LE BASKET EN HÉRITAGE

FOOTBALL LIGUE1
Le bain de jouvence de Wiltord
Auteur d’un triplé à Strasbourg (4-0), l’attaquant lyonnais, trente et un ans, retrouve son efficacité.
IL NE FALLAIT PAS compter sur lui
pour s’épancher sur son triplé, mercredi
soir, à Strasbourg (4-0). Lorsqu’il
passe devant les médias, Sylvain
Wiltord dit bonjour. Il ne confie le
reste que sur rendez-vous. Dans
l’exercice de l’interview, il est souvent
intéressant, mais très rare. Il a
toujours fonctionné comme ça et, à
trente et un ans, il ne va plus changer.
Le triplé réussi en Alsace lui permet,
cependant, de retrouver des statistiques
anciennes, au cœur de sa quatorzième
saison professionnelle.
Deuxième buteur de L 1 avec huit
buts en vingt journées (en 19
matches et 1 208 minutes, pour lui),
il semble en mesure de marquer plus
de dix buts dans une saison, ce qui ne
lui est pas arrivé depuis la saison
1999-2000 à Bordeaux (13 buts). En
une soirée, à la Meinau, il a marqué
autant de buts qu’en 25 matches de
Ligue 1 au cours d’une saison dernière
qui l’avait vu plus efficace en
Ligue des champions (6 buts).
À Strasbourg, Sylvain Wiltord n’a pas
gardé son maillot en souvenir : au
coup de sifflet final, il est allé l’offrir à
Autant de buts en un soir
que la saison dernière en L1
Rennes
Bordeaux
Arsenal
Lyon
1991-1992
1992-1993
1993-1994
1994-1995
1995-1996
1996-1997
1997-1998
1998-1999
1999-2000
2000-2001
2001-2002
2002-2003
2003-2004
2004-2005
2005-2006
8 buts
3
3
3
2 matches
5
8
8
10
10
11
13
Nicolas Puydebois, qui était son coéquipier
à Lyon la saison dernière.
« Il m’a fait tellement de misères ! Il
me fallait au moins ce trophéelà…
», avouait le gardien alsacien,
mercredi soir. L’accentuation du rôle
de buteur de Sylvain Wiltord survient
alors qu’il ne joue plus avant-centre,
un poste souvent sacrifié à Lyon, les
deux ou trois saisons précédentes, et
à un moment où il est soumis à une
réelle concurrence avec Govou et
Malouda pour les deux postes offensifs
excentrés.
Ses huit buts serviront également ses
intérêts internationaux : en se montrant
buteur et en jouant aussi bien à
droite qu’à gauche, il maintient son
avance sur la concurrence en équipe
de France, dont il est un titulaire peu
discuté, et dont il sera l’attaquant le
plus âgé à la Coupe du monde (32
ans). Après 528 matches de Championnat,
de Coupes d’Europe et en
équipe de France, il affiche une expérience
qu’il n’a pas recyclée en
défaut : l’évidence est que l’enthousiasme
ne l’a pas quitté. «C’est
d’abord un grand compétiteur, un
15 1
12
(Lyon)
Sylvain Wiltord
31 ans
né le 10 mai 1974
Neuilly-sur-Marne
1,74 , m ; 76kgg Attaquant
22
19
26
25
25
27
37
35
34
33
32
33
34
de France : 76 sélections, 24 buts
'Europe : 76 matches, 19 buts
grand professionnel, définit Gérard
Houllier. On le constate dès l’échauffement
: il fait tout, à fond. À l’entraînement,
c’est un gagneur, et un leaderd’effort.
Vu son âge, il ne peut pas
répéter les mêmes efforts tous les
trois jours, mais à l’entraînement, il
est toujours en tête. C’est un modèle
de professionnalisme pour les
jeunes. Et c’est quelqu’un qu’il faut
laisser tranquille. Il faut lui faire
confiance. »
L’allusion à la répétition des efforts,
qui est une donnée objective, est aussi
du management à distance du
joueur et de son ego. Car en Ligue des
champions, au cours de la première
phase, l’attaquant international n’a
été titulaire que deux fois sur six.
Comme il s’agissait des matches face
au Real, l’affaire est mieux passée.
Douze buteurs
différents cette saison
Et dans le jeu, l’analyse de l’entraîneur
lyonnais ne s’écarte pas du
registre louangeur : « Tactiquement,
il est intelligent. S’il marque plus que
la saison dernière, c’est aussi parce
qu’avant-centre, ce n’est pas son
poste. Il est meilleur quand il part de
derrière, et quand il fait des appels
latéraux. Et dans les grands matches,
il est souvent là. »
Les joueurs lyonnais ont eu deux
manières, à Strasbourg, d’appréhender
le triplé de leur coéquipier. Deux
manières quileur ressemblent, et que
résume Juninho : « D’abord, on est
heureux pour lui. C’est un très grand
joueur et, depuis l’an passé, il nous
apporte beaucoup. Ce soir, il a fait la
différence. Mais il l’a faite en
s’appuyant sur le collectif. Et la force
de ce collectif, c’est que ce n’est
pas toujours le même qui fait la
différence. »
Car l’OL, qui a marqué au moins un
but dans 27 des 28 matches qu’il a
disputés, toutes compétitions
confondues, a connu douze buteurs
différents depuis le début de la saison,
ce qui donne une mesure de la
profondeur de son effectif comme de
la diversité de sa menace. Et le triplé
de Sylvain Wiltord est le deuxième de
l’OL, cette saison, après celui réalisé
par John Carew lors du trophée des
champions face à Auxerre (4-1). Les
statistiques qui attendent l’OL,
dans les quatre mois et demi à
venir, sont aussi inéluctables que son
cinquième titre.
VINCENT DULUC
STRASBOURG
Quelque chose de cassé
Le fil paraît rompu entre une équipe, démissionnaire
face à Lyon (0-4), et ses responsables. Le Racing va très mal.
STRASBOURG –
de notre envoyé spécial
À STRASBOURG, fessé dès le début
d’année par Lyon (0-4), un monde
sépare désormais une équipe, à la
limite de la démission, et ses responsables,
lesquels tentent, tant bien
que mal, de sauver les apparences,
de faire passer un message d’espoir
auquel les joueurs semblent sourds.
Ons’entend d’ailleurs si peu qu’ilfaut
crier. Jacky Duguépéroux a reconnu
« avoir pété les plombs » àlamitemps,
mercredi. On a appris, hier,
que Philippe Ginestet, le président,
avait lui aussi élevé la voix à l’heure
du thé. Il ne s’en cache pas d’ailleurs :
« Je suis descendu dans le vestiaire,
j’ai dit aux joueurs qu’on pouvait
perdre un match mais pas son honneur,
qu’il fallait garder la tête
haute. »
Dommage, les Alsaciens ont la
mémoire qui flanche vite : dix
minutes après le repos, passées deux
belles occasions pour Pagis et
Gmamdia, ils avaient déjà oublié.
C’est la têtetrès basse, et moqués par
leur public, pour la première fois
cette saison, qu’ils ont donc quitté le
stade, invités « à venir boire un p’tit
coup à la maison » par les spectateurs
les plus hospitaliers.
Il faut reconnaître que les joueurs
ont, eux aussi, un côté très convivial
puisqu’ils ne battent jamais un
adversaire français à la Meinau. Mais
il se marie mal avec leur situation au
classement : dernier, à dix points de
Sochaux, le premier non relégable.
EN DIRECT DE LA LIGUE 1
MARSEILLE
Barthez ménagé
dimanche
Le gardien marseillais se plaint d’une
cuisse et sera ménagé dimanche contre
Le Havre. Ribéry souffre des adducteurs.
Cesar a soigné une douleur au dos. Beye,
Meïté et Niang sont partis hier, Taïwo
rejoindra sa sélection aujourd’hui. – H. F.
BORDEAUX
Afanou passe une échographie d’un mollet
dans l’après-midi. Il est très incertain
pour le déplacement à Wasquehal, tout
comme Planus (gastro-entérite), Alonso
(adducteurs) et Fernando (cuisse). – L. L.
LE MANS
Touché au mollet gauche, Frédéric
Thomas sera absent pour la venue de
Lens. Il s’ajoute aux absences de Bonnart
(cheville) et Périatambée (reprise). Les
« Africains » Bangoura et Romaric vont
rejoindre leur sélection. – Ch. L.
Duguépéroux : « On n’avait pas le
droit de perdre comme ça. Durant le
stage, un certain nombre de points
avaient été évoqués dans les
domaines offensif et défensif. Quand
je vois comment on prend les buts,
c’est incroyable. On refait les mêmes
erreurs. » Il est légitime de s’interroger
sur le discours de l’entraîneur.
Passe-t-il encore ? Duguépéroux ne
fuit pas : « Je suis d’accord, on peut
se poser la question. »
Abdessadki revient,
Pagis sur le départ ?
La question de l’entraîneur ne se pose
pourtant pas. Ginestet vient de
confirmer qu’il garderait Duguépéroux
même en cas de descente.
« C’est une marque de confiance qui
fait du bien », avoue le champion de
France 1979, lequel se pare pourtant
des réserves d’usage, genre « dans le
football, tout peut arriver ». Lui, en
tout cas, n’a rien promis pour l’instant.
Mais que promettre, pour finir, au
public ? « On n’a pas renoncé et on
croit encore très fort au maintien », a
martelé Ginestet, hier. Il abat ses
cartes : les venues, déjà annoncées,
du défenseur central ivoirien, du Raja
Casablanca, Edgard Loue Gnoleba et
d’Abou Moslim, l’arrière gauche
égyptien d’Al-Ahly. Tous deux doivent
débarquer à la Meinau ce vendredi,
compensant les départs de
Haggui et Boka pour la CAN. Plus
étonnant : le retour de Yacine Abdessadki
que Ginestet a négocié en
direct. Pourtant, Duguépéroux ne
LILLE
Pour le déplacement à Saint-Étienne,Puel
sera privé de quatre joueurs retenus par la
CAN : Sylva, Makoun, Odemwingie et
Aboucherouane. Keita (contracture aux
ischio-jambiers) est incertain, de même
que Dernis (adducteurs). – M. Bo.
LYON
Les Lyonnais s’entraînent cet après-midi
et demain après-midi. Mercredi, pendant
que Caçapa et les siens battaient
Strasbourg (4-0), Malouda a repris et, au
cours d’une opposition, Ben Arfa a quitté
le terrain pour un coup au tendon
d’Achille qui l’a obligé à rester aux soins
hier. – C. C.
NANTES
Oliech a subi une arthroscopie au genou
droit. L’articulation est dans un «état
satisfaisant ». Un point sera fait début
février. Diallo souffre d’un problème
musaux adducteurs. Il est forfait face à
Valenciennesdemain,commeFaéet Yapi,
convoqués avec la Côte d’Ivoire. – Ph. C.
voulait pas en entendre parler, il y a
quelques jours encore, puisqu’il évolue
dans un couloir, le droit, vraiment
loin d’être désert avec les possibilités
offertes par Lacour, Pontus Farnerud,
Diane et Johansen.
Très poliment, l’entraîneur a déclaré
hier que « compte tenu des départs
et des blessés, c’est une bonne
chose », façon très mathématique de
retomber sur ses pieds. Il y a un an,
Abdessadki avait refusé de prolonger
à Strasbourg pour de meilleures
conditions à Toulouse, où il a finalement
peu joué (sept fois titulaire).
« Vous voyez qu’on bouge ! Il y aura
encore un attaquant », ajoute Ginestet,
plus muet quand il est question
d’éventuels départs, et plus philosophe
:« Le football est une matière
vivante. » Façon détournée de souffler
que quelques-uns ne feront pas
de vieux os à Strasbourg ? Pontus
Farnerud et Johansen ont, assez clairement,
été mis sur le marché mais ils
ne sont pas les seuls : Mickael Pagis,
qui ne veut plus du brassard de capitaine,
sifflé par une partie du public
mercredi, pourrait avoir le droit, en
plus du désir, de s’éclipser lui aussi.
Son agent s’y emploie déjà et on
serait étonné que Jean-Claude Plessis,
le président sochalien, ne soit pas
intéressé par le retour de l’enfant
chéri de Bonal.
À part ça, Philippe Ginestet a prévu,
lundi, de rencontrer les joueurs, seul,
sans ses « amis » actionnaires et
sans l’entraîneur. L’entendront-ils ?
JEAN-MARC BUTTERLIN
NICE
Décrassage sans S. Traoré (genou) ni Rool
(épaule),mais avec Vahirua(douleurs aux
adducteurs). So. Camara (Sénégal) a
rejointsasélection.B.Koné (Côted’Ivoire)
devrait en faire de même ce matin
mêmesi le clubespère différer son départ.
–Ja.G.
RENNES
Décrassage sans les Africains (Utaka,
Hadji, Ouaddou et N’Diaye) qui ne seront
pas du voyage en Corse demain. Isaksson,
lui, se soigne toujours, ce qui devrait
promouvoir le jeune Douard comme
doublure de Pouplin. – J.-D. C.
SOCHAUX
Décrassage hier matin à Clairefontaine,
avec Zaïri, pas retenu pour la CAN avec le
Maroc, mais sans les Sénégalais Daf,
N’Daw, Diawara ni le Togolais Kader
Touré, partis rejoindre leur sélection.
Régnier s’entraîne avec la réserve après
avoir rompu son prêt avec Clermont.
–O.D.
STRASBOURG. – Sylvain Wiltord a porté hier son total de buts à huit cette saison, renouant avec des scores qu’il n’avait plus atteints depuis
plusieurs années. En effet, lui qui avait été sacré meilleur buteur de L 1 en 1999 (22 buts) restait sur deux saisons de suite à trois buts en
Championnat. (Photo Christian Lutz/AP)
VENDREDI 6 JANVIER 2006 PAGE 5