les civils en picardie pendant la grande guerre journal d'un ... - Epagny
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Jeudi 10 décembre 1914.<br />
Vers deux heures du matin, on desc<strong>en</strong>d à Guise pour se ravitailler <strong>en</strong> eau. On n’a pas bu depuis<br />
Crécy. On reçoit aussi un morceau de pain, cadeau de <strong>la</strong> ville de Guise, qui nous accueille avec<br />
compassion. Mais nous sommes toujours dans nos wagons, sans savoir ce que nous devons<br />
faire. Certains prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t que nous devons tous être logés dans Guise ou ses <strong>en</strong>virons, d’autres<br />
dis<strong>en</strong>t que ceux qui ne trouveront pas de p<strong>la</strong>ce continueront sur <strong>la</strong> Belgique, voir même<br />
l’Allemagne. Vers dix heures du matin, des amis vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t nous prév<strong>en</strong>ir qu’ils ont un logem<strong>en</strong>t,<br />
et ils nous invit<strong>en</strong>t à <strong>les</strong> suivre. Nous arrivons chez Madame Marcoux, chez qui nous faisons <strong>la</strong><br />
popote, et le soir, nous couchons sur <strong>la</strong> paille. Mais ce soir, nous avons du feu, et <strong>la</strong> ville nous<br />
accorde deux livres de pain par personne.<br />
V<strong>en</strong>dredi 11 décembre 1914.<br />
G U I S E<br />
Séparation : Grand’mère et deux autres vieil<strong>les</strong> dames sont acceptées par l’ambu<strong>la</strong>nce de<br />
l’Ecole Supérieure. El<strong>les</strong> seront logées, nourries et couchées. Un ambu<strong>la</strong>ncier, Monsieur H.<br />
Lhotte, nous pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge, Jeanne et moi. Nous verrons Grand’mère chaque jour.<br />
Samedi 19 décembre 1914<br />
Des b<strong>les</strong>sés étant annoncés, <strong>les</strong> vieil<strong>la</strong>rds doiv<strong>en</strong>t quitter l’école supérieure pour un vil<strong>la</strong>ge<br />
voisin. Grand’mère et <strong>la</strong> cantinière sont acceptées <strong>en</strong> ville par des particuliers. Grand’mère et<br />
moi sommes accueillis par Madame Duval, charcutière, et Jeanne reste dans <strong>la</strong> famille<br />
Lhotte. Nous mangeons chez <strong>la</strong> charcutière mais logeons chez Madame Veuve Leleu, qui vit<br />
depuis le début de <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> à Saint-Qu<strong>en</strong>tin. Monsieur et Madame Hombrouck, nous nouveaux<br />
voisins, nous promett<strong>en</strong>t leur aide au cas où nous <strong>en</strong> aurions besoin. Nous sommes remplis de<br />
reconnaissance, et ne <strong>les</strong> oublierons jamais.<br />
(L’amitié a survécu, quand mon père s’est brusquem<strong>en</strong>t trouvé veuf avec un bébé et une fille<br />
de quatre ans, ses amis de Guise nous ont invité pour le réconforter un peu. Je me souvi<strong>en</strong>s<br />
être passé de bras <strong>en</strong> bras et avoir était terriblem<strong>en</strong>t gâté p<strong>en</strong>dant ce séjour.)<br />
1 er janvier 1915.<br />
Triste Jour de l’An. C’est le mom<strong>en</strong>t ou habituellem<strong>en</strong>t, toute <strong>la</strong> famille est réunie. Ici, sans<br />
nouvel<strong>les</strong> des nôtres, l’exil nous semble plus cruel que <strong>les</strong> autres jours.<br />
20 janvier 1915.<br />
Tout le monde mange du pain de seigle. Interdiction aux bou<strong>la</strong>ngers de v<strong>en</strong>dre du pain de<br />
from<strong>en</strong>t, il est réservé aux b<strong>les</strong>sés.<br />
25 janvier 1915.<br />
On est rationné : 150 grammes de pain de seigle par jour et par adulte, 90 grammes pour <strong>les</strong><br />
<strong>en</strong>fants de moins de douze ans.<br />
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