a espart o poeda pascer su ganado. Si disieren los
ueçinos que la malautia de la polmonera ha, en aqueyl logar que los ueçinos li
auran dado paçtura, tenga su ganado en III [mengoans] et en III crecientes así que
non uuelua con otro ganado... [FGN.Red. Arc.120]
raça
(sust.) “raza”, documentado en el siglo XIII, en Castilla, como ‘grieta
que se forma a veces en la parte superior del casco de las caballerías’
(“maletia que dicen raza et facese de sequedar en la unna”) [DME]. Puede
ser, por tanto, algún tipo de daño en el casco o pezuña del animal. Falta la
referencia en el capítulo equivalente del Fuero General, ya que “garraca”,
que sigue en el elenco de enfermedades, se ha identificado, más bien, con
“guerra agoça” (vid. más arriba).
1247-1271 [Fuero deTudela]
De enfermedades de ganados. Si ganado de alguno enfermare de raça o de felera ho
de otra malantia que se suele pasar a otros, deueli dar pastor apartado... Este pastor
sia dada apartado segunt que fuere el termino. Et si el ganado enfermo se boluiere
con ganado sano de otro sennor e enfermare, podra demandar su sennor el danno de
su ganado al sennor del ganado enfermo. (FT, Red. Arc., n. 170)
477

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
478
2. Espacios
2.1. Terrenos
bardena
(sust.) Etimología no definida, que en Navarra ha dado lugar al
topónimo “Bardena” y “Bardenas”, referido a un dilatado secano (450 km. 2 )
comprendido entre los ríos Aragón, Ebro y Arga cuyo aprovechamiento más
habitual en la actualidad es el pastoreo. Puede derivar del eusk. “abardena”,
‘todo lleno de ramas y árboles’ ; o del aragonés, “pardina” o “paradina”,
‘monte bajo de pasto donde suele haber corrales para el ganado lanar’. (VN).
También en Aragón existe un topónimo Bardena, una localidad próxima a
los límites de Navarra por la parte de sus “Bardenas” actuales. En las
referencias aquí anotadas no queda claro si se utiliza ya como topónimo si
bien los ejemplos se refieren a lugares del entorno de la zona de las actuales
Bardenas de Navarra. El término pervive en el asturiano “bardón”, ‘terreno
de artos o zarzas, en general maleza’. Vid. más adelante, “pardina”.
1280 [Tudela (Md. Ribera)]
Por tayllar fusta en los sotos et en las vinnas et en la bardena, et por comprar fusta
pora las labores del rey... (AV.3 [1152])
1328 [Sanchoabarca. Md. La Ribera]
Cuentas del castellano de Sanchoabarca. Recebio dineros. De carbon vendido en la
dicha bardena. La primera semana de jenero recebio de 4 carboneros, es a saber de
Johan Delgado, Matheo Royo, Lope Royo et Sancho Nauarro, que fizieron carbon
en 4 dias de cada uno por dia 20 dineros, en los dichos 4 dias 26 sueldos, 8 dineros.
(AGNC, nº 23, f. 24 r)
forest
(sust.) Del fr. “forêt”, trad. “bosque” (DMF). Se documenta en fr. ant.
desde el s. XII, descartando “selve”, del lat. s i l v a (DHLF).
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
A don Arnalt de Guarr por reteniença de la casa de la Nau peciada e por goarda de
la forest de Garharreguia, 15 kafices. (AV.5/51 [208])
forest, vid. forest
1340 [Osés (Ultrapuertos, Baja Navarra)]
Pour tant comme touche les forest pour les quelles vint l’evesque de Bayonne
deuers nous a Saint Iehan des Pors et nous monstrer et aussi l’auoit monstre au roy
comme il disoit les grans proufiz et emolumenz qui le pouvoint venir en plusieurs
maneres des forest et terres du pays des quelles molt petit sont venuz ou temps
passe par de que pour riens en la l’en exploitenet et pour deffaut de la garde qui n’y
a este les ont destruiz les genz du pays use et explete a leur volente. (AGN, PS. Leg.
2, capt. 5 Publ. BARRAGÁN, AGN, nº 13)

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
cola (collis, -is)
(sust.) Lat. collis, -is, ‘colina, collado, altura, otero’ (NDL). En ant. fr.
(s. XVII), en sentido figurado, ‘depresión que conforma un paso entre dos
cimas montañosas, fue eliminando el uso de los términos “puerto”, “paso”
(DJLF).
1173 [Comarca de Yesa-Liédena (Md. Sangüesa)]
...totum quantum est de Mortagna usque ad hospitale de cola de Liedena, quod
amplietis et escalietis quantum uolueritis preter illos bubalares et pascueros et
nostros montes, quos tenebimus nos et uos... (DML, 332)
garenarum, garene (garena, -ae)
(sust.). Lat. g a r e n a, - a e, “garena”, ‘terreno sin cultivar, de pasto alto y
descuidado’. En fr. (“garenne”) se remite a un origen incierto, préstamo quizá del
lat. medieval (w a r e n n e, 1080), como ‘término del Derecho feudal que designa
un terreno donde los señores se reservan el derecho de la caza o pesca y, por tanto,
ésta está reservada a ellos’. (DHLF).
1330 [Rada. Md. Tudela]
Ibi, tributo herbarum garenarum tributatis ad 4 annos, pro primo anno, finito prima
die Januarii anno tricesimo, 45 kafices. (AGNCR. 26, fol. 360v.).
1343 [Castejón (Md. Ribera)]
De tributo garene de Congostina, tributato ad IIII or. annos... (AGNCR, 48, fol. 2)
1343 [Caparroso (Md. Ribera)]
Ibi, de tributo medietatis uenatoris garene que est propre ecclesiam Beate Marie de
Xauier... (AGNCR, 48, fol. 3)
1343 [San Adrián (Md. Ribera)]
De tributo garene de Resa, cun agris et cum emparancia regis...Ibi, de VIII arboribus
uetitibus dicte garene uocatis freznos... (AGNCR, 48, fol. 70)
laguna
(sust.) Del lat. l a c u n a, ‘depósito natural de agua, generalmente
dulce y de menores dimensiones que el lago’ (DRAE, 01)
1280 [Lor, Ablitas (Md. Ribera)]
Por adobar la la laguna de Lhor, et por pescar la laguna por el marechal de
Champayna, 77 s. 8. d. (AV.3 [1150]).
1348 [Pitillas. Md. Ribera]
...como en los tiempos passados et en el present las goardas de la laguna de
Sabasan, situada en el termino de la dicha villa de Pitieyllas, la qual es de la
seynoria, por beuer las agoas los sus ganados en la laguna los ayan fecho et fagan
muchas tueltas, leuandoles muchas calonias enojando et achaquando las sin razon,
eyllos ni los sus ganados non faziendo dayno ni embargo en la caça... (AGNC.9, nº
115)
mont
(sust.) Del lat. m o n s, m o n t i s, “monte”, ‘Gran elevación natural de
terreno’, y ‘tierra inculta cubierta de árboles, arbustos o matas’ (DRAE, 01).
479

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
Se trata en general de un terreno virgen, de vegetación natural, no
necesariamente boscosa, aunque con frecuencia lo es, que puede ser roturado
en un momento dado. Puede equivaler a lugar elevado o montaña,
confrontado a lugar llano, “plano”, o valle. En él pueden pastar los ganados
y se establecen guardas o costieros. Puede equivaler directamente a bosque
(bosque atque silva), y en él se recolectan los productos del bosque (leña,
etc.) y puede equivaler también al comunal o comunales de un lugar. Cabe
considerar el uso de “montaña” como sinómino de “monte” en su acepción
de terreno natural donde pasta el ganado, en algunos casos. Hay que señalar,
asimismo, que en textos de los que existe versión romance y latina, la
segunda se anota como “nemoris”.
1176,10 [Roncesvalles (Erro, valle)]
...Esto mismo (que nadie les reclame herbaje) do io a uos...en los montes e en los
hiermos que son en toda la mi tierra, e en las agoas, que uos ni los uuestros ni auer
ninguno no dedes portalgo ni de otro uso, ni passage en las naues ho en las puentes,
ni en las agoas que en toda la mi tierra sean. (CDR, 10)
1266 [Arberoa (Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Als monters de Arbeloa, per gardar los montz, 40 soltz. (AV. 2 [1266)]
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Si algun omne conmença a tayllar arbor en el mont et lo leyssa seynalado, e depuse
uiene otro et lo tailla de todo et lo ita en tierra...[FGN.Arc.180]
En el reysmo de Nauarra loguares ha que non han leyna et en loguares [pocos]
montes et poca leyna...[FGN.Arc.192]
s. XIV [Fuero General]
A porquero o cabrarizo o ha pastor si’l tueylle en el mont puerco, cabra o oueia o
otra fiera ninguna, si podere mostrar alguna seynal el pastor o el porquero o el
cabrarizo del ganado que perdio, con su iura que fiera’l toylio, pierdasle al seynor. E
si la pierde en el mont et dize que adusso a la villa, con su jura que de sobre el Libro
et la Cruç que la perdio o la aduso dentro la puerta de la villa, perdala el seynor e
non respondan mas el pastor ni los ganaderos. (FG, I.289)
1330 [Raondo. Md. Sangüesa]
Ibi, por las yerbas del mont et del prado, del primer dia de jenero anno XXIXº ata el
primero dia de nouiembre anno tricesimo que uedo Miguel Ortiz de Artesano,
portero, a los tributadores que non pasciessen las yerbas del dicho mont et del
prado, que si non que a fuylarian todo el mont, por 10 meses, 36 sueldos, 8 dineros.”
(AGNCR. 26, fol. 65r. Versión en lat., Reg. 26, fol. 265r-v, “nemoris”)
1330 [Sierra de Aláiz (Md. Sangüesa)]
Del pazto del mont d’Alaiz, del primer dia de jenero anno XXIXº atal primer dia de
jenero anno XXXº, nichil, por que no ouo pazto. (AGNCR. 26, fol. 65v. Versión en
lat.en fol. 265v., “nemoris”)
1332 [Osés, tierra de Mixa (Ultrapuertos, Baja Navarra)]
De fusta vendida en los montes del rey de Osses, nichil. [...] Item por fusta vendida,
nichil. Item por saca de fusta, nichil” (AGNCR. 30, fol. 189r y v.).
480

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
mons, monte, montem, montibus, montum (mons, -ontis), vid. mont
1049,04,25* [Larrasoaña (Md. Sangüesa)]
Qui petit a domino suo quendam montem qui dicebatur rustico uocabulo Ataburu ;
obtulitque ei munus in precio... Porro abbas adqquisito monte a rege, hedificauit
radicem montis super ripam flubii currentis ecclesiam unam in nomine Domini
construxitque domos in circuitu ut scicuit et potuit. (DML, 45, fechado por
concordancia de datos ; manipulado con posterioridad a 1071)
1055-1062 [Olaz (junto a Pamplona)]
E adquisiuit ipse prior Blasco in ipsa uilla de Olaz unam casam cum tota sua radice
et suo monte et in silua, quantum ibi habeat senior Garsia Fortuinionis de Capanas.
(DML, 67)
1064,06,15 [Aspurz (Urraúl, valle, Md. Sangüesa)]
…concedimus uobis illum monasterium... cum suis terrir et nomine monte Idocorri :
ex una parte tenente cum (siguen lo límites del monte) ; et sunt mugas fixas inter
prenominatos terminos, quos est manifestum Deo et hominibus... et unas mugas sunt
in monte apud oterum ex parte de Artesano et aliam muga, stat in oterum apud
Aspurç, apud oterum d’Iguenç. (DML, 73)
1068 10-27* [Aldunate. (Urraúl, valle Md. Sangüesa)]
Ingenuo uobis (uilla que dictur Aldunate) cum suos exitus siue regressus, montibus
[videlicet cum illo qui vocatur Loyt, usque ad eccelsiam Sancti Antonini et de illa
ecclesia quomodo tallad illam serram et uertit aqca usque ad ecclesiam que vocatur
Sancte Cecilie, et] padulis, fontes, molendinis, pastum et [aquis ad] bibendum, per...
(DML, 83 Fecha calculada por el editor, que puede ser a lo sumo de 1069)
1085,01,28 [Santa Engracia, Sierra Abodi (Md. Sangüesa)]
Quartum denique monasterio quod dicitur Sancta Engracia de porto qui ducit ad
Gallias intrante ad Soula, dono, trado atque concedo cum omnibus mobilibus et
inmobilibus suis, terminis, siluis, uallibus, montibus, pascuis et uillis, domibus,
censibus et decaniis, terris et uineis pertinentibus... (DML, 114)
1098,11-12 [Maquirriain (Orrio. Md. Montañas)]
Dedit etiam...uillam Makirreng...cum omnibus terminis suis, montibus et planis,
meschinis, domibus, censibus et seruiciis suis et quantum ibi habebat... (DML, 166)
1102 [Iso. Romanzado (Md. Sangüesa)]
Talis concordia fuit facta...Et non incidant (los hombres de Leire) arbores nostros
(del rey) ; quos si fecerint, compleant legem nobis, et custos noster custodiat
nostrum montem cum arboribus suis. Et quando fuerit absolutus mons noster et
mons illorum, uadant nostras bestias pascere ad montum illorum et bestias illorum
ad nostrum montem amicabiliter. Et illas glandes de nostro monte non colligant
homines de Ysu sine nostra uoluntate et licentia. (DML, 196)
1121 [Garaño (Md. Montañas)]
Concordauimus... habeamus nos omnem medietatem et uos aliam medietatem... et
de illo monte atque silua habeamus in comune nos et uos, ut uos habeatis uestrum
uetatum ; et in ipsa quantum nos talgaremus, tantum uos talgetis et nos amplius, et
nos habeamus nostre uetatum et uos uestrum qui custodient siluam ipsa atque
montem. (DML, 278)
481

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
montayna(s)
(sust.) Del lat. mo n t a n e a, de m o n s, m o n t i s, ‘gran elevación
natural del terreno’ (DRAE,01).
s. XIV [Fuero General]
Los maorales de los puercos. Merino o bayles quando uan a quintar a las
montaynas o los puercos son, si fuere hy el seynnor de los puercos, deue fer dreyto
eyll mesmo que no ha en sus puercos sobre los 60 de nuyll home, dont el rey deue
auer quinta... (FG, I.343)
nemore, nemoris (nemoralis, -e)
(sust.) Lat., n e m o r a l i s, - e, se refiere a ‘del bosque’. Es decir,
equivale a zona boscosa ; específicamente a pasto en un bosque, pasto con
arbolado (frente al pasto de un prado). Se distingue, por otra parte, la hierba
del prado de la del bosque (nemoris et prati). Cabe suponer que su madera es
suficiente, por ejemplo, para hacer carbón en algún caso ; en textos donde se
cuenta con versión latina y romance, se hace equivaler a “monte” en el
sentido expresado más arriba.
1330 [Raondo. Md. Sangüesa]
Ibi, de tributo herbaci, nemoris et prati, a prima die Januarii anno vigesimo nono
usque ad primam diem mensis Nouembris anno tricesimo qua die sunt inhibitum
tributatoribus per Michaelem Ortici de Artesano, portarium, ne pascorent herbas
dictorum nemoris et prati ne dictus pratis confundentur in 10 menssibus, 36 solidos,
8 denarios. (AGNCR. 26, fol. 265r-v. Versión romance fol. 65r. : “mont”)
1330 [Sancho Abarca (Md. Tudela)]
De carbone vendito in nemore de Sancho Auarca. De carbone facto in dicto
nemore a prima die Januarii anno vigesimo nono usque ad primam diem Januarii
anno tricesimo, per partes intra annum, per Mateum Sallient, castellanum castri de
Sancha Auarca et custodem dicti nemoris. [2] De 18 arietibus et 18 ouibus annalibus
receptis de 18 gregibus pecudum pascenccium in dicto nemore, uenditis per dictum
castellanum, deductis 18 solidis pro decima parte contingente dictum custodem, in
parte regis, 8 libras, 2 solidos. (AGNCR. 26, fol. 246r.)
1330 [Sierra de Alaiz (Md. Sangüesa)]
De herbatico nemoris de Alayz, nichil, quia non fuit pastus. De herbatico prati dicti
nemoris, per manum Johannis de Sauagui, castellani de Guerga, 4 libras. (AGNCR.
26, fol. 265r-v.)
1330 [Arellano. Md. Estella]
De tributo hereditatum de Sancto Christoforo, cum pastu et herbatico nemoris cum
molendinis et cum onmibus iuribus et pertinenciis dicti loci, tributatis ad 10 annos
cum conditionibus in instrumento per Johannem Petri, notarium Stelle, confecto
contentis pro primo anno, 50 libras. (AGNCR. 26, fol. 299r.)
oterum
(sust.) “otero”, esp. se define como derivado del lat. a l t a r i u m,
“altar”, con el significado de ‘cerro aislado que domina un llano’
(DRAE,70) ; sin embargo “otear” se define como ‘mirar desde lo alto’, del
lat. a l t u s (DEEH). Se refiere sin duda a las cimas.
482

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1064,06,15 [Aspurz (Urraúl, valle, Md. Sangüesa)]
..concedimus uobis illum monasterium... et unas mugas sunt in monte apud oterum
ex parte de Artesano et aliam muga, stat in oterum apud Aspurç, apud oterum
d’Iguenç. (DML, 73)
padul, padule, palud, paludes, paludem, paludibus (palus, -ludis)
(sust.), Lat. p a d u l e, metátesis de p a l u s, p a l u d i s, (reseñado ya
por ALV.Valb). ‘Terreno húmedo con vegetación hidrófila’ (LAr). De
“palude”, ‘laguna o charca, o paúl’, cuyo adjetivo sería “palustre ” (DRAE,
01). ‘Terreno pantanoso’ (VN).Con frecuencia, en la documentación parece
indicar, además, terreno inculto, húmedo (relacionado con fuentes o cursos
de agua, incluso molinos), en el cual al parecer podrían plantarse, por
ejemplo, viñas. Se recogen juntas, tanto las grafías de “palud” como las de
“padul”, que en ocasiones se dan en el mismo documento. Hay asimismo
noticia de que el padul se explota o trabaja al parecer en el sentido de
“rotura” (vid. 1103) con gran esfuerzo (laceria). En este vocablo todas las
referencias encontradas proceden de una única fuente, el monasterio de
Leire.
1047,11,18* [Berdún, canal de (Md. Sangüesa)]
...et similiter (trado ac dono)... illa pardina qui dicitur Aquis, inter Termas et Sancti
Vicenti, cum omnibus suis exitis et introitis ac montibus, fontibus uel paludibus,
pratis, ecclesias, domos, terras, uineas ac molinos... (DML, 39 Fecha corregida por
concordancia)
1048 [Berdún, canal de (Md. Sangüesa)]
Hes est carta de compara, que comprauerunt illos de Leior, illos molinos de padule
de Sancti Vicenti, in precio aderato XXti kafices de ordeo et XV kafices de tritico et
X mietros de uino. (DML, 44)
1055,09,19 [Berdún, canal de (Md. Sangüesa)]
Comparauerunt molinos de domina Santia, filia de senio Eximino Ennecones de
Lerda, et illa padule de Sancti Uicenti. (DML, 49)
1060* [Zarapuz (Md. Estella)]
...concedo... uillam iam dicta Çarapuç... ut integre et ingenue et libere eam perpetim
possideatis cum suis exitibus et introitis, montibus, fontibus, pratis, pascuis uel
paludibus, uel cum ipsis terminis qui habentur in Oteyça, ex pardina que dicitur
Çarapuç Olaz... (DML, 62)
1064,06,15 [Aspurz (Urraúl, valle, Md. Sangüesa)]
…concedimus uobis illum monasterium... (sigue detalle del monte que se
epecifica)... Et cum suis terris (del monasterio) et uineis, cum exitis et introitis, et
cum alios montes uel fontes atque paludes, et cum omnnia sua pertinentia, ab omni
integritate tradimus... (DML, 73)
1071, 12,7 [Eugui]
...cum omnibus pertinenciis suis, terris et uineis, montibus et padulibus, molendinis
et ortis atque pomeriis, cum introitu et exitu. (DML, 91)
483

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
1072, 04,17 [Cisa (Ultrapuertos, Baja Navarra)]
...cum agris, pomeriis, paludibus, montibus et fontibus ortisque cum oleribus, cum
ingressu et reditu siue regressu et cum pelagis ; et pertinent ad eum bustales plus
quam in XXti. locis... (DML, 94)
1080 [Huici. valle de Larráun (Md. Montañas)]
...totum hoc quod habero uel habere debeo... in uilla quod uocatur Hiiza, scilicet
domos, meschinos, terras, uineas populatas et eremas, montes, fontes, paludes,
omnia in omnibus mihi et patri meo et matri mee pertinentibus... (DML, 108)
1083 [Garrúes (Md. Pamplona)]
predictam uillam Garrues cum terris, uineis, ortis, molendinis, pratis, pascuis,
padulibus, aquis, siluis, montibus, uallibus, exitibus et regressibus suis... (DML,
110)
1084 [Lisabe. Cuenca Lumbier (Md. Sangüesa)]
...illis nostris meschinis de Lisaue, damus illam paludem de Lisaue, ut planteat
uineas... Et similiter illis hominibus qui uolunt nunc populare in illa padule de illos
molinos de Sancti Vicenti, damus eius illum paludem, ut planteant uineas... (DML,
111)
1102 [Unciti, valle (Md. Sangüesa)]
Dono... in uilla que uocatur Arrueta... scilicet palacium meum cum domibus suis,
cum sua curte, cum suo orreo, cum exio et regressio suo et cum omni sua radice et
cum toto suo decimo, cum terris et uineis, cultis et incultis, heremis et laboratis,
arboribus et paludibus et cum omnis suis pertinenciis... (DML, 197)
1103 [Olaz (junto a Pamplona)]
...illa palude que fuit de rege in predicto termino de Olaz, quam ego cum magna
laceria laboraui, ut in omni uta mea laborando donem fideliter decimum de fructibus
qui inde exierint, ad Urdaspal et ad Roncal equaliter... (DML, 201)
1125,05,19 [Cabañas. Cuenca Lumbier (Md. Sangüesa)]
…supradictam uillam Capannas… cum omnibus terminis suis, scilicet montibus,
fontibus, pratis, paschuis, paludibus, cum introitis et exitibus suis... (DML, 291)
pardinam
(sust.), del lat. p a r i e t i n a, de p a r i e o - e t i s, ‘monte de pasto
con corrales’ (DRAE, 70). ‘Prado o monte de pasto, con corrales’, aunque se
recoge la acepción de ‘vivienda aislada y abierta, centro de una pequeña
explotación ganadera’ y se añade que se trata de un vocablo bastante vago en
contenido, más o menos relacionado con edificaciones (LAr.). ‘Propiedad
rural’ (VALLS, p. 291). El único ejemplo encontrado en Navarra, salvo
error, procede de la documentación de Leire, referido a tierras guipuzcoanas.
1101 [Oroztegui (orillas Urumea). Guipúzcoa]
Super hec (otra donación) autem addo ego prefatus rex Petrus et dono illam
pardinam que uocatur Oroztegui, cum suis terminis et appendiciis omnibus, terris,
cultis et incultis, pascuis, arboribus fructiferis et infructiferis, et cum illa aque que
dicitur Urhumea, que es pertinencia de Oroztegi. (DML, 188)
484

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
paschuis, pascuis, passibiles, vid. pastura (1)
1085,01,28 [Santa Engracia, sierra de Abodi (Md. Sangüesa)]
Quartum denique monasterio quod dicitur Sancta Engracia de porto qui ducit ad
Gallias intrante ad Soula, dono, trado atque concedo cum omnibus mobilibus et
inmobilibus suis, terminis, siluis, uallibus, montibus, pascuis et uillis, domibus,
censibus et decaniis, terris et uineis pertinentibus... (DML, 114)
1087 [Zabalza. Valle Ibargoiti (Md. Sangüesa)]
Dono unum monasterium Sancta Maria de Zaualza ad Sancti Saluatoris, cum suas
terras et uineas, ortos, montes, fontes, molinos, pratos et passibiles, ab omnia
integritate... et pono unam uillam cui uocitant Zaualza, cum tota sua pertinencia,
terras et uineas, montes, fontes et pratos et passibiles, omnia ad integritate. Et pono
aliam uillam... cum... terras, uineas, montes et fontes, pratos et pascibiles... (DML,
123)
1125,05,19 [Cabañas. Cuenca Lumbier (Md. Sangüesa)]]
...supradictam uillam Capannas... cum omnibus terminis suis, scilicet montibus,
fontibus, pratis, paschuis, paludibus, cum introitis et exitibus suis... (DML, 291)
pastura (1), paçtura, paztura
(sust.), del lat. p a s t u s, - u s, “pasto”, ‘sitio en el que pasta el ganado
(4ta. acepción DRAE,01), es decir, el espacio o lugar que cabe asimilar a la
posterior acepción de “prado” (vid. más adelante), aunque es frencuente que
ambos vocablos – pasto o sus variantes, y prado – figuren juntos en la
documentación, razón por la cual se han agrupado los vocablos de manera
separada. La segunda acepción es la de ‘hierba que el ganado pace en el
mismo terreno donde se cría’, que aquí se recoje en 2.5. En el bajo latín se
recoge “pastura” (NDL). Las referencias a la acción o actividad de pastar o
llevar a pastar, por otro lado, se ubican en 5.2. El contexto anotado en 1300
puede, en realidad, referirse a cualquiera de las dos, porque alude al tributo
que se cobra por el uso de ese prado o esa hierba ; podría incluso equivaler al
nombre del tributo, pero no parece suficientemente claro.
~ apartada, “apartada » (adj. del part. de apartar). ‘retirada, distante,
remoto’, en segundo lugar, ‘diferente, diverso, distinto’ (DRAE,01), aquí
hace referencia a pastos separados, situados en otro lugar, en este caso para
que el ganado enfermo, que no debe estar junto al sano, pueda pacer.
s. XIV [Fuero General]
De ganado enfermo. Si ganados enfermaren, ad aqueyl qui los uezinos accusaren
que so ganado es enfermo deuen li dar paçtura apartada o pueda pascer so
ganado... Despues que los uezinos li dieren pastura al ganado enfermo, por dreyto
hy deue tener su ganado, et si d’ayli sacare su ganado e se boluiere con l’otro
ganado sano et moriesse o enfermase el ganado sano, el dueynno del ganado
enfermo es tenido de emendar el dayno. (FG,I.147)
1288,06,19 [Roncesvalles (Erro, valle)]
...ambas las partidas que abremos cada uno en su endreyto aquella carrera que fue
por ambas las partidas abierta e mugada..(especifica dónde)... de guisa e manera que
485

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
los ganados de ambas las partidas puedan pasar a su paztura segunt que fue ante
mugada por etat siempre. (CDR, 305)
1300 [San Juan Pie de Puerto (Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De pasturas de Velueder, nichil hoc anno. (AV.5/51 [12])
pelagis (pelagus, -i)
(sust.) Lat., p e l a g u s, - i, ‘mar, piélago’ (DRAE,01) . La acepción
marítima no tiene sentido en Cisa, pero “piélago” puede definirse, en 3ª
acepción (y arcaísmo) como ‘balsa, estanque’ (DRAE,01)
1072, 04,17 [Cisa (Ultrapuertos (Baja Navarra))]
...cum agris, pomeriis, paludibus, montibus et fontibus ortisque cum oleribus, cum
ingressu et reditu siue regressu et cum pelagis ; et pertinent ad eum bustales plus
quam in XXti. locis... (DML, 94)
pascuero(s)
(sust.) ‘terreno de pastos, pasturaje’ (LAr). Puede derivar del adj. p a s
c u u s, - a, - u m, ‘perteciente al pasto’ y, como sustantivo, ‘prado, dehesa,
pasto’ (DL) ; el verbo p a s c o, p a s c e r e, transt., ‘alimentar, apacentar’
(NDL). Es similar, por tanto, a las referencias de “pascuis”, etc. recogidas
más arriba y a las de “prado” más abajo (vid.)
1173 [Comarca de Yesa-Liédena (Md. Sangüesa)]
...totum quantum est de Mortagna usque ad hospitale de cola de Liedena, quod
amplietis et escalietis quantum uolueritis preter illos bubalares et pascueros et
nostros montes, quos tenebimus nos et uos... (DML, 332)
pesqueras
(sust.) Del lat. p i s c a r i u s, ”pesquera, pesquero”, ‘que pesca’,
‘perteneciente o relativo a la pesca’. En cuarta acepción, ‘sitio o lugar donde
frecuentemente se pesca’, y en quinta, ‘presa, muro para detener el agua’
(DRAE,01).
1119-1238 [Fuero de Tudela]
De montes, roças, pasturas e lenna... que aya toda lenna seca, tamariç escuero, en los
montes, caças, pasturas e todo lo que pudiere labrar e ronper... en aguas grandes e
chicas, pesqueras, cannares e molinos, taonas, açudes en lures fronteras, dejando
puerto para las naues... (FT, Red. Arc., n. 147)
prado
(sust.) Del lat. p r a t u m, - i, ‘tierra muy húmeda o de regadío, en la
cual se deja crecer o se siembra la hierba para pasto de los ganados’
(DRAE,01). Por su significado, cabe asimilarlo a la anterior acepción de
“pasto” (vid. más arriba “pascuis”), pero es frecuente que se distingan ambas
cosas en la documentación.
1300 [Sangüesa]
Ibi, por trebudo del huerto del maçanedo et por las yerbas del mont et del prado, 8
libras. (AV.5/45 [208])
486

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1330 [Raondo. (Md. Sangüesa)]
Ibi, por las yerbas del mont et del prado, del primer dia de jenero anno XXIXº ata el
primero dia de nouiembre anno tricesimo que uedo Miguel Ortiz de Artesano,
portero, a los tributadores que non pasciessen las yerbas del dicho mont et del
prado, que si non que a fuylarian todo el mont, por 10 meses, 36 sueldos, 8 dineros.
(AGNCR. 26, fol. 65r. Versión en lat. en fol. 265r-v “pratum”)
prati, pratis pratos, pratum, (pratum, -i) vid. prado
1087 [Zabalza. Valle Ibargoiti (Md. Sangüesa)]
Dono unum monasterium Sancta Maria de Zaualza ad Sancti Saluatoris, cum suas
terras et uineas, ortos, montes, fontes, molinos, pratos et passibiles, ab omnia
integritate... et pono unam uillam cui uocitant Zaualza, cum tota sua pertinencia,
terras et uineas, montes, fontes et pratos et passibiles, omnia ad integritate. Et pono
aliam uillam... cum... terras, uineas, montes et fontes, pratos et pascibiles... (DML,
123)
1125,05,19 [Cabañas. Cuenca Lumbier (Md. Sangüesa)]
...supradictam uillam Capannas… cum omnibus terminis suis, scilicet montibus,
fontibus, pratis, paschuis, paludibus, cum introitis et exitibus suis... (DML, 291)
1193 [Alduides (Erro, valle, Md. Sangüesa)]
... [damus]... pratos que sunt in Louier, in Ronçesuallis, et in Baigor et [...] logares
de Cisa... nomine pratum hic... (y enumera varios, difíciles de contar por los
huecos del pergamino). (CDR, 17)
1330 [Raondo. (Md. Sangüesa)]
Ibi, de tributo herbaci, nemoris et prati, a prima die Januarii anno vigesimo nono
usque ad primam diem mensis Nouembris anno tricesimo qua die sunt inhibitum
tributatoribus per Michaelem Ortici de Artesano, portarium, ne pascorent herbas
dictorum nemoris et prati ne dictus pratis confundentur in 10 menssibus, 36 solidos,
8 denarios. (AGNCR. 26, fol. 265r-v. Versión en lat.,Reg. 26, fol. 65r : “prado”)
1330 [Sierra de Alaiz (Md. Sangüesa)]
De herbatico nemoris de Alayz, nichil, quia non fuit pastus. De herbatico prati dicti
nemoris, per manum Johannis de Sauagui, castellani de Guerga, 4 libras. (AGNCR.
26, fol. 265r-v.)
1330 [Cirauqui. Md. Estella]
De tributo prati de Yturr Andurr, pro ultimo anno, 40 solidos (AGNR. 26, fol.
295r)
puerto
(sust.) Del lat. p o r t u s, - u s, ‘paso entre montañas’. Interesa
asimismo la octava acepción, referida a Castilla, donde se indica que, en
plural, ‘en el concejo de la Mesta, pastos de verano’. (DRAE,01). También,
‘lugar en la montaña para pastos en proximidad del puerto’ (AN) ; lo
documenta asimismo LIB.FG. En algunas referencias, sobre todo las del FT
y el FGN.Red.Arc., cabe entenderlo como un lugar específico para el pasto o
la localización del ganado, comunal y cerrado quizá ; seguramente se ve con
más claridad en el título de “Partir puertos”, de FGN.Red.Arc. También,
sobre todo en las referencias relativas a la divisoria de aguas (Abodi está en
487

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
el límite de las cumbres, como Ibañeta), parece clara la acepción de ‘lugar de
paso’ (porto qui ducit ad... vid. 1085).
- aylent puertos, “allenpuertos” o “allende el puerto” ; ‘más allá del
puerto’. Cabe recordar que en Navarra se llama “Ultrapuertos” a las tierras
de la actual Baja Navarra francesa y, genéricamente, a los habitantes del otro
lado de los Pirineos (Vid. ref. del FGN.Red.Arc).
1119-1238 [Fuero de Tudela]
- Los que an el ganado d’altre al puerto (e) los d’aguent partan los puertos, e en los
dias de uera tengan y lures ganados cada vno en lures pasturas ata el dia de San
Martin, e de Sa Martin ata março que sian a llobre. (FT, Red. Arc., n. 170)
- De cabanna parada. Si ganaderos mouieren con los ganados del puerto e pararen
cabanna en termino d’alguna villa cerca el puerto, e los de la villa dixeren que es
lur termino e los del ganado dixeren que es termino de lur puerto, deuen poner
fieles III o IV omnes buenos, desent saquen todo el ganado de la uilla e lexenlo
paxer enta aquella cabanna e non refierga ninguno por que los ganados an vsado ir
paxiendo ata el cabo del termino ata la tarde que quieran uenir a la villa. E tanto
como este ganado plegare paciendo contra el puerto non deuen ali pacer ni parar
cabanna en uoç de puerto, mas deue ser pastura de los ganados d’aquella villa. (FT,
Red. Arc., n. 170)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Partir puertos. Aguora uso contaremos el fuero de los puertos e de (¿ cómo ?)los
homes que son d’aylent puertos, partieron el puerto. Maguer que el puerto
partieron, en dias de uerano lures ganados tienen y [que’s] cada I en lures pasturas,
et pueden tenerlos hi los guanados entroa la Sant Martín, entroa al março deue ser
ayllubre [FGN.Red. Arc.122]
s. XIV [Fuero General]
- Del fuero de los puertos. De la Sant Martin entroa’l março por prender de los
uenados, si ombre parare engeyno en el puerto e cayere nuyl ganado e moriere,
aqueyl qui paro el engeyno non deue peytar. Mas en dias de uerano, de março entroa
la Sant Martin, si cayere et moriere, peyte el dayno con sua calonia, e sea la calonia
5 sueldos. (FG,I.148(2)
- De qui para cabayna. E a est ganado non tienga ni refiera ninguno, que los ganados
de las uillas han a tal costumbre que iran pasciendo entroa al cabo del termino, et es
contra la constumbre que querran uenir a la uilla, en quoanto el ganado al puerto
plego pasciendo por uoç de puerto non deuen poner ayli cabayna, mas deue ser
pastura de los ganados de la uilla (FG,I.149)
- Si ome soberuio uiniere con sus ganados, si cabayna quiere parar en el termino
d’alguna uilla que de cerca li esta al puerto, e si dissieren los de la uilla que lur
termino es, et el dueynno del ganado dissiere que es del puerto, paren fieles omes
dreytureros e trahian el ganado de la uilla, e deyssen pascer contra aqueyl logar o
esta la cabayna. (FG,I.149)
1304 [Lindes entre Md. Sangüesa y Ultrapuertos, Baja Navarra]
Por espensa del merino quoado lo citaron les de Cisa por dos vezes, quoando por
mandamiento del gouernador lis peyndro lures ganados en las bustalizas del rey en
el puerto en tres plazos, que fue a Olit a la cort con espensa de los testigos que leuo
por prouar su entencion, 4 libras, 10 sueldos. (AV.5/56 [225])
488

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
porto, portu, puerto (portus, -us) vid. puerto
1034* [Izalzu y Ezcaroz, valle de Salazar (Md. Sangüesa)]
Concedi uobis ipsum oratorium cum terris, cum uineis, cum ortos, cum molinos,
cum suos puertos uel cum omnes suos terminos. (DML, 26, en el doc. figura la
fecha de 1037, pero el editor la ha corregido)
1085,01,28 [Abodi, sierra (Md. Sangüesa)]
...ecclesiis IIIIor... atque cum omnibus decimis... atque cum duobus cubilaribus qui
sunt in portu, in Abodi, et tercium in Ori, et cum aliis omnibus cultis et incultis... (y
sigue otro lugar)... Quartum denique monasterio quod dicitur Sancta Engracia de
porto qui ducit ad Gallias intrante ad Soula, dono, trado atque concedo cum
omnibus mobilibus et inmobilibus suis, terminis, siluis, uallibus, montibus, pascuis
et uillis, domibus, censibus et decaniis, terris et uineis pertinentibus... (DML, 114).
1110,06,01 [Ibañeta (Md. Sangüesa)]
Adhuc donamus in portu de Auriç unum monasterium quod uocatur Sanctus
Saluator de Yuenieta, simul cum illo suo cubilares et cum omni introitu et regressu
suo. (DML, 233)
1110 [Ibañeta (Md. Sangüesa)]
Donamus in portu de Auriç unum monasterium quod uocatur Sanctus Saluator, et
unum palacium in Erro simul cum illos suos cubilares et cum omni introitu et
regressu suo. Estos nompnadamentre son los cubilares…(enumera 40, concretos)...
(DML, 235)
roças
(sust.) Del verbo “rozar”, ‘acción y efecto de rozar, del lat. vulg. r u p
t i a r e, ‘limpiar las tierras de las matas y hierbas inútiles antes de labrarlas,
bien para que retoñen las plantas o bien para otros fines’ (DRAE,01). El
sustantivo, por tanto, se refiere aquí a la ‘tierra rozada y limpia de las matas
que naturalmente cría, para sembrarse en ella’. En Ast. es ‘terreno poblado
de plantas propias de monte bajo, como el árgoma, brezo, etc.’ (DRAE,01).
1119-1238 [Fuero de Tudela]
De montes, roças, pasturas e lenna...que aya toda lenna seca, tamariç escuero, en los
montes caças, pasturas e todo lo que pudiere labrar e ronper... en aguas grandes e
chicas, pesqueras, cannares e molinos, taonas, açudes en lures fronteras, dejando
puerto para las naues... (FT, Red. Arc., n. 147).
silua (silva, -ae)
(sust.) Lat. s i l v a, - a e. Tr. “selva”, y por tanto ‘terreno extenso,
inculto y muy poblado de árboles’ (DRAE, 01) ; equivale a “bosque”, que
cabe contraponer a campo cultivado.
1055-1062 [Olaz- Pamplona]
E adquisiuit ipse prior Blasco in pisa uilla de Olaz unam casam cum tota sua radice
et suo monte et in silua quantum ibi habeat senior Garsia Fortuinionis de Capanas.
(DML, 67)
1079 [Aldea. Valdeaibar (Md. Sangüesa)]
...prefata uillulla nomine Aldea sit subiecta post obitum meum illi et uirtutibus eius,
cum terris et uineis, montis et fontibus, siluis et campis, molendinis et aquis, campis
489

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
et pascuis, tam ingressus quam egressus, seu cuncta que pertinent ad uillam istam...
(DML, 106)
1083 [Garrúes (Md. Pamplona)]
...predictam uillam Garrues cum terris, uineis, ortis, molendinis, pratis, pascuis,
padulibus, aquis, siluis, montibus, uallibus, exitibus et regressibus suis... (DML,
110)
1099 [Garaño (Md. Montañas)]
...cum terris et uineis, montibus et uallibus, siluis, acquis et molendinis, ortis et
terminis, a flumine de Arga usque ad sumum montem qui dicitur Oteiata... (más
adelante se ajusta un fragmento de esa donación que piden los campesinos)... dedit
eis unam partem de silua in tali tenore, ut nunquam amplius requirant de aliquid de
supradicto termino... (DML, 169)
1121 [Garaño (Md. Montañas)]
Concordauimus... habeamus nos omnem medietatem et uos aliam medietatem... et
de illo monte atque silua habeamus in comune nos et uos, ut uos habeatis uestrum
uetatum ; et in ipsa quantum nos talgaremus, tantum uos talgetis et nos amplius, et
nos habeamus nostre uetatum et uos uestrum qui custodient siluam ipsa atque
montem. (DML, 278)
soto
(sust.) del lat. s a l t u s, ‘bosque, selva’. ‘Sitio que en las riberas o
vegas está poblado de árboles y arbustos’, ‘sitio poblado de árboles y
arbustos’, ‘sitio poblazo de maleza, matas y árboles’ (DRAE,01). En este
caso, el “soto” genera hierba, dado que se alude a sus herbazgos.
1392 [Tudela]
...dato a tributo a Naçan del Gabay, judio de Tudela, todos los paztos et herbagos de
los sotos... con sus entradas et saillidas con sus abeuradores et con sus drechos et
pertenençias de los dichos paztos et herbagos de los dichos sotos, que son nuestros,
para cinco… en tal manera que el dicho Naçan ouiesse, vsasse et espleytasse todos
los dichos paztos et herbagos de los dichos sotos et se aprouechasse d’aqueillos con
sus ganados menudos et granados o como eill querra... » (AGNC., Caj. 67, nº 25, 9)
virgulto (virgultum, -i)
(sust.) Lat., v i r g u l t u m - i, ‘zarza’. Puede referirse a un zarzal, o a
un terreno inculto en general (DL). El adj (-us, -a, um) se refiere a ‘lugar
cubierto de matorrales, de maleza’ (NDL)
1347 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De virgulto veteri qui fuit Arthusu, cum pertinenciis suis, 4 libras sanchetes, qui
valent morlanes, 53 solidos, 4 denarios. (AGNCR. 57, fol. 95r.)
viridarium (virid[i]arium, -ii)
(sust.) Lat., v i r i d [i] a r i u m - i i, ‘lugar plantado de árboles, jardín,
vergel’ (NDL)
1339 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De censu domus de Prodome que fuit viridarium vetus, que modo est
Bernardi Cap de Rey… (AGNC.8, nº 6, fol. 38r.)
490

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
yermo
(adj.) Del lat. tardío, e r e m u s, ‘inhabitado’, ‘incultivado’ ; (sust),
‘terreno incultivado’ (DRAE,01)
1413 ? [general]
...et puede fazer en nuestros yermos tanto carbon et madera como menester li sera...
Como justa et razonable cosa sea que el rey mi seynnor et nos ayamos ayudar de los
yermos et los montes del patrimonio real. (AGNCPS, Leg. 178, carp. 3, fol. 80r.)
2.2. Terrenos limitados o reservados
bubalares
(sust.) De “búbalo”, del lat. b u b a l u s, ‘búfalo asiático del que
procede el europeo, sobre todo en Grecia e Italia’ (DRAE,01). Hace
referencia al lugar específico donde pastan o están estos bueyes.
1173 [Comarca de Yesa-Liédena (Md. Sangüesa)]
...totum quantum est de Mortagna usque ad hospitale de cola de Liedena, quod
amplietis et escalietis quantum uolueritis preter illos bubalares et pascueros et
nostros montes, quos tenebimus nos et uos... (DML, 332)
bustales, bustalibus, bustalizam, bustalizan, vid. bustaliça
1072,04,17 [Cisa (Ultrapuertos, Baja Navarra)
...cum agris, pomeriis, paludibus, montibus et fontibus ortisque cum oleribus, cum
ingressu et reditu siue regressu et cum pelagis ; et pertinent ad eum bustales plus
quam in XXti. locis... (DML, 94)
1071,12,7 [Ibañeta (Erro, valle)]
Item, do... aliud nobile et regale monasterium nomine Sant Saluador de Ybenieta...
cum montibus et bustalibus de Laporç et de Çaporç... (y sigue enumerando), et cum
aliis petinenciis suis. (DML, 91)
1208,03 [Cisa (San Miguel) Ultrrapuertos (Baja Navarra)]
...mouerunt (Bernardo de Olaz y su madre) questionem contra hospitalem
Roscideuallis, supra bustalizan que dicitur Ciariz... (falta el inicio de la frase, que
se debe referir a la sentencia :) ...hospitale habebit illam bustalizam in pace et in
uita, ab ista die usque in perpetuum, ad impignorandum et ad uendendum, et
faciendum de illa propriam uoluntatem. (CDR, 33)
bustaliça, bustaliza, bustalliza
(sust.) De “bustales”, ‘terreno de pasto para el “busto” o rebaño de
bueyes, aunque puede refererirse a cualquier otro ganado’ (VN), lo que
equivale a la misma definición general del término “boyeral”, que en
Navarra al parecer no se recoge (vid. en 1.1). Puede estar bien delimitada
(1257) ; tener “montes y yerbas” (1269) y abrevaderos (1284) ; el ganado se
aloja, o se “cubila”, en la bustaliza (1288), que puede estar cerrada o no
(1288) y que puede declararse como tal, o al contrario, manifestarse que no
se considera un terreno como bustaliza (1259). Conviene indicar que el
término “bustaliza” y sus variantes léxicas es el más abundante para referirse
a este tipo de pastos, una vez que aparece por primera vez.
491

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
492
~ de montayna, ‘de altura, en altura’ (S. XIV)
- Vid. Asimismo, “busto”, a continuación.
1240,08,12 [Roncesvalles (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]
...[vendiemus] al prior e a los frayres del hospital de Roncesvalls, nostras bustalizas
por nomine..(enumera seis)..por .D. sueldos de sanchetes... damus las deuenditas
bustalizas al prior e a los freyres que las tengan con [sus entradas e sus essidas] sen
enbargo de nos ni de ninguno, entro a que sean quitos los .D. sueldos.. (CDR, 108)
1243,05,17 [Erro, valle(Md. Sangüesa)]
..disso...el alcalde..que la bustaliça deuandita viene e muere de Santa Maria de
Pomplona, e la bustaliça de Urracha Caualco d’ayllent es cerca d’ayllent la agua, e
la bustaliça de... es de suso en vayl de partes de Erro, e la tercera que es del hospital
de Roncesvalles e se viene de Santa Maria de Pomplona, e se tiene con a carrera,
como dito es de suso (CDR, 116)
1257,07,10 [Roncesvalles (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]
..vendio la [bustaliça de Jaureguiaga con todos sus] dreitos, conentradas et con
eissidas, et con todos sus dreitos...et dio ferme segunt fuero de tierra...fianças de
cada (son dos personas las que venden) .XX. buies de coto. (CDR, 163)
1259,07,30 [Erro, valle(Md. Sangüesa)]
Otrosi [Epeleta] de suso, a Sant Saluador, e Bagaola de ius la carrera pora Sant
Saluador, e de suso que non deue auer bustaliça ni aya. Otrosi Ar[izpe] lutssa, con
todos sus dreitos, que sea del hospital de Roncesvalles. Otrosi Guiriçu, que non
deuen auer bustaliças, e que non fagan, e que sea de la tierra de Val de Erro.
- (Tras otras cinco bustalizas que simplemente se adjudican a uno u otro)...Otrosi
[Ira]egui, que se camie al gorrilon de suso. Otrosi Huedacunea, que non sea
bustaliça. E Aycita Berroa, que ayan por meyo la meytat el hospital e la otra
[meytat] Sant Saluador. (CDR, 170)
1269,10,25 [Espinal (Erro, valle). (Md. Sangüesa)]
...do... toda la mi parte que yo he e deuo auer en las mis bustalizas qui son en
Ypuzcoa, por nombre Beracoyana e Errenga e Anizlarre, con todas sus entradas e
con todas sus exidas, e con todos sus dreytos, e con todos sus montes e yerbas, por
secula cuncta. (CDR, 225)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Ningun homme qui en bustaliza de montayna cortare arbor conoçuda de bustaliça.
I buey nouieyllo deue por calonia... [FGN.Arc.35]
1284,07,03 [Erro, valle y Alduides (Md. Sangüesa)]
..cada una de las partidas mostrassen lures bustalizas e lures pasturas...(enumera
todas ellas, donde cabe singularizar dos descripciones :)… de la Orden e de la
tierra (del valle), e qui primer uinier que se assente, hotro que non saque… Item
pora toda la tierra de Alduyde [...], abreuadero de meys pora hascar e pora beuer e
pora ser e non sayllir de suso corraras, e si no den […]. (CDR, 291)
1288,06,19 [Roncesvalles (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]
...en el termino... (especifica)… pazer e tallar usemos ambas las partidas salbo el
dreyto de las bustalizas en todo, por todo, segunt el priuilegio del rey, e la orden
que pueda cubillar en su bustaliza de como a usado ata agora, e los del burgo que
nos cubillemos si no fuere con especial grado y de orden.

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
Otrosi... que nos los del burgo podamos cerrar nuestra bustaliza de Anso y la qual
auiamos de Don Lope de Herro, e que ussemos ambas las partidas d’ellas, de la una
e de la otra, a toda nuestra propia voluntad, saluo que ninguna de las partidas non
podamos fazer cassa nin cassas. (CDR, 305)
s. XIV [Fuero General]
Fuero de bustalizas. Toda bustaliza deue ser al menos quoanto un ombre pueda
echar 12 uezes a quoatro partes la segur ; et est ombre que á a echar la segur deue-se
asentar arecho en meyo la bustaliza, et esta segur que es a echar deue auer el mango
1 cobdo raso et el fierro deue auer de la una part agudo et de la otra esmochado... et
eche quoanto mas podiere echar esta segur como dicho. (FG, I.461)
- De arbor corto en bustaliza. Ningun ome qui en bustaliza de montayna arbor
conoçuda cortare de bustaliza, un buy nouieylo deue por calonia, que assi es el fuero
(FG,I.93)
1296,05,20 [Erro, valle (Md. Sangüesa)]
...uendo a uos (el prior de Roncesvalles)... la mi part e todo el dreyto que yo e e
deuo auer enas bustallizas e errbas [que yo e] con la orden de Ronçasuaylles e con
don Martin Ortiç de Çuloeta, cauallero e nos terminos [de val d’Erro], las coalles
bustallizas se claman… (enumera) (CDR, 329)
1296,11 [Erro, valle (Md. Sangüesa)]
...empeynnamos la una part de las nuestras bustalizas que nos auemos en los
yermos del rei de val d’Erro, las quoales bustalizas son clamadas (indica)..al prior e
al conuiento del hospital de Ronçasuaylles...que las ayan la nuestra parte de nuestras
bustalizas, e las espleyten todas franquas e quitas, con entradas e con todas sus
sayllidas de yerbas e de agoas, con todos aquellos dreytos que nos auemos... (CDR,
330)
1304 [Sangüesa]
Por espensa del merino quoado lo citaron les de Cisa por dos vezes, quoando por
mandamiento del gouernador lis peyndro lures ganados en las bustalizas del rey en
el puerto en tres plazos, que fue a Olit a la cort con espensa de los testigos que leuo
por prouar su entencion, 4 libras, 10 sueldos. (AV.5/56 [225])
busto (2)
(sust.) Aunque la definición de “busto” se refiere a ‘rebaño de bueyes’
(vid. busto (1), en 1.1), aquí se refiere a un espacio concreto, un terreno
delimitado, asimilable seguramente a las llamadas bustalizas (Vid. más
arriba, “bustales” y “bustaliza”)
1396 [Lindes entre Navarra y Guipúzcoa]
...eyll ouiendo pagado al dicho tributamiento et pagando su part como vn otro
vezino de la dicha tierra que por ciertos buyes et vacas que eill [et Pero Ximeneç
d’Arriaçu et otro] han en el busto clamado de Sant Esprit, que andan vagando fuera
del regno en los herbagos de la tierra de Ypuzquoa, non ouiendo vendido nin
deviendo imposicion... (AGN, PS,2ser, Leg. 2, n. 94).
coto
(sust.) ‘Prescripción, terreno vedado’, de ahí que “poner coto”
signifique ‘señalar límites, amojonar’ (DME). ‘Terreno acotado’
(DRAE,01), se trata aquí, por tanto, de tierras vedadas de las que son
493

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
congozantes todos los vecinos de la villa, que cabe hacer equivaler a
“comunales” y que se ponen bajo la guarda o custodia de unos “costieros” o
guardas. Normalmente se trata de montes, prados y bosques. De “coto” se
derivará el oficio del que lo guarda o cuida, “costiero”, y la noción de
“costería”, ‘guarda o vigilancia’ de un terreno.
1331 [Azanza, Sierra de Sarvil (Md. Estella)]
Et defende el coto segun fuero de la tierra et coto sea del conceillo d’Açança, et
puedan pacer toda la dicha sierra que es clamada Saruyll con ganados granados et
menudos, et sacar piedra et losa, et tayllar leyna menuda, non tayllando arbol
ninguno, que nos daran trezientas libras de sanchetes por tal que nos les fagamos
donazion perpetua pora eyllos et lures succesores de todas las cosas sobredichas. Et
nos, queriendo serles graciosos fazemosles donacion perpetua de las dichas pieças et
pasto, losa et costeria en la manera sobredicha... (AGNC, Caj. 7, nº 16. Publ.
BARRAGÁN, AGN, nº 69)
cubilar (1), cubilare, cubilarem, cubilares, cubilaribus, (cubile, -is)
(sust.) Lat. c u b i l e, - i s, ‘cubil, cama, guarida’ (DL). “Cubilar”,
como primera definición, se refiere a ‘un cubil para los animales en el
campo’ ; como segunda, del lat. m a c u l a t a, ‘malla’, se refiere a ‘hacer
noche el ganado en una majada, es decir, un lugar o paraje donde se recoje el
ganado por la noche y se albergan los pastores’, (DRAE,70). Igualmente
“cubil”, de las fieras, es el ‘lugar donde se acoje el ganado’ (DRAE,01). En
Navarra se documenta como ‘corral para acubilar ganado, al parecer habitual
en la Ribera de Navarra, donde “cubillo” se interpreta habitualmente como
ganado’ (VN). En el léxico aragonés se recoge como ‘cubil de los animales
en el campo’ (LAr). Se le otorga un valor análogo al de cubile, aun
reflejando su mayor utilización frente a éste (VALLS). Aquí se ha
distinguido, por un lado, la acepción de “lugar” de la de, por otro, “acción”,
es decir llevar al cubil o “cubilar” (vid. 5.2). El vocablo se documenta casi
únicamente en la documentación de Leire y de Roncesvalles, y
mayoritariamente antes del siglo XIII ; como en el caso de las “estivas” (vid.
más adelante), parece referirse a realidades que luego se consignan como
“bustalizas” aunque este último término no es estrictamente posterior, sino
que convive con ambos. En el mismo lugar del monte de Orhi, donde en
1115 se documenta “cubilar”, cinco años después se habla de “estiva” (vid.
sv, 1120). Es un campo cerrado, o al menos delimitado, en el que se señalan
“entradas” y “salidas” o límites (finibus, en 1115).
1058 [Urdasacu ?]
...mitto unum cubilare in cenobio quod dicitur Leior, locus quem uocitatus est
proprium vocabulum sortitum est Vrdasacu. [DML, 58]
1072 [Larrasoaña (Md. Sangüesa)]
Concedo namque uobis unum cubilarem meum in ualle qui uocatur Sardaig, et in
alio loco aliud cubilare quod uocatur Okorin, et adhuc in tercio loco unum cubilare
quod dicitur Yssaxiarraga. (DML, 96)
494

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1085,01,28 [Abodi, sierra (Md. Sangüesa)]
...ecclesiis IIIIor... atque cum omnibus decimis...atque cum duobus cubilaribus qui
sunt in portu, in Abodi, et tercium in Ori, et cum aliis omnibus cultis et incultis... (y
sigue otro lugar)… cum universis cultis et incultis atque cubilaribus predicto
monasterio pertinentibus. (DML, 114)
1110,06,01 [Ibañeta (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]
Adhuc donamus in portu de Auriç unum monasterium quod uocatur Sanctus
Saluator de Yuenieta, simul cum illo suo cubilares et cum omni introitu et regressu
suo. (DML, 233).
1110 [Ibañeta (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]
Donamus in portu de Auriç unum monasterium quod uocatur Sanctus Saluator, et
unum palacium in Erro simul cum illos suos cubilares et cum omni introitu et
regressu suo. Estos nompnadamentre son los cubilares : Guyriçu cum suos
cubilares, Laga... (siguen otros 38 cubilares concretos)... (DML, 235)
1115 [Orhi, monte (Md. Sangüesa)]
Dono namque in loco qui uocatur Ori, in loco qui nominatur Bezulla Maiore, duos
cubilares cum adiacenciis et finibus suis, cum suo introitu et egressu...et dederun
precium unum caballum et quingentos solidos et C uacas et XXV solidos. (DML,
257)
cuylar, cuyllar (occitano, vid. cubilar (1))
1261,06,23 [Roncesvalles (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]
(Arnaldo Sanz de Ahaxe) ha venud..lo cuyllar que hom pere se ha ven[duz per C
sueldos de morlanes] los quales eid a agud bonequatz e entreirament...le seigneur
d’Ahaxe deu tyer saube e seguer aquest cuylar de [sas intrides e sas essides], e ab
totz los dretz que la maison d’Aaxa hy a ni auer deu... (CDR, 170)
defessa, dessa
(sust.) Del lat. d e f e n s a, ‘defendida, acotada’. Se refiere a ‘tierra
generalmente acotada y por lo común destinada a pastos’ (DRAE,01), que
cabe asimilar lógicamente, al “vedado”, como es fácil comprobar.
s. XIV [Fuero General]
Los ifançones si quisieren fer uedado de cauayllos nueuo, deuen ir a la sied del rey
et ganar la piertega del iuuero a menos de fierro. Et el logar que quieren fer la
defessa, deue ser en medio logar 1 ifançon, et itar d’aylli la piertega menos de fierro
a cada part en luengo cada 12 uegadas et en amplo cada 12 uegadas. (FG, I.353)
La dessa deue ser uedada de Sancta Maria Candelera entroa la Sant Johan, ata que
gayllos canten ; et de que gayllos cantaren al dia de Sant Johan entro al dia de
Sancta Maria Candelera pueden pascer todo ganado. (FG, I.353)
estiuam (estiua)
(sust.). Una “estivada” es ‘un monte o terreno inculto cuya broza se
cava y quema para ser puesto en cultivo’ (DRAE, 70 y 01). En
documentación aragonesa, “estiva” se documenta como ‘lugar donde el
ganado pasa el verano’ (LAr). En el mismo lugar del monte de Orhi, donde
en 1120 se registra una “estiva” se hablaba cinco años antes de un “cubilar”
(vid. sv., 1115)
495

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
1120 [Orhi, monte (Md. Sangüesa)]
...dono...in monte qui uocatur Ori, in loco qui nominatur Bezulla Minore, unam
estiuam ex integro, cum adiacensiis suis, cum suo introitu et regressu... (DML, 266)
uedado, vedado
(Del part. de “vedar”) “vedado”, ‘campo o sitio acotado o cerrado por
ley u ordenanza’ (DRAE, 01). Puede equivaler a tierra comunal de la villa,
cerrada y sometida a limitación o regulación por y/o para los vecinosy en la
que cabe situar vigilantes o “costieros”. Su acceso queda prohibido, por
tanto, a quien no tenga derecho a ese sector o terreno.
~ de bueyes, aquél en el que pastan los bueyes comunales,
particularmente de la primavera hasta el otoño, aunque en el invierno pueden
entrar otros animales.
fer ~, “hacer” vedado, delimitar el lugar
montes~, aquellos donde los vecinos han constituido un coto donde no
se permite la tala u otra recolección sin su permiso.
~ de caballos, en el que pastan los caballos, al parecer vinculado a los
infanzones del lugar.
logar ~, (adj.), lugar cerrado, limitado, o prohibido para el paso o el
uso.
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Buey de infançon paçta en uedado. Todo buey domado de infançon deue pasçer en
el uedado de bueyes... Es a saber que en est uedado deue sseer costiero laurador o
infançon de los [que an] bueyes, qualque uieren por meyllor... [FGN.Arc.208]
A los infançones, si quisieren fer uedado de cauayllos nueuo, deuen ir ala sied del
rey et guanar la piertega del iuuero a menos de fierro... [FGN.Arc.209]
s. XIV [Fuero General]
Todo buy domado de ynfançon deue pascer en el uedado de buyes yssiendo de la
uilla et ueniendo de otra uilla, como quiere ; et el nuy del laurador estando el
laurando en la uilla e no ueniendo d’otra part... Et si estos que an los buyes quisieren
poner otras bestias o ganados ningunos en estos uedados, puedan pascer todas las
bestias et los ganados de la uilla. La calonia de estos uedados es de dia 1 robo de
trigo, et de noches 1 kafiz de trigo. (FG, I.351)
- Si todos uezinos, ynfançones e lauradores e uillanos quisieren romper el uedado
de los bueyes, e 1 solo de los uezinos, infançon o uillano disiere “non se rompa »,
non se deue romper. (FG, I.352)
- Si todos los uezinos quisieren fer uedado de nueuo, uayan a la sied del rey et
retengan l’amor del iuuero del rey, e ganen la piertega con su fierro, e lieuen al
prado que quieren fer uedado, et con la piertega assientesse en el medio del prado
primero, et yte cada 12 uegadas quoanto podiere a cada part la piertega con su
fierro, en luego et en amplo a cada part cada 12 uegadas ; et aqueyll qui ouiere a itar
esta piertega en uedado de buyes, sea si quisiere infançon, si quisiere uillano. (FG,
I.352)
- En este uedado de buyes, otros ganados ningunos non deuen entrar ; si entraren
ningunos, pueden entrar todos los ganados quantos ouiere en la uilla. Vedado de
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ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
buyes deue ser del primer dia de Sancta Maria Candelera entroa el Sant Martin, ata
que los gayllos canten, e de que gayllos cantaren al dia de Sant Martin entro al dia
de Sancta Maria Candelera pascer todo ganado. (FG, I.352)
- Los ifançones si quisieren fer uedado de cauayllos nueuo, deuen ir a la sied del
rey et ganar la piertega del iuuero a menos de fierro. Et el logar que quieren fer la
defessa, deue ser en medio logar 1 ifançon, et itar d’aylli la piertega menos de fierro
a cada part en luengo cada 12 uegadas et en amplo cada 12 uegadas. (FG, I.353)
- Si el seynor de algun logar uedado fayllare oueyllas ayllenas pasciendo de dia,
por fuero, de cada grey matara 1 si’s quiere ; et de noches, dos ; mas si no las matare
en logar uedado, peytarlas ha con la calonia. Mas sabuda cosa es que del dia de Sant
Miguel ata la Sancta Cruç de mayo logar ninguno no ha ocasion de matar ganado.
(FG, I.430)
- Calonia de montes. Ay montes en Nauarra que son uedados de los uezinos, que
ninguno non taie arbor nin rama, nin cuian fruyto ninguno sin mandamiento de los
uezinos. Et si en estos montes atales alguno taia arbor, á por calonia 2 kafizes de
ordio, o 1 kafiz de trigo, una coca de uino et 2 sueldos et meo por el carnero. Esta
callonia es clamada “gauqua a ari”. Et si taia rama, pague 1 rouo de ordio, por el
fruyto, la calonia que paganm los uezinos entre si. (FG, I.492)
- Calonia de montes uedados. Si ninguno taia arbor de rayz en los montes uedados
es la calonia 1 kafiz de trigo, una coca de uino, 1 carnero, quoal el fiero manda. esta
calonia es clamada “gauca a ari”. (FG, I.520)
1330 [Corella. Md. Tudela]
Ibi, del quarto de los guanados que pacen en los vedados del conceyllo, tribudado a
4 aynnos, por el postremero aynno, a la part del rey, 5 sueldos. (AGNCR 26, fol. 1v.
Versión en lat. en fol. 244v)
vetatum, vid. uedado
~ concilii, “vedado del concejo”, comunal.
1121 [Garaño (Md. Montañas)]
Concordauimus... habeamus nos omnem medietatem et uos aliam medietatem... et
de illo monte atque silua habeamus in comune nos et uos, ut uos habeatis uestrum
uetatum ; et in ipsa quantum nos talgaremus, tantum uos talgetis et nos amplius, et
nos habeamus nostre uetatum et uos uestrum qui custodient siluam ipsa atque
montem. (DML, 278)
1330 [Cintruénigo Md. Tudela]
Ibi, de quarto ganatorum pascencium in uetitis concilii, pro ultimo anno, in parte
regis, 5 solidos. (AGNCR. 26, fol. 244v. Versión romance en Reg. 26, fol. 1v :
“Vedados”)
1330 [Corella. Md. Tudela]
Ibi, de uetitis concilii, tributatis ad 4 annos, pro primo anno, 8 solidos, 6 denarios.
(AGNCR. 26, fol. 245r.)
2.3. Lugares propios de los animales
abeuradero, abeurador(es)
(sust.) De “abrevar”, del lat. a b b i b e r a r e, de b i b e r e, ‘beber’.
“Abrevadero”, se refiere a un ‘estanque, pilón o paraje del río, arroyo o
manantial a propósito para dar de beber al ganado’ (DRAE,01). Existe
497

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
referencia de “abeurado”, ‘abrevadero’ (BC). Su función es que abreve o
beba el ganado, es decir darle de beber ; el verbo “hascar” puede estar en
relación con la misma actividad (vid. en 5.2)
1284,07,03 [Alduides (Md. Sangüesa)]
Item pora toda la tierra de Alduyde [...], abreuadero de meys pora hascar e pora
beuer e pora ser e non sayllir de suso corraras, e si no den […]. (CDR, 291 Es una
larga enumeración de bustalizas)
1373 [Buñuel (Md. Ribera)]
Yo Pero Sanchiz de Cabaniellas, notario, vezino d’Arguedas, otorgo que como yo
tienga a tributo de don Ponz d’Eslaua, recebidor, el erbago et el pazto del soto de
Bunyuel con el abreuadero et todos los drechos et pertinencias del senyor rey...
(AGNC, Caj. 28, nº 28, 1)
1392 [Tudela]
...dato a tributo a Naçan del Gabay, judio de Tudela, todos los paztos et herbagos de
los sotos... con sus entradas et saillidas con sus abeuradores et con sus drechos et
pertenençias de los dichos paztos et herbagos de los dichos sotos, que son nuestros...
(AGNC.67, nº 25, 9).
corral
(sust.) Quizá del lat. vulg. c u r r a l e, ‘circo de carreras’, “corral” se
refiere a un ‘sitio cerrado y descubierto, en las casas o en el campo, que sirve
habitualmente para guardar animales’ (DRAE,01)
1266 [Tudela]
Del corral cerqua lo forn de la porta de Çaragoça, que tenia Abderrame Alcaztorte,
que tenia con incens, es mort et es desemparat lo corral ; et de aquest corral, con
vna caseta que era tenença d’est incens et son logotz, per 32 soltz. (AV.2 [526])
1383 [Andosilla (Md. Ribera)]
..auemos dado de gracia special de dono esta una vez pora reparar ento vnos casales,
corral et plaças que nos le auemos dado para en su vida en la nuestra villa
d’Andosieylla. (AGNC.47, nº 50, 3)
establia
(sust.) Del lat. s t a b u l u m, - i, “establo”, ‘lugar cubierto en que se
encierra ganado para su descanso y alimentación’ (DRAE,01). En este caso
se refiere probablemente al “gran establo” del palacio real.
1280 [Olite]
Por adobar los palatios et fazer los pesebros en la gran establia (AV.3 [1312])
pesebre(s), pesebro(s)
(sust.) Del lat. p r a e s e p e, - i s, “pesebre”, ‘especie de cajón donde
comen las bestias’, ‘sitio destinado para este fin’ (DRAE,01)
1266 [Olite]
Per adobar los pesebres del rey, 12 dineros (AV.2 [1039])
1280 [Olite]
Por adobar los palatios et fazer los pesebros en la gran establia (AV.3 [1312])
498

2.4. Linderos
ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
fazero(s)
(adj.) De “facero”, ‘fronterizo’, del lat. f a c i a r i u s, en Navarra está
al parecer documentado como sust. : ‘en Navarra, terrenos de pasto que hay
en los linderos de dos o más pueblos y se aprovechan de ellos en común’
(DRAE,70), si bien los contextos medievales aquí encontrados se refieren al
adjetivo, con el significado de ‘afrontados’ o ‘colindantos’. Así, se habla de
problemas de lindes o de paso de ganado entre villas “faceras” o entre
vecinos “faceros”.
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
En las villas fazeras los ganados de la una uilla pueden pascer despues que ysse el
sol... [FGN.Red. Arc.88]
s. XIV [Fuero General]
- De uillas fazeras, como deuen pacer : En uillas fazeras los ganados de la una uilla
pueden pacer de sol a sol entroa las eras de la otra uilla quitament, et tornen a lur
termino con sol. Et si fizieren daynno en leguminas o en otros fruytos paguen el
dayno ; si en este comeyo ouiere prados de cauaylos o de bueyes, paguen las
calonias, si fizieren entrada niguna o enbargo, como fuero manda. (FG,I.110)
- De trasfumo. En villas fazeras, los ganados de la una uilla non deuen passar a la
otra villa trasfumo por razon de pastura, nin deuen entrar al termino a la part que
son sembradas las mieses, nin fazer dayno en las leguminas que no deuen acostar-se
a eyllas quanto la piertega... (FG, I.449)
- En uillas fazeras que los terminos son conoscidos, si entra pieça o uina d’algun
uezino en el termino de la otra villa, et si este vezino puede entrar en su pieça o en
su uina por lo suyo, no’s deyssara por los uezinos fazeros de segar, mas segara et
uendemara et rinquara et dara la dieçma et la primicia a la gelia d’aqueylla ont
l’eredamiento uiene... (FG, I.474)
- Las uillas fazeras que an los terminos conoscidos pueden pacer de part de los
restoiares ata las eras de sol a sol, non faziendo dayno en los fruytos, ni en prado de
cauayllos ni de buyes… (FG, I.533)
moion
(sust.) Del lat. hisp. m u t u l o, - o n i s, “mojón”. ‘Señal permanente
que se pone para fijar los linderos de heredades, términos y fronteras’
(DRAE,01).
1280 [Igúzquiza (Md. Estella)]
Del conceyo de Igusquiça, porque derribaron los moiones de Azqueta, 20 libras
(AV.3 [936]).
1331 [Azanza. Sierra Sarvil. (Md. Estella)]
[...] las cuales pieças laurauan et espleytaban antigament et han laurado ata el dia de
hoy, que tienen de moion a moion et puedan hy poner costiero pora catar de mientre
fuesen sembradas las pieças que non lys pazcan los fruitos... (AGNC.7, nº 16. Publ.
BARRAGÁN, AGN, nº 69.)
499

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
muga
(sust.) Del eusk. m u g a, ‘mojón’ (DRAE, 01 y AL.Pir). Límite o
mojón de un terreno de cualquier clase, o de un término. Se recoje en
Aragón “buega, buga”, ‘linde, término de dos fincas’ (BRJ y ALANR,23) y
en Navarra.
1064,06,15 [Aspurz (Urraúl, valle) (Md. Sangüesa)]
...concedimus uobis illum monasterium... cum suis terris et nomine monte Idocorri :
ex una parte tenente cum (siguen lo límites del monte) ; et sunt mugas fixas inter
prenominatos terminos, quos est manifestum Deo et hominibus... et unas mugas
sunt in monte apud oterum ex parte de Artesano et aliam muga, stat in oterum apud
Aspurç, apud oterum d’Iguenç. (DML, 73)
1288,06,19 [Roncesvalles (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]]
... que... todo aquel comeyo que es entre los sobredichos rios e mugas e puent, el
terminado rasso el poblado, (lo ha detallado previamente), como es de la orden,
finque la propiedad de la horden...
... que por ningun tiempo alli no tallen, salbo que los del burgo poramos pasar con
nuestro ganado para ir pazer a los puertos. [...] el usso de las mugas que ay usso
porque la propiedad de la tierra, como es a la orden, mas que podamos pazer ambas
partidas por todos los tiempos. (CDR, 305)
500
2.5. Productos derivados del espacio
agoa(s)
(sust.) Del lat. a q u a, - a e, trad. “agua”. En su octava acepción
(DRAE,01), ‘río o arroyo’. Puede referirse al uso o derechos del río (quizá
pesca o fijación de molinos) y con frecuencia a las aguas destinadas a que el
ganado pueda beber.
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. (Md. Estella)]
… Et nos, queriendo serles graciosos fazemosles donacion perpetua de las dichas
pieças et pasto, losa et costeria en la manera sobredicha... Et queremos et nos plaze
que por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las yerbas en la dicha sierra, et
beuer las agoas con lures ganados menudos et granados, et sacar piedra, et rancar
losa, et tayllar leyna menuda non tayllando arbol ninguno. (AGNC.7, nº 16. Publ.
BARRAGÁN, AGN, nº 69)
acquis, aque, aquis (aqua, -ae) vid. agoa(s)
1083 [Garrúes (Md. Pamplona)]
...predictam uillam Garrues cum terris, uineis, ortis, molendinis, pratis, pascuis,
padulibus, aquis, siluis, montibus, uallibus, exitibus et regressibus suis... (DML,
110)
1099 [Garaño (Md. Montañas)]
…cum terris et uineis, montibus et uallibus, siluis, acquis et molendinis, ortis et
terminis, a flumine de Arga usque ad sumum montem qui dicitur Oteiata... (DML,
169)

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1101 [Oroztegui (orillas Urumea). Guipúzcoa]
Super hec (otra donación) autem addo ego prefatus rex Petrus et dono illam
pardinam que uocatur Oroztegui, cum suis terminis et appendiciis ominibus, terris,
cultis et incultis, pascuis, arboribus fructiferis et infructiferis, et cum illa aque que
dicitur Urhumea, que es pertinencia de Oroztegi. (DML, 166)
caça
(sust.) De “cazar”, ‘Conjunto de animales no domesticados, antes y
después de cazados’ (DRAE,01).
1384 [Cárcar, Azagra, San Adrian (riberas del Ebro)]
Yo Miguel Lopiz de Nauascues, scudero, otorguo auer ouido et reçebido el
emolument et prouecho de los bailios et lezta de los loguares de Carcar, Açagra et
Sant Adrian et de la caça del soto de Resa... (AGNC.45, nº 21, 42).
1404 [Viana (riberas del Ebro)]
Pero Mateo de Viana otorgo ouer ouido et recebido... en cada un aynno sobre el soto
de Viana que se clama de Ynnego Galindiz con el hemolument et prouecho de la
leynna sequa et caça del dicho soto... (AGNC.81, nº 7, 33).
errba(s), yerba(s)
(sust.) “hierba”, del lat. h e r b a, ‘toda planta pequeña cuyo tallo es
tierno y perece después de dar la simiente en el mismo año o a lo más el
segundo, a diferencia de matas, arbustos o árboles, que echan troncos o tallos
duros y leñosos’. También ‘pastos que hay en las dehesas para el ganado’
(DRAE,01). Puede crecer tanto en prados como en montes y su función
básica es alimentar el ganado.
1296,05,20 [Erro, valle]
...uendo a uos (el prior de Roncesvalles)...la mi part e todo el dreyto que yo e e deuo
auer enas bustallizas e errbas... (CDR, 329)
1300 [Sangüesa]
Ibi, por trebudo del huerto del maçanedo et por las yerbas del mont et del prado, 8
libras. (AV.5/45 [208])
1330 [Raondo. (Md. Sangüesa)]
Ibi, por las yerbas del mont et del prado, del primer dia de jenero anno XXIXº ata el
primero dia de nouiembre anno tricesimo que uedo Miguel Ortiz de Artesano,
portero, a los tributadores que non pasciessen las yerbas del dicho mont et del
prado, que si non que a fuylarian todo el mont, por 10 meses, 36 sueldos, 8 dineros.
(AGNCR. 26, fol. 65r. Versión en lat. en fol. 265r-v.)
falguera, felguera
(sust.), en Navarra (y en particular en Roncal, Navascués y Yerri),
‘helecho’, de “falaguera”(VN). “Helecho”, en lat., f i l i s, - i c i s (NDL).
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De falguera en Gamoart, nichil. (AV.5/51 [36])
1305 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De felguera en Gamoart, 12 dineros. (AV.6/66 [39])
501

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
glandes (glans, glandis)
(sust.) Lat. g l a n s, g l a n d is, que en primera acepción se traduce
como “bellota”.
1102 [Iso. Romanzado (Md. Sangüesa)]
Talis concordia fuit facta... Et non incidant (los hombres de Leire) arbores nostros
(del rey) ; quos si fecerint, compleant legem nobis, et custos noster custodiat
nostrum montem cum arboribus suis. Et quando fuerit absolutus mons noster et
mons illorum, uadant nostras bestias pascere ad montum illorum et bestias illorum
ad nostrum montem amicabiliter. Et illas glandes de nostro monte non colligant
homines de Ysu sine nostra uoluntate et licentia. (DML, 196)
pasto, pasturas (2), paztura, pazto
(sust.) Del lat. p a s t u s, - i, “pasto” en el sentido de ‘hierba’, aunque
el vocablo se presta a confusión porque puede también referirse al ‘lugar
donde crece el pasto’, dado que ‘el ganado pace en el mismo terreno donde
se cría’ (DRAE,01). Se recogen aquí las referencias al producto obtenido, es
decir, a la hierba, y no al terreno en sí mismo, que se ubican en 2.1 (vid.
pastura(1)). Asimismo cabe la misma palabra (tanto pastura como pasto),
para el tributo que se paga por el disfrute del pasto, que se ha recogido en
4.2 ; son relevantes en ese sentido las referencias de 1330, con versión latina
y romance del mismo asiento, y con diversas acepciones en la misma frase.
1176,10 [Roncesvalles (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]
...otrossi, quiero que el uuestro ganado pasca segurament por toda la mia tierra. E
mando que ninguno nos sea osado de uedar pasto a eyll, ni tomar eruage ne demas
que del mio proprio. (CDR, 10)
1288,06,19 [Roncesvalles (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]
...que...todo aquel comeyo que es entre los sobredichos rios e mugas e puent, el
terminado rasso el poblado, (lo ha detallado previamente), como es de la orden,
finque la propiedad de la horden, mas las pasturas e tallacones finquen por ambas
las partidas por todos tiempos, sin reuello ninguno por todo, salbo (lo ajustado por
ambas partes)… (CDR, 305)
- ...el terminado que se dize (especifica), como es del burgo, assi que finque propio
de los del burgo, mas que finque la paztura por ambas las partidas francament e
quitament por todos tiempos. (CDR, 305)
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De la casa d’Aguerre con sus pertinenças e con el pasto de Sarrola, nichil, que
Guarcia d’Armendariz la tiene de dono del rey. (AV.5/51 [81])
1304 [Sangüesa]
De la quinta de los puercos, nichil ogaynno, por que no ouo pazto (AV.5/56 [154]).
1330 [Sierra de Aláiz. (Md. Sangüesa)]
Del pazto del mont d’Alaiz, del primer dia de jenero anno XXIXº atal primer dia de
jenero anno XXXº, nichil, por que no ouo pazto. (AGNCR. 26, fol. 65v.Versión en
lat. en fol. 265., para el primero “herbático”)
502

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1330 [Belveder (Ultrapuertos (Baja Navarra))]
De pasturas de Belueder et de feno, con sus pertenencias, nichil, que Lobet de
Narbays, sargent d’armas, las tiene a vida. (AGNCR. 26, fol. 210r. En latín en f.
306v. pasturagiis, aunque la simultaneidad con “feno” permite pensar en
“hierba”)
pastus, (pastus, -i) vid. pasto
1330 [Arellano, (Md. Estella)]
De tributo hereditatum de Sancto Christoforo, cum pastu et herbatico nemoris cum
molendinis et cum onmibus iuribus et pertinenciis dicti loci, tributatis ad 10 annos
cum conditionibus in instrumento per Johannem Petri, notarium Stelle, confecto
contentis pro primo anno, 50 libras. (AGNCR. 26, fol. 299r.)
1330 [Sierra de Alaiz (Md. Sangüesa)]
De herbatico nemoris de Alayz, nichil, quia non fuit pastus. (AGNCR. 26, fol.
265r-v.)
tallacon(es), tallazon
(sust.) “tallazón” o ‘tala’, el producto del corte o “tala” de la leña o
madera, que se refiere a ‘cortar por el pie una masa de árboles’ ; también a
‘quitar o arrancar’ (DRAE, 01). La grafía con “c” seguramente es con “ç”,
cuya lectura no se ha conservado.
1288,06,19 [Roncesvalles (Erro, valle)]
...que... todo aquel comeyo que es entre los sobredichos rios e mugas e puent, el
terminado rasso el poblado, (lo ha detallado previamente), como es de la orden,
finque la propiedad de la horden, mas las pasturas e tallacones finquen por ambas
las partidas por todos tiempos, sin reuello ninguno por todo, salbo… (lo ajustado
por ambas partes). (CDR, 305)
s. XIV [Fuero General]
...Empero en querer de los lauradores es por tayllar en los montes quanto eyllos
querran ; en las 3 pascoas deuen tayllar, assi como los lauradores uieren por bien ;
roturas e todo rompan a querer de los lauradores, maguer el ifançon deue auer
roturas et en tayllazon de montes tales dos como 1 laurador. (FG, I.374)
Tayllazon de montes (1)... Et quando taiaren, 1 ynfançon deue auer quoanto 2
uillanos, et si por auentura los uillanos non quisiessen taylar por l’ayno algunas
vezes, los ynfançones deuen taiar en las 3 Pascoas cada 3 cargas de leyna granada ;
en estas tres cargas non deuen poner ayllagas ni artos nin sarças, et las ayllagas et
los artos taien los uezinos quoando querran, et pueden uedar quando querran.
(FG,I.235).
2.6. Comunicaciones y transporte
almadia
(sust.) Del árb. al-ma’diya, ‘barca en que pasan hombres o animales’,
y de ahí ‘conjunto de maderos unidos así para facilitar el transporte por el
agua, especialmente por los ríos’ (DHRA). Se ha anotado aquí, de manera
atípica, una primera referencia donde se describe el proceso, pero no se
503

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
designa el artilugio de ninguna forma específica, quizá porque no se ataron
los troncos, aunque queda claro que se bajan por el río.
~ de fustas, “de maderos o troncos” (vid. “fusta”, más adelante)
1280 [Bigüézal-Lumbier (Md. Sangüesa)]
Per 22 vigas tayladas, et descendre del mont de Bioçal ata l’ayga et guiarlos ata
Lombier per al palacii de Ripodas... (AV.3 [373])
1356 [Sangüesa]
Conto rendido por don Lop, don Pero Domyngo, capeillan, goarda del peage del
pasage de las almadias que pasan per el arcal de los molinos delant Sant Saluador
en Sangüesa. Primerament martes 26 dia d’abril, anno quo supra, por 135 fustas
grandes que pasaron por el dicho arcal Blasco Lilia et sus compaynneros, por cada
fusta 12en. dineros, valen 6 libras 15 sueldos... (AGNC, 12, n. 180, f. 23)
1415, 06 18 [río Aragón, en lindes entre Navarra y Aragón]
(Carlos III ha acordado con dos vecinos de Hecho y Sangüesa que) cada aynno
d’aqui a el termino de 10 aynnos conplidos ayan a trayer de las montaynnas por el
rio de Aragon, pora nuestras obras de Olit et de Tudella, diez almadias de fustas de
pinos et auetes en cad’anno de los dichos diez aynnos... (y manda al recibidor que
consienta)... trayer por el dicho rio de Aragon et passar por vuestras puentes, pressas
et arquales ata el puent de nuestra ciudat de Tudela salua et segurament et
franquament et quitament de todo drecho real, las diez almadias de fustas en
cad’anno de los dichos diez aynnos, sen les fazer nin consentir ser fecho estorbo ni
empachamiento alguno, en alguna manera... (AGNC, 113, n. 45.2)
1421 [Sangüesa]
...seiseno dia de maio paso Pascoal de Sierlas por l’arcal de suso 1 almadia, pago 2
sueldos de jaqueses. (AGNC., Caj. 107, nº 8, 11)
1444 [Aragón, río]
…de antiguos tiempos aqua que memoria de hombres no es en contrario... es usado
et acostumbrado que las almadias de fusta que [deuaillan] por el rio de Aragon et
passan por esssa dicha villa (de Sanguesa), pagan ciertos drechos a la dicha villa, de
los quoalles la meatat es para la villa et la otra meatat es aplicada para la reparation
del castieillo de aquella...(AGNC, 151, n. 9.4)
alcal, arcal, arqual(es)
(sust.) Lugar dentro del cauce del río, a modo de canal, previsto para
que pasen las almadías y que se localiza en algunos sectores de paso
complicado o cercano a una población. Las “arkas” se documentan al menos
desde 1096 (DML, 153) como parte de las construcciones del molino ; ‘en
términos generales equivalen a presas pero en realidad parece que se refieren
a algún tipo de sangradera, portillo, “puerto” o paso rebajado que facilitaría
el paso de las almadías’, aunque se documentan en otros lugares donde al
parecer no hay tráfico maderero, como Artajona. Puede proceder del eusk.
“uberka” o “uharka”, ‘portillo de presa’ y éste a su vez del lat. “arca” (DAS,
p. 136).
1280 [Sangüesa]
Por adobar l’arcal del molino de Pastoriça, et piedra rancar et aducir...
504

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
Por adobar l’alcal del molino de las Heras, la part de la reina...(AV.3 [1266 y 1267])
1356 [Sangüesa]
Conto rendido por don Lop, don Pero Domyngo, capeillan, goarda del peage del
pasage de las almadias que pasan per el arcal de los molinos delant Sant Saluador
en Sanguesa. (AGNC, 12, n. 180, f. 23)
1415, 06 18 [Aragón, río]
(Carlos III ha acordado con dos vecinos de Hecho y Sangüesa que) cada aynno
d’aqui a el termino de 10 aynnos conplidos ayan a trayer de las montaynnas por el
rio de Aragon... diez almadias de fustas de pinos et auetes en cad’anno de los dichos
diez aynnos... (y manda al recibidor que consienta)... trayer por el dicho rio de
Aragon et passar por vuestras puentes, pressas et arquales ata el puent de nuestra
ciudat de Tudela... (AGNC, 113, n. 45.2)
1421 [Sangüesa]
...seiseno dia de maio paso Pascoal de Sierlas por l’arcal de suso, 1 almadia, pago 2
sueldos de jaqueses. (AGNC., Caj. 107, nº 8, 11)
3. Materias primas
3.1. Madera
auete(s)
(sust.) Del lat. a b e t e, “abeto” (DRAE,01).
1415, 06 18 [Aragón, río]
(Carlos III ha acordado con dos vecinos de Hecho y Sangüesa que) cada aynno
d’aqui a el termino de 10 aynnos conplidos ayan a trayer de las montaynnas por el
rio de Aragon, pora nuestras obras de Olit et de Tudella, diez almadias de fustas de
pinos et auetes en cad’anno de los dichos diez aynnos... (y manda al recibidor que
consienta)... trayer por el dicho rio de Aragon et passar por vuestras puentes, pressas
et arquales ata el puent de nuestra ciudat de... (AGNC, 113, [45.2)
arbol, arbor
(sust.) Del lat. a r b o r, - o r i s, “árbol” (DRAE,01). En general hace
referencia aquí al conjunto de árboles, del bosque, susceptibles de hacer
madera o leña con ellos.
~ secos, es decir, que no están verdes, muertos (“yacen en tierra”)
s. XIV [Fuero General]
- De arbor tayllar. Si algun ome comiença a tayllar arbor en mont et lo seynala, e
depues uiene otro et lo taia del todo, et lo ita en tierra, et esto uiene el primero e diz :
“io auia seynalado ante que tu et mio deue ser”, manda el fuero que aqueyll qui lo
taio et lo ito en tierra, que auqeyl lo deue auer, quar el primero dreyto no ha por lo
que seynalo. (FG, I.269)
- De arbor corto en bustaliza. Ningun ome qui en bustaliza de montayna arbor
conoçuda cortare de bustaliza, un buy nouieylo deue por calonia, que assi es el fuero
(FG,I.93)
505

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Del tribudo de los arbores secos que iazen en tierra en el mont de Garharreguia
vendidos e por el fayllar, del primero dia de genero anno nono ata aqueyll mismo
dia anno trecentesimo, 26 libras. (AV.5/51 [137])
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. (Md. Estella)]
... puedan pacer toda la dicha sierra que es clamada Saruyll con ganados granados et
menudos, et sacar piedra et losa, et tayllar leyna menuda, non tayllando arbol
ninguno, que nos daran trezientas libras de sanchetes por tal que nos les fagamos
donazion perpetua pora eyllos et lures succesores de todas las cosas sobredichas...
Et queremos et nos plaze que por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las
yerbas en la dicha sierra, et beuer las agoas con lures ganados menudos et granados,
et sacar piedra, et rancar losa, et tayllar leyna menuda non tayllando arbol ninguno.
(AGNC.7, nº 16. Publ. BARRAGÁN, AGN, nº 69)
arboribus, (arbor, -oris) vid. arbol
1099 [Elcarte (Md. Pamplona)]
...cum tota sua parroequia atque sua pertinentia et de arboribus que sunt in ipso
monte predicto Issasgutia nostram medietatem... (DML, 170)
1102 [Unciti, valle (Md. Sangüesa)]
Dono... in uilla que uocatur Arrueta... scilicet palacium meum cum domibus suis,
cum sua curte, cum suo orreo, cum exio et regressio suo et cum omni sua radice et
cum toto suo decimo, cum terris et uineis, cultis et incultis, heremis et laboratis,
arboribus et paludibus et cum omnis suis pertinenciis... (DML, 197)
arto(s)
(sust., de etim. desc.), ‘nombre que se da a varias plantas espinosas
que se emplean para formar setos’ (DRAE,01). Pervive en el asturiano para
referirse a plantas de espinos, zarzas, etc. En el Pirineo aragonés se
documenta como ‘nombre de varias plantas, en general el endrino, más
raramente el espino blanco’ (DDPA). Por el contexto aquí recogido está
claro que se refiere a maleza, o leña menuda y abundante, al parecer, que se
contrapone, entre otras cosas, a la madera buena, o “granada”.
s. XIV [Fuero General]
Tayllazon de montes (1)...Et quando taiaren, 1 ynfançon deue auer quoanto 2
uillanos, et si por auentura los uillanos non quisiessen taylar por l’ayno algunas
vezes, los ynfançones deuen taiar en las 3 Pascoas, cada 3 cargas de leyna granada ;
en estas tres cargas non deuen poner ayllagas ni artos nin sarças, et las ayllagas et
los artos taien los uezinos quoando querran, et pueden uedar quando querran.
(FG,I.235).
ayllaga(s)
(sust.) “aliaga”, remite a “aulaga”, (del mozár. y ár. hispánico
alyilaqa, éste de algilaqa, éste de algawlaqa y éste del ár. clásico,
gawlaqah), ‘planta de la familia de las Papilonáceas, como de un metro de
altura, espinosa, con hojas lisas terminadas en púas y flores amarillas. Las
puntas tiernas gustan al ganado. El resto de la planta se machaca, aplastando
las espinas para darlo en pienso’, y también ‘nombre que se da a varias
506

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
matas de la misma familia, espinosas y de flores amarillas’ (DRAE,01).
Como en el caso de artos y zarzas, se trata de plantas que no se consideran
leña buena.
s. XIV [Fuero General]
Tayllazon de montes (1)... Et quando taiaren, 1 ynfançon deue auer quoanto 2
uillanos, et si por auentura los uillanos non quisiessen taylar por l’ayno algunas
vezes, los ynfançones deuen taiar en las 3 Pascoas cada 3 cargas de leyna granada ;
en estas tres cargas non deuen poner ayllagas ni artos nin sarças, et las ayllagas et
los artos taien los uezinos quoando querran, et pueden uedar quando querran.
(FG,I.235)
frezno(s)
(sust.) Del lat. f r a x i n u s, “fresno”. (DRAE,01). En este caso se
utliza el romance en un contexto latino (arboribus... uocatis freznos) ; más
tarde se considera una madera de mejor categoría, con los robles, dado que
se exceptúa para la confección de carbón.
1343 [San Adrián (Md. Ribera)]
De tributo garene de Resa, cun agris et cum emparancia regis... Ibi, de VIII
arboribus uetitibus dicte garene uocatis freznos... (AGNCR, 48, fol. 70)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en derredor et
en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et mayrames que
pora mantenimiento et sostenimiento de las dichas ferrerias, exceptado los robres et
freznos de los quoales vso ni costumbre de cortar ni fazer carbon los qui son a
present en su tiempo... et de tanto tiempo que memoria de hombres no es en
contrario han acostumbrado de cortar de toda manera de arbores et maderas et fazer
carbon et otras fustas et mayrames necessarios. (AGNC.174, nº 50, 2)
fusta
(sust.) Del lat. f u s t a, ‘vara’. ‘Conjunto de varas, ramas y leña
delgada, como la que se corta o roza de los árboles’ (DRAE,01). También en
lat. fustis, -is se define como ‘palo, estaca’ (DL). Se asimila aquí a tronco (de
madera), como en el caso de los transportados por las “almadías de fusta” ;
cabe identificar éstos con las “fustas grandes” mencionadas en la
documentación. Cabe decir que equivale a “madera”.
1330 [Osés (Ultrapuertos, Baja Navarra)]
De fusta vendida en los montes del rey de Osses, la fusta seca et los arboles caydos
por estos tres aynos, vendida por mandamiento del gouernador et del tresorero, el
castelan et el prcocurador del seynor rey d’Aquent Puertos a mercaderos de Labort,
66 libras”. (AGNCR. 26, fol. 213r.)
1356 [Sangüesa]
Conto rendido por don Lop, don Pero Domyngo, capeillan, goarda del peage del
pasage de las almadias que pasan per el arcal de los molinos delant Sant Saluador en
Sangüesa.
507

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
- Primerament martes 26dia d’abril, anno quo supra, por 135 fustas grandes que
pasaron por el dicho arcal, Blasco Lilia et sus compaynneros, por cada fusta 12en.
dineros, valen 6 libras 15 sueldos... (AGNC, 12, n. 180, f. 23)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Sangüesa)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en derredor et
en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et mayrames que
pora mantenimiento et sostenimiento de las dichas ferrerias exceptado los robres et
freznos de los quoales vso ni costumbre de cortar ni fazer carbon los qui son a
present en su tiempo... et de tanto tiempo que memoria de hombres no es en
contrario han acostumbrado de cortar de toda manera de arbores et maderas et fazer
carbon et otras fustas et mayrames necessarios. (AGNC.174, nº 50, 2)
ligna, (lignum, -i) vid. leynna
1055, 06,04* [Sansoain. Valdorba (Md. Sangüesa, luego de Olite)]
...confirmamus illum (el monasterio o iglesia que se dona) cum omnia que possidet
ut seruiat ad Sancti Saluatoris sine ulla uoce mala, et in illo monte de Sanssoan
habeat partem de sua ligna... (DML, 48)
1090,03,05 [Huarte-Pamplona (Md. Montañas)]
...Et sicut constitutum ab antiquis est, hoc monasterium de Varte habet
consuetudinem incidendi ligna in montibus de Begeriz et de Beola, cotidie duas
bestias honeratas, sicut palatium de rege...
leña, leyna, leynna
(sust.), Del lat. l i g n u m, - i, en pl., “leña”. ‘Parte de los árboles y
matas que, cortada y hecha trozos, se emplea como combustible’
(DRAE,01). Se señalan rasgos como “verde” o “seca”, “granada” y se
contraponen a tipos de madera que se consideran de menor rango, como los
artos, zarzas o ramas, y también se califica como “menuda” aquella
contrapuesta a “árbol”.
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
En el reysmo de Nauarra loguares ha que non han leyna et en loguares [pocos]
montes et poca leyna. Maquer que ha poca leyna, homs han menester mantener el
fueguo... [FGN.Arc.192]
1288,06,19 [Roncesvalles (Erro, valle, Md. Sangüesa)]
...del (describe un amplio espacio que por privilegio real es de la colegiata)... assi
que fui que propio de la orden por todos tiempos, por ir ni por senbrar e por bedar e
por alzar e por çerrar, abrir e por fazer toda la propia voluntad, assi que los del
burgo en el aquel lugar como es señalado de suio ni en todo ni en parte podamos
tallar ni fazer leña (sic) berde ni seca por ningun tiempo sin especial gracia de la
orden... (CDR, 305)
s. XIV [Fuero General]
Si el costiero priere a ninguno. Si el costiero prisiere en el mont ante de Nadal ad
alguno cortando leyna, deuel fer peytar la calonia ; et de que Nadal passare, non
peyte calonia. (FG,I.180)
Tayllazon de montes... Et quando taiaren, 1 ynfançon deue auer quoanto 2 uillanos,
et si por auentura los uillanos non quisiessen taylar por l’ayno algunas vezes, los
508

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
ynfançones deuen taiar en las 3 Pascoas cada 3 cargas de leyna granada ; en estas
tres cargas non deuen poner ayllagas ni artos nin sarças, et las ayllagas et los artos
taien los uezinos quoando querran, et pueden uedar quando querran. (FG,I.235)
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Item por leyna, por seuo, por vino, por cozina de los 4 molineros de los molinos de
Sant Johan por ayno, anno nonogesimo nono ata el primero dia del mes de genero
anno CCCº, 12 libras. (AV.5/51 [145])
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. (Md. Estella)]
Et defende el coto segun fuero de la tierra et coto sea del conceillo d’Açança, et
puedan pacer toda la dicha sierra que es clamada Saruyll con ganados granados et
menudos, et sacar piedra et losa, et tayllar leyna menuda, non tayllando arbol
ninguno, que nos daran trezientas libras de sanchetes por tal que nos les fagamos
donazion perpetua pora eyllos et lures succesores de todas las cosas sobredichas...
Et queremos et nos plaze que por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las
yerbas en la dicha sierra, et beuer las agoas con lures ganados menudos et granados,
et sacar piedra, et rancar losa, et tayllar leyna menuda non tayllando arbol ninguno.
(AGNCmptos, Caj. 7, nº 16. Publ. BARRAGÁN, AGN, nº 69.)
1404 [Viana (Md. Estella)]
Pero Mateo de Viana otorgo ouer ouido et recebido del honrrado Abram Enxoep,
recebidor de la merindat d’Estella, a causa de mi ordenanca et bien fecho que yo he
del seynor rey en cada un aynno sobre el soto de Viana que se clama de Ynnego
Galindiz con el hemolument et prouecho de la leynna sequa et caça del dicho soto...
(AGNC.81, nº 7, 33)
madera(s)
(sust.) Del lat. m a t e r i a, ‘parte sólida de los árboles cubierta por la
corteza’ (DRAE,01). De manera genérica parece englobar los diversos tipos
de especies vegetales susceptibles de ser usados como combustible.
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en derredor et
en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et mayrames que
pora mantenimiento et sostenimiento de las dichas ferrerias exceptado los robres et
freznos de los quoales vso ni costumbre de cortar ni fazer carbon los qui son a
present en su tiempo... et de tanto tiempo que memoria de hombres no es en
contrario han acostumbrado de cortar de toda manera de arbores et maderas et fazer
carbon et otras fustas et mayrames necessarios. (AGNC.174, nº 50, 2)
mayrame(s)
(sust.) Quizá se refiera a mimbre, de “mimbrera” o “mimbrero”,
‘arbusto de la familia de las Salicáceas, cuyo tronco, de 2 o 3 m. de altura se
puebla desde el suelo de ramillas largas y delgadas, flexibles, de corteza
agrisada que se quita con facilidad, y madera blanca’. Es también ‘nombre
vulgar de varias especies de sauces’ (DRAE,01). Puede referirse, por otro
lado, a “mata”, es decir, ‘planta de poca alzada o tamaño’ y/o a “matorral”,
‘conjunto de matas intrincadas y espesas’ (DRAE,01). Cabe descartar la
509

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
acepción documentada en el Pirineo aragonés de ‘el ganado que pertenece a
una casa’ (DDPA)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en derredor et
en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et mayrames que
pora mantenimiento et sostenimiento de las dichas ferrerias exceptado los robres et
freznos de los quoales vso ni costumbre de cortar ni fazer carbon los qui son a
present en su tiempo... et de tanto tiempo que memoria de hombres no es en
contrario han acostumbrado de cortar de toda manera de arbores et maderas et fazer
carbon et otras fustas et mayrames necessarios. (AGNC.174, nº 50, 2)
pino(s)
(sust.) Del lat. p i n u s, - u s, “pino” (DRAE,01).
1415, 06 18 [Aragón, río]
... d’aqui a el termino de 10 aynnos conplidos ayan a trayer de las montaynnas por el
rio de Aragon, pora nuestras obras de Olit et de Tudella, diez almadias de fustas de
pinos et auetes en cad’anno de los dichos diez aynnos... (AGNC, 113, n. 45.2)
robre(s)
(sust.) “roble” (DRAE,01)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en derredor et
en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et mayrames que
pora mantenimiento et sostenimiento de las dichas ferrerias exceptado los robres et
freznos de los quoales vso ni costumbre de cortar ni fazer carbon los qui son a
present en su tiempo... et de tanto tiempo que memoria de hombres no es en
contrario han acostumbrado de cortar de toda manera de arbores et maderas et fazer
carbon et otras fustas et mayrames necessarios. (AGNC.174, nº 50, 2)
sarça(s)
(sust.) “zarza”, del ant. sarza, y este voz de or. prerromano, ‘arbusto
de la familia de las Rosáceas, con tallos sarmentosos, arqueados en las
puntas, prismáticos, de cuatro a cinco metros de largo, con aguijones fuertes
y con forma de gancho, hojas divididas en cinco hojuelas elípticas,
aserradas, lampiñas por el haz y velludas por el envés, flores blancas o
róseas en racimos terminales, y cuyo fruto, comestible, es la zarzamora’.
También ‘arbusto espinoso’ (DRAE,01). Aquí se asocia con otros arbustos
considerados como madera menuda.
s. XIV [Fuero General]
Tayllazon de montes (1)...Et quando taiaren, 1 ynfançon deue auer quoanto 2
uillanos, et si por auentura los uillanos non quisiessen taylar por l’ayno algunas
vezes, los ynfançones deuen taiar en las 3 Pascoas cada 3 cargas de leyna granada ;
en estas tres cargas non deuen poner ayllagas ni artos nin sarças, et las ayllagas et
510

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
los artos taien los uezinos quoando querran, et pueden uedar quando querran.
(FG,I.235)
tamariç escuero
(sust.) “tamarit” remite a “taray”, ‘arbusto de la familia de las
tamaricéceas, que crece hasta tres metros de altura, con ramas mimbreñas de
corteza rojiza, hojas glaucas, menudas, abrazadoras en la base, etc. común en
las orillas de los ríos”. También, ‘fruto de este arbusto’ (DRAE,01).
1119-1238 [Tudela]
De montes, roças, pasturas e lenna... que aya toda lenna seca, tamariç escuero, en
los montes, caças, pasturas e todo lo que pudiere labrar e ronper... en aguas grandes
e chicas pesqueras, cannares e molinos, taonas, açudes en lures fronteras, dejando
puerto para las naues... (FT, Red. Arc., n. 147)
tron du bois
(sust.) Fr. trad. “tronco de madera” (DMF), es decir, ‘tallo fuerte y
macizo de los árboles y arbustos’ (DRAE, 01) ; “bois”, fr. : ‘madera’
“tronc”, fr. : ‘tronco’.
1340 [río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
...Item 2 hommes au bois pour tailler gros trons et petits ; 2 besties pour apporter les
dis trons du bois a sa place. (AGNC.24, nº 38)
3.2. Minerales
adzurio, azurio, vid. azur
1341[río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
Item Recepit adzurum ; De adzurio laborato in mineriis de Urroui per Petrum
d’Eugui, pictorem Pampilone... (AGNCR. 44, fol. 153r.)
1342 [río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
Item de azurio laborato in dictis mineriis per Petrum d’Eugui, pictorem Pampilone,
expensis cuius capiuntur super regem... (AGNCR. 45, fol. 146v.)
azur
(sust.) De a z u r, “azurita”, ‘mineral de color azul de Prusia, de
textura cristalina o fibrosa, algo más duro y más raro que la verdadera
malaquita. Es un bicarbonato de cobre’ (DRAE,01)
1413 ? [río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
...eill sabe et conosce en alguno de los dichos yermos en ciertos logares do se podria
faillar et algunas minas de cobre, azur, azero, de otros metalles donde algun
prouecho se podria faillar... (AGNCPS, leg. 178, carp. 3, fol. 80r.)
argent (fr.)
(sust.) Fr. trad. “plata”. (DMF), del lat. a r g e n t u m, - i, (DL). Vid.
asimismo, el tributo sobre la extracción de plata (4.2)
511

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
1340 [río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
L’autre si est la miniere dessouz la ville de Miscoz et peut estre loign de celle
d’Urrovy la quarte part d’une lieue, et est d’argent et de cuivre, bone mais la
quantite ne se peut encores dire. (AGNC.24, nº 38, I, fol. 1)
argentum (argentum, -i), vid. argent
1343 [Md. Montañas]
Ita recepit cuprum et argentum ; ... per domnum regem debet habere 5 partes de
tota materi cupri et argenti per eum laborata...(AGNCR. 48, fol. 173v.)
azero
(sust.) “acero”, del lat. a c i a r i u m, de a c i e s, ‘filo’. ‘Aleación de
hierro y carbono, en diferentes proporciones que, según su tratamiento,
adquiere especial elasticidad, dureza o resistencia’ (DRAE,01). En rigor, no
procedería de una mina específica, sino que sería producto de una
elaboración posterior del hierro obtenido en la mina, si bien aquí no parece
ser así.
1413 ? [río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
...eill sabe et conosce en alguno de los dichos yermos en ciertos logares do se podria
faillar et algunas minas de cobre, azur, azero, de otros metalles donde algun
prouecho se podria faillar... (AGNCPS, leg. 178, carp. 3, fol. 80r.)
carbon
(sust.) Del lat. c a r b o, - o n i s, “carbón”. ‘Materia sólida, ligera,
negra y muy combustible, que resulta de la destilación o de la combustión
incompleta de la leña o de otros cuerpos orgánicos’ (DRAE,01). En el
proceso de ensayo del mineral es necesario para la fundición y posterior
extracción de los metales preciosos (vid. 6.4). Vid. “hacer” carbón (en 6.2).
~ cozido, se refiere al resultante de “cozer el carbón”, expresión que
significa “armar el horno” (ALANR, lam. 309). Sin embargo, aquí parece
referirse a carbón para el hogar, para caldear estancias o cocinar.
1328 [Sanchoabarca (Md. Ribera)]
Cuentas del castellano de Sanchoabarca. Recebio dineros. de carbon vendido en la
dicha bardena. La primera semana de jenero recebio de 4 carboneros, es a saber...
que fizieron carbon en 4 dias... (AGNC.67, nº 23, f. 24 r)
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas de Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...tres cargas de carbon para fundir la mina... (AGNC.67, n. 23, f. 1v)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en derredor et
en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et mayrames que
pora mantenimiento et sostenimiento de las dichas ferrerias exceptado los robres et
freznos de los quoales vso ni costumbre de cortar ni fazer carbon los qui son a
present en su tiempo... et de tanto tiempo que memoria de hombres no es en
contrario han acostumbrado de cortar de toda manera de arbores et maderas et fazer
carbon et otras fustas et mayrames necessarios. (AGNC.174, nº 50, 2)
512

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1435 [Sierra de Alaiz (Md. Sangüesa)]
...nos auemos entendido por Peyrot, carbonero, vezino de Huncue, que en los aynos
mil CCCC XXIX et XXX que acaescio la guerra entre nos et los del rey de
Castiella, tributo de los montes de Alayz por fazer carbon por 23 kafices de trigo en
cada un ayno por causa de la quoal guerra perdio sus azemilas et non pudo auer
prouecho alguno de los dichos montes nin fazer el dicho carbon... (AGNC., Caj.
137, nº 13, 2)
1446 [en el palacio real]
...que pago a Johan de Segura, carbonero, por tres saquas de carbon cozido que en
los dichos dias deliuro para quemar en nuestras dichas camaras et cozina a 24
sueldos la saqua... (AGNC, Caj. 154, nº 5)
cobre
(sust.) Del lat. c u p r u m, - i, “cobre” (DRAE,01).
1413 ? [río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
...eill sabe et conosce en alguno de los dichos yermos en ciertos logares do se podria
faillar et algunas minas de cobre, azur, azero, de otros metalles donde algun
prouecho se podria faillar... (AGNCPS, leg. 178, carp. 3, fol. 80r.)
cuivre (fr.) vid. cobre
1340 [río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
L’autre si est la miniere dessouz la ville de Miscoz et peut estre loign de celle
d’Urrovy la quarte part d’une lieue, et est d’argent et de cuivre, bone mais la
quantite ne se peut encores dire. (AGNC.24, nº 38, I, fol. 1)
cuprum (cuprum, -i) vid. cobre
1343 [Md. Montañas]
Ita recepit cuprum et argentum ; ... per domnum regem debet habere 5 partes de tota
materi cupri et argenti per eum laborata...(AGNCR. 48, fol. 173v.)
fierro, hierro
(sust.) Del lat. f e r r u m, - i, ‘hierro’. (DRAE,01).
1238-1279 [Fuero General]
Todo yfançon (puede traer) fierro et aduzir dont quiere que pueda auer, et non deue
ser embargado en ningun logar. E si en su heredat podiere sacar fierro, non deue al
rey calonia, ni lo deue enbargar por fuero, e puede fer toda minera en su heredat.
(FG, I.49)
1396, 05.10 [Areso (Md. Montañas)]
...Lope Lopiz de Lasquidain, ferron seynnor de la ferreria de Erauspide...con
licencia et mandamiento del dicho seynnor rey fizo et edifico una ferreria para fazer
fierro en los yermos et territorios del dicho seynnor rey, termino de Areso, clamado
Erauspide... (AGN, PS,2ser, Leg. 5, n. 28)
1398, 04 03 [Berrizaun (Md. Montañas)]
...buscando mina pora fazer hierro en la dicha su meatat de ferreria...(el aludido)
abrio o fezo abrir cierto forado en tierra et fezo sacar cantidat de tierra por faillar la
dicha mina, a grant trauaillo et con muy grande spensas... (AGN, PS,2ser, Leg. 5, n.
51,11).
513

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
lapides (lapis, -idis)
(sust.) Lat., l a p i s, - i d i s, ‘piedra’, ‘mármol’ (vid. “peyra/piedra”,
más adelante)
1329 [Ezcaba. (Md. Pamplona)]
Vinea que est prope ecclesiam Sancti Stephani de Bruslada, tradita fuit Thesaurario
ecclesie Beate Marie Pampilone in cambium vinee que est prope saxum de Ezquaua,
eo quod currus defferentes lapides de dicto saxo ad castrum regis Pampilone
transsibant per eam. (AGNCR. 24, fol. 38v.)
losa
(sust.) Del celtolat. l a u s i a, “losa”, ‘piedra llana y de poco grueso,
casi siempre labrada, que sirve para solar y otros usos’ (DRAE, 01). Aquí, en
concreto, al menos en un caso, se distingue la “piedra”, que se “saca”, frente
a la losa que “se arranca”, quizá por la distinta forma del material en la
naturaleza.
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. Md. Estella]
... et coto sea del conceillo d’Açança, et puedan pacer toda la dicha sierra que es
clamada Saruyll con ganados granados et menudos, et sacar piedra et losa, et tayllar
leyna menuda, non tayllando arbol ninguno, que nos daran trezientas libras de
sanchetes... Et nos, queriendo serles graciosos fazemosles donacion perpetua de las
dichas pieças et pasto, losa et costeria en la manera sobredicha... Et queremos et nos
plaze que por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las yerbas en la dicha sierra,
et beuer las agoas con lures ganados menudos et granados, et sacar piedra, et rancar
losa, et tayllar leyna menuda non tayllando arbol ninguno. (AGNC.7, nº 16. Publ.
BARRAGÁN, AGN, nº 6)
mina, minera(s) (1)
(sust.) Su acepción como ‘criadero de mineral’ también se reseña (vid.
6.4), pero “mina”, y su variante “minera”, también se refieren al ‘producto
sacado de la mina’, es decir, al mineral en sí, que son las referencias que
siguen aquí. En fr. “mine”, proviene posiblemente del galo “meina”,
‘mineral o metal en bruto’, del que ha pasado a diversas lenguas vecinas ; en
fr. ant., además de los lugares subterráneos, designa también la ‘sustancia
mineral o fósil enterrada y equivalente al mineral’ (DHLF). En ocasiones
ambas acepciones se emplean conjuntamente en la misma referencia, como
se observa en algunos casos.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas de Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...fueron dados al mulatero qui traysso de Sant Esteuan a Pomplona las muestras de
las mineras, por loguero de su bestia, 10 s. (AGNC.67, n. 23, f. 10v.)
1396, 05.10 [Areso (Md. Montañas)]
...Et porque ha plantado el dicho maçanedo et ha fecho fazer las dichas casas,
edifiçios et molino et paçer las yerbas en el dicho termino llos buyes que tiran las
carretas et carrean mina et otras cosas a la dicha ferreria necessarias... (AGN,
PS,2ser, Leg. 5, n. 28)
514

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1398, 04 03 [Berrizaun (Md. Montañas)]
...buscando mina pora fazer hierro en la dicha su meatat de ferreria...(el aludido)
abrio o fezo abrir cierto forado en tierra et fezo sacar cantidat de tierra por faillar la
dicha mina, a grant trauaillo et con muy grande spensas... en la abertura del quoal
dicho forado et [gr] de la dicha terra dize aber spendido ochenta florines d’oro
d’Aragon et mas, a la dicha abertura del dicho forado et sacar de la dicha tierra.
(requirió que compartiese gastos al dueño de la otra media ferrería y...)... li soes
entrado con vuestros minaqueros et braçeros en la dicha minera por eill auierta et
faillada, como dicho es, et li auedes tomado et leuado o fecho leuar muy grant suma
et quantidat de mina de la dicha minera por eill faillada. (AGN, PS, 2ser, Leg. 5, n.
51,11)
1413 ? [Anizlarrea. Baztán (Md. Montañas)]
...Et que agora ha faillado en el termino del dicho logar de Aniz-Larrea en un logar
llamado Larçayça, do ay grant abastamiento de mina et buen logar para fazer una
ferreria de nuevo... (AGNCPS, leg. 178, carp. 3, fol. 80r.)
mine (fr.) vid. mina, minera(s) (1)
1340 [general]
...Item 2 hommes qui videront les paniers et cabars, en quoi l’en monte la mine et la
terre, et auront chascun 7 sous la semaine. Item un fusteur et un ferreur pour fuster
la mine, le 2, 20 sous la semaine. Item en la semaine 3 journees de bestie qui porte
la mine [...].(AGNC.24, nº 38, I, fol. 1)
peyra, piedra
(sust.) Del lat. p e t r a, - a e, “piedra”, procedente de canteras,
‘sustancia mineral, mas o menos dura y compacta, que no es terrosa ni de
aspecto metálico’ (DRAE,01).
1308-1309 [Pamplona]
Item pagames de tota esta semana passada, per 19 picadors de peyra, 18en diner.
(AGNCR. 12, fol. 5r. (AV. 8 [75])
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. (Md. Estella)]
Et defende el coto segun fuero de la tierra et coto sea del conceillo d’Açança, et
puedan pacer toda la dicha sierra que es clamada Saruyll con ganados granados et
menudos, et sacar piedra et losa, et tayllar leyna menuda, non tayllando arbol
ninguno, que nos daran trezientas libras de sanchetes... Et queremos et nos plaze que
por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las yerbas en la dicha sierra, et beuer
las agoas con lures ganados menudos et granados, et sacar piedra, et rancar losa, et
tayllar leyna menuda non tayllando arbol ninguno. (AGNC.7, nº 16. Publ.
BARRAGÁN, AGN, nº 69)
plomo
(sust.) Del lat. p l u m b u m, - i, “plomo”. Se hace referencia aquí al
proceso de ensayo del mineral argentífero, que se funde con plomo y con
otros elementos para extraer el metal precioso (es parte del proceso de
extracción de metales preciosos de una veta).
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas de Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...dos dozenas de plomo... para fazer l’ensay, la libra a 16 dineros...
515

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
516
4. Tributos
4.1. Sobre ganado
quarto
(sust.) “cuarto”, o cuarta parte de algo, que se entrega como tributo.
(Vid. “quinta”). Sólo Du Cange precisa la voz en este sentido de “tributo”
[LibTM].
1330 [Cintruénigo. (Md. Tudela)]
Ibi, del quarto de los guanados que pacen en los vedados del conceyllo, tribudado a
4 aynnos, por el postremero aynno, a la part del rey, 5 sueldos.(AGNCR. 26, fol. 1v.
Versión en latín en fol. 244v. : “quarto ganatorum”.
quinta, quinte(s)
(sust.) Del lat. q u i n t u s, - u m. ‘Cierta especie de derecho que se
pagaba al rey, de las presas, tesoros y otras cosas semejantes, que siempre
era la quinta parte de lo hallado, descubierto o aprehendido’ (DRAE,01).
‘Cantidad que se paga por quintas partes’ [LibTM]. En Navarra se suele
referir al quinto de los cerdos (vid. “yurdea”, más adelante) ; por extensión
“quintar” se refiere a separar o tasar la quinta parte (vid. en 5.2). En la plata
y el cobre (vid. “argentum” y “cuprum”, en 3.2) se cobra una de las “cinco
partes” sin denominarla de una forma concreta, enunciando el numeral en
forma de dígito.
1259 [Md. Montañas]
Item recepit pors. De don Martin Ortiz, per quintes, 29 pors (AV.1[463])
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Tierras que non [han] quinta. En toda uilla ho ouiere [infançones] et uillanos, o el
rey non ha quinta o erbatgo, pueden en hiermo dar a infaçon o a uillano algun logar
aguisado o pueda fer pieza et uinna o que quiere en aqueyll logar [FGN.Red.
Arc.93]
Quinta de puercos. Todo fidalgo que heredero es por auollorio en las Montaynas o
quinta corre, quantos puercos que aya puede engrosar... [FGN.Red. Arc.103]
Merinos o baylles de rey los puercos d’ont deuen auer quinta, deuen poner los
puercos sub fiador…et quintar….et depues Sant Andreo non los deuen quintar nin
poner so fiador... [FGN.Red. Arc.105]
s. XIV [Fuero General]
Quinta de puercos. Todo fidalgo qui eredero es en las montaynas o quinta corre por
auolorio, quantos puercos que aya puede engrossar, et 60 puercos sobre los suyos...
(FG, I.340)
Merinos o baylles del rey los puercos dont deuen auer quinta, deuen los puercos
poner soç fiador empues la Sant Martin entroa Sant Andreo, e quintar. Et ante de la
Sant Martin los deuen fiaduriar, e depues Sant Andreo non los deuen quintar nin
poner soç fiador, que assi es el fuero. (FG, I.342)
1304 [Sangüesa]
De la quinta de los puercos, nichil ogaynno, por que no ouo pazto. (AV.5/56 [154])

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1338 [Md. Montañas]
Cuento de la quinta de las yurdeas de los montes del rey nuestro... (AGNCR. 40,
fol. 135v.)
tribudo, tributo (de la cabayna)
(sust.) “tributo”, del lat. t r i b u t u m, - i, ‘aquello que se tributa’,
‘carga continua u obligación que impone el uso o disfrute de algo’
(DRAE,01). En este caso procede del beneficio devengado por el rebaño
regio en Ultrapuertos.
1280 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De tributo de la cabaynna, 30 libras (AV.3 [1743]
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Del tribudo de la cabayna del rey, de la fiesta Sant Martin anno nonogesimo nono
ata aquella misma fiesta Sant Martin anno trecentesimo, (44 libras. AV.5/51 [136])
yurdea, yurdearum
(sust.) Del eusk., se refiere a la ‘pecha medieval que consistía en dar al
señor la quinta parte de los frutos recogidos o del botín conquistado’ (VN).
Vid. “quinta” o “quinto”. Cabe considerar la relación del vocablo con
“urde”, documentado en La Rioja en el siglo XI con el significado de ‘jabalí’
(AL.Valb, p. 176), de forma que originalmente se refiere a la “quinta parte
de los cerdos o jabalíes”. Conviene tener en cuenta que en cinegética,
“puerco” equivale asimismo a “jabalí” (DRAE, 01).
1330 [Md. de Pamplona]
Tributo yurdearum, tributatum pro anno presenti, 30 libras. (AGNCR. 26, fol.
274v.)
1338 [Md. Montañas]
Cuento de la quinta de las yurdeas de los montes del rey nuestro seynnor de anno
CCCºXXXVIIIº. (AGNCR. 40, fol. 135v.)
4.2. Sobre colectas
eruage, erbatgo, herbage, herbago(s)
(sust.) Del lat. h e r b a t i c u m. ‘prestación por el uso de los pastos
de la corona’ [LibTM]. También ‘conjunto de hierbas que se crían en los
pastos y dehesas’, pero aquí se ajusta más ‘derecho que cobran los pueblos
por el pasto de los ganados forasteros en sus términos y por el arrendamiento
de los pastos y dehesas’ ; asimismo, ‘tributo que en la Corona de Aragón se
pagaba a los reyes al principio de su reinado y era proporcional a las cabezas
de ganado que podeía cada uno’ (3ra. acepción), (DRAE,01), aunque en
Navarra el tributo no se percibe de esa manera. Asimismo, ‘gabela por el
aprovechamiento y utilización de los prados para el pasto del ganado’ (LAr,
siguiendo a Du Cange). Se trata de un tributo devengado en general por
cualquier terreno que ofrece hierba y se pasta o se utiliza de alguna manera.
Vid también “tribudo” sobre las hierbas, más adelante.
517

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
1176,10 [Roncesvalles (Erro, valle)]
...otrossi, quiero que el uuestro ganado pasca segurament por toda la mia tierra. E
mando que ninguno nos sea osado de uedar pasto a eyll, ni tomar eruage ne demas
que del mio proprio. (CDR, 10)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Tierras que non [han] quinta. En toda uilla ho ouiere [infançones] et uillanos, o el
rey non ha quinta o erbatgo, pueden en hiermo dar a infaçon o a uillano algun logar
aguisado o pueda fer pieza et uinna o que quiere en aqueyll logar [FGN.Red.
Arc.93]
1330 [Sierra de Aláiz. (Md. Sangüesa)]
El herbage del mont d’Aldayturre, tributado con el molino de Munarrizqueta pora
10 aynnos...(AGNCR. 26, fol. 65v. Versión en latín en, fol. 265v : “tributo herbatic
nemoris de...”.)
1367 [Md. de la Ribera]
Compto de los herbagos de las Bardenas fecho sobre jura por Blasco Portanoua,
vezino de Ysaua, et Petri Blasquiz d’Uztarroz, ordenados por dar compto por todas
las cabaynnas de val de Roncal assi de vacas como de oueillas... (AGNC.19, nº 46).
1382 [Bidasoa (Md. Montañas)]
Johan Lopiz, seynor de Çaualleta, reconozco auer recebido del mayoral de la
cabaynna de Bellat Elia por el tributo de las yerbas de Bidassoa... (AGNC.45, nº
10, 14).
herbagium, herbatico, (herbaticum) vid. eruage
1242,10,20 [Gascuña.(Francia)]
...quod habeant totum herbagium nostrum, in omnibus pasturis nostris que habemus
in episcopatibus predictis (Bayona y Dax), ultra aquam que vocatur l’Ador, ad
animalia sua pascenda et nutrienda... ita quod nullus balliuorum nostrorum, vel
aliorum fidelium nostrorum, aliquid capiat a predicto priore et fratribus pro pastura
predicta, set omnia animalia que in ea habuerint libera habeant et quieta.
...Et ideo vobis mandamus, quod herbagium predictum in pasturis predictis, ipsos
priorem et fratres libere et sine impedimento habere permittatis, ad animalia sua
pascenda et nutrienda, usque ad terminum predictum, nullum eis interferentes
danpnum aut gravamen, quo minus omnia anumalia sua predicta in pasturis libera
habere possint et quieta. (CDR, 113)
1330 [Sierra Alaiz, Md. Sangüesa)]
De herbatico nemoris de Alayz, nichil, quia non fuit pastus. De herbatico prati
dicti nemoris, per manum Johannis de Sauagui, castellani de Guerga, 4 libras.
(AGNCR. 26, fol. 265v. Versión en rom. en, fol. 65v : “pazto”, para el primero, y
“yerba del prado”, para el segundo).
1330 [Arellano. (Md. Estella)]
De tributo hereditatum de Sancto Christoforo, cum pastu et herbatico nemoris cum
molendinis et cum onmibus iuribus et pertinenciis dicti loci... (AGNCR. 26, fol.
299r.)
1330 [Corella. Md. Ribera]
Ibi, de herbatico pecudum extraneorum, nichil, quia non defferunt oues propter
incurssus malignorum. (AGNCR. 26, fol. 245r.)
518

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
geduago, geduadgo
(sust.) Definición dudosa. Derecho que se cobra por el
aprovechamiento de los pastos por parte del ganado. Habría quizá que
ponerlo en relación con el conjunto de vocablos vinculados al “herbago”, o
al “pasto” o “pastura (3)”, más adelante.
1368 [Md. de La Ribera]
Libro del geduago : Iten en la cabayna de Martin Xemeniz de Roncal que es chica
pago 35 sueldos. Espensas fechas en cuilyr el geduadgo.
Fueron a geduagar 3 ombres con vna bestia cargada de pan et de vino.
Item este dicho dia partieron de Caparroso et fueron al castieyllo de Tudela por la
cabayna de Johan Landa... (AGNC.24, nº 11, f. 21 r-22 r)
lagunaje
(sust.) De “laguna”, se refiere al tributo o derecho devengado al señor,
en este caso el rey, por el uso o explotación de la laguna.
1387,04,23 [Pitillas (Md. la Ribera)]
...auemos dado et otorgado, damos et otorgamos por las presentes el lagunage del
dicho lugar de Pitieillas (a García Dosens) (AGNC. 54, n. 35)
pazto, pastura(s) (3)
(sust.). Del lat. p a s t u s, - u s, aquí relativo a los ‘derechos con que
se contribuye para poder pastar el ganado’, sobre todo a la vista de sus
equivalentes latinos. Habría que ponerlo en relación con el conjunto de
voces vinculadas al “herbago. Otras definiciones de los mismos vocablos en
2.1 y 2.5.
1330 [Sierra de Aláiz. (Md. Sangüesa)]
Del pazto del mont d’Alaiz, del primer dia de jenero anno XXIXº atal primer dia de
jenero anno XXXº, nichil, por que no ouo pazto. (AGNCR. 26, fol. 65v.Versión en
lat. en fol. 265. “herbático nemoris”)
1330 [Belveder (Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De pasturas de Belueder et de feno, con sus pertenencias, nichil, que Lobet de
Narbays, sargent d’armas, las tiene a vida. (AGNCR. 26, fol. 210r. En latín en f.
306v. (pasturagiis)
pasturagiis, vid. pastura(s) (3)
1330 [San Juan Pie de Puerto. Ultrapuertos (Baja Navarra)]
De pasturagiis de Belueder et de feno, cum pertinenciis suis de terra et uirgulto
ueteri que fuit Artusii, cum pertinenciis suis traditis Lobeto de Narbays, seruienti
armorum, sub extimatione, 4 libras, 54 solidos, 4 denarios sanchetes”. (AGNCR. 26,
fol. 306v.Versión en lat. en fol. 306v : “pasturas”)
tribudo
(sust.) Del lat. t r i b u t u m, - i, “tributo”, ‘aquello que se tributa’,
‘carga continua u obligación que impone el uso o disfrute de algo’
(DRAE,01).
519

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
~ de arbores secos ; del beneficio de la madera de los árboles secos,
recogida y vendida, pagado al señor del bosque, aquí el rey. ~ del huerto, ~
del maçanedo, ‘del manzanedo, o manzanal’, ~ por las hyerbas, ‘por la
hierba’.
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Del tribudo de los arbores secos que iazen en tierra en el mont de Garharreguia
vendidos e por el fayllar, del primero dia de genero anno nono ata aqueyll mismo
dia anno trecentesimo, 26 libras. (AV.5/51 [137])
1304 [Sangüesa]
Ibi, de tribudo del huerto et del maçanedo et por las hyerbas del mont et del
prado... (AV.5/56 [204])
tributo (tributum, -i) vid. tribudo
(sust.) En este caso se refiere al tributo debido por la explotación de
las minas de hierro, o por el mineral de hierro.
~ minerarium ferri, ‘el hierro de las mina’. ~ herbaci, ‘de la hierba o
pasto’, ~ nemoris, ‘del bosque’, ~ prati, ‘del prado’
1330 [Leiza. (Md. Montañas)]
De tributo mineriarum ferri de Leytça, tributatis ad 2 anno, pro primo anno, 25
libras”. (AGNCR. 26, fol. 271v.)
1330 [Raondo. (Md. Sangüesa)]
Ibi, de tributo herbaci, nemoris et prati, a prima die Januarii anno vigesimo nono
usque ad primam diem mensis Nouembris anno tricesimo qua die sunt inhibitum
tributatoribus per Michaelem Ortici de Artesano, portarium, ne pascorent herbas
dictorum nemoris et prati ne dictus pratis confundentur in 10 menssibus, 36 solidos,
8 denarios. (AGNCR. 26, fol. 265r-v.)
520
5. Ámbito agropecuario
5.1. Oficios
cabrarizo
(sust.) De “cabra” (vid. 1.2) “cabrerizo”, equivale a “cabrero”, ‘pastor
de cabras’ (DRAE,01)
s. XIV [Fuero General]
A porquero o cabrarizo o ha pastor si’l tueylle en el mont puerco, cabra o oueia o
otra fiera ninguna, si podere mostrar alguna seynal el pastor o el porquero o el
cabrarizo del ganado que perdio, con su iura que fiera’l toylio, pierdasle al seynor...
(FG, I.289)
costiero
(sust.) Del lat., c u s t o s, - o d i s, ‘guarda, vigilante’ (DL), de donde
deriva asimismo “coto” (en el sentido reseñado en 2.2) ; se trata aquí del
‘guarda de los cotos’ (en este caso comunales) o terrenos vedados, es decir,

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
el que los “custodia” (custodiat). La labor del costiero se designa como
“costería” . Vid. asimismo “monter”.
1234 [Villatuerta. (Md. Estella)]
...otorgamos et confimamos a nuestros labradores de Villatuerta lur costeria el qual
avian en la vida del rey don Sancho, nuestro tio, en los montes et en todos lures
terminos, como pertenecen alla villa de Villatuerta, et mandamos que nos o aquel
qui toviere la villa por nos, metamos nuestro costiero por guardar estos terminos.
(AGNC.23, nº 69)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
...Et est costiero deue catar el termino de la Sant Miguel ata Santa Maria Candelera
d’esta manera : leuantarse deue el costiero a la alba del dia et aguoardar el
terminado ata que todos los ganados yscan a pasçer, et des’i adelant puede laurar o
fer otro message ata ora de uiespras ; des’i adelante cate su terminado ata la nuyt
escura (sigue indicando el sistema para el resto del año)... [FGN.Arc.31]
1331 [Azanza, Sierra Sarvil (Md. Estella)]
...las cuales pieças laurauan et espleytaban antigament et han laurado ata el dia de
hoy, que tienen de moion a moion et puedan hy poner costiero pora catar de mientre
fuesen sembradas las pieças que non lys pazcan los fruitos... Et nos, queriendo
serles graciosos fazemosles donacion perpetua de las dichas pieças et pasto, losa et
costeria en la manera sobredicha... (AGNC, Caj. 7, nº 16. Publ. BARRAGÁN, AGN
nº 69)
custos (custos, -odis) vid. costiero
1102 [Iso. Romanzado (Md. Sangüesa)]
Talis concordia fuit facta... Et non incidant (los hombres de Leire) arbores nostros
(del rey) ; quos si fecerint, compleant legem nobis, et custos noster custodiat
nostrum montem cum arboribus suis. Et quando fuerit absolutus mons noster et
mons illorum, uadant nostras bestias pascere ad montum illorum et bestias illorum
ad nostrum montem amicabiliter... (DML, 196)
ganadero(s)
(adj.) ‘perteneciente o relativo al ganado’, pero aquí más bien (sust.)
‘dueño de ganados, que trata con ellos y hace granjería’, ‘persona que cuida
al ganado’ (DRAE,01).
s. XIV [Fuero General]
A porquero o cabrarizo o ha pastor si’l tueylle en el mont puerco, cabra o oueia o
otra fiera ninguna, si podere mostrar alguna seynal el pastor o el porquero o el
cabrarizo del ganado que perdio, con su iura que fiera’l toylio, pierdasle al seynor. E
si la pierde en el mont et dize que adusso a la villa, con su jura que de sobre el Libro
et la Cruç que la perdio o la aduso dentro la puerta de la villa, perdala el seynor e
non respondan mas el pastor ni los ganaderos. (FG, I.289)
maoral, mayoral (de la cabayna)
(sust.) De “mayor », ‘pastor principal entre los que cuidan los rebaños,
especialmente de reses bravas’, ‘en las labranzas y en las cabañas de mulas,
cabeza o capataz que manda a los otros mozos’ (DRAE,01). La red. arcaica
del Fuero General lo distingue claramente del dueño del ganado.
521

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
1176,10 [Roncesvalles (Erro, valle)]
(en juicio sobre ganados) que el uuestro pleyto ho el uuestro iuycio en todo el mio
regno sea determinado en la sola fe del mayoral de la cabayna, ho un freyre
quoalquiere de la uuestra orden... (CDR, 10)
c.1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Los mayorales de los puertos, Merinos o baylles quando uan a quintar a las
Motaynas o los puertos son, si [fuere] hi el seynnor de los puertos... Et si por
auentura non fuere hi el seynor, aquest dreyto deue fer aqueyl qui mayoral es de los
puertos... [FG.Red.Arc.200]
s. XIV [Fuero General]
Los maorales de los puercos. Merino o bayles quando uan a quintar a las
montaynas o los puercos son, si fuere hy el seynnor de los puercos, deue fer dreyto
eyll mesmo que no ha en sus puercos sobre los 60 de nuyll home, dont el rey deue
auer quinta... (FG, I.343)
1382 [Bidasoa (Md. Montañas)]
Johan Lopiz, seynor de Çaualleta, reconozco auer recebido del mayoral de la
cabaynna de Bellat Elia por el tributo de las yerbas de Bidassoa... (AGNC.45, nº
10, 14).
monter(s) (Occitano)
(sust.) De “monte”, “montero” ; en este caso no parece referirse a la
acepción que luego ha pervivido ‘persona que busca y persigue la caza en el
monte, o la ojea hacia el sitio en que la esperan los cazadores’ (DRAE,01),
sino a un guarda o vigilante de los montes.
1266 [Arberoa (Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Als monters de Arbeloa, per gardar los montz, 40 soltz. (AV. 2 [1266])
pastor
(sust.) Del lat. p a s t o r, - o r i s, ‘persona que guarda, guía y
apacienta el ganado, especialmente el de ovejas’ (DRAE, 01).
1119-1238 [Fuero de Tudela]
De enfermedades de ganados Si ganado de alguno enfermare de raça o de felera ho
de otra malantia que se suele pasar a otros, deueli dar pastor apartado... Este pastor
sia dada apartado segunt que fuere el termino... (FT, Red. Arc., n. 170)
1280 [San Vicente de la Sonsierra (Md. Estella) La Rioja]
Por despens de dos pastores que guardaron los carneros que venieron de Ronqual,
por 5 meses, 50 s. (AV. 3, 991)
s. XIV [Fuero General]
A porquero o cabrarizo o ha pastor si’l tueylle en el mont puerco, cabra o oueia o
otra fiera ninguna, si podere mostrar alguna seynal el pastor o el porquero o el
cabrarizo del ganado que perdio, con su iura que fiera’l toylio, pierdasle al seynor. E
si la pierde en el mont et dize que adusso a la villa, con su jura que de sobre el Libro
et la Cruç que la perdio o la aduso dentro la puerta de la villa, perdala el seynor e
non respondan mas el pastor ni los ganaderos. (FG, I.289)
522

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
pexcador(es)
(sust.) “pescador”, del lat. p i s c a t o r, - o r i s, ‘persona que pesca
por oficio y por afición’ (DRAE,01)
1388 [Tudela]
Como Johan de Muriello et Pedro de Miraglo, pexcadores, vezinos de nuestra villa
de Tudela, nos ayan suplicado que en el rio mayor d’Ebro de iuso de nuestra villa de
Buynuel ay vado que se clama Alca Pan en el quoal vado en tiempo alguno, que
memorya de hombres puedan saber, nunca ouo caynnar de pexcar en el quoal segunt
dizen se podria fazer caynnar por tal forma que podria ser nuestro prouecho...
(AGNC., Caj. 57, nº 25)
porquero
(sust) Del lat. p o r c a r i u s, ‘persona que guarda los puercos’
(DRAE,01)
s. XIV [Fuero General]
A porquero o cabrarizo o ha pastor si’l tueylle en el mont puerco, cabra o oueia o
otra fiera ninguna, si podere mostrar alguna seynal el pastor o el porquero o el
cabrarizo del ganado que perdio, con su iura que fiera’l toylio, pierdasle al
seynor...(FG, I.289)
tributador(es)
(sust.) De “tributo” (vid. en 4.2), ‘el que paga el tributo’.
1330 [Raondo. Md. Sangüesa]
Ibi, por las yerbas del mont et del prado, del primer dia de jenero anno XXIXº ata el
primero dia de nouiembre anno tricesimo que uedo Miguel Ortiz de Artesano,
portero, a los tributadores que non pasciessen las yerbas del dicho mont et del
prado, que si non que afuylarian todo el mont... (AGNCR. 26, fol. 65r. Versión en
lat. en fol. 265r.)
vaquero
De “vaca” (sust.) ‘pastor o pastora de reses vacunas’ (DRAE,01).
1266 [Lizoain (Md. Sangüesa)]
Als vaquers que guardauan las vaquas de Liçain... (AV.2 [1249]).
1280 [Ultrapuertos (Baja Navarra)]
Compotus de Garcia d’Orondiriz, vaquero de la cabaynna donna Johana, recepit
denarios (AV.3 [s/ref, sigue a la 1741])
...estas son las vaquas que restan sobre Galindo, vaquero del rey : 78 vaquas, 15
buyes et un potro... (AV.3 [1758])
5.2. Actividades
abeurer, abuerer
(v.) “abrevar”, del lat. a b b i b e r a r e, de b i b e r e, “beber”, se
refiere a ‘dar de beber, principalmente al ganado’. (DRAE,01) (vid.
“aureuadero”, en 2.3)
523

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
s. XIV [Fuero General]
..Si algunos ganados de los ombres del rey passaren por termino d’alguna uilla o
d’algun ifançon, den-lis logar o albergue et abeuren sus ganados, et si por termino
d’alguna uilla o de rey passan algunos ganados, den-lis logar o alberguen et
abeuren, et si dar no lis quieren, pueden prender logar o alberguen et abueren sin
dayno de los uezinos en los fruyto et en los prados de los cauayllos et de buyes, et
en los otros uedados que tienen uedados los uezinos entre sí. (FG, I.533(2)
beuer
(v.) “beber”, ‘ingerir un líquido’ (DRAE,01).
1284,07,03 [Erro, valle. Alduides (Md. Montañas)]
Item pora toda la tierra de Alduyde... [...], abreuadero de meys pora hascar e pora
beuer e pora ser e non sayllir de suso corraras, e si no den [..].(CDR, 291)
1238-1294 [Fuero General]
Las uillas fazeras... Si por uentura algunos ganados aienos passaren por termino
d’alguna uilla o busto por termino d’algun ifançon, deuen-lis dar logar o alberguen
una noche o 1, si non pueden ir d’ayllo de buena guisa, et nos sean tenido de dar
ninguna cosa a los de la uilla, ni ad aqueyll ifançon. Et denlis logar o puedan beuer
aqueyllos ganados. (FG, I.533)
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. (Md. Estella)]
...et queremos et nos plaze que por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las
yerbas en la dicha sierra, et beuer las agoas con lures ganados menudos et granados,
et sacar piedra, et rancar losa, et tayllar leyna menuda non tayllando arbol ninguno.
(AGNC.7, nº 16. Publ. BARRAGÁN, AGN, nº 69)
cortar (leña)
(v.) Del lat. c u r t a r e, ‘dividir algo o separar sus partes con algún
instrumento cortante’ (DRAE,01).
s. XIV [Fuero General]
- Si el costiero prisiere en el mont ante de Nadal ad alguno cortando leyna, deuel
fer peytar la calonia ; et de que Nadal passare, non peyte calonia. (FG,I.180)
- De cortar en mont. Toda uilla del mundo depues que sus montes ha conoçudos,
otras uillas de la ledania no han poder cortar enos montes d’aqueyla uilla. (FG,
I.175)
- De arbor corto en bustaliza. Ningun ome qui en bustaliza de montayna arbor
conoçuda cortare de bustaliza, un buy nouieylo deue por calonia, que assi es el
fuero (FG,I.93)
cubilar (2), cubillar
(v), de “cubil”, debe referirse a la acción de llevar los ganados al
cubil, es decir, a un lugar cercado o acotado en el que hay agua cerca (vid.
cubilar (1), en 2.2), que equivale a redil, bustaliza o a estiva.
1288,06,19 [Roncesvalles. Erro, valle (Md. Montañas)]
...que los del burgo podamos cubilar con nuestros ganados en (monte ya citado, de
la colegiata), en el vasso del iusso las mugas ante la agua que passa entre (dos
lugares se citan) e la agua que va al burgo, por siempre.
524

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
- ...en el termino... pazer e tallar usemos ambas las partidas salbo el dreyto de las
bustalizas en todo, por todo, segunt el priuilegio del rey, e la orden que pueda
cubillar en su bustaliza de como a usado ata agora, e los del burgo que non
cubillemos si no fuere con especial grado y de orden. (CDR, 305)
embiar (puercos a mont)
(v.) “enviar” los cerdos al monte ; se refiere a ‘mandar a los cerdos a
pastar al monte’.
s. XIV [Fuero General]
Como los embiaran los puercos al mont. El fidalgo quando embia sus puercos a
mont, deuelos embiar a la uilla por quoal uezindat han de pascer en los montes, et
deuen hy tener los puercos en 3 noches et iazer pasciendo, et tornandose a casa, si
casa ouiere cobierta, en la casa, e si non ouieren casa, en el casal que aya estado
cubierta, si ouiere, deue de seto cerrar derredor, e ferlos hy iazer 3 noches. (FG,
I.344)
erbaiar
(v.) “herbajar”, de “hierba” ; ‘apacentar el ganado en prado o dehesa’,
intr. Dicho del ganado : pacer o pastar (DRAE,01). Vid. más adelante las
referencias a éstos últimos.
1432 [Tafalla (Md. Olite)]
...dizen que non se fallara en memoria de gentes que los del dicho conceio ni los
otros que suelen traer ganados axericados en los terminos de la dicha villa deuiesen
nin pagassen cosa alguna ni otro drecho alguno por la dicha causa. Et que en tiempo
alguno nunca lis fue fecha demanda por esta causa ata agora. Et que si a esto eran
constreynidos aquellos qui trayrian los dichos ganados exericados non venian a
erbaiar a sus terminos... (AGNC.132, nº 5)
fazer (leña)
(v.) “hacer”, en este caso leña ; es decir, se refiere a cortar o recoger y
luego preparar la madera del bosque, para convertirla en leña.
1288,06,19 [Roncesvalles. Erro, valle (Md. Montañas)]
...assi que fuique propio de la roden por todos tiempos, por ir ni por senbrar e por
bedar e por alzar e por çerrar, abrir e por fazer toda la propia voluntad, assi que los
del burgo en el aquel lugar como es señalado de suio ni en todo ni en parte podamos
tallar ni fazer leña berde ni seca por ningun tiempo sin especial gracia de la orden...
(CDR, 305)
fazer (pesquera)
(v.) “hacer”, en este caso una pesquera ; es decir, preparar una (vid.
“pesquera” en 2.1)
1422 [Ezpeleta. Pamplona]
Otorgo auer ouido et recebido... de donno et gracia special... como para en ayuda de
fazer vna pesquera en Ezpeleta, cerqua Pomplona... (AGNC.108, nº 37)
525

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
fazer (prado)
(v.) “hacer”, en este caso un prado ; es decir, preparar un terreno para
que reuna las condiciones necesarias para que el ganado paste en él.
1238-1330 [Fuero General]
...Et si pora uentura en alguna uilla quisiern fazer prado, aqueylla piertegua deuen
auer pora fazer los prados de los cauayllos e de los bueyes. Et es assaber que
l’ombre que á a echar la piertega no’s deue remeter, nin deue mouer el pie del
loguar ont lo tiene... (FG, II.136)
geduagar, cuilyr el geduadgo
(v.) Ir a cobrar o recibir el derecho que se cobra por el
aprovechamiento de los pastos, “coger el geduago”. Vid. “geduadgo” (4.2)
1368 [Md. de La Ribera]
Libro del geduago : Iten en la cabayna de Martin Xemeniz de Roncal que es chica
pago 35 sueldos. Espensas fechas en cuilyr el geduadgo. Fueron a geduagar 3
ombres con vna bestia cargada de pan et de vino. (AGNC.24, nº 11, f. 21 r-22 r)
hascar
(v), Del eusk. “aska”, ‘abrevadero, pesebre’ (H), es decir, el lugar
donde abreva el ganado ; de ahí que “hascar” signifique beber o abrevar,
aunque en esta referencia aparece simultáneamente con esa actividad.
1284,07,03 [Erro, valle. Alduides (Md. Montañas)]
Item pora toda la tierra de Alduyde... [...], abreuadero de meys pora hascar e pora
beuer e pora ser e non sayllir de suso corraras, e si no den [..].(CDR, 291)
mugar
(v) De “muga”, ‘límite o linde’ (vid. en 2.4), se refiere a la acción de
fijar mugas o límites ; aquí se recoge el participio, “mugado”, es decir,
limitado y seguramente cerrado.
1288,06,19 [Roncesvalles (Erro, valle) (Md. Sangüesa)]]
...ambas las partidas que abremos cada uno en su endreyto aquella carrera que fue
por ambas las partidas abierta e mugada... (especifica dónde)... de guisa e manera
que los ganados de ambas las partidas puedan pasar a su paztura segunt que fue ante
mugada por etat siempre. (CDR, 305)
nutrienda (nutrio)
(v.) Lat. n u t r i o, ‘nutrir, alimentar, dar de mamar, criar’ [DL]. Se
alimente el ganado, por tanto, se supone que pastando y paciendo.
1242,10,20 [Gascuña (Francia)]
...quod habeant totum herbagium nostrum, in omnibus pasturis nostris que habemus
in episcopatibus predictis (Bayona y Dax), ultra aquam que vocatur l’Ador, ad
animalia sua pascenda et nutrienda, usque ad decem annos completos... ita quod
nullus balliuorum nostrorum, vel aliorum fidelium nostrorum, aliquid capiat a
predicto priore et fratribus pro pastura predicta, set omnia animalia que in ea
habuerint libera habeant et quieta. (CDR, 113)
526

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
pacer, paizer, pasçer, pascer, paser, pazer
(v) “pacer”, o pastar, del lat. p a s c e r e, ‘dicho del ganado : comer en
los campos, prados, montes y dehesas’. También (3ª acepción) ‘apacentar,
dar pasto a los ganados’. (DRAE,01), o llevar los ganados a que pazcan. Vid.
más arriba “erbaiar”.
1176,10 [Roncesvalles. Erro, valle (Md. Montañas)]
...otrossi, quiero que el uuestro ganado pasca segurament por toda la mia tierra. E
mando que ninguno nos sea osado de uedar pasto a eyll, ni tomar eruage ne demas
que del mio proprio. (CDR, 10)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
De pasçer ganados. En las villas fazeras los ganados de la una uilla pueden pascer
despues que ysse el sol... [FGN.Red. Arc.88]
1288,06,19 [Roncesvalles. Erro, valle (Md. Montañas)]
…e los del burgo podamos paser con nuestros ganados, e pazcamos para todos
tiempos ensemble, e la propiedad que finque a los del burgo de Ronzesvalles.
...goardandonos que no fagamos dayno en los sembrados, e por si bentura los de la
orden o algunos de los del burgo quisieremos las piezas que non abremos sembradas
señalar, goardar para feno en terminado de Bidosi e de Esague, que lo podamos
fazer assi, enpero, que qualquier tiempo la orden y los vezinos de Roncesvalles
permiseren ganados por pazer aquella pieza o piezas todo comunmente podamos
entrar paizer en aquella pieza o piezas, sin cuido ninguno.
...en el termino... (especifica)..pazer e tallar usemos ambas las partidas salbo el
dreyto de las bustalizas en todo, por todo... (CDR, 305)
s. XIV [Fuero General]
Maguera bestia que sea plagada de atarri soç la coa, o que sea plagada en el
pescueço, non deue pacer ata que goreçca, et quando fuere goarida, depues paçca.
Otrosi, bestia ninguna non deue pacer entroa que sea de primera sieylla. Esta bestia
seyllar andando cada dia tanta de tierra quanto 2 legoas en 9 dias, depues paçca en
el prado. (FG, I.353)
- El fidalgo quando embia sus puercos a mont, deuelos embiar a la uilla por quoal
uezindat han de pascer en los montes, et deuen hy tener los puercos en 3 noches et
iazer pasciendo, et tornandose a casa, si casa ouiere cobierta, en la casa, e si non
ouieren casa, en el casal que aya estado cubierta, si ouiere, deue de seto cerrar
derredor, e ferlos hy iazer 3 noches. (FG, I.344)
- De uillas fazeras, como deuen pacer : En uillas fazeras los ganados de la una uilla
pueden pacer de sol a sol entroa las eras de la otra uilla quitament, et tornen a lur
termino con sol... (FG,I.110)
1330 [Raondo. (Md. Sangüesa)]
Ibi, por las yerbas del mont et del prado, del primer dia de jenero anno XXIXº ata el
primero dia de nouiembre anno tricesimo que uedo Miguel Ortiz de Artesano,
portero, a los tributadores que non pasciessen las yerbas del dicho mont et del
prado, que si non que a fuylarian todo el mont... (AGNR. 26, fol. 65r.).
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil (Md.Estella)]
Et queremos et nos plaze que por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las
yerbas en la dicha sierra, et beuer las agoas con lures ganados menudos et granados,
527

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
et sacar piedra, et rancar losa, et tayllar leyna menuda non tayllando arbol ninguno.
(AGNC.7, nº 16. Publ. BARRAGÁN, AGN, nº 69.)
pascere, vid. pacer
1102 [Iso. Romanzado (Md. Sangüesa)]
...Et quando fuerit absolutus mons noster et mons illorum, uadant nostras bestias
pascere ad montum illorum et bestias illorum ad nostrum montem amicabiliter.
(DML, 196).
1242,10,20 [Gascuña.(Francia)]
...quod habeant totum herbagium nostrum, in omnibus pasturis nostris que habemus
in episcopatibus predictis (Bayona y Dax), ultra aquam que vocatur l’Ador, ad
animalia sua pascenda et nutrienda, usque ad decem annos completos... ita quod
nullus balliuorum nostrorum, vel aliorum fidelium nostrorum, aliquid capiat a
predicto priore et fratribus pro pastura predicta, set omnia animalia que in ea
habuerint libera habeant et quieta. (CDR, 113)
parar (engeynos)
(v) “preparar” (DRAE,01) “ingenios” o artilugios, para la caza en
estos casos.
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Todo homne qui para ret palombera deue peyta LX soltz de calonia...
[FGN.Arc.217]
Otrosi, todo home qui para laços por prender palonbas, por calonia deue peytar V
soltz et por cada palonba V soltz... [FGN.Arc.218].
s. XIV [Fuero General]
Del fuero de los puertos. De la Sant Martin entroa’l março por prender de los
uenados, si ombre parare engeyno en el puerto e cayere nuyl ganado e moriere,
aqueyl qui paro el engeyno non deue peytar... (FG,I.148(2)
passar trasfumo
(v.) “pasar”, es decir, ‘llevar, conducir’. En cuanto a “trashumo”,
procede del lat. t r a n s, ‘de la otra parte’, y h u m u s, ‘tierra’. ‘dicho del
ganado : pasar con sus conductores desde las dehesas de invierno a las de
verano, y viceversa’. (DRAE,01).
s. XIV [Fuero General]
De trasfumo. En villas fazeras, los ganados de la una uilla non deuen passar a la
otra villa trasfumo por razon de pastura, nin deuen entrar al termino a la part que
son sembradas las mieses, nin fazer dayno en las leguminas que no deuen acostar-se
a eyllas quanto la piertega...
...Maguer ay muytas uillas que no conscen los terminos, et aqueyllas uillas tales
deuen passar trasfumo, et pacer las ierbas, et beuer las agoas en una. E si montes a
en llos terminos, usar d’eyllos como si fuessen vna uezindat ambas las uillas, esto es
por lo que no an partido los terminos ; maguer la una d’estas dos uillas si ouiere
mont o algun uedado o alguna part del termiono apartada, que usen por si et usaron
sus antecesores, deue´lis ualer como el uso an. FG, I.449
528

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
pescar
(v.) Del lat. p i s c a r i, ‘sacar o tratar de sacar del agua peces u otros
animales útiles al hombre’ (DRAE, 01).
1280 [Lor, Ablitas (Md. Ribera)]
Por adobar la la laguna de Lhor, et por pescar la laguna por el marechal de
Champayna.. (AV 3 [1150]).
quintar
(v.) Acción de ir a cobrar el tributo del quinto o la quinta, por parte de
los oficiales correspondientes o quizá, a la vista de las referencias, ir a
calcular el quinto (Vid. quinta, 4.1)
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Merinos o baylles de rey los puercos d’ont deuen auer quinta, deuen poner los
puercos sub fiador… et quintar… et depues Sant Andreo non los deuen quintar
nin poner so fiador... [FGN.Red. Arc.105]
s. XIV [Fuero General]
- Merinos o baylles del rey los puercos dont deuen auer quinta, deuen los puercos
poner soç fiador empues la Sant Martin entroa Sant Andreo, e quintar. Et ante de la
Sant Martin los deuen fiaduriar, e depues Sant Andreo non los deuen quintar nin
poner soç fiador, que assi es el fuero. (FG, I.342)
- Merino o bayles quando uan a quintar a las montaynas o los puercos son, si fuere
hy el seynnor de los puercos, deue fer dreyto eyll mesmo que no ha en sus puercos
sobre los 60 de nuyll home, dont el rey deue auer quinta... (FG, I.343)
recebir las baquas
(v.) Se refiere, sin duda, al cobro de un tributo de ciertas vacas (10),
aunque incluían salmones (4) que el territorio de Soule acordó pagar al rey
de Navarra (que en ese momento también lo era de Francia y acababa de
ocupar Gascuña al rey de Inglaterra) cada cuatro años ; las vacas tendrían
una señal blanca y estarían preñadas. Era la prenda por la protección navarra
de la zona, que quedará luego fijada de manera estable, aún cuando tal
protección dejó de ser necesaria (SHL, p. 307-308).
1300 [Ultrapuertos (Baja Navarra) y Soule (Francia)]
Item por expens de Johan Issarn que fue en Soula por recebir las baquas e prender
la iura del blat segont que’l gouernador mando, 15 sueldos. (AV.5/51 [163])
taiar, tallar, tayllar
(v.) Del lat. t a l e a r e, ‘cortar ramas’, de t a l e a, ‘rama’. Ant. ‘cortar
o tajar’. (DRAE,01). El sust. sería “tala”, derivado de la ‘acción y efecto de
talar’ (DRAE,01), que aquí se recoje como “tallazón”, ‘producto de la tala’
(vid. en 2.5) ; que puede ser de leña “verde”, es decir, directamente de la
planta, o recién cortada, o “seca”, la que ya está muerta y quizá abandonada.
Se especifica asimismo que se talan árboles.
529

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
1288,06,19 [Roncesvalles. Erro, valle (Md. Montañas)]
...que (especifica nombre de monte) el monte, como es de la orden, finque propio de
la orden, sen embargo ninguno de los del burgo, e vedamos ambas las partidas a los
del burgo e cada uno que por ningun tiempo alli no tallen, salbo que los del burgo
poramos pasar con nuestro ganado para ir pazer a los puertos.
...en el termino..pazer e tallar usemos ambas las partidas salbo el dreyto de las
bustalizas en todo, por todo, segunt el priuilegio del rey...
...assi que fuique propio de la roden por todos tiempos, por ir ni por senbrar e por
bedar e por alzar e por çerrar, abrir e por fazer toda la propia voluntad, assi que los
del burgo en el aquel lugar como es señalado de suio ni en todo ni en parte podamos
tallar ni fazer leña berde ni seca por ningun tiempo sin especial gracia de la orden...
(CDR, 305)
S. XIV [Fuero General]
...Empero en querer de los lauradores es por tayllar en los montes quanto eyllos
querran ; en las 3 pascoas deuen tayllar, assi como los lauradores uieren por bien ;
roturas e todo rompan a querer de los lauradores, maguer el ifançon deue auer
roturas et en tayllazon de montes tales dos como 1 laurador. (FG, I.374)
- Et quando taiaren, 1 ynfançon deue auer quoanto 2 uillanos, et si por auentura los
uillanos non quisiessen taylar por l’ayno algunas vezes, los ynfançones deuen taiar
en las 3 Pascoas cada 3 cargas de leyna granada ; en estas tres cargas non deuen
poner ayllagas ni artos nin sarças, et las ayllagas et los artos taien los uezinos
quoando querran, et pueden uedar quando querran. (FG,I.235)
De arbor tayllar. Si algun ome comiença a tayllar arbor en mont et lo seynala, e
depues uiene otro et lo taia del todo, et lo ita en tierra, et esto uiene el primero e
diz : “io auia seynalado ante que tu et mio deue ser”, manda el fuero que aqueyll qui
lo taio et lo ito en tierra, que auqeyl lo deue auer, quar el primero dreyto no ha por
lo que seynalo. (FG, I.269)
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. (Md. Estella)]
Et defende el coto segun fuero de la tierra et coto sea del conceillo d’Açança, et
puedan pacer toda la dicha sierra que es clamada Saruyll con ganados granados et
menudos, et sacar piedra et losa, et tayllar leyna menuda, non tayllando arbol
ninguno, que nos daran trezientas libras de sanchetes por tal que nos les fagamos
donazion perpetua pora eyllos et lures succesores de todas las cosas sobredichas...
Et queremos et nos plaze que por uirtut de la dicha donacion puedan pacer las
yerbas en la dicha sierra, et beuer las agoas con lures ganados menudos et granados,
et sacar piedra, et rancar losa, et tayllar leyna menuda non tayllando arbol
ninguno. (AGNC.7, nº 16. Publ. BARRAGÁN, AGN, nº 69.)
530
5.3. Ingenios
caynnar de pescar
(sust.) “cañar”, es decir, “cañaveral”, pero en este caso se refiere a un
‘cerco de cañas en los ríos para que entre la pesca’ (DRAE,01) y que
lógicamente se prepara por los pescadores a tal fin.
1388 [Tudela]
Como Johan de Muriello et Pedro de Miraglo, pexcadores, vezinos de nuestra villa
de Tudela, nos ayan suplicado que en el rio mayor d’Ebro de iuso de nuestra villa de
Buynuel ay vado que se clama Alca Pan en el quoal vado en tiempo alguno, que

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
memorya de hombres puedan saber, nunca ouo caynnar de pexcar en el quoal
segunt dizen se podria fazer caynnar por tal forma que podria ser nuestro
prouecho... (AGNC., Caj. 57, nº 25)
mollino pora serrar, de sierra
(sust.) “molino” (DRAE,01). En este caso es una máquina,
seguramente de motricidad hidráulica, que corta o sierra madera (fusta).
1406 [Sangüesa]
Partidas de las expenssas que por mandamiento de la seynora reyna el recebidor de
la meryndat et baillia de Sanguessa ha feyto en fer fazer de nuevo hun mollino pora
serrar fusta a tenient de los mollinos del seynor rey clamados de Pastoriça... :
Leonor por la gracia de Dios reyna de Nauarra, ...a nuestro amado recebidor... Bien
sabedes como ante de agora vos mandamos fazer hun mollino de sierra, cabo la
villa de Sanguesa... (AGNC.88, nº 13, f. 8 r)
ret palombera, de palombas
(sust.) “red palomera”, o malla para cazar palomas al vuelo. Preparar
estas redes (“parar”) está fuertemente penalizado, seguramente porque, como
la lazada, se considera una “trampa”. Otras formas de caza se penalizan
menos o sólo si se efectúan en propiedades ajenas o por personas indebidas
(vid. laços y palonbar, más adelante).
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Ret de palombas. Todo homne qui para ret palombera deue peyta LX soltz de
calonia ; et si palompas ouiere presas, por cada palonpa V soltz de calonia ; et si
ouiere alguna palonpa mansa bragada qui prende LX soltz de calonia ; palonba que
traya cascauel, LX soltz de calonia. Si esta palonba conoçuda es de infançon, la
calonia es de infançon. Enpero, es a saber, que si infançon o uillano fuere qui para
atal ret et fuere trobado, la meatat de la calonia deue ser del prendedor et la otra
meatat del rey [FGN.Arc.217].
laço(s)
(sust.) “lazo” para cazar palomas, ‘dispositivo de hilos de alambre
retorcido, con un nudo corredizo... Se hace también de cerda para cazar
perdices y otras aves’ (DRAE,01).
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Otrosi, todo home qui para laços por prender palonbas, por calonia deue peytar V
soltz et por cada palonba V soltz... [FGN.Arc.218].
palonbar
(sust.) “palomera”. Se descarta aquí la definición general de ‘palomar
pequeño de palomas domésticas’ (DRAE,01). Se refiere a un artilugio propio
de la caza de la paloma, formado por torretas tradicionalmente de madera, o
reductos menos altos pero situados en las cumbres, escondidos en el
arbolado o la maleza, donde se sitúan los cazadores para tirar – en este caso
con ballesta o con arco – a las palomas que pasan en la temporada de
migración de estas aves.
531

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
c. 1270 [Fuero General. Redacción Arcaica]
Et otrosi, qui sube a palonbar aylleno sen uoluntat del seynnor, por calonia deue
peytar LX soltz, et por cada palonba que prisiere V soltz. Et si el palonbar fuere de
infançon, la calonia es del infançon [FGN.Arc.219].
Qui tira de ballesta en palonbar aylleno, deue por calonia LX soltz et por cada
palonba V soltz. Et qui tira de arco, X soltz... [FGN.Arc.220].
532
6. Minería
6.1. Oficios
affinador
(sust.) Del verbo “afinar”, (vid. en 6.2), ‘purificar los metales’
(DRAE,01), se refiere a la persona que afina el metal.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...Martin d’Osquia, affinador, et Johan Boneau, argentero, por lur salario et esperon
por 20 dias que fueron con los dichos maestros tanto en Pomplona en ayudar a
affinar mina como en yr en las Montaynnas a buscar mina. Et por salario de lures
barquines et ferramientas, crizoles et muchas otras cosas que fazian menester...
(AGNC.67, n. 23, f. 9)
argentero
(sust.) Del lat. a r g e n t u m, - i, tr. “plata” (vid. en 3.2), “platero”,
‘artífice que labra la plata’ (DRAE,01).
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
..Martin d’Osquia, affinador, et Johan Boneau, argentero, por lur salario et esperon
por 20 dias que fueron con los dichos maestros tanto en Pomplona en ayudar a
affinar mina como en yr en las Montaynnas a buscar mina. Et por salario de lures
barquines et ferramientas, crizoles et muchas otras cosas que fazian menester...
(AGNC.67, n. 23, f. 9)
braçero
(sust.) De “brazo”, “bracero”, ‘peón’, ‘jornalero no especializado’
(DRAE,01).
1398, 04 03 [Berrizaun]
…en la abertura del quoal dicho forado (para buscar mina)... li soes entrado con
vuestros minaqueros et braçeros en la dicha minera por eill auierta et faillada, como
dicho es, et li auedes tomado et leuado o fecho leuar muy grant suma et quantidat de
mina de la dicha minera por eill faillada. (AGN, PS,2ser, Leg. 5, n. 51,11)
carbonero(s)
(sust.) Del lat. c a r b o n a r i u s, en segunda acepción, ‘persona que
fabrica o vende carbón’ (DRAE,01).

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1328 [Sanchoabarca (Md. Ribera)]
Recebio dineros. de carbon vendido en la dicha bardena. La primera semana de
jenero recebio de 4 carboneros, es a saber de [...], que fizieron carbon en 4 dias...
(AGNC, nº 23, f. 24 r)
fusteur (fr.)
(sust.) Fr., de “fust”, ‘fusta’ (vid. 3.1), debe referirse a la persona que
se ocupa de cortar o trabajar la madera, serrador o, más bien, leñador (vid.
“fuster la mine”, en 6.2).
1340 [general]
...Item un fusteur et un ferreur pour fuster la mine, le 2, 20 sous la semaine.
[...].(AGNC.24, nº 38, I, fol. 1)
ferron
(sust.) “ferrón”, ‘empleado en una ferrería’ (DRAE,01). En alguno de
los casos reseñados puede coincidir como propietario de la misma, o de parte
de ella.
~ minadero, “minador”, ‘ingeniero o artífice que abre minas’
(DRAE,01) Se utiliza también “minaquero” solo, vid. más adelante.
1362 [Pamplona]
...Et luego nos inviedes los dos ferronnes minaderos que nos deuiades imbiar...
(AGNC.15, nº 34,).
1396, 4 6 [San Juan de Pie de Puerto. Ultrapuertos (Baja Navarra)]
...Pero d’Yrurleguy, dicho Peyron, ferron, seynnor de las dos partes de la ferreria
clamada Bordel, vezino de Sant Johan del Pie del Puerto qui fue, deffendient, de la
otra part... (AGN, PS,2ser, Leg. 5, n. 21)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...vos mandamos... dexedes a los seynores de las dichas ferrerias et a sus ferrones et
hombres franca et liberalment cortar maderas pora sus dichas necessidades et fazer
carbon en los dichos montes de Bidassoa... (AGNC.174, nº 50, 2)
ferreur (fr.) vid. ferron
1340 [general]
...Item un fusteur et un ferreur pour fuster la mine, le 2, 20 sous la semaine.
[...].(AGNC.24, nº 38, I, fol. 1)
picadors (de peyra)
(sust.) “picador”, de “picar”, ‘en las minas, hombre que tiene por
oficio arrancar el mineral por medio del pico u otro instrumento semejante’
(DRAE,01).
1308-1309 [Pamplona]
Item pagames de tota esta semana passada, per 19 picadors de peyra, 18en diner.
(AGNCR. 12, fol. 5r. (AV. VIII, [75.)
533

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
preciadores (de peyra)
(sust.) Del lat. p r e t i a r e, ‘apreciar’ (DRAE,01), aquí seguramente
en el sentido de “dar precio”, “valorar”, “tasar”, quizá reconocer la valía del
producto – la piedra – ; en concreto la persona cuyo oficio es éste.
1308-1309 [Pamplona]
- Item lo dimenge enseguient pagames por esta semana passada a 39 preciadores de
peyra, en la peyrera de Sanssoayn, 18en diner”.
minaquero
Vid. “ferrón minadero”, más arriba. Aquí no figura como adj., sino
como sust.
1398, 04 03 [Berrizaun (Md. Montañas)]
…en la abertura del quoal dicho forado (para buscar mina)... li soes entrado con
vuestros minaqueros et braçeros en la dicha minera por eill auierta et faillada, como
dicho es, et li auedes tomado et leuado o fecho leuar muy grant suma et quantidat de
mina de la dicha minera por eill faillada. (AGN, PS,2ser, Leg. 5, n. 51,11)
seynnor (de la ferreria)
(adj.) Del lat. s e n i o r, - o r i s, ‘que es dueño de algo ; que tiene
dominio y propiedad en ello’ (DRAE,01). En estos casos, el propietario, que
puede ser el mismo ferrón.
1396, 05.10 [Areso (Md. Montañas)]
...Lope Lopiz de Lasquidain, ferron seynnor de la ferreria de Erauspide... con
licencia et mandamiento del dicho seynnor rey fizo et edifico una ferreria para fazer
fierro en los yermos et territorios del dicho seynnor rey, termino de Areso, clamado
Erauspide, et cerca las dichas ferrerias ha hecho el dicho Lope Lopiz hedificaciones
et casas et morada para morar las gentes de la dicha ferreria et molinos para moller
ceuera, et ha plantado un maçanedo en el territorio del dicho seynnor rey... (AGN,
PS,2ser, Leg. 5, n. 28)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en derredor et
en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et mayrames que
pora mantenimiento et sostenimiento de las dichas ferrerias exceptado los robres et
freznos de los quoales vso ni costumbre de cortar ni fazer carbon los qui son a
present en su tiempo... (AGNC.174, nº 50, 2)
tenedor (de la ferreria)
(adj.) ‘persona que tiene o posee algo’ (DRAE,01). Parece hacerse
equivaler a “señor” o dueño de la ferrería (vid. más arriba)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades... (AGNC.174, nº 50, 2)
534

6.2. Actividades
ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
abrir forado
(v.) “abrir”, ‘descubrir o hacer patente lo que está cerrado u oculto’
(DRAE,01) y “forado”, del lat. f o r a t u s, ‘perforado’, se refiere a un
‘agujero que atraviesa algo de parte a parte’ y en segunda acepción,
‘concavidad subterránea’ (DRAE,01). Por tanto, se trata de la acción de abrir
un pozo o túnel, mina o abertura, de donde se extrae el mineral.
1398, 04 03 [Berrizaun]
...buscando mina pora fazer hierro en la dicha su meatat de ferreria... abrio o fezo
abrir cierto forado en tierra et fezo sacar cantidat de tierra por faillar la dicha mina,
a grant trauaillo et con muy grande spensas... en la abertura del quoal dicho forado
et [gr] de la dicha terra dize aber spendido ochenta florines d’oro d’Aragon et mas, a
la dicha abertura del dicho forado et sacar de la dicha tierra... (AGN, PS,2ser, Leg.
5, n. 51,11).
afinar, affinar (mina)
(v.), De “fino”, en la cuarta acepción, acción de ‘purificar los metales’
(DRAE,01), o minerales.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...Martin d’Osquia, affinador, et Johan Boneau, argentero, por lur salario et esperon
por 20 dias que fueron con los dichos maestros tanto en Pomplona en ayudar a
affinar mina como en yr en las Montaynnas a buscar mina... (AGNC.67, n. 23, f. 9)
1413 ? [Anizlarrea. Baztán (Md. Montañas)]
...Et sea assi que Henric Petrelanch de Alamayna demuestre de conoscer et afinar
las minas, nos aya suplicado... (AGNCPS, leg. 178, carp. 3, fol. 80r.)
atizar el fuego
(v.) “atizar”, del lat. a t t i t i a r e, de t i t i o, - o n i s, ‘tizón’. Se
refiere a ‘remover el fuego o añadirle combustible para que arda más’.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
Item, vna uerga de fierro para atizar el fuego en el forno, costo 8 s. Item, vna
mordaça para atizar el fuego, costo 50 s. (AGNC.67, n. 23, f. 2v.)
batir la mina
(v.) Del lat. b a t t u e r e, ‘golpear’ (DRAE,01) ; vid “pison” en 6.5
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...clavos para adobar el pison con que se batia la mina, et vna fusta para aqueill...
(AGNC.67, n. 23, f. 1v.)
carrear mina
(v.) “carrear” remite al sustantivo, ‘carro largo, estrecho y más bajo
que el ordinario, cuyo plano se prolonga en una lanza que se sujeta al yugo.
Comúnmente tiene sólo dos ruedas, sin herrar’ (DRAE,01). De ahí
“carretada”, ‘carga que lleva una carreta o carro’ y ‘carretear’ o ‘conducir
algo en carreta o carro’. Se refiere, por tanto, a “transportar en carro’.
535

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
1396, 05.10 [Areso (Md. Montañas)]
Et porque ha plantado el dicho maçanedo et ha fecho fazer las dichas casas, edifiçios
et molino et paçer las yerbas en el dicho termino llos buyes que tiran las carretas et
carrean mina et otras cosas a la dicha ferreria necesarias... (AGN, PS,2ser, Leg. 5,
n. 28)
cerner la mina (menuzada)
(v.) “cerner”, del lat. c e r n e r e, ‘separar’, es decir, ‘separar con el
cedazo la harina del salvado, o cualquier otra materia reducida a polvo, de
suerte que lo más grueso quede sobre la tela, y lo sutil caiga al sitio
destinado para recojerlo’ (DRAE,01). En el proceso de ensayo del mineral es
preciso cerner el mineral desmenuzado como paso previo a su fundición.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
Item dos criuieillos para cerner la mina menuzada. (AGNC.67, n. 23, f. 1v)
fazer l’ensay de las minas
(v.) Se refiere al “ensayo de las minas”, del lat. e x a g i u m, ‘peso’.
En 4 ta , acepción, ‘operación por la cual se averigua el metal o metales que
contiene la mena (sic), y la proporción en que cada uno está con el peso de
ella’ (DRAE,01).
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...partidas de la expensa que ha seido fecha en Pamplona en fazer l’ensay de las
minas... dos dozenas de plomo... para fazer l’ensay, la libra a 16 dineros...
(AGNC.67, n. 23, f. 1r.).
fazer carbon
(v.) Se refiere al proceso de confeccionar o elaborar el carbón, desde
el producto de partida, que es la madera.
1328 [Sanchoabarca (Md. Ribera)]
Recebio dineros. de carbon vendido en la dicha bardena. La primera semana de
jenero recebio de 4 carboneros, es a saber de (nombres), que fizieron carbon, en 4
dias... (AGNC.nº 23, f. 24 r)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que fueren
gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en derredor et
en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et mayrames... et
de tanto tiempo que memoria de hombres no es en contrario han acostumbrado de
cortar de toda manera de arbores et maderas et fazer carbon et otras fustas et
mayrames necesarios (AGNC.174, nº 50, 2).
fazer hierro
(v.) Se refiere a la elaboración del hierro, del metal sacado de la mina.
1398, 04 03 [Berrizaun (Md. Montañas)]
...buscando mina pora fazer hierro en la dicha su meatat de ferreria... (el aludido)
abrio o fezo abrir cierto forado en tierra et fezo sacar cantidat de tierra por faillar la
dicha mina... (AGN, PS 2ser. Leg. 5, n. 51, 11)
536

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
fundir la mina
(v.) Del lat. f u n d e r e, ‘derretir y licuar los metales, los minerales u
otros cuerpos sólidos’ (DRAE,01) ; se funde el mineral extraído.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
- Item tres cargas de carbon para fundir la mina, costaron 36 s. Item, viernes 21 dia
de junio fue fundida la mina et ouieron de jornal dos hombres que andaron sobre
los barquines, 16 s. (AGNC.67, n. 23, f. 2)
fuster la mine
(v.) Fr. “alimentar de leña” la mina, que en este caso se refiere al
mineral (Vid. “fusta”, en 3.1 y “fusteur”, en 6.1). Es parte del proceso de
obtención del metal precioso a partir del producto en bruto, obtenido de la
naturaleza (vid. “quemar”, más abajo).
1340 [general]
...Item un fusteur et un ferreur pour fuster la mine, le 2, 20 sous la semaine. Item en
la semaine 3 journees de bestie qui porte la mine [...].(AGNC.24, nº 38, I, fol. 1)
quemar la mina
(v.) Del lat. c r e m a r e, ‘abrasar o consumir con fuego’, ‘calentar
mucho’ (DRAE,01), en este caso el mineral (vid. “fuster”, más arriba)
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...fueron compradas para quemar la mina, 10 cargas de leynna... (AGNC.67, n. 23,
f. 1v)
martelar (en la peyrera)
(v.) Quizá relacionado con el sust. “martellina”. Éste, del fr. ant.
marteline, der. de martel, “martillo”, específicamente ‘martillo de cantero
con las dos bocas guarnecidas de dientes prismáticos’ (DRAE,01). De ahí la
acción de utilizar ese martillo, o “martillar”.
1308-1309 [Pamplona]
Item pagames a 17 mayestres que martelauen en la peyrera de Ciçurr, 18en diner.
(AGNCR. 12, fol. 1r., y 7v.)
meuler la mine (fr)
(v), fr., trad. “moler” (DMF). ‘Quebrantar un cuerpo, reduciéndolo a
menudísimas partes, hasta hacerlo polvo’. (DRAE,01). Se refiere a moler el
mineral extraído, lo que coincide con el procedimiento habitual para extraer
plata, en este caso, en un molino para mineral. Cabe relacionarlo con la
“mina menuzada” citada a propósito de “cerner” (vid. más arriba)
1340 [río Urrobi junto a Imízcoz. valle de Arce (Md. Sangüesa)]
...Item 1 homme qui meule la mine et tiengne le moulin bien appareillie...
(AGNC.24, nº 38, fol. 5r.)
537

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
rancar (losa, o de la mina)
(v.) “arrancar”, de or. inc. ‘sacar de raíz’, ‘sacar con violencia algo del
lugar a que está adherido o sujeto, o de que forma parte’ (DRAE,01). Se
hacer distinción entre “arrancar” las losas o lajas de piedra, seguramente
adheridas en capas de estratos, de “sacar” piedra. También se utiliza para
mina o mineral.
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. (Md. Estella)]
...puedan pacer las yerbas en la dicha sierra, et beuer las agoas con lures ganados
menudos et granados, et sacar piedra, et rancar losa, et tayllar leyna menuda non
tayllando arbol ninguno. (AGNC.7, nº 16. Publ. BARRAGÁN, AGN, nº 6)
1432 [Aézcoa (Md. Sangüesa)]
...que puedan rancar et tomar de la mina de los dichos terminos de Garayoa et de
Aribe et de jus la bustaliza de Vassola... tanto quanto necesario sera para la dicha
ferreria... (AGNC.132, nº 18).
sacar piedra
(v) quizá del gót. sakan, “pleitear”, ‘poner algo fuera del lugar donde
estaba encerrado o contenido’ (DRAE,01). Puede distinguir, pero no
siempre, que las piedras se “sacan” frente a las losas, que se “arrancan” (vid.
anterior).
1331 [Azanza. Sierra de Sarvil. (Md. Estella)]
…puedan pacer toda la dicha sierra que es clamada Saruyll con ganados granados et
menudos, et sacar piedra et losa, et tayllar leyna menuda, non tayllando arbol
ninguno... Et queremos et nos plaze que por uirtut de la dicha donacion puedan
pacer las yerbas en la dicha sierra, et beuer las agoas con lures ganados menudos et
granados, et sacar piedra, et rancar losa... (AGNC.7, nº 16. Publ. BARRAGÁN,
AGN, nº 6)
538
6.3. Materiales
cendrada(s)
(sust.) Part. de “cendrar”. “Cendra” es ‘pasta de ceniza de huesos,
limpia y lavada, con que se preparan las copelas para afinar el oro y la plata’,
y “cendrado” es ‘asiento de ceniza que se pone en la plaza del horno de
afinar la plata’ (DRAE,01). La referencia refleja el proceso de ensayo del
mineral argentífero, donde se utilizan cenizas para aportar determinados
elementos que permiten extraer el mineral precioso de la veta.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...vna muger que trayo cenissas a la dicha casa para fazer cendradas... (AGNC.67,
n. 23, f. 2)
cenissa(s)
(sust.) Del lat. c i n i s i a, de c i n i s, “ceniza”, ‘polvo de color gris
claro que queda después de una combustión completa, y está formado,

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
generalmente, por sales alcalinas y térreas, sílice y óxidos metálicos’,
(DRAE,01). Vid. más arriba, “cendradas”.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...vna muger que trayo cenissas a la dicha casa para fazer cendradas... (AGNC.67, n.
23, f. 2)
muestra(s)
(sust.) De “mostrar”, ‘porción de un producto o mercancía que sirve
para conocer la calidad del género’, también ‘parte o porción extraída de un
conjunto por métodos que permiten considerarla como representativa de él’
(DRAE,01).
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
..fueron dados al mulatero qui traysso de Sant Esteuan a Pomplona las muestras de
las mineras, por loguero de su bestia, 10 s. (AGNC.67, n. 23, f. 10v.)
6.4. Taller
ferreriarum, vid. ferreria
1330 [Valle de San Esteban de Lerín. (Md. Montañas)]
De tributo mineriarum et ferreriarum, tributatis ad 2 annos, pro primo anno, 32
libras. (AGNCR. 26, fol. 273r.Versión romance en fol. 115v) : “De tributo de las
mineras et de las ferrerias del rey...”)
ferreria
(sust.) “ferrería”, es decir, ‘taller en donde se beneficia el mineral de
hierro, reduciéndolo a metal’ (DRAE,01). ‘herrería’ (AN). Se construyen, en
general, cerca de las fuentes del mineral, salvo excepciones.
1393 [Santesteban de Lerin (Md. Montañas)]
De la ferreria de Lecxa, que es en la tierra de Lerin, dada por Johan de Athondo,
recibidor, a Miguel Elorrieta, vexino morador en Beyça, con todas las mineras,
montes, agoas, presas, canales et con todos los otros drechos a la dicha ferreria
pertenescientes, en la forma et manera que al tiempo que la dicha ferreria solia ser
reparada et en deuido estado se sollia gozar et aprouechar, en tal manera que el
dicho Miguel deue fazer la dicha ferreria dentro del aynno empues la data de la
letra... et del dia que la dicha ferreria empeçara a labrar, en adelant, deue pagar el
dicho Miguel o el que possedeztra la dicha ferreria, la lezta en cada un aynno...
(AGNCR. 220, f. 144r)
1396, 05.10 [Areso (Md. Montañas)]
...Lope Lopiz de Lasquidain, ferron seynnor de la ferreria de Erauspide...con
licencia et mandamiento del dicho seynnor rey fizo et edifico una ferreria para
fazer fierro en los yermos et territorios del dicho seynnor rey, termino de Areso,
clamado Erauspide, et cerca las dichas ferrerias ha hecho el dicho Lope Lopiz
hedificaciones et casas et morada para morar las gentes de la dicha ferreria et
molinos para moller ceuera, et ha plantado un maçanedo en el territorio del dicho
seynnor rey. Et porque ha plantado el dicho maçanedo et ha fecho fazer las dichas
casas, edifiçios et molino et paçer las yerbas en el dicho termino llos buyes que tiran
539

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
las carretas et carrean mina et otras cosas a la dicha ferreria necessarias, et los
puercos et ganado menudos et grandes que eill traye para prouision de las gentes de
la dicha ferreria... (AGN, PS,2ser, Leg. 5, n. 28).
1397 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
De la ferreria de Lexa, la quoal tienne Miguel d’Elorrieta, vezino et morador en
Beynça, con las mineras et montes del seynnor rey, segunt las otras ferrerias
fazen... (AGNCR. 237, f. 164)
1397 [Aniz Larrea. Baztán (Md. Montañas)]
De la ferreria de Iuero, la quoal tienne Miguel Ezquerr de Lexaca, con franqueza et
liuertat de tomar minas et fazer carbon en los montes del seynnor rey para eill et sus
herederos et sucessores ha perpetuo... (AGNCR. 237, f. 164v.)
1397 [Aniz Larrea. Baztán (Md. Montañas)]
De la ferreria de Endara, de lezta d’este aynno, por razon que esta ferreria no es
abastada de agoas en todo el aynno, segunt las otras ferrerias que pagan 12 lib. de
lezta, et caye mas lueyn de las mineras, por esto non ha pagado nin suele pagar en
tiempo alguno la lezta... (AGNCR. 237, f. 165)
1413 [Santesteban de Lerín (Md. Montañas)]
...que los seynores o tenedores de las ferrerias del regno de Nauarra cada que
fueren gastados en lures prouisiones et necessidades las maderas que fueren en
derredor et en la comarqua d’eillas de que solian fazer carbon et otras fustas et
mayrames que pora mantenimiento et sostenimiento de las dichas ferrerias
exceptado los robres et freznos de los quoales vso ni costumbre de cortar ni fazer
carbon los qui son a present en su tiempo... (AGNC.174, nº 50, 2)
1432 [Aézcoa (Md. Sangüesa)]
...auemos otorgado et dado, otorgamos et damos por las presentes licencia, autoridat,
promission et poder que eillos puedan fazer et forfazer ferreria de nuevo en los
dichos terminos yermos de Yxassacoa et Legarça... que puedan rancar et tomar de la
mina de los dichos terminos de Garayoa et de Aribe et de jus la bustaliza de
Vassola... tanto quanto necesario sera para la dicha ferreria... tanto carbon, leynna
et madera como necessario lis sera. (AGNC.132, nº 18)
peyrera, pedrera
(sust.) De “piedra” (vid.”peyra”, 3.2) ; se trata de la ‘cantera’, o ‘sitio
donde se saca piedra’ (DRAE,01).
1308-1309 [Pamplona]
Resta que les carreters de Olit que an portat de la peyrera de Mendielerri 200
carretades. Item lo dimenge enseguient pagames por esta semana passada a 39
preciadores de peyra, en la peyrera de Sanssoayn, 18en diner”. Item pagames a 17
mayestres que martelauen en la peyrera de Ciçurr, 18en diner. (AGNCR. 12, fol.
1r., y 7v.)
1328 [Ezcaba. (Md. Montañas)]
De tributo yermo cerca la pedrera d’Ezcaua, que fuit del thesaurario de Sancta
Maria de Pamplona, por la quoal passauan las carretas que trayan la piedra pora el
castieyllo del rey de Pamplona... (AGNCR. 23, fol. 137r.)
540

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
1374 [Rocaforte, (Md. Sangüesa)]
Expensas fechas en adobar los caminos de la pedrera por passar los carros. Donde
era la pedrera, a saver, de cabo Sanguesa la Vieia, de cerca vna eglesia basilica
clamada Sant Genes ata la nora. (AGNC, 29, n. 5.3)
mina, minera (2), miniere
(sust.) Del fr. mine, ‘criadero de minerales de útil explotación’,
‘excavación que se hace para extraer un mineral’ (DRAE,01). También se
reseña, en lat. m i n a e, - a r u m, en última acepción, ‘minas, galerías
subterráneas’ (NDL). En fr. ant., ‘además de los lugares subterráneos donde
están los metales, designa también una substancia minetal o fósil enterrada’
(DHLF) ; estas referencias en 3.2.
1330 [Valle de San Esteban de Lerín (Md. Montañas)]
De tributo de las mineras et de las ferrerias del rey, tributadas a dos aynnos, por el
primero aynno, 32 libras. (AGNCR. 26, fol. 273r.)
1340 [río Urrobi. Imízcoz (Md. Sangüesa)]
Les minieres de Navarre qui sont descouvertes jusques au jour d’uy... sont cestes :
Premierement la miniere d’Urrovy. L’autre si est la miniere dessouz la ville de
Miscoz et peut estre loign de celle d’Urrovy la quarte part d’une lieue, et est
d’argent et de cuivre, bone mais la quantite ne se peut encores dire. (AGNC.24, nº
38, I, fol. 1)
1397 [Anizlarrea. Baztán (Md. Montañas)]
De la ferreria de Endara, de lezta d’este aynno, por razon que esta ferreria no es
abastada de agoas en todo el aynno, segunt las otras ferrerias que pagan 12 lib. de
lezta, et caye mas lueyn de las mineras, por esto non ha pagado nin suele pagar en
tiempo alguno la lezta... (AGNCR. 237, f. 165)
1409 [Leiza (Md. Montañas)]
...estas son compositiones et auenencias tratadas et firmadas...es a saber que nos los
dichos Martin Ybaines, Martin Martiniz, Johan Çaharr et Johan Bertran los quoatro
ensemble ayamos de fazer vnas mineras de nueuo a expensas de cada uno de nos et
toda la minera que sacaremos en las dichas mineras aya de ser comunment para nos
los dichos... et aqueylla sea pora nos todos los quoatro a expensas de cada uno de
nos et de la dicha vena cumun sacadas las expensas comunes lo plo sea partido
ygoalment... (AGNC.96, nº 34)
1413 ? [general]
...eill sabe et conosce en alguno de los dichos yermos en ciertos logares do se podria
faillar et algunas minas de cobre, azur, azero, de otros metalles donde algun
prouecho se podria faillar... (AGNCPS, leg. 178, carp. 3, fol. 80r.)
mineriis, vid. mina
1342 [general]
Item de azurio laborato in dictis mineriis per Petrum d’Eugui, pictorem Pampilone,
expensis cuius capiuntur super regem... (AGNCR. 45, fol. 146v.)
saxum
(sust.) Lat., s a x u m, - i, ‘peña rocosa, escollo, piedra, bloque de
piedra o mármol’. Existe “sáxeo”, ‘de piedra’, y “saxoso”, ‘dicho de un
541

LÉXICO DE LOS RECURSOS NATURALES. NAVARRA, S. XI-XV...
terreno pedregoso’ (DRAE,01). Debe referirse aquí a pedregal o, más bien,
una cantera de donde se saca piedra o losas (lapides).
1329 [Ezcaba. (Md. Pamplona)
Vinea que est prope ecclesiam Sancti Stephani de Bruslada, tradita fuit Thesaurario
ecclesie Beate Marie Pampilone in cambium vinee que est prope saxum de
Ezquaua, eo quod currus defferentes lapides de dicto saxo ad castrum regis
Pampilone transsibant per eam. (AGNCR. 24, fol. 38v.)
542
6.5. Objetos
barquin(es)
(sust.) De “barquino”, y éste del lat. [f o ll i s] v e r v e c i n u s. El
primero es un ‘fuelle grande que se usa en las ferrerías y fraguas’ (DRAE,
01). Al parecer es lo suficientemente grande como para que se requieran dos
hombres para manejarlo.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
Item, di a dos bartaxes qui trayeron los barquines a la casa de la moneda, 2 s. 6 d.
Item, viernes 21 dia de junio fue fundida la mina et ouieron de jornal dos hombres
que andaron sobre los barquines, 16 s. Item, dos cuerdas para los barquines...
(AGNC.67, n. 23, f. 2 y 2v.)
criuieillo(s)
(sust.) Por el contexto, debe referirse a los cedazos para cerner el
mineral ; quizá relacionado con “cribar”, del lat. c r i b a r e, del que también
se deriva “criba”, ‘cada uno de los aparatos mecánicos que se emplean en
agricultura para cribar semillas, o en minería para lavar y limpiar los
minerales’ (DRAE,01). También se deriva “cribado”, ‘dicho del carbón
mineral escogido, cuyos trozos han de tener un tamaño reglamentario,
superior a 45 ml.’ (DRAE,01).
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
Item dos criuieillos para cerner la mina menuzada (AGNC.67, n. 23, f. 1v).
crisol(es)
(sust.) “crisol”, del cat. ant. y dial., cresol, ‘recipiente hecho de
material refractario que se emplea para fundir alguna materia a temperatura
muy elevada’ (DRAE,01)
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
..Martin d’Osquia, affinador, et Johan Boneau, argentero, por lur salario et esperon
por 20 dias que fueron con los dichos maestros tanto en Pomplona en ayudar a
affinar mina como en yr en las Montaynnas a buscar mina. Et por salario de lures
barquines et ferramientas, crizoles et muchas otras cosas que fazian menester...
(AGNC.67, n. 23, f. 9).

ELOÍSA RAMÍREZ VAQUERO
forno de la fundicion
(sust.) “horno”. En este caso se refiere a un horno donde se hará el
ensayo del mineral, “horno de la fundición”.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...carriaron tierra a la dicha casa de la moneda para fazer el forno. Item, 40 adobas
para fazer el forno de la fundicion... (AGNC.67, n. 23, f. 1v)
pison
(sust.) de “pisar, apretar”. ‘Instrumento pesado y grueso, de forma por
lo común de cono truncado, que está provisto de un mango, y sirve para
apretar tierra, piedras, etc.’ ‘mazo del batán’ (DRAE,01).Las referencias se
refieren al ensayo del mineral, donde cabe utilizar medios de percusión para
golpear el mineral (parte del proceso de extracción de metales preciosos de
una veta). Aquí hay que repararlo (“adobar”), y quizá la “fusta” para el pisón
se refiera al “mango” aludido en la definición.
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
...clavos para adobar el pison con que se batia la mina, et vna fusta para aqueill...
(AGNC.67, n. 23, f. 1v.)
uerga de fierro
(sust.) Del lat. v e r g a, ‘vara, palo largo y delgado’ (DRAE,01)
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
Item, vna uerga de fierro para atizar el fuego en el forno... (AGNC.67, n. 23, f. 2v.)
mordaça
(sust.) No queda claro el significado, pero puede ser algún tipo de
instrumento que aviva o quizá regula el fuego de forma mecánica ; se trata,
por otra parte, de un artilugio medianamente caro. En el ámbito marítimo y
en el militar se llama “mordaza” a instrumentos diversos que limitan o
disminuyen el movimiento de algo (mar. : ‘maquina sencilla de hierro
colocada en la cubierta del buque y que, cerrando sobre el canto de la gatera,
detiene o impide la salida de la cadena del ancla’, y mil. : ‘aparato empleado
en algunos montajes con objeto de disminuir el retroceso de las piezas de
artillería’ (DRAE,01).
1392 11 05 [Labayen y Cinco Villas Lesaca, Vera (Md. Montañas)]
Item, vna mordaça para atizar el fuego, costo 50 s. (AGNC.67, n. 23, f. 2).
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