3 - À l'écoute de notre passé

n’aboutissait pas, on lui a demandé de se confesser et dès qu’elle l’a fait, le bébé est né.
On disait que dès que la femme confessait ses manquements, l’accouchement devenait
très facile.
Vous enseignait-on à avoir peur des aqsarniit, les aurores boréales, parce
qu’elles pouvaient vous couper la tête ? Y avait-il autre chose dont on vous
apprenait à être effrayées ?
Uqsuralik : Oui. On nous disait de nous méfier grandement des loups, parce que les
loups pouvaient nous prendre. On nous demandait aussi de ne pas trop nous éloigner,
parce que nous pourrions être attrapées par un ours. On nous disait ça pour que nous
ne nous éloignions pas trop.
Naqi : On nous disait qu’il était difficile de se rendre compte s’il y avait des loups aux
alentours, parce que les loups savent très bien se cacher.
Uqsuralik : Le hurlement des loups semble venir de très loin, même si en fait, ils sont
tout proches. On nous disait aussi de ne pas faire semblant de hurler, parce que le loup
pouvait penser qu’il s’agissait d’un autre loup et venir nous trouver. Nous ne nous
amusions donc à hurler que si nous étions sûrs que nos parents ne s’en apercevraient
pas.
Vous demandait-on de ne pas dire que vous vouliez voir un ours polaire,
parce que vous auriez alors pu en rencontrer un au moment où vous
vous y attendiez le moins ?
Naqi : Je n’ai jamais entendu dire que quelqu’un veuille voir un ours.
Autrefois, vous demandait-on de ne pas siffler en présence des aqsarniit,
des aurores boréales ?
Uqsuralik : Oui. Nous avions peur d’avoir la tête coupée si nous sifflions en présence
des aqsarniit.
Vous racontait-on d’autres choses effrayantes quand vous étiez enfants ?
Uqsuralik : Non, pas vraiment, à part les aqsarniit. Nous avions peur qu’elles nous
coupent la tête si nous sifflions. Sinon, la seule chose dont nous avions peur, c’était des
lieux de sépulture.
72 L’éducation des enfants