13.07.2013 Views

dimanche 24 septembre

dimanche 24 septembre

dimanche 24 septembre

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

TENNIS AERIEN<br />

CETTE JEUNE FILLE,<br />

DANS UN BEL ENVOL,<br />

RAQUETTE LEVÉE,<br />

SEMBLE BIEN SAU-<br />

TER SUR LES TOITS I<br />

PLATS A EMPORTER, MAIS...<br />

...ILS NE SONT PAS DESTINÉS A DES HOM-<br />

MES COMME POURRAIT LE FAIRE CROIRE<br />

LA BELLE ORDONNANCE DE CETTE CUI-<br />

SINE. C'EST LE REPAS D'ANIMAUX TOUT<br />

JEUNES D'UN JARDIN ZOOLOGIQUE.<br />

TANK DE PAIX<br />

TOUS LES TANKS NE<br />

SONT PAS BELLIQUEUX.<br />

CELUI-CI, NOUVELLE-<br />

MENT FABRIQUÉ EN<br />

AMÉRIQUE, EST UTILISÉ<br />

A CHARGER DES WA-<br />

GONS-PLATES-FORMES ET<br />

DANS L'OVALE, NOUS<br />

LE VOYONS EN PLEINE<br />

OFFENSIVE... PACIFIQUE.<br />

UNE PETITE CAMERA...<br />

...VIENT DE FAIRE SON APPA-<br />

RITION EN ALLEMAGNE. ELLE<br />

MESURE 4 cm. DE LARGE SUR<br />

2 cm. DE HAUT ET DONNE, PA-<br />

RAIT-IL, DE BONS CLICHES.<br />

ILLUST<br />

50 CENT. - <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933<br />

...ET UN GRAND PONT<br />

...CONSTRUIT TOUT RÉCEM-<br />

MENT EN BAIE DE SAN-FRAN-<br />

CISCO. IL RELIE SAN-MATEO A<br />

HAYWARD SUR 19 KM. 300,<br />

ET SEVAJT LE PONT-RECORD.


aaniiHi DIMANCHE-iLLUSTRÉ lAiiiiiiiliiiiiiiluiiiiiiimiiiiiuMiiiiiiimmiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiUMig! 2 iiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiBiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii IIIHIIIIIIIIIIIHIIIIHUM LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 IIIIIIMM<br />

VENTE AU NUMERO<br />

Fran e, Colonies 0.50<br />

Eelgique 0.75 belges<br />

Etranger.... :. „ .... 1 fr.<br />

FOUR COMBATTRE LA HERNIE<br />

N'exïste-t-il rien de mieux<br />

eue les bandages actuels ?<br />

Vous êtes atteint de hernie et préférez éviter<br />

l'opération chirurgicale ; quelle ressource<br />

avez-vous ? Celle de porter un bandage quelconque<br />

qui maintiendra plus ou moins bien<br />

votre tumeur et vous fera endurer une gêne<br />

parfois insupportable. Est-ce possible qu'à<br />

notre époque nous en soyons encore réduits à<br />

cela ? Rassurez-vous, il existe enfin un procédé<br />

beaucoup plus rationnel, puisque des<br />

hernies, même anciennes et volumineuses, sont<br />

maintenant vaincues sans opération ni obligation<br />

de supporter la gêne habituelle des<br />

bandages. Un simple essai que vous pourrez<br />

faire tranquillement chez vous, sans aucun<br />

risque ni engagement, vous le prouvera. 11<br />

s'agit d'une découverte vraiment sérieuse réalisée<br />

par un médecin de la faculté de Paris.<br />

Les résultats déjà obtenus démontrent la<br />

réelle efficacité de ce grand progrès herniaire.<br />

Afin que toute personne atteinte de cette infirmité<br />

puisse profiter des bienfaits de cette<br />

heureuse découverte, un exposé complet sera<br />

envoyé franco, discrètement emballé, sans engagement<br />

ni frais d'aucune sorte, à chaque<br />

lecteur qui enverra cette semaine son adresse<br />

à l'INSTITUT ORTHOPEDIQUE DE PARIS<br />

(division D), r. Eugène-Carrière, 7 bis, à Paris.<br />

ARTÉRlG-SCLÉRGSEefsesco/iséguences;<br />

Angine de poitrine. Néphrite, Apoplexie, Vertiges<br />

fa v ïlrit, D "TISANE BONNARD<br />

La boîte: 4fr. 25. - TOUTES PHARMACIES<br />

ECOLE INTERNATIONALE<br />

DE DÉTECTIVES<br />

ET DE REPORTERS SPÉCIALISÉS<br />

(Cours par correspondance)<br />

Brochure gratuite sur demande<br />

34, rue La Bruyère (IX e ) - Trinité 85-18<br />

DIMANCHE-ILLUSTRÉ<br />

Tél. : Provence 15-22,23 ou <strong>24</strong> - Administration, abonnements : 20, rue d'Enghien, Paris (X e ) - C te chèque post. n°5970<br />

EST EN VENTE PARTOUT DÈS LE SAMEDI<br />

Services de Publicité : 118, Avenue des Champs-Elysées — Téléphone : Élysées 65-94 à 65-98<br />

murmura-t-il<br />

"Tout homme<br />

tressaille à la vue<br />

d'unec nouvelle peau<br />

fraîcheetblanche — le genre<br />

de peau adorable que vous<br />

pouvez obtenir maintenant. Faites cet essai<br />

vous-même, avec de la Crème Tokalon, Couleur<br />

Blanche, (non grasse). Celle-ci contient,<br />

maintenant, des éléments astringents qui<br />

blanchissent et tonifient la peau, combinés<br />

avec de la crème fraîche et de l'huile d'olive<br />

prédigérées. Elle pénètre instantanément,<br />

calmerirritation des glandes cutanées, resserre<br />

les pores dilatés et dissout les points noirs.<br />

En 3 jours seulement, elle pare la peau d'une<br />

beauté et d'une fraîcheur nouvelles et surprenantes<br />

— impossibles à obtenir autrement.<br />

Employez cette nouvelle Crème Tokalon,<br />

Couleur Blanche, chaque matin, et observes<br />

les résultats.<br />

I situation.<br />

VOTRE AVENIR<br />

dévoilé par te célèbre professeur<br />

SIRMA, renommé dons la monde<br />

entier. Consultez le, vous serez<br />

émerveillé par l'exactitude de ses<br />

Sprédictions pour votre vie passée,<br />

^présente et future. Conseils infail-<br />

s pour ennuis, santé, amour, mariage, argent<br />

Vous réussirez, vos dé irs se réaliseront<br />

et vous connaîtrez enfin le vrai bonheur.<br />

Envoyez date naissance, adresse et 2 fr. timbres<br />

Prof A. L. SIRMA, 3,rueGuillêumot. PARIS (12*1.<br />

«Il ne brûle que<br />

ça f\ar jour /<br />

"Que ça": à peine un<br />

seau de charbon que<br />

vous lui donnez le matin<br />

et qui l'occupe jusqu'au<br />

lendemain. Peut-on<br />

rêver plus économique?<br />

DEVILLE<br />

CHAUFFAGE<br />

Devllle tt Cle (Département Chauffage et appareils de cuisine) Charleville (Ardennea)<br />

Autres départements : vases moteurs, pompes, sanitaire, canalisations. HAVAS 33-80<br />

■■■■■SB tn venta : quincailleries, G'ands Magasins. Catalogue illustré franco. mimmÊmK^mUÊmmÊ0<br />

A<br />

votre<br />

réveil<br />

TARIF DES ABONNEMENTS<br />

3 mois 6 mois Un an<br />

France, Colonies. 6 fr. 12 fr. <strong>24</strong> fr.<br />

Belgique 9 fr. 18 fr. 35 fr.<br />

Étranger 15 fr. 28 fr. 55 fr.<br />

Savon Cadum<br />

Votre peau respire... Dégagez<br />

les pores avec la mousse<br />

crémeuse du Savon Cadum.<br />

Votre peau vil... Elle se renouvelle<br />

sans cesse. Cadum stimule<br />

la vitalité de l'épiderme<br />

et ranime la fraîcheur du teint.<br />

Rigoureusement pur, Cadum<br />

ne contient aucun alcali libre.<br />

Seins<br />

développés, reconstitués,<br />

embellis, raffermis par les<br />

PILULES ORIENTALES<br />

Le meilleur reconstituant pour la<br />

'femmequi désireobtenir, recouvrer<br />

ou conserver une belle Poitrine.<br />

Flacon contre rembours. 18 fr. 50.<br />

1. RATIÉ. plu 45, r. de l'Echiquier, Pari» 10*<br />

Dépôts à Bruxelles : Fh'" Delacre cl<br />

St-Michel. Genève : Ph" des Bcrguci.<br />

Il n'irrite jamais la<br />

peau, même celle, si<br />

délicate des bébés.<br />

Cadum s'use jusqu'à<br />

la dernière parcelle.<br />

C'est le plus économique<br />

et le meilleur<br />

des savons pour la<br />

toilette et le bain.<br />

^•t^V LAINES AV-'jiL,<br />

^ f MATELAS 1^<br />

DEBRO<br />

Le 7Détail au prix de Gros<br />

Belle laine pure lavée à rond<br />

FRANCS LE KILO<br />

Coutils et crins de qualité<br />

Demanda no» échantillons gratuits.<br />

Établissements DEBRO<br />

48 bis, rue du Bocher, PARIS<br />

CECI INTERESSE<br />

Tous les Jeunes Gens et Jeunes Filles, tous les Pères et Mères de Famille.<br />

L'ECOLE UNIVERSELLE, la plus importante du monde, vous adressera gratuitement,<br />

par retour du courrier, celles de ses brochures qui se rapportent aux études ou<br />

carrières qui vous intéressent. L'enseignement par correspondance de l'ECOLE UNI-<br />

VERSELLE permet de faire, à peu de frais, toutes ces études chez soi, sans dérangement<br />

et avec le maximum de chances de succès.<br />

Pour être renseigné, découpez le BULLETIN CI-DESSOUS, marquez d'une croix chacune<br />

des brochures qui vous intéressent, écrivez au bas votre nom et votre adresse et<br />

expédiez ce bulletin, sous pli fermé, à MM. les Directeurs de l'ECOLE UNIVERSELLE,<br />

69, boulevard Exelmans, Paris (XVI*).<br />

Broch. 61.403<br />

Broch. 61.406<br />

Broch. 61.416<br />

Broch. 61.421<br />

Broch. 61.425<br />

Broch. 61.430<br />

Broch. 61.437<br />

Brooh. 61.442<br />

Broch. 61.448<br />

Broch. 61.458<br />

Broch. 61.460<br />

Broch. 61.468<br />

Broch. 61.474<br />

Eroch. 61.4S1<br />

Broch. 61.486<br />

Broch. 61.491<br />

Broch. 61.495<br />

: Classes primaires complètes ; Certificat d'études, Bourses, Brevets, C.A.P.,<br />

Professorats, Inspection primaire.<br />

: Classes secondaires complètes ; Baccalauréats, Licences (Lettres, Sciences,<br />

Droit).<br />

: Grandes Ecoles spéciales (Agriculture, Industrie, Travaux publics, Mines,<br />

Commerce, Armée, Marine, Enseignement, Beaux-Arts, Colonies).<br />

: Toutes les carrières administratives (France et Colonies).<br />

: Emplois réservés aux Sous-Officiers de carrière, aux Mutilés et Réformés<br />

de guerre.<br />

: Carrières d'Ingénieur, Sous-Ingénieur, Conducteur, Dessinateur, Contremaître<br />

dans les diverses spécialités : Electricité, Radiotélégraphie,<br />

Mécanique, Automobile, Aviation, Métallurgie, Forge, Mines Travaux<br />

publics, Béton armé, Chauffage central. Architecture, Topographie,<br />

Chimie, Froid, Exploitation pétrolifère.<br />

: Carrières de l'Agriculture, de l'Agriculture coloniale et du Génie rural.<br />

: Carrières du Commerce (Administrateur, Secrétaire, Correspondancier,<br />

Sténo-Dactylo, Contentieux, Représentant, Publicité, Ingénieur commercial,<br />

Expert-Comptable, Comptable, Teneur de livres). Carrières de<br />

la Banque, de la Bourse, des Assurances et de l'Hôtellerie<br />

: Langues étrangères (Anglais, Espagnol, Italien, Allemand Portugais<br />

Arabe, Espéranto). — Tourisme.<br />

: Orthographe, Rédaction, Rédaction de lettres, Versification, Calcul, Dessin,<br />

Ecriture, Calligraphie.<br />

: Carrières de la Marine marchande.<br />

: Solfège, Chant, Piano, Violon, Clarinette, Mandoline, Banjo, Flûte, Accordéon,<br />

Saxophone, Transposition, Harmonie, Contrepoint, Composition.<br />

Fugue, Orchestration, Professorats.<br />

: Arts du Dessin (Cours universel de dessin, Illustration, Caricature Composition<br />

décorative, Figurines de mode, Aquarelle, Peinture Gravure<br />

-Pastel, Fusain, Décoration publicitaire, Travaux d'agrément Anatomie<br />

artistique, Histoire de l'art, Préparation aux Métiers d'art et<br />

aux Professorats de dessin).<br />

: Métiers de la Couture, de la Coupe, de la Mode et de la Chemiserie<br />

(Petite main, Seconde main, Première main, Couturière Vendeuse<br />

Vendeuse-retoucheuse, Représentante, Modéliste, Coupeuse Coupe pour<br />

hommes, Modiste, Lingère, Professorats libres et officiels)<br />

: Journalisme (Rédaction, Fabrication, Administration) ; Secrétariats<br />

: Cinéma : Scénarios, décors, costumes, art dramatique, technique de<br />

prise de sons et de prise de vues.<br />

: Carrières coloniales.<br />

A expédier gratuitement à M.<br />

Rue<br />

* par<br />

N°<br />

Départ. .<br />

SI vous souhaitez des renseignements ou des conseils spéciaux à votre cas ils vous seront<br />

fournis très complets a titre gracieux et sans engagement de votre part'il vous suffira<br />

le nous les demander sur une feuille quelconque que vous joindrez au bulletin ci-dessus.


MHIIIIII LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 Miiinii H m i■ 1111M11111111111


inrmni > DIMANCHE-ILLUSTRÉ uwiimiii ■iiiiiiiiiiiiiimiiiRiiiiuiiiiiiiiiimiuiiiiiiimii niuuiia 4 «»»" iut«iij»iiimMmBiHi»iiJMimiiiiwimiiiMiiiHi"ii »" LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 mimt<br />

UN CONTE D'ACTION<br />

■UAN ne semble pas tranquille, murmurai par San Roque. Il y a un endroit où nous ne — Sa main s'abattait sur moi !<br />

pas ? dit-il. Je suis soldat ; je veux continuer<br />

un des neuf individus assis autour de ; manquons pas d'intelligences... Nous autres, — Si nous n'avions pas été reconnus, je à me battre.<br />

la table.<br />

nous te quitterons à Gaucin, pour gagner rentrerais tranquillement chez mon père. Le caporal, qui a conduit jusqu'à Cor-<br />

— Non!... Poe el Chrlato! Non!... Estépona.<br />

— Il habite par ici ?<br />

doue les militaires d'un bateau torpillé,<br />

riposta sourdement un homme jeune, à Des pensionnaires de la posada prenaient — Oui. Un village des environs. Je ne connaît ces pièces. Il prend les billets de ban-<br />

visage rude et bronzé, dont les che- place autour de la grande table : un prêtre, le verrai pas... Je ne veux pas qu'il sache ; que, salue et conclut :<br />

veux descendaient en favoris jusqu'au m- j des commis voyageurs arrivés de Bodadilla il méprise les contrebandiers...<br />

— Je- vous souhaite bonne chance... Mais<br />

veau inférieur des oreilles... Je sens qu'on par le dernier train, un lieutenant de chas- Un rire étouffé courut autour de la table. je doute que vous échappiez aussi facile-<br />

nous épie. Vous le savez bien, quand if y à seurs. La servante, crasseuse, piquait une -— Il me croit ouvrier à Alméria. ment lorsque vous arriverez près de Gibral-<br />

un danger, je le flaire, moi ! Je sens le doua- touffe de géranium dans ses cheveux, au- — Un filet est tendu devant nous, reprit-il. tar.nier<br />

et le garde civil à une lieue !... Vous dessus de l'oreille gauche. D'une outre en Il se tut, lanciné par son inquiétude. Après le départ des gardes civils, l'auber-<br />

rappelez-vous, l'année dernière, dans le peau de bouc, un garçon qui ressemblait — Vous quatre, vous n'étiez pas avec giste rappela les contrebandiers.<br />

Nevada ?... Je vous ai arrêtés net, dans un plus à un vagabond qu'à un domestique d'au- nous, lors de... l'affaire, fît-il, soudain ; vos — Merci, fit simplement Juan au marin.<br />

sentier où jamais il n'y avait eu de péril... berge, versait dans les bouteilles le vin épais figures ne sont pas suspectes... Ailez dehors. Tu sais, c'est la vie que tu me sauves. J'étais<br />

Tous mes nerfs se mettaient en révolte. qui teint les verres ; sur les tables, les vases Eaites le guet sur la place. C'est à Ronda bon pour le garrot.<br />

J'aurais parié ma tête que les gendarmes poreux offraient aux convives une eau fraî- qu'est le danger, je vous dis ! Je sens le mal- — Eh ! compère, il faudra déguerpir<br />

étaient plus haut. M'étais-je trompé ?... Auche comme la neige de la Nevada. heur sur nous...<br />

avant'minuit, avertit l'hôte.<br />

jourd'hui, c'est la même chose. Je les flaire. . Après s'être suffisamment lesté d'ome- Un des hommes haussa les épaules. Son Nous gagnerons la montagne... Mais pas<br />

Il parlait bas, mais ses dents grinçaient. lette, de pois chiches et de raisin, le voisin lui toucha le bras :<br />

avant d'avoir fait son affaire à l'homme qui<br />

'— Est-ce moi qui vous mets en danger l Français se leva et sortit.<br />

— Tu n'as jamais eu de pressentiments ?... accompagnait les gendarmes, grinça-t-il<br />

demanda son voisin en mauvais espagnol. Grand, sec, coiffé du large feutre, le cou Tu es trop jeune. Mais tu apprendras qu'il entre les dents.<br />

— Hé ! non ! Tu t'es évadé, tu veux nu, un châle à rayures rouges et jaunes jeté faut y croire... Obéis à Juan.<br />

rejoindre Gibraltar et retourner à ton ba-<br />

Un quart d'heure après rentrèrent les qua-<br />

sur l'épaule, l'enseigne de vaisseau Collin Quatre hommes se levèrent.<br />

teau français au lieu de rester tranquilletre<br />

patrouilleurs. L'un d'eux apportait des<br />

ne pouvait inspirer de soupçons à ceux qui — Ah ! si je tenais un de ces indicateurs !<br />

ment en Espagne ! Si les gardes civils te re-<br />

renseignements précieux.<br />

n'entendaient pas son jargon hispano-fran- fit le chef en serrant les poings.<br />

prennent, ils ne nous accuseront pas de<br />

— Les gardes civils sont sortis avec un<br />

çais. Et il s'était habitué à un mutisme de Ils continuèrent à fumer en silence, tan-<br />

complicité. Les internés qui s'évadent ne<br />

individu que je reconnaîtrai. Ils l'appelaient<br />

trappiste.<br />

dis que les quatre patrouilleurs se disper-<br />

commettent pas un crime !... Il te reste de<br />

Sanche. Je les ai suivis au parc où commen-<br />

l'arqent ?<br />

Rappelé à la base de Casablanca pour saient sur la place. Collin vit ceux-ci s'arçait le concert militaire. Et j'ai pu écouter<br />

prendre le commandement d'un sous-marin rêter à des points où ils pourraient sur-<br />

— Oui.<br />

leurs projets. Ils doivent se retrouver sur<br />

à Toulon, il s'était embarqué à bord d'un veiller les rues d'accès. Au bout de quelques<br />

— Alors, tu pourras t'en tirer en payant,<br />

la place, à deux heures du matin ; ils seront<br />

cargo en partance. Escorté jusqu'à Tanger, minutes, ils disparurent dans ces voies, ju-<br />

si les gardes t interrogent... C'est en arri-<br />

une vingtaine. Pas de danger que nous<br />

le bateau s'était fait torpiller après un jour geant que leur mission y serait plus discrètevant<br />

près de Gibraltar que la difficulté com-<br />

échappions, paraît-il ! D'ailleurs, la posada<br />

mencera.<br />

de navigation dans les eaux espagnoles, et ment et plus activement remplie.<br />

sera gardée à vue. Alors je me suis douce-<br />

— Vous m'avez promis un guide.<br />

n'avait réussi qu'à venir s'enfoncer à cinq Le crépuscule violaçait les ombres. Les ment renseigné sur ce Sanche... On l'appelle<br />

cents mètres de Carthagène. L'enseigne Col- cloches grêles de l'église lancèrent huit<br />

•— Pablo t'accompagnera jusqu'à la zone,<br />

Sanche le Taciturne. Il se promène parfois<br />

lin, envoyé à Cordoue, comme prisonnier de coups dans le silence de la petite ville an- jusqu'à trois et quatre heures du matin, au<br />

guerre, n'avait plus eu qu'une pensée : mon dalouse. Sur la place, rien qu'une vieille bord des roches.<br />

sous-marin m'attend. S'évader en ne connais- femme à la porte du presbytère...<br />

CONCILIEZ HYGIÈNE ET BEAUTÉ<br />

— Je ne lui souhaite pas de le faire ce<br />

sant pas dix mots de castillan était difficile. Un homme d'une cinquantaine d'années soir, gronda Juan.<br />

Vos dents seront plus belles et conserveront une Durant six mois, il piocha la langue de Cer- entra dans une maison aux balcons fleuris —Justement, c'est là qu'il compte atten-<br />

Inaltérable santé si vous les soignez avec le Supervantès, puis il fila, déguisé en paysan. Il prit de géraniums. Or, deux minutes plus tard, dre l'heure.<br />

émail au carmin du Docteur Pierre, qui donne aux<br />

dents une blancheur incomparable et avive le le train pour Alquilar, mais renonça dès le la porte de cette maison se rouvrit et Col<br />

rouge des lèvres et gencives.<br />

lendemain à un mode de locomotion trop lin distingua dans le vestibule les bicornes<br />

convoyé par les gardes civils. Sur les quais de deux gendarmes.<br />

de chaque gare, et dans les wagons mêmes, — Mes nouveaux amis vont être enfer-<br />

ii ne voyait plus que les détestables bicormés dans la souricière, se dit-il.<br />

ES contrebandiers s'entre-regardèrent.<br />

BtRETELLES ÉTIRA nes. , .<br />

Déjà debout, il se dirigea tranquillement Pas besoin de paroles, que' le marin<br />

B MAXIMUM D'ÉLASTICITÉ, m A Osuna, il rencontra cette troupe de vers la posada.<br />

L français n'eût pas approuvées. Ces<br />

contrebandiers qui revenait vers la mer. Le — Les gardes civils ! lança-t-il en entrant regards.^ c était la condamnation de l'indi-<br />

marché fut conclu : on le conduirait à tra- dans la salle.<br />

cateur Sanche.<br />

vers la montagne jusqu'auprès de Gibraltar. Les quatre hommes se dressèrent, mena- Comme l'enseigne se disposait à sortir,<br />

Il s'était confié à ces huit hommes — qui çants. Collin vit briller le canon d'un revol- Juan l'interpella :<br />

pouvaient l'assassiner comme ils voudraient ver. ,<br />

— Sois à une heure sur la Puente Nuevo.<br />

car ils n'ignoraient pas qu'il était sans armes — Suivez-moi ! ordonna Juan. Je connais Nous marcherons pendant la nuit.<br />

et portait une somme suffisante pour payer une cachette dans la maison voisine. L'enseigne se dirigea vers le petit parc,<br />

à tous une semaine de fête à Malaga. Ils disparurent par une porte. qui ouvrait<br />

où jouait la fanfare des chasseurs. Les rues<br />

Mais ces aventuriers un peu sauvages ont sur le cellier. Avant de sortir, le chef se<br />

s'étaient animées d'une vie joyeuse. Une<br />

leur honneur. Quelques jours d'intimité en retourna :<br />

brise d'est apportait toutes les senteurs<br />

libres de la montagne.<br />

avaient même fait des compagnons agréa- — Tu ne viens pas avec nous ?<br />

A une heure du matin, lorsque l'enseigne<br />

bles, de mœurs très frustes et de morale pas- — Non, répondit l'enseigne, c'est peut- se trouva sur le Puente Nuevo, qui, à une<br />

sablement éraillée, mais francs et courageux, être moi qu'ils cherchent. Vous m'ayez dit<br />

gais lurons à leurs heures...<br />

hauteur vertigineuse, enjambe une crevasse,<br />

que je pourrais m'en tirer avec de l'argent. tout était désert autour de lui. Mais lâ-bas,<br />

Après ça, ils s'en iront.<br />

à sa droite, au bord des rocs les plus es-<br />

Il alla s'asseoir sur un banc, auprès de Le marin s'installa à la table d'hôte et carpés, un homme se promenait. Un groupe<br />

la curieuse église dont la tour octogonale fuma tranquillement. Un colloque dans les arrivait par là.<br />

Nourissez Bébé vous-même, s'élève par trois étages jusqu'à la croix. couloirs. Des talons qui résonnent. Deux — Mes bandits sont exacts, pensa le ma-<br />

Collin était sorti par discrétion. Inquiets bicornes s'encadrent dans la porte, suivis de rin. Avant une heure, nous aurons gagné la<br />

ou faites-en un Bébé Nestlé à tort ou à raison, les contrebandiers dési- l'hôtelier et du quinquagénaire de la place. montagne.<br />

raient sans doute se concerter.<br />

— Vous voyez bien qu'ils sont partis, Le groupe s'était divisé. Quatre hommes<br />

Dès qu'ils furent seuls, en effet, les huit proteste l'hôtelier.<br />

marchaient en avant. Ils dépassèrent le pro-<br />

hommes se rapprochèrent, et, au milieu de — Et celui-là ? demande un gendarme. meneur attardé. Soudain, d'un seul mouve-<br />

Lait sucré la fumée des cigarettes, ils parlèrent à voix — Un voyageur arrivé seul.<br />

ment, ils se retournèrent, le saisirent et le<br />

farine lactée basse. Aucun danger que, de la table d'hôte, — Vos papiers.<br />

précipitèrent dans le gouffre.<br />

les pensionnaires pussent surprendre une Collin se lève, très calme :<br />

A cette vue, Collin jeta un cri. L'indica-<br />

seule parole...<br />

— Je ne veux pas dire mon nom devant teur, condamné à mort par Juan, roulait de<br />

— Depuis notre bagarre avec les doua- ces deux hommes, caporal. Quand vous roches en roches. Le jeune homme le vit<br />

niers, il y a deux mois, je ne suis pas tran- serez seul avec votre gendarme, je parlerai. s'arrêter dans une broussaille aux deux tiers<br />

NESTLÉ quille, disait Juan. Nous avons été recon- Le caporal hésite..: Bah ! après tout, il est de sa chute. Instinctivement, Collin bondit<br />

nus !... Sinon, est-ce que je m'inquiéterais ? armé !... Il fait signe à l'indicateur et au vers la gauche, où il savait que des sentiers<br />

'Les aliments parfaits Nous n'emportons aucune marchandise ! posadero.<br />

descendaient dans la plaine. D'ailleurs, les<br />

Pas de preuves ! Nous pourrions répondre Alors Collin tire tranquillement ses piè- contrebandiers le suivaient en courant, dési-<br />

des tout-petits.<br />

aux gendarmes : « Laissez la paix aux bons ces d'identité et les tend, entre deux billets rant s'assurer que leur victime était bien<br />

citoyens!... » Mais il y a le cadavre du de cent pesetas.<br />

morte.<br />

douanier !■... Tu as tiré trop vite,- Pablo !.„ . — Vous n'êtes pas nos ennemis, n'est-ce<br />

(Lire la suite page 15.)


m iiiiii LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 nHMMiiiHmiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiminiiiimimiMiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiii 5 iiiiiiinmiiiiiiiiiiiimuiiniHiiiiiiiiiiiiH ■■■itiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiui DIMANCHE-ILLUSTRÉ «« 3<br />

Si nous connaissons, à l'heure actuelle,<br />

d'une façon presque parfaite, les<br />

intrigues politiques qui se sont<br />

nouées à la cour des rois de France<br />

pendant la deuxième partie du<br />

XV" siècle, c'est surtout à Comines que<br />

nous le devons. Comme la plupart des chroniqueurs<br />

de cette époque, Comines était-il<br />

donc un ménestrel, un frère heureux des<br />

anciens jongleurs, en un mot le louangeur<br />

attitré d'un qrand seigneur qui devenait<br />

ainsi, tout à la fois, le patron et le héros<br />

de l'œuvre entreprise ? Point du tout.<br />

Philippe van den Clyte, sire de Comines,<br />

était d'une excellente famille des Flandres.<br />

S'il écrivit ses Mémoires, ce fut parce que<br />

l'inaction lui pesait, pour son propre plaisir<br />

et non dans l'espoir de récompenses qui ne<br />

pouvaient égaler celles précédemment reçues.<br />

Né en 1445, le sire de Comines ne fut<br />

point un « escumeur » de latin. Les humanités<br />

furent lettres mortes pour lui ; par<br />

contre, son enfance, passa à apprendre le<br />

noble métier des armes, à manier parfaitement<br />

le cheval. Ce fut donc un fort gentil<br />

page que le duc de Bourgogne, Philippe<br />

le Bon, vit arriver un jour et qu'il s'empressa<br />

de donner pour compagnon à son fus, le<br />

comte de Charolais.<br />

Une étroite amitié ne tarda pas à unir<br />

ces jeunes gens. Petit-fils de Jean Sans Peur,<br />

le comte de Charolais ne devait pas mentir<br />

à sa valeureuse ascendance ; bientôt, il<br />

changeait son nom pour un autre que l'Histoire<br />

n'oubliera pas de sitôt et que Comines<br />

put graver en lettres d'airain, celui<br />

de Charles le Téméraire.<br />

NTRER dans la vie aux côtés d'un si noble<br />

E et puissant personnage était déjà une<br />

chance, l'espérance d'une existence aventureuse<br />

et pleine de prouesses. Le comte de<br />

Charolais n'était pas maître à laisser chômer<br />

ses bons compagnons et c'est pourquoi<br />

nous trouvous, en H65, le jeune Comines<br />

tout à l'enthousiasme de ses vingt ans, sur<br />

le champ de bataille de Montlhéry.<br />

Il se battait sous la. bannière de la Ligue<br />

du Bien Public et l'ennemi était représenté<br />

par un jeune homme qui, lui aussi, devait<br />

faire ses premières preuves de bravoure et<br />

de stratégie dans cette journée. C'était un<br />

certain Louis, qui venait de recueillir la<br />

couronne de France et entendait la porter<br />

sans avoir à la tenir de ses nobles féaux.<br />

Louis XI inaugurait son règne de façon singulière.<br />

La Ligue du Bien Public n'avait guère<br />

"d'autre motif que la défense des intérêts et<br />

des privilèges féodaux contre l'autorité<br />

royale. Le détenteur de la couronne voulait<br />

abaisser les grands possesseurs de fiefs.<br />

La lutte s engagea sous les tours même<br />

du château célèbre dans l'histoire du moyen<br />

.âqe par ses résistances au pouvoir et que^ les<br />

premiers successeurs de Hugues Capet n'ac-<br />

'quirent qu'en s'alliant aux seigneurs de<br />

Montlhéry. Pour la première fois, Comines<br />

put voir à l'œuvre ceux qu'il devait servir<br />

avec des fortunes diverses — Charles et<br />

Louis — et leurs actes, dans cette journée,<br />

lui dictèrent peut-être sa conduite future.<br />

Les soldats avaient mollement engagé le<br />

combat, mais les deux chefs accomplissaient<br />

prouesses sur prouesses. Louis XI eut un<br />

cheval tué sous lui au plus fort de la mêlée.<br />

On le crut mort ; mais, reparaissant soudain,<br />

il rallia ses troupes et, par trois fois, les<br />

ramena à l'assaut. Seulement, le jeune Louis<br />

était déjà un fin renard ; le gain de la journée<br />

étant assuré, il rentra vivement dans<br />

Paris, enjeu de la bataille. Comines nous<br />

montre alors le comte de Charolais tout<br />

gonflé d'orgueil. « Il estima la gloire être<br />

sienne, ce qui, depuis, lui a coûté bien cher,<br />

car jamais plus il n'usa de conseil d'homme,<br />

mais du sien propre et, par là, fut finie sa<br />

vie et sa maison détruite. »<br />

Néanmoins, étant Flandrien, Comines<br />

se trouvait attaché au sort de cette maison<br />

par Emile Pagès<br />

de Bourgogne. Sans consulter ses préférences<br />

secrètes, il suivit donc la fortune du<br />

comte de Charolais. Cette fortune le conduisit<br />

sur maints champs de bataille, Charles<br />

ne cessant de guerroyer. Il assista ainsi à<br />

la destruction de Liège, à des scènes d'horreur<br />

qui révoltaient son humanité et son<br />

sens de fin politique.<br />

C'est de cette époque, sans doute, que<br />

date le refroidissement de l'amitié du duc<br />

et de son serviteur. Charles le Téméraire<br />

n'autorisait aucun conseil et Comines<br />

commença à essuyer bien des rebuffades, des<br />

brutalités même, dit-on. L eloignement ne fit<br />

que s'accentuer entre les deux hommes, à<br />

la suite de la fameuse entrevue de Péronnc.<br />

Louis XI était pris dans le piège ; au comble<br />

de la colère, le duc de Bourgogne n'avait<br />

qu'un geste à faire pour supprimer son royal<br />

cousin. Comines osa parler haut, s'opposer<br />

au geste.<br />

Charles le Téméraire ne pardonna jamais<br />

ce conseil de clémence, mais Louis ne l'oublia<br />

pas. Aussi, en 1472, lorsque la vie fut<br />

devenue impossible auprès du premier maître,<br />

Comines trouva-t-il une refuge près<br />

de celui qui, depuis fort longtemps, attendait<br />

sa venue.<br />

A la cour de France, l'arrivant ne trouva<br />

pas de grands seigneurs en adulation perpétuelle<br />

devant le maître ; un entourage effacé,<br />

des hommes simples, un médecin, un barbier :<br />

Tristan Coictier, Olivier le Daim. Mais ces<br />

hommes sans titres étaient rompus à toutes<br />

les difficultés de la diplomatie, savaient parfaitement<br />

déjouer les intrigues, démasquaient<br />

les traîtres : un cardinal La Ballue, un-connétable<br />

de Saint-Pol, un duc de Nemours.<br />

Le duc de Nemours ! Comines assista à<br />

toutes les phases de cette sanglante tragédie.<br />

Allié à la famille des Armagnacs,<br />

Nemours, petit ca'det de fortune, était passé<br />

plusieurs fois du service de Louis XI à celui<br />

de ses ennemis. Las de ces volte-face, le<br />

8 juillet 1470, le roi fit jurer à Nemours<br />

que, désormais, il lui serait fidèle et l'avertirait<br />

de tout ce qui se tramerait contre lui.<br />

Nemours prêta le serment terrible qui engageait<br />

sa tête. Mais des yeux vigilants surent<br />

lire dans sa correspondance au connétable<br />

de Saint-Pol et le seigneur de Plessis-les-<br />

Tours remit Nemours aux mains de son<br />

tortionnaire juré en lui disant : « Faites-le<br />

moi bien parler ; faites-le moi parler clair. »<br />

Le duc parla clair, très clair... et sa tête<br />

roula sous le glaive du bourreau en la place<br />

des Halles.<br />

Le sire Philippe de Comines et sa femme en prières, d'après une sculpture<br />

du quinzième siècle (Musée du Louvre).<br />

Le supplicié laissait de grands biens. Comines<br />

rêva de les faire entrer dans sa maison.<br />

Nemours n'avait-il pas un fils et lui possédait<br />

une fille. Une telle idée était bien de<br />

ce fin politique, qui s'assurait en outre la<br />

bienveillance de Louis XI, heureux de voir<br />

l'héritier d'un rebelle s'allier à la famille<br />

d'un de ses plus fidèles serviteurs. Seulement<br />

Coictier et Olivier, jaloux de ce grand seigneur<br />

trop bon diplomate, le desservirent<br />

de toutes leurs forces auprès du maître.<br />

C'est qu'il y avait vraiment de quoi exciter<br />

l'envie. Alors que les autres demeuraient<br />

obscurs, bien que payés magnifiquement,<br />

Comines, lui, grandissait d'éclatante manière.<br />

Maintenant, il se voyait paré de la<br />

dignité de sénéchal du Poitou et s'honorait<br />

du titre de seigneur d'Argenton. Au surplus,<br />

il gagnait dignement ces honneurs.<br />

Après avoir servi Charles le Téméraire<br />

au péril même de sa vie, il servait maintenant<br />

avec fidélité et empressement ce<br />

Louis XI qu'il admirait et dont il appréciait<br />

les qualités supérieures. Il y avait entre le<br />

roi et lui une unité parfaite de vues.<br />

Aussi Comines fut-il désigné pour se<br />

rendre en Flandre, en Bourgogne, en Angleterre.<br />

A cette époque, il est à l'apogée de<br />

sa carrière. Villemain l'a bien dépeint :<br />

« Comines est un esprit sérieux, solide,<br />

intelligent de toutes les ruses, jugeant avec<br />

un sens merveilleux le caractère, la forme,<br />

le but des gouvernements ; plus habile que<br />

scrupuleux, mais cependant s'élevant à la<br />

probité par le bon sens, parce que, à tout<br />

prendre, elle est plus raisonnable que le<br />

reste et qu'elle assure mieux le maintien de<br />

la puissance. »<br />

Donc, pendant onze ans, jusqu'à la mort<br />

du roi en 1483, Comines fut le confident<br />

de Louis XI, son intime, son « valet de<br />

chambre ». Un valet de chambre grand<br />

seigneur, cela va sans dire et qui ne pouvait<br />

disparaître brusquement de la scène politique<br />

comme un Olivier, un Tristan l'Hermite,<br />

du fait d'un trépas illustre. D'ailleurs,<br />

pour un tel politique, la situation paraissait<br />

excellente.<br />

Une femme, Anne de Beaufeu, fille du roi<br />

défunt, exerçait la régence jusqu'à la majorité<br />

de son jeune frère, le futur Charles VIII.<br />

Un épisode vécu des Chroniques de Comines: «La mort du duc Charles le<br />

Jeméraire devant Nancy, en 1477 », d'après une ancienne enluminure.<br />

Bien entendu, l'occasion était belle aux<br />

ambitions pour se débrider ; ce fut une ruée<br />

autour de la couronne. Comines pressentait<br />

la fortune du duc d'Orléans, dans lequel<br />

il devinait un homme capable de devenir roi.<br />

Il prit donc place à ses côtés et entra à sa<br />

suite dans le grand complot des princes.<br />

Malheureusement, le seigneur d'Argenton<br />

avait des affaires très compliquées, entre<br />

autres certains démêlés avec la puissante<br />

famille des La Trémoïlle, que Louis XI avait<br />

dépouillée à son profit du fief de Talmont.<br />

Anne de Beaujeu jeta les yeux sur l'ancien<br />

valet de chambre de son père ; elle reconnut<br />

en lui un ennemi qu'il ne ferait pas bon<br />

dédaigner et, opposant la fermeté à la ruse,<br />

elle ruina en une minute les espérances politiques<br />

du conspirateur. Comines fut arrêté<br />

purement et simplement.<br />

A<br />

SON tour, il fit connaissance avec les fameuses<br />

« fillettes » du roi. son ami, les<br />

cages de fer du sinistre château de Loches.<br />

Il eut huit bons mois pour en juger le parfait<br />

agencement et gémir comme l'avaient<br />

précédemment fait d'illustres prisonniers.<br />

De là, on le transféra à Paris où un sort<br />

plus doux l'attendait. Sa prison se trouva<br />

en « la haulte chambre de la Tour carrée<br />

de la Conciergerie ». Là, il avait une distraction<br />

merveilleuse pour tuer le temps. Il<br />

regardait passer les bateaux ! principalement<br />

« ceux qui montaient contremont la<br />

rivière de Seine du côté de Normandie ».<br />

Mais le passage des chalands ne suffisait pas<br />

pour occuper l'esprit d'un homme tel que<br />

Comines et, après avoir passé les années<br />

1488 et 1489 dans cette situation mélancolique,<br />

il obtint de plaider sa cause luimême.<br />

Son qrand talent aidant — et aussi<br />

parce que le duc d'Orléans était rentré en<br />

faveur — il obtint sa grâce.<br />

Aussi, en 1492, le voyons-nous faire partie<br />

de l'expédition d'Italie. Charles VIII a appris<br />

à estimer à sa juste valeur le valet de chambre<br />

de son père. Il lui confie plusieurs missions<br />

diplomatiques aux cours italiennes de<br />

Venise et de Milan. Elles n'aboutissent pas<br />

toutes à des succès et les ennemis du seigneur<br />

d'Arqenton en profitent pour le rejeter<br />

dans l'ombre. Mais le fin matois possède<br />

plus d'une corde à son arc. Contre toute<br />

espérance, en 1495, nous le retrouvons en<br />

Italie, auprès du roi, et participant à cette<br />

chevauchée merveilleuse dont il a lui-même<br />

dit que : « Charles VIII réussit si bien qu'il<br />

faut conclure que ce voyage fut conduit de<br />

Dieu tant à l'aller qu'au retourner. » Ce<br />

n'étaient que cavalcades, fêtes, tournois.<br />

Le 31 décembre, l'entrée à Rome se fit « en<br />

bel et furieux ordre de bataille, trompettes<br />

sonnantes et tambours battants. »<br />

Mais, aux approches de la terre de France,<br />

le sort sembla soudain vouloir donner un<br />

démenti à cette promenade triomphale. Le<br />

lundi 6 juillet 1495, les Français, au nombre<br />

de 9.000, se trouvèrent en présence d'une<br />

nombreuse armée forte de 40.000 hommes,<br />

concentrée dans les défilés des Alpes, près<br />

de Fornoue. Le péril exalta tous les cou-?<br />

rages. Ecoutons Comines parler de cette<br />

journée où il joua de l'épée une fois de plus :<br />

« Le petit roi n'était plus reconnaissable<br />

tant il était grand, ferme, audacieux. Je vins<br />

à lui et le trouvais armé de toutes pièces<br />

et monté sur le plus beau cheval que j'ai<br />

vu de mon temps. Il semblait que ce jeune<br />

homme fut tout autre que sa nature né por-;<br />

tait, ni sa taille, ni sa complexion, et ce<br />

cheval le montrait grand, et avait le visage<br />

bon et la parole audacieuse et sage. »<br />

; \ (Lire la suite page 14.)


DIMANCHE-ILLUSTRÉ mmum iiiulimi imn« ■■ iniiiiiiimiiiiuiM i 6 iiiïiiiiii iiiiiiiiiiuiiiiiiciiiiiimii i ""»"' iiiiiiiiiimiu LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 iiiiimt?<br />

LA SUITE: AU PROCHAIN NUMÉRO...<br />

J'ai noté les termes mêmes de la discussion<br />

; mais voici qu'elle dégénère en une<br />

bruyante dispute, où s entre-croisent les<br />

mois polysyllabes du jargon scientifique.<br />

C'est sans contredit un privilège...<br />

IUMMERLEE regarda<br />

et acquiesça. M'approchant<br />

à mon<br />

tour, je vis un être<br />

minuscule, qui semblait<br />

fait en verre<br />

pilé, glisser, dans<br />

une sorte de coulée<br />

visqueuse, à travers le rond de<br />

lumière. Lord John, lui, acceptait<br />

tout de confiance.<br />

— Peu me chaut que votre animal<br />

soit mort ou vif, dit-il. Lui et<br />

moi ne nous connaissons même<br />

pas de vue. Pourquoi m'en soucierais-je<br />

? Je ne suppose pas qu'il<br />

s'inquiète de notre santé.<br />

Je partis de rire; sur quoi, Challenger<br />

me lança un coup d'œil si<br />

méprisant qu'il me glaça.<br />

— La légèreté de l'homme à<br />

demi éduqué, dit-il, est pour la<br />

science un pire obstacle que l'ignorance<br />

obtuse. Si lord John Roxton<br />

voulait se donner la peine...<br />

— Un peu de modération, mon<br />

cher George, fit Mrs Challenger,<br />

en passant sa main dans la noire<br />

crinière penchée sur le microscope.<br />

Qu'est-ce que cela peut faire que<br />

cette amibe vive ou ne vive pas ?<br />

— Cela peut faire beaucoup, répliqua,<br />

d'un ton pincé, Challenger.<br />

— Soit, nous vous écoutons ! fit<br />

lord John, qui sourit, sans rancune.<br />

Autant parler de cela que d autre<br />

chose, ci vous pensez que j'ai<br />

traité votre animal trop cavalièrement<br />

ou que je l'ai blessé en quoi<br />

que ce soit, je lui fais mes excuses.<br />

■— Pour ma part, intervint Summerlee<br />

de sa voix grinçante et chicanière,<br />

je ne comprends pas l'importance<br />

que vous attachez a ce<br />

que votre amibe vive. Elle habite<br />

la même atmosphère que nous, d'où<br />

s'ensuit naturellement que le poison<br />

n'agit pas sur elle. Hors de cette<br />

chambre, elle périrait.<br />

— Vos observations, mon bon<br />

Summerlee, dit Challenger, énorme<br />

d'indulgence (ah ! que ne puis-je<br />

peindre cette tête hautaine, sous<br />

l'éclatant reflet circulaire que lui<br />

envoyait le miroir du microscope ! )<br />

vos observations montrent que vous<br />

appréciez mal la situation. Ce spécimen<br />

a été monté hier, et il est<br />

hermétiquement clos. Il ne reçoit<br />

rien de notre oxygène. Mais, bien<br />

entendu, notre éther a pénétré jusqu'à<br />

lui, comme jusqu'à tout autre<br />

point de l'univers. Il a donc survécu<br />

au poison. Vous pouvez en<br />

conclure que toutes les amibes qui<br />

sont hors de cette chambre, au lieu<br />

d'être mortes, selon votre affirmation<br />

erronée, survivent à la catastrophe.<br />

— Eh bien, même à présent, je<br />

„ me sens pas l'envie de bu'/lei<br />

de joie. En quoi la chose a-t-elle<br />

une importance ?<br />

— Simplement en ceci : que le<br />

monde continue à vivre. Si vous<br />

aviez l'imagination scientifique,<br />

vous projetteriez votre esprit au<br />

delà du fait actuel ; vous verriez,<br />

d'ici à quelques millions d'années<br />

— simple période transitoire dans<br />

l'immense série des âges — fourmiller<br />

de plus belle, sur toute la<br />

terre, la vie animale et la vie humaine,<br />

issues de cet imperceptible<br />

germe. Vous avez rencontré de ces<br />

prairies où l'incendie, effaçant<br />

toute trace de gazon et de plantes,<br />

n'a laissé qu'une étendue noirâtre.<br />

Vous les croiriez vouées à n'être<br />

éternellement qu'un désert. Mais,<br />

dans le sol, les racines restent ; repassez<br />

par là quelques années plus<br />

tard, vous ne reconnaîtrez pas les<br />

plages ravagées. L'infime créature<br />

que voici porte en elle les racines<br />

de. la vie animale ; et par les puissances<br />

de développement qu'elle<br />

renferme, par son évolution, elle<br />

ne peut manquer, avec le temps,<br />

| de supprimer jusqu'à la dernière<br />

' trace de la crise sans ______<br />

pareille où nous som- __»___■!<br />

mes englobés.<br />

— Diablement Intéressant<br />

! dit lord<br />

John, qui, sans en<br />

avoir l'air, s'était<br />

tout de même rapproché<br />

du microscope.<br />

Le drôle de petit personnage,<br />

à cataloguer<br />

numéro 1 parmi les<br />

portraits d ancêtres !<br />

Il a sur lui comme un<br />

gros bouton de chemise.<br />

— Cet objet sombre<br />

est son nucléus,<br />

énonça Challenger, à<br />

la façon d'une gouvernante<br />

qui montre<br />

l'alphabet à un gamin.<br />

— Ainsi, maintenant,<br />

poursuivit lord<br />

John en riant, nous<br />

n'allons plus nous<br />

sentir seuls, il y a un<br />

autre vivant que nous<br />

sur la terre.<br />

— Vous semblez<br />

tenir pour acquis, dit<br />

Summerlee. que le<br />

monde, de par sa<br />

création, a pour unique<br />

objet de produire<br />

et d'entretenir la vie<br />

humaine ?<br />

— Mais, monsieur,<br />

quel objet différent<br />

lui supposeriez-vous?<br />

d urtanda Challenger,<br />

A.CONAN DO/LE<br />

TRADUCTION DE<br />

LOUIJT LABAT<br />

qui se gendarmait à la moindre<br />

contradiction.<br />

— Je trouve monstrueuse, quand<br />

j'y réfléchis, la prétention de<br />

i'nomme se figurant que le monde<br />

est un théâtre bâti pour qu'il s'y<br />

pavane.<br />

— Sans dogmatiser là-dessus,<br />

sans y mettre non plus de ce que<br />

vous appelez, bien témérairement,<br />

une monstrueuse prétention, nous<br />

pouvons à coup sûr affirmer que<br />

nous occupons le rang le plus élevé<br />

dans la nature.<br />

— Le plus élevé à notre connaissance.<br />

— Cela, monsieur, va sans dire.<br />

— Pensez aux millions, et<br />

peut - être aux billions d'années<br />

pendant lesquelles la terre roula<br />

toute vide dans l'espace, ou, sinon<br />

toute vide, du moins sans aucune<br />

idée ni aucun signe annonciateur<br />

de l'espèce humaine. Imaginez-la<br />

baignée par la pluie, grillée par le<br />

soleil, fouettée par le vent.^ durant<br />

ces innombrables siècles. L'homme<br />

ne date que d'hier dans l'ordre des<br />

temps géologiques. Pourquoi dt-<br />

RÉSUMÉ DES CHAPITRES PARUS<br />

ALONE, journaliste, est<br />

M chargé d'interviewer le<br />

professeur Challenger, à la<br />

suite d'un article paru dans<br />

le Times, sur les « possibi=<br />

lités scientifiques de la fin<br />

du monde». 11 rencontre à<br />

la gare des amis de Challen'<br />

ger qui ont reçu de ce dernier<br />

un télégramme leur demandant<br />

de le rejoindre,<br />

avec des tubes d'oxygène,<br />

dans sa villa de la grande<br />

banlieue de Londres.<br />

En arrivant, ils rencontrent<br />

le professeur Challenger,<br />

venu les chercher en<br />

automobile. Challenger leur<br />

explique que notre planète a<br />

rencontré dans l'éther une<br />

zone de poison, et qu'elle<br />

s'y" précipite à la vitesse<br />

de quelques millions de<br />

milles par minute. C'est de<br />

là que leur viennent les malaises<br />

ressentis par eux et<br />

par lui-même. Déjà l'atmosphère<br />

est devenue irrespirable<br />

et, dans la campagne,<br />

gens et bêtes s'abattent<br />

partout comme foudroyés.<br />

Par bonheur, une pièce de<br />

la villa se trouve être parfaitement<br />

étanche : c'est le<br />

boudoir de la femme du professeur,<br />

Mrs Challenger.<br />

Tous s'y précipitent munis<br />

des précieux tubes d'oxygène<br />

qui constitueront leur<br />

suprême ressource quand<br />

l'air viendra à leur manquer,<br />

ressource qui sera ellemême,<br />

inévitablement, trop<br />

vite épuisée.<br />

Pourtant, le professeur,<br />

grâce à un procédé ingénieux,<br />

a réussi à détruire<br />

chimiquement l'oxyde de<br />

carbone dégagé dans la<br />

pièce où sont emprisonnés<br />

les héros de cette aventure.<br />

Le petit groupe de reclus<br />

est convaincu que, grâce à<br />

un concours de circonstances<br />

providentiel, il est seul<br />

à avoir échappé, de par le<br />

vaste monde, à cette fin affreuse.<br />

Sur ces entrefaites,<br />

le professeur Challenger,<br />

que tracassent jusqu'au seuil<br />

de la mort les préoccupations<br />

scientifiques, étudie<br />

au microscope, une goutte<br />

d'eau, dans leur refuge y<br />

découvre un microbe vivant.<br />

Cette trouvaille, en apparence<br />

dérisoire, semble le<br />

plonger dans une joie si<br />

profonde, que ses compagnons<br />

d'infortune, qui n'en<br />

entrevoient guère l'importance,<br />

en arrivent presque<br />

à douter s'il a conservé<br />

toute sa raison—<br />

créter que cette formidable préparation<br />

se faisait à son bénéfice ?<br />

— Au bénéfice de qui, alors, ou<br />

de quoi ?<br />

Summerlee haussa les épaules.<br />

« Comment le dire ? C'est peutêtre<br />

ce que nous ne saurions même<br />

concevoir, car peut-être l'homme<br />

n'est-il qu'un simple accident, un<br />

sous-produit qui se sera dégagé au<br />

cours des choses : ainsi l'écume de<br />

l'Océan imaginerait que l'Océan fut<br />

créé pour la produire et l'entretenir,<br />

ou une souris de cathédrale<br />

que l'édifice fut construit et aménagé<br />

pour sa résidence. »<br />

j'ai noté les termes mêmes de la<br />

discussion ; mais voici qu'elle dégénère<br />

en une bruyante dispute, où<br />

s'entre-croisent les mots polysyllabes<br />

du jargon scientifique. C'est<br />

sans contredit un privilège que<br />

d'écouter deux hommes de cette<br />

intelligence débattre les plus hautes<br />

questions ; mais leur perpétuel<br />

discorde fait que des profanes<br />

comme lord John et moi n'en tirent<br />

pas grand'chose de positif. Ils se<br />

neutralisent l'un l'autre, et nous<br />

^^^^^^ restons Gros - Jean<br />

■■ — " — comme devant. A<br />

présent, tout ce beau<br />

vacarme a cessé ;<br />

Summerlee s'est rassis<br />

sur sa chaise, pendant<br />

que Challenger,<br />

manœuvrant encore<br />

les vis de son microscope,<br />

fait entendre,<br />

sans répit, un<br />

grondement sourd,<br />

profond, inarticulé,<br />

comme la mer après<br />

la tempête. Lord John<br />

me rejoint à la fenêtre,<br />

et nous regardons<br />

la nuit au dehors.<br />

Une lune nouvelle,<br />

la dernière que doivent<br />

contempler des<br />

prunelles humaines,<br />

luit d'un pâle éclat.<br />

Mais les étoiles ont<br />

une vivacité singulière.<br />

Même dans<br />

l'air transparent du<br />

plateau sud - américain,<br />

je ne les vis jamais<br />

plus brillantes.<br />

Est-ce que la modification<br />

de l'éther affecterait<br />

la lumière ?<br />

Le bûcher funéraire<br />

de Brighton flambe<br />

toujours, et une<br />

rande tache rouge<br />

âans le ciel, vers<br />

l'ouest, dénonce quelque<br />

sinistre à Auruiidel,<br />

Chichester<br />

ou Port3mout_. Je<br />

...que d'écouter deux hommes de cette<br />

intelligence débattre les plus hautes questions<br />

; mais leur perpétuel discord fait que<br />

des profanes comme lord John et moi<br />

n'en tirent pas grand'chose de positif.<br />

me rassieds, je médite, de temps<br />

en temps je prends une note. Il<br />

flotte dans l'air une mélancolique<br />

douceur. Jeunesse, beauté, amour,<br />

vertus chevaleresques, tout cela<br />

est-il fini ? Sous les rayons des astres,<br />

cette terre semble le pays du<br />

rêve et de la paix. Que nous voilà<br />

loin d'un Golgotha de la race humaine,<br />

terrible et couvert de cadavres<br />

! Je me surprends soudain à<br />

rire.<br />

— Holà ! jeune homme, qu'y<br />

a-t-il ? fait lord John, me dévisageant,<br />

très étonné. Un bon sujet de<br />

gaieté a son prix en des temps si<br />

rudes.<br />

— Je pensais, dis-je, à toutes les<br />

grandes questions qui restent sans<br />

solution après ce qu'elles nous ont<br />

coûté de soins et de peine. La<br />

question de la rivalité anglo-allemande,<br />

par exemple, ou celle du<br />

golfe Persique, qui passionnait<br />

mon directeur. Aurions-nous jamais<br />

prévu, quand elles nous donnaient<br />

tant de tintouin, la façon<br />

dont elles devaient se résoudre ?<br />

Nous retombons dans le silence.<br />

Sans doute chacun de nous songe<br />

aux amis déjà partis. Mrs Challenger<br />

sanglote, et son mari, à voix<br />

basse, la console. Je revois toutes<br />

sortes de gens ; je me les représente<br />

couchés, rigides et blêmes,<br />

comme le pauvre Austin dans la<br />

cour. Me Ardle entre autres : je<br />

sais, par le bruit de sa chute, sa<br />

position exacte, le visage sur son<br />

bureau, la main sur son'téléphone.<br />

Et Beaumont, notre directeur :<br />

vraisemblablement, il s'allonge sur<br />

le tapis de Turquie bleu et'rougé<br />

qui orne son sanctuaire. Et les camarades,<br />

dans la salle des reporters,<br />

Macdonna, Murrey, Bond :<br />

ils sont certainement morts à l'œuvre,<br />

ayant en main leurs carnets<br />

bourrés d'impressions vivantes et<br />

de faits prodigieux. Je les imagine,<br />

celui-ci dépêché auprès des docteurs,<br />

cet autre à Wesminster, ce<br />

troisième à Saint-Paul. De quelles<br />

fulgurantes « manchettes » ils auront<br />

eu la vision suprême, qui jamais<br />

ne devait se matérialiser en<br />

encre d'imprimerie ! Je vois Masdonna<br />

chez les docteurs. « On espère<br />

à Harley Street. Interview de<br />

Mr Soley Wilson. Le grand spécialiste<br />

dit « Ne perdons pas. cou-<br />

» rage ». Notre correspondant particulier<br />

a trouvé l'éminent savant<br />

juché sur son toit, où l'avait forcé<br />

de se réfugier la foule de clients<br />

épouvantés qui avaient envahi sa<br />

demeure. Sans dissimuler qu'il mesurât<br />

l'immense gravité de la situation,<br />

le célèbre médecin a refusé<br />

d admettre que toutes les avenues<br />

de l'espoir fussent closes ». Ainal


•wiiiii.LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 mm '■■muni iiniii m iniii m IIIIIIIIIIIIII m 7 IIIIIIIIIII IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIUIIIIIIIII iiiiiNiiiiniiiiiiiMi i ni DIMANCHE-ILLUSTRÉ immin<br />

débuterait Mac. Puis il y avait son col, que le hérissement touffu<br />

Bond. Sans doute avait-il « fait »<br />

conscience de la situation, les notre triste chambre empoisonnée,<br />

et luxuriant de sa barbe. Il ronfle,<br />

Et, de toute sa force, il lança'<br />

Saint-Paul. Il soignait son style.<br />

craintes de l'homme dominaient un nous contemplions comme un rê-ve<br />

en vibrant de tout son corps, et le<br />

sa lorgnette contre la vitre.<br />

Ma parole, quel thème pour lui !<br />

instant chez lui le stoïcisme du sa- de beauté cette glorieuse et pure<br />

ténor aigu de Summerlee répond vant. Lord John était 'aussi froid,<br />

Les derniers éclats du verre<br />

« Tandis que, de la petite galerie<br />

campagne caressée par les brises. r<br />

ar intervalles à sa basse sonore,<br />

sous le dôme, je plongeais 'le re-<br />

aussi alerte que s'il se fût levé un<br />

n'avaient pas teinté sur le parquet<br />

Mrs Challenger tendait une main<br />

Eord John sommeille aussi, sa lon- matin de chasse.<br />

de la chambre qu'une bouffée de<br />

gard dans toute cette humanité<br />

vers elle, comme dans un geste<br />

gue personne pliée de travers dans — Cinquième et dernier, dit-il,<br />

vent salubre, à la fois violente et<br />

grouillante, prosternée par le dé-<br />

d'imploration. Nous rapprochâmes<br />

un fauteuil d'osier. Déjà l'aube lorgnant le tube. Or ça, jeune<br />

douce, frappait en plein nos visages<br />

sespoir aux pieds d'une puissance<br />

nos sièges pour les ranger en demi-<br />

glisse un peu de sa froide clarté<br />

congestionnés.<br />

homme, vous n'allez pas prétendre<br />

quelle avait si obstinément ignocercle<br />

devant la fenêtre. Déjà l'at-<br />

dans la chambre. Tout est gris et aue ' vous vous donniez la peine<br />

Je ne sais combien de temps nous<br />

rée, par dessus les remous de la<br />

mosphère devenait très lourde.<br />

morne.<br />

d'écrire vos impressions dans ce<br />

demeurâmes sur place, éperdus,<br />

foule montait jusqu'à mes oreilles Je regarde se lever le soleil, le<br />

— Ce cylindre n'a pas l'air de<br />

carnet sur votre genou ?<br />

muets. Enfin, comme dans un<br />

un tel murmure de terreur et de<br />

vouloir beaucoup durer, dit lord<br />

fatal soleil qui va éclairer un monde —■ Quelques notes, simplement,<br />

songe, j'entendis la voix de Chal-<br />

prière, une si frémissante adjura-<br />

John, respirant avec , peine.<br />

dépeuplé. Un jour a suffi pour pour tromper les heures.<br />

lenger :<br />

tion vers l'inconnu, que... ». Ainsi éteindre la race humaine ; mais les<br />

— La quantité d'oxygène varie<br />

de suite.<br />

— Je doute que l'idée en fût ve-<br />

— Nous voici revenus aux<br />

planètes continuent leur ronde, les<br />

d'un cylindre à l'autre, dit Chalnue<br />

à personne qu'un Irlandais.<br />

conditions normales ! criait-il. Le<br />

Oui, ç'avait été une belle fin marées s'élèvent et s'abaissent, le<br />

lenger. Cela dépend de la pression<br />

Pour avoir un lecteur, il va falloir<br />

monde a rejeté sa ceinture de poi-.<br />

pour un reporter, bien qu'il fût vent soupire ; la nature poursuit ses<br />

et du soin avec- lequel- on les<br />

attendre, je crois, que notre jeune<br />

son!-Mais, de toute l'humaniité,<br />

mort, comme je vais mourir, en | voies, jusque, semble-t-il, dans<br />

charge. Je croirais volontiers comme<br />

soeur l'amibe ait un peu monté en<br />

nous seuls avons échappé au dé-<br />

possession de trésors inemployés. l'amibe même, et pas un signe ne<br />

vous, Roxton, que celui-ci laisse à<br />

graine ; et elle n'en paraît pas<br />

sastre !<br />

Que ne donnerait Bond, le pauvre<br />

désirer.<br />

manifeste que celui qui s'intitulait pressée. Eh bien, professeur, quel-<br />

garçon, pour voir ses initiales le roi de la création ait jamais réles perspectives ?<br />

— De sorte qu'on nous aura volé<br />

J.-H. B. au bas des lignes que je joui ou désolé l'univers par sa pré-<br />

crois lire !<br />

Challenger regardait le brouil-<br />

la dernière heure de notre vie !<br />

sence. En bas, dans la cour, Austin lard du matin noyer le paysage.<br />

s'écria Summerle avec amertume.<br />

Mais voilà bien du radotage. s'étale de tous ses membres, livide Sur cet océan d'ouate, les coteaux<br />

Admirable trait de notre siècle sor-<br />

Manière de passer le temps. Mrs sous la clarté du petit jour, et boisés dressaient des îlots conidide<br />

! Allons, Challenger, voici pour JE no;,s revois tous, sur nos<br />

Challenger s'est retirée dans le ca- brandissant encore de sa main ques.<br />

vous le moment, si le cœur vous en chaises, aspirant gloutonnebinet<br />

de toilette ; elle dort, nous morte la lance d'arrosage. L'huma- — On dirait un linceul, dit Mrs<br />

dit, d'étudier les phénomènes subnement cette.bonne brise ma-<br />

dit le professeur. Lui, cependant, nité se personnifie dans cet homme Challenger, qui avait revêtu' un<br />

jectifs de la dissolution physique. rine du sud-ouest qui agitait la<br />

rend des notes et consulte des ainsi couché, à demi grotesque, à<br />

E peignoir. Elle était prophétique, — Mettez-vous sur ce tabouret, mousseline des rideaux et nous ra-<br />

ouquins à la table centrale, aussi demi pathétique, et totalement dé- George, cette chanson que vous contre mes qenoux, et donnez-moi fraîchissait la figure. Combien de<br />

calme que s'il avait en perspective chu de sa puissance, près de la ma- aviez coutume de chanter : Enve- la main, dit Challenger à sa femme. temps nous fûmes là sans bouger,<br />

des années de labeur paisible. Sa chine qu'il gouvernait...<br />

loppe le vieux, enveloppe le jeune. J'estime, mes amis, qu'il ne sert je me le demande. Plus tard, nous<br />

plume d'oie mène grand bruit sur Ici s'arrêtent mes notes. Depuis, Mais vous grelottez, mes pauvres plus à rien de résiter dans cette ne parvenions nas à nous accorder<br />

le papier, comme pour crier son les événements se sont trop préci- amis. J'ai passé la nuit au chaud intolérable atmosphère. Vous n'y sur ce point. Nous étions ahuris,<br />

mépris des opinions adverses. pités, et avec trop de violence, dans mes couvertures, pendant que tenez pas, ma chérie, n'est-ce pas ? étourdis, hébétés. Tous, devant la<br />

Summerlee, ployé de côté sur sa pour me permettre d'écrire. Mais vous geliez sur vos chaises. Je vais Mrs Challenger, avec une petite mort nous evions tendu notre cou-<br />

chaise, émet de temps à autre un la mémoire m'en restitue fidèlement réparer cela.<br />

plainte, cacha son visage dans les rage ; mais l'effrayante et soudaine<br />

ronflement qui m'exaspère ; lord chaque détail. Une impression de "Elle sortit dare-dare, la brave genoux de son mari.<br />

obligation d'avoir à continuer à<br />

John repose, enfoncé dans la suffocation, d'étranglement, me fit petite créature ; bientôt nous en- — J'ai vu, dit lord John, des gens vivre après l'anéantissement de<br />

sienne, les yeux clos. Comment les regarder les cylindres, et je frémis. tendîmes le ronron d'une bouilloire se baigner en hiver dans la Ser- notre race nous portait un coup qui<br />

gens peuvent dormir dans de telles Les sabliers de nos vies s'épui- et Mrs Challenger ne tarda pas à pentine ; alors que déjà tous les nous accablait. Cependant, petit à<br />

conditions, c'est inconcevable. saient. Challenger, dans le. cours reparaître avec un plateau où cinq autres baigneurs sont dans l'eau, petit, le mécanisme paralysé com-<br />

3 heures du matin. Je m'éveille de la nuit, avait porté du troisième tasses exhalaient une vapeur de un ou deux frissonnent encore sur mença de se remettre en marche ;<br />

en sursaut. Il était 11 h. 5 quand cylindre au quatrième le conduit chocolat.<br />

la berge, enviant ceux qui ont fait les vannes de la mémoire fonction-<br />

j'ai tracé ma dernière ligne. Je me extérieur de l'oxygène ; évidem- — Voici qui vous fera du bien, le plongeon. Aux derniers le pire. nèrent ; les idées se rejoignirent<br />

souviens d'avoir remonté ma monment, le quatrième arrivait, lui buvez ! dit-elle.<br />

Je suis pour les premiers. dans nos cerveaux. Avec une artre<br />

et noté l'heure. J'ai donc — qui aussi, au bout de son contenu. Ma Et nous bûmes, Summerlee de- — Vous ouvririez la fenêtre ? dente, une implacable lucidité,<br />

l'eût jamais cru ? — gaspillé cinq gorge se contractait de plus en manda la permission d'allumer sa Vous affronteriez l'éther ? nous aperçûmes les rapports entre<br />

heures sur le bref délai dont nous plus sous l'horrible étreinte. Je pipe. Mes deux autres compagnons — Plutôt le poison que l'as- le passé, le présent et le futur,<br />

disposions. Mais je me sens renou- courus dévisser le conduit, je et moi, nous avions des cigarettes. phyxie !<br />

entre la vie que nous avions vécue<br />

velé, prêt à ce qui m'attend. Du l'adaptai à notre dernier cylindre. Le tabac, je crois, nous calma les Summerlee, à contre-cœur, fit un et celle que nous allons vivre. Dans<br />

moins, je me le persuade. Et pour- Je sentais qu'il y avait urgence et nerfs, ce qui n'empêche pas que signe d'assentiment, et tendant à un sentiment de muette horreur,<br />

tant, plus un "homme est en bon que, si ma main avait tant soit peu nous eûmes tort de fumer, car l'at- Challenger sa main osseuse : cherchant les yeux de nos compa-<br />

état, plus la vie afflue en. lui, et tardé, tous mes compagnons aumosphère étouffée de la chambre — Nous avons eu bien des quegnons,<br />

nous y lisions ce qu'ils li-<br />

plus il doit avoir horreur de la raient succombé dans leur sommeil. devint irrespirable. Challenger dut relles, nous n'en aurons plus, dit-il. saient eux-mêmes dans les nôtres.<br />

mort. Que de sagesse et de miséri- Je fus d'ailleurs rassuré à cet égard ouvrir l'imposte.<br />

Dans le fond, nous nous aimions<br />

Loin que notre chance miraculeuse<br />

corde dans cette sollicitude de la par la voix de Mrs Challenger — Pour combien de temps en et nous estimions l'un et l'autre.<br />

nous causât aucune joie, nous nous<br />

nature qui veut que notre ancre criant, du cabinet de toilette : avons-nous, Challenger? questionna Au revoir !<br />

abîmions dans la plus noire dé-<br />

terrestre se détache par une infi- — George ! George ! j'étouffe ! lord John.<br />

tresse. Le mystérieux océan de l'innité<br />

d'imperceptibles secousses,<br />

— Au revoir, jeune homme ! me<br />

— N'ayez pas peur, Mrs Chal- —' Peut-être pour trois heures,<br />

fini avait engouffré tout ce que<br />

jusqu'à ce aue, du port intenable<br />

dit lord John. Mais la fenêtre est<br />

lenger, réponais-je, cependant que, répondit-il avec un haussement<br />

nous aimions ici-bas ; nous n'étions<br />

où nous enchaînait le monde, no-<br />

calfeutrée. Pas moyen de l'ouvrir.<br />

d'un bond, les autres se mettaient d'épaules.<br />

plus que les prisonniers d'une île<br />

tre conscience dérive dans la sur pied ; je viens d'ouvrir un nou-<br />

Challenger se pencha, souleva sa<br />

— J'ai commencé par avoir grand<br />

déserte, sans amis, sans espoirs,<br />

grande mer au delà !<br />

veau cylindre.<br />

femme, la pressa contre sa poitrine,<br />

peur, dit Mrs Challenger ; mais<br />

sans désirs. Quelques années<br />

Mrs Challenger dort toujours Même à une pareille minute,<br />

cependant qu'elle lui jetait ses bras<br />

plus le dénouement approche, moins<br />

encore, nous rôderions comme des<br />

dans le cabinet de toilette. Chal- je ne pus m'empêcher de sourire en<br />

autour du cou.<br />

il m'impressionne. Ne croyez-vous<br />

chacals parmi les sépultures ; puis<br />

lenger s'est endormi sur son siège. voyant Challenger, tel un mons.<br />

— Malone, fit-il gravement,<br />

pas que nous devrions prier,<br />

enfin, ayant tardé de mourir, nous<br />

Quel tableau ! Son énorme mem- trueux gosse barbu, passer sur ses<br />

donnez-moi cette lorgnette.<br />

George ?<br />

mourrions seuls.<br />

brure penche en arrière, ses paupières deux formidables poings<br />

■— Priez si vous le voulez, ma<br />

Je la lui tendis. Alors, d'une voix<br />

CoNAN DOYLE.<br />

grosses mains velues s'agrafent a couverts d'une noire broussaille. chérie, répondit très tranquillement<br />

de tonnerre :<br />

son gilet, sa tête se dérobe, à tel Summerlee avait des frissons de le gros homme. Nous avons tous<br />

— Nous nous remettons aux Traduit de l'anglais par L. LABAT.<br />

point que je n'aperçois, par dessus fièvre ; à mesure qu'il reprenait notre manière de prier. La mienne<br />

mains de la puissance qui nous (Illustrations de M. SAUVAYRE.)<br />

créa<br />

est un consentement absolu<br />

! prononça-t-il.<br />

et<br />

(A suivre.)<br />

joyeux à tout ce que le destin me<br />

réserve. Et par là se rejoignent<br />

apparemment la plus haute religion<br />

et la plus haute science.<br />

■— Je ne puis pas dire, en bonne<br />

franchise, que mon état d'esprit<br />

soit celui du consentement, et surtout<br />

du consentement joyeux, grogna<br />

Summerlee sans quitter sa pipe.<br />

Je me soumets parce que je dois<br />

me soumettre. J'avoue que j'aurais<br />

aimé vivre un an de plus pour terminer<br />

ma classification des fossiles<br />

de la craie.<br />

— Que votre travail reste inachevé,<br />

cela ne compte guère, pontifia<br />

Challenger, si l'on songe que<br />

moi-même j'en suis encore au<br />

début de ma grande œuvre :<br />

L'Echelle de la vie. Mon Cerveau,<br />

mes lectures, mon expérience, tout<br />

ce qui, en somme, constitue chez<br />

moi, un bagage unique, j'allais le<br />

mettre dans ce livre destiné à faire<br />

époque. Et néanmoins, je vous l'ai<br />

dit, je consens.<br />

— Je présume que nous laissons<br />

tous quelque affaire en train, dit<br />

lord John. Vous, jeune homme ?<br />

—■ Je préparais un livre de vers,<br />

répondis-je.<br />

— Eh bien ! le monde aura du<br />

moins évité cela. Pour peu qu'on<br />

cherche, on découvre toujours qu'un<br />

malheur ne va pas sans compensation.<br />

— Et vous-même ? demandai-je<br />

— Moi, je faisais mes malles ;<br />

j^avais promis à Merivale d'aller au<br />

Thibet chasser avec lui, ce printemps,<br />

le léopard des neiges. Mais<br />

c'est vous, Mrs Challenger, qui<br />

devez trouver le coup dur, quand<br />

vous veniez de bâtir cette maison<br />

délicieuse !<br />

— Où est George, là est ma<br />

maison, dit Mrs Challenger. Mais<br />

que ne donnerais-je pour une dernière<br />

promenade avec vous tous<br />

dans la fraîcheur du matin, sur ces<br />

magnifiques dunes !<br />

Le mot retentit dans nos cœurs.<br />

Le soleil venait de déchirer son<br />

Austin s étale de tous ses membres, livide sous la clarté du petit voile de brume, la forêt tout entière « Nous nous remettons aux mains de la puissance qui nous créa ! »<br />

jour, et brandissant encore de sa main morte la lance d'arrosage.» baignait dans de l'or. Du fond de dit-il. Et, de toute sa force, il lança sa lorgnette contre la vitre.


«■■mu DIMANCHE-ILLUSTRÉ iiiiunin«.miiiiiiMiiiiiiimiiiiiiiiiiimi iiiiiiumimi ■■■mu 8 «■ iiiiiHiiiiHiiniiiiiiraiiiiiiiiiimiiiiiiniiiiiiiiiHiiiitiiiiiiHiniiiiii POUR LES<br />

£COC/T£ LJ<br />

PAR BRANNER<br />

VOllA* ET qUE<br />

J_ Hi-T'y PREHHE<br />

PLUS A PERORE<br />

TOK TErAPS POUR<br />

DE_ B-TVSE.S<br />

PARElLLE._1t<br />

ME PEUT<br />

S'AMUSER<br />

DAHS CETTE<br />

HAlSOrA<br />

HUniV... C'EST DROL£ï<br />

JE H'y ARRIVE PAS!!-—<br />

COMMEHT CE C,AMltf<br />

:C^Arr^îCîT-.,.<br />

Copyright par Dimanche-Illustré, Chicago Tribune,<br />

TU Viens<br />

_OU_R AV_C<br />

H6>Ub,f\PRiS<br />

LE D^tR,<br />

B\C0T1T__J<br />

(YTvREnoriCEï J'A\<br />

| l TOUT ESbAViV.<br />

mposs\e»LE DE.<br />

HON .non VIEUXP)<br />

IL Y A UN CH\C<br />

PRoqRAnnE<br />

JE rYEN VAIS /<br />

ECOUT-R ÇAÎy j<br />

ET CEVT çA'QVJ- TU<br />

ÉCOUTE-, QVJ AND TU<br />

DEVRfWS ETRE COUCHEV.<br />

TU VAS PERMER kATS-T,<br />

ET PW-ER DANS TA CHAMBRE<br />

PLUS VITE QUE çKîï.* ■<br />

PAPA*. VA POHc<br />

vom CEQUEVFWT<br />

g>\COV-*. \L OENJRAYT<br />

ÊXRE COUCHÉ DEPU\S<br />

LOTAC^T-nPb^-T \L EST<br />

r\_«SA-OT\ F\ ÉCOUTLR<br />

%_T.\\\ ^-k I<br />

voyons» quELEt STATION<br />

AVAIT-IL CE e>\CO-p JE ME ,<br />

DEHANDE Si L'OCDE A DEVORE<br />

LE DEUXIÈME ENFANT ! CËTAïT<br />

IHTÈRESSAHT.TOUT PE. %<br />

rAEMEÎ*.<br />

EttV- --E.UH-V—-£\CQT!' EST-CE<br />

qijÉ TU NE) POURRAIS PAS<br />

DESCENDRE. UNE. n\MUTE. ,<br />

contiE urA e>OTA ÇARÇON. quE<br />

TO ES, POUR tr AIDER un PEU<br />

j\fAlREtAARCHER LAT-S-F_2(


S ENFANTS itniiiiimiiiiimmiiiiiimiii imniimiiimiiiiiiiiumiiiiimiiiim „„ 9 miitimiiiiimimiiii.,,.,,,,,,,,,,,.,,,,,,,,,,,,, ,„ ,,,,,,,,,,,,,,,,,1.1111111. DIMANCHE-ILLUSTRÉ miiniir<br />

pour 1 entretien des meubles vernis ..laquas<br />

LION NOIR<br />

Copyright par Dimanche-Illustré,


■uiiiiui Dl M ANC HE-ILLUSTRÉ iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiii iiniiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin 10 IIIMIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII iimiiiiiiiniiiii L» """"'» LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 iiimmr<br />

je voudrais<br />

bien savoir...<br />

Quelle fut l'origine du Conservatoire des<br />

Arts et Métiers ?<br />

AUCANSON, célèbre mécanicien, avait com-<br />

V pris toute l'utilité dont pouvait être la vue<br />

de nombreuses machines pour l'enseignement<br />

de la mécanique et pour le perfectionnement<br />

des procédés de l'industrie. Dès 1775, il avait<br />

formé, à l'hôtel de Mortagne, rue de Chaionne,<br />

la première collection publique de machines,<br />

instruments et outils. A sa mort, il<br />

légua cette collection au gouvernement. La<br />

Convention rendit un décret ordonnant qu'il<br />

serait formé à Paris le Conservatoire des Arts<br />

et Métiers. Mais ce ne fut qu'en l'an VI que<br />

le Conseil des Cinq-Cents décida que oe<br />

Conservatoire serait installé dans les bâtiments<br />

de l'ancien prieuré de Saint-Martin-des-<br />

Champs.<br />

Il est à remarquer que de tous les anciens<br />

monastères de Paris, Saint-Martin-des-Champs<br />

est le seul dont les constructions subsistent<br />

encore presque intégralement.<br />

<br />

Comment on peut devenir infirmière militaire<br />

?<br />

ES infirmières militaires se recrutent exclu-<br />

L sivement au concours. Ce concours comporte<br />

des épreuves pratiques, des épreuves<br />

orales et des notions de pharmacie.<br />

Les épreuves pratiques comportent : l'application<br />

d'un pansement, bandage, écharpe, la<br />

manipulation d'instruments médicaux-chirurgicaux.<br />

Les épreuves orales comportent des notions<br />

médicales et chirurgicales : hygiène, anasthésie.<br />

etc. Les notions de pharmacie comportent<br />

des généralités sur les médicaments.<br />


mini» LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 ■■■■IIIIIIIIIHIUIIIIII un iimum iiiiiiiiiiuui iiiiimii 11 IIIIIIIMIHIIIIIIIIII i iiiuuiiiiiùiiiiiiiiii m iiiiiiiiiiiii ii'iiiiniii DIMANCHE-ILLUSTRÉ unité»<br />

profitons de nos<br />

loisirs pour nous<br />

instruire un peu<br />

UN ASPECT DE LA TREILLE OU A LIEU LA CLASSIQUE VENTE ANNUELLE. VOICI<br />

QUELQUES JEUNES AMATEURS, SINON SÉRIEUX, AU MOINS ENTHOUSIASTES<br />

LES ORIGINES PRÉTENDUES DE LA CÉLÈBRE<br />

TREILLE DU ROI DE FONTAINEBLEAU<br />

A<br />

L'HEURE où, de par toute la France<br />

(les dernières nées étant celles de<br />

Màcon et de... la gare Saint-Lazare),<br />

s'ouvrent des stations uvales, il est curieux de<br />

connaître l'histoire de la mirifique treille<br />

qui fut plantée pour le non plaisir du roy<br />

et dont le produit annuel (cette année, 4.086<br />

francs) figure en recette en un quelconque<br />

chapitre du budget de la III e République.<br />

Beaucoup de Français connaissent les jardins<br />

et le parc de Fontainebleau : Jardin de<br />

Diane, ainsi nommé à cause de la statue de<br />

la déesse qu'exécutèrent en 1684 les frères<br />

Keller pour une jolie fontaine ornée de têtes<br />

de cerfs en bronze, Jardin Anglais tracé par<br />

Napoléon I e r sur l'emplacement de l'ancien<br />

Jardin des Pins, où jaillissait la fontaine Beleau<br />

(Belle Eau), dont l'influence étymologique<br />

sur le nom du pays et de la grande<br />

forêt (anciennement dite de Bière) est trop<br />

évidente pour que l'on y insiste davantage ;<br />

— le Parterre, séparé du Jardin Anglais par<br />

l'Etang aux carpes centenaires, borné au<br />

sud par le Bréau et renfermant le bassin du<br />

Tibre et se terminant à l'est par une terrasse<br />

dominant 1.200 mètres de canal entouré<br />

d'ormes — le Parc, enfin.<br />

C'est dans ce parc, d'une superficie de<br />

4 hectares, qui se termine à l'est et au sud<br />

sur Avon et Changis, que se trouve, grimpant<br />

sur 1.200 mètres de longueur, en cadres<br />

horizontaux et en palmettes, à l'assaut du<br />

mur N, la fameuse Treille du Roy, dont<br />

400 kilos de raisins seulement furent vendus<br />

cette année et donnèrent le produit global<br />

ci-dessus indiqué.<br />

Cette treille est devenue, en 1929, monument<br />

historique, de même que la caserne<br />

Raoult, limitrophe du fameux mur. Il fallut<br />

cette mesure pour préserver l'une et l'autre<br />

contre des projets d'urbanisme édilitaire qui<br />

les eussent impitoyablement sacrifiées.<br />

Ainsi furent sauvés les vieux ceps royaux,<br />

dont l'origine est très controversée. Selon les<br />

uns, la première vigne aurait été plantée<br />

vers 1750, sur ordre de Louis XV et aurait<br />

eu comme origine Chasselas, près Mâcon.<br />

Cette version lui créerait déjà, une ancienneté<br />

digne de respect. Selon d'autres historiens,<br />

ce serait en juillet 1599 qu'Henri IV,<br />

parcourant ses jardins sablonneux où rien ne<br />

venait, aurait dit au jardinier, désolé de<br />

constater une irrévocable stérilité : « Sèmesy<br />

des Gascons ! » et le jardinier aurait interprété<br />

l'ordre reçu en plantant sur l'emplacement<br />

déconcertant quelques ceps de Jurançon.<br />

Selon d'autres auteurs, la treille remonterait<br />

à François I er , qui en aurait fait venir<br />

les premiers pieds de Cahors ; mais une<br />

légende charmante voudrait que ce fût un<br />

présent fait au roi créateur de la première<br />

cellule initiale de l'actuel palais, par le sultan<br />

Soliman le Magnifique. Celui-ci aurait ramené<br />

les ceps originels de Kakhetie, la province<br />

géorgienne aux vignes plantureuses, où leur<br />

nectar ênivrant lui aurait inspiré le dégoût<br />

de la haine et de la vengeance en même<br />

temps que l'amour de la paix. Les ayant re-<br />

| plantés sous le soleil de Turquie, il en aurait<br />

fait hommage à François I" en gage d'amitié.<br />

La vérité doit être complexe et faite de la<br />

réunion de toutes ces charmantes histoires.<br />

H y a tout lieu de penser, en effet, que tous<br />

les rois amis de Fontainebleau, ayant été<br />

aussi amis du vin, aient songé à y planter<br />

quelque vigne, d'origine chère à leur coeur.<br />

Ainsi voisineraient des plants du Quercy<br />

avec ceux de la Bourgogne (ces derniers<br />

ayant essaimé sur Fontainebleau et Thomery<br />

dont le chasselas est, lui aussi, fort apprécié.<br />

Quant à l'évolution de cette treille, elle<br />

n'a pas été sans replantements et recépages,<br />

sous la direction de très savants et experts<br />

jardiniers. Le prix élevé auquel atteignent<br />

ses produits disent assez en quelle estime la<br />

tiennent les gourmets.<br />

CUBA, L'ILE TOUJOURS EN FEU<br />

sident à accorder à la jeune République di'<br />

pouvoir exécutif confié<br />

1<br />

Cuba ce que l'on a appelé" l'amendemeni<br />

Platt. En vertu de cet amendement, le3 Etats-1 Unis peuvent, en tout temps, intervenir pour<br />

« préserver l'indépendance de Cuba, pour<br />

soutenir un gouvernement légal, protéger le3<br />

villes, les propriétés, la liberté individuelle,<br />

imposer le respect des obligations qui incombent,<br />

de par le traité de Paris, au gouvernement<br />

cubain (article 3). Pour être toujours<br />

à même d'assumer le rôle de protection qui<br />

leur incombe du fait du dit article, ils ont<br />

spécifié (article 7), qu'ils auraient le droit<br />

d'acheter les territoires nécessaires à l'établissement<br />

d'un dépôt de charbon ou d'une station<br />

navale sur certains points déterminés par une<br />

convention.<br />

L'amendement, accepté de part et d'autre,'<br />

avait été incorporé à la Constitution le 12 juin<br />

1901 ; et le 2 juillet 1903, les Etats-Unis prirent<br />

à bail les deux stations de Guantanamo<br />

et, de Bahia-Hondas, moyennant un versement<br />

annuel de 2 millions de dollars.<br />

C'est en vertu de ces dispositions que la<br />

grande République<br />

américaine estime<br />

avoir un droit de'<br />

regard sur les affaires<br />

de Cuba, à laquelle<br />

l'unissent par<br />

ailleurs tant de souvenirs<br />

glorieux et d'intérêts<br />

communs.<br />

Le président Machado<br />

(né eh 1873, en<br />

exercice depuis 1925)<br />

ayant été déposé, le<br />

vice-président Dr Carlos<br />

Manuel de Cespédès<br />

lui succéda<br />

très constitutionnellement<br />

et dissolut le<br />

Congrès.<br />

Le président actuel,<br />

M. Grau San Martin,<br />

a prêté, le 10 <strong>septembre</strong>,<br />

serment devant<br />

le tribunal suprême.<br />

Il lui manque la<br />

consécration du vote<br />

populaire direct. En<br />

même temps, la<br />

à un président et à un M. GRAU SAN MARTIN, QUI VIENT D'ÊTRE république va avoir<br />

vice-président élus pour ÉLU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE CUBAINE à élire un nouveau<br />

quatre ans (man-<br />

Congrès.<br />

dat porté depuis à six ans de durée), et un Les forces militaires cubaines compren-<br />

pouvoir législatif appartenant à un Congrès nent environ 15.000 hommes de toutes ar-<br />

composé d'un Sénat et d'une Chambre des mes, auxquelles il convient d'ajouter envi-<br />

représentants (élus d'abord pour six ans, ron 3.000 hommes de guardia rural (gen-<br />

maintenant pour huit).<br />

darmerei). L'île a environ 5.000 kilomètres<br />

En même temps que cette Constitution était de voies ferrées et quelques canonnières.<br />

édictée, les Etats-Unis autorisaient leur pré-<br />

A. LORBERT.<br />

D'UNE superficie de 114.514 kilomètres<br />

carrés, la République de Cuba 'est<br />

actuellement peuplée de 3.831.561 habitants<br />

(recensement de 1931), contre<br />

3.368.923 en 19<strong>24</strong>.<br />

Administrativement parlant, elle comprend<br />

six provinces : Pinar del Rio, Havana, Mataupas,<br />

Santa-Clara, Camaguey, Oriente. La<br />

Havane en est la capitale et le port principal.<br />

Autres ports : Bahia-Honda, Matanzas,<br />

Cardenas, Nuevitas, Santiago, Cienfuegos.<br />

Les principales ressources de l'île, surnommée<br />

parfois « la Perle des Antilles », consistent<br />

dans : la production du sucre de canne<br />

(415 millions de tonnes, de 1925 à 1930),<br />

contingentée à 2.700.000 tonnes pour la campagne<br />

1932-1933 (tout ce qui n'est pas absorbé<br />

par les besoins locaux étant dirigé sur<br />

les Etats-Unis pour raffinage) ; celle du<br />

tabac réputé (50 millions de kilos par an).<br />

Viennent ensuite, comme cultures, par ordre<br />

d'importance, le café, le cacao, les fruits et<br />

les céréales. Le cheptel comprend principalement<br />

5 millions de<br />

bovidés et 350.000 chevaux.<br />

Les importations ont<br />

été, en 1931, de<br />

80.112.592 dollars (dont<br />

2.848.997 avec la<br />

France) ; les exportations<br />

de 118.865.553 dollars<br />

(dont 2.004.134<br />

avec la France). Les<br />

relations douanières<br />

avec notre pays sont<br />

régies par un accord<br />

commercial datant du<br />

6 novembre 1929, nous<br />

accordant le sort de la<br />

nation la plus favorisée<br />

(Etats-Unis exceptés).<br />

Rendue indépendante<br />

de l'Espagne par le<br />

traité de Paris du<br />

1er décembre 1898, l'île<br />

s'est donnée, le 21 février<br />

1901, une Constitution<br />

calquée sur celle<br />

des Etats-Unis : un<br />

L'Ondatra ou rat musqué<br />

qui donne à nos élégantes<br />

une jolie fourrure<br />

appelée communément :<br />

LE RAGONDIN<br />

F<br />

OURRURE autant connue qu'appréciée, le<br />

ragondin est fait de peaux d'ondatras<br />

ou de rongeurs voisins de ceux-ci, ap-<br />

partenant comme eux à la faune canadienne.<br />

C'est par millions que, pratiquant le piégeage,<br />

les trappeurs professionnels et les<br />

colons canadiens capturent, chaque année,<br />

castors, blaireaux, pécaris, renards (argentés<br />

et les moeurs en partie. Il a la queue écailleuse<br />

et comprimée latéralement, longue de<br />

20 à 25 centimètres (sur 65 à 70 de longueur<br />

totale). Au bord des eaux, il construit, comme<br />

le castor, des sortes de huttes assez confortables.<br />

Bien que vivant de plantes aquatiques<br />

et de mollusques, il ne dédaigne pas de faire<br />

des incursions dans les plantations voisines et<br />

d'y commettre des dégâts importants. Il devient<br />

alors nettement nuisible.<br />

La chair de l'animal est musquée : il possède<br />

à la base de la queue des glandes qui<br />

sécrètent une substance telle — à odeur de<br />

civette — d'où le nom (fiber zibethicus) i<br />

donné à l'ondatra canadien.<br />

La fourrure du rat musqué ou le ragondin<br />

à dû, dans ces dernières années, une appréciable<br />

plus-value à l'appauvrissement en<br />

fourrures de haute qualité, et a pris, de ce<br />

fait, une telle importance qu'on a dû pratiquer<br />

sur une grande échelle l'élevage de<br />

ce « rat-castor ».<br />

LES TRAVERSÉES DE LA MANCHE<br />

;<br />

|<br />

:<br />

ADONIS, déification de la beauté masculine<br />

LE goût du confort est devenu tellement<br />

absolu dans notre vie moderne qu'il<br />

s'applique maintenant même aux traversées<br />

maritimes les plus courtes. Tel est<br />

le cas des traversées de la Manche, et notamment<br />

de Dieppe-Newhawen, à laquelle est<br />

affecté, depuis le 6 avril dernier, un<br />

DONIS, dont le nom est demeuré syno- venu de là à Byblos. Un jour, au cours d'une<br />

paquebot digne d'être, à cet égard, cité en<br />

nyme de beauté masculine incompa- chasse dans la forêt du Liban, il aurait ren-<br />

exemple, le Brighton.<br />

A rable, était un Baal Phénicien dont contré Aphrodite qui, toute Vénus qu'elle<br />

Long de 93 m. 30, large de 12, d'un tirant<br />

le culte s'était, à l'usage, imposé aux Grecs était, aurait éprouvé pour lui un violent amour.<br />

d'eau normal de 3 m., ce paquebot, capable de<br />

qui se l'étaient approprié et en avaient fait, Cette faveur lui aurait valu la jalousie de<br />

recevoir 1.450 passagers, peut réaliser<br />

à leur tour, une de leurs divinités.<br />

Mars qui l'aurait tué, directement selon les<br />

25 nœuds. Aussi abat-il en 2 h. 40 la tra-<br />

En Phénicie comme en Chaldée, chaque unes, par l'intermédiaire selon les autres,<br />

ville de quelque importance avait son dieu, d'un sanglier furieux. Mais dès qu'il parvint UN SUPERBE RAT MUSQUÉ DE 7 KGR. 500, QUI versée entre les réseaux des chemins de fer de<br />

seigneur et maître : son Baal. De même que aux enfers, Adonis inspira à Proserpine un S'ÉTAIT ÉCHAPPÉ DE QUELQUE CENTRE D'ÉLE- l'Etat et du Southern-Railway, à l'union desquels<br />

il est dû.<br />

Melkarth-Baal était le Baal de Tyr, Adonis amour égal. Sur les instances d'Aphrodite, VAGE ET QUI A ÉTÉ TUÉ A ALFORTVILLE PAR<br />

était celui de Byblos, port, et selon la légende, qui l'aimait toujours, Zeus le ressuscita, mais UN DE NOS LECTEURS, M. ZACCHARIAN Des autres traversées principales sont : de<br />

la plus vieille ville du monde.<br />

il dut partager sa vie entre Aphrodite et<br />

l'est à l'ouest, avec leurs durées approxima-<br />

Adonis personnifiait pour ses fidèles admi- Proserpine en accordant à tour de rôle six ou autres), rats musqués, visons, martres, tives :<br />

rateurs le dieu-soleil lui-même. La légende mois à chacune d'elles.<br />

lynx, coyotes, ratons, mouffettes, belettes, Dunkerque-Tilbury, 6 h. 30 ;<br />

le faisait mourir aux premières froidures La légende d'Adonis a inspiré de nom- loups et gloutons. Le rat musqué, le renard Calais-Douvres, 1 h. 15 (itinéraire du ra-<br />

pour renaître dès que les vents tiédissants breux sculpteurs et artistes : Rubens, Pru- argenté et le castor viennent au premier pide dénommé la Flèche-d'Or) ;<br />

annonçaient le retour du printemps. Naturellement,<br />

sa mort était déplorée et sa rédhon,<br />

Canova, etc. Il convient de signaler rang des prises. Le rat musqué n'est autre<br />

que s'il personnifiait le soleil, la lune était que l'ondatra (fiber).<br />

Boulogne-Folkestone, 1 h. 30 ;<br />

Le Havre-Southampton, 7 heures.<br />

surrection célébrée en grande pompe. représentée, elle, par Astarté, qui devint en Ce muridé (tribu des microtlnés) ressem- Traversées secondaires : Caen-'Southamp*<br />

Né en Arabie, où sa mère Myrrha passait Grèce Aphrodite, la déesse de Cythère susble beaucoup au castor, dont 11 a le pelage ton ; Cherbourg-Southamptc.i ; Saint-Malo«<br />

pour l'avoir mis au monde, Adonis serait nommée.<br />

éjals, moelleux, brillant, et tirant sur le roux, Southampton.


îigimui DIMANCHE-ILLUSTRÉ IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIIIII iiim nu iiiim 12 iiiitiiiiiinim m iiiiu mu ininn iiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiini LK <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 IMIIIIIIM<br />

UN CONTE GJH<br />

LE MELON DE CAGOUFIOT<br />

Vous me faites rire avec vos melons de<br />

Cavaillon !... Si vous connaissiez ceux<br />

de Gonfle-Boufigue...<br />

Gros comme des coucourdes, ronds<br />

comme des billes de billard, d'un beau vert<br />

sombre qui semble verni au ripolin !... Et<br />

quand on les ouvre !... On dirait de la nacre<br />

!... Et quand on les savoure... un sucre !...<br />

Ah ! pour de fameux melons", ce sont de<br />

fameux melons, je vous en donne mon<br />

billet !...<br />

Joseph Cagoufiot en avait semé une bonne<br />

éminée et demie dans sa petite terre en bordure<br />

du chemin qui conduit à Saint-Coudounat,<br />

car Joseph Cagoufiot adore les melons,<br />

les bons, comme de juste !... Aussi<br />

avait-il choisi sa graine, l avait-il soigneusement<br />

fait sécher, et, dès qu'une petite<br />

feuille vert pâle avait émergé de la bonne<br />

et grasse terre brune, je vous laisse à penser<br />

les soins qu'il leur avait donnés !... Et zou !<br />

des brouettes d'engrais... et zou ! de pleins<br />

Et quand on les ouvre !...<br />

arrosoirs d'eau ! Car le terroir est un peu<br />

sec, la pluie étant rare à Gonfle-Boufigue,<br />

si le vent y est féroce !... Aussi, les melons<br />

prospéraient, fallait voir cela !...,<br />

— Cette année, je crois que l'on pourra<br />

se régaler, et s'en fourrer jusque-là !<br />

Et, tout le long du jour, Cagoufiot ne parlait<br />

plus que de ses melons ! Au café de la<br />

Grosse Platane, où chaque soir il vient faire<br />

sa manille avec les amis, les melons étaient<br />

toujours sur le tapis, et, le <strong>dimanche</strong>, sur le<br />

champ de Mars, véritablement, Joseph Cagoufiot<br />

en oubliait de jouer aux boules, et<br />

il fallait que ses partenaires de la quadrette,<br />

LES DÉSABUSÉS<br />

— Encore une idée à toi de vouloir voir la mer !<br />

par Rodolphe Bringer<br />

la meilleure du pays, comme vous le supposez<br />

bien, vinssent le tirer par la manche<br />

en lui disant :<br />

—; Voyons ! Jé, c'est à toi de jouer !...<br />

A la fin, tu nous assommes avec tes melons<br />

et nuis tes melons !...<br />

Eh bien ! et vous le croirez si vous voulez,<br />

mais les melons de Cagoufiot sont devenus<br />

superbes !... Dès le mois dernier, ils étaient<br />

déjà gros comme la tête d'un enfant de sept<br />

ans, et vous pensez si la chaleur de juillet<br />

leur fut profitable !...<br />

Cette année, je crois que l'on pourra<br />

s'en fourrer jusque là !<br />

Enfin, Cagoufiot allait être payé de ses<br />

peines, et le soir, il disait à la Finet, sa<br />

femme :<br />

— Dimanche prochain, j'en apporterai<br />

une paire !... Et tu verras ce surchoix !...<br />

L'eau, déjà, lui en venait à la bouche !...<br />

Hélas !<br />

Qui ne vous a pas dit que, samedi dernier,<br />

quand ce pauvre Cagoufiot est allé à sa terre<br />

pour cueillir une paire de ces fameux melons<br />

dont il se promettait tant se régaler, il<br />

n'en a plus trouvé un seul !... Ou du moins,<br />

s'il en restait encore une pauvre douzaine,<br />

c'étaient des tardifs qui n'avaient pas encore<br />

eu le temps de mûrir tout leur soûl !...<br />

Que voulez-vous ?... Il passe tant et tant<br />

de monde sur le chemin de Saint-Coudounat,<br />

et les melons de Cagoufiot étaient, par<br />

avance, si réputés dans tout le pays !... Chaque<br />

passant n'avait qu'à se baisser, en cueillir<br />

un, pour voir si Cagoufiot, tout de même,<br />

ne s'était pas vanté...<br />

Et vous parlez d'une colère !... Les yeux<br />

lui en sortaient de la tête, le soir, au café<br />

de la Grosse Platane, où il contait sa déconvenue<br />

; il était rouge comme une pomme<br />

d'amour et sa voix tremblait d'indignation :<br />

— Les bandits !... Les sacripants !... Les<br />

enfants de porcs !... M'avoir volé tous mes<br />

melons !... Mais cela ne se passera pas<br />

comme ça, et, l'an prochain, je sais bien ce<br />

que je ferai, tonnerre de gueusas de sort !...<br />

Et les projets que Joseph Cagoufiot médi-<br />

Ils étaient déjà gros comme la tête<br />

d'un enfant de sept ans.<br />

tait devaient être terribles, car il avait dit<br />

cela sur un tel ton que, bien qu'on le connût,<br />

toute la salle avait frémi...<br />

LE CONNAISSEUR!<br />

— 255 francs ! il me va ?...<br />

■— Non... il faisait mieux en vitrine !...<br />

Et vous parlez d'une colère !.'.,<br />

~s<br />

C'est que Cagoufiot n'est pas un de ces<br />

hommes dont on peut se gausser !... Dans un<br />

moment de colère, il est capable d'assommer<br />

son ami le plus intime !....<br />

— Et ce fut d'une voix angoissée que le<br />

Marius Roumègue lui demanda :<br />

— Et qu'est-ce que tu feras, l'année pro«<br />

chaîne, Jé ?...<br />

— Ce que je ferai ?... répondit Cagoufiot<br />

de son air le plus farouche, eh bien ! j'en<br />

sèmerai le double et, comme cela, peut-être<br />

m'en laissera-t-on quelques-uns pour que je<br />

les goûte !...<br />

RODOLPHE BRINGER.<br />

UN PEU FANTAISIE<br />

ITUATION embarrassante :<br />

S — Et ton riche mariage,<br />

c'est pour quand ?<br />

— Ah ! Je n'en sais rien. Figure-toi<br />

que ma fiancée a dit<br />

au'elle ne m'épousera que lorsque<br />

j'aurai payé mes dettes. Et<br />

moi. je ne pourrai les payer<br />

que quand je l'aurai épousée.<br />

E JUGE. — Pourquoi avez-<br />

L vous dérobé dix kilos de<br />

viande à ce boucher ?<br />

LE PRÉVENU. — J'vas vous<br />

expliquer, monsieur le juge.<br />

Je n'avais pas de couteau sur<br />

moi. Je ne pouvais donc en<br />

prendre moins.<br />

OCTEUR, avez-vous déjà fait<br />

D des erreurs de diagnostic<br />

?<br />

— Une seule fois... Un monsieur<br />

assez pauvrement vêtu<br />

est venu à ma consultation et<br />

je ne lui ai trouvé qu'une indigestion.<br />

Ce n'est qu'après<br />

son départ que j'ai su qu'il<br />

était assez riche pour avoir<br />

l'appendicite.<br />

'HEURE indésirable :<br />

L — Augustine, les œufs<br />

sont-ils cuits ?<br />

— Non, madame, ils ne sont<br />

même pas sur le feu.. Je >i'ai<br />

pas de montre pour régler la<br />

cuisson...<br />

— Comment ! Mais il v a<br />

une horloge accrochée dans<br />

votre cuisine...<br />

— Madame oublie que je<br />

ne puis pas m'en servir... Elle<br />

avance d'un quart d'heure !<br />

IGNALEMENT caractéristique•<br />

S Le brigadier à un voyageur<br />

;<br />

— Et vous, monsieur, là-i<br />

bas, vos papiers, votre passeport<br />

?<br />

Or, en fait de papiers, le<br />

voyageur n'a que la carte du<br />

restaurant où il vient de dîner.<br />

Il la passe au gendarme,<br />

qui lit :<br />

« Tête de veau, poitrine da<br />

mouton, lar.gue de bœuf, etc. »<br />

. — C'est bien ça. Merci, monsieur,<br />

vous pouvez passer.<br />

U N bohème, criblé de dettes,<br />

reçoit de ses créanciers<br />

des menaces de poursuites<br />

s'il ne les paie pas au plus<br />

vite.<br />

— Comment ! s'écrie-t-il furieux,<br />

j'ai déjà eu une peine<br />

de tous les diables à emprunter<br />

de l'argent, et il faut que<br />

je sois encore tourmenté pour<br />

le rendre 1


Itiimiii' LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 itimimim nnin ■■miitiiiiiiu m mm miiitm i 13 iiimmiimimmmim minimum,,, mm, mm mm, DIMANCHE-ILLUSTRÉ immitt<br />

UNE SIMPLE RAISON..<br />

— Dites-donc, mais c'est un chic type, votre voisin<br />

depuis ce matin il vous envoie un air ravissant :<br />

Je pense à toi quand je m'éveille...<br />

Et de loin je te suis des yeux.<br />

VOISINAGE<br />

— Y faut point n'avouer peur !... Vous verrez, avant huit jours vous serez<br />

comme une vieille paire d'amis !... (Dessin médit de DHARM.)<br />

OPÉRATION DU MILLIONNAIRE<br />

Le chirurgien. — Le plus dur est<br />

fait, il s'en tirera.<br />

L'aide. — Non, le plus dur n'est pas<br />

fait, il faudra prévenir les héritiers !<br />

(Dessin inédit de RAFFRAY.)<br />

•QUELQUES BOXS MOTS<br />

B grand avocat<br />

L avait mené l'affaire<br />

brillamment, et<br />

les juges venaient de<br />

se prononcer comme<br />

ils le devaient.<br />

Et maintenant,<br />

dit le plaideur, veuillez<br />

me faire connaître le<br />

montant de vos honoraires.<br />

Le bon maître se<br />

recueillit, revivant *un<br />

instant le passé, puis :<br />

— J'ai beaucoup<br />

connu votre père, fitil.<br />

Pour vous, ce sera<br />

dix mille francs !<br />

Le plaideur tira une<br />

liasse de son portefeuille<br />

et la tendit a<br />

l'avocat, gui l'empocha<br />

prestement, et accompagna<br />

son client<br />

vers la porte de<br />

son cabinet. La porte<br />

franchie :<br />

■ — Loué soit Dieu !<br />

fit ce dernier. Il n'a<br />

pas connu mon grandpère<br />

!<br />

APA et maman, à ta-<br />

P ble, parlent de i<br />

l'éclipsé de soleil qui j<br />

doit avoir lieu le len- j<br />

demain. Et Nino et |<br />

Nénette (huit, ans et<br />

cinq ans) écoutent de<br />

toutes leurs petites<br />

oreilles...<br />

Au bout d'un instant,<br />

Nino, très intéressée,<br />

demande à son<br />

papa :<br />

-— A quelle heure<br />

est-ce qu'on la verra,<br />

cette éclipse, dis,<br />

papa ?:..<br />

— "Entre cinq heures<br />

et sept heures du<br />

matin, ma petite fille...<br />

A l'ordinaire, hélas!<br />

Nénette et Nino ne se<br />

lèvent jamais à une<br />

heure aussi matinale<br />

que cela, et elles se<br />

regardent toutes les<br />

deux en poussant un<br />

grand soupir :<br />

— Aussi, dit Nénette,<br />

pourquoi fontils<br />

ça si tôt ?<br />

N spadassin entre<br />

U dans la boutique<br />

d'un barbier pour se<br />

faire raser, et il pose<br />

une paire de pistolets<br />

près de lui en disant<br />

au figaro :<br />

— Si tu m'écorches,<br />

voilà de quoi te casser<br />

la tête.<br />

LA CIGARETTE DE LUXE<br />

— Dis-moi, Jean, pourquoi est-elle<br />

dorée au bout, celle-là ?<br />

Jean, d'un air supérieur. — Tu ne<br />

sais donc rien !... C'est pour indiquer le<br />

bout qu'on doit allumer, voyons !<br />

(Dessin inédit de RENÉ LOUYS.)<br />

La barbe s'achève<br />

sans dommage et le<br />

rasé, en le constatant<br />

devant un miroir, demande<br />

:<br />

— Tu n'as donc pas<br />

eu peur ?<br />

— Pas du tout, car<br />

si je vous avais entamé<br />

la peau, je vous<br />

coupais immédiatement<br />

la gorge !<br />

MITH à l'habitude de<br />

S fumer des cigares<br />

exécrables, qui l'ont<br />

rendu célèbre parmi<br />

les membres de son<br />

club.<br />

— Je vous parie, disait-il<br />

un jour à son<br />

ami John, à la suite<br />

d'une ' controverse, je<br />

vous parie ce que vous<br />

voudrez... tenez, une<br />

boîte de "cigares<br />

comme les miens !<br />

— Oh ! non, réplique<br />

John, je ne parie<br />

jamais !<br />

— Ah ! vous voyez...<br />

triomphe Smrth, vous<br />

...On n'est pas plus aimable ; je parie qu'il<br />

va vous inviter à déjeuner ou bien que...<br />

avez peur de perdre !<br />

— Pas du tout, j'ai<br />

surtout peur de gagner<br />

!<br />

EUF heures du ma-<br />

N tin. La neige vient<br />

de tomber. La, rue<br />

des Martyrs présente<br />

l'aspect d'une superbe<br />

piste de bobs.<br />

Une voiture de livraison,<br />

attelée d'un<br />

spécimen de la plus<br />

belle conquête de<br />

l'homme, descend la<br />

rue.<br />

Le charretier, un titi<br />

parisien pur sang, encourage<br />

de la voix son<br />

cheval, qui patine<br />

comme champion norvégien.<br />

Tout a coup, à<br />

une glissade plus accentuée<br />

il lui lance à<br />

plein gosier, avec un<br />

accent comme seuls<br />

peuvent le posséder les<br />

citoyens de Belleville<br />

ou de Ménilmontant :<br />

« Non, mais des fois,<br />

c'est-'y qu'tu t'erois à<br />

Chamonfx ! »<br />

BREVETS<br />

■— Non, je vais vous dire : je lui ai emprunté<br />

de l'argent !... (Dessin inédit de DHARM.)<br />

— C'est votre voiture, chère amie, superbe, vous avez votre permis d«<br />

conduire ?<br />

— Non, pas encore, mais j'ai mon brevet d'infirmière !...<br />

(Dessin inédit de JrLn^s.)<br />

LE NOUVEAU PLACEMENT<br />

— C'est pour m'acheter un billet de<br />

loterie ! (Dessin inédit de CHARLES DE BL-SSY.)<br />

u restaurant :<br />

A Un monsieur est<br />

assis devant un plat<br />

de bêlons auxquelles,<br />

en pressant énergiquemient<br />

un citron, il<br />

tente de redonner un<br />

semblant de vie. Impatienté,<br />

il appelle le<br />

maître d'hôtel :<br />

— Dites donc ! elles<br />

n'ont pas l'air de réagir<br />

beaucoup sous le<br />

citron, vos huiîtres !<br />

— Ah ! réplique<br />

l'autre avec un geste<br />

désabusé, vous savez,<br />

monsieur, elles voient<br />

tellement de citrons,<br />

les huîtres, qu'elles<br />

doivent finir par en<br />

prendre l'habitude i...<br />

ALINO va rendre vi-<br />

C site à un avocat<br />

de ses amis qui, fort<br />

occupé à recevoir<br />

d'importants clients,<br />

le fait prier de repasser.<br />

— Monsieur a défendu<br />

sa porte, explique<br />

le valet de chambre.<br />

»<br />

— Ah ! oui, répond<br />

Calino, il a défendu<br />

sa porte, autant dire<br />

simplement alors que<br />

c'est une porte condamnée<br />

!<br />

u tribunal :<br />

A Le président Interroge<br />

un témoin :<br />

— Dame Eoliveau,<br />

L'AUTRE DANGER<br />

— Si tu étais à moi... comme je te<br />

corrigerais !<br />

— Pourquoi ?... pasque j'fume !<br />

— Non... mais parce que tu es bien<br />

jeune pour toucher aux allumettes...<br />

(Dessin inédit de R. SourAULT.)<br />

quel âge avez-vous ?<br />

La dame (avec une<br />

hésitation visible). —<br />

Trente... trente-neuf<br />

ans, monsieur le président<br />

l<br />

Le président (d'un<br />

ton bonhomme). —<br />

Fort bien, veuillez à<br />

présent me dire quel<br />

âge vous aviez il y a,<br />

quarante-huit ans.


iiiHiiiii DIMANCHE-ILLUSTRÉ HiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiiiiniiiuiiiiiiiiuiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiMiMiiiiiiiiiHiuiiMiii X4 <br />

congrégation doit s'asseoir dehors tandis que<br />

le prêtre officie à l'intérieur où il n'y a place<br />

J. PRUDON. que pour l'autel et l'officiant.<br />

Cette église fut bâtie voici bien des années<br />

par un Indien qui demanda à la Vierge la<br />

guérison de sa femme mourante. Sa prière<br />

DANGEREUX MAQUILLAGE fut exaucée et l'Indien reconnaissant construisit<br />

de ses propres mains, et avec les pauvres<br />

ÉCIDÉMENT la profession d'acteur exige cha- matériaux qu'il possédait, l'église qui est cer-<br />

D que jour de nouvelles aptitudes. La plus tainement la plus minuscule du monde. Il la<br />

inattendue est bien celle-ci. On annonce en fit héxagonale, avec une porte de style gothi-<br />

effet qu'un nouveau procédé de maquillage que et surmonta le toit d'une croix réunie par<br />

des acteurs vient d'être expérimenté dans les des clous. Elle fut consacrée par un prêtre qui<br />

studios d'une firme cinématographique an- voyageait en Louisiane et qui lui donna le<br />

laise. Afin d'obtenir un changement complet nom imposant qu'elle porte encore.<br />

fans l'expression du visage, on recouvre ce<br />

New-York American.<br />

dernier entièrement avec une préparation à<br />

base de peau de poisson.<br />

Les essais du début n'avaient été faits, précise-t-on,<br />

que pour figurer une blessude ou une<br />

cicatrice. Mais le procédé s'est révélé extrêmement<br />

dangereux, car il faut huit heures<br />

pour grimer un visage. De plus, la peau de<br />

oisson recouvre complètement les pores de<br />

E1 peau, causant une véritable intoxication.<br />

D'ailleurs, on se souvient peut-être des accidents<br />

survenus aux fameux « hommes de<br />

bronze » de jadis, dont l'épiderme était complètement<br />

recouvert de dorure.<br />

C'est pourquoi cette opération nécessite de<br />

la part du patient une grande résistance.<br />

Voici assurément le meilleur moyen pour décourager<br />

les candidats au titre de vedette.<br />

DIMANCHE-ILLUSTRE<br />

RÉTRIBUE LES PHOTOGRAPHIES<br />

QUI LUI SONT ENVOYÉES PAR SES LECTEURS<br />

DÈS. QU'ELLES ONT ÉTÉ PUBLIÉES<br />

E<br />

UN NOM SIMPLE...<br />

La mêlée dura une heure à peine. Là<br />

E prince George d'Angleterre devant se furie française dispersa l'ennemi. Trois mille<br />

L rendre, sous peu, dans le pays de Galles, Italiens restèrent sur le champ de bataille<br />

le village de Llanfair revendique, à cette oc- et deux cents Français. Cette victoire, oucasion,<br />

le droit d'être désigne par son vrai<br />

nom.<br />

vrant la route des Alpes, permit le retour.<br />

Il n'y a là rien que de très légitime, mais ce Comines espérait beaucoup du nouveau<br />

nom compte 58 lettres et 19 syllabes. roi. Malheureusement, Charles VIII l'Affa-<br />

Le nom de Llanfair, usité en matière de carble mourut tout jeune, en 1498. La cou><br />

tographie est déjà une abréviation de celui<br />

de Llanfairpwligwyngvll qui figure dans les ronne passait sur la tête de Louis XII, le Père<br />

horaires ferroviaires du pays de Galles pour du Peuple, son cousin, mari de Jeanne, fille<br />

désigner la commune en question. Or, en de Louis XI. Louis XII était 1 ancien duc<br />

l'honneur du prince, Llanfair a voulu que son d'Orléans !<br />

nom figurât en entier sur sa gare. Il s'y déploie<br />

maintenant sur une pancarte longue de Le seigneur d'Argenton avait eu partie<br />

7 m. 50.<br />

liée avec le duc d'Orléans, lors de la qrande<br />

Et on lit : Llanfairpwligwyngyllgogeryoh- conspiration des Princes. Cette fois, il espéwyrndrobwllandisïlicgogogoch.rait<br />

bien être amplement payé en dignités<br />

Mais, quand nous disons : « on lit », c'est<br />

un euphémisme !<br />

et honneurs de ses mois de cachots à Loches,<br />

Comœdia. de ses années de prison à Paris.<br />

Louis XII inaugura son règne par une<br />

LA PROVENCE ET LES ARTISTES parole magnifique : « Ce n'est pas au roi<br />

E tous temps^ la Provence a exercé une atti- de France à venger les injures du duc d'Or-<br />

D rance impérieuse sur les peintres. Elle léans ». Le résultat d'une si belle parole<br />

leur offre, U faut le dire, des coloris excep- fut qu'il accueillit à merveille La Trémoïlle,<br />

tionnels qu'un soleil exaspéré fait « chanter »<br />

à merveille.<br />

son ancien adversaire et, retournant sa<br />

Les peintres n'ont pas été ingrats et des parole à l'égard des amis, fort mal le séné"<br />

centaines de toiles courent le monde, chantant chai du Poitou.<br />

les beautés de la Provence. Les Provençaux Pour une disgrâce, ce fut une disgrâce<br />

sont sensibles à ces hommes et ils viennent totale, absolue. Le sire de Comines fut<br />

d'avoir une heureuse initiative en fondant la<br />

Maison de vacances et d'études de plein air engagé à prendre un repos bien gagné et<br />

des artistes paysagistes professionnels. à partir cultiver ses vignes dans son magni-<br />

C'est ainsi que des aujourd'hui, à Avignon, fique domaine d'Argenton.<br />

en attendant d'autres hospitalités promises Crépuscule d'une vie emplie d'événements<br />

sur divers points de notre belle Provence, les<br />

artistes paysagistes professionnels sont reçus capitaux pour l'histoire de l'Europe ; vie<br />

gratuitement dans une maison simple, où qui commence au sein de là mêlée de Mont-<br />

ils trouveront le matériel nécessaire à un lhéry, qui se poursuit à la lueur des incen-<br />

séjour de auinze jours à un mois. Ils pourdies de Liège et de Gand, qui voit passer<br />

ront s'y installer seuls, en communauté entre<br />

camarades ou en famille, et pour cela ils Louis XI prisonnier à Péronne, qui apprend<br />

auront, à leur disposition, électricité, literie et la ruine de la maison de Bourgogne avec la<br />

ustensiles de ménage. Ils pourront alors tra- mort de Charles le Téméraire... et le sang<br />

vailler librement dans le plus beau décor du de Nemours... et les missions à travers le3<br />

Comtat, où se rencontrent des artistes du<br />

monde entier, face au château des Papes. cours étrangères... et la mort du roi diplo-<br />

Les artistes se trouveront donc dans une mate... et les complots, les cachots, puis le<br />

ambiance exceptionnelle d'art et de poésio, retour de la fortune... les ambassades, l'apo-<br />

dans une sorte de « Villa Médicis », mais théose des guerres d'Italie, l'aurore d'un<br />

sans examens, sans directeur, sans règlements<br />

!<br />

règne nouveau, la puissance qui est là, à<br />

Courrier des Etats-Unis. portée de la main, tout cela s achève dans<br />

l'oubli, au fond d'un vieux manoir, bien loin<br />

UN NOUVEAU MODE D'EXÉCUTION dans la province, au seuil de la vieillesse<br />

ANS l'Etat de Nevada, on vient d'expéri- bougonne.<br />

D menter une nouvelle manière d'exécuter Plus rien autour de Comines ; plus<br />

les condamnés à mort. C'est un certain James d'amis, plus d'armes. Plus d'armes ?... Mais<br />

Miller qui a eu l'honneur de l'inaugurer.<br />

James Miller a été assis, en plein air, au si, il en est une encore : la plume ! Le vieux<br />

milieu d'amandiers en fleurs qui répandaient guerrier, l'homme d'Etat se fait historien.<br />

une odeur enivrante, sur un siège sous lequel Il est dévoré d'ambitions impuissantes et<br />

on avait placé un seau aux trois quarts rem- l'oisiveté le tue. Les interminables procès<br />

pli d'acide sulfuriqUe, dans lequel on jeta<br />

quelques comprimés de cyanure de sodium. engagés au sujet de l'héritage de sa femme,<br />

James Miller fut asphyxie sans s'en aperce- Hélène de Chambes, lui paraissent tout à<br />

voir, avec une extrême rapidité.<br />

coup dépourvus de tout intérêt. Le seul, le<br />

Veritas. vrai, le grand plaisir des derniers jours est<br />

là : remplir ces pages blanches qui attendent<br />

ANIMAUX ET TÉLÉGRAPHIE<br />

devant l'écritoire, crier sa conviction à la<br />

ES animaux savent s'adapter avec une ra-<br />

L postérité qui jugera les faits et les acteurs.<br />

pidité étonnante aux inventions qui viennent<br />

modifier leurs habitudes ou simplement<br />

Oh ! ce faisant, le sénéchal du Poitou ne<br />

la vision de ce qui les .entoure. Ainsi, pour s'en songe pas à se venger ; il ne maltraite per-<br />

tenir à quelques exemples, les oiseaux ne se sonne, ni le Téméraire qui l'a brutalisé, ni<br />

soucient plus de l'avion, quelque soit l'inten- Coictier, ni Olivier le Daim qui le jalousité<br />

du ronflement des moteurs, car ils paraissèrent et le desservirent, ni l'ingrat Louis<br />

sent savoir que c'est une machine humaine<br />

sans péril pour eux ; de même les autos n'ef- d'Orléans qui l'a exilé. La vérité, rien que<br />

fraient plus les chevaux, et les vaches ont, la vérité, tout dire sur ses maîtres et l'avenir<br />

depuis longtemps, cessé de s'intéresser aux sera le juge. Pendant dix ans, jusqu'à ce que,<br />

trains...<br />

le 18 octobre 1511, la mort lui arrache la<br />

Les lignes subissent parfois des dérangements<br />

du fait d'oiseaux qui se perchent im-. plume des doigts, Comines ne cessera<br />

prudemment à proximité des isolateurs. Mais d'écrire et de nous léguer ce document qui<br />

il n'y faut voir qu'un simple hasard. forme ses Mémoires.<br />

Dans les premier temps qui suivirent l'éta- Le public ne les connaîtra pas tout de<br />

blissement de lignes télégraphiques en Norvège,<br />

des poteaux de bois fraîchement posés, suite, ces pages où dans un stvle froid et<br />

principalement au voisinage des bois de sa- impartial le conseiller des plus fameux perpins,<br />

se trouvaient endommagés par des coups sonnages du xv<br />

de bec et même parfois perfores de part en<br />

part ; ces trous, dont le diamètre allait jusqu'à<br />

atteindre sept centimètres, se trouvaient<br />

en règle générale près des isolateurs.<br />

C'était l'œuvre d'un oiseau bien connu, le<br />

pic noir et vert qui fait sa nourriture d'insectes<br />

qu'il cherche sans l'écorce et au coeur<br />

des arbres gâtés. Mais pourquoi s'attaquer à<br />

des poteaux, sans écorce et sains, ceci avec<br />

une telle insistance ? Vraisemblablement la<br />

résonance produite par les vibrations du fil faisait<br />

croire à l'oiseau que l'intérieur du poteau<br />

renfermait des vers çt des insectes, et il l'entreprenait<br />

incontinent de son bec robuste.<br />

L'ours fut aussi une victime de cette illusion<br />

acoustique. Aimant beaucoup le miel, il<br />

confondait sans doute les vibrations des fils<br />

télégraphiques avec le bourdonnement d'un<br />

essaim d'abeilles. Comme il ne trouvait pas<br />

la ruche supposée, il la croyait cachée sous le<br />

monceau de pierres, qui maintenait le poteau,<br />

où le son est le plus intense. Il dispersait<br />

donc toutes les pierres dans_ toutes les directions,<br />

afin de trouver le trésor rêvé par sa<br />

gourmandise. Les pierres dispersées ont été<br />

longtemps chose inexplicable, jusqu'à ce qu'on<br />

ait aperçu les traces des griffes même de<br />

l'ours, mis en Colère par l'insuccès de sa tentative.<br />

Dernières Nouvelles d'Alsace<br />

et de Lorraine.<br />

SOYONS AU COURANT...<br />

...de la création prochaine de timbresque ladite taxe est celle de l'affranchissement<br />

poste à l'effigie de nos hommes célèbres. des imprimés au tarif international.<br />

ous avons connu, à diverses époques, des<br />

N émissions - de timbres-poste représentant ...de la rentrée des classes et de Papplica-<br />

certains de nos hommes célèbres et notamtion des nouveaux décrets scolaires.<br />

ment Pasteur. Dai^s le même ordre d'idées,<br />

N<br />

l'administration des P. T. T. se propose<br />

sait que la rentrée générale des classes<br />

O d'émettre sous peu plusieurs timbres de ce<br />

aura lieu le lundi 2 octobre prochain. A<br />

genre. Victor Hugo sera évoqué le premier,<br />

ce moment vont entrer en application les ré-<br />

dans cette série. Puis viendrait ensuite un<br />

cents décrets ministériels concernant la gra-<br />

timbre Paul-Doumer, dédié tant à la mémoire<br />

tuité des classes secondaires et l'orientation<br />

de son œuvre d'homme d'Etat et de grand<br />

générale des jeunes élèves. A cette occasion,<br />

citoyen qu'au souvenir de sa fin tragique<br />

fidèles à notre programme qui consiste à ren-<br />

comme président de la République. Ensuite<br />

seigner nos lecteurs et à leur être utiles dans<br />

nous aurions un timbre Arîetide-Briand. Ces<br />

toute la mesure du possible, nous avons de-<br />

timbres correspondraient aux taxes respecmandé à M. Elie Mossé, directeur de l'école<br />

tives de 1 fr. 25, 0 fr. 75 et 0 f r. 30 ; cette<br />

supérieure Colbert, de vouloir bien documen-<br />

dernière s'appliquant au timbre Brland, qui ter parents et élèves sur la scolarité nouvelle.<br />

serait d'une large circulation mondiale puis- Nous publierons son article dans notre prochain<br />

numéro.<br />

8 siècle dévoile enfin sa pensée.<br />

Il faudra attendre jusqu'en 15<strong>24</strong> pour<br />

qu'ils paraissent au grand jour ; mais, alors,<br />

le nom de Comines éclate une fois de plus<br />

et s'envole, emporté par la bouche de la<br />

Renommée qui, désormais, ne cessera plus<br />

de parler de lui. Et le sire de Comines,<br />

ce qrand ambitieux, ce précurseur d'un autre<br />

grand seigneur, le duc de Saint-Simon,<br />

devenu tout comme lui grand écrivain forcé,<br />

jouit de la gloire la plus inattendue, celle des<br />

Lettres.<br />

D'une autre encore, puisque son œuvre<br />

a servi à plus d'un politique pour se former<br />

l'esprit. Et un empereur de quelque renom,<br />

Charles-Quint, pour ne rien celer, conservait<br />

toujours les Mémoires à portée de sa main<br />

et les nommait son « bréviaire ». Comines<br />

eut été payé de toutes ses peines s'il eut su<br />

que, même dans la tombe, il conseillait<br />

encore les rois... ses amis.<br />

EMILE PAGES.<br />

Ce qu'il faut faire<br />

Quand on a une respiration sifflante, quand on a<br />

une bronchite chronique, une toux grasse et spasmodique,<br />

quand on étouffe, il faut avoir recours<br />

à la Poudre Louis Legras. Cet excellent remède<br />

donne de merveilleux résultats. Il calme en moins<br />

d une minute les plus violents accès d'asthme le<br />

catarrhe, la toux de vieilles bronchites et guérit progressivement.<br />

Boîte, 5 fr. 25, imp. comp. t tes ph'-'»<br />

POUR AMÉLIORER VOTRE SITUATION<br />

La connaissance de la Comptabilité, de la Sténo-<br />

Dactylo, vous est indispensable ; apprenez les dono<br />

et demandez brochure gratuite n» 3 à Jamet-Buffercau,<br />

96, rue de Rivoli, Paris. Prix Mens.<br />

TIMBRES-POSTE<br />

GKATUIT : 20 Siam, Charkhari,<br />

Inde, Nicaragua, Turquie, Soudan,<br />

etc., et 1.000 charnières, si vous<br />

expédiez l'annonce ! De plus, nous '<br />

(oindrons des feuilles de timbres à<br />

cnoisir iranco et sans obligation d'achat. Kemlsa<br />

énorme sur catalogue. Reklame-Vcrlag, Dépt,<br />

82, Rothenburg, o./Tbr. Bavière (Allemagne),


ffliniiin LE <strong>24</strong> SEPTEMBRE 1933 •"iiHHiiHtiiiirniHiiiHiHiiiiiiiiiiiiiimiHiiHiiiiiiiiiiii m niuiiiiiiui 15 iniini 11 ■■■ i ■ i ■■ i ■ i ■ 111 ■ 11 ■ ■■■■>■ ■ ■■■■ t ■ 11 ■ i ■ 111 •■ i ■ 11 ■ i ■■ i >■■>■■ i JIIIIIIII iiiiiiiu DIMANCHE-ILLUSTRÉ unis.:*<br />

EN REGARDANT<br />

BAILLER<br />

LES HUITRES<br />

par H. MÊGUIN<br />

LA saison d'automne va s'ouvrir : les huîtres<br />

également, s'il est permis d'ainsi<br />

parler. La devanture des restaurants<br />

nous offre à nouveau, parmi les belles algues<br />

vertes et gonflées d'iode qu'on dirait vernissées<br />

par quelque procédé spécial, les coquilles<br />

rugueuses aux parfums salés de marées<br />

lointaines et d'aventures.<br />

Petit exposé historique<br />

'HUÎTRE semble connue et, par conséquent,<br />

L appréciée des hommes depuis l'antiquité<br />

la plus reculée. On la retrouve choisie comme<br />

motif d'ornement de nombre de bas-reliefs<br />

anciens de l'architecture gréco-latine.<br />

Il est à présumer qu'avant d'utiliser les<br />

coquilles de l'huître pour des fins décoratives<br />

nos ancêtres avaient su goûter toute la<br />

saveur âpre de sa chair océane. Mais jamais<br />

sans doute la consommation de ces bivalves<br />

n'a atteint dans le monde entier des proportions<br />

comparables à celles d'aujourd'hui.<br />

Cela tient principalement à une grande amélioration<br />

des procédés de conservation et surtout<br />

à la rapidité et la multiplicité de3 modes<br />

de transports. Nous n'avons pas l'importance<br />

exacte du trafic auquel donne lieu le commerce<br />

de l'huître en<br />

France, mais pour un<br />

pays comme l'Angleterre<br />

des chiffres récents<br />

nous montrent<br />

que l'industrie huîtrière<br />

rapporte bon<br />

an mal an, aux seuls<br />

ostréiculteurs, une<br />

somme de l'ordre de<br />

3 millions de livres<br />

sterling, soit environ,<br />

au cours du change,<br />

28 millions de francs.<br />

n est juste de dire<br />

que les Anglais sont,<br />

bien plus que nous encore,<br />

gros mangeurs<br />

d'huîtres. Il en va de<br />

même des Américains.<br />

Aux Etats-Unis, où<br />

l'huître figure sur des<br />

tables fort modestes,<br />

on la gobe même couramment,<br />

au petit déjeuner<br />

du matin ; nos<br />

amis d'outre-Atlantique<br />

considèrent qu'elle est bien plus profitable<br />

à l'organisme tout en .offrant plus de<br />

saveur quand on la gruge ainsi à jeun. Il se<br />

peut qu'ils n'aient point tort.<br />

La ponte des huîtres<br />

et leur croissance<br />

_ 'HUÎTRE dépose ses œufs sous forme d'une<br />

L masse transparente, agglomérée, qui se<br />

fixe sur le sol et s'y développe. Pour la commodité<br />

du maniement ultérieur, les ostréiculteurs<br />

l'amènent à déposer lesdits œufs sur<br />

des sortes de tuiles plates spéciales qui tapissent<br />

le fond du parc et qu'on pourra plus<br />

tard enlever, déplacer au fur et à mesure de<br />

la croissance des petites huîtres et selon les<br />

besoins.<br />

Celles-ci, à leur naissance, sont désignées<br />

sous le nom général de « plantain ».<br />

Pour atteindre une taille normale, c'està-dire<br />

8 à 10 centimètres, les bivalves mettent<br />

de trois à cinq ans. Il en faut vingt-cinq<br />

à trente pour obtenir les énormes huîtres<br />

pesant plus d'un kilo que reproduit un de<br />

nos documents. Ces huîtres-record, dont les<br />

coquilles seraient dignes de quelque musée<br />

océanographique, ont été récoltées dans un<br />

parc de la région de La Tremblade, en Charente<br />

maritime. Une particularité curieuse<br />

de l'huître nous est révélée par un savant<br />

anglais, le professeur Maurice Burton, qui<br />

a pu, grâce à des aquariums spéciaux, se<br />

livrer sur les huîtres à des' études approfondies.<br />

Il ressort notamment desdites études<br />

que l'huître peut avoir des œufs, qu'elle soit<br />

femelle ou mâle. Les reproductrices s'observent,<br />

paraît-il, également dans les deux<br />

sexes. Nos connaissances zoologiques ne nous<br />

permettent pas d'affirmer que le cas est<br />

unique dans les annales du règne animal,<br />

mais, à vue de nez, il ne nous paraît tout de<br />

même pas courant !<br />

Appellations d'origine<br />

DES HUÎTRES APPORTÉES PAR DE MODERNES<br />

DIVINITÉS MARINES, BOTTÉES DE CAOUTCHOUC,<br />

MAIS DONT LE SOURIRE EST BIEN JOLI<br />

L existe, on le sait, deux grandes variétés<br />

T<br />

[ principales d'huîtres : les « plates » telles<br />

que marennes, belon, Ostende, etc., et les rustiques<br />

dites « portugaises ». Et nous connaissons<br />

aussi les partisans et advérsaires de<br />

ces deux espèces comme jadis il y eut la<br />

grande querelle des « anciens et des modernes<br />

». - ■<br />

En fait, portugaises et huîtres plates possèdent<br />

bien leurs vertus respectives et il<br />

gérait injuste de dénigrer systématiquement<br />

les premières sous le prétexte spécieux et superficiel<br />

que les secondes étant « plus chères<br />

» sont forcément meilleures.<br />

En vérité tout cela est affaire de goût.<br />

Quant à la différence des prix elle s'explique<br />

fort aisément : la portugaise pond beaucoup<br />

plus d'œufs que l'huître plate, environ dix à<br />

douze millions contre deux à trois. En outre,<br />

elle est beaucoup plus « rustique », si l'on<br />

peut employer ce terme déjà cité pour un animal<br />

marin, infiniment moins sujette aux épidémies<br />

de toutes sortes qui guettent la jeune<br />

huître et la déciment dès sa naissance. Le<br />

pire c'est que ces épidémies sont parfois tenaces<br />

et s'acharnent sur les parcs pendant des<br />

années entières, ruinant complètement les<br />

cultures... et les cultivateurs, à tout le moins<br />

paralysant leurs efforts pour un temps imprévisible.<br />

Tel ce fut le cas pour la Belon<br />

et la Cancale.<br />

L'appellation d'origine présente pour les<br />

huîtres une importance assez comparable à<br />

celle des grandes crus. Elle est protégée par<br />

la loi. C'est ainsi qu'une huître n'a pas le<br />

droit de se dire « marenne » si elle ne vient<br />

pas effectivement de ce pays charmant du<br />

bassin rochefortais, ou « belon » si elle n'est<br />

point vraiment élevée sur les bords de cette<br />

délicieuse rivière finistérienne.<br />

Une telle outrecuidance de ces bivalves<br />

ne serait du reste pas à craindre ; car on<br />

dit volontiers arbitrairement « bête comme<br />

une huître » et, au fond, on n'en sait rien<br />

du tout. Mais le fait est que l'animal est<br />

discret ! Il ne dit jamais rien et vous pouvez<br />

vous fier à lui pour n'aller point se vanter<br />

en public ou colporter des petits histoires<br />

sur le monde !<br />

Puisque nous en sommes à l'origine des<br />

huîtres, disons quelques mots des « claires ».<br />

Nous allons peut-être vexer vivement ces<br />

intéressants gastéropodes, mais soulignons<br />

que le terme « claires » n'indique nullement<br />

une race spéciale ou<br />

un lieu déterminé<br />

de parc d'élevage. La<br />

claire est tout simplement<br />

une sorte de<br />

caisse de bois à claire-voie,<br />

flottable, dans<br />

laquelle les huîtres<br />

sont mises à dégorger.<br />

Généralement, on<br />

les retire du parc pour<br />

les mettre dans les<br />

claires pendant six<br />

mois, à la suite de<br />

quoi on les replace<br />

au parc pendant six<br />

autres mois, et ce alternativement<br />

jusqu'à<br />

leur récolte et à leur<br />

expédition vers les<br />

centres de vente.<br />

C'est pour différencier<br />

ces huîtres<br />

des coquillages ramassés<br />

sans méthode<br />

ni contrôle qu'on finit<br />

par les désigner sous<br />

le nom global de « claires » ou, mieux encore,<br />

« d'huîtres de claires ».<br />

Les ennemis de l'huître<br />

L semblerait a priori que le plus granl<br />

I ennemi de l'huître soit l'homme, vu la<br />

guerre acharnée qu'il lui fait. Mais elle en<br />

a d'autres et de nombreux dans son élément<br />

marin. Ses adversaires les plus redoutables<br />

sont des crustacés (homards, langoustes), et,<br />

au premier rang de ceux-là, le crabe. Celuici<br />

attaque l'huître avec une astuce déconcertante<br />

pour un animal au faciès plutôt<br />

borné. Il s'efforce de cisailler avec ses pinces<br />

les muscles qui font mouvoir les valves du<br />

mollusque, car il sait bien que là réside la<br />

seule défense de sa victime. Mais il ne s'agit<br />

pas pour lui de rater son coup, l'huître<br />

ayant vite fait de se refermer brutalement<br />

en lui brisant la patte. La plupart des<br />

crabes et des autres crustacés que nous<br />

voyons amputés d'un ou plusieurs membres<br />

ont subi précisément cette mésaventure.<br />

L'huître a encore un ennemi redoutable, une<br />

sorte d'arapède ou de bernicle, nanti d'un<br />

puissant pouvoir de succion. La bernicle<br />

s'attache avec un art consommé sur la partie<br />

la plus faible de la coquille et l'use lentement<br />

pour parvenir enfin jusqu'à la chair<br />

du mollusque qu'elle vide peu à peu de sa<br />

substance, perinde ac cadaver.<br />

Quelques conseils et une anecdote<br />

de bonne humeur<br />

terminer, donnons quelques petits<br />

P OUR<br />

conseils<br />

altruistes. L'huître, comme<br />

la vengeance, est un mets qui gagne<br />

à être mangé froid. Cependant, certains raffinés<br />

en font un plat chaud. Nous renvoyons<br />

les amateurs dudit à ces manuels de cuisine<br />

qu'on trouve en vente dans toutes les bonnes<br />

librairies. Pour nous, nous préférons la belle<br />

huître bien verte, bien allègre, ondulant<br />

mollement de toutes ses membranes et papilles<br />

dans une eau cristalline, amère, fleurant<br />

bon les embruns.<br />

L'huître se passe fort bien" d'être accompagnée<br />

par une boisson quelconque, et<br />

les vrais connaisseurs s'en voudraient de<br />

mêler ùn goût profane au parfum divin de<br />

cette fleur d'océan. Mais si l'on se trouve<br />

à une table où des vins sont servis, préférons<br />

un doigt de vin blanc très sec. Les vins<br />

rouges ou même les crus blancs sucrés formeraient<br />

avec l'huître un amalgame déplorable.<br />

N mange des ^huîtres selon une fort<br />

O vieille tradition pendant les mois en r.<br />

Cela ne signifie nullement que de mai à <strong>septembre</strong><br />

l'huître devienne nocive et offre des<br />

TROIS BEAUX SPÉCIMENS DE PORTUGAISES,<br />

VIEILLES D'ENVIRON TRENTE ANS, ET PESANT<br />

CHACUNE PRÈS D'UN KILOGRAMME<br />

risques d'empoisonnement. Mais c'est durant<br />

cette période qu'on lieu l'incubation et<br />

la ponte. A ce moment, le coquillage est<br />

« laiteux », moins bon, moins agréable aussi<br />

d'aspect ; en outre, à cause de la saison<br />

chaude, le transport et la bonne conservation<br />

présentent des difficultés infiniment<br />

plus grandes qu'à la saison froide. N'oublions<br />

pas que l'huître doit toujours être manger<br />

vivante ; une huître morte ou sèche n'est<br />

pas obligatoirement dangereuse, mais elle<br />

présente des possibilités certaines d'intoxication<br />

grave.<br />

<br />

NFIN, pour conclure<br />

E le héros aurait été<br />

Aurélien Scholl.<br />

cette histoire, dont<br />

— une de plus ! —<br />

L'humoriste, au restaurant, contemple avec<br />

une moue prononcée, un plat de marennes<br />

d'une vitalité relative.<br />

— Diable ! dit-il au garçon qui l'observe<br />

d'un air exagérément niais, diable !... mais<br />

elles ne sont pas fraîches, vos huîtres !<br />

— Monsieur, rétorque le garçon, je regrette,<br />

mais je ne suis pas dedans !<br />

Alors Aurélien Scholl, avec un intraduisible<br />

dédain dans l'éclair du monocle :<br />

•— Eh bien ! mon pauvre ami, cela prouve<br />

tout simplement que vous n'êtes pas à votre<br />

place.<br />

Suite de lu page 4<br />

HENRY MÉGUIN.<br />

L'ABIME DE RONDA<br />

La descente fut longue, par cette mauvaise<br />

sente rocailleuse. Malgré son avance, les<br />

Espagnols, habitués aux itinéraires hasardeux,<br />

rejoignirent Collin au moment où il<br />

atteignait le fond.<br />

■— Qu'est-ce que vous voulez faire ? demanda<br />

Juan avec rudesse.<br />

Le marin ne ralentit pas sa course.<br />

— Cet homme vit peut-être encore. ]e le<br />

sauverai.<br />

Le bandit haussa les épaules et murmura<br />

:<br />

— Français !...<br />

Collin ne répondit pas. Les dents serrées,<br />

i! montait, s'accrochait aux branchages. Le<br />

contrebandier vit qu'ils arriveraient ensemble<br />

près du corps, et que si un reste de vie<br />

animait l'indicateur, il y aurait bataille. 11<br />

s'arrêta, sortit son revolver, visa posément.<br />

La balle alla frapper où il l'avait voulu.<br />

Collin arrivait trop tard. Il n'y avait plus<br />

qu'un cadavre, qui dardait ses yeux agrandis,<br />

horribles.<br />

Poussé par une curiosité haineuse, Juan<br />

arrivait aussi. Il se pencha sur la face livide,<br />

où une traînée de sang vidait la tempe<br />

gauche, et se redressa, les mains tendues, en<br />

poussant un grand cri :<br />

— Mon père !...<br />

Le Français le regarda. Il le vit pâle,<br />

mais en apparence très calme.<br />

— Voul ez-vous m'aider à le descendre ?<br />

fit Juan d'une voix aussi changée que devait<br />

l'être son âme.<br />

A deux, ils amenèrent le corps au bas des<br />

roches et attendirent le reste de la troupe.<br />

Alors Juan s'agenouilla de nouveau pour<br />

baiser le visage exsangue, puis il dit :<br />

— Un fils qui a tué son père ne peut plus<br />

vivre. Je vais me livrer... Vous autres, guidez<br />

le Français comme je le lui ai promis.<br />

Il serra toutes les mains, en silence, et<br />

ils le virent retourner, d'un pas ferme, vers le<br />

sentier de la ville, vers le châtiment.<br />

E. DE KEYSER.<br />

Suite de la page 3<br />

AU MAROC<br />

On décida, il y a aujourd'hui dix ans,<br />

d'opérer successivement trois opérations dans<br />

le Nord et dans le Centre et, éventuellement,<br />

une dans le Sud. La première consistait à<br />

occuper, dans la région voisine de la zone<br />

espagnole, au nord-est de Fez, la rive droite<br />

du Moyen-Ouergha. Cela fait, on prévoyait<br />

deux offensives dans la zone de Taza. Mais<br />

on avait compté sans la révolte de l'oued<br />

Lau, qui mit bientôt en ébullition toute la<br />

partie occidentale de la zone espagnole.<br />

Abd el Krim venait d'entrer en lice contre<br />

nous.<br />

Fils du caïd des Béni Ouriaghel, Abd ei<br />

Krim était devenu, au service des autorités<br />

espagnoles, cadi de Melilla. Les Berbères reconnurent<br />

vite sa compétence et se groupèrent<br />

autour de lui. Dès 1921, après l'envoi<br />

d'un ultimatum, il avait fait subir au générai<br />

Sylvestre la défaite d'Anoual et était devenu<br />

seul maître du Rif.<br />

La première attaque riffaine se produisit<br />

contre la tribu-tampon des Beni Zeroual. En<br />

trois jours cette grande tribu était vaincue.<br />

Des villages étaient pillés, de nombreux otages<br />

envoyés dans le Rif et les Beni Zeroual<br />

contraints de prendre les armes contre nous.<br />

Il n'est pas question de relater en détails<br />

ce que fut la guerre du Rif encore présente<br />

à bien des mémoires. Elle fut longue, coûteuse,<br />

mais menée de main de maître. Et<br />

lorsque Abd el Krim, définitivement vaincu,<br />

dût s'incliner, lorsque la situation fut rétablie,<br />

lorsque Lyautey décida de quitter le<br />

Maroc auquel il avait donné le meilleur de<br />

lui-même, la situation était rétablie au point<br />

où elle avait été portée avant l'agression riffaine.<br />

Alors furent entamées de nouvelles opérations<br />

de pacification. En vertu du vieil adage<br />

« au Maroc pas de situation stationnaire ;<br />

qui n'avance pas recule ! » nos hommes peu<br />

à peu avancèrent, réduisirent les foyers de<br />

dissidence jusqu'à les faire en grande partie<br />

disparaître. Les dernières opérations qui<br />

marquent le terme des opérations d'envergure<br />

entreprises depuis 1931 sous les ordres<br />

du général Huré ont à peu près complètement<br />

réduit les insoumis. L'an dernier, le puissant<br />

massif du Djebel 'Sagho était complètement<br />

encerclé avec ses dissidents.<br />

Mais l'opération entreprise n'était pas<br />

terminée. II restait encore à soumettre la<br />

région du Grand-Atlas, délimitée par le<br />

Grand-Plateau des Lacs et la profonde coupure<br />

du massif Mehoul. Au lendemain de<br />

l'attentat d'Aït Yacoub, il fallait gagner de<br />

vitesse la propagande dissidente qui renaissait.<br />

La réaction fut si rapide qu'elle décontenança<br />

l'adversaire et transforma en un<br />

échec très net ce qu'il pouvait considérer<br />

comme un semblant de victoire.<br />

Entrons un peu dans le détail.<br />

De mars à juin, les opérations préliminaires<br />

sont menées par les troupes des confins<br />

algéro-mar.ocains, par celles du Tadia et<br />

celles de Marrakech. En juillet, les troupes<br />

de Meknès y apportent leur appui.<br />

La jonction des groupes du Tadia et des<br />

confins sur le haut plateau de l'Asif-Melloul<br />

rend la situation politique et militaire très<br />

favorable. L'arrivée du groupe de Marrakech<br />

permet l'occupation de la vallée de l'Imdghaz.<br />

Dès lors, le mouvement de pacification<br />

s'amplifie dans de larges proportions. Les<br />

hautes vallées du Ghefis, du Todra, de<br />

l'oued Ifer, l'agglomération de Tametoucht, le<br />

djebel Taadat, Kerdous occupés permettaient<br />

l'investissement du djebel Badou.<br />

A la date du 26 mars, le général Catroux<br />

pouvait, dans un ordre du jour émouvant,<br />

annoncer que la brillante et ardue campagne<br />

entreprise par le groupe de Marrakech touchait<br />

à sa fin. Dans la possession du massif<br />

du Koucer, un dernier engagement eut lieu.<br />

Le 6 <strong>septembre</strong> dernier, nos troupes l'occupaient<br />

et les derniers dissidents du Grand-<br />

Atlas se soumettaient.<br />

Ainsi vient de prendre fin une campagne<br />

quî prendra place parmi les plus hauts faits<br />

d'armes accomplis depuis un quart de siècle<br />

au Maroc et qui a ramené sous l'obéissance<br />

du sultan les tribus dissidentes réputées les<br />

plus irréductibles.<br />

PIERRE VALDONNE.<br />

DEVENEZ SECRÉTAIRE MÉDICAL<br />

(Occupation principale ou supplémentaire). Sit.<br />

nouvelle lucrat. Iinitiation indispens. mais rapide.<br />

Nombreux médecins à pourvoir Paris et province.<br />

Ecrire seulement : Secrétariat médical français,<br />

56, rue de Londres, Paris.<br />

LE CHOCOLAT W 35 ^<br />

vous abonnera gratuitement à votre<br />

Revue ou à votre Journal préféré<br />

Demander la nonce explicative a votre fournisseur Ou ou Chocolat Poulain à 6to>s.<br />

Belga" pour croquer | "PULVÉRISE" pour cuire


s<br />

E<br />

ë<br />

£<br />

-itiiHiiii DIMANCHE-ILLUSTRÉ IHII ijïu H iiiiiiiiiiiiuiiMiiiiiiiiiiiHÏtiuiiiiiiiiii i \Q liimi ■■ IIIIIIIIIIIIIMMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIHIIII inniiiiiii LE<strong>24</strong>SEPTEMBRE 1933 """""<br />

Dpcrpt 12 Avril 1933: Concours en 1933.<br />

Poids et Mesures Prance. Pas diplôme. Epreuves<br />

semblables'. Algérie,Tunisie, Maroc(21 4 40 ans). Ecole<br />

Spéciale d'Administration, 28. Bd des Invalidas, Parls-7*<br />

pOILS ET DUVETS<br />

Seule l'électrolyse détruit<br />

la racine des poils durcla<br />

par épilatolres. Mme Allian (dlpl.) garantit les<br />

résultats. 11, r. de l'Etoile. Paris. M» D fond. 1921.<br />

VOTRE I>ESTir$EE<br />

dévoilée gratuitement pa r le grand Astrologue scienJ<br />

tifique Hindou KEVODJAH. II est le seul initié aux]<br />

rites séculaires orientaux et fidèla à la tradition de ses<br />

ancêtres, il offre de mettre sa<br />

science au service de tous. Da<br />

même que ses. prédictions sont<br />

restées fameuses, la précision<br />

de ses révélations à votre sujet<br />

vous étonnera. Il vous renset<br />

gnera sur les personnes qui<br />

vous ntourent, vous guidera<br />

pour réaliser vos désirs et<br />

réussir dans vos entreprises;<br />

Affaires, mariage, héritages...<br />

Il connaît - également les<br />

secret* de l'Inde mystérieuse<br />

qui vous permettront de vous<br />

faire aimer sûrement de l'être<br />

chois!. Pour " recevoir votre<br />

étude, envoyez vos Nom.<br />

adresse, date de naissance et<br />

2 frs pr frais au Professeur KEVODJAH, service TOQ<br />

QQ rue du Mont-Valérien, SURESNES, Seine, France,<br />

MESDAMES, pour vos robes de ville, V<br />

tailleurs er manteaux; MESSIEURS, '<br />

pour vos complets et pardessus,,<br />

demandez à<br />

LILLE-TISSUS<br />

Dépôt de fabrique<br />

à LILLE<br />

échantillons de coupons de tissus de I" ordre j<br />

et vous vous habillerez parfaitement et (<br />

avantageusement.<br />

L'ELECTRO-BAL AI<br />

Anémie - Débilité<br />

Convalescence<br />

Fièvres ■ Paludisme<br />

QUINIUM<br />

LABARRAQUE<br />

le plus puissant<br />

TONIQUE<br />

Reconstituant<br />

Maison FRÈRE<br />

19 r. Jacob, PARIS<br />

^nillllllllllMlllllllllllllMlllllllllllllIflllllllllllMllllllllllllllll^<br />

I RELIEUR MOBILE<br />

fabriqué spécialement pour conserver<br />

t<br />

DIMANCHE-ILLUSTRÉ<br />

Couverture élégante et solide, dos souple, coins peau, titre S<br />

et Blet or sur le plat, pouvant contenir une année au Z<br />

moins. Sans collage, perforation ni mécanisme ; pose et 3<br />

retrait de chaque fascicule sans déranger les fascicule» Voisin*. 5<br />

PRIX DES RELIURES<br />

Dans nos bureaux, 20, rue d'Enghien. Paria ~ .. .. 17 fit. . z<br />

PAR COLIS POSTAL '<br />

Départements .. - — — <strong>24</strong> fr. 3<br />

Corse, Algérie (gare). .. ... ... «• M — — ... 25 fr. S<br />

Tunisie ou Maroc (gare) .. ... .. ■*>"«- 26 fr. 3<br />

Belgique (gare).. .. 7. .. .. U it. I<br />

iiiiiiiiiiiiiliiiifiaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiitfiiiiMiitiiiiiBt^<br />

Le Gérant : G. ETIENNE.<br />

J&IUBICE BERNARD, imp„ 18, ruo d'Enghien, Paris.<br />

Blouson p; : L<br />

laine,qualité extra,<br />

mailles fanti6t pour<br />

dame,<br />

, noir, Yichy Ecossais, des-<br />

marine, gri«, beige, sins et coloris variés,<br />

nattier,<br />

biais, ton<br />

tailles<br />

opposé du<br />

40 à 50 .<br />

\6 au 50 .<br />

LÊ MAGASIN MEILLEUR MARCHÉ<br />

torpille<br />

pour<br />

dame,ma roquin<br />

noir ou marron,<br />

doublé moire,<br />

fermoir nickelé,<br />

serti intérieur<br />

et glace biseautée,<br />

poignée cuir tressé.<br />

Dimensions 0-'<strong>24</strong>X0 D1 15<br />

Exceptionnel .<br />

23i »<br />

VOîlS ronds "Bath Soap" pour li<br />

toilette, pâte garantie pure,<br />

parfumés fougère, violette,<br />

rose et cologne. La buîte.de 6 pains<br />

de 1 oO grammfta environ'.-If or A cou • s<br />

Çgrtî?t correttponilunee funnai<br />

■ ■ O papier tiiit teié à la forme<br />

quai. s»p re ,env. doublées, le nies, blanc,<br />

bleu, inaiive-et paille, la b ,e O m 50XO B> 50.<br />

6.25<br />

DIMANCHE PROCHAIN<br />

A FONTAINEBLEAU PAR LE P.-L.-M.<br />

Dix francs aller et retour en 3" classe.<br />

Trajet d'aller et de retour par les trains<br />

de votre choix. .<br />

lïsïâj<br />

6. »<br />

Les Parisiens ont apprécié, l'an dernier, les<br />

.trains_ spéciaux à prix .réduits que le P.-L.-M.<br />

mettait én marche chaque <strong>dimanche</strong> d'été pour<br />

Fontainebleau. . ■ ,<br />

~Des~ facilités encore plus grandes sont offertes<br />

cèttè année : les billets d'aller et retour à prix<br />

réduits..; ... . -. i— i ■-<br />

22 francs en i", 15 francs en 2 , 10 francs en 3 8<br />

(moitié de ces prix pour les enfants de 3 à 7 ans)<br />

sont valables dans tous les trains de la journée<br />

du <strong>dimanche</strong>, tant à l'aller qu'au retour.<br />

Vous pourrez donc bénéficier, cette année, du<br />

tarif réduit en pa.rtas* nar le train de votre choix.<br />

110.»<br />

14 à 16 an»<br />

130.» 140.»<br />

P „ J Ac c e «. hiver, draperie fantaisie<br />

H araeSSUS belle qualité ou ratine<br />

marine, dos martingale<br />

G ù 9 ans 10 à 13 14 ans<br />

120.» 140.» 150.»<br />

Vareuse<br />

2 a 5 ans<br />

hiver, ratine beige ou marine<br />

croisée, dos martingale<br />

6 a 9 10 ans<br />

IIO.» 125.» 135.»<br />

j* _|—— — toile forte en coton écru,<br />

CâieÇOnS ceintures de 0-75 ~<br />

ù 1-10 par 0 05, entre jambes : 0-20,<br />

0-75, 0-80 .<br />

6.50<br />

E : n nti.Q unie, belle qualité<br />

■ ■■'*»! IC lingerie d'hiver, sui- A<br />

Drap<br />

eur 0-80, L'£~ii é(';V.<br />

pour<br />

de Sedan décati, recommandé<br />

pour mantèaux de ville,<br />

suivi en noir, marron et gris<br />

Largeur 1"40. te me re.<br />

Ldine mérinos, 6, fils, irrétrécisbVlIsab'^,noir,blanc,couleurs<br />

hti pelote de 100 tf ranimes..<br />

fr%w*m£ï+ broché, soie artificielle,<br />

\«OrS6i corail, boutonné côté ou<br />

à buse, lacet dos du 58 au 80<br />

Richelieu! 30 *'" 0 ' 1 ' 01 ' havane -<br />

inusables,<br />

cousu trépointe.<br />

Pour hommes<br />

32. »<br />

' caoutcliuuo,<br />

Envol franco de port et d'emballage dans toute la France pour tout achat à partir de 50 Frs.<br />

2J_<br />

2.75<br />

20<br />

NOS CONSULTATIONS VERBALES GRATUITES<br />

Les consultations militaires ont repris et sont données dans<br />

nos bureaux, 13, rue d'Enghien (5 e étage), tous les samedis, de<br />

14 à 15 heures.<br />

Les consultations juridiques ont repris depuis le samedi<br />

3 <strong>septembre</strong>, et sont données tous samedis, de 15 à 16 heures.<br />

Les consultations scolaires et d'orientation professionnelle<br />

interrompues ont repris depuis le jeudi 21 <strong>septembre</strong>,<br />

de 17 à 18 heures.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!