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3 - À l'écoute de notre passé

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Je crois en une chose. Si je <strong>de</strong>vais aller quelque part sans pouvoir prendre le bébé<br />

avec moi et que je n’avais personne à qui le confier, je prenais la Bible, l’ouvrais et la<br />

plaçais sous l’enfant pour lui tenir compagnie. Si je n’avais pas agi ainsi, cela aurait créé<br />

un problème pour le bébé. C’est ma mère qui m’avait appris à faire ça. Parfois, nous<br />

sommes tentés <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choses que nous savons interdites.<br />

Les femmes restaient à la maison pendant que les hommes étaient partis à la chasse.<br />

Nous les regardions s’éloigner avec leurs attelages <strong>de</strong> chiens. Il n’y avait que les femmes<br />

qui restaient. Nous dépecions alors <strong>de</strong>s jeunes phoques et en mangions. Une fois, on m’a<br />

invitée à rester pour manger et j’ai complètement oublié que j’avais laissé mon bébé<br />

dans le qammaq. C’était une fille qui avait déjà été nommée d’après ma mère. Quand je<br />

suis revenue au qammaq, elle était complètement livi<strong>de</strong>. Je l’ai retournée. Elle n’a même<br />

pas bougé. Quand j’ai tenté <strong>de</strong> lui donner le sein, elle n’a pas réagi. J’ai tâté son pouls,<br />

mais je ne pouvais pas le sentir. Le seul battement perceptible provenait <strong>de</strong> la partie<br />

molle <strong>de</strong> sa tête, <strong>de</strong> sa fontanelle. Ma sœur aînée Naullaq, nommée d’après le frère <strong>de</strong><br />

ma mère, était en train <strong>de</strong> découper <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> phoque. Je lui ai dit : « Ta sœur ne<br />

va pas très bien. » Elle m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> lui donner le bébé, ce que j’ai fait. Elle a agrippé<br />

la perche faîtière du qammaq et s’est mis à réciter le Notre Père. Le bébé a recommencé à<br />

respirer et ses battements <strong>de</strong> cœur ont augmenté à mesure que ma sœur récitait la prière.<br />

<strong>À</strong> la fin, l’enfant était complètement guérie. Je crois fermement que le fait <strong>de</strong> réciter le<br />

Notre Père a un effet très puissant. Parfois, nous ne croyons pas vraiment en quelque<br />

chose jusqu’à ce que <strong>notre</strong> foi soit mise à l’épreuve. Une expérience comme celle-là<br />

renforce votre foi. J’ai plusieurs croyances <strong>de</strong> ce genre.<br />

On m’a appris à bien prendre soin <strong>de</strong> mes enfants et à être bonne envers eux, parce<br />

que plus tard ils seraient les seuls à s’occuper <strong>de</strong> moi quand j’aurais besoin <strong>de</strong> leur ai<strong>de</strong>.<br />

Je n’ai jamais pensé que je serais un jour incapable <strong>de</strong> me débrouiller toute seule,<br />

mais maintenant je dois avoir recours à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> mes filles. Même si les plus vieux<br />

<strong>de</strong> mes enfants étaient <strong>de</strong>s garçons, c’est maintenant ma fille Ooleepeeka qui est<br />

<strong>de</strong>venue l’aînée.<br />

Avant que l’enfant commence à parler, comment pouviez-vous savoir s’il<br />

était mala<strong>de</strong> ?<br />

Uqsuralik : C’était parfois évi<strong>de</strong>nt. Autrefois, la maladie était plutôt rare. S’ils boitaient,<br />

nous <strong>de</strong>vions en trouver la cause exacte. Parfois, mais pas toujours, un enfant boitait à<br />

cause d’un problème <strong>de</strong> hanche. Dans le temps, la maladie n’était pas aussi répandue<br />

qu’elle ne l’est aujourd’hui. Ce n’est qu’après l’arrivée annuelle <strong>de</strong>s navires que nous<br />

attrapions la grippe et le rhume. Quand ils étaient repartis, personne n’attrapait plus le<br />

rhume pendant un an. Autrefois, nous étions en excellente santé. Certaines personnes<br />

avaient <strong>de</strong>s problèmes d’articulation aux chevilles ou aux genoux, mais à part ça nous<br />

étions rarement mala<strong>de</strong>s.<br />

96 L’éducation <strong>de</strong>s enfants

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