les rapports des terrains cristallins et de leur couverture sédimentaire

64 PAUL GIDON.
du Combeynot sur le synclinorium d'Arsine. On peut en effet constater
que, sous la surface de chevauchement, les assises du Trias
se succèdent dans un ordre tout à fait normal pour un flanc synclinal
inverse : au cristallin sont fortement collés les grès qartziteux,
puis viennent des dolomies capucin qui reposent sur le Lias. On
s'expliquerait mal que les éléments de la couverture revêtent, dans
cet ordre stratigraphique parfait, la surface inférieure d'un éclat
détaché du cristallin.
Cette disposition pourrait à la rigueur s'expliquer par une sorte
de raclage des séries sédimentaires, par le front de l'éclat. Un
exemple de cette dernière disposition nous est fourni, semble-t-il,
par le synclinal des Têtes de Sainte-Marguerite.
Il n'est pourtant pas conforme à notre sentiment qu'un tel raclage
ait pu renverser, retourner presque face pour face les sédiments,
et ceci très régulièrement sur une étendue de plusieurs
kilomètres. Surtout on ne le comprend pas dans le cas des grès
durs du Trias, aussi rigides, peu s'en faut, que le cristallin qu'ils
recouvrent; et ces grès, sous le Combeynot, sont si intimement
collés au cristallin que la limite des deux roches en devient presque
indiscernable.
Une remarque s'impose ici. Parmi tous les chevauchements
cristallins que nous venons de voir, le Combeynot est de beaucoup
le plus vaste et le plus épais. La masse de ce massif, malgré l'attaque
de l'érosion, recouvre de plus de 1000 mètres de rochers cristallins
les terrains sédimentaires sous-jacents. Elle s'étend d'autre
part, de la roche Gatipel à l'Ouest, aux pentes de la Gardette dans
la vallée de la Guisane, sur une largeur de près de cinq kilomètres.
Au Sud-Est par contre, au niveau des affleurements dolomitiques
du haut vallon du Petit Tabuc, cette masse réduit considérablement
ses dimensions. Or que voyons-nous là ?
Le cristallin du Combeynot vient se superposer aux dolomies
capucin sans intercalation de grès qui, par contre, sont bien développés
entre ces dolomies et les gneiss du Réou d'Arsine. Ici donc,
c'est suivant une surface de fracture que s'est faite la superposition
du cristallin au mésozoïque.
L'impression qui se dégage peut se résumer ainsi : tectonique
cassante pour les écailles cristallines minces, tectonique souple
dans le cas où elles sont épaisses et vastes. On ne peut manquer
d'être frappé du parallélisme de ces conclusions et des idées de
J. VERNET : tectonique souple à grande échelle et cassante dans le
détail.