les rapports des terrains cristallins et de leur couverture sédimentaire

152 PAUL GIDON.
Dans la région que nous venons d'envisager, le Lias du flanc
oriental de ce synclinal reste le plus souvent au contact du granité.
Il en est cependant parfois séparé par de minces placages de spilites.
Le contact se fait suivant une surface plongeant vers l'Est avec
un pendage voisin de 50° à 60°, de sorte que le granité recouvre
le sédimentaire. Le synclinal, ici, est évidemment couché vers le
Nord-Ouest.
Bien avant d'atteindre le fond du cirque de la Haute Sagne, vers
2350 mètres d'altitude, cette partie septentrionale du synclinal
de Meollion disparaît sous les moraines et les éboulis. Mais nous
retrouverons le prolongement de son flanc Est de l'autre côté du
cirque, sous le sommet de Prelles, avec des caractères comparables
à ceux que nous venons de décrire.
Il nous faut maintenant tenter une interprétation rationnelle de
la structure de la Rouite.
Négligeons tout d'abord la petite écaille de la Rouite décrite au
début de ce chapitre, et sur laquelle nous reviendrons en temps
voulu. Il nous reste à interpréter l'allure de l'écaillé principale, née
dans le vallon de La Pierre au Nord des Goudemards et que nous
avons vue se prolonger au col du Cheval de Bois.
Dans la partie Nord-Est de la Rouite, c'est le cristallin lui-même
qui est refoulé sur le synclinal Rouite-Goudemards. A partir du col,
il ne constitue plus que le bord oriental d'un synclinal nouveau,
le synclinal de Meollion. C'est alors le bord occidental, sédimentaire,
de ce synclinal qui devient chevauchant. Mais dès lors, le
refoulement devient de plus en plus net et de plus en plus important
à mesure qu'on approche de la montagne de Cédera.
Le souvenir du large synclinal complexe des Têtes de Sainte-
Marguerite, décrit plus haut, va je pense nous donner l'explication
du fait.
Comme dans ce synclinal complexe, nous avons ici une véritable
écaille cristalline refoulée vers le Nord-Ouest, importante par son
épaisseur, et qui dans son avancée a pu travailler comme un racloir.
Dans sa partie Nord, près de son enracinement latéral dans le massif,
cette écaille n'a que peu avancé sur une couverture sédimentaire
réduite. Elle se contente de la chevaucher. A mesure que nous
l'examinons plus au Sud, la puissance de la couverture augmente
considérablement (nous parvenons à des zones de plus en plus
externes du massif), d'autre part l'amplitude du mouvement s'accroît.