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3 - À l'écoute de notre passé

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en attendant que le magasin ouvre, afin <strong>de</strong> me procurer du kérosène avec mon bidon <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux gallons. J’ai mis le bidon par terre et il est complètement disparu. J’ai regardé<br />

partout, mais je ne pouvais pas le retrouver. J’ai <strong>de</strong>mandé à ce petit enfant à qui on avait<br />

donné un nouveau nom : « As-tu remarqué la présence d’un contenant ? D’autres<br />

enfants l’ont-ils pris ? » Il répondait sans cesse : « Je ne sais pas. » - « Oublions ça, » aije<br />

dit, « Il est tout bonnement disparu. Je vais acheter un autre bidon et me procurer<br />

quand même du kérosène. Si on retrouve le premier bidon, ma nièce l’aura. Ma nièce et<br />

son grand-père auront un nouveau bidon. » Après que j’aie oublié ce contenant, il est<br />

réapparu. Le petit enfant l’avait probablement caché. Je n’étais pas fâchée, car il n’avait<br />

que <strong>de</strong>ux ans. Au lieu <strong>de</strong> me mettre en colère, je l’ai louangé, parce que ce contenant lui<br />

appartenait aussi, à travers la personne dont il portait le nom. J’ai pensé qu’il avait<br />

simplement repris son bien. Et c’est pourquoi je crois fermement que le fait <strong>de</strong> recevoir<br />

un nom vous ai<strong>de</strong> à continuer l’existence <strong>de</strong> la personne d’après qui vous avez été<br />

nommé.<br />

Uqsuralik : L’enfant portait-il le nom <strong>de</strong> l’homme qui avait possédé le bidon ?<br />

Naqi : Oui. J’avais une partie <strong>de</strong> son équipement, pas tout, mais je possédais certains <strong>de</strong><br />

ses biens. Certaines choses avaient appartenu à son père. Il avait vécu à Apex. Ma nièce<br />

Annie travaillait là-bas. Je n’ai jamais oublié ce qu’il avait l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> dire. Il disait<br />

toujours : « Regar<strong>de</strong>-moi bien, je ne peux plus rien faire ; je <strong>de</strong>vrais peut-être rester à<br />

l’intérieur. » Je lui ai fabriqué <strong>de</strong>s vêtements. Peu après, il est décédé.<br />

Si un enfant qui voulait un nom ne recevait pas ce nom, que lui arrivait-il ?<br />

Uqsuralik : Je ne sais pas ce qui lui arrivait.<br />

Naqi : Je n’ai jamais rien entendu <strong>de</strong> pareil. Quand nous donnons un nom, c’est au<br />

meilleur <strong>de</strong> <strong>notre</strong> connaissance. Nous nommons l’enfant d’après la personne dont nous<br />

croyons qu’il doit recevoir le nom.<br />

Aurais-je dû nommer mon fils adoptif d’après le grand-père <strong>de</strong> mon mari,<br />

même si mon autre fils portait déjà son nom ?<br />

Naqi : Oui, tu aurais dû. Les parents se <strong>de</strong>mandaient souvent si leur enfant voulait un<br />

nom particulier, surtout quand l’enfant était manittugaq, quand il respirait en poussant<br />

<strong>de</strong>s soupirs convulsifs comme s’il avait beaucoup pleuré. Le terme sillusimajuq veut dire<br />

qu’on se sent blessé, parce qu’on n’a pas reçu tel nom dans le cas qui nous occupe. Les<br />

enfants s’éveillaient parfois en émettant <strong>de</strong>s sons qui laissaient croire qu’ils avaient<br />

longtemps pleuré.<br />

106 L’éducation <strong>de</strong>s enfants

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