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les civils en picardie pendant la grande guerre journal d'un ... - Epagny

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Robert MOUTON, mon père, est né à SOISSONS <strong>en</strong> 1901, dans <strong>la</strong> p<strong>en</strong>sion pour jeunes fil<strong>les</strong><br />

dirigée par sa mère.<br />

Il m<strong>en</strong>ait là une vie heureuse et calme avec ses par<strong>en</strong>ts, ses deux frères d’une dizaine d’années<br />

plus âgés, ses deux sœurs, et Mademoiselle Vinc<strong>en</strong>t, anci<strong>en</strong>ne institutrice, amie-gouvernante. Il<br />

fréqu<strong>en</strong>tait le collège de SOISSONS, jouait au football sur le Mail. Mais le meilleur mom<strong>en</strong>t de<br />

l’année était pour lui <strong>les</strong> <strong>grande</strong>s vacances passées chez ses grands-par<strong>en</strong>ts paternel<strong>les</strong> à<br />

EPAGNY (à 16 kilomètres au nord ouest de SOISSONS).<br />

Le grand-père, anci<strong>en</strong> instituteur, et son épouse accueil<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t chaque année leurs petits-<strong>en</strong>fants<br />

<strong>en</strong> âge de profiter de <strong>la</strong> liberté de <strong>la</strong> campagne sans s’y <strong>en</strong>nuyer.<br />

En 1914, Robert, treize ans et sa sœur Jeanne, douze ans, rejoignir<strong>en</strong>t leur grand-mère<br />

récemm<strong>en</strong>t veuve dès le 15 juillet. Ils comptai<strong>en</strong>t comme toujours profiter des vacances,<br />

explorer prés et bois, se gaver de fruits. Robert avait même <strong>en</strong>trepris, avec l’aide du curé, de<br />

mettre sur pied une équipe de football, et il comptait améliorer ce qu’il avait comm<strong>en</strong>cé l’année<br />

précéd<strong>en</strong>te. Mais….…<br />

Samedi 19 juillet 1919<br />

Ruine d’EPAGNY<br />

La vie redevi<strong>en</strong>t plus normale. Bi<strong>en</strong> des choses sont <strong>en</strong>core à reconstituer ou à mettre au point,<br />

mais l’<strong>en</strong>fer est loin déjà.<br />

P<strong>en</strong>dant <strong>les</strong> jours d’épreuves, qui n’ai-je pas <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du dire : « quand <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> sera finie, nous<br />

n’aurons d’autres désirs pressants ; <strong>les</strong> difficultés de <strong>la</strong> vie normale ne seront plus ri<strong>en</strong> ».<br />

Cep<strong>en</strong>dant aujourd’hui, qui ne se montre pas impati<strong>en</strong>t, qui se cont<strong>en</strong>te de son sort, qui ne se<br />

p<strong>la</strong>int pas ? A comm<strong>en</strong>cer par moi.<br />

C’est décidé, je vais faire de mon mieux pour retranscrire et parfois comm<strong>en</strong>ter mes souv<strong>en</strong>irs<br />

de <strong>guerre</strong>. Sans quoi on ne compr<strong>en</strong>drait pas <strong>la</strong> souffrance <strong>en</strong>durée si longtemps par ceux qui,<br />

comme moi, sont restés coincés de l’autre côté de <strong>la</strong> ligne de fer et de feu qui nous a si<br />

cruellem<strong>en</strong>t isolés du reste de <strong>la</strong> France.<br />

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